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 Hawaïan bear way of life + Leo

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MessageSujet: Hawaïan bear way of life + Leo   Hawaïan bear way of life + Leo EmptyDim 27 Juil - 9:58

Leo & Talan

Hawaïan bear way of life



Juillet 2015


Talan n’était pas sur de se faire à Los Angeles. Bien sûr il savait qu’il n’avait pas vraiment le choix, pour un moment du moins. Il savait aussi que c’était surement mieux que beaucoup d’endroit pour lui. Après tout il avait Leo, il n’avait pas eu à chercher d’endroit ou crécher… Même si pour le moment ça signifiait jouer chaque nuit pour savoir qui tiendrait compagnie au Whitely dans son grand lit. Vivement que chacun puisse avoir sa chambre que Talan ne se sente pas obligé de surveiller du coin de l’oeil tout mouvement du petit blondinet vers Rae. Talan n’était pas particulièrement contre la relation de Leo avec Rae. Enfin, de tous les mecs qui avaient pu tourner autour de sa cousine, nous dirons que Leo était celui qui emmerdait le moins Talan. Mais il voyait bien leur jeu, et ça l’agaçait, et de manière très vieux jeu il avait envie de lui éclater la tête contre un mur à lui dire, bon tu l’épouses ou tu la lâche. Bon ce n’était pas aussi simple que ça, mais ça s’en rapprochait tout de même. Il n’imaginait pas que Rae puisse faire fonctionner une relation aussi compliquer que ça. Surtout en ce moment. Si elle ne lui disait pas forcément, il imaginait assez aisément dans quel humeur elle était. Elle n’aurait jamais du avoir à faire ce geste. Elle n’aurait jamais du être en position de devoir tirer pour les sauver eux. Il aurait du être à sa place. Il aurait du rester légèrement en retrait comme elle, il aurait du avoir un regard entier sur l’affaire avant de se jeter dans la bataille. Ca aurait été plus logique, plus évident, et il lui aurait tant épargner à elle. Lui on s’en fichait plus déjà. Et puis il avait la carrure pour supporter la culpabilité, les cauchemars et tout ce qui allait avec. Il ne disait pas qu’elle ne l’avait pas. Il disait qu’elle n’avait pas à l’avoir. Elle avait déjà perdu ses parents. Est-ce que tout allait continuer à lui arriver à elle ? Quoiqu’il en soit Los Angeles était pour le mieux. Il en était convaincu, et il en avait été convaincu à la seconde ou il avait mis un pied à l’aéroport et ou sans se poser de question sur ce qu’il pourrait penser Rae c’était jeté dans les bras de Leo avec un grand sourire - un peu triste. Evidement que c’était la meilleure chose à faire. Et puis bon, ici aussi, il y avait des vagues. On allait pas se plaindre non plus. Enfin presque pas. Parce que c’était connu, Talan était un bougon de nature. Il savait faire la gueule comme certains ne savent que sourire. Ses moues boudeuses, c’était ses sourires à lui. En tout cas ça en arrachait aux autres, ça finissait par lui en arracher à lui. Alors c’était quelque chose. Quelque chose de pas négligeable. Peut importe les qualités de Los Angeles il n’était pas sûr de pouvoir se faire à Los Angeles… C’était trop… Américain. Bien sûr ayant la nationalité Hawaïenne, il n’était pas très loin d’eux… Mais c’était différent. Il était Hawaïen, pas américain. Bien sûr il était anglais aussi, et maîtrisait parfaitement la langue. Mais il était Hawaïen dans ses manières. Ici il ne pouvait pas exactement vivre pied nu ou occasionnellement en tong. Ici il ne pourrait peut être pas fumer aussi impunément que là bas. Ici les plages étaient bien plus bondée. Bien sûr Leo devait connaître les bon spot, et peut être qu’ils se feraient quelques journées un peu plus haut ou un peu plus bas, là ou il n’y aura personne d’autre qu’eux et les vagues.

Enfin pas aujourd’hui. Quand ils seraient parfaitement installé. Lorsqu’ils auraient l’impression de pouvoir respirer à nouveau. Vraiment. Il pensait à ses parents. Il se demandait comment il gérait ça là bas. Il n’avait pas de nouvelle. C’était un peu la procédure. Il en saurait plus lorsque l’affaire se serait tassé. Peut être qu’ils avaient exagéré, peut être même qu’ils pourraient revenir très vite. Bon c’était surement un espoir vain, mais il préférait voir les choses de manières positives. Ahah. Kiding. Lorsqu’il fermait les yeux, il imaginait déjà la plantation en feu, et ses parents. Il avala de travers et ferma les yeux et lorsqu’il les rouvrit il vit le Whitely le regarder étrangement. Il vit ses mains serré contre la masse énorme, et arqua les sourcils. « Qu’est-ce t’as l’asticot ? Tu veux la masse ? » L’asticot. Leo l’asticot. C’était vil et même pas drôle. Tout ça parce qu’il faisait deux fois sa taille et son épaisseur aussi. En même temps il fallait bien en plaisanter. Il envoya valser un énorme coup dans un mur qui s’effondra sous le choc. Il sourit, et émit un bruit de satisfaction. Dieu ce qu’il adorait briser des choses. Toute sorte de chose, même des os ça le détendait. « Avoue qu’on irait moins vite si c’était toi qui avait la masse et moi le balais. » Il lui décocha un sourire et une pichnette sur la joue. Oh il l’aimait bien son Leo. C’était peut être même le seul qu’il laissait le taquiner sans trop le frapper en retour. Mais Leo aimait ça aussi, il cherchait souvent le poing, surtout vu comment il savait que Talan était sanguin. « Puis de toi ou moi, tu es celle qui fait le mieux Cendrillon. » humour d’anglo-hawaïen… Ou de grand métisse, au choix. Humour sur la petite taille et les cheveux blond du petit. Enfin petit grand. Enfin, on avait saisit.

D’ailleurs pour la petite histoire, les deux ne jouaient pas à la masse et au balais pour faire jolie. Ils avaient en effet mis une une partie de leur argent des compétitions -enfin ça c’était l’idée officiel- pour acheter un jolie bout de maison moche sur le bord de la plage pour faire leur futur école de surf. Ce qui était drôle c’est qu’alors qu’il avait l’air particulièrement emballé à l’idée de monter cette école, ni l’un ni l’autre n’avait jamais monté d’aptitude à apprendre à des gamins en pleine puberté à surfer. Rae, il y aurait surement pas de soucis. Enfin ils l’écouteraient en bavant sur elle clairement. Ils écouteraient Talan aussi, plus par peur surement. Et on espérait que Leo ne les envoi pas tous dans le décors. D’ailleurs, en parlant de ça. « Eh, tu vas peut être recevoir un appel de menace du coach… Je lui ai dit qu’on allait à Los Angeles vérifier que tu ne t’étais pas tué dans une vague… » Ce qui n’était pas si évident que ça quand on parlait du Whitely tout de même. Mais c’était justement pour ça qu'il l'aimait bien. Le sans peur, le téméraire. Il collait bien avec la brute que Talan était, ils faisaient un bon duo. « Ils doivent regretter d'avoir perdu 3 de leurs meilleurs surfeurs » Même si objectivement, lui et Talan commençait à être sur la mauvaise pente de l'âge et que bientôt, des plus jeunes, seraient là pour les surpasser.







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MessageSujet: Re: Hawaïan bear way of life + Leo   Hawaïan bear way of life + Leo EmptyMar 29 Juil - 21:49

Leo & Talan

Hawaïan bear way of life



Juillet 2015

Vous savez, cette impression que quelque chose cloche? Que, quand les pièces s’emboitent, il manque toujours un morceau, un lien, une réponse? C’était ce qui se passait là, sous mes yeux. Avec le grand ours qui cogne d’un côté, Rae qui m’envoie un texto me demandant si je préfère du bleu pour les murs ou du jaune et moi, qui vient tout juste de mettre le bon quart de l’argent que j’ai gagné en faisant des compétitions de surf sur un contrat d’achat, je m’y perdais. Le sol était poussiéreux, la carcasse de l’immeuble tanguait dans tous les sens, y’avait une odeur que même les fenêtres grandes ouvertes sur l’océan ne pouvait pas chasser et j’étais persuadé que tout sonnait faux. Que Rae passe me voir entre deux contrats aurait semblé normal, même si Hawaii lui allait si bien et que j’aurais eu l’impression de la déraciner en l’accueillant ici, mais qu’elle et Talan me fassent part de leur plan de repartir à neuf et d’ouvrir une école de surf à Venice, c’était tout autre chose. Tellement loin du plan qu’on s’était fait un soir, à fumer de l’herbe et à fixer les étoiles, se disant que dans 15 ans, on vendrait tout et on irait s’ouvrir un bar en Australie. Le truc glauque, pas trop propret, avec une carte de bière de partout dans le monde, pas de cocktails & rien que de l’alcool fort, et des burritos. Beaucoup de burritos. Mais à la place, je passais le balai, l’autre mastodonte avait une massue, je dormais avec ce même tas de muscle 3 soirs par semaine et je venais de m’improviser une autre carrière, celle de professeur. Celle de casse-cou m’allait pourtant si bien. Et puis justement, après le désastre où j’avais enseigné à des gamins du lycée de Santa Monica quelques leçons, pour finir par les laisser sur la rive le temps d’aller profiter des vagues, tout le monde savait tout de suite que c’était n'importe quoi sauf une bonne idée. Pourtant, autant je savais clairement que j’étais tout sauf indiqué pour être un bon enseignant, je m’aurais jamais vu accomplir ça sans eux. Jamais. Parce que ouais, j’aurais pu poser des questions. J’aurais dû, en fait, dès que les Iver m’ont annoncé qu’ils venaient me rejoindre à L.A.

Mais le pire là-dedans, c’était que je m’en foutais.

Talan & Rae, ils avaient été tout pour moi pendant les 10 dernières années. Mes confidents, mes potes, ma famille. D’autres étaient venus, Deklan et Ashleigh même étaient passés, mes frères et mes parents ne manquaient pas l’occasion de planifier des Skype intergénérationnels, mais c’étaient avec les cousins que je passais le plus clair de mon temps. Que je m’imaginais passer le reste de ma vie. Parce qu’on était bien là-bas. À se casser la tête un minimum, à faire ce qui nous plaisait, à voguer entre les vagues et les fiestas, à faire notre loi sur notre plage, celle qui n’appartenait à personne mais qu’on aimait comme si elle était la nôtre. Les Iver avaient tenu une place hyper importante dans ma vie chacun à leur façon et les quitter quelques mois plus tôt m’avait tout autant fait chier que de quitter ma seule et unique passion, le surf. Rae, ma Rae, cette fille, cette femme que j’avais adoré dès son premier sourire, qui m’avait pris sous son aile parce qu’avec mes ecchymoses et mes nombreuses bagarres à mon actif je faisais peine à voir. Et Talan, le monstre, le totem, celui qui pouvait vous faire taire et vous faire hurler en un seul geste & qui était devenu mon partenaire, mon allié sur les vagues, mon copilote. Eux, j’aurais pas pu leur dire non. J’aurais pas pu les lâcher. J’aurais même pas pu imaginer partir d’Hawaii rien que parce que tous les trois là-bas, on était à notre place.

Tandis qu’ici, j’en doutais. C’était comme prendre des personnages d’une histoire et les foutre dans un autre quotidien. Aladdin n’aurait rien eu à battre si on l’avait catapulté à la place d’Ariel sous l’océan. Autant que Jack l’Éventreur aurait fait du coup pas mal moins peur si son monde était devenu celui de Star Trek. Les Iver & moi, ensembles, hors d’Hawaii, à avoir des projets à long terme, à vouloir devenir des profs, ça tirait du satire. Ça faisait peu de sens. Mais ça m’allait. Parce qu’ils étaient là, parce que je m’adapterais. Parce que je me marrais déjà d’imaginer Talan terrorisant des adolescents boutonneux rôdant trop près de Rae en mode leçon pratique. Parce qu’au final, il était pas si nouveau que ça, leur départ, parce que j’en faisais partie.

J’haussai le sourcil en voyant Talan revenir à lui après un moment dans les vapes. Il se murait un peu trop dans le silence malgré son habitude d’ours, et je le surprenais de plus à plus à se perdre dans ses pensées. C’en aurait été presque bizarre s’il n’avait pas enchaîné avec une de ses vannes à deux balles dès qu’il remarqua que je le fixais. Voilà, je le retrouvais. « Oh, c’est nouveau ça! » que je le félicitai, presque ému, avant d’hocher vivement de la tête devant le choix du surnom. « C’est la première fois que tu m’appelles l’asticot. Ce soucis de te renouveler… c’en est presque touchant! » Je fis mine d’essuyer une fausse larme sur ma joue avant de rouler des yeux à son jugement sur le balai & sur Cendrillon. Tout compte fait, je l’aimais mieux quand il se taisait et qu’il martelait de coups sur les structures du building. « T’essaie pas le colosse, tu peux pas rivaliser avec un ninja du balai! » Hilare, je fis un tour sur moi-même en prenant le dit balai pour un terrible nunchaku que je ne manquai pas de vriller sur le mur à côté de lui pour faire un trou supplémentaire entre deux tournis autour de mes poignets. Avec 1 kilo de moins de muscles que lui, fallait au moins que j’ai un peu plus d’agilité pour contrebalancer. « Et avec tes beaux cheveux de prince, toi tu donnes exactement dans l’image que je me fais de Rapunzel! » Un haussement de sourcils plus tard et je glissais mes doigts dans ses cheveux entremêlés pour ajouter au commentaire. Les filles s’entendaient p’t’être pour dire que sa chevelure fournie accentuait son côté bohème ou une connerie du genre, moi je trouvais seulement qu’il avait tapé pile dans le look hawaiien, en plus que ça devait franchement être beaucoup moins pratique que mon crâne fraîchement rasé à tous les deux mois. Parlant de ça, j’serais prêt pour une nouvelle coupe, depuis le produit hydratant qu’Isla avait foutu sur mes pointes pour tester la nouvelle révolution capillaire qu’il promettait, je m’étais retrouvé avec des cheveux clairsemés de deux autres teintes de blond, comme si presque j’avais fait des mèches. Elle disait que ça donnait de la profondeur, moi je trouvais seulement que j’avais l’air d’un ex-membre des Backstreet Boys.

« Plus ça change, plus c’est pareil… » que je soufflai, entre deux coups de balai, augmentant d’un cran le son de la radio qui passait une chanson de Bob Marley, m'évitant de continuer à fredonner Get Down une seconde de plus. « Avec lui, j’ai jamais vraiment vécu autre chose que de me faire crier dessus. Alors pour ce que ça fait... » que j’ajoutai, amusé. Pauvre coach quand même, il s’était pas attendu une seule seconde à ce que son équipe étoile soit formée d’une tête brûlée qui mettait la vie de tout le monde en danger, et d’un accro à la violence qui n’écoutait que lui-même. On avait dû lui en filer des migraines, et l’idée de m’éloigner du lot devait lui avoir trotter dans l’esprit depuis un moment déjà. Se libérer de la pain in the ass que j’étais en me profilant une retraite bien méritée sous le soleil californien, c’était son scénario de sortie. Sauf que dans ce cas-ci, Talan et Rae avaient fini par me suivre. Échec et mat, l’ami.

Je souris lorsque Talan évoqua qu’on était parmi les meilleurs. Ouais, on avait ce petit quelque chose qui faisait que les autres membres de l’équipe rageaient souvent contre nous. Mais à force de surfer, d’en baver et de recommencer, on pouvait pas faire autrement qu’être bons si? Le talent, on l’avait pas inventé, on avait bûché comme des cons dessus depuis des années et au final, ça avait payé. « À la place, on va lui renvoyer une belle bande de nouveaux surfeurs, fraîchement diplômés de l’académie Iver & Whitely. Tous formés pour le faire chier en faisant rien qu’à leur tête, et puis voilà l’travail. » J’éclatai de rire au son de cette vengeance, sweet, sweet à mes oreilles. Je savais bien que pour réintégrer l’équipe, j’devrais attendre que les astres soient tous alignés. Alors plutôt que de m’en faire avec mon sort, j’avais eu assez de temps pour ça durant les premières semaines où j’avais remis les pieds ici, je préférais encore mieux en rire. Et trouver d’autres moyes de faire chier le coach, tout simplement. For old time’s sake.

« Ça fait drôle en tout cas, de dire qu'on va finir par être profs de surf, à L.A. » que je tentai, après un silence où Talan semblait trop apprécier de démolir un comptoir de cuisine pour que je trouble son beau moment. Mine de rien, j’étais embarqué à plein dans leur plan parce qu’avec seulement le food truck, c’était une véritable torture de ne plus surfer autant qu’avant, mais autrement, la situation restait incongrue. « Pas que j’y crois pas hen, mais y m’semble que ça coule pas tant de source. » J'haussai les épaules puis marquai une pause, éternuant lourdement après avoir secoué un vieux tapis qui prit direct la route des ordures rien qu’à voir ce qui s’en échappait. « Ou alors vous avez vu mes signaux de détresse à partir d’Oahu et vous avez improvisé un plan pour m’éviter le suicide par l’ennui! » que je blaguai, m’appuyant sur le mur pour observer la vue sur l’océan un temps.




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MessageSujet: Re: Hawaïan bear way of life + Leo   Hawaïan bear way of life + Leo EmptyJeu 31 Juil - 9:24

Leo & Talan

Hawaïan bear way of life



Juillet 2015


Pour être honnête, ce choix était totalement incohérent. Pour quiconque connaissait un minimum les Iver, on sait qu’ils n’avaient rien à foutre à Los Angeles. Mais absolument rien. Leo devait être particulièrement peu regardant pour ne pas avoir fait gaffe à ce léger détail. Ou alors peut être qu’il était simplement trop heureux de les retrouver pour réellement vouloir se poser des questions. Talan ne traitait pas son ami d’abrutit. Leo était extraordinaire. Contrairement à eux, Leo savait admirablement bien s’adapter à toutes les situations. A toutes les villes, à toutes les personnes. C’était presque irréel finalement. Et ça rendait effectivement l’arrivé des Talan particulièrement irréel. Premièrement, Talan n’était pas sociable. Se faire des amis n’étaient pas son fort, il n’aimait pas le monde, il n’aimait pas la foule et il n’aimait pas qu’on l’emmerde. Hawaï avait cet côté calme lorsqu’on connaissait bien l’île. C’était surement grâce à la proximité de la mer, grâce à la nature luxuriante. Ici c’était plutôt le béton et quelques palmiers. De quoi donner à Talan de l’urticaire lorsqu’on y penses bien. Même le sable pourrait être faux que ça ne l’étonnerait pas, peut être que finalement c’est de la poussière de béton. En mettant ses pieds dedans il avait fait une tête bizarre avant que Rae ne le regarde et qu’il fasse un grand sourire. Deuxièmement Talan n’était pas un être sociale. Si vous pensez que ça ressemble un temps soit peu au premier argument vous vous trompez farouchement. Talan n’était tout bonnement pas fait pour vivre en société. Enfin disons tout dépendait de laquelle. Celle-ci, super capitaliste costard-cravate ? Bon même pantalon-t-shirt-chaussure ça l’agaçait prodigieusement. Combien de fois l’avions nous complètement vêtu à Hawaï ? Eventuellement il devait porter des pantalons de lin assez large et assez fluide, le genre de truc que l’on ne sent pratiquement pas. Mais honnêtement la plus part des règles de bienséance lui passait complètement par dessus la tête. Et pourtant il avait vécu en Angleterre. Mais on oublie vite ce que l’on apprécie moins. L’anglais avait surement finit par être plus Hawaïen que n’importe qui.

Le reste des arguments seraient probablement invisible à Leo. Tout bonnement parce qu’il ne connaissait pas réellement les Iver. Enfin bien sûr il connaissait la plus part des choses. Mais est-ce que l’on pouvait connaître les Iver sans savoir leur affectation avec le trafic de marijuana? Peut être pas. A bien y réfléchir Talan ne savait toujours pas comment il avait réussit à cacher ça pendant plus de dix ans à Leo. Leo a qui il fournissait tout un tas de joint sans que ce dernier ne pose de question. Ce dernier qui le voyait partir du jour au lendemain, pour quelques jours parfois, sans poser de question. Peut être qu’il s’était simplement fait l’habitude que Talan ne lui dirait jamais tout. Ou peut être qu’il savait au fond de lui, et qu’il préférait simplement l’ignorer. Talan ne l’imaginait pas broncher quand il apprendrait pour lui. Il connaissait son tempérament violent, cette manie d’être toujours fourni en herbe, et puis à bien regarder, il avait la carrure, il avait la tête du bon dealer de mari… Mais Rae… Rae il ferait une crise cardiaque, il tomberait des nus, il n’arriverait pas à s’y attendre. Il manquait plus qu’il apprenne qu’elle avait foutu une balle dans la tête de quelqu’un et on le laissait raide mort. Rae c’était une princesse karathé, c’était un ange, ou quelques choses comme ça…

Bon et puis on ne parlait même pas de la connerie étrange de monter une école de surf… De tout ce qu’ils auraient pu faire c’était la chose la plus étrange. Mais Leo avait mordu à l’hameçon et les voilà entrain de démonter l’habitacle pour en faire quelque chose de plus satisfaisant. Alors Talan démolissait. Parce que ça lui allait bien de démolir, ça lui allait comme un gant. Il démolissait la bile dans la gorge, regardant la poussière volé et s’imaginant quelques instant que ça ressemblait beaucoup à sa vie. Il avait dit à Rae qu’ils arrêtaient tout ça, qu’ils se rangeaient. C’était pour ça, le club de surf. Parce que c’était ce qu’il faisait de mieux, en dehors du reste. Mais Talan angoissait, en dehors du reste, est-ce qu’il pouvait être entier ? Parce que peut importe à quel point le reste était dangereux, stupide, malsain etc… C’était lui. Lui, et cela depuis de trop nombreuse année. Est-ce que l’on peut quitter ce que l’on est, comme ça, du jour au lendemain, simplement en changeant de ville ? « C’est la première fois que tu m’appelles l’asticot. Ce soucis de te renouveler… c’en est presque touchant! » La voix de son ami le ramena à la surface. Il sourit, roula des yeux même. C’était lui ou son ami était une connerie ambulante. Oui, surement, c’était pour ça qu’ils étaient pote, pour ça qu’ils s’aimaient autant. Enfin pour ça et pour le surf. Et pour d’autre chose aussi. M’enfin. « Tu aimes ? » demande-t-il en ricanant. Enfin le ricanement de Talan ressemblait plutôt à un grognement, mais c’était effectivement un ricanement. « On pourra aller te le faire tatouer si tu veux. » D’un geste assez vif pour sa carrure il vint taper les fesses de Leo. « La » Leo était l’un des rares qui savaient bien faire parler Talan. Peut être parce que c’était parler pour ne rien dire, alors il ne se sentait pas mal à l’aise ou quoique ce soit. « T’essaie pas le colosse, tu peux pas rivaliser avec un ninja du balai! » Talan suit les gestes fluides de son ami et admire le trou minuscule creuser dans le mur. Mieux, il s’en approche, et passe un doigt dedans, comme un gamin foutrait les doigts dans une prise. Certes, si on les comparaît tous les deux, l’agilité et la rapidité de Leo n’avait strictement rien à avoir avec celle de Talan, mais tout était une question de stature. Pour marquer son point il leva la masse au dessus de sa tête avant de l’envoyer valser dans le mur percer par Leo, qui s’effondra. « Hum. » fit-il satisfait de lui, voyant le trou de Leo disparaître dans les décombres. « Je me remarque que toi quand même tu ne te renouvèle pas.. Colosse, vraiment ? » Il fait tourner la masse au dessus de sa tête maîtrisant bien ses poignets qui tourne autour du manche… Voilà, lui aussi peut se débrouiller en agilité. Non mais. Et puis il entend son copain se la ramener encore. Il faut dire que Leo qui ne parle pas, c’est emmerdant, et pire c’est flippant. Quoiqu’avec le temps ce dernier à appris à parfois respecter son silence à lui. Peut être parce qu’il s’est fait tirer les oreilles un peu. « Et avec tes beaux cheveux de prince, toi tu donnes exactement dans l’image que je me fais de Rapunzel! » Il sent la main du Whitely lui filer dans les cheveux et en réponse il pose la sienne pleine de poussière sur sa joue mal rasée. « On est de vrai princesse des temps modernes… Tu me fais les ongles et on va se faire draguer ? » demande-t-il en remettant les non cheveux du Whitely derrière ses oreilles. L’image était perturbante, mais bon quand on savait qu’en se moment ils dormaient souvent dans le même lit, on pouvait se dire que hum… bon… bah ça pouvait peut être créer une proximité.

« Plus ça change, plus c’est pareil… » Là c’est le Leo bien américain. Celui qui maîtrise parfaitement ce qu’il dit, et qui lance une phrase pseudo philosophique pour cacher que ça ne veut rien dire… Ou alors que ça veut dire un truc très con, et très nul. Talan roule des yeux. « Avec lui, j’ai jamais vraiment vécu autre chose que de me faire crier dessus. Alors pour ce que ça fait... » Talan rit. Pour de vrai. Non pas qu’il rigole souvent pour de faux, mais bon, voilà. C’est vrai que le Coach et Leo c’était tout une histoire d’amour. Il faut dire que Talan et Rae lui avait ramené presque comme un chiot abandonné avec pas d’autre choix que de l’adopter. En même temps il était excellent. Rencontré sur la plage, après quelques vagues il était évident qu’il allait plaire au coach. Bon c’était sans compter sur la personnalité bombardante de Leo qui s’accordait difficilement avec celle un peu démoniaque du Coach. M’enfin, à leur manière ils s’étaient aimé au fond. « Oh c’est de l’amour ces cris pour toi… Tu n’entend pas son coeur qui se déchire pour toi ? » Il ricane. Qu’est ce qu’il ne faut pas dire. Vague moment de réflexion. Vague parce que Leo ne met jamais bien longtemps à réfléchir, c’est à se demander s’il réfléchit vraiment. « À la place, on va lui renvoyer une belle bande de nouveaux surfeurs, fraîchement diplômés de l’académie Iver & Whitely. Tous formés pour le faire chier en faisant rien qu’à leur tête, et puis voilà l’travail. » Talan éclate de rire de bon coeur. Il a peut être trouver quelque chose, une motivation suprême à faire ce job pas prévu. « Toi tu te charges de la partie -je serais un casse-couille - des cours c’est ça ? » dit-il malicieux. Il n’empêche que l’idée de former la prochaine génération de champion avait son bon côté, non ?

Et puis silence. Enfin silence entre-coupé de brisure de mur. Talan acceptait presque son nouveau sort au côté de Leo, il avait envie de se dire que ça allait le faire, que c’était pas si con. « Ça fait drôle en tout cas, de dire qu'on va finir par être profs de surf, à L.A. » Hum… Talan relève les yeux, reste en silence, oui, c’est drôle… Vaguement quand même, mais s’il le dit. Là il se dit que Leo aurait mieux fait de se taire, parce qu’il le voit venir avec ces gros sabots, et il sent que ça va pas être si évident que ça, d’accepter sa décision. « Pas que j’y crois pas hen, mais y m’semble que ça coule pas tant de source. » Lui aussi trouvait ? Talan émit un rire un peu de travers. Ouai ça ne coulait pas de source. Pas du tout. Talan n’aurait jamais fait ça de son propre gré. Rae non plus. Il cherchait une réponse à lui faire, un argument imparable. Il ne trouvait pas. « Ou alors vous avez vu mes signaux de détresse à partir d’Oahu et vous avez improvisé un plan pour m’éviter le suicide par l’ennui! » Il ria. C’était l’avantage de laisser parler Leo. Il pouvait faire les questions et les réponses tout seul. Pas besoin de vraiment réfléchir, de trouver des faux mensonges de merde, Leo s’en créait tout seul. « C’est ça, tu es notre oeuvre de charité depuis le début Whitely ! » Il rit, essayant de mettre de côté le faite que ça ne coule pas de source. « Puis peut être que le coach nous a viré parce qu’on devenait trop nul sans toi pour nous challenger. » Passer de la pommade sur Leo, c’était toujours efficace. Il gonflerait peut être les pecs de fierté avant de rire. Il n’empêche que c’était vrai, sans Leo ce n’était pas pareil. « C’est fou ce qu’on s’y fait à ta tête de blanc bec. » Il pouvait parler l’anglais… il avait vu la gueule de sa cousine en plus ? Mais étrangement lui, il pouvait se permettre de faire ce genre de remarque. « Puis on a qu’à modeler L.A. à l’Hawaïan style ? » dit-il en rigolant avec un peu d’espoir dans les yeux, l’air de dire, c’est possible non ? Parce qu’il faudrait que ça le soit.



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MessageSujet: Re: Hawaïan bear way of life + Leo   Hawaïan bear way of life + Leo EmptyMer 27 Aoû - 2:21

Leo & Talan

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Juillet 2015

Y’avait pas plus cool comme coïncidence. Après The Big One qui avait rasé la bonne majorité de la ville, Santa Monica se retrouvant direct dans l’épicentre, on avait eu un prix de dingue pour une grande baraque à moitié défraîchie, à moitié démolie, mais en totalité assez sympa pour qu’on s’y attarde. Vous me l’auriez demandé que j’aurais même pas été en mesure de vous détailler le processus, faut dire que j’étais égaré entre les beaux grands yeux de Rae quand je lui avais glissé un mot sur le saut de l’ange que Riley et moi on s’était claqué quelques semaines plus tôt, et les grognements de Talan l’ours qui perdait patience à passer ses journées à sillonner les rues à la recherche du perfect spot au son des vagues qu’on manquait dans le processus. Par chance, ça n’avait pas duré bien longtemps et notre petite recherche d’à peine 3 jours s’était couronnée de succès au détour d’une ruelle quand on s’était tous à tour de rôle immobilisés devant ce qui nous semblait avoir un brin de potentiel derrière les multitudes de travaux à faire. Je m’étais jamais demandé si j’avais la carrure – et l’intérêt – pour me prendre à la gueule des travaux de menuisier, mais dans l’immédiat tenir un marteau et arracher des planches m’avait semblé sympa comme façon de passer le temps, autre que de goûter 15 sortes de guacamole par jour, ou d’éclater une de mes côtes en ayant toujours la bonne idée de sauter direct dans la 7ième sur les berges de Venice. Et ça, c’était à la limite de mes soucis même, parce que je me retrouvais carrément hors de toute zone de confort. J’avais jamais arrêté pour compter ce qui peuplait mon compte en banque. Tant que je pouvais acheter mes bières et mes tortillas hebdomadaires, y’avait pas de problème. Mais déjà avec la maison de riche que le Coach m’avait collée comme prix de consolation, et l’envie des Iver de faire dans le corps professoral, j’étais passé dans mon jeans troué et dans mon tank top tâché de sable – et accessoirement de sang – à la banque avec des formulaires remplis à la va vite et les cousins qui m’encerclaient avec leurs deux têtes pleines d’idées.

Vous dire que j’avais pas vu ça aller, c’était l’histoire de ma vie. Comme quand un matin j’avais tendu ma BD de Spiderman à Isla en pensant qu’entre ça ou l’atelier de peinture de l’enseignante barge ça avait plus de chance de lui remonter le moral. Comme quand j’avais fait pour la première fois du surf, à 14 ans, et que j’avais littéralement passé 12 heures d’affilés à ramer et à glisser, ne réalisant pas la suite des choses. Comme quand je m’étais installé d’abord pour quelques mois à Hawaii, avant d’y rester pour le tier de ma vie. Comme quand Talan m’avait fait son pitch de vente, son topo d’école de surf californienne, et que j’avais échangé un de ses traditionnels joints de poche pour ma signature brouillon.J’ignorais si j’étais dans la merde, mais ça sonnait bien. Sur papier, ça rassurait mes parents qui faisaient encore des cauchemars de me voir quitter l’état. Ça flashait lorsque je sortais au Barking avec les potes. Ça rendait Isla fière que je fasse autre chose qu’abuser du four à micro-ondes et des pizzas surgelées du commerce. Ça ajoutait à mon horaire que je divisais entre ma console de jeux vidéos, l’hôpital, le food truck et l’océan. Et surtout, ça me rapprochait d’eux. D’elle.

Talan avait l’air de plus en plus perdu dans ses pensées, et même si je le connaissais plus que bien, je savais pertinemment que c’était pas pour mes battements de cils qu’il était débarqué à L.A. Concours de circonstances, véritable envie ou trip qui lui était passé par la tête, ça aurait pu être tout ça et rien de ça à la fois, mais ma capacité à réfléchir quand on me demandait déjà de faire 40 autres tâches en même temps était limitée et je le laissais bargouiner et défoncer des murs en me contentant de penser à la garniture du burrito vedette de la semaine que je filerais à Logan pour qu’elle assure mon absence encore quelques jours. La brute me claqua une fesse au passage en mentionnant une histoire de tatouage, et je me déhanchai le derrière avec toute la prestance qui me restait, à l’aise de dire haut et fort que mes avances aussi évidentes eurent-elles pu être ne l’atteindraient même pas par la bande. Talan. Je l'avais surnommé Brutus la première fois où je l’avais vu, le molosse au regard de braise qui faisait soupirer toutes les filles et qui provoquait un genre de sentiment de terreur chez les mecs – lopettes – qui croisaient sa route. Casse-cou – et casse-couille – assumé, ça m’était semblé plus que logique de craquer pour sa cousine et d’ainsi me mettre en plein das sa ligne de tir, mais à priori il n’avait encore jamais lancé le feu ni les hostilités dans ma direction. Ça restait tout de même à voir maintenant qu’on se préparait à vivre la grande majorité de nos journées ensemble. Encore. « Je me remarque que toi quand même tu ne te renouvèle pas.. Colosse, vraiment ? » J’haussai les épaules, résolu. « J’aime faire dans les classiques! On change pas une formule gagnante… surtout lorsqu’elle me rappelle d’aussi bons souvenirs… » clin d’œil entendu avant de lui envoyer un baiser soufflé du bout des lèvres, j’entamai la tâche peu glorieuse d’aérer la pièce en me déchaînant contre les fenêtres qui peinaient à ouvrir sans de longs craquements sinistres en accompagnement. « On est de vrai princesse des temps modernes… Tu me fais les ongles et on va se faire draguer ? » Rae se serait éclaté de nous voir, comme d’habitude. À savoir que là où la plupart des hommes de notre entourage auraient levé du nez, on se plaisait à s’emmerder de la sorte. Le contact physique – bah pour lui c’était du commun – on l’avait appris à l’aloha spirit, et Hawaii avait bien eu cet effet de nous rapprocher tous, comme une grande famille… adorant emmerder l’autre en tapant direct dans sa bulle.

Le Coach. Rien que sa mention dessina un pli dans mon front, alors que je me rappelais très bien ma première rencontre avec lui, ou plutôt non-rencontre, où il m’avait simplement balancé que des petits cons se jetaient devant lui à tous les jours pour le supplier de les prendre dans son équipe. J’avais ri parce que j’en étais un, un con, avant de tirer ma planche du sable et de filer direct vers l’eau. Et j’avais fait direct tout ce qu’on m’avait intimé d’éviter, à L.A. Chaque vague était la mienne et je piquais la place de tous les autres surfeurs, envoyant royalement paître la bonne étiquette au profit des quelques dollars qu’un sponsorship pouvait m’apporter. Un après-midi durant j’avais joué à ce petit jeu, ne manquant pas son regard qui était scotché sur mes prouesses. Puis j’étais retourné le voir bien fier, la vue encore embrouillée d’eau salée, du sable plein le visage pour lui balancer que j’étais « Con, mais doué. » Une claque derrière la tête de sa part et un roulement des yeux des Iver plus tard et c’était dans la boîte. J’avais une maison, plus besoin de crécher sur la plage, et une équipe. Les prix et les chèques vinrent ensuite, mais pour la peine, il m’avait bien lancé le Coach. Avant de me faire chier au possible… et de continuer même après mon départ d’Oahu. « T’attends pas à ce que je fasse son éloge comme s’il avait été un père pour moi… » que je balançai, arrivant enfin à ouvrir la dernière fenêtre qui résistait à mes bras passablement musclés. « … ou alors un père bien alcoolique, qui m’a battu, un truc glauque. On arriverait peut-être à toucher des pots-de-vin de sa part pour l’école avec cette histoire-là. » l’air faussement ébahi par l’idée de merde que je venais de proposer, je profitai du sourire dépassé de Talan pour m’applaudir et pour faire une révérence. J’avais toujours dit que j’étais le cerveau de la bande.

Mais l’argent, c’était pas ça le problème au fond. Ce que j’aurais voulu, ce que je tentais de ramener, c’était le North Shore, ici. Quand Iver glissa un « Puis on a qu’à modeler L.A. à l’Hawaïan style ? », certes après m’avoir fait à sa façon des éloges que je couvrai de regards charmeurs au passage, je savais qu’il avait visé juste. Les souvenirs de nos journées à marcher pieds nus et à se nourrir de noix de coco et de papayes fraîches avaient suffit à me satisfaire. Ouais, on faisait le plus beau métier du monde et on était particulièrement doués. On avait voyagé à travers le pays, on avait cumulé les honneurs, on avait déchiré, mais vous m’auriez tout enlevé pour me laisser que ma planche et leurs têtes d’anglais en terrain plus ou moins connu et ça aurait été suffisant. À la place, on se retrouvait avec les poches bien remplies mais les racines arrachées. Y’avait du boulot, autant dans cette piaule maudite que pour toute la suite et je ne pus qu’hausser les épaules en ajoutant « À grands coups de Bob Marley et d’ananas grillés, on devrait y arriver ouais. » à peine camouflé. Hawaii avait été une révélation, mais je ne pouvais pas me faire à l’idée que peut-être que je n’y retournerais plus. Par orgeuil surtout, par égo, mais surtout parce que peut-être qu’il avait pas tort et que Los Angeles, que Santa Monica, me conviendrait à un moment. « Déjà, on pourrait commencer avec ça... » que je proposai, glissant le bras par l’embrasure de la porte grande ouverte pour récupérer une des fleurs que Rae avait plantées en plate-bande et la glisser derrière mon oreille. « Approche, ma princesse. » que je lui soufflai, répétant l’action, couronnant sa tête de mastodonte d’une marguerite blanche. « Les vahinées sont dans la place! » que je finalisai, en sifflant devant mon œuvre. Deux beaux idiots, l’un avec une massue, l’autre avec les yeux rouges d’avoir respiré trop de poussière. Si au moins c’était parce que son herbe de toujours complétait notre trio du jour…

Un texto d’Isla me rappela à l’ordre après avoir rit un bon coup, et éternué au final, devant notre reflet à travers le miroir salit à l’entrée de la baraque. « T’oublis pas le tremplin demain! » qu’elle chantonnait, je l’entendais déjà elle qui chantait tout ce qu’elle disait au final, et repensai à Deklan qui allait rejouer dans d’autres souvenirs, ceux du lycée, à un peu moins de 24 heures. Lentement, je levai la tête de mon portable pour tomber sur celle le moindrement égarée du Talan. J’ignorais s’il avait vu de qui venait le message, mais il lorgnait un peu trop sur l’écran pour que je laisse passer ça. Il me faisait chier depuis une décennie – merde – avec Rae, je me gênerais pas pour lui rendre l’ascenseur avec Isla. Commençons en douceur. « Me fait pas croire que tu lui as pas écrit depuis que t’es débarqué… » mon ton se voulait amusé, mais au fond je mourrais d’envie de savoir si la brute qu’il était avait donné signe de vie à la brunette. Mourir, dans le sens de prévoir râler comme personne si j’apprenais qu’ils s’étaient revus sans que je sois au courant.  

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MessageSujet: Re: Hawaïan bear way of life + Leo   Hawaïan bear way of life + Leo EmptyLun 1 Sep - 15:05

Leo & Talan

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Juillet 2015


Talan et Leo il n’y avait probablement pas de mot. C’était tombé du ciel comme ils se bouffaient des vagues à longueur de journée. C’était un truc hors norme. A l’Hawaïen style, comme ils disaient. C’était assez simple finalement, comme amitié, pas de complication, pas de prise de tête, ils allaient pas faire leur jaloux et se foutre des menottes. Non c’était assez évident, les deux, le nain et le géant, le mastodonte et cendrillon. Et au final, Leo n’avait rien à envier à Talan, il avait l’agilité là ou l’autre avait la force. Le point ou ils étaient probablement égale étant surement la quantité de neurone qu’ils avaient perdu au change. Avec sa petite taille, Leo paraissait toujours bien plus casse cou - et casse couille - que Talan, mais le dernier allant clairement trop souvent au devant des ennuis, qu’il provoquait même, il lui arrivait forcément de se prendre des retours de flamme. Qu’on se le dise, malgré son gros mètre quatre-vingt dix de muscle, Talan n’était pas imbattable. Si on pouvait avoir envie de le surnommer the Mountain il se retrouvait parfois au tapis. Enfin Talan et Leo c’est le pouce qui fait ami-ami avec le petit doigt. Si on veut partir dans les réflexions mignon cul-cul.

Alors oui, clairement il n’y avait que Leo capable de canaliser Talan à Los Angeles. Parce que dans la tête de Talan, il était bien loin le temps ou il avait habité une terre complètement civilisée. Pas qu’Hawaï ne soit pas civilisé, seulement qu’eux à Hawaï avaient une notion de civilisation assez étonnante. L’Angleterre était loin dans l’esprit de Talan, et venir hanter les rues de Los Angeles, lui laissait un goût âpre au fond de la gorge. Mais il était tombé sur le sourire de Leo, et il avait lu le sourire de Rae en réponse, et derrière sa grimace, il s’était calmé, il avait peut être même sourit. Ils avaient fait le bon choix, venir ici, retrouver la touffe blonde, et essayer de passer à autre chose. Ils y arriveraient surement. Quoique traîner avec Leo n’était surement pas le meilleur moyen pour rester hors des emmerdes…

Mais dans une école de surf, quel mal pouvait-il arriver ? Rien de plus que se prendre la planche dans le nez après avoir rater une vague, ou se faire disloquer dans un tonneau particulièrement violent. Mais à Hawaï ils avaient la même chose. Ils pourraient peut être même encore participer à des compétitions, même sans avoir leur super coach sur le dos. D’ailleurs en parlant de lui, Talan s’était vu obligé de rappeler à Leo le souvenir immortel de leur coach. Au fond il l’aimait bien, mais il lui en avait surtout fait bavé. Surtout Leo lorsqu’on y penses. Les Iver eux avaient presque commencé leur cours avec lui, enfin le coach avait vite repérer leur potentiel et surtout leur volonté de vite monter au sommet. Il les avait presque pris sous son aile à leur arrivé. Forcément ça ne comptait pas pour du beurre. Mais avec l’arrivé de Leo, les choses avaient changés, et le coach avait vu rouge, bleu, vert, toute sa vie en arc-en-ciel. « Con, mais doué. » Talan souffla un sourire. Oui, ça résumait bien Leo, con mais doué. « Il s’attendait surtout à te voir mort… » répondit-il simplement. C’est vrai que des frayeurs du genre Leo en avait fait un certain nombre. Toujours à la recherche de figure plus spectaculaire, il avait fait quelque retombée bien flippante qui l’avait emmené directement aux urgences. Si Talan n’était pas du genre à se ronger les ongles, traîner avec Leo avait mis son sang froid à dure endurance. « T’attends pas à ce que je fasse son éloge comme s’il avait été un père pour moi… … ou alors un père bien alcoolique, qui m’a battu, un truc glauque. On arriverait peut-être à toucher des pots-de-vin de sa part pour l’école avec cette histoire-là. » Talan éclata de rire, et balança un coup derrière la tête de Leo. Ok peut être que parfois les accidents de Leo était de la faute - involontaire - de Talan. Mais hé, il n’obligeait le blond à rien. Il serra les mains sur la massue, la soulevant pour la soupeser dans ses mains avant de se demander ou il allait l’envoyer. Finalement il reposa la massue et tapa son torse avant de faire un genre de YO, tout en disant de manière haché : « Je suis ton père. » Ok, répartie, lente, et puis ils avaient le même âge, le même niveau zéro de sagesse. M’enfin, c’était bien du niveau stupide de la proposition de Leo. Faire cracher le coach pour… pour quoi d’ailleurs ? pas grand chose de pertinent probablement.

Devant le sourire un peu faible de Leo, Talan proposa l’évident. L’idée qui les ferait tous les deux garder le pied sur terre, et loin des emmerdes si possible. Hawaï leur manquait. Ca ne faisait pas une semaine que Talan avait quitté l’île qu’elle lui manquait. Pas qu’il n’est jamais quitté l’île plus longtemps que ça, mais plutôt qu’il savait que cette fois-ci il n’y retournerait pas avant un bon moment. Il avait l’impression d’être exilé, déraciné même. Il faut dire que des trois zigotos, il était celui qui avait le plus la gueule du pays. Leo sourit, fit mine de réfléchir, et balança en haussant les épaules. « À grands coups de Bob Marley et d’ananas grillés, on devrait y arriver ouais. » Il ferma les yeux un instant en souriant, imaginant mentalement l’odeur de l’ananas grillé, sur son de Bob Marley, la masure n’était plus pleine de poussière, mais un sable chaud trainait à leur pied, ça leur avait économisé de refaire le parquet. Pas qu’ils aient de soucis d’argent, bien sûr, mais le sable sous les pieds… Pour montrer son contentement il retira sa chemise - très virilement - et fit valser ses chaussure qui l’emmerdait, tant pis pour les pieds sables et les potentiels bout de plâtre, ses pieds en avaient clairement vu d’autre. « On va mettre le sable dans la baraque, et se siroter des cocktail à la coco. » il roula des yeux dans un sourire, avant de dire en rigolant « D’ailleurs coco seins obligatoire pour tout le monde. » Il vit Leo revenir avec deux fleurs et s’en vit mettre une sur l’oreille avec leur surnom princesse. Heureusement que leur virilité n’était plus à prouver, sinon, ils auraient pris cher. « Les vahinées sont dans la place! » Prenant la massue devant lui il exécuta quelques vifs mouvement de bassin… « Ouai… là dessus on va prendre des cours avec Rae. » En prononçant le nom de sa cousine, et en l’associant au si jolie vahinées d’Hawaï, il jetta un coup d’oeil à Leo pour surveiller sa réaction. Quoi ? C’était plus fort que lui, s’il avait laissé faire, il préférait surveiller…

Un texto vint briser l’ambiance propice à la connerie et Talan ne put s’empêcher de venir regarder qui s’imposait sur le téléphone de son poto. Non pas de jalousie dans l’air, il vérifiait juste que ce n’était pas Rae avec un texto particulièrement peu catholique. Voilà, juste protecteur, on dira. Et pas de Leo bien sûr. Mais non, c’était Isla… Oups. A avoir regardé, il donnait quoi… Quelques secondes avant que ça lui retombe dessus. Non il n’était pas sorti avec Isla pour se venger du faite que le Whitely était sorti avec Rae… Mais ça avait jouer, fallait avouer. En même temps puisque la brunette était venue taper à la porte du Iver pour oublier un certain Deklan… On pouvait bien se rendre se service mutuellement. Et puis Isla était une chouette fille, Talan ne regrettait rien, surtout pas les crises de bouderie du Whitely. Ah tient, dix secondes de passée. « Me fait pas croire que tu lui as pas écrit depuis que t’es débarqué… » Tadaaam. Talan sourit amusé, et regarda Leo un moment, laissant en suspens sa réponse. « Peut être… » siffla-t-il sans vraiment répondre. Se disant que ce n’était peut être pas la peine d’énerver Leo pour si peu il finit par répondre honnêtement. « Je lui ai dit que j’étais là, simple politesse tu vois… » Non peut être que Leo ne verrait pas. Depuis quand on prévient toutes ses ex qu’on a en ville lorsqu’on débarque ? Mais Talan et Isla c’était plus que ça, c’était cool… C’était pas du tout une love affaire, ou quoique ce soit qui pourrait faire dresser les cheveux sur la tête de Leo… Enfin pas que Talan puisse vraiment dire non à un aller pour le pays des souvenirs avec la brune, mais ce n’était pas particulièrement ce qu’il cherchait non plus. Au fond, les deux là, avait fait leur temps, et Talan n’était pas contre un peu de chaire fraiche. « Mais je ne l’ai pas vu non. » Mais ça arriverait forcément un jour ou l’autre, rien qu’à trainer avec Leo, il finirait bien par tomber sur Isla, ce n’était qu’une question de temps.






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MessageSujet: Re: Hawaïan bear way of life + Leo   Hawaïan bear way of life + Leo EmptySam 20 Sep - 21:51

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Juillet 2015

Le surf. C’était tout ce qui nous réunissait au final. Ça avait rien de bien sorcier, et c’était ça qui me plaisait. Les vagues, la planche. Pas besoin de grand chose d’autre qu’une bonne part de vagues & de vent, et ça allait. La plupart des gens qui peuplaient ma vie depuis Hawaii y étaient reliés, logiquement hen, et même si on avait l’air complètement à l’opposé les uns les autres, on était tous pareils au final. Des amateurs de sensations fortes, des sportifs avec le goût du risque, des cons et leur besoin vital de liberté. Talan qui voulait ramener cette sensation-là ici, à L.A., c’était d’un naturel pas étonnant du tout. On se plaisait sur la terre promise, avec les volcans et le sable noir, avec les montagnes, les autres aventuriers, et le surf. Encore et toujours. On parlait que ça, on faisait que ça, et on rêvait que de ça. Par chance, ma ville natale avait en bordure un océan pour nous rassasier, et quelques rues, quelques quartiers qui faisaient penser à Oahu, à Halei’wa. Mais la ressemblance s’arrêtait là. Parce que si on se fiait à la quantité astronomique de vedettes – vraies & fausses – qui sillonnaient nos routes, aux déferlements de touristes à chaque mois qui rendaient de bonnes parties de la ville impraticables ça menait direct à un surplus de gens, de smog, de malaises.

« On va mettre le sable dans la baraque, et se siroter des cocktail à la coco. » Le sable c’est bon, y’en avait déjà. Partout où je foutais les pieds, à l’appart, dans la voiture d’Isla, même derrière la maison des parents. Du sable fin, blanc, un peu trop parfait et aux allures hollywoodiennes, mais du sable quand même. C’était un début. « D’ailleurs coco seins obligatoire pour tout le monde. » Je m’étouffai dans mon rire, baissant presque quasi automatiquement le regard vers les pectoraux du colosse. Il me faisait des avances là, avec des manières un peu rustres, ou je me faisais des idées? Mes iris remontèrent direct pour retrouver les siens, je croisai les bras sur mon torse, feignant un brin d’inquiétude. « Ouais, y’a pas mieux pour avoir un bronzage bien égal. Les démarcations, bouh! » Je fis mine de prendre une voix un timbre un peu plus aïgu que le mien, pour appuyer nos conneries. C’était bon de ressortir nos souvenirs de là-bas, de ce qui y était tellement meilleur, tellement différent. Si ça n’avait pas été des autres Whitely, d’Isla, des Monaghan, je serais probablement retourné dès que l’occasion se serait présentée – et même, je serais peut-être simplement pas parti. J’aurais pu faire un beau gros majeur au coach, me foutre de ses ordres à la con et me piquer une tente direct sur la plage comme je l’avais fait 10 ans plus tôt. La plage… « Me rappelle encore pourquoi on engage pas des types pour faire ce boulot-là à notre place? Si on veut être de bons profs, faudrait pratiquer hen… » ouais, je râlais. Parce que j’étais du genre à fermer le foodtruck à la moindre vague intéressante. Parce que je me levais à 3h du mat’ tous les jours depuis une décennie rien que pour surfer. Parce que… Talan avec sa massue bien en main qui défonça d’un coup sec le mur à sa gauche me donna direct ma réponse. « Ah, je sais pourquoi. Parce qu’on y passe nos frustrations. Toi avec ton marteau de Thor, moi avec mon balai de… la sorcière de l’Ouest. »

Mon portable vibra dans la poche de mon jeans et je le dégainai comme s’il s’agissait de ma baguette magique avant de lire le texto envoyé par la brunette. Ouais, le tremplin. Deklan s’était inscrit à ça et… La stature de l’autre Iver qui lorgnait de mon côté me fit hausser un sourcil puis l’autre. Ouais. Son histoire avec Hamilton, si on pouvait qualifier ça ainsi, avait peut-être été bien marrante au début si on se disait qu’il s’était fait un plaisir de me faire chier en la draguant et en… bref, en passant du temps avec elle pour ensuite me le remettre sur le nez, mais c’était ok, on avait attrapé le niveau, on pouvait passer à autre chose. Grand frère chiant sur les bords? Guilty. « Peut être… » je retins un léger grognement, me contentant de ranger mon portable dans ma poche et de faire comme si je m’en fichais. J’m’en fichais pas. Surtout depuis ses rapprochements secrets avec le gallois aka mon BFF. J’avais une excuse pour tenir Talan loin d’elle, j’allais pas me gêner. Qu’il tente de trouver une justification valable pour m’empêcher de rôder autour de Rae et je m’assagirais moi aussi… ou pas. « Je lui ai dit que j’étais là, simple politesse tu vois… Mais je ne l’ai pas vu non. » j’aimais pas son ton. J’aimais pas son sourire en coin, j’aimais pas qu’il lui ait dit qu’il était là avant que je le fasse moi-même, mais j’aimais particulièrement ce que j’allais ajouter. « Ouais ben elle est avec quelqu’un maintenant, alors bas les pattes. » Monaghan avait des vues sur elle depuis plus longtemps que les hormones de Talan avaient explosé dans ses biceps et ça donnait donc tous les droits au blond d’avoir la priorité. Merde. Elle m’entendrait réfléchir et elle me traiterait de fâchiste, de macho. Personne avait le droit sur personne, blablabla, elle était pas un objet, elle avait des droits, elle était une femme forte et puissante et chiante et elle tolèrerait pas que je dise aux autres qu’on l’avait marquée, que quelqu’un lui avait fait le privilège de la déclarer sienne. Ç’aurait pu être pire sauf. Isla aurait pu entendre, et être avec Ash. Et là, les féministes auraient brûlé la place publique rien qu’après m’être viré une claque bien puissante derrière la tête. Merde. Ash. « Mais tu sais pas qu’elle est avec quelqu’un ok. Elle est juste pas disponible, mais tu te la fermes et t’en sais rien. » Fuck. Fuck, fuck, fuck. Si Ashleigh – qui connaissait Talan parce qu’elle était venue jadis se faire dorer les fesses de mon côté de l’océan – venait à apprendre par le mastodonte que sa chère copine avait un mec dans sa vie, elle risquerait de pas lâcher le morceau jusqu’à ce qui lui donne ses sources. Et le connaissant, il se ferait un plaisir de la revirer d’mon côté. Et là, je devrais choisir entre lui mentir encore plus au nez, ou lui dévoiler que ma sœur sortait avec son frère depuis… toujours. Fuck.

Comme toujours, mon habileté à changer de sujet me vint en aide et je fis comme si de rien n’était. J’avais pas nommé de nom, limite il ferait pas le curieux, il avait bien d’autres trucs à accomplir là tout de suite comme démolir un autre mur ou une maison en entier et si ça se trouvait Isla ne l’intéressait même plus depuis toutes ces années. Ils étaient pas du genre à avoir pris leur idylle trop au sérieux, trop pour s’inquiéter de leurs problèmes de cœur ensuite, non? Et puis merde, on était pas du genre à faire dans le potinage de toute façon. Ça c’était le boulot de Rae et de Sloan, quand on les laissait ensemble. Yuk, Sloan.

« Et tes parents, ils pensent quoi de votre réorientation de carrière? » que j’utilisai comme tactique de diversion, reprenant maintenant le balai qui à force était devenu mon outil de prédilection. Les vestiges de deux pièces closes gisaient à nos pieds et mine de rien si on voulait continuer à avancer et être prêts pour repeindre ce qui restait de structure lorsque l’autre Iver remettrait les pieds ici, fallait se manier un brin. Les parents de Talan, de bons gens vraiment. J’avais rencontré sa mère quelques fois, majoritairement aux compétitions où elle venait les voir et prendre un bon bain d’air frais, mais son père plus discret, moins dans les grandes sorties, était venu qu’une fois à la maison. Pour parler à Talan et pour finir par partir après avoir hausser le ton. Un Iver qui se fâchait, ça criait pas. Ça montait le ton, ça faisait trembler les os de l’autre en face de lui, et ça laissait les paroles planer le temps de le terroriser et de le plaquer direct, sur place. Si Rae et moi on avait eu à se disputer quelques fois comme les grands cons qu’on était, je finissais toujours pas être médusé par le ton qu’elle arborait lorsqu’elle décidait que la discussion était close. Damn, ça, c’était suffisant pour que je ferme direct ma gueule de blanc bec et que je lui déclare la victoire. Par forfait. Les parents Iver donc. Eux qui avaient recueillis Rae, et qui avaient pris la décision de changer d’air à l’autre bout de la planète. Je me demandais ce qu'ils continueraient bien à faire à Hawaii une fois leur progéniture hors des pattes, si aucun des deux ne semblait plus attaché que ça au surf, à la nature, au aloha spirit.




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MessageSujet: Re: Hawaïan bear way of life + Leo   Hawaïan bear way of life + Leo EmptyMer 1 Oct - 18:51

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Hawaïan bear way of life



Juillet 2015

Ca devait être simple leur vie, et puis ça pouvait se résumer à ça. Le surf, éventuellement casser une baraque pour la refaire à neuf, papoter, de tout de rien et surtout de noix de coco comme des gonzesses. Ouai, ça pouvait être ça. Ils n’avaient peur de rien, pas du mot gay en tout cas, et leur sensibilité, c’était leur job. Enfin… Sensibilité. C’était vite dit, c’était dans leur mot, parfois dans leur geste, et c’était à cause de Rae. C’était Rae qui les transformait en bisounours, en papa ours bien mignon et presque tendre. C’était à cause de Rae, tout ça, et en dehors d’elle, et de Leo par extension, Talan redevenait normal. Ours mais pas papa, viril et pas sensible pour deux sous. La mari aussi avait tendance à les adoucir, normal, il paraît, et puis ça leur donnait leur petit côté peace and love. Mais à voir Talan on se doutait qu’il n’était pas totalement Aloha Spirit, peace and love et boisson dans des noix de coco. Il avait toujours les muscles tendus près à frapper, et un de ses bras devaient faire mentalement le poids d’une massue. La promesse d’un Talan violent, c’était la promesse de quelque chose qui fait mal. Mais heureusement, la plus part du temps, Leo n’avait pas à s’en faire, Talan était, avec lui, sage comme une image. Bien sûr là encore Rae était la seule exception. Il suffisait qu’il touche Rae pour qu’il s’énerve. Pas qu’il s’énerve pour faire quelque chose d’irréparable. Non il était même plutôt certain qu’il ne toucherait pas au peu de cheveux résidant sur le caillou Whitely à moins que ce dernier ne persiste dans sa connerie, et ne fasse des remarques particulièrement déplacé au sujet de la chère et tendre cousine. Mais Leo maîtrisait le sujet depuis. Il le maîtrisait trop bien d’ailleurs. Et s’il faisait encore semblant d’avoir peur, il savait qu’il avait depuis longtemps une certaine carte blanche avec sa cousine. Mais c’était justement à cause de ça que c’était plus complexe. Parce cette carte blanche il en faisait rien, rien que des rechutes par ici par là, quand il pourrait être le seul mec que Talan supporterait de voir accroché à sa cousine. Il en faisait rien, et il agaçait Talan à continuer à lui tourner autour. Au fond de lui, Talan l’attraperait bien par les épaules, le petit blond, avant de lui hurler à la figure, de toute ses forces, un bien senti « Bon tu te décides oui, non, merde ? ». Mais il ne disait rien. Lui non plus ne se décidait pas, avec personne, alors demander à son poto de toujours de se caser c’était délicat, surtout lorsque c’était avec sa cousine, et que ça pouvait signifier que tu serais - un peu - éjecter du tableau. Enfin certainement pas, il était trop gros pour sortir de l’image, on verrait encore au moins l’un de ses orteilles… il n’y avait pas moyen. Mais tout de même, c’était une histoire de principe, il devait le sentir tout ça Leo, il était pas stupide, il pourrait le comprendre. Eux deux ce n’était pas seulement du surf et de la fumette, ce n’était pas seulement des surnoms à la con, et des moments girly-virils à souhait. C’était aussi Rae, et la cendrillon elle avait pas intérêt à foirer son coup. Peut être qu’il devrait lui dire ça comme ça, simplement, en lui offrant un gâteau en forme de licorne-pénis, pour le côté girly-viril-con. À marquer dans la to do list.

Alors ouai, leur vie était simple, dans les faits, dans les mots, et dans le paquet de non dits qu’ils se baladaient depuis le temps. Enfin peut être que les non dits c’était ça faut à lui, Talan. Peut être que Leo était ultra réglo. Il était vachement trop droit comme mec, si droit qu’il n’évitait jamais les murs. « Ouais, y’a pas mieux pour avoir un bronzage bien égal. Les démarcations, bouh! » Il l’imagine un peu, les marques de bronzage bien ronde autour des tétons, il rigole tout seul comme un con. « Ca délimitera la taille du pancake du matin… » Et ça part trop loin. D’autant plus qu’il n’avait encore rien allumé, rien fumé… Il s’imaginait maintenant avec des pancakes de la taille d’une noix de coco sur son torse… C’était ridicule, jusqu’ou pouvait-il bien continuer ? « Me rappelle encore pourquoi on engage pas des types pour faire ce boulot-là à notre place? Si on veut être de bons profs, faudrait pratiquer hen… » Talan se retourna vers lui, releva le sourcil. Oui, il aurait pu donner une réponse. Une réponse facile, qui n’impliquait aucune notion d’argent… parce que clairement, l’argent n’était pas un problème ici, ils en avaient plein, du plus ou moins blanc, mais ils en avaient plein. Non la réponse aurait été simple, c’était drôle. Ouai, drôle, ni plus ni moins. Mais Talan n’allait pas faire ce plaisir à Leo. D’abord parce que Leo était un gamin qui ne retenait les leçons que lorsqu’elle venait de lui, et puis parce que… Parce que. Talan fit tourner la massue entre ses mains et la frappas contre le mur avec un air entendu. La réponse ne tarda pas à venir. Voilà que le blond n’était pas si con. « Ah, je sais pourquoi. Parce qu’on y passe nos frustrations. Toi avec ton marteau de Thor, moi avec mon balai de… la sorcière de l’Ouest. » Talan éclata de rire, c’était sûr, entre lui et Rae, Leo en prenait toujours un coup dans sa virilité. Ca ne devait pas trop le déranger, sinon il se serait plain depuis le temps. Néanmoins Talan attrapa Leo par les épaules et lui tendit la massue. « Tiens Loki, rend moi fière, et ne te la colle pas sur le pied. » Bon, ils avaient inversé leur couleur de cheveux, mais les muscles étaient bien à la bonne place, nul doute.

Et puis le téléphone sonne, discrètement mais surement. Leo fait son discret, le discret qui veut être pris en flag. Alors évidement Talan penses que c’est Rae, Talan fourre son nez dans ce qui ne le regarde pas, et Talan tombe nez à nez avec un texto d’Isla. Talan relève le nez vers Leo, l’air de dire, well done dude, tu m’as eu. Parce que c’était une conversation qu’il devait vouloir aborder depuis longtemps, vu comme elle débarque rapidement sur le tapis. Talan décide de jouer un peu, de l’agacer pour voir, c’est un simple pay back, pour Rae, pour les emmerde qu’il lui a causé, le blond. Simple remise au norme. Mais Leo n’a pas l’air d’apprécier, il surenchérit « Ouais ben elle est avec quelqu’un maintenant, alors bas les pattes. » Talan le regarde, il plante ses yeux dans les siens, pas de manière sensuelle, hein, juste comme un défit, un défit qui dit, hé mec, qu’est ce que tu vas me faire ? Essayer de me grimper dessus et de m’arracher mes dread ? Come on boy, bring it on. « Elle est assez grande pour me le dire toute seule, tu ne crois pas ? » Talan demande, l’air de sous entendre qu’il ne lâchera rien tant qu’il ne l’aurait pas entendu de sa bouche. Mais le fait est qu’il a lâcher prise depuis longtemps, que ce n’est plus que des mots. Qu’il est pas comme Leo, que lui il s’accroche pas à une fille pour mille ans. « Mais tu sais pas qu’elle est avec quelqu’un ok. Elle est juste pas disponible, mais tu te la fermes et t’en sais rien. » Talan relève un sourcil… Dieu c’est quoi ses histoires de gonzesse… « Han je voulais en parler à ma best pendant qu’elle me met du vernis ! » Puis il renfrogne ses sourcils, croise ses bras sur son torse et regarde Leo… « Franchement cendrillon, que ça te soule que j’ai couché avec Isla - plusieurs fois - c’est une chose. » surtout il fallait bien qu’il appuie sur le truc, que ça imprime mieux… « Mais agit comme un mec à propos de ça… Là tu me fais un mauvais remake des feux de l’amour » il siffle, lui ébouriffe le peu de cheveux qu’il a, c’est drôle sous la main, les cheveux courts comme ça. « Et puis Isla, elle fait ce qu’elle veut, je suis pas là pour remettre le couvert… C’est pas ma Rae… » La dernière phrase c’était gratuit, c’était pour voir la réaction de Leo… Parce qu’il ne fallait pas croire que Talan était aveugle. « Et ne crois pas que je dis ça comme une bénédiction l’asticot. » On ne sait jamais, parfois Leo il entend ce qu’il veut. « Mais ne crois pas non plus que je ne vois rien et que je ne comprends rien. » C’était pas des menaces, Leo devait bien savoir qu’au fond, il était pas trop contre. Juste pas totalement pour non plus. « Maintenant c’est juste pas le moment. » C’était vague, très vague, et il allait pas trop comprendre, tant pis, il aurait pas mieux.

« Et tes parents, ils pensent quoi de votre réorientation de carrière? » C’était arrivé comme un cheveux sur la soupe après, dans un soucis probablement désespéré de la part de Leo de changer de sujet. Talan manqua de s’étouffer dans la poussière, et regarda Leo étrangement. Changement de carrière ? C’était quoi ça carrière avant ? Il resta silencieux un instant, leva les épaules, laissa tomber un vague « bah on fait toujours du surf non ? » Il ne voyait pas de quoi il pouvait parler d’autre. Enfin si, il voyait, mais ce sujet n’avait jamais et ne devait jamais être aborder… Leo il était en dehors de tout ça, éventuellement il fumait la came que Talan ramenait. « On est majeur et vacciné, ils pensent plus rien… » FAUX, c’était presque papa et maman qui avait pris le billet d’avion et qui les avait jeter dans le charter… Papa, maman qui manquait peut être un peu à Talan, il était pas des masses habitués le grand, à ne pas être entouré de sa famille.





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MessageSujet: Re: Hawaïan bear way of life + Leo   Hawaïan bear way of life + Leo EmptyDim 12 Oct - 2:57

Leo & Talan

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Juillet 2015

Isla. Assez grande. La blague. Elle pourrait avoir 60 ans, des rides plein le visage, une retraite hypothéquée, une maison, 5 enfants bien matures et un chien tout doré et parfait, qu'elle serait encore immature. Maladroite. Tête en l’air. Hyperactive. Je présageais déjà qu’elle ne grandirait pas, qu’elle ne vieillirait pas. Encore aujourd’hui, à l’aube de ses trente ans, elle s’amusait à courir partout, à grimper aux arbres, à se déguiser, à se dire que « Quand elle serait grande, elle serait… ». Isla. Adulte. Responsable. Au courant de ses affaires. Pfff. Je préférais même pas penser aux dettes qu’elle accumulait à perdre toutes ses factures. Aux gaffes qu’elle multipliait sans prendre conscience du danger. Aux situations dangereuses dans lesquelles elle se mettait, toujours. Comme avec Deklan. Encore. « Elle est assez grande pour me le dire toute seule, tu ne crois pas ? » J’haussai le sourcil, sarcastique. Il savait tout autant que moi que la brunette n’avait rien d’une trentenaire indépendante et autonome. « Crois-moi, Isla ça restera toujours une gamine. » Et si elle le dit pas à sa BFF, elle te le dira pas plus hen, j’eus envie d’ajouter, mais je me retins. C’était con de se cacher. C’était con de mentir à Ash. C’était con d’avoir lancé la conversation aussi, avec Iver. J’étais con. « Le genre bien morveuse, hen. » que je ne pu m’empêcher de préciser. S’il faisait partie de ces fans inavoués – ou alors bien assumés – de tout ce qui touchait la domination ou ces conneries du genre, je voulais tout sauf provoquer une autre vague de réflexion à propos d’Isla. Autant bien la dépeindre comme la fillette le moins irrésistible du monde, et ça irait mieux. Pour lui, surtout pour moi. « Han je voulais en parler à ma best pendant qu’elle me met du vernis ! » Arf. L’idée des gages avec Rae, des dernières fois où j’ai été pris à lui vernir les orteils, à lui masser le cuir chevelu, à écouter la dernière comédie romantique avec elle – et à cumuler les shots du moment où l’acteur principal lançait un regard de chien battu à sa prétendante – me revint à l’esprit et je sentis limite une panique briller à travers mes prunelles. Du con. Talan et ses conneries, j’en prendrais encore. Il m’énervait, il m’exaspérait parfois, mais la plupart du temps, j’adorais son humour. Bien salace, bien con. Comme le surfeur bourru qu’il était. « Dis, tu me laisseras te faire des tresses pendant ce temps? » Je m’emballai presque, la voix haute perchée. Le regard perdu dans ses cheveux pêle-mêle, longs, délavés par l’océan, je fis même mine de m’avancer de quelques pas, près à commencer mon atelier de coiffure improvisé dans la seconde si j’avais son ok. « Franchement cendrillon, que ça te soule que j’ai couché avec Isla - plusieurs fois - c’est une chose. Mais agit comme un mec à propos de ça… Là tu me fais un mauvais remake des feux de l’amour Et puis Isla, elle fait ce qu’elle veut, je suis pas là pour remettre le couvert… C’est pas ma Rae… »

Coucher avec Isla. Coucher, avec…, je sentis mes mains se serrer autour du manche à balai. J’aurais pu arrêter là, rien que parce que l’idée qu’Hamilton n’était pas tant une gamine que ça, et ç’aurait suffit. Talan était tout un spécimen, et même si à Hawaii on était plutôt fiers de mettre notre tableau de chasse à jour autour d’une Pabst, il y avait toujours été question de limiter les interventions aux sujets des deux brunes qu’on avait respectivement eu dans notre lit. De l’entendre dire qu’elle avait succombé à ses gros bras et autres accessoires connexes me fit quasi sursauter tellement il le lâchait sans grandes émotions, mais sa finale, sa remarque sur la cousine, me fit encore plus tiquer. Il nous faisait quoi là? Ma Rae. Ma Rae? S’il y avait bien une chose que Rae n’était pas, c’était la mienne. On avait une entente à la con, et à ma grande déception camouflée on la conservait depuis leur retour, et on était bien conscients que tous les deux on n’appartenait à personne. Elle couchait avec qui bon l’entendait, que ce soit un inconnu… ou mon propre cousin, et accessoirement, je faisais pareil. Que ce soit une inconnue… ou sa meilleure amie. Mais si l’un ou l’autre désirait plus qu’une guerre de guacamole ou de verre d’eau, il passait toujours en priorité. Toujours. Comme si Talan ignorait notre accord secret. Comme s’il était assez con pour ne pas remarquer qu’on jouait à ce jeu-là depuis aussi longtemps. Comme si… « T’aimerais beaucoup trop que ce soit ma Rae. » j’insistai sur le « ma », agitant mon balai à l’entrée du building sans même lui jeter un regard. « Comme ça, t’aurais que ma gueule à surveiller. » Haussant innocemment les épaules, je passai derrière le mur qu’il venait de démolir pour ramasser le plus gros avant de finir tout en précision dans les coins. « À ce rythme-là, tu dois plus fournir. Hawaii, L.A…, te battre sur deux fronts, c’est pas épuisant? » le ton dans ma voix se voulait moqueur, mais au final, ça me faisait chier. Parce que malgré tout ce que j’aurais pu dire ou ce que j’aurais pu faire, c’était moi aussi qui ressassait tous les mecs qui la séduisaient, qui la reluquaient, qui la draguaient, qui arrivaient à l’attirer à eux. Pas qu’elle couchait avec n’importe qui, mais lorsqu’elle succombait, c’était une autre histoire. Une autre putain d’histoire. « Et ne crois pas que je dis ça comme une bénédiction l’asticot. Mais ne crois pas non plus que je ne vois rien et que je ne comprends rien. » Ah. Ça c’était une surprise. Il en parlait jamais. En fait, comme je disais, on était pas très volubiles lorsque ça concernait les filles. Pas qu’Isla et lui ça ait été bien loin, mais surtout Rae et moi. Et voilà qu’il y faisait plus d’allusions maintenant que depuis que notre petit jeu avait commencé. Je voulus lui dire des tas de choses, à commencer par le fait que ma tête de nœuds ne s’embarrasserait pas de sa bénédiction de toute façon parce que je préférais jouer avec le risque, mais la suite me coupa direct le sifflet. « Maintenant c’est juste pas le moment. »

Le bon moment. Le bon moment, de quoi? J’étais intrigué, je le cachai pas. Je pensai même à la faire répéter, juste pour voir s’il ne dévoilerait pas un détail de plus, mais il se ferma de suite. Comme une huître. Une huître très, très musclée. « Le bon moment pour moi de draguer Rae ça serait sûrement la veille avant son entrée dans un couvent. Ou quand t’auras réussi à mettre la main sur de la mari aussi bonne qu’à Hawaii ici. Dans les deux cas, ç’a aucune chance d’arriver. Alors voilà, dors en paix mon loup. » Et pendant ce temps, je cacherai ta cousine derrière le rideau de la douche en te faisant croire que j’avais à me lever tôt pour une connerie de réparation de food truck. La blague. Et non, il était pas idiot. Il savait. Il voyait. Il grognait. Il disait rien, mais il acceptait pas. Ou du moins, il surveillait, aux aguets. Mais à quoi ça servait, quand on savait tous les trois que Rae et moi on continuerait aussi longtemps que nos envies le voudrait? Aussi longtemps avant qu’on se fasse mal aussi, comme les cons qu’on était. M’enfin. Ça, c’était une toute autre discussion. Que je ne prévoyais pas lancer avec le colosse, oh non. Et voilà que lui non plus. Paf, on se remettait au surf. Encore. Enfin. « bah on fait toujours du surf non ? » Vrai. Ses parents, la famille Iver, me semblaient super soudés et toujours près de leurs gamins avaient à cœur leur bonheur. Ça paraissait ces trucs-là, surtout après avoir quitté ensemble leur pays d’origine. Surtout après avoir recueillit la p’tite Rae et avoir décidé de passer à une autre vie, à un autre quotidien. Ça solidifiait les liens. Ça en créait de nouveaux aussi, plus forts. Je le savais, parce que c’était ce sur quoi j’avais bossé avec Isla, avec eux depuis les tous débuts. « Ouais, m’en parle pas. Si c’était que de moi, le balai retournerait dans le placard et je serais sur ma planche. Direct. » Les vagues. L’adrénaline. Le vent. Je pouvais pas comprendre les gens qui habitaient ici et qui n’avaient pas essayé. Les réticents, ceux qui craignaient de tomber, de se ridiculiser, d’avaler la tasse. Ici, à Hawaii, en Australie, partout. Guys. GUYS. Le surf, c’était ça. Y’avait que ça. Et ça me démangeait. Ouais, y’avait l’école. Ouais, y’avait leurs projets – les miens. Mais qui est-ce qu’on leurrait, à se prendre pour des rénovateurs? Ce qu’on savait faire de mieux, c’était pas jouer de la serpillère. Ni démolir nos alentours avec une massue… quoique pour Talan, ça semblait être tout naturel et inné. Mais quand même. Ça me tuait tout à l’heure, et ça me tuait encore. Je me penchai même pour regarder la promenade à travers la fenêtre, résolu à en profiter de l’intérieur, mais c’était chiant. Yolo, merde.

« Et si on allait pratiquer nos techniques? On risque même de dénicher de nouveaux étudiants sur la plage! » je me voulais convaincant, convaincu. « Rae comprendra qu’on en avait marre de jouer à Bob le bricoleur pour la journée, et on reviendra demain… non? » à ça j’ajoutai même mon sourire le plus dragueur, le plus malin. Ça, ça payait toujours. Du moins, avec les nanas.


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