Le mois de novembre venait de démarrer. Les températures étaient fraiches, mais Aidan ne se laisse pas décourager par ça. Il avait connu les hivers glaciales des stations de ski françaises ainsi que la fraicheur de l'Italie du nord. Bientôt, il ferait trop frais pour sortir en moto, mais cette journée était encore parfaite pour une virée motarde. Aidan c'était levé tôt ce matin, profitant de la quiétude des lieux pour aller faire son footing quotidien. Pendant un temps, il avait arrêté tout effort sportif afin de préserver son corps et ces cicatrices pas encore refermées. Enfilant un jogging ainsi qu'un tee-shirt, l'italien brancha son I-Pod et partit courir le long de la plage. Sandrelli, son chien fidèle non désiré au départ, l'accompagna, tout heureux de découvrir un nouvel espace. L'air frais lui fit du bien. Ces instants de liberté représentaient beaucoup pour lui, c'était son moment à lui, cet espace où il n'était ni le futur époux, ni le père ou le barman, mais juste lui. Le chien courrait devant, se délectant de cette escapade et de l'absence du petit Julian qui adorait lui faire tout un tas de misère. Bientôt, Aidan passa devant son ancienne demeure, une villa chic et bourgeoise qu'il avait acheté après son retour de Rome. A bien y regarder, cette villa ne lui ressemblait pas beaucoup enfin elle ne lui convenait plus. A l'époque, il l'avait acheté avec les sous de son futur beau-père, le père de Ciara. C'était un acompte contre la vie d'esclavagiste qu'il allait lui donner. Aidan n'avait pas vu à la dépense et c'était payé une villa hors du commun avec une vue plus que parfaite sur la côte. Mais le jeune italien de ce temps-là n'avait plus rien à voir avec celui d'aujourd'hui. Si autrefois il avait fait ça pour montrer une richesse évidente et un pouvoir, aujourd'hui il se foutait pas mal de tout ça. Il gagnait sa vie de lui-même et avec Savannah, c'était offert une maison cosy dans Venice. Cette maison représentait la mexicaine, tout en simplicité et au charme certain. Elle n'était pas aussi luxueuse que sa villa, mais son ambiance doucereuse valait tout le design hors de prix de la villa californienne.

De retour chez lui, Aidan partit prendre une bonne douche chaude avant de rejoindre Savannah et Julian dans le salon. Le petit, assis sur le tapis confortable, jouait avec ses jouets avec de grands éclats de rire devant la regard bienveillant de Savie. Un pincement au coeur s'opéra dans la poitrine d'Aidan. Elle ne pourrait pas avoir d'enfant. Quand il regardait son fils, il espérait toujours qu'il puisse donner à Savannah ce même bonheur, qu'elle puisse un jour accueillir un enfant en son sein et se faire appeler mère. Mais le couple réussissait à avancer, doucement, acceptant l'idée que leur petite fille était morte. Aidan savait que d'autres possibilités existaient afin de fonder une famille, mais en parler ne semblait pas encore acceptable pour la mexicaine. Alors le couple se confortait dans d'autres projets comme la construction de leur futur restaurant et les préparatifs de leur mariage. « Je vais me balader avec Lucia cette après-midi, ça ira ? », demanda-t-il à Savannah. La jeune femme lui souria tendrement tout en le rassurant d'un geste sur son visage. Non pas qu'il ne lui faisait confiance, il pourrait lui donner sa vie, il se sentirait toujours en sécurité. Mais il s'inquiétait toujours de son chagrin, que le passé la rattrape et qu'elle se replie sur elle-même encore une fois. Il savait pourtant que la Monroe était plus stable depuis leur voyage à Barcelone. Elle avait le sourire en contemplant sa bague de fiançailles et ne perdait jamais un instant à parler de leur projet futur. « A ce soir alors. », dit-il en l'embrassant tendrement.

Deux heures plus tard, il avait vêtu sa combinaison de motard. Un jean fonçé, une veste de moto qui lui allait comme un gant ainsi qu'une paire de chaussure uniquement utilisé dans ses sorties à moto. Il attrapa son casque et emprunta celui de Savannah avec son accord. Au volant de sa bécane, Aidan se sentait rajeunir. Il avait toujours aimé la sensation que pouvait dégager un engin pareil, ainsi que cette adrénaline, Aidan étant friand de sensations fortes. Dans le passé, il avait même participé à des courses de voitures clandestines avec Reaver, aimant le danger et la vitesse comme beaucoup d'hommse. Ces courses leur avaient rapportées gros, mais leurs copines, Savannah et Billie, avaient vite mit un frein à tout ça en constatant les dégâts qui les attendaient. Aidan arriva sans encombre sur Venice. Lui-même habitait le quartier même si Venice s'étalait sur plusieurs kilomètres et couvrait autant les belles maisons que les appartements bas de gamme. Aidan gara sa moto devant une tour d'immeuble et leva son nez vers le balcon. Il s'adossa à sa bécane et se grilla une cigarette tout en envoyant un message à Lucia pour lui dire qu'il était là. De là où il était, il ne pouvait que deviner quel genre d'appartement constituait l'établissement. Aidan savait que sa soeur était en colocation, le prix des loyers étant trop abusif dans le coin. Il lui avait proposé qu'elle emménage chez lui le temps de trouver quelque chose de bien, mais Lucia avait refusé, ne voulant pas s'imposer dans son foyer. En vérité, Aidan se serait sentit plus serein s'il savait sa petite soeur confortablement installé sous son toit. Mais Lucia avait son besoin d'indépendance et certainement cette envie de prouver à ses frères qu'elle était assez grande pour se débrouiller seule.