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 For a minute there, I lost myself. – JACKSON & ISLA

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MessageSujet: For a minute there, I lost myself. – JACKSON & ISLA   For a minute there, I lost myself. – JACKSON & ISLA EmptyJeu 20 Fév - 4:51


For a minute there, I lost myself.
jackson & isla


Il avait à peine changé. Sa mâchoire était toujours aussi carrée, aussi austère. Son visage s’étai durci, probablement dû aux coups qu’il avait encaissés depuis la dernière fois où on s’était croisés. J’en jugeais par la fine cicatrice qui ornait le dessus de son œil droit, et celle qui couronnait l’encolure de son menton. Ses yeux étaient noirs, fixés devant lui, vides. Je le savais parce qu’en allant commander un bourbon limonade, j’avais tenté d’attirer finement son attention. Un toussotement, un sourire, même un coup d’œil prolongé. Mais rien n’avait pu le sortir de ses pensées, aussi pesantes soient-elles. J’étais donc retournée m’installer sur ma banquette, celle qu’Ash et moi avions décrété comme étant notre quartier général ou une connerie du genre, après avoir passé trop de soirées à renverser bières et restes de nachos sur le pauvre cuir meurtri. Je pensais à Ash, et je pensais à Deklan aussi, qui devait passer ici un peu plus tard en soirée, du moins, qui l’avait insinué. Et je me surprenais à rougir discrètement, parce qu’à chaque fois que quelqu’un approchait de la porte j’imaginais que je verrais sa tête ébouriffée débarquer dans l’encadrage. J’étais alerte, ou plutôt, j’étais enthousiaste. Et mal. Un bizarre de mélange, qui s’adoucit doucement une fois que mes lèvres se déposèrent sur les rebords de mon verre. Une chose à la fois, une insinuation à la suite d’une autre. Rien n’était officiel entre lui et moi, encore moins que ça ne l’avait jamais été, et si Ash venait à savoir, elle se douterait que ce n’était pas nouveau et que jadis, y’avait eu plus. Alors je faisais gaffe. Je faisais gaffe, mais je filais des regards à la dérobée à mon portable, au cas où j’aurais manqué un texto signé Monaghan. Ou l’autre Monaghan. J’en pouvais plus. Je retombais en adolescence. Une autre gorgée.

Depuis The Big One, je passais un nombre incalculable d’heures au Barking. Ce soir, j’avais l’excuse d’être passée pour interviewer et prendre en photo les gars d’un band un peu indie, un peu rock qui venait tout juste d’écouler les derniers mois en tournée à travers l’ouest du pays. C’était dans le cadre d’un reportage musique & mode pour PLA, un magazine de Los Angeles axé sur les tendances et le style sous toutes ses formes. Les musiciens venaient tout juste de me quitter et je repassais photos et notes en revue, me disant que mon boulot me permettait tout de même d’analyser les tenues d’un peu n’importe qui, du moment que côté look ça assurait. Et ça me plaisait. Je me plaisais déjà de faire une prochaine chronique dans ce genre, une journée shopping complète avec Billie Salinger, saxophoniste jazz plutôt connue dans la région. Je la connaissais de nom, mais sans plus, et me réjouissais de passer plusieurs heures avec la petite carte de mode qu’elle était, sans le savoir. Bref, j’en oubliais le fait que je fuyais mon appartement, complètement en ruines, le divan de Deklan, qui m’avait hébergé pour la cause, ou celui de mes tantes, qui actuellement étaient en pleine crise d’anxiété face à l’international mini-miss de L.A. qui avait été annulé pour cause de catastrophe naturelle. Ici au moins, j’étais en terrain neutre. Pas de chance qu’un toit me tombe sur la tête, que ma meilleure amie me trouve à demie-nue à courir dans l’appart de son frère ou que mes tantes m’isolent entre elles durant leurs joutes verbales. Aidan me laissait grignoter par ci par là et j’avais improvisé un semblant de bureau près du jukebox pour y brancher le fil de courant de mon ordinateur, lorsque celui-ci menaçait de mourir. C’était la belle vie.

Je levais pensivement la tête, entendant la porte du bar s’ouvrir. Mis à part moi et l’autre solitaire au comptoir, le Barking était plutôt vide. Lui. M’adossant sur mon siège, je laissai mes prunelles le détailler de nouveau, au cas où sa situation aurait changé. Au cas où j’aurais pu déceler une invitation, ou du moins un signe, quelque chose. Ça avait toujours été compliqué entre nous, du style que j’ignorais s’il m’aimait bien ou s’il m’endurait pour la forme. Je marchais sur un fil de fer littéralement, surtout depuis la soirée où… m’enfin. Tout c’était passé tellement vite que je n’étais même pas sûre à quel point ce dont je me rappelais était exact, et comme il feignait à merveille tout souvenir de ce qu’il aurait pu me dire à ce moment-là, ou même me faire, c’était peine perdue pour confirmer ce qui avait bien pu arriver. Quoique. Après, il n’avait plus jamais été aussi chiant. Ou je m’étais adouci envers lui, c’est tout comme. Et instinctivement, je me levai de nouveau, me disant qu’il ne m’avait probablement juste pas remarqué, à le fixer. Qu’il avait peut-être même besoin de parler, encore, et que je me trouvais au bon endroit au bon moment. Que j’allais commencer doucement, que je n’avais de toute façon même pas pris le temps de le saluer et que limite, il était encore trop absorbé dans sa tête pour avoir distingué que quelqu’un d’autre flânait alors qu’il aurait très bien pu être seul, ici, depuis trop longtemps pour s’en rendre compte. Triste? Décevant, plutôt. Je m’installai donc à ses côtés, sur un banc libre à sa gauche, renvoyant un sourire au barman dont j’oubliais le nom depuis toujours mais qui n’arrivait pas à la cheville de l’autre, l’irlandais d’Ashleigh, qui faisait les meilleurs Irish Car Bombs de l’univers. Cliché, mais honnête.

Devant le silence de Jackson, j’osai un maigre « Hey! » qui ne trouva pas d’écho, si ce n’est de le faire réagir un brin, le temps de se remplacer sur son siège. Plus question de douter, il n’avait clairement pas envie de parler. Eh bien tant pis, je retournerais à ma banquette et m’enfilerais un nouveau nacho en finalisant mon article, tiens.

« Je déteste voir des gens déprimer seuls dans un bar. Si tu veux vraiment être tranquille, reste à la maison. » que je lançai, autant à moi qu’à lui, en adoucissant mes propos d’un sourire compréhensif, et d’une main qui lui caressa distraitement l’épaule avant de rebrousser chemin. C’était amusant de discuter avec toi, Jacks, vraiment. À plus.

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Dernière édition par Isla L. Hamilton le Dim 13 Juil - 17:15, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: For a minute there, I lost myself. – JACKSON & ISLA   For a minute there, I lost myself. – JACKSON & ISLA EmptyVen 21 Fév - 11:01


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Jackson n’avait pas été fait pour la vie. Il était né. Lâché quelque part sur terre. Lâché, laissé tombé. Peut être qu’il n’avait même pas été voulu. C’était faux. Peut être. C’était flou. Il ne savait plus bien. Il n’avait jamais su. Mais il n’avait pas été construit pour vivre. Ou du moins c’était peut être ce qu’il préférait penser. C’était plus simple de se dire qu’il avait été construit pour l’échec, plutôt que de ce dire qu’il aurait pu avoir une belle vie... Et que non. Mais Jackson n’avait pas été fait pour la vie. Il n’avait visiblement pas été fait pour la mort non plus. Cette vieille amie ayant déjà mille et une raison de le rappeler auprès d’elle. Alors il était là, quelque part, un entre deux, sur terre, à ne pas savoir trop quoi faire. A échoué, lamentablement, jour après jour.

Jackson n’était pas fait pour se plaindre. Pas fait pour parler. Pas fait pour aimer. Jackson était fait pour haïr, se battre, se taire, se terrer dans le silence, dans sa haine, dans son désespoir violent, dans son échec. Il n’avait guère besoin de se plaindre aux autres, de toute façon il n’était pas de ceux qu’on plain. Il était de ceux à qui on dit «bien fait pour toi». Et il le savait. Il le savait si bien qu’il se le disait souvent. «Bien fait pour toi.» Karma dans ta gueule.

Même là c’était surement de sa faute. Peut être pas le big one... Et encore, si on cherchait bien, si on voulait trouver un coupable. Mais non. On ne pourrait pas lui mettre ça sur le dos. C’était naturel. Et à moins d’être Dieu - et il en était loin - ça - au moins - ce n’était pas de sa faute. Mais les pleures de Callie, les blessures d’Ella, leur absence. Ca aurait du être lui. Au moins ça aurait été logique. Mais non, il fallait qu’il soit là, debout, à peine plus égratigné qu’après l’un de ses combats de rue. C’était d’un ridicule.

Il n’avait nul part ou aller. Nul part ou il voulait aller de toute façon. Il serait bien resté assis, dehors, pour l’éternité, à crayonner les gens miséreux. Au moins, là, il avait l’embarras du choix. C’était comme si la nature, voulant remettre les compteurs à zéro, lui offrait, lui pessimiste de base, une toute nouvelle base de donnée de catastrophe, horreur, et glauque, sur un plateau d’argent. Il avait dessiné les gens à l’hôpital, un peu, alors qu’il attendait auprès de Callie et d’Ella. Mais il y avait trop de monde, il suffoquait, et il n’avait jamais toléré longtemps de rester auprès de la morphine. A moins de s’être piqué. Alors il était partit. Il était passé devant son immeuble effondré. Il l’avait dessiné. Souriant. Un sourire mauvais, atroce. Il avait finit au Barking. Forcément.

Ou va un homme qui n’a rien à faire, rien à perdre ? Au bar. Se prendre une cuite. Forcément. Peut être que Jackson c’est un peu plus compliqué. Peut être parce qu’il travaille là bas. Que le tremblement de terre n’a rien épargné. Et que s’il veut pouvoir se prendre une cuite, zoner dans un bar, il lui faut faire quelques aménagement. Il lui faut protéger le planché mouillé, gorgé d’eau, qui fait encore plouf, et qui ondule. Il faudra surement le changer. Il a fallu remplacer l’alcool, les verres. Pour le moment on est en plastique, et on a ce qu’on a. On a l’air d’être dans un bar en travaux. Mais finalement les gens viennent toujours. Parce qu’il y a les habitué, tout ceux qui ne savent pas ou aller. Il y en a pas beaucoup. Peut être parce que certain son mort, ou blessé, ou alors qu’ils n’ont plus la force de venir boire, simplement de pleurer. L’homme est pathétique dans ce genre de situation. On pourrait jouer à Walking Dead dans la belle cité. Ca lui ferait plaisir non ? Oui surement. Il serait dans son élément.

Après avoir passé la journée à nettoyer, faire ce qu'il pouvait, en bon petit employé, celui qui ne compte pas ses heures, celui qui n’a surtout rien d’autre à faire, et qui n’a plus vraiment d’endroit pour zoner en faite. Il finit par s’installer au bar, avec la ferme intention d’attendre que son service commence. Il regarde le barman, celui que tu vas remplacer dans quelques heures. Il est plus sympathique que Jay. Peut être parce qu’il aime bien Jackson. Plus que Jay ne l’aurait jamais fait. Aussi parce qu’il le sert même s’il doit prendre le prochain créneau. Il a confiance l’ami. Confiance que même avec un cou dans le nez il fera son boulot mieux que quiconque. Mieux que lui en tout cas. Peut être que là est sa seule qualité, faire le barman. Les années ont beau passé, Jackson ne s’enlaidit pas particulièrement, et si dans la vie de tous les jours, ses trente ans, lui donne un look de looser, derrière un bar, il est toujours le même, et il les attire, toute, comme des mouches, les midinettes, jeunes, et vieilles. Et il sait ce qu’il fait, il a les doigts agiles. Il n’est pas né pour vivre, mais il est né pour être barman, pour noyer les gens dans l’alcool, pour se noyer avec. Mais pour le moment il boit. Doucement. Parce qu’il doit quand même être bien jusqu’à tard dans la nuit, et qu’il ne voudrait pas se faire engueuler par Savannah, si elle sort de son bureau. Il boit comme quelqu’un qui savoure.

«Hey».

Sur le coup ça l’agresse. Il ne pensait pas avoir l’air disponible. Il était même persuadé d’avoir un panneau accroché dans le dos Fuck You. Ce n’était probablement pas assez clair. Peut être que la prochaine fois, il devrait vraiment s’en acheté un, comme ça, pas un imaginaire. Il tourne la tête, considère la fille. Non vraiment. Il n’a pas envie. C’est pourtant évident. Callie est à l’hôpital, avec sa fille. Et lui aurait l’indécence de se taper la première qui passe. Oh il en serait capable. Jackson n’est pas connu pour sa décence. Mais quand même. Il est trop tôt. Et il n’est même pas bourré.

Il fronce tout de même légèrement les sourcils. Elle te dit quelque chose. Quelque chose. Mais il ne sait pas quoi. Pas une fille avec qui il a déjà couché. Il l’aurait surement oublié. Son regard glisse sur son corps sans discrétion, perplexe. Non surement pas. Mais ça ne lui revient pas.

« Je déteste voir des gens déprimer seuls dans un bar. Si tu veux vraiment être tranquille, reste à la maison. »

Rire jaune. La maison. Il regarde comme une insulte la main qui s’abat pourtant gentiment sur son épaule. Elle est sérieuse ? A-t-il l’air d’être le genre de mec qui demande un contact physique à toute occasion ? Même bourré il n’aime pas qu’on le touche, qu’on se frotte à lui, à part dans des situations bien précise. Mais ça n’est pas ça. Ce n’est pas une parade amoureuse. On dirait qu’elle le connait. Enfin pas si bien que ça. Sinon elle se serait abstenu. Mais elle le connait. Sinon elle se serait surement pas permis. Qui en revanche ? Aucune idée.

Il attrape son bras. Sans aucune violence, mais avec force. Il la tire à lui. La glisse d’un geste entre ses jambes, s’accoude au bar de l’autre bras, la regarde. Non. Elle ne lui revient pas. Elle est jolie sinon. Mais ce n’est pas la question. Tu n’es pas d’humeur. Même pas d’humeur a cassé quelqu’un. Tu as déjà trop cassé. Tu n’étais d’humeur à rien. Et elle est venue. Alors puisqu’elle n’a pas peur de l’humeur rien de Jackson. Elle peut simplement la testé. «Tu as raison. Tu veux venir avec moi ? Je n’habite pas très loin. Un petit bloc démolie d’ici. J’ai jamais baisé sur un lit de gravas encore, ça peut avoir son charme... Mais si tu te prends un truc dans le cul, ça ne viendra pas de moi.» Sourire carnassier, mauvais, ton grinçant, con, désagréable. Sans aucune finesse. Alors c’est ça. L’humeur rien de Jackson. Il la lâche. Si jamais il a compris quelque chose aux femmes, enfin au genre de femme qui n’hésite pas à venir le voir lorsqu’il a un fuck you invisible gravé dans le dos, et qui n’hésite pas à le toucher, alors elle restera d’elle même. Ca fait chiez. Elle serait partie. Si jamais il ne l’avait pas ouverte. Mais elle l’avait emmerdé, il n’avait pas résisté. L’humeur rien. Aussi nocive pour lui, que pour l’autre. Il se retourne contre le bar, boit une gorgé. «On se connaît ?» Non ce n’est pas une tactique de drague. Pas après ce qu’il vient de sortir. Ca serait déplacé. Mais il se demande, vraiment. Il n’est pas habitué à se souvenir des gens, des filles particulièrement. Et là il ne sait pas. Pourtant il sent qu’il devrait.

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MessageSujet: Re: For a minute there, I lost myself. – JACKSON & ISLA   For a minute there, I lost myself. – JACKSON & ISLA EmptySam 22 Fév - 5:08


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Je le connaissais par coeur, du moins, c’était ce que je croyais. En fait, j’aurais pu prédire ses grommèlements, son malaise, son regard noir. Il était facile à analyser, à comprendre. Jackson était de ceux qu’on aimait ou qu’on détestait. On pouvait l’adorer parce qu’il avait un côté mystérieux, je m’en foutiste, quelque chose de complètement laisser aller qui devait donner envie aux filles qui passaient devant lui chaque soir de sortir du lot, de l’étonner, de se prouver qu’elles pouvaient draguer un bad boy. Et ça, c’était ce qu’on haïssait chez lui. L’épée qui lui pendait au-dessus de la tête, qu’il soutenait lui-même à bout de bras, multipliant les conneries comme s’il était immortel, comme s’il se fichait de son existence. Comme s’il ignorait qu’au passage, certaines personnes tenaient plus à lui que lui-même. Il me fascinait, mais je n’arrivais pas encore à dire pourquoi. J’ignorais aussi sur quel front je me plaçais, parce que de le revoir de si près depuis nos derniers échanges me laissait perplexe. À l’époque où il était l’adolescent épris d’Ash, je le voyais comme un cancre, un idiot de service, un mec un peu niais, surtout paumé, qui jouait au gros dur pour impressionner. Je n’avais jamais craqué pour son côté méchant, vil, au contraire, il me rebutait. J’en avais tellement entendu parler, la blonde me l’avait tellement vendu que lorsqu’il s’était pointé devant mes yeux, j’avais ravalé ma surprise. Mon déni. Je n’étais pas du genre à juger rapidement, mais avec lui, l’aversion avait été rapide. Surtout qu’il avait pris un malin plaisir à se moquer de moi, de mes tantes, d’un peu n’importe quoi pour garder son attitude chiante d’ado en pleine crise bien au centre de nos discussions. Puis il s’était lentement évaporé de ma vie, le temps que je respire un peu. Que je retrouve ma copine. Que j’arrête de me faire chier à le croiser trop souvent. Et malgré notre relation à prime à bord pas particulièrement sympathique, j’avais appris à le connaître. Parce que j’étais douée pour ça, cerner les gens. Comprendre leurs mimiques ou j’sais pas. Bref, j’aurais pu prédire ce qui allait suivre, n’empêche qu’il avait quand même réussi à me faire sursauter, un peu.

Sa main me rattrapa vite au vol, le temps de me plaquer au bar, m’empêchant d’aller bien loin. Et là, dans la lumière un peu glauque d’un bar qui renaît de ses cendres, j’aurais pu jurer qu’on se retrouvait 4 ans plus tôt. Exactement là. J’esquissais sans grande conviction un mouvement vers la gauche mais il me stoppa, continuant  me dévisager. Je sentais qu’il n’était pas le seul à me regarder, le barman rôdant finement autour de nous, faisant comme si de rien n’était. Puis il prit la parole, calmement, sans grand intérêt. « Tu as raison. Tu veux venir avec moi ? Je n’habite pas très loin. Un petit bloc démolie d’ici. J’ai jamais baisé sur un lit de gravas encore, ça peut avoir son charme... Mais si tu te prends un truc dans le cul, ça ne viendra pas de moi. » Jackson et sa classe légendaire. J’aurais pu être terrifiée, vraiment, d’avoir osé lui adresser la parole. D’avoir heurté ses sentiments parce qu’il venait de perdre sa maison. Mais je ne bronchai pas, le truc, c’était qu’il ne me faisait pas peur. J’en avais trop vu pour ça. « Quelle grandeur d’âme vraiment. Ton appart semble charmant, mais je préfère rester ici bien sagement, à l’abri des catastrophes. C’est que partie remise, hen. » Aussi, j’aurais pu jouer à celle qui avait été la plus touchée par The Big One et prétexter que depuis plusieurs jours, je rôdais par ci par là, un peu désespérée de la suite des choses. Que j’avais tout, littéralement tout perdu dans l’effondrement de mon building, et que mis à part les vêtements que je portais là, je n’avais absolument rien d’autre qui avait survécu. Mais je n’avais pas envie de me prendre à son jeu. J’étais lasse de nos gué-guerres, et j’avais cette tendance à lui laisser une longueur d’avance là où j’aurais très bien eu envie de l’envoyer promener aussi dignement que mon père me l’avait appris – avec une coup dans les couilles. Mais c’était Jackson. Y’avait quelque chose de bizarre entre nous depuis qu’il … voyez… depuis que j’avais vu au-delà de la carapace. Et même s’il me faisait particulièrement chier à jouer au farouche, celui qui ne se laisse pas toucher ni même parler, je préférais le laisser tranquille. Je tenterais une autre fois, c’est tout.

Agile, je me faufilai sous son bras, me retrouvant maintenant libre de son emprise pour le moins solide. Prête à lui tirer une deuxième fois ma révérence après moins de 5 minutes, quel record!, je stoppai dans mon élan lorsqu’il lâcha un « On se connaît ? » qui me figea sur place. Pas que je regrettais d’un coup qu’il joue à l’amnésique, mais plutôt que je compris, là tout de suite, ce qui avait justifié son attitude d’avant. Ouais, il était une loque, moins pire que certaines fois où je l’avais ramassé la gueule en sang, mais tout de même je pouvais comprendre. S’il n’arrivait pas à mettre un doigt sur la fille que j’étais, normal qu’il se soit pris ma remarque entre les dents. 1-0 pour lui, m’enfin. Je me garderais bien de le lui confirmer. « Je… » silence. J’avais de ses drôles d’idées, parfois. Genre de faire comme si je ne l’avais jamais rencontré, de m’inventer une autre histoire « J'ai cru que tu étais quelqu'un d'autre. Mais je doute que maintenant t'aies envie de jouer aux présentations officielles, non? Je t’évite ce malaise. », de m’installer à ses côtés quand même « Une bière et après je te laisse tranquille. » et de commander deux bouteilles au barman rassuré de nous voir brandir le drapeau blanc. J’avais bizarrement envie d’utiliser son oubli pour voir ce qui se passait vraiment dans sa tête, là tout de suite. Et malgré ce que vous pouvez penser, je ne jouais pas du tout avec Jackson, bien au contraire. Je savais seulement que si Isla, la meilleure amie d’Ashleigh qu’il n’avait jamais particulièrement aimée se penchait sur son cas en lui demandant amicalement ce qui pouvait bien le rendre si abrupte, je risquais de me retrouver devant un mur bien haut et bien difficile à franchir. Autant bien me servir de ce que je savais sur lui, de ce qui m’apparaissait comme être la meilleure tactique à prendre, pour lui tirer anonymement les vers du nez et peut-être réussir, qui sait, à en savoir un peu plus sur le personnage. Et pourquoi je me donnais tout ce mal? Qu’est-ce qui justifiais que plutôt de l’envoyer bouler je restais là, bien stoïque, payant pour une bière que je lui imposais, penchant doucement mon goulot vers le sien pour lancer un cheers de trêve presque amical? Je n’en avais pas la moindre idée. Mais c’était ce que j’avais envie de faire, point barre. Autant pallier là-dessus pour tenter de l’aider – tiens. « Alors, c’est ça le genre de phrases que tu utilises pour conclure? » que je demandai, buvant une première gorgée, amusée. Je me sentais presque en pleine psychanalyse. S’il avait su…

Mon portable choisis cet instant pour sonner et j’eus à peine le temps de l’attraper de sur le comptoir du bar pour le glisser dans la poche arrière de mon jeans, ni vu ni connu. Comme c’était la photo d’Ash qui illuminait mon écran, il aurait été trop simple pour lui de comprendre tout de suite ce qui se passait. Encore un peu, insistai-je, comme si je pensais vraiment arriver à me prouver quelque chose. À lui prouver un truc, aussi. Il n’avait clairement pas envie de discuter, tout son corps m’hurlait de le laisser tranquille, mais j’osai quand même ajouter un « Parce qu’au moins ça a le mérite d’être honnête. Un point pour la franchise. » j’haussai les épaules. Fallait y aller en douceur, toujours en subtilité. Il n’y verrait rien, et je saurais bien plus vite qu’il ne le croit ce qui le rendait si amer. « Je suis sincèrement désolée pour la remarque plus tôt, hen. » douceur… « J’imagine que the big one n’a pas dû t’épargner pour que tu réagisses de cette façon. » nouvelle tactique de relancer la conversation, nouveau moyen détourné de lui donner la parole. J’allais me brûler à trop lui parler, je le sentais. Mais ma curiosité était trop grande. Et avec tout ce que je savais déjà sur lui, je pouvais déjà comprendre qu’il se blâmait dès l’instant où les premiers tremblement avaient pu foutre en l’air sa vie, ou ce qu’il en restait.
 
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MessageSujet: Re: For a minute there, I lost myself. – JACKSON & ISLA   For a minute there, I lost myself. – JACKSON & ISLA EmptySam 22 Fév - 11:01


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Au fond Jackson ne savait pas réellement pourquoi il agissait comme ça. Il n’y avait surement pas de raison particulière. Ca lui venait tout seul, comme ses poussées de colère, ses insultes à Dieu, au monde, à lui. Il ne savait pas tellement ce qui se tramait dans sa tête. Mais c’était là, latent, douloureux, évident, ça bondissait sur les autres sans qu’ils n’est rien demandé. Et c’était con, méchant, gratuit. Tant pis. Il s’en foutait bien. Il n’avait rien demandé. Il n’avait pas demandé à ce qu’on lui parle, à ce qu’on l’ennui, à ce qu’on lui tienne compagnie. Alors peut être qu’elle l’avait cherché. Oui surement.

Il sentit la surprise sur son visage alors qu’il la tirait à lui sans une vrai violence apparente, mais seulement avec une conviction forcée. Il lâcha son venin, d’une traite, sa voix posé, naturelle et mauvaise, presque fier de lui. Il n’y avait pourtant pas de quoi. Et le fond de lui se révulsait contre lui même. Mais cette fierté, c’était bien la seule façade qu’il était capable de maintenir. De temps en temps. Etrangement il ne lu rien sur le regard de la jeune femme. Pas une once de peur. C’était pourtant l’un des seuls sentiments qu’il était capable de déceler facilement. L’un de ceux qu’ils savaient comprendre. Avec la colère, la vraie, la sienne, à l’état brute. Mais elle n’avait pas peur. Elle était stoïque face à lui. Il fronça légèrement les sourcils, étonné. Non, il s’en fichait bien de toute façon. Il n’allait pas être intrigué par une fille qui n’a pas peur de lui. Enfin si peut être. Après tout c’était rare, une fille aussi stoïque face à ce genre d’action. La plus part cruche, aurait rigolé. Ce n’était même pas drôle, mais dans leur rire aurait raisonné une tentative de drague douteuse. Ce n’était donc pas ça. L’autre moitié aurait eu peur, pas encore prête à réveillé la bête. Ce n’était pas ça non plus. Qu’est ce que c’était alors ? Et pourquoi se regard lui était familier ?

« Quelle grandeur d’âme vraiment. Ton appart semble charmant, mais je préfère rester ici bien sagement, à l’abri des catastrophes. C’est que partie remise, hen. »

Il haussa les épaules. Presque déçu qu’elle réponde. Il n’avait pas besoin de voir sa répartie. Il s’en fichait bien de sa répartie d’ailleurs. Ce n’était pas pour la provoquer qu’il avait fait ce petit numéro. C’était pour la faire fuir. Il lâcha sa prise néanmoins. Notamment parce que le barman le regardait étrangement. Il devait pourtant savoir que Jackson n’était pas du genre à blesser une femme. Encore moins au Barking. Elle se tira de son emprise rapidement. Finalement il s’était trompé. Elle allait partir. Tant mieux surement. Il n’était pas d’humeur. Et son humeur n’aurait pourtant fait que se détériorer. Cependant il voulait savoir quelque chose avant, répondre à cette question qui le taraudait, qui ne l’avait jamais taraudé. Il lâcha sa voix. Elle s’arrêta nette. Visiblement surprise. Il aurait juré qu’ils se connaissaient. Rien que part le temps de réponse. Elle attendait quoi pour lui répondre. Essayait-elle de vérifier dans le blanc de ses yeux si oui ou non elle le connaissait ? Savait-elle que c’était peine perdue ? Parce que le blanc de ses yeux étaient surement vitreux, et qu’elle ne trouverait rien dedans. « Je… » Jackson leva les yeux au ciel. Il ne parvenait pas à l’intimidé avec toute sa connerie, mais une simple question et elle perdait ses moyens... Finalement elle promettait d’être nettement moins amusante qu’il ne le pensait. « J'ai cru que tu étais quelqu'un d'autre. Mais je doute que maintenant t'aies envie de jouer aux présentations officielles, non? Je t’évite ce malaise. » Ah. Ca il ne l’avait pas vu venir. Il fronça honnêtement les sourcils, réellement surpris par la réponse. Depuis le temps il se connaissait un peu tout de même. Et il avait une suffisamment mauvaise mémoire des gens, des visages etc... Pour être sur ou non de connaître quelqu’un. Et il le sentait, il la connaissait. Il était simplement incapable de dire d’ou, comment, et de retrouver son putain de nom. Mais elle avait raison sur un point. Il n’était pas d’humeur pour les présentations officielles, ou officieuses, ou peut importe. Qu’il la connaisse ou pas, il s’en tapait, il ne voulait pas la connaître maintenant. Point. Tant pis si elle mentait. « Une bière et après je te laisse tranquille. » Il hocha la tête. On ne dit jamais non à une bière, d’autant plus lorsqu’elle semble offerte. Il remercie du regard le Barman qui vous serre, semble vous laisser de l’espace. Ce n’est pas nécessaire pense-t-il, se tournant vers elle pour lâcher un bref «Merci.» Avec les années tu as appris la politesse, ça te surprend toujours autant, mais il faut bien s’y mettre. De temps en temps.

« Alors, c’est ça le genre de phrases que tu utilises pour conclure? » Il tourne la tête vers elle. Il aurait presque envie de sourire. Il se retient. Il est d’humeur rien. D’humeur sombre. Il n’a pas envie de rire. Il n’aura peut être plus jamais envie de rire. Il exagère. Probablement. Il s’en fou. Il tourne à nouveau la tête, regardant dans le vide. «Non, je n’ai pas envie de conclure.» Ce n’était pas pour la froisser, ou quoique ce soit. Autant qu’elle le sache. Peut importe s’il la connaissait, d’ou il la connaissait, si elle jolie ou moche, intelligente ou conne, naïve ou méfiante, il ne voulait pas se la taper. Elle ou toutes les autres. Mais il fallait avouer que s’il avait voulu conclure, ça n’aurait pas été bien différent. Pas le même ton surement, pas le sarcasme débordant pour enrouler l'essentiel - on va chez moi - De toute façon c’était les filles qui faisaient la plus part du boulot avec lui. Il n’avait généralement qu’à ce pencher pour ramasser. « Parce qu’au moins ça a le mérite d’être honnête. Un point pour la franchise. » Jackson leva les yeux au ciel. L’honnêteté, sa grande qualité. Bien inutile au final, soit on ne le croyait pas et on se disait que c’était simplement histoire de se donner un genre, soit on le traitait de con avant même d’avoir vérifié à quel point s’était vrai. Dans les deux cas généralement ça passait par une gifle. «Saint moi !» railla-t-il, cynique au possible, avant de prendre une gorgée de bière. Il aurait été magnifique dans le rôle du bourrée mauvais, ce soir. L’humeur rien sans doute. Mais il était sobre. Il était juste mauvais. Avec lui même surtout. Et ça se répercutait au hasard sur les autres.

« Je suis sincèrement désolée pour la remarque plus tôt, hen. » Il haussa les épaules. Elle faisait ce qu’elle voulait. Ca ne l’avait pas vraiment blessé. Au final il s’en fichait pas mal. Elle pouvait dire ce qu’elle voulait. « J’imagine que the big one n’a pas dû t’épargner pour que tu réagisses de cette façon. » Son corps se tendit subitement. Il grogna, choisissant d’occuper sa bouche avec la bière plutôt que de répondre, d’étaler le sang. Qu’est ce qu’il allait pouvoir dire ? Se plaindre, geindre ? Pas réellement son genre. La mâchoire crispé, il reposa sa bière, ses mains s’agitant nerveusement autours de la bouteille de bière. Les images de Callie et d’Ella sur des brancards entamaient sérieusement ses rétines. Il avait subitement envie de vomir, de se battre lui même jusqu’au sang, pour ne plus ressentir. Sa poitrine se soulevait lourdement sous une poussée de larme de rage qu’il ravala aussitôt d’une nouvelle gorgé de bière. Il n’était pas du genre à pleurer. «Ce n’est qu’un appartement.» chercha-t-il a maugrer, la voix plus cassé qu’il ne l’aurait voulu. Il n’était pas bon pour mentir, c’était peut être d’ailleurs la seule raison pour laquelle il disait la vérité. Mais si elle était maligne, elle en tirait simplement qu’il ne voulait pas en parler.

Il se retourne vivement vers elle. «Pourquoi ça t’intéresse...» Suspicieux. «Je jurerais sur mon cerveau moisie que je te connais, mais tu prétend le contraire, et quand même tu t’intéresse à moi...» Ca arrive pour les filles qui cherchent à le draguer, mais ce n’était pas ça. «Et clairement tu ne fais pas ça pour t’envoyer en l’air, tu n’en as pas plus envie que moi.» Au cas ou elle l’aurait pas compris la première fois. «Donc à quoi tu joue ?» Il s’énervait déjà un petit peu. «Et ne répond pas non plus que c’est pour mon agréable compagnie, on sait tous les deux que c’est faux.» Quoi ? Il n’est pas agréable, ça se voit. il faudrait être demeuré pour prétendre le contraire.
 
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MessageSujet: Re: For a minute there, I lost myself. – JACKSON & ISLA   For a minute there, I lost myself. – JACKSON & ISLA EmptySam 22 Fév - 23:37


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Je ne savais pas pourquoi je m’acharnais. Comme j’avais longtemps cherché la – les – raison qui avait bien pu pousser Ashleigh à elle-même vouloir rester à ses côtés, comme aujourd’hui je me posais les mêmes questions. C’est fou ce qui peut faire que tout change, d’un coup. Ce qui peut occasionner un revirement complet de situation, un changement drastique d’attitude. Il m’avait fait chier de toutes les façons possibles, il s’y plaisait, ou plus logiquement, il s’en fichait. Comme maintenant. Comme là, à regarder sa bière d’un œil mauvais, à maugréer, à tâcher de toutes les façons du monde de repousser un max de gens, dans un temps record. Mais malgré ça, j’insistais. Je restais assise, j’encaissais ses remarques, je retenais un roulement d’yeux, j’hochai distraitement de la tête comme si chacune de ses paroles étaient méritées. Comme si, pour avoir voulu l’écouter alors qu’il semblait mal, j’étais punie. Drôle de paradoxe. Mais je m’accrochais. J’avais probablement le cerveau ponctué de paillettes et de barbe à papa à quelques endroits pour mettre aussi souvent de bonnes intentions bien cachées au fond des gens. De penser qu’aussi mauvais que quelqu’un ait pu l’être, c’était parce qu’au final, il n’allait pas. Que si Jackson me repoussait tant que ça, c’était parce qu’il avait mal. Aussi simple que ça. C’était bien ce qu’il avait fait, avant. Quand il était au plus bas et que j’avais fait la gaffe de le rejoindre dans la ruelle, de voir si je pouvais faire quelque chose. Bizarrement, il me faisait toujours sentir terrible d’avoir eu comme enseignement de mes tantes de toujours faire ce que je pouvais pour alléger le monde, un peu. Et comme il ne voulait pas s’aider, et comme il refusait toute forme de salut comme s’il ne la méritait pas, j’avais beau faire des pieds et des mains il n’irait jamais dans le même sens que moi. Alors, pourquoi est-ce que j’insistais?

« Non, je n’ai pas envie de conclure. » Encore heureux. Parce que malgré tout ce que ma blonde amie avait pu lui trouver, malgré tout ce que les filles en général pouvaient lui trouver, son côté condamné me donnait envie de faire bien autre chose que de coucher avec lui. Il y avait un truc à creuser, à lui tirer du nez, à tourner dans tous les sens. À comprendre. Il me restait une pièce de puzzle à rattacher, et même si ça datait de plus de 4 ans, et même s’il s’en souvenait à peine, je n’étais pas restée ici simplement pour me distraire et pour oublier que ma vie ressemblait maintenant à crécher sur la banquette crade du Barking. Non. J’y tenais. J’y tenais plus que je ne le montrais, et je savais que c’était déjà perdu d’avance. « J’avais cru comprendre, clairement. Alors t’inquiètes pas, plus aucunes mains baladeuses. J’ai appris. » Je souris. Dans quoi est-ce que je tentai de m’embarquer, hm? Pour avoir l’impression de faire une différence, pour tenter de lui tendre une perche, quoique ce soit, et le sortir de l’eau? Il me semblait être semblable en tous points à avant… et ce n’était pas un compliment. N’avait-il donc pas remarqué, pas tenté de changer, de faire autrement? J’en étais à un moment où je voulais seulement savoir ce qui se passait dans sa tête, de plus qu’avant. Je pris une gorgée de bière, puis une autre, et une autre. Boire seule était encore pire que de perdre toute sa vie dans un tremblement de terre. Ça générait de drôles de réflexions, de drôles d’envies. De drôles de réaction. « Ce n’est qu’un appartement. »  Oh. Je me redressai, sentant un drôle de frisson me parcourir l’échine. Ce n’était clairement pas juste un appartement, non. Il l’avait craché, alors que je tentais seulement de m’excuser, de faire amende honorable. Il l’avait dit avec tellement de haine et de dégout que je cru presque au pire. Que quelqu’un y était mort? Qu’il en était peut-être responsable? Qu’il se tenait responsable, pour le moins du monde? C’était trop pour être vrai, pour couler de source. Qui vraiment aborderait cette mine et réagirait aussi fortement lorsqu’on mentionne sa maison avant de tout nier en lâchant qu’il s’en fichait? Mis à part le fait que Jackson se prenait pour un être insensible, mal barré, damné, n’en restait que je l’avais vu se ficher vraiment de certains trucs. Et que jamais il n’avait eu l’air aussi horrible que maintenant. « Ce n’est jamais qu’un appartement… » que je soufflai, reprenant ses mots, y ajoutant mes doutes. Je repensais à chez moi, à la crainte que j’avais eu que Jaime soit blessé, qu’Ash soit mal en point. À Deklan aussi, avant qu’il ne débarque. Et même un peu à Parker, qui n’avait toujours pas donné signe de vie depuis. Non. Jackson n’allait pas et il ne venait que de me le confirmer un peu plus. Après ses frasques d’arborer un air de merde, ses paroles corroboraient le tout.

Je luttais encore à savoir si j’allais attendre qu’il en rajoute une ou si j’en remettais une couche, mais il ne me laissa pas le plaisir de choisir, repartant en vrille, comme si deux nerfs s’étaient entrechoqués. « Pourquoi ça t’intéresse... » À l’ère où tout le monde se fichait de tout le monde, du moment qu’ils avaient quelques photos sur Facebook pour le prouver, je compris qu’il se demandait bien ce que l’inconnue que j’improvisais devant lui pouvait bien trouver à lui répondre. Et là pas de j’veux simplement discuter, ça ne passerait pas. « Ça ne m’intéresse pas. Ce n’est pas de mes affaires. » que je répondai spontanément, voulant éteindre le feu. « Je faisais que m’excuser. » … et c’est toi qui t’es emporté que j’aurais voulu ajouter, mais je me tus. Ne pas y aller trop fort.  « Je jurerais sur mon cerveau moisie que je te connais, mais tu prétend le contraire, et quand même tu t’intéresse à moi… Et clairement tu ne fais pas ça pour t’envoyer en l’air, tu n’en as pas plus envie que moi. Donc à quoi tu joue ? » Je le laissai aller, finissant jusqu’au bout, ne le lâchant pas des yeux alors qu’il y allait avec ce qui semblait être toute l’énergie qui lui restait. Si je lui disais là maintenant tout de suite, il ne ferait que partir.  Ou que se fermer. Et j’avais pris plaisir à avoir envie de l’aider, tout simplement. Pas facile vous diriez, mais pas impossible. Je me replaçai sur mon siège, déposant la bouteille vide devant moi, ne voulant pas sembler pour le moins du monde accaparée par ce qu’il venait de dire. J’avais voulu jouer le jeu, soit. Je le jouerais jusqu’à la fin, aussi proche soit-elle. « Et ne répond pas non plus que c’est pour mon agréable compagnie, on sait tous les deux que c’est faux. » Je rigolai, il marquait un point. « Ça, c’est certain. » que je ne pu m’empêcher, un sourire se dessinant sur mes lèvres. Bon ça va, il avait fini ses crises de suspicions? Je pouvais continuer à vouloir tenter de l’aider?

« Je t’ai pris pour quelqu’un d’autre tout à l’heure. » le Jackson à demi-mort dans une ruelle qui était en plein break down lorsque que j’avais enfin compris que s’il était une telle merde, c’était parce qu’il ne se donnait aucune chance. « Et j’ai vraiment cru que ce quelqu’un d’autre était bien différent… mais tu lui ressembles pas mal maintenant que je porte plus attention. » que je conclu. Il était pareil, en crise, incapable de demander à l’aide. Tout simplement.

Je me souvenais de ce qu’Ash m’avait dit sur lui après un de leurs étés ensemble. Qu’il était le mec avec le plus grand cœur qu’elle avait pu rencontrer. Qu’il était ce gars avenant qui avait passé des semaines entières à s’assurer qu’elle allait bien, qu’elle était heureuse, qu’elle s’amusait. Je l’imaginais prince charmant, le type dont on rêve toutes à l’adolescence, le héros, celui qui est fort et fier. Ma copine semblait tellement l’estimer, croire en lui, savoir qu’il était un bon numéro, un mec bien. Puis la réalité avait rencontré la fiction. Il était débarqué à L.A. et j’avais eu un choc. Parce qu’aux yeux de la blonde, il était un roc, quelqu’un de solide, de protecteur. Et que devant moi je le sentais fuyant, malsain, malhabile. La perception et le contexte avaient tout joué là-dessus, et même si je savais Ashleigh brillante et allumée, je n’aurais jamais pu me douter que dans les yeux d’une autre et dans les miens, il ait été aussi différent. Et j’avais gardé ça en tête longtemps, ne me gênant pas pour passer des commentaires à la galloise, pour avoir presque peur pour elle même si je savais très bien qu’elle était tout sauf du genre à se laisser berner, à se faire avoir. Si elle voyait quelque chose de bien en lui, peut-être qu’un jour je le verrais… C’était ça qui avait tout changé, au final. Ce fameux moment où il m’avait tout dit, tout lâché, comme s’il le disait pour la première, comme s’il voulait se débarrasser de tout. J’avais eu du mal à tout encaisser, mais j’avais tellement compris. Sur lui, sur moi. Et je m’étais juré de ne pas laisser ces mots-là sans incidence. De ne pas faire de mon possible pour tenter de régler mal par mal ce qui le rongeait. Il n’avait pas partagé tout ça à une sourde, à une fille qui s’en fichait. Et même si je ne lui avouerais jamais, je l’aimais. Beaucoup, très fort. Comme un frère, comme quelqu’un qu’on comprend parce qu’on a été là à un moment-clé. Le seul hic, c’était qu’il était tellement dans un autre monde ce soir-là qu’il ne devait même pas s’en souvenir. Alors à quoi bon vouloir faire le bien si le mal en personne s’en contrefichait?

Bref, il était identique, il n’avait rien fait pour lui depuis. Et ça me brisait le cœur.

« J’ai terminé ma bière. Ça, ça veut dire que je te laisse tranquille. » Je me levai, parce que je savais très bien qu’il n’attendait que ça. Que ce ne serait pas ce soir, ni ici que je pourrais jouer à la psychologue, à la grande âme charitable, à la bonne sœur. J’avais compris qu’il se fermait, que je ne servirais à rien d’autre qu’à l’attiser, et ce n’était pas ce dont il avait besoin. Ou plutôt, peut-être? C’était bien parce qu’il était à bout la dernière fois qu’il s’était ouvert? Mais ce serait trop beau pour être vrai. J’avais vu, j’avais vécu. J’avais tenté mais j’aimais mieux le laisser avec son nuage noir se calmer. Je jouerais à la bonne fée à distance, le temps que j’apprenne via Ash s’il allait mieux ou non. Ash…

« Et si tu veux savoir, on a des amis communs. C’est de là qu’on se connaît. » que je laissai glisser par-dessus mon épaule, commençant à avancer vers ma banquette. Si je prononçais son nom, Jackson prendrait probablement une toute autre attitude. Elle avait toujours eu cet effet sur lui, de le calmer. Et je l’enviais presque, d’être aussi agile avec Jackson l’indomptable. J’avais peut-être eu tout faux depuis le début et m’était prise dans des délires romanesques, à savoir de vouloir lui cacher mon identité pour arriver à l’aider à se confier, en toute sécurité. C’était une idée stupide, complètement nulle. Parce qu’au final, c’était à moi, Isla, qu’il avait tout raconté. Je m’étais bien amusée à jouer les inconnues, mais le fait était que Jacks n’était déjà pas du genre à ouvrir sa gueule à ses potes, alors encore moins à une grande brune un peu trop enjouée. J’avais eu tout faux. La suite, c’est un peu comme si Ashleigh me l’avait soufflé, elle qui avait probablement toujours eu beaucoup de plaisir à nous voir nous lancer dans des joutes sans fin où on se plaisait à faire chier l’autre jusqu’à ce qu’il pète les plombs. « Ash m’avait dit que tu étais devenu plus sympa avec les années. J’ai voulu tester... mais j'imagine que je ne suis pas tombée sur une bonne soirée. On continuera notre discussion une autre fois. »

Maintenant à la hauteur de ma banquette, je me demandais presque s’il avait entendu mon aveu, au loin. Mais je m’en fichais. S’il m’avait entendu, il partirait, il grommèlerait un truc comme quoi j’étais conne et qu’il savait déjà qui j’étais, qu’il avait juste fait semblant pour éviter de me parler. Ou un truc aussi classique et lourd que ça. Puis on retournerait chacun à nos vies. Et je me demanderais toujours ce qui aurait bien pu arriver s’il s’était rappelé de cette fameuse soirée. S’il avait arrêté de faire l’autruche et s’il avait osé faire confiance à quelqu’un d’autre au moins une fois dans sa vie pour lui dire que non, ça n’allait pas, et que ça lui ferait un bien de malade de se confier, sans rien vouloir d’autre en retour qu’une oreille qui l’écoute, qui ne juge pas, qui ne fait qu’encaisser pour lui, avec lui. Je ne le saurais probablement pas tout de suite, mais un jour. J’avais confiance. Seulement, pas assez pour le forcer à dire quoique ce soit. S’il avait à venir me parler, s’il avait sincèrement envie de le faire, il le ferait. Il ne s’en était pas empêché avant, et il savait très bien qu’il n’avait rien à craindre si l’envie le lui reprenait. Pour le reste, j’avais laissé ma baguette magique à l’appartement. Je ne filai même pas de coup d’œil derrière moi pour voir s’il était encore là, mais j’en profitai pour farfouiller dans mon sac à la recherche de la clope que je gardais toujours en sureté, au cas où. On aurait dit que j’avais particulièrement besoin de prendre l’air et de me changer les idées face à lui, à Jackson qui restait encore et toujours aussi buté. La cigarette entre les doigts, je passais ma veste avant de me faufiler à l’extérieur du bar, pensive. Et s’il continuait de s’enliser dans les sables mouvants qu’il se créait lui-même encore bien longtemps?
 
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Dernière édition par Isla L. Hamilton le Dim 13 Juil - 17:16, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: For a minute there, I lost myself. – JACKSON & ISLA   For a minute there, I lost myself. – JACKSON & ISLA EmptyDim 23 Fév - 21:04


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Jackson n’a jamais compris pourquoi certaine personne s’intéresse. Font attention. Lui même il en est incapable. Son esprit est invalide à l’attention. Ecoutez est généralement une torture. Il entend, il n’écoute pas. Pas étonnant qu’il ne se souviennent jamais de rien. Il a mis des semaines à retenir le nom de sa fille. Vous y croyez ? Sa fille. Et jusqu’à preuve du contraire, il ignore toujours ses seconds prénoms. Ca lui passe au dessus de la tête, ses choses. Les paroles. Lui même parle peu. Alors forcément, il ne s’écoute pas non plus. Il s’agace lui même, quand il parle. Alors il ne comprend pas ceux qui écoutent. C’est aberrant. Généralement c’était plutôt un truc de fille. Ecouter. Jackson ne comprenait pas leur attrait malsain à vouloir deviner la boue qu’ils avaient dans le cerveau. Alors lui se taisait, grognait, sur la défensive. Lui qui avait un esprit plus boueux qu’un autre.

«Ce n’est jamais qu’un appartement»

Là, il la détestait. Du plus profond de ses tripes. Si ces cheveux long et soyeux, son rouge à lèvre et son regard de biche ne lui rappelait pas qu’elle était une fille, alors il l’aurait surement emplâtrée d’un coup sec. K.O. Elle ne le faisait peut être pas exprès. Jackson ne savait pas. Il ne comprenait pas ce genre de comportement. Mais elle était d’une douce violence. Ou peut être d’une violence douce. Mais la vérité qu’elle proférait venait de le heurter en pleine face. Bien sûr qu’il savait, il n’était pas stupide, mais pouvait elle comprendre qu’il avait seulement voulu s’ignorer encore un peu, faire la sourde oreille à sa douleur, à la vérité. Ce n’était pourtant pas compliqué à comprendre. Il n’y avait pas plus humain que le déni. Mais non, bien sûr, elle était au dessus de tout ça, avec sa stature élégante, ses yeux qu’on devinait rieur. Elle pouvait venir briser le fragile équilibre qui maintenait un coeur en place. Elle pouvait venir ouvrir les vannes. De quel droit ? Dans sa colère Jackson failli lâcher un acerbe «sauf quand c’est le cas» Mais à présent il n’avait pas la force de mentir. Il n’avait jamais été bon à ce jeux et il sentait qu’avec elle ça ne servait à rien. Que qui qu’elle soit, elle était au dessus du mensonge. Alors heurté par la vérité, il se mura dans son silence, dans sa culpabilité. Parce que oui, ce n’était pas qu’un appartement. C’était Callie, c’était Ella, c’était les mots qu’il avait proféré. C’était l’abandon. Non elles n’étaient pas morte. Pas encore. Il ne pouvait donc pas pleurer, pas se plaindre. ll était chanceux. Enfin oui. Elles encore une fois n’avis pas vraiment pas de chance. Si elles se réveillait, elles allaient le retrouver et il ne pouvait rien leur arriver de pire. Dans le silence, il se demandait qu’est ce qu’elle aurait retenu de lui, Callie ? Qu’il était un con, infidèle, incapable d’amour, qui avait fait ce qu’il était supposé faire depuis déjà des mois, l’abandonner ? Ou alors se souviendrait-elle qu’il était revenu les chercher ? Mais dans tous les cas ça ne changerait rien. Il était haïssable. Ce n’était qu’une question de temps avant qu’il les tue. Il n’y avait rien qu’il puisse faire. En principe.

« Ça ne m’intéresse pas. Ce n’est pas de mes affaires. Je faisais que m’excuser. » Ah. Merde. Jackson releva les yeux vers elle, l’air bête. Il y croyait moyen. C’était étrange comme excuse. Et puis pourquoi s’excuser ? Qui s’excusait encore de nos jours. Pas lui. En tout cas, si jamais elle ne le menait pas en bateau... Il avait l’air con... Le mec qui démarre au quart de tour pour... Pour rien. Il maintient quand même un regard noir, pour la forme, et s’enfonce de temps en temps dans sa bière, pour le réconfort. De toute façon excuse ou pas excuse, elle a empiré les choses. Ca ne change rien. Elle rigole. Il a envie de lui en coller une. Bien sûr c’est à sa «blague» qu’il rigole. Mais il voudrait juste qu’elle se la ferme, qu’elle aussi écoute la pesanteur du silence. « Je t’ai pris pour quelqu’un d’autre tout à l’heure. » Non clairement, elle ne voulait pas se taire. Forcément. Il soupira. Ok. Et pour qui ? Puisqu’elle voulait parler, elle pouvait s’expliquer, il avait jusqu’à ce qu’il est finit de soupirer pour répondre. « Et j’ai vraiment cru que ce quelqu’un d’autre était bien différent… mais tu lui ressembles pas mal maintenant que je porte plus attention. » What ? C’était négatif. Positif ? on s’en foutait. Elle laissa sa phrase en suspend, lui perdu. Il avait subitement envie d’en savoir plus sur cet autre. Mais finalement non. Il ne voulait plus l’entendre. Il était perdu. Il voulait le silence et les réponses. La présence, mais rien d’autre. Tu pourrais te taire. Mais c’est plus fort que toi, tu veux enfoncer le couteau dans la plaie, dans ta plaie. La rendre béante et laide. «Si je lui ressemble pas mal, je paris que lui non plus n’en pourrait plus de ta sale tête.» C’était facile. Facile et méchant. Stupide. Il avait l’impression de retourner au lycée, à être un con avec les plus jeune, simplement parce que c’était trop simple.

Elle finit par se lever. Ca t’étonne. Elle avait pas l’air d’être du genre à lâcher prise. « J’ai terminé ma bière. Ça, ça veut dire que je te laisse tranquille. » Elle avait pas non plus l’air d’être du genre à faire une fleur. Il ne dit rien, mais n’en pensa pas moins. Peut être qu’au fond, ça le soulait qu’elle s’en aille. Qu’elle lâche prise. Qu’elle le laisse à lui même. Il était content de retrouver le silence, ses pensées glauque. Mais la présence était agréable. Juste une présence. Il aurait pu rester là longtemps, avec elle assis à côté. Si seulement elle avait su fermer sa gueule. Sans planter à chaque parole, un clou de plus dans sa poitrine. Mais il ne fit rien. Il n’y avait rien à faire. Qu’à s’effondrer intérieurement, retrouver la boue, s’y rouler dedans.

« Et si tu veux savoir, on a des amis communs. C’est de là qu’on se connaît. » La phrase le réveil. Quoi ? Ils se connaissent donc... Alors c’était qui le type avec qui elle l’avait confondu. Il ne suivait plus. Les filles avaient toujours été des putain d’énigme à ses yeux mais là c’était le pompom. Il en était muet de surprise. En plus c’est qu’elle le faisait poireauté. La garce. Si vraiment elle voulait le mettre dans de mauvaise disposition clairement, elle ne pouvait pas faire mieux. Ou pire, tout dépend du point de vue. « Ash m’avait dit que tu étais devenu plus sympa avec les années. J’ai voulu tester... mais j'imagine que je ne suis pas tombée sur une bonne soirée. On continuera notre discussion une autre fois. » Au non d’Ash, il se retourna complètement vers elle. Il ricana l’air mauvais, en entendant le compliment qu’Ash avait visiblement fait sur lui. Il s’était peut être un peu assagit. Déjà il avait arrêter la drogue, c’était quelque chose... Mais sympa... Avec elle surement. En même temps il avait toujours été sympa avec elle. C’était donc étonnant comme remarque. Mais elle connaissait Ash. Il la connaissait donc aussi. Pas Ash. La fille. Mais qui ? En même temps connaître Ash n’était pas forcément une référence... Ash connaissait Lou. Ash adorait Lou. Et pourtant Lou était... Il n’y avait même pas de mot pour décrire Lou aux yeux de Jackson. Peut être une bombe atomique. Oui c’était ça, une bombe atomique. Hautement toxique. Donc ce n’était pas une référence. C’était peut être même une contre indication. Ash avait une réputation de choisir des amies... Douteuse du point de vue de Jackson. Bonne certes.... Mais c’était un critère de mec ça normalement. Parce qu’entre Lou et Isla. Elle était plutôt gratinée niveau amie... Attend... Isla... Il fronça les sourcils pour essayer de se remémoré la best chiante de sa blonde préféré. Brune... Oh putain. Bien sûr. Isla.

Il finit sa bière cul sec avant de se lever et d’atterrir bien rapidement sur la banquette en face d’Isla. «Isla non ?» dit-il sèchement en la regardant dans les yeux. Sérieusement c’était quoi son problème à cette fille. «Tu sais pendant un moment j’ai failli me laisser avoir à tes conneries...» Je veux dire la manipulation, la gentillesse, tout ça, tout le petit numéro. «j’vais pas te dire que je suis content de te revoir. Mais je suppose qu’Ash est ravie...» Et si Ash était ravie, il supposait, qu’au fond, il l’était aussi. Même après plus de dix ans, il aimait toujours à voir Ash rieuse, et heureuse. C’était bien l’une des seules personnes de son entourage qu’il n’avait jamais abîmé. «En plus tu sais bien qu’il ne faut jamais croire Ash à mon sujet, elle est bien la seule à ne pas avoir les yeux en face des trous...» C’était pas méchant pour elle. Mais pour lui. Non il n’était pas sympa, bon, ou tout autre caractéristique positive. «A quoi tu essayais de jouer Isla ?» A faire la fausse gentille, avec ses excuses bidons, et ses mensonges étrange ? « tu me prend pour si gros con que ça ? Que tu pensais que je n’arriverais jamais à te remettre ?» demanda-t-il finalement faisant semblant d’être vexé. Il n’était pas con, il faisait une sélection drastique des informations. Et au final, s’il se souvenait de son prénom, ça s’arrêtait là, et le plus important, il ne l’avait toujours pas remis.
 
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MessageSujet: Re: For a minute there, I lost myself. – JACKSON & ISLA   For a minute there, I lost myself. – JACKSON & ISLA EmptyJeu 27 Fév - 5:22


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Si je vous disais que je croyais depuis le début qu’il m’avait reconnu et qu’il jouait lui-même de son côté, vous m’auriez cru? Parce que ç’aurait été son genre, de faire comme si de rien n’était, de feindre une amnésie, de regarder ailleurs. Quelques répliques acerbes et deux ou trois soupirs et il se serait assuré que je parte dans une autre direction et que je lui fiche la paix. Sans heurts. Mais ça semblait trop facile. Et il avait presque réussi au final, je m’étais levée. J’avais bu tranquillement ma bière, j’avais dit ce qui semblait être le plus logique, et j’étais partie. Parce que j’avais réalisé qu’il ne voulait pas, qu’il ne voulait plus. À tort, j’avais cru que depuis ses confidences il recommencerait. Stupide. De croire qu’il allait prendre l’aide que je lui offrais. Mais pourtant je voulais tellement que ce soit vrai, que ce qu’on m’avait appris, de toujours tendre la main au plus demandant était le plus beau cadeau qu’on puisse offrir. Même encore, en me dirigeant vers ce qui ne me semblait pas être encore assez loin de lui, je me promettais de réessayer, d’y aller plus franchement, plus directement, de le forcer s’il le fallait. Il n’allait pas bien. Et il était trop fier pour le dire. Peut-être qu’il en avait déjà fait le tour en long et en large avec Ashleigh. Peut-être même qu’elle lui avait donné son avis, ou qu’elle l’avait tout simplement écouté, en silence. Qu’elle lui avait déjà dit ce dont il avait besoin et je l’espérais plus fort que tout. Mais à voir l’état dans lequel il se trouvait, trop de mauvais souvenirs m’étaient revenus à l’esprit pour que je puisse penser honnêtement qu’il allait bien. Qu’il était sur une bonne pente ou une connerie du genre. Ce n’était même pas un truc de 6ième sens, c’était la réalité. Il tirait une gueule affreuse et personne ne pouvait rien faire d’autre qu’endurer jusqu’à ce que ça passe. Si ça allait passer un jour. « Si je lui ressemble pas mal, je paris que lui non plus n’en pourrait plus de ta sale tête. » Franchement?! J’haussai un sourcil, puis l’autre, avant de rouler des yeux. Dans ses meilleurs jours il avait presque réussi à faire pleurer l’adolescente que j’étais, mais là, c’était plutôt faiblard comme attaque. Je secouai la tête, défaitiste. « Et je n’ai même pas envie de répliquer là-dessus, si ce n’est que de te dire d’aller lui demander toi-même. »

La clope de sureté au fond de mon sac me semblait être le parfait salut, la meilleure façon de m’éclipser et de le laisser gagner la première ronde. Avec un peu de chance, il avait fini son quart de travail et rentrerait bien sagement à la maison, me laissant la banquette de cuir comme prix de consolation. Mais c’était trop beau pour être vrai. Je le savais, je le sentais. Et à chaque bouffée, j’y repensais. Puis mon esprit voguait vers Ash, en me demandant sincèrement ce qui avait bien pu faire que ces deux-là s’entendent aussi bien. À voir à quel point Jackson était incapable de faire confiance, incapable de voir le bien lorsqu’il lui pendait au bout du nez, c’était quasi-improbable qu’il ait vraiment aimé la blonde. Pourtant, je n’en aurais jamais douté. Je ne supportais pas de sentir que quelqu’un pouvait me détester. Je pris une longue inspiration, frissonnant sous le vent humide de février. La ville sentait la fumée depuis the big one, une grosse fumée opaque qui la recouvrait jour comme nuit. Un bruit attira mon attention et je jetai un coup d’œil vers une bande de potes qui s’amenaient en direction du bar, probablement pour y partager pintes et bons moments, rien de plus. L’un d’eux ressemblait un peu à mon ancien prof de photo et accessoirement mentor, Parker. Je sourie, amplement consciente qu’il était tout sauf du genre à faire partie de cette crowd un peu trop joviale. Il avait cette personnalité atypique lui aussi, quelque chose d’électrique, de vil, mais d’intriguant. Les cours avec lui étaintt terribles, il était sans aucune pitié pour ses étudiants un instant, puis totalement blasé l’autre. Mais à force, j’avais réussi à le cerner, du moins, en surface. Et sans qu’il le sache, il était devenu l’une des personnes que j’estimais le plus, sans pour autant le voir s’adoucir à mon égard. C’était plutôt similaire à ce qui se produisait avec Jackson, au final. Il était bien loin d’être tolérable, mais malgré tout il ne perdait pas sa place, bien particulière, dans ma vie. Qu’il le veuille ou non. Faudrait simplement que j’apprenne à le laisser me haïr. À quoi est-ce que je m’attendais de plus de toute façon? Il se détestait lui-même.

J’écrasai du bout des orteils la clope au sol humide avant de repasser la porte du bar, suivant la clique des yeux. Quelques pas vers ma banquette, juste assez pour réaliser que Jackson y était maintenant installé, m’attendant visiblement. J’eus presque une minuscule, microscopique lueur d’espoir, regain d’énergie ou appelez ça comme vous le voulez de le voir assis là. Comme s’il avait vraiment pu, en 15 minutes, réfléchir et revenir sur sa parole. Passant nerveusement la main dans mes cheveux, je fis quand même les quelques pas qui me séparaient de lui, anticipant la suite. « Merci d’avoir surveillé mes affaires, c’est sympa. » que j’osai, me glissant face à lui. Il ne me laissa même pas le temps d’en placer une que déjà, il contre-attaquait. Ou attaquait tout court, j’en avais perdu le fil. « Isla non ? » Un point pour lui, il avait retrouvé ou mon nom… ou simplement fouillé dans mes trucs le temps que j’étais sortie. J’hochai positivement de la tête. « Tu sais pendant un moment j’ai failli me laisser avoir à tes conneries... » Je m’adossai à mon siège, consciente seulement au ton qu’il employait que ce que j’avais vu de lui déjà ce soir n’était que la pointe de l’iceberg. « J’vais pas te dire que je suis content de te revoir. Mais je suppose qu’Ash est ravie... En plus tu sais bien qu’il ne faut jamais croire Ash à mon sujet, elle est bien la seule à ne pas avoir les yeux en face des trous... » Au nombre de fois où je lui avait répété que tout ce qu’elle pouvait me dire sur Jackson était complètement non fondé, me faire remettre un truc du genre sur le nez me donna presque envie de rire, mais je me retint. Je voulais le laisser finir, mais surtout, je tenais à mes dents. « A quoi tu essayais de jouer Isla ? » Si seulement je jouais, pensais-je. Ça insinuerait que j’avais un minimum de plaisir et là, c’était tout sauf le cas.  « tu me prend pour si gros con que ça ? Que tu pensais que je n’arriverais jamais à te remettre ? » J’attendis quelques secondes encore, incertaine. D’abord parce que maintenant qu’il m’accordait ne serait-ce qu’un peu d’attention j’avais envie de prendre mes trucs et de filer. Que son attitude de merde ramenait en moi les sentiments qu’il avait toujours générés, à savoir un énorme et puissant découragement. Mais une partie, une infime partie de moi voulait rester. Voulait lui mettre les yeux en face des trous. Voulait lui dire ce que je pensais tout bas depuis si longtemps, et qui se confirmait sous mes yeux à force de le voir stagner. Je pris une longue inspiration. La suite n’était pas garantie, surtout pas pour moi. Je n’avais rien fait de mal à proprement dit, si ce n’est lui parler, un peu. Prendre, maladroitement j’en convenais, de ses nouvelles. J’étais restée calme, je le serais encore pour un bon moment, mais quand même. Il se sentait attaqué. Toujours. Quoique je dise, quoique je fasse. On faisait quoi avec ça?

« D’abord, mettons un truc au clair : je n’ai jamais dit qu’on ne se connaissait pas. J’ai simplement mentionné que tu ressemblais à quelqu’un d’autre. Et tu veux savoir qui c’est? » Je marquai une pause, un peu pour faire durer la chose, mais surtout pour lancer un signe au barman de rapporter des bières à ma table. « Le Jackson d’il y a 6 ans. Celui qui était mal, vraiment mal. Ce soir, tu m’a simplement montré que t’étais toujours comme lui. Identique. » C'était douloureux de remonter à cette époque, parce que je savais que c’était expressément à ce moment-là que tout avait – encore plus – dégringolé pour lui. Mais comme il demandait, et comme j’avais clairement le besoin de me justifier, ça allait de source. « J’ignore si t’as avancé ou si t’as réglé tes démons, mais soit ils reviennent de plus belles, ou t’as réussi à t’en trouver de nouveaux. » J’étais consciente de ne pas être la première personne qui tentait de lui dire tout ça. Mais pour ma conscience, pour le peu de temps où j’aurais pu dire que lui et moi nous étions amis, je me devais de le faire. Juste pour m’assurer qu’il l’entende, même si, à voir la mine qu’il affichait, ç’aurait pas été étonnant que tout ce que je lui raconte passe d’une oreille à l’autre sans s’arrêter à ses neurones. Mais au moins, j’osais. « Je voulais seulement t’aider Jackson, je me disais que si tu mettais de côté le fait que tu ne m’aies jamais vraiment appréciée, tu serais peut-être plus apte à confier ce qui n’allait pas. » Idée stupide, je le savais déjà parfaitement. Mais c’était fait et sur le coup j’avais vraiment cru que cela pouvait changer quelque chose. On riait bien hen, de nous voir maintenant? « Mais c’est peine perdue. Dans ta tête, tu crois vraiment que du moment qu’on s’intéresse à toi, à ce qui pourrait te filer un coup de main, c’est qu’on veut tirer profit, qu’on veut te faire du mal. » le barman avait fait quelques pas dans notre direction avant de nous tourner le dos et de filer derrière le bar. Apparemment, nos bières attendraient, il devait trouver que l’ambiance à la table était particulièrement tendue. No joke. « J’ai vécu presque 30 ans de ma vie à faire confiance aux autres lorsqu’ils semblaient assez sûrs pour faire un pas dans ma direction, et j’en suis pas morte. Au contraire! Et toi Jackson? Tu avances en direction d’un mur. Toujours. »

Je soufflai. Finalement, j’avais plus à dire que ce que j’aurais pu croire. Toujours en le fixant, j’humectai mes lèvres, distraitement. « Désolée, j’me suis emportée. » Le barman choisit le silence rassurant pour venir déposer devant nous les deux bières demandées un peu plus tôt et je le remerciai d’un billet de 10$, évitant de la regarder. Il devait me trouver cinglée de m’en prendre au Monroe de cette façon. Ou peut-être même m’enviait-il? On ne le saurait jamais. J’attirai mon ordinateur portable un peu plus prêt de moi, prête à repasser sur mon article, considérant que tout avait été dit et que je serais limite chanceuse si Jackson restait là, plutôt que de me planter comme la conne qu’il devait trouver que j’étais. Plusieurs minutes passèrent avant que je lève la tête vers lui. « Si t’as ne serait-ce que le moindre petit espoir qu’à l’intérieur de toi tu veuilles t’aider ou aider quiconque t’aurais pu blesser, vas y, dis-le. Sinon, je ne peux plus rien faire. »  Je pris une longue gorgée de ma bière, fuyant ses prunelles. « Tu peux rester là aussi longtemps que tu veux, je ne dirai plus rien. » Je joins le geste à la parole en baissant de nouveau la tête sur mon écran, pensive. Peut-être que c’était de la psycho à deux balles, ou peut-être que je disais vrai. Mais à l’instant, on jouait à merveille nos rôles.

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Dernière édition par Isla L. Hamilton le Dim 13 Juil - 17:16, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: For a minute there, I lost myself. – JACKSON & ISLA   For a minute there, I lost myself. – JACKSON & ISLA EmptyJeu 27 Fév - 11:29


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Ce n’est pas que Jackson n’avait jamais aimé Isla. Au départ il s’en foutait bien. Il était comme ça. Il aimait pas les gens, c’est tout. Pas trop. Les mecs encore, il y voyait un intérêt, un jeu. Il avait des copains. Il en avait toujours eu. Une bande de pote à la con. Comme on dit. Mais une fille ? Quel était l’intérêt ? Enfin mise part l’intérêt évident de s’envoyer en l’air, de prendre du plaisir à deux, une fois ou quelques fois maximums avant de chacun retourné à ses occupations ? Jackson n’avait pour ainsi dire, jamais compris l’amitié fille garçon. Soit c’était pour les mecs qui n’avaient pas les couilles d’obtenir ce qu’ils veulent. Soit... Soit il n’en savait strictement rien. Quoiqu’il en soit. Parce qu’il avait déjà «consumé» avec Ashleigh, qu’il avait été étrangement amoureux d’elle, et que ça s’était remarquablement bien fini, Isla en était devenu intouchable. Enfin il avait deviner... Que chercher à se taper la meilleure amie de son ex, ce n’était pas cool. Sur le coup Ash n’aurait surement pas apprécié. Et Jackson, sans trop l’expliquer, n’avait jamais voulu faire de mal à Ash. Isla n’était donc même pas dans son champ de vision. Ce qui a regarder son cul, sa poitrine, ses mains, ses lèvres... Etait fortement dommage. Mais Jackson s’y était fait, de la meilleure des manières. La connerie. Parce qu’Isla avait le malheur d’être amicale. Pas amicale salope, celle là Jackson les aimes bien... Et encore pour lui ça aurait rendu le challenge d’Isla intouchable compliqué. Mais juste amicale. Amicale, amie. Et si Jackson ne voulait pas coucher avec Isla, il ne voulait pas, et même encore moins être ami avec elle. D’abord parce que l’amitié fille garçon c’est bidon. Ils se seraient bien entendu - parce que quand Jackson le veut, il peut être charmant, demandez à Ashleigh. Ils se seraient bien amusé, auraient fait quelques soirées ensemble, auraient trop bu... Bref... Vous voyez ou on arrive. Donc non, il ne fallait pas être ami avec Isla. Et pour ne pas être ami avec quelqu’un de résolument amical à vous en faire mal au crâne. Et bien il fallait faire ce que Jackson faisait le mieux, être détestable. Et les choses en entraînant une autre, on mélange être détestable et détester. Et on en arrive à l’impression : Jackson n’avait jamais aimé Isla. Etrangement c’était vaguement plus compliqué que ça. Et ça partait peut être d’une bonne intention. Ne jamais faire souffrir Ashleigh... Et si pour se faire Jackson avait peut être fait souffrir Isla. Il s’en tapait, il ne la connaissait pas. Et puis ça répondait à l’image qu’on se faisait de lui, un abrutit enfoiré qui ne respecte pas les femmes.

« Et je n’ai même pas envie de répliquer là-dessus, si ce n’est que de te dire d’aller lui demander toi-même. » Jackson était satisfait. Quoiqu’il ne comprenait pas ce qu’elle voulait dire. Aller lui demander... Ce n’est pas comme s’il savait qui ce il était. Il fit une grimace d’incompréhension avant d’haussé les épaules. Il s’en foutait. Il n’avait pas cherché à être méchant. Nul doute que s’il l’avait voulu il aurait pu... Quoiqu’il en soit il n’était pas dans une humeur "mauvais". Il était dans une humeur "rien". Et rien avait du mal à se montrer méchant. Rien se montrait mauvais, nul. Et visiblement sa répartie en pâtissait. Mais il s’en foutait. Parce qu’il ne voulait rien. C’était logique. Cependant la garce semblait avoir réussit à percer un trou dans son cerveau et les informations y affluaient de manière étrange. Il la vit à peine quitter le bar, laissant ses affaires à sa table qu’il remit un nom sur son visage. Tout s’expliquait. Le manque d’envie de lui parler, la naturelle agressivité qu’il avait à son égard. C’était stupide, mais ça lui revenait subitement. Sur le coup il aurait pu se souvenir que c’était son genre d’être sympa avec lui, là aussi sans raison, avant qu’il ne lui casse les dents d’une parole bien sentie. Mais il n’était pas d’humeur... Et elle était... Particulièrement attentive. Pourtant elle aurait pu profiter d’être partie je ne sais combien d’année hors de Los Angeles pour clore de vieille relation néfaste. Genre la leur. Enfin néfaste pour elle. Dans ses souvenirs, pour lui, ce n’était rien. Mais étrangement se souvenir de ce nom, le fit passer de l’humeur "rien" à l’humeur "agacé". Le sang se mit à lui battre dans les tempes, sa mâchoire se crispa. Il se leva du bar avec l’intention de s’assoir à sa table, de l’attendre et de... Il ne savait pas trop. Il n’allait pas exploser sa tête contre la table... Ca manquait de classe, et Jackson ne frappait pas les femmes. Alors qu’est ce qu’il allait bien pouvoir dire ? Pourquoi s’était-il assis là. Il aurait du partir, profiter du faite qu’elle se barre pour fuir aussi. Mais trop tard, elle revenait, s’asseyait en face de lui. Elle n’avait même pas l’air surprise. « Merci d’avoir surveillé mes affaires, c’est sympa. » Jackson avait un regard de tueur, l’air de dire, fait encore une remarque sympathique je te frappe. C’était stupide. Il le savait. Mais si avant c’était de l’indifférence agressive, ses dernières phrases avaient changé l’image qu’il avait d’elle et lui filait de l’urticaire.

« D’abord, mettons un truc au clair : je n’ai jamais dit qu’on ne se connaissait pas. J’ai simplement mentionné que tu ressemblais à quelqu’un d’autre. Et tu veux savoir qui c’est? » Oh elle se réveillait, elle passait à l’attaque. Devait-il prendre peur ? Non probablement pas. Le visage toujours plus fermé que jamais il haussa vaguement les épaules. Qu’elle le dise. Et vite. « Le Jackson d’il y a 6 ans. Celui qui était mal, vraiment mal. Ce soir, tu m’a simplement montré que t’étais toujours comme lui. Identique. » Il ouvrit connement la bouche. Il s’était attendu à beaucoup de chose. Beaucoup de chose sauf ça. Il cru avoir avalé une boule de poile, et fut obliger de se racler lourdement la gorge, ses prunelles bleus délavées vrillant dans celle presque noire de son interlocutrice. «Comment tu...» Ca aurait pu n’être rien. Il avait toujours eu l’air d’une loque. Mais si lui même se souvenait de comment il était il y a six ans, c’est parce qu’il était littéralement bouffé par la culpabilité de la mort de Savannah. Pourtant à l’époque il ne savait pas vraiment que c’était de sa faute. Mais la haine qu’il avait toujours éprouvé pour lui, l’avait poussé à le croire. Le destin avait poussé ensuite le vice jusqu’à ce qu’il est raison... Mais c’était une autre histoire. Quiconque aurait simplement vu Jackson il y a six ans, au coin de la rue, et Jackson aujourd’hui aurait dit qu’il n’avait rien à voir. Simplement parce qu’il y a six ans il se tuait à toute sorte de drogue, qu’on pouvait lire dans ses yeux bousillés le vide, sur ses bras les trous des seringues, sur son nez des restes de poudre blanche. Et aujourd’hui ? Il était clean, il buvait peut être trop, mais ses bras était clean, et si ces yeux étaient rougis, c’était parce qu’il avait pleuré de rage. Il ne savait pas bien lequel de ses états étaient le plus pitoyable. Mais peut importe. Si elle ne voyait pas cette différence fondamentale entre un junkie et un mec à peu près clean, c’est qu’elle voyait autre chose. Et si elle voyait autre chose, c’est que... Il ne savait pas. Mais justement. Comment elle savait ? Qu’est-ce qu’elle savait surtout ? « J’ignore si t’as avancé ou si t’as réglé tes démons, mais soit ils reviennent de plus belles, ou t’as réussi à t’en trouver de nouveaux. » Son regard s’enfonçait de plus en plus, sa mâchoire se crispant alors qu’il avalait péniblement sa salive. Démons... Elle savait quelque chose que lui ne savait pas. Enfin qu’elle n’était pas sensé savoir. Personne ne lui parlait de démon. Personne n’osait lui parler de son état en général. Ses potes l’entretenaient aimablement, parce qu’il était plus drôle comme ça. Il en avait conscience. Mais il aimait bien ça. Les autres, ceux qui essayaient de l’aider... Il ne savait pas trop comment il s’y prenait... mais ça ne marchait jamais bien longtemps. Enfin si au fond il savait comme ils faisaient. Ils jouaient sur l’affection qu’il pouvait avoir pour eux... C’était peut être là que sa clochait. « Je voulais seulement t’aider Jackson, je me disais que si tu mettais de côté le fait que tu ne m’aies jamais vraiment appréciée, tu serais peut-être plus apte à confier ce qui n’allait pas. » Il lâcha un rire qui s’étouffa dans un bruit rauque. Confier. C’était bien un verbe qu’il n’employait pas. Qu’est ce qu’il pouvait bien confier ? Il n’y avait rien à faire. A moins qu’elle puisses vivre pour lui, il n’y avait strictement rien à faire. « Mais c’est peine perdue. Dans ta tête, tu crois vraiment que du moment qu’on s’intéresse à toi, à ce qui pourrait te filer un coup de main, c’est qu’on veut tirer profit, qu’on veut te faire du mal. » Non. Là elle se trompait. Qui voudrait tirer du profit de lui ? Il n’y avait rien à tirer. Quand au mal qu’on pouvait lui faire, elle aurait du savoir qu’il en avait rien à foutre. Qu’on s’amène, qu’on essaye. Depuis le temps il savait déjà étonnement bien se défendre, et de toute façon il était conscient d’une chose, que le plus néfaste pour lui était encore lui même. Alors non. Dans sa tête il était tout simplement aberrant qu’on puisse s’intéresser à lui. Fin de l’histoire. « J’ai vécu presque 30 ans de ma vie à faire confiance aux autres lorsqu’ils semblaient assez sûrs pour faire un pas dans ma direction, et j’en suis pas morte. Au contraire! Et toi Jackson? Tu avances en direction d’un mur. Toujours. » Il rit jaune. S’il avançait droit dans le mur, c’était parce qu’il attendait que le mur lui tombe dessus. Il ne faisait pas confiance, pas parce qu’il avait peur de ce que ça lui ferait à lui. Mais parce qu’il avait peur que ça soit réciproque. Ce n’était pas les autres qui n’étaient pas digne de confiance. C’était lui. Elle était conne ? Ou elle le faisait exprès ?« Désolée, j’me suis emportée. » Non il ne l’excusait pas. Il ne voulait pas. A quoi jouait-elle ? Ok il avait compris, elle ne jouait pas. Elle semblait toucher par son état, et c’était ridicule. Qu’est ce qu’il avait fait au juste pour mériter ça ? Rien. «J’ai toujours été odieux avec toi.» dit-il durement, pas comme une excuse, il ne s’excusait pas, il s’en fichait. Juste parce qu’il ne comprenait pas. Pourquoi faisait-elle ça ? Qu’est-ce qu’elle avait besoin de prouver ? Il la vit sortir son ordinateur. Vit une bière se poser devant lui, et la bu à grande gorgée, tant pis pour son service tout à l’heure. Là il avait besoin de boire. Beaucoup. Vite. « Si t’as ne serait-ce que le moindre petit espoir qu’à l’intérieur de toi tu veuilles t’aider ou aider quiconque t’aurais pu blesser, vas y, dis-le. Sinon, je ne peux plus rien faire. » Elle l’avait eu à quiconque t’aurais pu blesser... Frapper avec une force inouïe ses yeux s’embuèrent automatiquement de larme et il baissa brutalement la tête, passant une main à l’arrière de son crâne dans ses cheveux. Il battit des paupières pour chasser les larmes, avala plusieurs fois sa salive, et essaya de respirer correctement. Elle était... Désagréable. Ou alors elle le comprenait un peu... Et c’était ça qui était désagréable. Il préférait ne pas être compris. Etre détester. Il savait jouer avec ceux qui le détestait. « Tu peux rester là aussi longtemps que tu veux, je ne dirai plus rien. » Il releva doucement la tête pour voir la sienne se baisser et s’enfoncer dans son ordinateur. Il finit rapidement sa bière. Restant là, assis, à ne rien dire. La tête bourdonnante, le coeur déchiré, et l’impression de se retrouver six ans auparavant... Il commença à taper nerveusement du pied, ses mains se refermant et s’ouvrant sur une balle imaginaire. Il se leva. Brutalement. Et il sortit. Sortant tremblant une cigarette de sa poche. Il fuma vite, tirant violemment sur sa clope, tapant toujours du pied. Il en fuma une première, une deuxième, une troisième. Là maintenant il avait mal à la tête, la gorge éreinté. Il cracha avant de rentrer dans le bar. Il se dirigea au bar, tapant un coup sec sur le comptoir. «Tu peux me remplacer un peu plus longtemps ?» demanda-t-il, l’air hagard, stressé, perdu. «Je prend ta paye ?» Il grince des dents, il aurait aimé que non, mais lui demandé de bosser gratuitement ne semble pas être au programme. Il réfléchit, il n’est pas en état. Ni maintenant, ni dans une heure, ni même après. Il hoche la tête. «Conso gratuite ?» Il demande, en échange de ta paye ? Le barman hoche la tête, lui serre un verre. Jackson se retourne vers la table ou Isla est toujours assise. Il grince des dents, et se retourne vers le barman, lui fait signe de lui servir un deuxième verre. Un deuxième verre. Il retourne bêtement à la table, fait glisser un verre sous le nez d’Isla. Boit le sien cul sec, comme si c’était de l’eau. Il fait à peine une grimace. «Comment tu sais tout ça Isla ?» Sur lui. Peut de gens le voit comme ça. Il a compris une chose sur elle, elle ne le déteste pas, elle le voit comme un paumé, pas nécessairement comme un raté, encore moins comme un méchant. Elle ne le voit pas comme les autres le voit. Et lui, il comprend pas pourquoi. Il recommence à taper contre la table. avec ses doigts cette fois-ci. «Ash ne t’a pas dis ?» Elle aurait pu. Même s’il ne savait pas depuis combien de temps elle était revenue, et que peut être, surement même, qu’il n’était pas leur sujet numéro. «Les gens se font mal à me faire confiance.» Il tourne autours du pot. Il n’arrive pas à dire ce qu’il voudrait dire. Il n’a pas confiance. Il ne sait pas faire ça. Il n’est pas assez soule. Il fait un pas en avant, deux en arrières. Il se recule sur son siège, son corps se referme, comme une huitre. Il fait craquer ses doigts. Il se passe les mains violemment sur le visage. Se tient la tête entre les mains. Il lutte, contre il ne sait quoi. Contre lui même peut être. Il a l’impression que lui parler c’est la brûler de son venin, et que ça ne résoudra rien. Il attrape sa main, un peu brutalement. Elle a la main froide. Il retire sa main. Brûlé. Pourquoi il a fait ça ? «Tu ne peux pas m’aider.» C’est une évidence. «Je ne peux pas l’aider.» Ou peut être qu’il peut. Mais la seule solution qui lui vient à l’esprit c’est la quitter, la laisser tranquille. Mais ce n’est pas ce qu’elle veut elle, alors il ne sait pas si c’est une bonne idée. Mais c’est la seule.

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MessageSujet: Re: For a minute there, I lost myself. – JACKSON & ISLA   For a minute there, I lost myself. – JACKSON & ISLA EmptyVen 28 Fév - 5:07


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J’avais dit tout ce qui me passait par la tête, tout ce que j’attendais de lui dire depuis ces fameuses 6 dernières années. Ce que j’avais gardé bien enfoui, soit par gêne, par culpabilité, ou par manque de confiance. Comme si c’était ma faute s’il m’avait traité comme il l’avait depuis toujours, particulièrement après ce qui s’était passé. Comme si je l’avais demandé, et que rester muette cette soirée-là me donnait aujourd’hui le droit d’agir. Tout ce qui avait pu se retrouver sur la longue liste attitrée à Jackson dans ma tête y avait passé et encore, j’avais l’impression de l’avoir épargné. C’est qu’il était là, devant moi, fermé à tout. Comme toujours. « Comment tu... » Comment « je » quoi? Comment j’en étais venue à cette conclusion? Comment j’avais eu les couilles de lui mettre tout ça en face? Comment j’avais dit tout haut ce que probablement plus de personnes que je croyais pensaient? J’en avais pas la moindre idée. Et pourtant, malgré toutes mes bonnes intentions, tout ce que j’avais dans le ventre et que je lui avais lancé à la figure en tentant vraiment, vraiment d’être délicate, je sentais comme un vide qui me tenaillait le ventre. J’ignorais ce que cette sensation voulait vraiment dire, ce qui aurait pu la chasser aussi, mais c’était ça. Plus j’enfonçais, plus je lui clamais haut et fort mon avis, plus je le voyais se renfrogner. Son regard, noir, était absent, torturé. Ses mains s’agitaient doucement, alors que tout le reste de son corps était totalement immobile, en berne. Et j’eus l’impression idiote que si Dieu était descendu sur Terre – et là je parle hors de toute connaissance de cause parce que mis à part Buddha que je trouvais particulièrement sympa en classe de yoga, je n’étais pas croyante – il nous aurait catégorisé. Jackson aurait été le mal, j’aurais été le bien. Et ça me faisait chier. Ça m’enflait d’être celle qui portait l’auréole, les ailes, la dentelle blanche. Je ne m’imaginais pas être plus haute ou plus importante ou même meilleure que lui. Si j’agissais ainsi, c’était d’abord et avant tout parce qu’on était égaux. Parce que je croyais dur comme fer qu’il méritait cette intervention pour s’en sortir. Parce que j’aurais tout donné pour le voir prendre la main que je lui tendais.

« J’ai toujours été odieux avec toi. » J’aurais pu rire de l’entendre le préciser, au cas où je n’étais pas au courant. J’aurais pu acquiescer, parce que c’était vrai qu’il ne faisait pas dans la douceur avec moi. Mon premier souvenir officiel de Jackson était le moment où il était passé avec Ash me voir à la maison, et où il avait bonnement demandé à mes tantes si elles étaient lesbiennes. Il avait ensuite gardé cette idée en tête longtemps, juste pour me faire chier. J’étais même persuadée que si l’occasion se représentait, il n’hésiterait pas à refaire une énième remarque à sujet. Mais je n’en fis rien. Je croisai simplement les bras sous ma poitrine, levant mes yeux noisettes sur lui, pour voir un mec complètement perdu. À bout. Essoufflé de courir, épuisé d’attendre. « Mais ça n’est pas une raison pour que je ne sois pas honnête avec toi. » Je ne lui reprochais rien, j’en avais fini de toute façon. Il aurait pu me tirer une roche à la gueule, menacer de me casser les jambes, m’hurler dessus toute la rage qui l’empoisonnait, je n’aurais pas bronché. J’étais assez avancée dans le processus pour ne plus avoir peur. Il ne m’effrayait pas. Il ne m’effrayait plus. J’étais vide, vide d’avoir essayé, mais je n’étais pas lassée. Je voyais un espoir, aussi fin, aussi minime soit-il, de simplement l’avoir gardé encore un peu plus longtemps à mes côtés. D’avoir vu qu’au final, aussi bon menteur qu’il aurait pu être, ce que j’avais dit il ne l’avait pas ignoré. Il l’avait encaissé. Il l’avait peut-être même enregistré, dans ce qui lui servait de mémoire. Pour un jour, s’en servir, pour un jour, alors qu’il le voudrait bien, qu’il serait à ce point démuni, réécouter ce que la brunette énervante lui avait dit un soir où il avait seulement envie de jouer avec le silence. Et l’idée d’avoir peut-être causé un changement, microscopique mais tout de même, me rassurait.

Il partit. Je ne m’en rendis pas compte tout de suite, un peu parce que je finalisais faussement mon article, beaucoup parce que je m’étais juré de ne pas lui filer de nouveau un regard. J’avais jugé mon intervention assez intrusive pour lui laisser le temps d’assimiler, de respirer aussi. Pour qui je me prenais, de le bombarder de cette façon de toute manière? M’enfin, c’était fait, et maintenant, je le voyais pousser la porte du bar évitant même de prendre sa veste, sortant dans l’air humide et froid de Venice en ruines. L’ancienne Isla l'aurait suivi. Elle ne l’aurait pas laissé s’en tirer aussi facilement et aurait tenu personnellement à avoir le dernier mot. À lui montrer qu’elle était en contrôle de la situation. Mais l’Isla que j’étais devenue avec les années voguait bien loin de l’adolescente un peu trop accro à l’attention ou que la jeune adulte en pleine rébellion d’avoir quitté l’université. Je savais que je n’avais plus rien à ajouter. Ce qui aurait pu sortir de ma bouche à l’instant n’aurait été que pur égo, que pure façon de lui dire « j’te l’avais dit mon vieux. » Et c’était inutile. Ce n’était même pas amusant, parce qu’on savait tous les deux que le message était passé. Qu’il avait mariné longtemps, trop longtemps, mais que tout ce qui devait être dit l’avait été. Alors je recroquevillai encore un peu plus mes jambes contre mon ventre, jouant nerveusement avec la souris de mon ordinateur, clairement incapable de mettre un point à un article qui était loin, très loin dans mon esprit. Mon téléphone vibra de nouveau et je me souvins l’avoir glissé dans la poche arrière de mon jeans au moment où je jouais encore. D’une main distraite, je l’attrapai avant de lire un bref texto de Deklan qui m’annonçait qu’il ne passerait pas finalement, trop occupé à finaliser un truc qu’il avait terriblement hâte de me montrer. Je souris faiblement, parce que j’aurais voulu me réjouir de nos premiers pas de nouveau, parce que j’aurais voulu m’imaginer ce qui lui passait bien par la tête parce que… mais Jackson revenait de nouveau dans ma direction. Et les deux verres qu’il tenait entre ses doigts me confirmèrent qu’il comptait rester encore un moment. Mais ça, ça dépendait de la vitesse à laquelle il buvait.  « Comment tu sais tout ça Isla ? »  J’humectai mes lèvres, consciente que malgré le fait qu’il jouait à l’amnésique il avait le droit de savoir que cette nuit, cette fameuse nuit, tout avait changé.Plus tard. « J’ai une bonne oreille pour ce genre de choses. » que je me contentai de glisser, mal assurée. Il semblait avoir quelque chose à me dire, autant lui prouver que je savais écouter. « Ash ne t’a pas dis ? Les gens se font mal à me faire confiance. »

« Et tu crois vraiment qu’ils se font mal rien qu’à te faire confiance? Honnêtement? » j’avais parlé sans sarcasme aucun, & c’était plein de sous-entendus j’en convenais, mais il s’agissait là d’une question qui me trottait dans la tête depuis toujours. Parce qu’on ne pouvait pas seulement se retrouver brisé d'avoir ouvert la porte à quelqu’un. Parce qu’il y avait une part de responsabilités dans tout. Parce que j’étais consciente qu’il était le roi des conneries, mais que malgré tout les efforts qu’il pouvait faire il n’arriverait jamais à tout casser tout seul. Si ces fameux gens prenaient la décision de le croire, c’est qu’ils étaient prêts à être déçus, comme pour n’importe quoi. Comme avec n’importe qui. Il se tut, probablement parce qu’il en avait assez que je le bombarde, parce qu’il détestait parler de toute façon, et qu’il ne s’imaginait certainement pas être en train d’avoir ce genre de discussion, avec moi, un mercredi soir au fin fond du Barking avec des rires d’adolescents en trame de fond. Je sentis sa main s’approcher de la mienne pour se reculer presqu’automatiquement. Et soudainement, ça me frappa. La sensation de vide, l’impression d’espoir, son regard fuyant, ses doigts agités. Son état me touchait encore autant. J’avais voulu me dire que j’agissais à titre de bonne fille, d’amie d’une amie qui veut du bien, point final. Mais c’était plus que ça. Ça avait toujours été plus que ça. « Tu ne peux pas m’aider. Je ne peux pas l’aider. » Je soupirai, attrapant solidement sa main, même s’il résistait, même s’il menaçait, hagard. Et je plantai mon regard dans le sien, pour le forcer à vraiment, vraiment me regarder. Ses yeux. Rouges, bouffis. « T’as fini avec tes conneries? » Pour me faire comprendre, je devais parler son langage. Mes ongles toujours enfoncés dans sa paume, j’insistai. « Tu répètes le même discours depuis, et là je devine, toujours. » Peut-être que personne ne lui avait jamais dit que cette réaction, que cette carapace, étaient ridicules. Mais au point où on en était, et comme je savais très bien qu’il ne se lasserait pas de me détester encore et toujours, je poursuivis. « J’avais dit que j’allais me taire Jackson, mais j’peux pas. J’peux pas te laisser encore une fois répéter ça. » J’aurais eu envie de lui écrire sur un bout de papier toutes les raisons du monde pour remonter ses manches, pour croire, pour faire ce petit changement, pour avoir ce déclic qui le ramènerait sur le droit chemin, mais c’était peine perdue. Je le voyais déjà oublier ledit bout de papier au fond de ses jeans, et voir les écritures s’y effacer au fil des jours, des mois. « T’as déjà pensé que tout ce qui se produisait autour de toi, tu le laissais arriver? Tu le laissais faire? T’es tellement occupé à annoncer à qui veut l’entendre que t’es maudit, que tu laisses te passer sous le nez toutes les occasions de changer la donne. »

Je remarquai que le verre devant moi était toujours plein et le sien, vide depuis longtemps déjà. J’osai prendre une gorgée, lente, soutenue, avant de lui tendre mon verre, consciente qu’il en avait probablement plus besoin que moi. Avec Ash, j’avais compris que parfois, et malgré tout ce qu’on pouvait nous dire, une bonne cuite pouvait être exactement ce dont on avait besoin. Y’avaient quelques règles à suivre, à savoir de ne jamais boire seul(e) et isolé(e) entre autres, mais au final, après avoir passé une soirée entière à se détruire, le lendemain suivant on était pris de l’envie de changer, vraiment. C’était tout ce que je lui souhaitais. Bien sûr, je ne l’encouragerais pas à se déchirer, mais un verre supplémentaire était peut-être ce dont il avait besoin pour détendre ses jointures, pour calmer ses tempes qui semblaient être sur le point d’exploser.

« Qu’est-ce qui ne va pas Jackson? Qu’est-ce qui se passe, vraiment? » je misais le tout pour le tout parce qu’à le voir, c’était ce dont il avait le plus besoin.

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Dernière édition par Isla L. Hamilton le Dim 13 Juil - 17:17, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: For a minute there, I lost myself. – JACKSON & ISLA   For a minute there, I lost myself. – JACKSON & ISLA EmptySam 1 Mar - 15:56


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« Mais ça n’est pas une raison pour que je ne sois pas honnête avec toi. » Non elle avait raison. Mais Jackson n’était pas dupe. Il lisait plus que de l’honnêteté. Bien plus. Lui était un homme honnête. Enfin tout dépendait de quel définition on prenait de l’homme honnête bien sûr. Jackson ne mentait pas. Il n’était pas bon à ce jeu là. S’il avait été meilleur, il ne se serait jamais retrouvé en prison, surement. Donc Jackson était honnête parce qu’il ne mentait pas. S’il voulait mentir, il se taisait, ça valait mieux. Ce n’était donc pas un mensonge, c’était une absence de vérité. Isla faisait preuve d’honnêteté, parce qu’elle lui disait ce qu’elle pensait de lui, sans fioritures. Mais il y avait plus que ça. Déjà Jackson ne comprenait pas vraiment pourquoi elle lui disait tout ça. Qu’est-ce que ça changerait ? Lui qui parlait peu, réfléchissait encore moi, avait la parole utile. Et là il ne comprenait pas l’utilité. Si c’était pour le changer, alors elle perdait son temps... Si c’était pour autre chose, alors il ne comprenait pas ce que c’était. Et puis son honnêteté n’était pas méchante. Elle aurait pu l’être, Jackson n’était pas chic type, il méritait un certain nombre d’horreur. Surtout que comme il l’avait dit, il avait été odieux avec elle. Elle aurait donc pu se lâcher. Mais elle n’en avait rien fait. Elle était... Aimable. Oui, aimable... Presque gentille. Et ça non plus il ne comprenait pas. Ca le dépassait. Complètement. «Mais c’est une raison pour être odieuse.» Ce qui n’est pas incompatible avec l’honnêteté, regardez lui. Le parfait mélange d’un mauvais caractère et d’une absence de mensonge. Ceci illustrait plutôt bien le cerveau noir et blanc de Jackson, oeil pour oeil, dent pour dent, et tous ses proverbes plus stupides et simples les uns que les autres. Jackson se savait odieux sans aucune raison apparente, parce qu’il n’était pas tolérant, qu’il était sanguin, et qu’un rien, un vraiment rien, le faisait sortir de ses gonds. Mais il acceptait aisément qu’on soit odieux avec lui. Retour d’ascenseur il se disait. Mais ce n’était pas le cas. Et non seulement elle était avenante et prévenante mais en plus elle semblait savoir de quoi elle parlait. Soit elle semblait le connaître lui. Lui ne la connaissait pas, elle. Mise à part des tantes lesbiennes pas lesbiennes, et le faite qu’elle soit la meilleure amie d’Ash... Il ne savait pas grand chose. Ne se souvenait pas vraiment de leur diverse rencontre, il était souvent en partie stone lorsqu’il la côtoyait, et avait oublié pas mal de leur affrontement. Mais ça ne semblait pas être son cas. Ce qui était donc particulièrement étrange.

Il avait eu besoin de sortir. De respirer. Il se noyait sur sa banquette, il étouffait plutôt. C’était intolérable. Même si elle ne le regardait plus, il avait l’impression qu’elle le scrutait jusqu’au plus profond de lui. Il n’avait pas pu supporter. Il était parti rapidement, sans penser à rien d’autre qu’à prendre l’air, et à fumer, ce détruire la santé. Mais ça ne le calmait pas. Il était toujours fébrile, torturé, en manque de quelque chose qu’il ne viendrait pas, qu’il ne prendrait pas, qu’il avait promis de ne plus prendre. Elle ne savait pas ce qu’elle essayait de tirer de lui. Elle ne voulait pas tirer ce genre de chose. Elle ne voulait pas tomber sur la vérité. Personne ne le voulait. Il avait finit par revenir. Parce qu’il avait froid, finalement, sans veste. Et que son paquet était vide. Vidé. Comme lui. Quelque part. Il était revenu, avait réglé ses affaires, planifié mentalement ça soirée cuite. Cuite à s’occuper d’Isla. Parce qu’étrangement il voulait comprendre. Et que même si elle semblait creuser une tombe en lui avec une lourde pelle, il ne voulait pas boire seul. Pas ce soir en tout cas. En temps normal il aurait du appeler Deklan, ou Parker. Il aurait surement mieux valu d’ailleurs. Pour lui. Mais elle était là, sous sa main. Et il ne comprenait pas. Et il avait besoin de comprendre. En ce moment il avait besoin de comprendre. Au moins une chose dans sa vie.

« J’ai une bonne oreille pour ce genre de choses. » C’était ça ? La réponse. Pourquoi savait-elle tout ça ? Finalement pourquoi le faisait-elle du coup ? Parce qu’elle avait une bonne oreille ? Il fronça les sourcils. Il y croyait moyen. Ce n’était pas crédible surtout. «Une trop bonne oreille visiblement...» dit-il suspicieux. Ca sentait autre chose. Ca sentait la réponse à la question muette, celle qu’il n’osait pas vraiment poser. Pourquoi ? Pourquoi Isla ? Sérieusement ? Pourquoi tu perds ton temps ? Pourquoi tu prends ce risque ? Celui d’être déçue ? Parce que tu vas forcément l’être. Pas d’autre option. « Et tu crois vraiment qu’ils se font mal rien qu’à te faire confiance? Honnêtement? » Il lui lança un regard lourd. Vraiment ? Tu voulais qu’on face ça comme ça ? A coup d’honnêtement ? N’avait-elle pas vu, avec sa superbe oreille, qu’il ne savait pas mentir, qu’en plus il était dans un suffisamment sale état pour s’énerver tout seul. Et énerver, il ne pouvait dire que la vérité. «Oh ça va !» lâcha-t-il colérique. Oui il savait, ce n’était pas la confiance qu’ils avaient en lui qui leur faisait mal... «On sait tous les deux que c’est moi qui leur fait mal... Mais il ne s’amuserait pas à me faire confiance quand tout le monde dit le contraire, il ne me laisserait pas de chance de tout merder.» C’était plutôt évident, quand on y pense. Laissons la brebis galeuse enfermée dans son coin, elle ne fera de mal à personne. On l’avait déjà fait, deux fois. Quatre année au total, enfermé dans une cellule. Peut être quatre années bénies... Quatre années ou il n’avait fait souffrir personne. C’était plutôt pas mal... En trente et un ans... C’était mieux que rien en tout cas.

« T’as fini avec tes conneries? » Il ouvrit la bouche connement. Il ouvrir grand les yeux stupidement. Elle avait osé ? Il était mouché. Il ne savait pas exactement de quels conneries elle parlait, mais clairement là il n’avait plus rien à dire. Ou plutôt elle ne voulait plus rien l’entendre dire. Pas temps que.... que quoi exactement ? « Tu répètes le même discours depuis, et là je devine, toujours. » Son visage se renfrogne sur lui même. Toujours c’est un peu long, mais c’est un peu vrai. Mais c’est aussi parce que ce discours est intemporel chez lui, parce qu’il ne change pas, alors le discours non plus. C’est plutôt évident. C’est sa manière de s’éviter du travail inutile, ou quelque chose comme ça. Mais il ne voit pas le problème avec ce discours. Ce discours est lucide, et vrai. « J’avais dit que j’allais me taire Jackson, mais j’peux pas. J’peux pas te laisser encore une fois répéter ça. » Là il ne comprenait pas. Pas qu’il est compris ce qu’il se passait depuis le début, mais il comprenait encore moins. Répéter quoi ? Puis pourquoi ne pourrait-elle pas le laisser ? Il n’avait rien demandé... Ni à elle, ni à personne d’ailleurs. Il se sentait très bien tout seul... Enfin non, il ne se sentait pas bien tout seul, mais il méritait d’être seul. Alors ce n’était pas bien grave. « T’as déjà pensé que tout ce qui se produisait autour de toi, tu le laissais arriver? Tu le laissais faire? T’es tellement occupé à annoncer à qui veut l’entendre que t’es maudit, que tu laisses te passer sous le nez toutes les occasions de changer la donne. » Il fronça les sourcils, une colère sourde commençant à lui battre dans les tempes... Elle se foutait de sa gueule ? Est-ce qu’elle l’avait bien regardé ? Laisser les choses arriver ? Ses pupilles vrillaient de plus en plus rapidement, oscillant un peu partout sans vraiment s’accrocher à quelque chose. Ses doigts tapèrent sur la table avec plus de force. Peut être qu’elle ne le connaissait pas si bien, qu’elle ne le comprenait pas si bien qu’elle pensait le croire, qu’elle aurait voulu lui faire croire. Il arracha brutalement sa main de l’emprise de celle d’Isla. Ses ongles qu’elle avait planté le griffe. Il s’en préoccupe guère. Il recule sur la banquette, s’éloigne un peu d’elle, bouillonnant de colère. «Tu penses que ça m’amuse ? Que je ne fais rien ? Que je ne fais pas d’effort ?» Il ne savait pas ou elle avait été ses dernières années, mais il s’était battu. Il bossait, deux jobs, et il ne s’était encore fait viré ni de l’un, ni de l’autre. Il ne se droguait plus. Il appelait ça être un changement tout de même important. Il faisait de son mieux. Il n’était presque rien de la loque qu’il était il y a six ans. Même si elle semblait dire le contraire et que sur certain point il n’avait pas évolué. Mais à chaque fois qu’il se maintenait la tête hors de l’eau, il y avait quelque chose qui surgissait pour le faire plonger. Il n’était pas capable de dire quoi, parce que sur le coup, il ne voyait rien venir... C’était après coup qu’il se rendait compte de la bêtise, et que trop tard. «Va te faire foutre Isla ! Va te faire foutre !» Et il était poli... il aurait pu dire pire. «Je fais de mon mieux !» C’était quelque chose qu’il répétait souvent ça aussi. Je fais de mon mieux. Mais il y croyait dur comme fer. Il faisait effectivement de son mieux. Et ça ne suffisait pas. Ce n’était pas son problème après. Enfin si. Mais il n’y pouvait plus rien. «Et le monde est maudit. Pas moi. Le monde. Toi aussi... T’es maudite par ce que tu ne peux pas t’empêcher de faire là... Tu crois que ça te rend meilleur, mais ça ne change rien, les gens en attendent simplement plus, et tu les décevra, ou tu te pèteras les dents.» Soyons optimiste surtout. Jackson et sa fameuse vision en noir et blanc. Il crachait doucement son venin de colère, comme pour essayer d’aller mieux.

Il se serait surement pas calmer s’il ne l’avait pas vu glisser son verre presque encore vide sous ses yeux, le lui tendant. Sa colère s’offusqua un instant, avant de se relâcher, prenant le verre entre ses lèvres, et l’avalant le plus lentement possible, en quelques gorgées seulement tout de même. Il était de plus en plus maudit par l’alcool, lui qui tenait trop bien, en quelque sorte. Ou alors c’était juste qu’il s’habituait à être saoule. à force.

« Qu’est-ce qui ne va pas Jackson? Qu’est-ce qui se passe, vraiment? » Elle aussi semblait s’être adoucie. Bien qu’elle n’avait jamais vraiment élevé la voix, mais ces dires étaient plus doux, elle ne l’agressait pas à essayer deviner toute seule comment il fonctionnait. C’était un bon début. Mais tout de même. Dire ce qui n’allait pas ? On en aurait pour des heures... ll prit sa tête entre ses mains, se massant les tempes. Sarcastique il lâcha dans un rire jaune. «On perdrait moins de temps à me demander ce qui va bien.» Il ne se plaignait pas, mais en ce moment ça n’allait pas fort, et ça faisait quelques mois... pas étonnant en même temps... Il plongea ses yeux bleus délavé dans les siens, prenant une voix moins sèche, mais rauque. «Tu devrais arrêter de creuser Isla... Même Savannah s’y est cassé les dents.» Et Savannah, c’était tout. C’était celle qui avait le plus de pouvoir sur lui. C’était celle qu’il idolâtrait. Celle qu’il avait le plus fait souffrir. Enfin Callie allait pouvoir se venter d’être ex aequo avec elle sur une chose au moins. «Je ne te comprends pas.» C’était lourd de sens pour lui, lui qui généralement se foutait de comprendre. Mais là ça semblait important. Le plus important. Il resserra ses bras contre son torse. Si elle ne comprenait pas, il ne parlerait plus tant qu’il n’aurait pas compris. Il n’arrivait pas à faire confiance. Et aussi mal pouvait-il être, il ne se sentait pas en sécurité. C’était con, puisque c’était surement lui le plus dangereux des deux.

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MessageSujet: Re: For a minute there, I lost myself. – JACKSON & ISLA   For a minute there, I lost myself. – JACKSON & ISLA EmptySam 1 Mar - 21:28


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J’avais la vague impression qu’il voulait être là. C’était tout sauf le contraire selon ce qu’il pouvait me montrer, mais comme ça, à le voir s’avancer vers la banquette avec deux verres entre les mains, toujours aussi perdu, toujours aussi hagard, j’aurais pu jurer qu’il restait pour une raison bien particulière. Et moi donc. À nous voir, on aurait facilement pu croire au canular tellement on s’évitait soigneusement depuis toujours. Il y avait des gens avec qui ça cliquait, d’autres moins. Avec Jackson, du plus loin que je me souvenais, on avait simplement supporté la présence de l’un et l’autre. Parce qu’on adorait Ashleigh, et parce qu’elle valait beaucoup mieux que des disputes d’adolescents. Je dis disputes, mais en vrai, mis à part se lancer quelques piques et s’ignorer, on agissait plutôt bien en public. J’avais vu Jackson déverser son venin sur beaucoup de gens depuis que je le connaissais et jamais il n’avait perdu son temps à me passer le même traitement. Le moins on se parlait, le moins on se voyait, le mieux ça allait. Et maintenant? Et maintenant, je me surprenais à vouloir agir. À vouloir lui partager ma vision des choses, à l’aider. Et la même question revenait encore et toujours dans ma tête, et par ses paroles. Pourquoi. Pourquoi? Les raisons banales auraient pu suffire. Parce que mon père et mes tantes m’avaient appris l’essentiel de partager le meilleur de soi avec les gens qui en avaient le plus besoin. Parce qu’un jour, j’avais été dans une situation de merde dont je vous épargnerai les détails (ça viendra, je vous l’assure), et que l’aide qu’on m’avais apportée à ce moment-là était exactement ce dont j’avais besoin même si je ne l’avais pas dit. Me rendant maintenant apte à rendre l’ascenseur, à répandre le bonheur ou ce que vous voulez. Mais vraiment, ce qui justifiait ce qui se déroulait devant mes yeux était un peu plus, beaucoup plus que ça. Que des raisons bidon, choisies dans une boîte de céréales. C’était de là que venait la sensation de vide, d’impuissance qui me grugeait. Et probablement qui était générée par Jackson dans toute son œuvre, qui s’installait de nouveau face à moi.

« Une trop bonne oreille visiblement... » Pas tant que ça, pensai-je, avant de me passer une main dans les cheveux, ne le quittant pas des yeux. Il – je – n’avait pas la moindre idée d’où avait pu me venir cet élan de vouloir lui partager ce que je voyais. Pas de le conseiller, pas de lui filer la clé vers la réussite, parce que si je l’avais, je ne serais pas installée ici à boire des bières à rabais et à espérer trouver un appartement le moindrement viable avant la fin du mois. Mais l’essentiel était là : je ramais, je ramais si fort pour lui dire ce que je voulais vraiment lui dire. Et malgré l’avalanche de mots qui sortaient, je n’y arrivais toujours pas. Je ne savais pas ce qu’il pourrait dire, ce qu’il pourrait faire pour m’y pousser, mais il s’y approchait, il osait de plus en plus et je sentais que je ne tiendrais pas encore bien longtemps. « Je peux bien avoir les oreilles fines, n’en reste que si on ne me dit rien… » que j’ajoutai, laissant le reste de ma phrase en suspens. Bonne oreille… il m’avait tout dit de lui-même, je n’avais rien forcé. C’était ça l’histoire. C’était ça qui était à la base de tout. Il m’avait bombardé comme si j’étais la seule personne à qui il pouvait le dire, comme s’il attendait de le faire depuis longtemps. Et même si j’avais pu jurer qu’à mon sens, il aurait beaucoup, beaucoup mieux fait de tout balancer à Savannah, ou même à Ash, c’était moi qui était débarquée ce soir-là et qui avait tout su. Fallait maintenant que je joue avec ça, que j’apprenne à m’y faire, que je valse avec son envie de se sortir la tête de la merde, et sa capacité à s’y tirer tout seul, comme un grand. Je me redressai, le voyant s’emporter, alors qu’il avait tout sauf compris ce que j’avançais. « On sait tous les deux que c’est moi qui leur fait mal... Mais il ne s’amuserait pas à me faire confiance quand tout le monde dit le contraire, il ne me laisserait pas de chance de tout merder. » J’ouvris de grands yeux, parce qu’il n’y avait rien d’autre à faire. Peu importe la façon dont je le lui dirais, peu importe la langue que j’utiliserais, j’avais bien l’impression d’être prise au piège. Il n’avait absolument pas envie d’entendre ce que je pensais vraiment de tout ça. « On va pas t’isoler toute ta vie non plus hen. À quoi ça sert de vouloir faire du progrès si t’as personne à qui le prouver? » J’avais haussé le ton, exaspérée presque. J’avais l’impression de devoir casser toutes ses années d’habitudes, tout ce qu’il avait accumulé à se blâmer encore et pour tout. J’avais envie de lui montrer les preuves, de lui bâtir un dossier clair et net d’où tout serait listé, ses bonnes et ses moins bonnes actions pour en faire son procès. Oui, j’en connaissais un rayon sur ce qu’il avait bien pu mettre en oeuvre pour faire chier la planète, mais n’en restait qu’il avait toujours voulu s’en sortir, non? Toujours, sauf à l’instant on aurait dit. Comme si le dernier coup qu’on lui avait porté avait signé son arrêt de mort, comme s’il avait pris la décision, après avoir gaffé monumentalement qu’il prendrait sa retraite, qu’il lâcherait tout. Pas sous ma gouverne, non. Je ne venais pas de lui lancer tout ce qui m’égratignait le cœur si je n’avais pas la ferme conviction que ça pouvait lui être utile, que ça pourrait fondamentalement lui donner l’appui nécessaire pour se relever.

Et plus je m’ouvrais, plus il se refermait. Plus je le voyais voguer, s’éloigner, se muter. J’avais promis de faire la carpe, de le laisser avec son nuage noir, mais c’était le genre de promesse que je savais très bien déjà brisée d’avance. Je ne pouvais pas le laisser comme ça, pas me taire alors qu’il y avait tant à dire, tant à faire. J’y tenais, j’y tenais si fort que mes mains en tremblaient, que ma gorge se serrait. J’avais vu, je n’étais pas folle, j’avais vu qu’il voulait changer, je l’avais entendu de sa propre bouche. Je me sentais comme une victime qu’on renvoyait sur les lieux d'un meurtre, bien longtemps après qu’elle y ait été trouvé. Routes immuable, sensations longtemps, très longtemps oubliées, souvenirs éparpillés. Jackson m’avait presque promis entre deux mots qu’il ferait quelque chose, qu’il arrêterait, qu’il changerait. Et 6 ans presque pile après l’avoir à peine croisé, je pouvais presque jurer que j’avais droit à une copie conforme. À quoi bon vouloir lorsqu’on savait très bien que ne pouvait pas? S’il mettait ne serait-ce que la même énergie sur sa propre vie que celle qu’il utilisait pour me répondre avec colère, je pouvais jurer qu’ils verraient les changements se multiplier, les miracles se glisser sous ses yeux. Mais ce serait trop beau, n’est-ce pas? « Tu penses que ça m’amuse ? Que je ne fais rien ? Que je ne fais pas d’effort ? » Je me renfrognai, parce qu’à prime à bord j’avais cru qu’il n’y mettait jamais du sien. Et s’il voulait déjà? Et s’il se donnait corps et âme, sans voir les résultats promis? Ce serait horrible… « J’aimerais tellement que tu me prouves le contraire… » que je soupirai, le regardant avec espoir. J’y croyais, j’y croyais parce qu’il l’avait dit comme un cri du cœur, comme un mec qui ne pensait qu’à ça, qui tournait en rond, qui croyait, qui s’en voulait, mais qui avançait. J’imaginais à quel point il avait dû être découragé, étouffé lorsqu’il s’y était mis, lorsqu’il avait retroussé ses manches, lorsqu’il avait pris la décision de faire mieux. Je rêvais de l’entendre dire qu’il changeait, ou plutôt, qu’il s’y prenait mieux. Qu’il avait l’aspiration et la confiance d’avancer vraiment, de ne plus reculer, ou piétiner. Il arracha violemment sa main de sous la mienne, se justifiant d’un « Va te faire foutre Isla ! Va te faire foutre ! Je fais de mon mieux ! » je sursautai. Le barman leva la tête vers nous, entraînant un souffle de silence soutenu dans le bar, avant que les échanges ne reprennent. Il devait avoir l’habitude de voir Jackson s’emporter, et moi aussi. Je me sentais presque plus à l’aise lorsqu’il s’énervait, puisque je le reconnaissais. Puisqu’il ne se noyait plus, puisqu’il remontait à la surface pour prendre un peu d’air, et pour me cracher au visage par la même occasion. J’humectai mes lèvres, le laissant aller, lui filant ma bière au passage, me disant que déjà, la pression descendait. « Et le monde est maudit. Pas moi. Le monde. Toi aussi... T’es maudite par ce que tu ne peux pas t’empêcher de faire là... Tu crois que ça te rend meilleur, mais ça ne change rien, les gens en attendent simplement plus, et tu les décevra, ou tu te pèteras les dents. »

Je le regardai boire, fataliste. « Y’a pas que le bien ou le mal. Y’a jamais que le bien ou le mal. C’est pas parce que tu vogues entre les deux qu’il faut que tu prennes pour acquis que c’est ainsi. » je refusais de croire que le monde était maudit. Je refusais de croire ce qu’il pouvait dire, de me laisser avoir par son discours de fin du monde, par son avis teinté de ce qu’était la vie, vraiment. « Le monde est évolutif. Ce n’est pas la loi du plus fort ou une autre idiotie du genre. On prend ce qu’on voit de mieux et on l’adapte. On prend ce qu’on voit de pire et on l’améliore. Ça a toujours été comme ça, le monde ne fait pas d’exception pour toi. » J’avais parlé doucement, comme j’aurais aimé que l’on me l’explique. J’ignorais s’il m’avait entendu même, tellement il semblait perdu dans ses pensées. Mais je ne voulais pas y croire, je ne le pouvais simplement pas. Pas après avoir vécu en croyant qu’on récoltait franchement ce qu’on pouvait semer. Et même si comparée à lui j’avais eu la vie facile, n’en restait pas moins que j’avais pu voir tout ce que le monde avait de plus horrible en banque. Les villages pillés, les enfants abandonnés, les familles explosées, les victimes de guerre. Partir à la recherche de ma mère pendant deux ans m’avait propulsé hors de mon confort, et pas seulement dans des hôtels de luxe, ou sur les plus belles plages du monde. J’avais vu la misère, celle qu’on n’arriverait même pas à décrire aux américains parce qu’ils n’en comprendraient pas les mots, les analogies. J’avais eu le cœur brisé maintes et maintes fois en sachant très bien que je ne pouvais rien faire. Que de pleurer toutes les larmes de mon corps après une journée à sillonner les ruelles de New Delhi ne pourrait rien changer au sort que ces gens-là subissaient jour après jour, depuis des décennies. Alors me dire que le monde était maudit, c’était les maudire eux aussi. C’était leur dire de prendre leur mal en patience et d’attendre la mort. Parce que quoi qu’ils auraient pu faire pour changer leur existence, pour l’améliorer, n’aurait fait que de leur donner de faux espoirs. J’avalai durement, secouant la tête. Je lui demandai ce qui n’allait pas. J’écoutai sa réponse. « On perdrait moins de temps à me demander ce qui va bien. » J’esquissai un maigre, maigre sourire, dans le genre de ceux qui savent très bien que l’humour restera encore la meilleure forme de confort lorsque tout semble aller mal. « On perd rien, j’ai toute la soirée devant moi. » que j’ajoutai, tristement rieuse. Je savais bien qu’il ne resterait pas éternellement. À l’heure qu’il était, on venait probablement de s’adresser plus de mots encore que dans toute notre relation, aussi bizarre ait-elle été. Et puis de toute façon je ne le forcerais pas à rester. Il savait ce que j’en pensais, force était d’admettre qu’il voulait en savoir encore un peu plus. « Tu devrais arrêter de creuser Isla... Même Savannah s’y est cassé les dents. » je soupirai. Encore. Alors que je croyais vainement être arrivée enfin à l’attiser il me repoussait de plus belle. J’aurais dû le voir venir, j’aurais dû… « Oh j’ai bien reçu le mémo plus tôt hen. » je fis allusion à mon entrée en jeu particulièrement mal accueillie. « Mais ça va, je suis prête à prendre le risque. » Je lui souris, consciente que cette interlude ne durerait pas très longtemps avant qu’il ne retourne se murer dans son silence typique. Avant qu’il ne me lance un regard noir avant de me filer entre les doigts. J’avais déjà capitalisé sur le bombardement de ce qui m’avait heurté, je ne pouvais pas feindre encore bien longtemps. Et s’il y avait bien quelque chose qui le ferait se confier, me donner un peu de matériel pour mieux m’y prendre, ce serait la vérité. « Je ne te comprends pas. » « Je te retourne le compliment. »

Pourquoi? Pourquoi donc, j’étais toujours là? Je sentais son regard me détailler depuis trop longtemps, je voulais le fixer, je voulais partir, je voulais rester. « C’était quelques semaines après que j’ai lâché l’université. » je me doutais qu’il n’avait même pas eu vent que je sois allée à UCLA ni même que j’ai décroché. « C’est de là que vient le 6 ans. » J’avais l’impression de l’avoir récupéré après un long coma, d’être tombée sur lui alors qu’il venait tout juste de se réveiller. Tenter d’expliquer une scène à quelqu’un qui y était avait quelque chose de bizarre, de mystique. On teintait de notre vue, de notre vision, de nos impressions. On ne lui laissait pas la chance de se faire sa propre opinion. Mais je n’avais pas le choix, il ne semblait pas s’en souvenir, l’ayant supprimé volontairement ou non de son esprit. Il était tellement mal… « Je ne me souviens même plus si c’était ici ou dans un autre bar, mais t’étais là. Tu étais entré en trombe, j’t’avais pas tout de suite reconnu. C’est quand tu as commencé à faire du bruit et à lorgner sur l’une des filles avec qui j’étais que j’ai vraiment vu ton visage. » J’aurais pu fermer les yeux et m’y retrouver de nouveau. La pluie battante, le bar bondé, les bulles qui nous montaient à la tête. Il était entré en furie, titubant, dans un éclat de bris de verre. Il s’était approché d’Amy avec le regard vide, miroitant. Elle l’avait repoussé, il avait insisté, je l’avais ignoré et on avait filé plus loin. « C’était du Jackson bagarreur à l’état pur. J’imagine que t’avais consommé avant d’arriver, parce que je jure que tes yeux étaient encore plus rouges et plus éclatés que ce que j'avais pu voir, et c’est pas peu dire. » Je fixais ses mains, les miennes, devant moi. Y’avait eu des cris, d’abord. Puis des menaces de types ivres, envoyées du bout de lèvres qui empestaient l’alcool. J’avais gardé la scène bien en vue, amusée de voir jusqu’où Jacks pouvait aller. Mais ça avait dégénéré. « Y'a des gars qui t’ont sorti dehors. Je me suis dit que t’étais venu chercher quelque chose et que tu l’avais trouvé. Mais t’es jamais revenu à l’intérieur. » Même si j’étais persuadée de m’en foutre, chaque minute s’écoulait et je lâchais pas des yeux l’entrée, me disant que je le verrais revenir, titubant mais heureux, la gueule en sang, mais fier. Bravant la vie et usant de sa chance comme toujours. « Au bout d’un moment je suis allée voir et t’étais là, au fond de la ruelle. T’arrivais pas à te lever, tu ne voulais même pas en fait. » Je lui avais crié dessus, je l’avais traité de tous les noms mais il ne bougeait plus. « J’ai appelé l’ambulance, parce que c’était la chose la plus logique à faire. Et je suis allée l’attendre avec toi. Je crois que je ne t’ai jamais vu être aussi haineux… » Je pinçai les lèvres, me rappelant comment il m’avait insulté, poussé, crié dessus pour avoir voulu le sauver. « Comme si tu voulais que je te laisse là, dans ta merde. » Comme si t’avais voulu mourir que j’ai presque failli compléter, mais je me tus. Cette scène, qui rejouait encore et en boucle. J’en avais des frissons. Je levai la tête sur lui. « Et tu m’as dit des choses… des trucs horribles. Je t’ai exactement demandé la même chose que ce soir, à savoir ce qui n’allait pas, et t’as explosé. » J’évitai de lui glisser un mot sur les larmes de rage qui coulaient alors qu’il me confiait sa vie en entier. J’évitai même de lui parler du baiser violent qu’il m’avait affligé, comme pour me faire peur, comme si ses pulsions de rages s’étaient entremêlées. J’haussai les épaules. « Je me suis jurée de tout faire en mon pouvoir pour t’éviter de retomber. Aussi impuissante que j'puisse être. »

J’ignorais comment il allait le prendre. J’ignorais même comment moi, je le prenais, relatant des souvenirs qui m’avaient hantés plusieurs jours ensuite et qui, aujourd’hui, alors que je les exprimais pour la première fois à haute voix et au principal intéressé. Tout ce que je savais, c’était que je n’arrivais plus à le quitter des yeux.

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Dernière édition par Isla L. Hamilton le Dim 13 Juil - 17:17, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: For a minute there, I lost myself. – JACKSON & ISLA   For a minute there, I lost myself. – JACKSON & ISLA EmptyDim 2 Mar - 20:14


For a minute there, I lost myself.
jackson & isla




Si on demandait à Jackson pourquoi il restait là, face à elle, à lui parler sans rien lui dire, il ne saurait pas répondre. Il n’avait pas besoin de rester là. Ni pour lui. Ni pour elle. Ni pour personne d’autre. Jackson n’avait de compte à rendre à personne. En réalité il avait toujours eu des comptes à rendre. Jackson n’était pas quelqu’un de libre. Il ne l’avait jamais été, ne le serait surement jamais. C’était peut être pour ce donner un sentiment qu’il agissait comme quelqu’un de libre, sur lequel on ne peut avoir aucune emprise. Un mec qui ne rend de compte à personne, qui crache à la face du monde. Si seulement on savait. Depuis le début il y en avait plein qui avait su, plein qui avait su exploiter la terreur de Jackson d’être libre. Parce qu’il ne savait pas jouir de sa liberté sans démesure. Il ne savait pas s’occuper tranquillement, sagement dans son coin. Enfin si, cinq minutes, et après il faisait une connerie. C’était inévitable. Il ne s’en rendait même pas compte la plus part du temps. Seulement après coup. Mais peut importe. Ca ne changeait pas le fond du problème. Cette fois-ci rien ne l’obligeait à rester à coté d’Isla. Ni elle. Ni lui. Rien. Mais il n’était pas capable de dire pourquoi il restait. Il n’était pas capable de penser à pourquoi il restait. Peut être avait-il peur de trouver la réponse. Peut être que parce qu’au fond il en avait marre de n’avoir que des avis négatifs sur lui. Et qu’il ne savait pas d’ou ça venait, mais l’avis qu’Isla semblait avoir de lui paraissait être un peu plus compliqué. Il devait même y avoir du positif, là dedans, quelque part. Et il ne se souvenait plus quand est-ce qu’il avait pour la dernière fois entendu quelque chose de positif à son sujet. Surement de la bouche de Callie, mais ça devait être un compliment sexuel, et c’était bien les seul dont il ne manquait pas. Dont il n’avait jamais vraiment manqué. Il n’en avait pas vraiment besoin.

« Je peux bien avoir les oreilles fines, n’en reste que si on ne me dit rien… » Que s’il ne dit rien, elle entendra rien. Mais si c’était justement le but, qu’elle entende rien. Qu’il soit là, mais qu’il soit muet, et qu’elle soit sourde. Qu’elle continue de lui faire croire qu’elle pense du bien de lui, et que lui se mette à y croire doucement. Que cette croyance peut être fausse lui panse un peu ses plaies, le temps de pouvoir se lever et rentrer... Pas chez lui clairement. Mais autre part qu’ici. Peut être trouver la force de retourner à l’hôpital. Alors oui, si elle pouvait rester sourde encore un moment. Sourde à lui, à ce qu’il est, à ce qu’il n’est pas. Si elle peut garder son image de lui encore un peu... Parce qu’il faut se rendre à l’évidence... Si elle creuse, elle n’aura plus rien de positif à dire. Plus rien. Et elle sera juste une fille comme les autres. Une fille qui s’est cassé les dents sur sa peau. Une fille qui a cru qu’elle pourrait mieux faire. Qui aurait voulu lui faire croire qu’il pouvait mieux faire... Et puis rien. Le néant. L’échec. Encore. Au moins c’était constant.

Mais il faut lui reconnaître une qualité. Elle est teigneuse, elle s’accroche, et elle ne lâche rien. « On va pas t’isoler toute ta vie non plus hen. À quoi ça sert de vouloir faire du progrès si t’as personne à qui le prouver? » Elle essayait vraiment. Elle était douce. Parfois, pendant une micro seconde, il aurait envie de se glisser dans ses bras, et de s’endormir. Il a l’impression que ça serait mieux, que ça marcherait mieux. Le temps d’une nuit. Mais ce n’est pas son genre. Les câlins, la tendresse.... Et puis pas avec elle... Ca serait bizarre. Ca part comme ça vient. Et il rigole. C’est mauvais, c’est jaune, c’est cynique. «Tu sais pour traîner avec quelqu’un on a pas forcément besoin de lui faire confiance.» Il a l’impression de lui apprendre la lune. Elle qui doit être habitué aux relations saines avec une confiance aveugle... «Je penses que ni Parker, ni Deklan ne s’amuserait à me donner le bon dieu en confession... Ils ne me feraient même pas confiance avec leur copine, si copine il y avait.» dit-il un léger sourire, cynique, sur les lèvres. Et au fond il s’en fiche... Il n’a pas besoin de leur confiance, il a besoin de leur amitié. Chacun connaissait les faiblesses de l’autre et faisait avec. «Quand au progrès, je prouve plus souvent que j’en suis incapable.. Donc moins il y a de gens pour le voir, mieux c’est...» Son sourire était insupportable. Parce que c’était le sourire de quelqu’un qui a abandonné, qui ne croit plus en lui. Alors il aurait surement beau essayer, ça ne changera rien. Mais il essaye quand même, surtout pour pouvoir dire qu’il a essayé, plus pour réussir... Il sait bien qu’il n’a plus aucune chance. « J’aimerais tellement que tu me prouves le contraire… » Justement... Puisqu’on parlait d’effort. Elle n’y croyait pas. Elle semblait vouloir. Mais elle n’y croyait pas. Elle non plus ? En même temps pourquoi devait-il lui prouver quoique ce soit ? Elle n’était rien pour lui. Elle n’avait rien à lui demander. Et pourtant, depuis le début... Elle lui en demandait plus que personne ne lui en avait jamais demander... Enfin pour le temps depuis lequel ils se parlaient en tout cas. Jackson resta sur le cul, énervé, et surpris. «Que je te le prouve ?» demanda-t-il ne sachant pas s’il devait rire, ou exulté de rage. Le mélange des deux fut étrange et détonnant. «Au hasard, hein !» finit-il par dire serrant poings et mâchoire. «Je ne me drogue plus.» Et c’était un pas énorme pour lui. Car si on se disait que Jackson saoule était incontrôlable, Jackson stone était encore pire. «J’ai deux boulots...» Comparé à il y a six ans ou il en avait... Aucun... Enfin on ne pouvait pas réellement dire que dealer soit un boulot... En tout cas ça ne comptait pas réellement comme tel.. «Et je n’ai pas eu de vrai ennui avec la police depuis... un moment.» Il dit de vrai, parce qu’il avait quand même passé quelque nuits au poste, dont une avec sa soeur... Si ce n’était pas le bon vieux temps ça... Mais dans l’ensemble, il allait quand même mieux. Sur le papier en tout cas. Parce qu’il n’était pas dans le meilleur état qui puisses être. Il manqua de dire pour Callie et Ella, mais à la dernière minute il se rendit compte que ça jouait probablement plutôt en sa défaveur. «Alors lâche moi tu veux ! Je ne te dois rien en plus.» cracha-t-il finalement. Il ne savait pas vraiment pourquoi il avait parlé. Il aurait pu se taire. Ne pas rentrer dans son jeu. Mais il avait suivit. Bêtement.



Il avait suivit, et maintenant elle ne le lâcherait plus. Pour une raison ou une autre. Des raisons qu’il ne comprenait pas et qu’il n’était pas sûr de vouloir comprendre. Est-ce que ça à son importance ? Le fait est qu’elle était là, qu’elle ne semblait pas vouloir l’abandonner. Le fait est qu’il était là et qu’il ne semblait pas capable de partir non plus. « Y’a pas que le bien ou le mal. Y’a jamais que le bien ou le mal. C’est pas parce que tu vogues entre les deux qu’il faut que tu prennes pour acquis que c’est ainsi. » Il hocha la tête négativement, levant les yeux au ciel. Elle était tellement loin du compte. « Le monde est évolutif. Ce n’est pas la loi du plus fort ou une autre idiotie du genre. On prend ce qu’on voit de mieux et on l’adapte. On prend ce qu’on voit de pire et on l’améliore. Ça a toujours été comme ça, le monde ne fait pas d’exception pour toi. » Merde... Sur qui était-il tombé ? Elle pensait vraiment la merde qu’elle raconte ? «Et les princesses pètes des paillettes.» lâcha-t-il bêtement, lourdement, sans aucune envie de rire. Il ne savait pas d’où elle tombait, mais puis qu’elle semblait étrangement s’intéresser à lui, elle allait voir ce qui se tramait dans son cerveau. Et on allait voir ce qu’elle ferait une fois qu’elle aurait une avalanche du boue sur la figure. Il ne lui devait rien. Et il n’avait jamais voulu l’épargner. Alors peut être qu’elle pourrait tenir. Peut être qu’elle ne pourrait pas. Surement que ce n’était pas son affaire. «Tu es naïve. Le monde ne se partage pas entre le bien et le mal, le blanc ou le noir. Mais entre le mal et ceux qui croient faire le bien, entre le gris et le noir, mais en général ça se roule dans la médiocrité !» Depuis quand n’était-elle pas sortie de chez elle, n’avait-elle pas regardé... Parce que lui regardait, et il voyait rien de beau. Enfin si, mais le beau était laid. C’était tout. Une fois qu’on l’avait accepté ça allait un peu moins mal. «Et je ne vogue pas d’accord... Je me noie !» Il avait élevé la voix, et on aurait eu l’impression que la mer baignait effectivement le fond de sa gorge. «Je me noie depuis que je suis né, et parfois quand j’en ai marre de me noyer, quand je crois que ça va un peu mieux, j’en noie d’autre avec moi, pour le plaisir, le malheur aussi, je ne sais pas, j’le fais c’est tout» C’était méchant pour cacher la détresse, pour dissimuler l’actuel sentiment de noyade, celui qui l’étreint effectivement depuis qu’il est gosse, depuis qu’il s’est retrouvé en bas de cette montage de vie et qu’il a su qu’il pourrait jamais monté dessus. «Alors ton monde, il évolue dans la merde ! Il nous permet juste d’être plus performant dans notre noyade, de nous noyer plus longtemps. Si c’est une amélioration...» Qu’on se le dise, Jackson n’était pas suicidaire, il n’avait jamais à proprement parlé levé la main sur lui, après il était à n’en pas douter, un professionnel de l’auto destruction. Bagarres perdues d’avance, drogue, alcool, conduite en état d’ivresse, il était celui qui avait eu mille raison d’y rester et qui était toujours là. A faire chiez son monde. Dieu là haut avait parfois un drôle de sens de l’humour.

« On perd rien, j’ai toute la soirée devant moi. » Il soupira. Teigneuse. Elle ne lâcherait pas l’affaire. Shame. Lui aussi avait la soirée devant lui. Il ne lâcherait pas l’affaire. Enfin il n’avait surtout rien de mieux, ou rien de pire à faire, tout dépendait. Et ce battre avec elle pour garder un semblant d’intégrité ou pour alors s’effondrer l’empêchait actuellement de penser à ce qui le tracassait réellement. Et pour le moment il appelait ça gagnant gagnant... Enfin si Isla avait l’impression de gagner quelque chose. « Oh j’ai bien reçu le mémo plus tôt hen. Mais ça va, je suis prête à prendre le risque. » Tant mieux pour elle. Au moins ça lui ôterait toute culpabilité. Il pourrait essayer de se dire qu’elle l’avait cherché... Bien sûr ça ne servirait à rien s’il lui faisait vraiment du mal et qu’il se retrouvait devant Ashleigh ensuite... Elle trouverait de quoi le faire culpabiliser... Même sans le vouloir. Surtout sans le vouloir. C’était surtout Savannah qui était la professionnel de la culpabilité. En même temps elle avait souvent de bonne raison de le faire. « Je te retourne le compliment. » Et bien. Lui qui aurait juré qu’elle le comprenait. Un peu au moins. Alors que lui... Et puis il n’avait pas dit que c’était un compliment. Ce n’était pas une insulte, mais un compliment... Il n’était pas sûr non plus.

« C’était quelques semaines après que j’ai lâché l’université. » Elle avait commencé comme on commence une histoire. Il était une fois, et tout le bordel. Mais le moins qu’on puisse dire c’est que Jackson ne l’avait pas vu venir. « C’était du Jackson bagarreur à l’état pur. J’imagine que t’avais consommé avant d’arriver, parce que je jure que tes yeux étaient encore plus rouges et plus éclatés que ce que j'avais pu voir, et c’est pas peu dire. » Il avait froncé les sourcils. Il ne voyait pas ou elle voulait en venir. Il ne comprenait pas. Surtout il ne se souvenait pas. Il y en avait eu tant des soirées ou complètement déchiré il était entré dans un bar, avait dragué une fille qui ne voulait pas forcément de lui... C’était dur à replacer aujourd’hui. De l’eau avait couler sous les ponts aussi. Trois ans de prison à essayer d’oublier déjà. A essayer de se soigner. Ca efface des choses. « Y'a des gars qui t’ont sorti dehors. Je me suis dit que t’étais venu chercher quelque chose et que tu l’avais trouvé. Mais t’es jamais revenu à l’intérieur. Au bout d’un moment je suis allée voir et t’étais là, au fond de la ruelle. T’arrivais pas à te lever, tu ne voulais même pas en fait. » Il avait fermé les yeux, laissant ses narines se dilater sous une rage sourde. Il ne voulait pas entendre ce genre de chose. Il ne voulait pas entendre à quel point il avait pu être mal, à quel point il avait pu être mauvais. A quel point elle avait pu le voir dans cet état pitoyable et à quel point elle le jugeait encore la dessus. Parce que c’était ça toute l’histoire non ? Elle avait vu Jackson au porte de la mort, et maintenant elle essayait de faire je ne sais quoi. « J’ai appelé l’ambulance, parce que c’était la chose la plus logique à faire. Et je suis allée l’attendre avec toi. Je crois que je ne t’ai jamais vu être aussi haineux… Comme si tu voulais que je te laisse là, dans ta merde. » Elle était conne ou elle le faisait exprès ? Bien sûr que c’était ce qu’il voulait. Il n’avait jamais rien voulu d’autre. Il n’avait jamais demandé à ce qu’on l’aide. La seule aide qu’il acceptait c’était de la part de Savannah. Celle d’Ashleigh non plus au début non plus il n’en avait pas besoin, parce qu’avec elle il allait simplement mieux. Et puis il avait finit par l’accepter. Et maintenant à allait mieux. Mais ce n’était pas naturel de demander de l’aide. Surtout lorsqu’on est si lourd à porter. Elle ne comprenait pas ? Ou elle ne voulait pas comprendre ? Parce que ça contrariait sacrément sa vision du monde à la petite ! « Et tu m’as dit des choses… des trucs horribles. Je t’ai exactement demandé la même chose que ce soir, à savoir ce qui n’allait pas, et t’as explosé. » Oh fait chiez. Il avait parlé. Le con. Et il n’avait aucune idée de ce qu’il avait pu dire... Sa mère, son père. Savannah, la prison, la drogue, Byron. Il ne savait pas de quoi il avait pu parler... Mais visiblement il n’avait pas parlé de fleur. Il prit sa tête dans les mains. Bouillonnant de rage. De rage après elle qui en savait déjà trop. De rage après lui d’avoir été aussi con. « Je me suis jurée de tout faire en mon pouvoir pour t’éviter de retomber. Aussi impuissante que j'puisse être. » Ah la bonne samaritaine ! Merci, qu’est ce que Jackson ferait sans elle dit donc. Alors c’était ça. Elle avait vu le mal, et elle voulait l’exorciser ? Quelque chose dans le genre ? Bravo ! Ou alors elle pensait pouvoir le sauver ? Encore mieux. Et l’oscar de la meilleure personne est accordé à Isla je ne sais pas quoi ! Sainte mère des cons et des enfoirés ! Priez pour eux surtout.

Il s’était renfermé à double tour. Ou alors il s’apprêtait à s’ouvrir, parce qu’il y avait la fureur qui transparaissait dans ses yeux. «Range ton ordinateur» avait-il ordonné. Il ne lui laissait pas le choix. Il était grave, froid, énervé, brûlant, le regard encore plus perdu qu’à l’habitude. A l’instant il donnerait chair pour être aussi défoncé que la dernière fois... Au moins il ne se rendrait pas compte. Il ne sentirait pas la honte lui comprimer les tempes. Ni même la culpabilité et le fardeau d’être lui. Il aurait les yeux injectés de sang pour une raison valable, il aurait les larmes aux yeux parce qu’il aurait été affaibli, et non pas faible. Il lui attrapa la main, non le poignet, avec une force à peine dissimuler, il l’avait levé, sans un bruit. Il l’avait poussé devant lui jusqu’au bar. En tapant sur le bar il avait réveillé le barman, avait demandé une bière, avait fait un regard graveleux. Il ne poserait pas de question. Il connaissait trop bien Jackson pour penser se douter de quoi il en retournait. Il attrapa la bière que le barman lui tendait, et poussa faussement sensuellement Isla vers l’arrière court. Il ouvrit la lourde porte en fer avant de pousser Isla à l’extérieur, laissant la lourde porte se claquer lourdement derrière eux. Il la poussa contre le mur sans trop de ménagement, se mettant à tourner en rond dans la court, tendu, énervé, essayant de se calmer tour à tour en buvant de longue gorgée de bière et en se massant mécaniquement le front. Putain de merde, il jouait à quoi ? Il faisait quoi là ? C’était à propos de quoi ? Pourquoi est-ce qu’il était comme ça ? «Alors c’était ça !» Ca ne voulait rien dire, ni dans la tête de Jackson, ni dans celle de personne. Et pourtant c’était lourd de sens, et pourtant il l’avait hurlé. «Sérieusement tu penses quoi ? Que parce que t’es né avec un arc en ciel dans le cul tu vas pouvoir tout changer, faire une différence ?» Et bien non ! Au cas ou elle se demandait vraiment. «On ne me sauve pas ! On n’essaye même pas !» Il avait la voix qui s’enrouait de colère. « Et tu sais pourquoi ? Parce qu’on ne peut pas, parce quoique je fasses, je n’y arriverais pas, que je ne réfléchis pas, et qu’en une seule seconde je détruis tout.» Absolument tout. Des mois d’effort acharné pour une seconde d’inattention. «Et que si tu continues je vais m’énerver, et que je ne vais pas me contrôler, et que l’espace d’une seconde je pourrais oublier que je n’ai aucune envie de te frapper.» Ses phrases étaient dure à sortir parce que sa respiration était saccadé par la rage. «Et à ton avis, il me faudrait quoi... Deux, trois coup pour te tuer ?» il l’avait dit le plus sérieusement du monde, comme s’il savait exactement ce qu’il y avait à faire. «Et n’essaye même pas de penser, il n’osera pas faire ça... Parce que tu ne sais pas tout ce que je peux faire. J’ai vendu ma soeur pour de la drogue, j’ai envoyé ma fille et sa mère à l’hôpital parce que je ne suis pas capable de m’assumer, de les assumer, j’ai failli tué le putain de fiancé de ma soeur... Alors te tuer... Ca serait tellement facile.» C’était faux, ça ne serait pas si facile, mais dans un moment d’inattention il pourrait. Ses dernières paroles résonnèrent à ses oreilles. Il comprit qu’il en avait trop dit, qu’il avait encore craché le morceau. Il ragea «Putain.» nerveux. Finit sa bière en une gorgée jeta la carcasse de bière à quelques mètres, un ou deux tout au plus à côté de la tête d’Isla. Hurla contre lui avant de frapper dans le mur, un coup de pied. Il étouffa un grognement de douleur, attrapa son genou déjà brisé une fois par Aidan entre ses mains et s’effondra comme un con contre le mur. «J’espère que ça te fait rire au moins.» grogna-t-il à bout. A bout de tout. A bout de lui surtout.

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MessageSujet: Re: For a minute there, I lost myself. – JACKSON & ISLA   For a minute there, I lost myself. – JACKSON & ISLA EmptyVen 14 Mar - 5:16


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J’avais tenu à le lui dire. À tout lui dire. Probablement parce qu’à force de tout retenir pour moi, j’en étais venue à ne plus croire que vraiment, cette soirée-là était arrivée. Et pourquoi j’y tenais autant? Parce que je tenais aux gens, tout court. Mais avec lui, c’était différent. Il avait dû l’entendre des milliers de fois et j’aurais pu le lui répéter tout autant, mais plus il tentait de me repousser et plus je m’accrochais. Je n’avais pas toujours été comme ça, surtout parce qu’il fût un temps où je préférais et de loin lui bouffer le nez. Mais avec le temps, avec ce que j’avais vu de lui, avec mes réflexions à deux balles, je m’étais attachée. Je m’étais attachée à cet idiot complètement dépassé qui n’en finissait plus de se retrouver la gueule à terre. Alors il pouvait bien se murer, il pouvait bien me hurler dessus, m’insulter. J’en avais vu d’autres. Et son petit jeu ne faisait qu’attiser mon envie de lever la main et de l’agiter bien haut, espérant qu’il y voit un signe. Un signe qu’il n’était pas tout seul. Et je me contentai plutôt de rester là alors que d’autres auraient facilement filé. J’étais sciée et il devait le voir. Avec Ash, on s’ignorait lui et moi. Mais ensemble, la chimie était toute autre. C’était bourré de malaises, de non dits, de regards noirs. C’étaient deux personnes maladroites ne tenant pas plus que ça à être ensemble au même endroit et au même moment, mais pour moi, ça prenait lentement tout son sens. Si j'avais pu nous décrire, probablement que je serais restée silencieuse. Parce qu’il restait encore tellement à prouver, à voir, à faire. À croire. Je me redressai sur mon siège, attentive. Je ne pouvais faire autrement, surtout lorsqu’il s’émancipa, lorsqu’il ajouta à ma demande  ce qu’il avait bien changé. Celui qu’il était maintenant. Et je trouvais ça beau. Merde, il n’avait jamais répondu à mes questionnements depuis, et là il s’ouvrait. À tort et à travers et avec toute la hargne que je lui connaissais, mais il s’ouvrait. Je respirais un peu mieux.

« Au hasard, hein! Je ne me drogue plus.» je ne pu me retenir de jeter un coup d’oeil vers sa bras, intacts. Pour l’avoir vu au plus bas avec cette saloperie, j’avais besoin de preuves, de tangible. Et ça me rassura. Je connaissais de lui, mais aussi de moi, surtout pour avoir abusé moi-même en voyage, mais le voir clean me fit souffler un peu plus facilement. « J’ai deux boulots… Et je n’ai pas eu de vrai ennui avec la police depuis... un moment. » j’hochai de la tête, toujours à l’écoute. Il bossait plus, s’éloignait des ennuis. J’avais l’impression de le voir grandir à une vitesse folle, d’être zappée du passé au présent, devant un Jackson qui se réinventait. Et ça me plaisait. « Alors lâche moi tu veux ! Je ne te dois rien en plus. » je soupirai, si près du but. Il s’était presque ouvert, il était quasi rendu… et il venait d’éclater. Sur ma faim, je mordis ma lèvre, tout de même fière d’avoir réussi à lui tirer un minimum de mise à niveau de sa part. Ça allait. Ça semblait, du moins. Et c’était presque suffisant. « Je suis désolée. » que je laissai échapper. « J’ai jugé trop vite, et t’as clairement fait beaucoup de chemin depuis. » c’était vrai. J’étais conne d’avoir pensé qu’il était bloqué. Je rendais les armes, du moins, pour cette partie-là.

« Et les princesses pètes des paillettes. Tu es naïve. Le monde ne se partage pas entre le bien et le mal, le blanc ou le noir. Mais entre le mal et ceux qui croient faire le bien, entre le gris et le noir, mais en général ça se roule dans la médiocrité ! » Je restai ébahie. Comment est-ce que deux personnes aussi différentes que nous deux pouvaient honnêtement se retrouver dans la même pièce? Face à face? Qu’est-ce que j’avais bien pu lui trouver, pour rester? Je bouillais. « Et je ne vogue pas d’accord... Je me noie ! » J’haussai le sourcil. Avais-je droit à un cri de détresse? Nah, surement pas. Il jouait sur les mots, il me narguait. « Je me noie depuis que je suis né, et parfois quand j’en ai marre de me noyer, quand je crois que ça va un peu mieux, j’en noie d’autre avec moi, pour le plaisir, le malheur aussi, je ne sais pas, j’le fais c’est tout. » Je sentis faussement ses mains s’enrouler autour de mon cou, alors qu’il insistait, son regard planté agressivement dans le mien. Comme s’il m’entrainait, comme si c’était à mon tour de le suivre sous l’eau, d’avoir trop voulu le toucher, et un frisson me parcouru la colonne vertébrale. Je m’agrippai un peu plus solidement à la table, muette. « Alors ton monde, il évolue dans la merde ! Il nous permet juste d’être plus performant dans notre noyade, de nous noyer plus longtemps. Si c’est une amélioration... » « Ridicule. » que je laissai glisser, imperturbable. Je n’avais même pas envie de lui donner le dernier mot, même pas envie de l’entendre. Juste, de le faire se taire. Le silence. Je paierais pour du silence, pour une prise de conscience par la bande, pour quelque chose de solide à me mettre sous la dent, n’importe quoi. Mais pas ça. Pas sa négativité à deux balles qui venaient contrecarrer mon discours. Je n’étais pas égoïste d’habitude mais là, tout de suite, j’aurais eu envie de lui envoyer mon verre à la tête. De nier tout en boucle, de lui faire manger mes paillettes. Le faire, toutefois, c’était autre chose. J’en profitai donc pour lui demander un bref « T’as fini? Parce que si t’es pour jouer dans les métaphores faciles de noyades et d’enfer encore longtemps, je vais retourner à mon programme principal. » peu convainquant. Je ne voulais pas en entendre plus. Il ne voulait pas être là, se justifier. Mais pourtant, on restait là, à s’accrocher l’un à l’autre. À espérer quelque chose qui ne venait pas.

J’osai aller de l’avant et crever l’abcès. Je repris tout du début, lui racontant la fameuse soirée qui avait tout changé. Parce que pour moi, c’était le début de tout. Parce que, pour lui, ça devrait expliquer la suite, forcément. Et il me laissa parler, sans m’interrompre, ni même à aucun moment, quoique son regard se voulait fuyant, dérangé. Il se tenait toujours, droit, à l’écoute, fin. J’avais lésiné sur les détails, parce qu’il s’en foutrait forcément, et j’avais foncé sur l’essentiel de la chose. Il avait parlé, j’avais écouté. Erreur de parcours, ou timing prévu, j’en avais pas la moindre idée. Mais ce qu’il m’avait soufflé à travers son haleine de drogue alcoolisée m’était resté en tête trop longtemps. À chaque mot que j’ajoutais, je revivais la scène, sa rage, sa folie, sa douleur. Et je n’éprouvais pas de pitié aucune. Non. J’étais plutôt fascinée, intriguée. Et vachement dépassée. Comment voudriez-vous réagir devant un cas pareil? J’en cherchais encore les mots. « Range ton ordinateur. » Je levai la tête vers lui, quelques minutes à peine après avoir mis un point à mes explications. La suite, se fit machinalement. D’abord, j’obéis, rangeant l’ordinateur dans son étui, le glissant dans mon sac. Sa voix, ce ton. Je les reconnaissais parmi mille, pour l’avoir entendu prononcer exactement de la même façon, dans ses pires jours. Je me levai, filant un regard à la bande d’adolescents au fond du bar qui rigolait à je-ne-sais quelle blague, avant de tituber sous le poids de ses mains vers la sortie. Je l’entendis lancer quelque chose au barman de service, toussoter, marmonner, mais fit comme si de rien n’était, déjà anticipant la suite. La lourde porte de métal claqua derrière nous et je me retrouvai dans la ruelle du bar, les yeux fixés sur lui. Il n’attendit pas très longtemps avant de me projeter contre le mur, le choc martelant l’arrière de mon crâne et mes épaules. J’aurais voulu vérifier que tout était ok, mais je n’en avais pas l’envie. Tout ce que je voulais, c’était la suite. J’en voulais plus. Qu’il s’éclate si c’était ce dont il avait besoin, mais qu’il ne se trouve pas de prétexte bidon pour réagir de la sorte. Qu'il soit honnête, qu'il lâche tout, qu'il s'assume. Ou qu'il me fiche la paix.

« Alors c’était ça ! » Il hurlait, sa voix résonnait entre mes oreilles, promettant de faire éclater ma tête s’il insistait. « Sérieusement tu penses quoi ? Que parce que t’es né avec un arc en ciel dans le cul tu vas pouvoir tout changer, faire une différence ? On ne me sauve pas ! On n’essaye même pas ! » Je retint un long soupir, déjà blasée d’entendre pour la millième fois cette putain d’excuse tout sauf fondée. « Tu crois que ça me fait plaisir? Tu crois que j’ai voulu me donner ça comme mission parce que j’en avais envie? Parce que je cherchais follement un cas à sauver? T’es idiot Jackson. Ben voilà. On sait très bien tous les deux que t’as pas du tout besoin d’une autre fille de pendue à toi qui veut te changer, t’as déjà donné. Et moi? Je fais pas dans les thérapies arc-en-ciel non plus, alors ça tombe très bien. » Ma voix tremblait, et pas de peur. De force, parce que moi-même j’ignorais fondamentalement ce qui me poussait à m’acharner. « Et tu sais pourquoi ? Parce qu’on ne peut pas, parce quoique je fasses, je n’y arriverais pas, que je ne réfléchis pas, et qu’en une seule seconde je détruis tout. Et que si tu continues je vais m’énerver, et que je ne vais pas me contrôler, et que l’espace d’une seconde je pourrais oublier que je n’ai aucune envie de te frapper. » Je baissai la tête vers ses poings, contractés sur sa bière. « L’histoire, c’est que je ne suis pas de celles qui restent les bras croisés à voir les autres foncer dans un mur. » J’haussai les sourcils, toujours adossée au mur, incapable de bouger. « Alors tu peux me pousser tant que tu veux, tu peux me crier dessus tant que ça te plais, je me suis jurée quelque chose et autant emmerdante que je puisse l’être je vais au moins m’arranger pour t’éviter de retomber. Du plus fort que je le peux. Voilà. » Il voulait frapper? Qu’il essaie, si ça pouvait lui faire du bien. On s’en sortirait tellement mieux ensuite, n’est-ce pas?! « Et à ton avis, il me faudrait quoi... Deux, trois coup pour te tuer ? » Je secouai négativement la tête, l’air de dire même pas peur. « Tu veux vraiment qu’on joue à ça? À celui ou à celle qui crie le plus fort? Tu veux vraiment passer ta soirée à m’haïr et à me traiter de tous les noms? Parce que je suis persuadée que tu as mille et une choses plus importantes à faire. » Silence. « Ou pas hen, puisque tu es toujours là. »

Je jouais avec ma chance, mais j’avais la ferme conviction qu’il n’était pas de ceux qui avertissaient avant de cogner. S’il avait voulu me faire physiquement du mal, il s’y serait prit avec la force plutôt qu’avec les mots. « Et n’essaye même pas de penser, il n’osera pas faire ça... Parce que tu ne sais pas tout ce que je peux faire. J’ai vendu ma soeur pour de la drogue, j’ai envoyé ma fille et sa mère à l’hôpital parce que je ne suis pas capable de m’assumer, de les assumer, j’ai failli tué le putain de fiancé de ma soeur... Alors te tuer... Ca serait tellement facile. » Je sursautai, la bouteille de bière venant se fracasser à quelques centimètres de moi, mais ne bougeais pas plus, retenant mon souffle. « J’espère que ça te fait rire au moins. » Ben voyons. Jackson était passé de la rage à l’ennui, de la folie à l’ignorance, et s’effondrait à mes côtés, perdu. Et puis quoi? Je prie la parole, parce que c’était à mon tour, semble-t-il.

« Je ris pas, Jackson. » Au cas où il ne l'aurait pas remarqué, au cas où c'était illisible. Ça me semblait être d’une évidence. Je me laissai glisser à ses côtés, gardant tout de même une petite distance entre nous, au cas où une autre poussée de violence le rendrait méconnaissable. Je me parlais plus qu’à lui-même, fixant un point lumineux au loin, incertaine. Aidan, Savannah… je pris quelques secondes pour digérer tout ce qu’il venait de dire. Sa fille? La mère? Il était donc… « J’ignorais que tu étais papa. » que je soufflai, luttant contre l’élancement dans ma nuque. Je fis aussi mine de laisser aller le passage où il mentionnait avoir envoyé ces deux dernières à l’hôpital. Il se torturait avec cela, c’en était limpide. Et bizarrement, je me rapprochai un peu plus de lui. Ça changeait rien, mais tout à la fois.

« Moi je t’ai dit pourquoi j’étais encore là…, mais toi? Qu’est-ce que tu fiches encore ici? » je tournai la tête vers lui, incapable de faire autrement.

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Dernière édition par Isla L. Hamilton le Dim 13 Juil - 17:18, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: For a minute there, I lost myself. – JACKSON & ISLA   For a minute there, I lost myself. – JACKSON & ISLA EmptyJeu 27 Mar - 10:21


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« Je suis désolée »

Une autre excuse et il allait lui exploser la tête. Elle était quoi ? Stupide. Ridiculement sympathique ? Elle l’agaçait prodigieusement à le juger, et à vouloir le dire. Parce qu’il était bien conscient que tout le monde le jugeait. Mais tout bas. Et c’était pas plus mal. De toute façon il savait ce que tout le monde pensait. « J’ai jugé trop vite, et t’as clairement fait beaucoup de chemin depuis. » Il haussa les épaules. Faire du chemin. C’était donc ça dont il était question ? Changer ce n’était que faire du chemin. Savait-elle qu’au sens théorique du terme, on en faisait tous un bout de chemin. Vous savez avec ses images débiles de la vie comme une route, ou autre chose… Tout le monde avançait. Elle. Lui. On ne restait pas sur place. Après il arrivait que la route se ressemble toujours… Ou… Bref. Jackson n’en savait rien. Mais il savait une chose. Il trouvait tout ceci ridicule. Absolument débile. De la même manière qu’il n’en avait rien à foutre qu’elle applaudisse ses changements.

Ou peut être que si. Peut être que c’était exactement ce qu’il voulait. Peut être qu’il voulait enfin trouver quelqu’un qui reconnaîtrait tous les efforts qu’il avait fait, et qui arrêterait de lui reprocher tout ceux qu’il n’avait pas encore fait. Parce que ça vie n’était que ça. Des reproches. Ne pas être assez intelligent - sur ce coup là c’était peu dire - ne pas être assez fidèle - clairement - ne pas être assez présent, ne pas être assez stable, ne pas être assez paternel, ne pas être assez amoureux - qu’est ce que c’était encore que ce bordel. Et puis être trop vulgaire, boire trop, fumer trop… Et la liste pouvait s’allonger encore, et encore. Peut être même sans arrêt. Mais tout le monde se foutait qu’il essayait de réfléchir - parfois - qu’il essayait d’être fidèle - quand il y arrivait - qu’il essayait d’être présent - quand il le supportait - qu’il faisait tout ce qu’il pouvait pour gérer Ella et s’habituer à un truc qui n’aurait jamais, jamais, jamais du lui arriver. Alors merde. Merde. Merde. Et donc oui. Peut être qu’il avait besoin de quelqu’un qui lui dise « Bravo Jackson, tu es sur la bonne voie tu peux faire mieux ! » Mais non ! Il n’était pas sur la bonne voie. Et surtout non il ne pouvait pas faire mieux. Parce que Jackson, il était au maximum. Et il allait exploser à faire autant d’effort. Il allait juste exploser, jurer comme il ne l’avait jamais fait, se taper toutes les filles de Los Angeles, se payer un rail, puis deux, et crever. Là ! Voilà. Tout le monde n’en aurait rien à foutre, mais au moins lui, il n’en aurait plus à faire, de ses putains d’effort.

Mais ce que disait Isla ne changeait rien. Parce qu’elle y croyait à peine. Parce qu’il avait du le dire. Parce que clairement ce n’était pas évident. Il avait fait chez changement qui vous change une vie, et ça ne se voyait pas. Ca ne se voyait pas parce qu’il était toujours le même, toujours aussi minable. Toujours près à exploser, et à tout détruire !

« Mais on en a rien à foutre, hein ! Du chemin que j’ai fait ! Parc’que ça change rien ! Ok. Rien ! Je suis le même ! » Il aurait pu continuer à exploser. Il se serait insulté surement, se serait décrit de la pire des manières. Mais il s’était retenu. Il le pensait. C’était ancré dans son esprit. C’était la seule chose qu’il pensait d’ailleurs. De toute sa vie. A quel point il était mauvais et nuisible. Contrairement à ce que tout le monde pouvait penser de lui, il était clairement son seul et unique ennemi numéro 1 à abattre. Pas même Byron quand ce dernier sortirait de prison - si il sortait. Pas même Aidan et sa tête de con, ses coups en traitre et sa sale manie de poser ses mains sur sa soeur. Juste lui. Lui et sa sale gueule cassée, lui et sa violence ingérable. Lui et tous ses problèmes.

Alors plutôt que de s’enfoncer lui, il enfonçait le monde. Il faisait bien ça. Il se roulait dans la merde. Et ça le faisait rire. Au fond, parfois, il était heureux. A regarder la décadence du monde. Il trouvait tout ça normal. Presque juste. Logique. « T’as fini? Parce que si t’es pour jouer dans les métaphores faciles de noyades et d’enfer encore longtemps, je vais retourner à mon programme principal. »

Elle était sérieuse là. Elle venait l’emmerder, alors que clairement son visage affichait un parle moi j’te pète les dents. Et maintenant elle allait lui tourner le dos parce qu’elle aimait pas ce qu’il disait ? Mais lui non plus il aimait pas ce qu’il disait. Enfin presque. Et pourtant il ne pouvait pas se tourner le dos. C’était con à dire, mais on ne peut pas se tourner le dos. Ca ne marche pas comme ça. Il ne pouvait pas s’oublier. Et elle non plus. Parce qu’il avait ce don à le con. Celui d’entrer sous la peau des gens, de les agacer, de les choquer, de les déranger jusqu’au plus profond d’eux même. On le trouvait dérangeant. Et une fois qu’on l’avait lancé, il était généralement assez difficile de l’oublier.

Et évidement, elle ne remis pas le nez dans son ordinateur. En revanche, ce qu’il n’avait pas vu venir, c’était ce qu’elle allait dire. Il fallait dire que si son cerveau avait décidé d’effacer le souvenir qu’elle racontait, il y avait clairement une bonne raison. C’était le pire moment de sa vie. Enfin pas celui là exactement, plutôt la période, le moment, l’ensemble. Enfin si on partait de ce postulat, la vie de Jackson était le pire instant de sa vie… Mais de manière plus objective, celui là était surement pire que pire. On avait jamais vu Jackson dans un état plus pitoyable, et il était presque étonnant de ne le voir atterrir qu’en prison. Alors forcément savoir que quelqu’un l’avait non seulement vu, mais l’avait aussi entendu déblatérer sur toutes les conneries de sa vie… Dans la mafia, il n’y avait pas dix mille solutions à ce genre de situation. La mort, ou éventuellement si l’on tombait sur un gentil mafieux, sur l’enfermement à vie… Qui était peut être pire que la mort, à moins que… Non qui était pire. Il regarda un instant Isla, avec ces nouvelles données dans la tête. Il était ivre. Pas ivre d’alcool, il en était même loin. Ivre de rage. Ivre de ne pas savoir comment réagir. Ivre de ne pas être vraiment capable de la battre à mort. Ivre de… Il ne savait pas bien, mais ça brûlait dans ses veines dans sa tête, ça cognait contre ses tempes. Ca ne pouvait pas être pire.

Il devait sortir. Sortir et peut être jouer au gros mafieux, se débarrasser de celle qui… Qui quoi au juste ? Elle en pensait quoi de cet épisode minable. Surement pas du bien. Elle avait pitié. C’était probablement pire que tout. La pitié. Ca l’énervait. Est-ce qu’il demandait à être pris en pitié. Il préférait qu’on le déteste. Sinon pourquoi ? Pourquoi agir toujours comme un con si on ne veut pas être détesté ? Ca ne faisait aucun sens non. Il explosait. De façon même pas raisonné. Juste pour faire s’échapper un peu de sa rage qui le tiraillait dans tous les sens. Elle n’y croyait peut être pas, mais il pourrait la taper. Dans son état il pourrait. Il en avait envie. A en pleurer. Mais il hurlait. Pour retenir des larmes pitoyables, pour retenir ses poings trop violent.

« Tu crois que ça me fait plaisir? Tu crois que j’ai voulu me donner ça comme mission parce que j’en avais envie? Parce que je cherchais follement un cas à sauver? T’es idiot Jackson. Ben voilà. On sait très bien tous les deux que t’as pas du tout besoin d’une autre fille de pendue à toi qui veut te changer, t’as déjà donné. Et moi? Je fais pas dans les thérapies arc-en-ciel non plus, alors ça tombe très bien. »

Mais alors putain. Qu’est ce qu’elle faisait là ? Et oui il était idiot. Et oui il n’avait pas besoin d’autre fille. Il n’en pouvait plus de ses filles qui pensait pouvoir le changer. Même pas vouloir. Juste pouvoir. C’était clair pourtant, il ne changeait pas. « Mais alors qu’est ce que tu fais encore là ! PUTAIN ! » Non il ne la comprenait pas. Elle ne faisait aucun sens. S’il n’était pas une de ses missions chelou pour fille en mal de je ne sais quoi, qu’est-ce qu’elle foutait encore là. Pourquoi est-ce qu’elle l’avait seulement suivie alors que sa présence dans l’arrière court ne laissait rien présager de bon.

« L’histoire, c’est que je ne suis pas de celles qui restent les bras croisés à voir les autres foncer dans un mur. Alors tu peux me pousser tant que tu veux, tu peux me crier dessus tant que ça te plais, je me suis jurée quelque chose et autant emmerdante que je puisse l’être je vais au moins m’arranger pour t’éviter de retomber. Du plus fort que je le peux. Voilà. »

Hoquet. Comment on réagit à ça ? Comment on réagit à une personne qu’on connaît à peine, et qui te dit que s’il le faut elle te porte, qu’elle t’aide, que tu as juste à demander, ou à te laisser faire. Jackson ne sait pas. Jackson n’a jamais su. Parce qu’on ne joue pas à ce jeu là avec Jackson. On essaye pas de le porter. Jamais. Eventuellement on lui fait un croche pied, pour accélérer le processus. Mais essayer de le sauver. C’est une idée saugrenue depuis bien des années. Il n’y a qu’Ashleigh qui s’y essaye encore, et qui y arrive, sur quelques petits points bien précis. Mais là Jackson il ne sait vraiment pas. Il est bloqué. Bloqué dans son corps épris de rage qui ne sait plus quoi faire. Bloqué dans sa tête de con qui ne peut pas assimiler ce qu’elle dit, qui ne peut pas accepter une main tendue. On ne lui a jamais tendu de main. Il lutte avec lui même, contre son cerveau biaisé, contre sa colère malsaine, et tout le reste. Tout le reste sur lequel il ne sait même pas mettre de mot.

« T’as pas une clope ? »

Son paquet est vide, la faute au trois dernières qu’il a sifflé tout à l’heure en moins de temps qu’il n’en faudrait pour en fumée une, normalement, paisiblement. Sa voix est rauque, elle évite le reste de la discussion, parce qu’il ne sait pas quoi répondre. Et qu’il va exploser. Faute de savoir réagir normalement. Il va exploser. C’est évident. Dès qu’il ne sait pas quoi faire, dès qu’il est mis au pied d’un mur, il défonce tout. La preuve par A+B.

« Tu veux vraiment qu’on joue à ça? À celui ou à celle qui crie le plus fort? Tu veux vraiment passer ta soirée à m’haïr et à me traiter de tous les noms? Parce que je suis persuadée que tu as mille et une choses plus importantes à faire. Ou pas hen, puisque tu es toujours là. »

Elle pensait être maligne ? Réponse à tout, sourire plutôt vaillant malgré les menaces. Elle pensait qu’elle était plus forte que lui ? Qu’elle parviendrait à le calmer avant qu’il ne la cogne ? Putain ce qu’elle était présomptueuse. Putain ce qu’elle brassait de l’air. Et évidement qu’il n’avait rien de mieux à faire. Enfin si bosser… Mais maintenant il n’était plus en état. Bosser, faire la fermeture du bar, et rentrer chez Ash. S’il avait le courage. Mais il ne l’aurait probablement pas. Il n’aurait pas pas envie de voir son foutue regard semi inquiet qui le surveille du coin de l’oeil. Il n’avait pas envie de dormir sur un canapé avec un Deklan qui ronfle déjà. Il dormirait probablement au Barking, puisqu’il faisait la fermeture. Alors non, vraiment, il n’avait rien de mieux à faire. Elle au moins à priori, elle l’empêchait de trop boire, et de finir par baiser n’importe qui. C’était un immense progrès.

Et il criait. Criait pour crier. Finalement de loin, elle était douée. De loin elle le faisait parler. Comme personne ne l’avait jamais fait surement. Alors c’était plutôt étonnant. Plutôt étrange aussi. Carrément impressionnant. Il lui avait fallu quoi ? Quelques dizaines de minutes, pour le mettre hors de lui, et le faire parler. Jackson qui ne parlait vraiment qu’en criant. En criant contre lui même finalement. En ce jetant sa propre haine au visage. Lui qui ne savait faire que ça.

Et puis silence. Vous savez le silence presque morbide après un duel dans un western, peut être le buisson sauvage arraché qui roule dans la ruelle. Ou peut être un bruit de pluie extrêmement fine. Le genre qu’on ne sens pas. Qu’on voit juste s’écraser au sol, si on fait attention. Mais Jackson, lui ne fait pas attention.

« Je ris pas, Jackson. »

Tant mieux pour elle. Lui il riait. A l’intérieur. Parce que c’était tellement pitoyable. C’était ridicule non ? D’être comme ça ? D’avoir tant changé pour en arrivé là. Presque dans la même situation, la gueule cassée en moins, les yeux injectés de drogue en moins aussi. Mais honnêtement est ce que ça changeait vraiment quelque chose. Il était toujours dans le même état. Et puisque ses préoccupation avait changé de force, ses vices aussi. Et aujourd’hui les femmes et l’alcools étaient probablement du même niveau que la drogue autrefois. Et il ne se sevrait pas de tout. Il ne pourrait pas se sevrer de tout. Il ne saurait pas vraiment s’en sortir. Il sentit Isla glisser près de lui. Il sentit son bras contre le sien, et le mur derrière, froid et dur. Il respira péniblement, maintenant difficilement son attention sur ce qu’elle pouvait dire. Encore perdu parce qu’elle avait dit tout à l’heure. Qu’elle voulait le porter. Mais elle était à terre comme lui. Est-ce qu’il l’avait déjà terrassée ? Ou est-ce qu’elle s’était baissée pour le relever ? Aucune idée, on s’en fichait surement. Comment devait-il réagir à elle ? Maintenant qu’il lui avait hurlé dessus presque tout ce qu’il y avait à hurler. Maintenant il faisait quoi ? Il réagissait comment ?

« Moi je t’ai dit pourquoi j’étais encore là…, mais toi? Qu’est-ce que tu fiches encore ici? »

Il avait vu son visage se retourner vers le sien, proche, il avait entendu vaguement la question, il s’était souvenue de la sienne, et il n’avait pas plus réfléchit que ça. Ca lui avait parut évident. Il l’avait embrassé. Une main derrière la nuque. Un peu brutalement d’abord, résidus de rage. Mais plus ses lèvres s’éprenaient des siennes plus il avait une impression de déjà vu. Mais il ne l’avait jamais embrassé. Enfin pas dans ses souvenir… Il ouvrit les yeux au milieu du baisé réalisant subitement ce qu’il était entrain de faire. Il se détacha brutalement tapant sa tête sur le mur derrière lui avant de se lever pour s’éloigner d’elle.

« Putain de merde. »

Il était pas sérieux. Pourquoi est-ce que ce genre de geste lui avait paru évident ? Pourquoi est-ce que c’était toujours ce genre de geste qui lui paraissait évident ? Il le faisait exprès ? Il se laissa tombé à nouveau contre le mur en face d’elle, se frappant une nouvelle fois la tête contre le mur. Il s’arrêta. C’était con, ça faisait mal. Il se prit la tête entre les mains, laissant progressivement sa rage contre lui l’envahir. « Putain, quel con ! » Il en était le roi. De loin. « Désolé, j’sais pas c’qui m’a pris. » Au fond il savait, c’était la même chose qu’il lui prenait toujours, dès qu’il était avec une femme et qu’il ne savait plus quoi faire, plus quoi dire, ça meublait, et là au moins, il savait s’y prendre. Il n’avait plus besoin de réfléchir. C’était pratique. Pratique ! Mais qui embrasse quelqu’un parce que c’est pratique ? Et est-ce que Callie va comprendre ça ? Que ce n’était même pas qu’il en avait envie, que c’était juste plus pratique ? Que c’était pour meubler ? Demeuré. « Merde, merde, merde. » Il se tapait la tête inlassablement, attendant un je ne sais quoi qui parviendrait à l’apaiser. « Tu peux pas m’empêcher de tomber. » La preuve.

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MessageSujet: Re: For a minute there, I lost myself. – JACKSON & ISLA   For a minute there, I lost myself. – JACKSON & ISLA EmptyVen 25 Avr - 1:55


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J’aurais pu être à Obud en Indonésie, à faire de la plongée au beau milieu des coraux. Ou passer le plus clair de mon temps à compter les vagues sur les rives de Byron Bay en Australie. J’aurais pu être installée bien confortablement dans mon appart pré-Big One aussi, à grignoter du pop corn devant des rediffusions d’America’s Next Top Model, ou clairement occupée à jouer les adolescentes avec Deklan, les yeux rivés sur le joint qu’il me tendait le plus naturellement du monde. J’aurais même pu être en plein délire créatif à imaginer un concept de série télé avec Jaime où on se lancerait des défis impossibles à réaliser en tricot juste pour que le public et nous-même, on se voit échouer devant tant de pression. Mais nah, j’étais le plus volontairement du monde dans une ruelle, avec lui. Avec Jackson, le meilleur ami d’Ash, le seul et l’unique, celui que j’avais si savamment réussi à éviter – quoi que mes regards noirs lancés à la dérobée n’avaient pas dû passer si inaperçus que ça – durant toute mon adolescence. Et j’aurais très bien pu continuer comme ça, ou mieux, m’enticher de lui. J’aurais pu tomber amoureuse folle de mec, craquer pour sa gueule de mauvais garçon, pour ses manières rustres, pour sa façon bien à lui d’être charmeur et charmant sans même s’en rendre compte. J’avais déjà eu un faible pour ce genre-là, celui qui casse des os pour le simple plaisir. Le type qui la joue dure, violente, sans mots, ou rien qu’un peu. Des mots durs, qu’on ne veut pas vraiment entendre. Des mots blasés aussi, beaucoup. Ouaip, si j’étais amoureuse de lui, ça voudrait automatiquement dire qu’il pourrait me blesser, me décevoir. Que je pourrais me rendre compte du jour au lendemain que mes attentes seraient échues, que le merdeux petit piédestal où je l’aurais hissé ne tenait que sur de la paille trop sèche. J’aurais eu tout le loisir de l’idolâtrer avant de redescendre de mon nuage pour réaliser à quel point on était dans deux mondes complètement différents. Et ça serait exactement à ce moment-là que j’aurais passé de l’autre côté. Celui où l’amour devient strictement autre chose. Il m’aurait blessé, il m’aurait trahi, il m’aurait séduit pour me faire chier au final. J’aurais eu mal, je l’aurais détesté, et on serait passé à autre chose. Les nuits qu’on aurait eues ensemble, si j’avais cédé, se brouilleraient dans ma mémoire, et je pourrais zapper à la carte suivante, à l’haïr tout simplement. Il m’aurait énervé, j’aurais effacé tout ce qu’il me rappelait et tout aurait été terminé. Classé, rangé.

Mais ce n’était pas aussi simple. Ça ne le serait jamais, de toute façon. Et de le voir prêcher pour le blanc ou le noir me faisait vachement envie. Parce que c’était ça, au fond, la réponse facile. Pencher d’un sens, ou dans l’autre. N’avoir que deux choix, le bon ou le mal. J’inspirai profondément, ne le lâchant pas des yeux. Si j’arrivais à clarifier la zone grise, si je me concentrais vraiment à faire d’elle une évidence, probablement que nos vies en seraient beaucoup, beaucoup plus simplifiées. D’un, j’arrêterais d’insister et de tant vouloir qu’il m’aime, qu’il m’accepte dans sa vie à sa façon, et de deux, ben on pourrait chacun continuer notre chemin. Lâcher prise, et se lâcher au passage. Et ouais, mes prunelles étaient vrillées sur lui. Je ne faisais que ça, l’observer. Depuis qu’il était entré dans le bar, depuis que je le croisais par ci par là avec Ash, depuis l’épisode dans la ruelle, il y avait longtemps. Trop longtemps pour que ce soit d’actualité, que je voulu ajouter, mais je me tus. « Mais alors qu’est ce que tu fais encore là ! PUTAIN ! »  Ce que je faisais là? Je pensais à lui faire un grand, un gros et long câlin, le truc de bisounours par excellence. Je pensais à le prendre contre moi, à lui flatter les cheveux, à lui murmurer à l’oreille que tout irait bien, qu’on avancerait là-dedans ensemble et qu’il en ressortirait plus fort, qu’on en ressortait toujours plus fort. J’ai l’air convaincante? J’étouffai un rire limite découragé. Ce que je faisais là, vraiment, c’était avoir envie de le secouer. Oui, de passer mes bras autour de lui, mais pour l’agiter dans tous les sens, pour le forcer à se réveiller, à remettre ses idées en place, le moindrement qu’il aurait pu le faire. J’aurais pu le gifler aussi, mais d’un autre sens je tenais à la vie et j’avais déjà poussé plus qu’il ne fallait mes limites de californiennes n’ayant pas particulièrement la frousse du Monroe en état second qui se donnait sous mes yeux. J’inspirai, parce que c’était jusqu’à maintenant la seule façon que j’avais trouvée de garder mon calme alors que ma seule envie était de lui donner toutes les réponses toutes cuites dans le bec, avant de lâcher un « Ça t’es jamais venu à l’esprit qu’il y a des gens qui peuvent être gentils, sans aucune autre arrière-pensée? » épuisée. Si j’avais à lui apprendre la gentillesse, la générosité et tout ça en prime, on était mal partis. Et puis c’était si facile, avant, mhm? Quand on ne se disait rien, quand on se laissait faire, quand on s’ignorait, quand on se fichait de ce que devenait l’autre. Pourquoi est-ce que j’avais eu à me mettre en tête l’idée que je pourrais peut-être lui filer un coup de main, ou même, qu’il méritait que je lui file un coup de main?

Ça remontait encore et toujours au même moment, à la même réponse. Et j’étais sans mots, blasée, énervée, déçue de l’avoir trop tournée dans ma tête, cette scène. Celle où il était devenu quelqu’un de bien, quelqu’un qui voulait vraiment s’en sortir. Où j’avais vu autre chose qu’un mec cherchant la bagarre, cherchant les bêtises, cherchant à piquer pour son propre plaisir. Je me laissai glisser à côté de lui, un peu parce que je n’arrivais plus à tenir sur mes jambes suite au choc, surtout parce qu’il m’apparaissait être plus calme, plus libéré après m’avoir asséné de tout ce qu’il pouvait me renvoyer par la tête. Et ça, c’était rassurant. On resta là de longues minutes, à souffler, à assimiler ce qui venait de se passer, ce pourquoi on se relançait l’un l’autre, sans issue finale. Puis je tournai le visage vers lui, détaillant sa mâchoire crispée, ses yeux rougis, ses cernes violacés… et plus vite que je ne m’en rendis compte, il se penchait sur moi, déposant ses lèvres sur les miennes. Je sentis sa main se resserrer contre ma nuque, sa bouche se presser avec insistance, comme s’il voulait me faire taire, ou se taire lui-même. Encore la même situation, encore la même façon de me répondre, de m’attiser. Je restai immobile, la respiration haletante, sentant sa poigne s’adoucir. Et je cru même qu’il avait choisi ce geste pour clore la discussion, pour clore l’histoire, d’une façon un peu trop charnelle à mon goût quand même, mais au moins, c’est le geste le plus sympa qu’il avait posé depuis que je lui avait adressé mes premiers mots, et ça ne consistait pas à m’insulter à me hurler dessus, alors fallait le lui donner.

Plus vite que je ne le cru, il finit par se détacher, et j’ouvris un œil, puis l’autre, assistant au spectacle de sa réaction. Comme s’il n’avait pas pensé, pas calculé ce qui venait de se passer. Il se releva suite à une collision assez violente entre sa tête et le mur, suffisante pour me permettre de reprendre mes esprits et de passer mes doigts distraitement sur mes lèvres pour m’assurer que je ne venais pas d’halluciner. « Putain, quel con ! » J’haussai un sourcil. « Désolé, j’sais pas c’qui m’a pris. » J’haussai l’autre sourcil. « Merde, merde, merde. » Ben voyons, Jackson la reine du drame maintenant? « Ça va, c’est rien qu’un baiser, on n'est pas morts non plus. » que je dédramatisai, trouvant clairement qu’il y mettait un peu trop de cœur à regretter le geste. « Pour un mec qui voulait m’exploser la tête tout à l’heure, je trouve que tu paniques pas mal pour peu hen. » Y’avait même pas eu de langue, c’est pour vous dire. Et puis ce n’était pas comme si on en était à notre premier baiser non plus, y’avait un historique aussi bref soit-il, ça justifiait la chose non? Bon, j’avais compris plus tôt qu’il avait parlé d’une autre fille, et même de sa propre enfant mais voilà, y’avait rien de mal qui venait de se passer, si ce n’est qu’un dommage collatéral, qu’un réflexe post-engueulade avec moi. Been there, done that en d’autres mots. Je me relevai, visiblement plus calme que lui et profitai des quelques secondes qu’il prenait à paniquer pour évaluer la situation. Qu’est-ce qui pouvait bien venir le chercher au point de réagir de la sorte? Je n’eus même pas le temps de me pencher sur la question qu’il me relançait d’un « Tu peux pas m’empêcher de tomber. » accompagné de quelques coups qu’il s’asséna à la tête. « Hé, oh! » Je m’avançai presto vers lui, attrapant ses poignets de toutes mes forces, l’empêchant de poursuivre le geste. Il lutta, mais pour une raison que j’ignore j’arrivai assez facilement à garder ses mains entre les miennes, le temps qu’il prenne une longue inspiration.

« Je peux pas t’empêcher de tomber, ça je sais. » je tirai doucement ses bras le long de son corps, les éloignant prompto de son crâne déjà plutôt amoché. « Mais je peux peut-être te pointer les endroits plus faciles où t’agripper pour remonter. » Et il aurait pu me répondre que je ne m’y connaissais que dalle, que j’en savais absolument rien. Il aurait eu le droit, ça m’aurait fait exploser, mais il aurait eu particulièrement raison de me dire que je n’avais absolument aucune idée de ce qu’il vivait, de ce qu’il avait fait vivre aussi. Deux mondes, vous vous souvenez? Je rattrapai le tir, avant même qu’il ne l’ajoute lui-même. « Et ouais, je sais, j’y connais rien. Je serais probablement morte ou stoned aux antidépresseurs si j’étais à ta place. » j’esquissai un sourire compatissant, sachant que se réveiller ne devait pas être une tâche particulièrement amusante pour lui à tous les matins. « J’aurais surement jamais pu endurer tout ça toute seule aussi longtemps que toi. Et c’est impressionnant, tu le savais? À quel point t’es fort, comment tu peux être solide? »  Je pesais vraiment tous mes mots, chacun prononcé avec tout ce qu’il me restait d’honnêteté. Merde, ce mec-là était un battant et que la première personne qui pense le contraire se fiche dans ses souliers pour voir. « Mais je sais surtout ce que c'est de tout lâcher du jour au lendemain. Quand rien ne nous convient, et qu’on veut simplement repartir à zéro, aussi difficile que ça puisse paraître. » Je faisais bien sûr référence à mon départ de L.A., y’avait 4 ans. De ma belle petite vie parfaite, qui ne me convenait plus. « J'ai l'habitude des nouveaux départs, tu vois. » De l’anxiété que j’avais vécue presque à tous les soirs, la première année où j’avais fiché le camp. Et tout ce que j’avais pu faire pour me sortir du stress, pour construire quelque chose de bien à partir de presque rien, juste parce que je savais exactement où je voulais me rendre. Seulement, j’ignorais comment. Et sa chance c’était ça. Que je sois là, que je veuille l’aider, et qu’au passage je me fiche de son humeur de merde. « Après, tu prends ce que tu veux, tu laisses ce tu veux. Mais puisque t’as déjà commencé à me raconter ta vie… » fallait bien en rire au final, « … peut-être que ça te ferait du bien de continuer, de ventiler le truc. Sauf si tu préfères garder tout ça pour ton journal intime. » La simple idée de le voir se pencher sur son journal à tous les soirs m’arracha un regard amusé.

Silence. Je filai un coup d'oeil par-dessus mon épaule, avant de faire quelques pas vers l’endroit où on était installés au sol, quelques minutes plutôt. « J’ai tout mon temps. » que je répétai, m’asseyant. « Et puis de toute façon, si tu veux garder ta réputation intacte, t’es mieux de rester avec moi plus que 15 minutes. Sinon le barman va croire que t’es du genre précoce. » éclat de rire, menace de pacotille, en pensant à ce que le dit barman, justement, s’imaginait de nous à l’instant. Franchement. Qui pouvait vraiment s’adonner à se tripoter dans une ruelle mal fâmée de nos jours? Devant son absence de réaction, j’osai le tout pour le tout « Je te file une clope si tu reviens ici… et que tu me promets de ne plus jamais m’embrasser. Ça ne te fait vraiment pas. » Chose promise chose dûe, je lui tendis la dite cigarette du bout des doigts, comme une seconde chance. Ou une troisième, m’enfin, on se comprend.

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Dernière édition par Isla L. Hamilton le Dim 13 Juil - 17:18, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: For a minute there, I lost myself. – JACKSON & ISLA   For a minute there, I lost myself. – JACKSON & ISLA EmptyDim 4 Mai - 16:00


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« Ça t’es jamais venu à l’esprit qu’il y a des gens qui peuvent être gentils, sans aucune autre arrière-pensée? »

Il avait explosé de rire. Un rire grinçant et nerveux. Jaune et désagréable. Elle était sérieuse. Mais comment pouvait elle dire ça ? Comment pouvait-elle penser ça ? Comment pouvait être être ça ? Il y croyait pas lui au mot gentil. Ni même au mot arrière pensée. On en avait tous, tout le temps. Peut être que certain en avait des moins égoïste que d’autre. Mais on ne faisait rien sans rien. C’était quelque chose d’évident. Elle vivait sur qu’elle planète pour penser le contraire. Et surtout comment cette fille faisait pour être la meilleure amie d’Ash ? Je veux dire c’était impossible. Elles étaient le jour et la nuit. Et il ne parlait pas de leur couleur de cheveux, c’était trop évident comme différence. Comment la blonde faisait pour supporter la brune. Cette fille était une putain de licorne. Avec les arc-en-ciels et tout le tintouin. Alors il riait mauvais, à s’en péter les tympans, à énerver les murs. « Mais on vit pas dans le même monde putain ! » C’était tellement évident comme phrase ! L’évidence même. Elle était conne de penser qu’elle pouvait s’intégrer au sien, même le temps d’une soirée. Qu’elle pouvait le comprendre. Et faire en sorte de l’aider. Puis lui il ne comprenait pas pourquoi. De toute façon il ne comprenait jamais rien. Alors en soit, surement que ça ne changeait rien. Il n’avait jamais eu besoin de comprendre. Mais là il ne savait pas. Peut être qu’il n’était pas assez bourré pour parler naturellement. Et parler, il n’aimait pas ça. Encore moins sur lui. Il n’y avait rien à dire. Que du venin à déverser. Et le venin elle n’aimait pas ça. Pas assez licorne pour elle sans doute. Elle devait avoir une putain de peur des reptiles quand on y penses. Il l’imaginait d’ici. Ca lui provoquait un nouveau rire ! « Mais bon t’a qu’à resté puisque t’es mère Theresa des enfoirés ! » ajouta-t-il en haussant des épaules, mauvais. De toute façon il ne pouvait pas l’empêcher de rester. Bien sûr il pouvait se barrer. Surement qu’elle ne pourrait pas le suivre indéfiniment. Mais il ne savait pas, il n’avait pas envie. Se barrer pour aller ou ? Il était un peu chez lui maintenant. C’était peut être triste, mais c’était ça. Ni plus ni moins. Et puis il avait besoin de prendre l’air. Alors il ne comptait pas bouger. Et elle ne semblait pas vouloir partir. Alors ils étaient coincé l’un avec l’autre. Oui coincé. Alors peut être qu’ils pourraient se taire, et apprécier le silence.

Ou au hasard, s’embrasser.

Hein ? Quoi ? Mais putain ? Qu’est ce qui ne tourne pas rond avec lui ? Un seconde il l’imagine comme une putain de licorne à éclater contre un mur. L’autre seconde il l’embrasse comme s’il n’avait rien de mieux à faire. Le silence était pourtant une bonne option. Mais ça gentillesse à deux balles avait du lui rentrer dans le crâne. Ou alors c’était juste sa manie de vouloir le sauver de je ne sais pas quoi qui l’attirait comme un aimant. Mais ça ne l’aidait pas de jouer au con. Ca ne l’aidait pas de lui sauter sur les lèvres. Ca ne l’aidait encore moins de se rappeler soudainement qu’il l’avait déjà fait. Il fallait dire ce n’était pas étonnant. Il avait des automatismes de merde. Surtout en ce qui concerne les femmes. Leur sauter dessus semblait être la base de ses actions. Il prendrait moche probablement si ça pouvait l’empêcher de faire quoique ce soit d’autre. Bon surement que ce n’était pas la fin du monde. Enfin peut être que si. Parce que ce n’était pas qu’un foutu baiser. C’était tous les autres qui allaient avec. C’était se putain d’automatisme. « Ça va, c’est rien qu’un baiser, on n'est pas morts non plus. » Non ils n’étaient pas mort. Pas encore. Enfin elle, elle ne risquait rien probablement. Callie était à l’hôpital, et elle n’irait pas mieux avant un moment, elle ne s’en prendrait pas à Isla. Puis même, même si elle était en colère contre la brunette, elle la rencontrerait et elle se ferait bouffer par son aura de licorne à deux balles. Lui en revanche. Il allait se prendre un sacré savon. Et toujours les mêmes reproches. Et il ne serait jamais mieux. Et il la ferait toujours souffrir. Le pire ça serait s’il la faisait pleurer encore. Il ne supportait pas lorsqu’elle pleurait. Pas que ses larmes la soulaient. C’était juste qu’il ne savait pas comment réagir, et qu’il n’en pouvait plus de la faire souffrir. Mais la quitter ne semblait pas être une bonne idée. Avec Ella etc ça ne semblait même pas négociable. Mais plus il était avec elle, plus il l’amochait. Plus il l’amochait. Plus il s’amochait lui même. C’était le cercle vicieux qu’il avait déjà instauré avec Savannah. « Tu comprends rien. » Non. En même temps il n’expliquait pas. Il pestait, râlait, l’embrassait, se frappait, mais lui expliquer c’était réellement en dehors de ses compétences. C’était toujours la même chose. « Pour un mec qui voulait m’exploser la tête tout à l’heure, je trouve que tu paniques pas mal pour peu hen. » Panique pas mal. Panique pas mal. Il ne paniquait pas. Il s’énervait. Il y avait une grosse différence. Et d’ailleurs c’était donc exactement le même sentiment que lorsqu’il voulait lui exploser la tête. La seule différence c’est qu’une fois la colère était dirigé contre elle, une autre fois contre lui. Il ne savait pas vraiment ce qui était le plus sain. « Ca peut s’arranger tu sais ! Si tu y tiens » lança-t-il vulgairement. Il n’était pas à un ou deux éclats de violence près. Ca lui tombait vite des mains les coups de poing. Comme si c’était sa seule manière de s’exprimer.

Mais faute de la taper elle, c’était contre lui qu’il s’acharnait. C’était toujours comme ça. Lorsqu’il ne cassait personne, il se cassait lui même. Mais elle ne semblait pas apprécier. Il sentit deux mains enserrer ses poignets. Et s’il se débattit quelques instants pour la forme, la fusillant surtout du regard, il finit par se laisser faire. S’il se débattait vraiment, il allait lui faire mal. Et ça ne serait pas bon pour sa culpabilité. Il se détestait déjà suffisamment comme ça pour ne pas rajouter à son tableau frapper une femme licorne. Il respira pour essayer de ce calmer alors qu’elle éloignait ses bras de sa tête. « Je peux pas t’empêcher de tomber, ça je sais. » Ah ! Elle savait ! Elle n’était donc pas si stupide qu’elle semblait l’être. Remarquable. Génial même. Yourra. Donc elle abandonnait ? Elle le laissait tranquille ? Elle reconnaissait qu’il n’y avait rien qu’elle pouvait faire pour lui ? « Mais je peux peut-être te pointer les endroits plus faciles où t’agripper pour remonter. » Ah non ! Rire nasale. Elle était sérieuse ? Mère Thérésa ne s’arrêtait donc jamais. « Et ouais, je sais, j’y connais rien. Je serais probablement morte ou stoned aux antidépresseurs si j’étais à ta place. » Ok là, il fronçait les sourcils. Il ne savait pas ou elle voulait en venir avec tout ça. Parce qu’elle pensait qu’il gérait ça comment ? Il avait passé une grosse partie de sa vie complètement défoncé, saoule, ou en prison ou il ne pouvait rien faire pour se faire du mal. Alors non, il ne gérait pas. Il n’était pas comme elle semblait l’imaginer. « J’aurais surement jamais pu endurer tout ça toute seule aussi longtemps que toi. Et c’est impressionnant, tu le savais? À quel point t’es fort, comment tu peux être solide? » Il éclata de rire. Il aurait pu vouloir y croire. Il aurait pu l’écouter. La regarder sérieusement et prendre les compliments comme il venait. Mais ce n’était pas lui. Il n’entendait pas les compliments. Il ne les recevait pas. Ils étaient tous irrecevable. Il n’était pas solide. Il n’était pas impressionnant. Il n’était pas fort. Pas comme elle l’entendait. Il était dure, il était violent, il était impressionnant de connerie et d’échec, voilà tout ! « Mais t’aurais jamais eu a endurer tout ça ! » Cracha-t-il méchant. Parce qu’elle croyait quoi ? Que c’était la mal chance qui lui avait éclaté la gueule ? Mais il ne fallait pas pousser mémé dans les orties. Ses merdes il les devait à lui et à lui seul. Il était comme ça. « Tu crois que ça tombe du ciel les merdes ou quoi ? J’les dois qu’à moi hein ! Alors non je ne suis pas ce que tu dis ! Arrête de voir le bien là ou il n’y en pas ! Tu me donnes la gerbe ! » Il n’était pas bien. Jamais été, serait jamais. C’était tout, c’était comme ça. « Mais je sais surtout ce que c'est de tout lâcher du jour au lendemain. Quand rien ne nous convient, et qu’on veut simplement repartir à zéro, aussi difficile que ça puisse paraître. » Ok là il ne suivait pas. Parce que lui les nouveaux départs il ne les gérait pas. Il n’en avait choisit aucun. Il avait quitté Chicago pour Savannah. Et puis il avait du recomposer sa vie après Savannah, et puis après la prison. Il ne choisissait pas les nouveaux départs, il ne changeait pas à s’échapper, à recommencer. « On ne repart jamais de zéro… » pourtant oui, si on lui proposait, il dirait surement oui. Mais ça ne changerait rien. Il ferait surement la même. Toujours les mêmes conneries. En différent, mais ça serait le même résultat. « J'ai l'habitude des nouveaux départs, tu vois. » Ok elle avait besoin de parler ? Elle pouvait. Lui n’était pas bon pour écouter. Mais il pouvait faire semblant. La dessus il était plutôt bon. « Pas moi. » lacha-t-il sèchement. Ok finalement il n’était pas bon pour écouter ce soir. Enfin si jamais il l’était un jour ou l’autre. Pour lui il n’était juste pas bon. C’était aussi simple que ça, et tout en découlait. Alors il n’écoutait pas les autres parler. Il écoutait distraitement les critiques qu’on lui faisait, faisant semblant de ne rien entendre, mais entendait chaque syllable. Mais quand au compliment, il faisait bien la sourde oreille. Ou il se mettait à rire. C’était drôle, les gens aveugles, à côté de leur pompe.

Mais pour une raison étrange, il avait presque envie de la croire. Il fallait dire qu’elle était presque convaincante, si calme, refusant de bouger, d’abandonner. C’était presque crédible. Mais c’était plus compliqué que ça non ? Ce n’était pas qu’une simple personne de plus qui semblait vouloir croire quelque chose de lui, peut importe ce qu’il disait. Non elle semblait avoir vu quelque chose de lui que personne d’autre n’avait vu. Personne d’autre même pas lui. C’était intriguant. Alors il se demandait. Qu’est-ce qu’il se passerait ? S’il se mettait à croire en lui ? Serait-ce une déception de plus, comme s’en était toujours ? « Après, tu prends ce que tu veux, tu laisses ce tu veux. Mais puisque t’as déjà commencé à me raconter ta vie… peut-être que ça te ferait du bien de continuer, de ventiler le truc. Sauf si tu préfères garder tout ça pour ton journal intime. » Commencer, c’était un bien grand mot, il avait lancé des bribes, et elle les avait rattraper au vol. Il roula les yeux au ciel à l’évocation d’un journal intime, se renfrognant un peu sur lui même. Il n’était pas d’humeur à rire de lui même. Il n’était pas d’humeur à rire tout court. Il n’avait pas assez bu, il avait déjà trop bu, il était dans l’état délicat de celui qui n’irait jamais mieux. « Tu sais parler aux hommes dis moi… » répondit-il sarcastique d’un ton particulièrement grinçant. Il ne serait pas étonné qu’elle soit seule. Il fallait la suivre cette nana.

J’ai tout mon temps. » Elle était tenace, plus tenace que n’importe qui. Quoique Savannah avait été comme ça, un jour, quand il n’avait pas tout fait péter. « Et puis de toute façon, si tu veux garder ta réputation intacte, t’es mieux de rester avec moi plus que 15 minutes. Sinon le barman va croire que t’es du genre précoce. » Il fut surpris. Par l’éclat de rire, presque charmant. Et par la blague. Plutôt drôle. Il laissa un fin sourire s’étirer sur ses lèvres, levant les yeux au ciel. Il se releva doucement, chaque muscle le faisait atrocement souffrir, il faut dire qu’il avait encore de foutue courbature d’avoir porter une poutre sur ses épaules pendant trop longtemps lors du tremblement de terre. « Si c’est pour ma réputation. » dit-il en haussant les épaules. Au fond il s’en foutait bien. Surtout de la part du barman. De toutes les réputations qu’il avait, celle là était surement celle qui se portait le mieux. Un bon côté d’être incapable de se retenir en présence de la gente féminine surement. « Je te file une clope si tu reviens ici… et que tu me promets de ne plus jamais m’embrasser. Ça ne se fait vraiment pas. » Il la foudroya du regard attrapa la clope et se laissa tombé à côté d’elle. « Arrête de me mettre dans des situations ou je n’ai rien à dire et ça n’arrivera pas. » finit-il comme si c’était aussi simple. Il porta la cigarette à ses lèvres avant de l’allumer, fermant les yeux un instant et profitant de la nicotine lui descendant dans les poumons. Il resta un instant là, dans le silence, à profiter de la cigarette qui se consumait entre ses lèvres. « Alors ! Ta curiosité malsaine, elle veut savoir quoi ? » demanda-t-il le rire au bout des lèvres. Comme s’il cédait, comme s’il allait parler, enfin. Comme si il rendait les armes. Comme s’il lui donnait une chance. Comme s’il se donnait une chance. « Parce que je ne sais même plus par ou commencer… ça ne fait jamais grand sens… comment est-ce que j’ai pu en arriver là. » Pourtant il se souvenait de tout, enfin dans les grandes lignes. La drogue, la violence, les erreurs, l’alcool, le sexe, la taule, la rédemption, un peu, la violence toujours, l’alcool encore plus, le sexe évidement, les erreurs de toute évidence, encore, répétitivement. « La connerie de t’embrasser… Ca reste entre nous ? Callie n’apprécierait pas. J’en ai marre de la décevoir. » Et il dis ça avec une évidence. Mais pourtant tout le monde ce dit que ce n’est pas si difficile. Que lorsqu’on veut on peut. Mais chez Jackson ça ne marchait pas comme ça visiblement.

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MessageSujet: Re: For a minute there, I lost myself. – JACKSON & ISLA   For a minute there, I lost myself. – JACKSON & ISLA EmptyJeu 8 Mai - 3:54


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Ce devait être épuisant d’être lui. Presqu’autant que d’être moi. Je disais ça, parce que tenter de voir toujours le bon côté des choses, ça prenait une dose de patience infinie. Une vision globale qu’on travaille et retravaille, un tact qu’on tente de développer quand on arrive à croiser des gens complètement à l’opposé. J’avais fait du verre à moitié plein ma philosophie très jeune, presque en même temps où mon père était décédé. J’ignorais encore comment une gamine avait pu en arriver là, mais plutôt que de passer des jours et des soirées et des week-ends à pleurer, j’avais gardé la tête haute. Ouais, j’avais eu beaucoup de peine et encore aujourd’hui, à l’anniversaire – quel terme ridicule – de la mort de mon père, j’avais encore une boule au cœur. Mais j’avançais. Le déclic s’était fait un peu sans que je le réalise, ou alors c’était encore très clair. Mais je savais qu’à un moment, après avoir vidé toutes les larmes de mon corps sur l’épaule de Leo j’avais pris une grande, une longue inspiration. Et j’avais réalisé que je ne pouvais rien faire d’autre. Je ne pouvais pas le ramener, je ne pouvais pas lui dire tout ce que j’avais à lui dire, je ne pouvais pas remonter dans le temps et lui annoncer innocemment de limiter sa consommation de bacon puisqu’une crise du cœur le fracasserait sinon quelques années après. Nop, je ne pouvais absolument rien dire et rien faire pour changer le fait qu’il était mort. Pareil pour le bras que je m’étais éclaté après avoir écouté Leo & Luke et être sautée d’en haut d’une falaise quelques années après. Ou pour les traces de mari dans mon regard et mon souffle, qui m’avaient empêché d’entrer dans la salle d’examens finaux à UCLA. Ce qui était fait, était fait. Aussi moche et cliché que ça puisse paraître. Alors je m’adaptais, je m’habituais, j’acceptais. J’analysais peu, très peu, parce que c’était à ce moment-là que je pouvais facilement perdre tout contrôle, et plonger. J’aurais pu glisser un carpe diem ou un YOLO bien senti pour exprimer l’entièrement de mon point, mais je préférai le garder bien pour moi. L’essentiel, c’était que laisser aller tout ce qui pouvait me miner le moral et m’aspirer dans un tourbillon de regrets, d’anxiété et de frustrations, ça prenait une dose considérable d’énergie. De force. Et que je savais très bien que s’il canalisait ne serait-ce que le tiers de ce qu’il pouvait penser ou faire de négatif en une journée pour le transformer en autre chose, n’importe quoi qui ne serait pas autodestructeur, il aurait déjà gagné. J’ai l’air un peu trop confiante? Il faut bien que quelqu’un le soit, là, maintenant.

Je levai les yeux vers Jackson, qui après s’être laissé calmer en revenait de plus belle avec son venin. « Mais t’aurais jamais eu a endurer tout ça ! » Je me stoppai nette, comme sonnée par son cri, me demandant honnêtement s’il me criait dessus, ou s’il se criait à lui-même. Un peu des deux, je présume. J’en profitai pour faire quelques pas en arrière, glissant mes mains dans mes poches, prête pour entendre la suite. Il m’avait laissé dire tout ce que j’avais à lancer, maintenant, il pouvait bien prendre toute la place qu’il voulait. « Tu crois que ça tombe du ciel les merdes ou quoi ? J’les dois qu’à moi hein ! Alors non je ne suis pas ce que tu dis ! Arrête de voir le bien là ou il n’y en pas ! Tu me donnes la gerbe ! » encore, encore et toujours du déni. Je mordis ma lèvre inférieure, parce qu’à l’instant, c’était moi qui aurais pu être malade devant quelqu’un d’aussi négatif. D’aussi désespéré. Ouais, désespéré aurait été le mot. Pas désespérant, du genre qu’on regarde au loin avec l’impression qu’il fonce droit dans un mur, mais bien complètement paumé, au bout du rouleau, sans ressources. « T’aimerais mieux que je retire tout ce que j’ai dit jusqu’à maintenant et qu’on mette ça sur le compte de la malchance? » que je demandai, sur le même ton sarcastique, excédée. J’avais l’impression qu’on tournait en rond. Je l’énervais parce que je voyais des paillettes et des deuxièmes chances partout, il me poussait à bout en tentant de toutes ses forces de faire ressortir tout ce qu’il pouvait y avoir de négatif en moi. « Ou alors que je me range de ton côté et que j’affirme haut et fort que tu es maudit? Que tu réussiras jamais à faire autre chose que de la merde, partout où tu mets les pieds? » J’avais levé les mains, appuyant mes propos, en attente d’une réponse. C’est vrai que c’aurait été facile, de juste abandonner. De lui donner le rôle de la victime, ou du bad guy comme il le voulait, de jeter l’éponge, et d’aller jouer avec des bisounours plus loin. Ç’aurait été particulièrement rapide et simple de ramasser mes trucs et de rentrer chez Deklan, pour d’abord maudire Jackson avant de finir par empiler les bières avec le gallois et me féliciter d’avoir choisi cette vie plutôt que celle de la trempe du Monroe. Mais je restais là, les jambes ancrées au sol, le regard qui soutenait le sien. J’en avais marre des trucs simples, voilà. J’avais envie de plus, j’avais envie de sentir que je ne faisais pas que ce qui m’arrangeait, que je ne fuyais pas du moment où je me sentais déraper, hors de contrôle, ou trop en contrôle. Je restais là pour moi, mais surtout pour lui.

Silence. « On ne repart jamais de zéro… » Il avait raison, putain qu’il avait raison. Je ravalai, me rappelant que plusieurs fois depuis mon retour je dévisageais mon reflet dans le miroir pour reconnaître trop souvent la Isla d’avant. Longue inspiration, mes prunelles brillaient. « Tu peux au moins faire l’effort de rayer ce qui ne fonctionne pas et de capitaliser sur ce qui te convient. » je le dis autant pour lui que pour moi, ravalant mes propres problèmes et mes propres questionnements, les gardant pour une autre fois, lorsque Jackson viendrait prendre le thé à mon appartement et où il s’ouvrirait à moi comme un livre ouvert, pleurant même lorsqu’ensemble on aurait tout régler de ses problème. C’était beau, rêver. Puis vint son refus, ou plutôt, son ignorance totale des nouveaux départs. J’haussai les épaules, avant qu’un « Ça s’apprend. » glisse de mes lèvres, le moindre espoir tentant de s’immiscer dans sa tête. Je finis par m’installer de nouveau au sol, bien décidée à lui montrer que s’il voulait continuer nos échanges, j’étais pas prête de partir. Et que si, plutôt, il voulait simplement ficher le camp & ne plus jamais m’adresser la moindre parole, sauf peut-être un soupir entendu quelques fois où il serait dans une bonne journée, que je ne le retiendrais pas non plus. J’avais beau mettre toute mon énergie sur son cas depuis le début de la soirée, je pouvais pas pousser toute seule non plus. Certains m’auraient dit de le laisser là mariner dans ce qui lui restait de bon sens, mais encore une fois, c’était trop facile. La solution commode, pratique, elle était chiante aussi. Beaucoup. Une menace en carton par ci, une réplique sarcastique par là, et il revenait s’installer à mes côtés, attrapant même au passage la cigarette de trêve que je lui tendais du bout des doigts. « Si c’est pour ma réputation. » qu’il ajouta, une mince sourire se dessinant sur ses lèvres, et je lui souris en retour. J’étais loin, très loin de l’avoir atteint, mais au moins, il avait remarqué le drapeau blanc que je brandissais du bout des bras depuis tout à l’heure, consciente que je devais le rassurer sur mes intentions avant même de pouvoir en tirer quoique ce soit de sa part. J’appuyai ma tête sur la brique froide derrière moi, fixant le ciel étoilé qui illuminait l’allée. Ç’aurait presque pu être romantique, si on avait été hors d’une ruelle où d’un côté les poubelles empestaient après avoir passé la journée au soleil, et qu’à quelques mètres de nous un clochard rôdait, attendant visiblement qu’on fiche le camp pour qu’il puisse venir piquer nos bouteilles vides dans l’espoir d’y récupérer quelques gorgées. Jackson mentionna que si je m’attendais à ce qu’il ne m’embrasse plus, je devais d’abord arrêter de le ficher dans des situations où c’était la seule issue, et je me retins vraiment très fort d’éclater de rire. Charmeur un jour, charmeur toujours que j’eus envie de rajouter, lui qui sans faire le moindre effort arriverait surement à embrasser toutes les filles présentes à l’instant à l’intérieur du Barking rien qu’à pointer sa tronche de mauvais garçon à bout de nerfs. Je préférai étirer ma main et lui prendre doucement la cigarette qu’il délaissait déjà entre ses doigts, occupé à penser à je ne sais quoi. Le silence, encore et toujours. Ça nous faisait du bien, je pense.

« Alors ! Ta curiosité malsaine, elle veut savoir quoi ? » J’aspirai la nicotine, muette. Il avait pas compris. Absolument rien de ce que j’avais pu lui dire n’avait été retenu. C’était tout sauf parce que j’étais curieuse, ou parce que j’étais en manque de potins sur son cas, ou même si, au fond, j’avais envie de juger, de juger tous ses moindres faits et gestes. Nah, limite, je m’en fichais de ce qu’il faisait de sa vie. Ce que je voulais moi, c’était savoir quoi faire, comment faire pour qu’il se fasse le moindrement confiance assez pour vouloir mieux. Pour attirer mieux, aussi. « Parce que je ne sais même plus par ou commencer… ça ne fait jamais grand sens… comment est-ce que j’ai pu en arriver là. » Oh, les racines. C’était plus intéressant, plus concret, plus solide aussi. Je me redressai, lui tendant de nouveau la cigarette allumée, me passant une main dans les cheveux. « Tu étais comment… avant? » que je tentai, tournant la tête vers lui. « Avant la grande débandade, appelons ça comme ça. » que je précisai, au cas où il le fallait. La tête tournée vers lui, je ne pu m’empêcher d’esquisser un sourire compatissant lorsqu’il ajouta faussement distrait « La connerie de t’embrasser… Ca reste entre nous ? Callie n’apprécierait pas. J’en ai marre de la décevoir. ». Ouais, bien sûr que j’irais voir Callie, lui rapportant exactement ça, qu’il m’avait embrassé, au fin fond d’une ruelle crade. Sans mise en contexte, sans explications. « Je resterai muette à la condition que tu mentionnes au barman que ma poitrine est l’une des plus énormes et des plus naturelles que tu aies pu voir de ta vie. » J’éclatai de rire, pour ajouter à la blague. « J’rigole. Bien sûr que je ne lui dirai rien, je la connais même pas, et puis, rien qu’à te voir, c’est presque blessant tellement c’était pas intentionnel… » je roulai des yeux, tiquant tout de même sur ce qu’il avait ajouté ensuite. La décevoir. Il avait parlé plus haut aussi d’un enfant, et de l’hôpital. Terrain glissant? Il avait pourtant mentionné que je pouvais lui demander exactement ce que je voulais savoir… Autant crever l’abcès maintenant. « Et si tu me parlais d’elle… de Callie? T’as dit que vous aviez eu une fille ensemble, c’est ça? » Je savais que d’ouvrir ce sujet-là, c’était comme une grande, une giga boîte de Pandore. Et le pire là-dedans, c’était que j’y fonçais droit, droit devant. Probablement qu’il exploserait de nouveau, ou qu’il se murerait dans un silence plein de malaises. Rien qu’à voir la façon dont son expression, dont son regard changeait lorsqu’il les abordait toutes les deux, je pouvais déjà prédire le pire. Mais bon, tant qu’à l’avoir là, si proche, autant tenter le tout pour le tout.

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Dernière édition par Isla L. Hamilton le Dim 13 Juil - 17:19, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: For a minute there, I lost myself. – JACKSON & ISLA   For a minute there, I lost myself. – JACKSON & ISLA EmptySam 10 Mai - 20:04


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Il était mort. Au fond. Depuis longtemps. Il s’était cassé comme on se casse une jambe, et jamais réparé. Une horloge qui marche à l’envers. Un appareil domestique qui a une durée de vie de plus en plus courte mais qu’on rallonge tant qu’on peut. Un putain de gamin de conte de fée qui s’est perdu et jamais retrouvé. Il aurait souhaité. Etre mort. Ca aurait été tellement plus simple. Tellement mieux. Pour beaucoup de gens. Et il aurait eu des raisons. De s’en prendre une dans la tête, purement et simplement, de convulser comme un damner, de cracher la coke par le nez, de se faire achever à coup de poing, de s’en tirer une… Il aurait eu des milliers de raison, des milliers de façon. De débarrasser le plancher, de laisser tout le monde tranquille, de n’emmerder plus personne, de leur permettre de vivre, enfin. Au fond il le savait, il le voyait dans ses yeux lorsqu’il se regardait dans le miroir, ou dans le fond de son verre, il était devenu son père. Son putain de père. Alcoolique notoire, violent et ingérable, une épave. Et le faite d’en être conscient ne le sauvait pas. Le faite de vouloir faire mieux ne l’aidait pas. Il se roulait dans sa merde sans réussir à dépasser ça. Oh bien sûr, il savait, il était légèrement moins pire. Il pensait. Il ne lèverait jamais la main sur une femme. Il ne l’avait jamais levé sur Callie par exemple. Et pourtant elle l’avait peut être mérité. Il était sanguin, la violence était son truc, les coups partaient avant les mots. Et elles les avaient cherché les coups. Elle lui en avait donné des coups, de gifles, des coups de poing. Oh avec lui elle était violente. Et il avait encaisser, mâchoire serré, la laissant faire, la laissant se calmer sur lui si ça pouvait l’aider. Ce n’était pas comme si elle lui faisait vraiment mal. C’était dans la tête que ça faisait mal, c’était mentalement douloureux, humiliant, destructeur de voir à quel point elle pouvait le détester, à quel point il pouvait la décevoir. Physiquement ce n’était rien, physiquement il en avait vu d’autre, physiquement il y avait beaucoup de marge. Mais il n’avait pas rendu la pareil. Il n’aurait jamais osé. Alors peut être qu’il était moins pire. Mais il se sentait sur la pente glissante. Il se sentait vrillé de rage à chaque fois qu’elle l’imaginait presque pire qu’il ne voulait être. S’il n’était pas exactement au fond du trou, elle s’imaginait qu’il y était déjà. Et parfois, pendant une seconde, il espérait que son amour pour lui lui permette de le tirer vers le haut. Si elle savait qu’il ne demandait que ça. Qu’au fond il aimerait être le mec parfait pour elle, celui qui ne la ferait pas pleurer, celui qui ne la mettrait pas dans tout ces états. Mais il était lucide. Il ne l’était pas, il ne le serait jamais, c’était voué à l’échec. Il était voué à l’échec.

Et personne. Personne ne pouvait arranger ça. Pas même Isla. Pas même l’ancienne venue revenue à neuf. Pas même tout l’optimisme du monde ne pourrait changer ça. Et puis il ne voulait pas. On se brulait les ailes à vouloir l’arranger. Il avait brulé celle de Savie, il avait finit d’incendier celle de Callie, il ne brulerait pas celle d’Isla. Surtout qu’il n’était rien pour elle. « T’aimerais mieux que je retire tout ce que j’ai dit jusqu’à maintenant et qu’on mette ça sur le compte de la malchance? » Malchance. Un mot qui aurait été tellement facile à employer. Elle le voyait comment ? Comme un idiot pessimiste superstitieux qui croit au destin ? Foutaise ! « Mais y a pas de malchance ! C’est moi tout ça ! C’est moi ! » Il avait fait de grand geste. Il ne savait pas pourquoi il s’acharnait. Pourquoi il voulait lui montrer à quel point c’était peine perdue. Pourtant devant personne encore il n’avait pris le risque de révélé à quel point il était mal, excédé, à côté de ses pompes, à quel point il se haïssait, plutôt que de haïr le monde. « Ou alors que je me range de ton côté et que j’affirme haut et fort que tu es maudit? Que tu réussiras jamais à faire autre chose que de la merde, partout où tu mets les pieds? » Maudit. Il ne savait pas. C’était facile, encore, de dire que ce n’était pas de sa faute. La colère d’Isla l’avait calmé pourtant. Etrangement il ne trouvait pas la force de crier plus fort qu’elle, de faire plus de geste. Ce n’était pourtant pas ses paroles qui trouvaient échos en lui. Il ne savait pas quoi en faire, de ses paroles. Il ne savait pas quoi en dire. Il la regarda un moment, impuissant. Il n’avait pas toutes les réponses. S’ils les avaient il ne serait pas dans cet état là. Il ne serait pas si mal parti. Il ne serait pas enterré si profond. Mais s’il avait vraiment arrêté de chercher, alors il n’aurait plus d’oxygène non plus, au fond de son trou. Non il se débattait, et il ressortait la tête, de temps en temps, avant de sombrer. Elle devait s’en douter. Elle devait le sentir. « J’en sais rien ok ? » avait-il lâché, résidus de violence dans sa voix. « Mais les preuves sont là, je ne fais rien de bien, je merde toujours, quelque part en chemin, et c’est pire à chaque fois. Et c’est trop facile de dire que j’suis maudit, c’est juste moi, on ne change pas. » Ou plus maintenant, plus à son âge, plus aujourd’hui. Peut être aurait-il eu l’occasion. Peut être que si on était venu le chercher lorsqu’il avait commencé la drogue. Peut être que si on l’avait sorti de là lorsqu’il sortait une fois de prison. Peut être qu’à ce moment là on aurait pu le sauver. Mais il y avait eu la fois de trop. Il y avait eu la perte de Savannah. Il y avait eu le coup de grâce. Maintenant il n’y croyait plus. Il ne croyait plus en lui. Il n’y avait plus rien. Terre brûlée.

« Tu peux au moins faire l’effort de rayer ce qui ne fonctionne pas et de capitaliser sur ce qui te convient. » Il avait envie d’éclater de rire. Savait-elle a qui elle s’adressait ? Avait-elle remarqué qu’il était le gars le plus pessimiste de la terre avec le moins de self estime. Que pensait-elle qu’il allait dire quand à ce qui lui convenait ? Pensait-elle seulement qu’il y est une putain de chose qui lui convenait. Même les choses convenables ne lui convenait pas. Parce qu’il avait la certitude qu’il finirait par les casser. Prenons Ash, par exemple, sa blonde, sa « meilleure amie » la seule qu’il avait étrangement pas encore l’impression d’avoir cassé, la seule qui semblait assez forte pour le supporter, pour lui survivre, pas amochée. La seule qu’il laisserait véritablement approcher, les yeux fermé, et qu’il laisserait agir, même si elle voulait entièrement le remodeler. Le truc c’est qu’étrangement elle ne voulait pas. Etrangement elle n’en faisait rien. Etrangement elle s’était habitué à ce qu’il était, et elle l’assistait, lui évitant seulement les plus grosses conneries, le rattrapant lorsqu’il était vraiment au bord du gouffre. Combien de temps avant qu’il parvienne à ses fins non voulu. A cette date de péremption, à son explosion qui la soufflera avec ? Un an, deux ans, dix ans peut être s’il tenait jusque là… « Ce qui me convient ? » demanda-t-il sarcastique. On allait pas aller loin comme ça. « Quand à ce qui ne fonctionne pas… J’ai pas la vingtaine hein, je suis pas sans attache, je ne peux pas simplement rayé ce qui ne fonctionne pas ! Parce que se qui ne fonctionne pas ne se raye pas ! » Comment rayer Ella ? Aussi horrible que c’était de l’admettre, elle ne fonctionnait pas. Ca ne fonctionnait pas. Ca ne fonctionnerait jamais. Mais on allait ou avec ça ? Il n’allait pas la foutre dans un congel non plus. « Ça s’apprend. » La aussi c’était drôle. Drôle de dire ça à lui. Lui qui était incapable d’apprendre. Parfois il se disait que s’il était capable de lire et d’écrire, ça relevait du miracle. Alors non, encore une fois ça ne s’apprenait pas. Elle n’était pas dans ses pompes, elle ne le serait jamais, et elle pouvait pas faire marcher son expérience sur lui. Elle n’était pas lui. « Ecoute, j’apprécie ce que tu essayes de faire. C’est con, et vraiment inutile, mais vraiment j’apprécie. » C’était gentil, c’était les traces d’un abandon aussi. La marque de celui qui n’a même plus la force de s’énerver. Celui qui n’a plus rien. Plus rien pour le faire avancer. Ouai, il n’avait plus envie. Il n’avait surement jamais eu l’envie. Mais maintenant après le tremblement de terre, c’était encore pire. Ca le tentait encore moins.

Il s’était laissé aller contre le mur. S’il y avait un truc que faisait Isla, c’était qu’elle le faisait réfléchir. C’était étrange. Il n’était même pas du genre à réfléchir, mais elle le bousculait. On osait rarement lui tenir tête comme ça. Son sarcasme, son pessimisme, son cynisme, c’était un bouclé pour qu’on le laisse tranquille, pour qu’on le laisse dans sa merde. Et généralement ça marchait. On aimait pas entendre les gens se plaindre, il n’aimait pas se plaindre, mais il le faisait volontiers, pour qu’on le laisse tranquille, pour les gens qui n’ont pas peur de la violence. Parce qu’en premier lieu il faisait son connard, son enfoiré de première, son violent, son assoiffé de mâchoire déboité, son je veux en découdre avec le monde mais surtout avec ta gueule. Ca faisait fuir les plus faciles, les plus peureux, les moins accroché. Après il faisait l’alcool triste, le pauvre type, ça faisait fuir les autre. Les autres mais pas elle. C’était la meilleure amie d’Ash, il fallait s’y attendre aussi. Forcément qu’elle en avait dans le ventre. Forcément aussi qu’elle n’avait pas peur de lui. Ou qu’elle savait bien le disséminer. Il fallait être con aussi pour être une femme et avoir peur de lui, il était de ceux qui écrase un coeur sans faire gaffe, pas de ceux qui brise un poignet pour jouir. Donc elle ne s’était pas démonté. Donc elle avait continuée. Donc elle s’était acharnée. Et lui pauvre fou, il avait réfléchit. Mais ça lui fait mal de réfléchir. Ca le perd la réflexion. Il n’est pas si con que ça, au fond. Et il se rend compte de tout, de tout le mal qu’il fait, qu’il se fait. Et il ne sait plus vivre avec. Heureux ceux qui ne savent pas. « Tu étais comment… avant? Avant la grande débandade, appelons ça comme ça. » Mais elle ne comprend pas ça, Isla, que ça le protège, d’ignorer. Et elle continuer à poser ses questions. Et ses questions le heurtent. Et il réfléchit. Il reste un instant bouche bée, ses sourcils froncés par la reflexion. Il était comment… avant ? Et c’était quand… Avant ? C’est con comme question. Con parce que la réponse est horrible. Horrible à dire, horrible à penser… « Je ne sais plus… » Parce qu’il ne sait plus. Il a oublié avant. Détruit, en cendre l’innocent, le joyeux, s’il a été comme ça. Celui qui ne fait pas tout de travers. Instinctivement pourtant il a une réponse, mais la réponse est horrible. Avant il avait huit ans, et sa mère était encore en vie. Sa douce mère lui souriait encore, et calmait son père. Mais huit ans c’est loin, il s’en souvient à peine. Les souvenirs ont été lavé, effacé, détruit par tout ça, par la grande débandade comme on pouvait l’appeler. Mais huit ans c’était jeune. On ne se détruit pas à neuf ans. Ou peut être que si. Au fond, il a l’impression que depuis qu’il n’a plus sa mère plus rien n’est jamais allé droit. Mais c’est cliché. Mais c’est peut être le cas. C’est peut être aussi con que ça. « J’étais môme je crois… » Môme. On est tous innocent quand on est môme. Et il se souvient de ses yeux lorsqu’il regardait Savannah, bourré d’étoile. Ca, ça à durer longtemps encore. Ca dure toujours. Elle ressemble tellement à sa mère Savannah. Forcément lui à côté il a hérité de son père. Elle pouvait pas faire deux enfants comme elle… C’est bien con, tout ça, toute cette histoire, tout ces déboires. « Je resterai muette à la condition que tu mentionnes au barman que ma poitrine est l’une des plus énormes et des plus naturelles que tu aies pu voir de ta vie. » Ton regard se baisse automatiquement sur sa poitrine. Elle la cherché. Elle a de la chance il n’a pas mis les mains. Il regarde sa poitrine et il se dit que c’est faux, que le barman ne le croira pas. Parce que pour le barman, Jackson c’est celui qui a vu toutes les poitrines de Los Angeles. Et faut pas se foutre de sa gueule, elle en a une belle Isla, surement, peut être, mais delà à être plus belle que toute celle de Los Angeles… Et puis celle de Callie… Il reste pensif, alors qu’elle l’arrête. « J’rigole. Bien sûr que je ne lui dirai rien, je la connais même pas, et puis, rien qu’à te voir, c’est presque blessant tellement c’était pas intentionnel… » Tu relèves les yeux de sa poitrine, tu souffles un peu. Ouai, c’était évident comme réponse surement. Mais on ne sait jamais. Callie a la fâcheuse manie de savoir, a croire que ça se sent. Ou alors c’est juste parce qu’elle assume que forcément il n’a pas su bien se tenir. C’est possible aussi. Il ne sait pas se tenir. C’est sûr. « Je t’ai vexé ? » Il demande. C’est pas comme si il en avait quelque chose à foutre au fond, il a l’habitude, et puis il l’avait prévenu, que ça ne se passerait pas bien. Mais il sait pas, acquis de conscience, il demande. Il ne s’excusera pas pour autant. Carapace de connard quand il veut. « Et si tu me parlais d’elle… de Callie? T’as dit que vous aviez eu une fille ensemble, c’est ça? » Instinctivement sa mâchoire se sert, et il grince des dents, il inspire plus profondément. Ca le fait chiez… De répondre. Il ne sait même pas quoi en dire de Callie. Mais il a l’impression qu’il a commencé de parler, qu’elle a commencer à taper dans son cerveau, et que de toute façon il va y penser. Autant penser à voix haute. Ca soulagera la conscience. Un peu. Il hoche la tête péniblement. « Ella, elle a six mois, je crois… » Ca s’annonce déjà mal, il n’est pas sûr, il n’est jamais sûr, il a mis presque un mois à retenir son prénom, à la gamine, alors la date de naissance… « Elle dit qu’elle m’aime, mais c’est une bêtise, j’arrive pas à être bon pour elle, je ne suis pas ce qu’elle veut… » Ou peut être que si, mais elle voudrait que tu changes. Forcément en même temps qui ne voudrait pas ? T’es qu’un con. « J’lui ai dit que j’assumais, que je faisais pas mon connard, mais je sais pas faire tout ça… Etre père, être fidèle, ne pas la faire pleurer… » Ne pas la mettre en colère non plus. Oh ça oui, tu l’amoches, la pauvre. « J’l’ai démolie » figurativement parlant, parce qu’au fond tu n’as rien fait. Mais enfin tu te sens coupable, pour le tremblement de terre, parce que t’étais parti. T’était pas sûr de revenir… Tu l’avais laissé. Enfoiré que tu es… Alors peut être que c’est de ta faute, si elle en est là. Et toi ici.
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MessageSujet: Re: For a minute there, I lost myself. – JACKSON & ISLA   For a minute there, I lost myself. – JACKSON & ISLA EmptyDim 6 Juil - 2:56


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J’aurais pu rester là, muette, encore bien longtemps. À fixer les étoiles, à me demander si ma mère, si Leo, si mon père voyaient la même chose que moi, de l’endroit où ils se trouvaient. J’aurais pu garder les lèvres scellées et rester là, près de lui aussi longtemps que ça aurait duré, aussi longtemps qu’on aurait pu. Malgré les cris et les bousculades, il n’avait pas réussi à me briser, ou du moins, il avait à peine écorché ce qui me servait de carapace depuis plus longtemps que j’aurais pu le réaliser. Mini, micro carapace, que je m’amusais à camoufler derrière mes grands yeux, mon sourire d’ange. C’était ce qui me sauvait la plupart du temps, lorsque je me frottais à des situations où je n’étais clairement pas la bienvenue. Mais hey, je l’avais cherché, et maintenant, j’y étais. Je n’avais qu’à tenir bon encore un peu, qu’à poser les bonnes questions, qu’à le laisser se vider la tête plutôt que serrer les poings et j’arriverais peut-être à fermer un œil le cœur un peu plus calme dans quelques heures. L’impact qu’une bonne action a sur soi, peut-être, l’envie de lui en coller une verbalement depuis si longtemps, certainement. « Mais y a pas de malchance ! C’est moi tout ça ! C’est moi ! » Ses cris, son agitement, ses yeux perçants. J’en avais vu d’autres vrai, mais de l’avoir piqué ainsi, pour que non seulement il reste près de moi mais surtout m’entraine à l’écart, me confirmait tout ce que j’avais voulu savoir depuis longtemps. « J’en sais rien ok ? Mais les preuves sont là, je ne fais rien de bien, je merde toujours, quelque part en chemin, et c’est pire à chaque fois. Et c’est trop facile de dire que j’suis maudit, c’est juste moi, on ne change pas. » J’avais sursauté, bêtement, mes prunelles noisettes fixées sur lui, dans l’attente. J’ignorais de quoi hen. Mais je le voyais s’évertuer, crier, me l’hurler sur tous les tons. Qu’il était la cause, la conséquence, la victime, le coupable, ce que vous voulez. Mais que tout partait de lui. Je savais ça, qu’il n’était jamais à l’abri de faire une connerie, de merder, d’être le mec à la ramasse qui causait les dommages. Mais de là à lui faire porter le chapeau en entier, à dire qu’il était le grand méchant loup, y’avait une marche, un très gros pallier à franchir. Le truc, c’était qu’il n’était pas méchant, que malgré ses mauvaises très – trop – mauvaises habitudes il n’avait pas de malice. Ça je savais. Paumé, mais pas malveillant. Et au fond, je l’avais vu, y’avait quelque chose de bien. De caché oui, mais c’était là j’aurais pu le jurer. Et ça, ça excusait toutes les merdes qu’il prévoyait encore me balancer d’ici à ce qu’on se sépare. J’avais confiance en lui.

Je me surpris à me demander ce que vraiment, on pouvait ressentir lorsqu’on était à sa place. Comment on pouvait en finir par aboutir à cet endroit, dans cette position, à voir tout ce qu’on construit ficher le camp au sol tout autour de nous. Le sentiment d’être impuissant, nocif, corrosif, ça suffirait à plusieurs pour jeter l’éponge, pour abandonner, pour fuir, pour se tuer même. La déprime elle aussi se fraye un beau chemin à travers nos malchances et on n’est jamais vraiment à l’abri au final. Je l'observai, me questionnant toujours. Qu’est-ce qu’on pouvait bien se dire, comment est-ce qu’on pouvait se convaincre qu’un jour, nos efforts même les plus vains pouvaient changer les choses, les améliorer? Il avait beau dire, se plaindre, chambouler tout, mais la réponse était là. Il n’avait pas baissé les bras, jamais. Et ça, il ne le voyait pas j’aurais pu parier. Nah, il devait se détailler tous ses échecs plutôt que de réaliser qu’il était bien plus un battant que l’histoire ne le disait. Ou alors, il y avait quelqu’un là-haut qui le regardait faire, s’évertuer, tirer dans tous les sens… et qui se chargeait en petit chef de faire échouer tous ses plans même les plus simples pour son propre plaisir. De le voir avancer dans la bonne direction et de lui ficher des embuches à tous les coins de rues devait bien faire marrer quiconque tenait les ficelles à l’autre bout faut croire.

« Ce qui me convient ? » je pinçai les lèvres, attendant la suite en secouant la tête devant son incompréhension. «  Quand à ce qui ne fonctionne pas… J’ai pas la vingtaine hein, je suis pas sans attache, je ne peux pas simplement rayé ce qui ne fonctionne pas ! Parce que se qui ne fonctionne pas ne se raye pas ! »  Être jeune, libre, fou… fallait pas me faire pleurer non plus, il avait probablement mieux profité de sa jeunesse que plusieurs d’entre nous alors bon, pas qu’il était temps qu’il se case mais disons qu’il avait eu son lot d’aventures aussi. Restait que quelque chose me faisait tiquer dans son discours, et je pus à peine m’empêcher de froncer les sourcils avant d’annoncer : « Je parlais pas de ce qui est extérieur, des conséquences, de ce que tu ne peux pas contrôler. Je pensais plutôt à ce qui ne te convient pas, à toi, ici. » J’avais même osé joindre le geste à la parole en touchant du bout du doigt son torse, directement là où on nous apprenait bêtement que le cœur se trouvait. Je le sentis se raidir avant de le voir détourner le regard. Ah ben voilà, on tenait quelque chose. « Il doit bien y avoir un blocage là si tu n’arrives plus à avancer. Si comme tu le dis si bien tu bousilles tout ce que tu touches, peut-être que c’est parce que tu te bloques toi-même. » Je laissai tomber mes doigts le long de sa silhouette avant de pencher la tête sur le côté, pensive. Chaque parole aurait pu m’être relancé rien qu’à voir la façon dont je m’étais comportée quelques années plus tôt. Blocages, je vous connais par cœur. « Et puis ça ne prend pas non plus un détective pour comprendre que y’a des trucs là-dedans pour lesquels tu n’es pas prêt. Et plutôt que de faire face, tu casses ce qui cloche à tes yeux. » J’haussai les épaules. Il n’arrivait clairement pas à gérer et la copine, et la gamine et ça non plus, j’aurais pas eu besoin de l’aide de grands professionnels de l’évidence pour comprendre. « On a les mécanismes d’auto-défense qu’on peut, hen. »

Le silence pesait, mais encore une fois, ça me faisait du bien. C’était tout un boulot dans lequel je m’étais embarquée ce soir-là, et alors que j’aurais pu siroter ma bière en finalisant un article bidon pour un journal qui l’était tout autant, je me retrouvais à psychanalyser un mec qui m’avait à peine parlé dans sa vie, et au passage à en apprendre beaucoup sur des comportements plutôt idiots que je répétais encore et encore. « Ecoute, j’apprécie ce que tu essayes de faire. C’est con, et vraiment inutile, mais vraiment j’apprécie. » Je ne trouvais pas les mots. J’aurais pu me faire un highfive mental, ou lui filer un long baiser sur la joue. Le remercier avec des notes chantantes dans la voix, ou même faire une danse de la victoire. Mais je ne dis rien, je ne fis rien. Je savais que ça lui avait tout pris, tout, pour avancer ce remerciement-là. Je le sentais à son ton, hésitant, et à son regard qui n’en finissait plus de fuir le mien. Mais je me contentai de hocher lentement la tête, acceptant tout ce qu’il me donnait. Son respect, mais surtout la confirmation que malgré le fait que je devais l’emmerder grave avec mes idées de bonheur à saveur de licorne, y’avait un miracle qui s’était produit entre nos cris respectifs et sa façon bien à lui de se radoucir, de me faire une place dans ce qu’il vivait, aussi petite soit-elle. Je me contentai de sourire, reportant de nouveau mon attention sur les étoiles au-dessus de nos têtes, compatissante. Il était sérieux, il voulait vraiment. C’était comme si une pression de plusieurs années quittait mes épaules, amenant avec elle le malaise des débuts. Maintenant, le plus dur commençait. Je tâtai le terrain en ce sens en lui demandant il était comment, avant que tout finisse par s’effriter. « Je ne sais plus… » qu’il répondit, vague. Je m’étais redressé un peu plus, tendant l’oreille. « J’étais môme je crois… »

Jackson sourit en coin avec le même air pensif qu’il avait lorsque j’osais lui poser une nouvelle question. Ce sourire, ce doute, ça me fit réaliser que mine de rien, passer une vie comme il venait de le faire, c’était pire que ce que j’avais eu comme impression, que ce que je croyais de lui. Ce que j’avais vu, ce que je connaissais, c’était un ado turbulent qui avec le temps s’était métamorphosé en évolution d’adulte paumé. Mais à l’entendre, ça allait à plus loin encore, gamin. Un enfant ne pouvait pas grandir dans un monde où il a l’impression que tous sont contre lui. Il ne peut pas évoluer et avancer avec ce genre de façons de faire, de fonctionnements, non? Quelque chose avait dû le casser bien, bien loin derrière, le faisant passer d’un extrême à un autre... même si enfant il ne devait pas être de tout repos non plus. Je sentis son regard se perdre sur ma poitrine, résultat d’une mauvaise blague que j’avais faite pour détendre l’atmosphère, et je secouai la tête accompagnant le mouvement d'un éclat de rire, me disant qu’il fallait bien dédramatiser pour la forme. Si l’atmosphère tournait au lourd tout le temps ça ne le ferait pas ni pour lui ni pour moi. Il était resté, moi aussi, autant construire un truc qui nous allumait tous les deux plutôt que de simplement s’emmerder et signer notre arrêt de mort. M’enfin, c’était ce que je m’imaginais tiens. Je savais bien, de toute façon, que je ne règlerais rien entre nous et surtout pas dans sa vie en une soirée. Le sauver encore moins, si tel était vraiment ce à quoi j’aspirais, mais ce moment-là, cet instant qu’on partageait à l’abri de tout le monde était beaucoup plus précieux qu’il n’y paraissait. Je l’attendais depuis longtemps déjà, aussi longtemps que je l’avais évité même. J’avais pas le droit à l’erreur. « Je suis capable d’en prendre plus que ça. » que je répondis au tact au tact, lorsqu’il me questionna à savoir s’il m’avait vexé. Le simple fait qu’il demande me rendit encore un peu plus confortable, me montrant que peut-être, finalement, je n’étais pas si chiante ni dérangeante que ça. Et je ne pu m’empêcher de penser à Annibal, un visage qui m’en avait fait voir de toutes les couleurs, il y avait déjà 3 ans de cela. Tout juste avant de remettre les pieds à L.A., alors que je cherchais où et quoi faire, il m’avait intercepté le temps de faire sortir la bad Isla, celle qui se fichait de tout éperdument et qui était prête à endurer un peu n’importe quoi pour retarder son retour. Bizarrement, à l’instant, Jackson aurait pu me dire ou me faire n’importe quoi que je serais restée dans cet état de je m’en foutisme, tellement j’avais la tête bien fixée sur mon objectif. À l’époque, ça aurait été d’oublier que pendant toutes ces années j’avais parcouru le monde parce que je m’étais perdue, et aujourd’hui, ça se résumait bien évidemment à tenter d’immiscer dans sa tête le moindrement une bonne idée, rien qu’une. Un peu d’espoir même, qui sait si j’étais chanceuse.

Et nous voilà à aborder la famille, la sienne. Je me penchai un peu plus dans sa direction, sentant au passage un mélange de bière et de cigarette qu’il dégageait nonchalamment. Seigneur que j’aurais payé cher pour une clope là, maintenant. « Ella, elle a six mois, je crois… » Mon sourcil se leva même sans que je m’en rende compte. Il n’était pas certain? Ça confirmait ce que je pensais plus tôt… « Elle dit qu’elle m’aime, mais c’est une bêtise, j’arrive pas à être bon pour elle, je ne suis pas ce qu’elle veut… J’lui ai dit que j’assumais, que je faisais pas mon connard, mais je sais pas faire tout ça… Etre père, être fidèle, ne pas la faire pleurer… » Cette fille… elle était peut-être exactement ce dont il avait besoin pour voir qu’il n’était pas autant une merde qu’il le proclamait. À l’entendre parler, à le voir aussi, tellement dérangé, tellement déçu de là où il l’avait foutu, c’était criant que la femme qui était dans sa vie en ce moment était probablement l’une des meilleures choses qui auraient pu lui arriver. Il multipliait peut-être les gaffes, il avait surement et clairement de mauvaises habitudes à régler, mais au fond, c’était un mec bien. Faire un bébé, être père, vouloir rester pour la mère de son enfant et ne pas l’abandonner à son sort, en prenant dès les débuts ses responsabilités, tout ça, ça prouvait qu’il y avait quelque chose là aussi. J’étais pas folle, m’enfin, pas à son sujet. « J’l’ai démolie » Not so fast, Jacksie, que j’eus envie de lui répliquer, mais je me retins. Même s’il le disait tout bas, même s’il n’avait pas l’air de réaliser ce qu’il venait de statuer, je sentais qu’il avait mal, que ça le démangeait de l’avoir blessé autant, qu’il savait au fond qu’il avait gaffé, qu’il voulait vraiment changer même s’il savait pertinemment que ce n’était pas si facile. Je soupirai, c’était plus fort que moi, avant de la détailler une nouvelle fois. Toujours les mêmes yeux rouges, bouffis. La mâchoire un peu plus relâchée par contre, comme s’il s’abandonnait. « Tu dois nous trouver épuisantes à la fin, d’être toujours sur ton cas à te promettre que tout va s’arranger, que t’es un mec bien, paumé, mais bien… » que je tentai, à voix basse, me fiant à ce qu’il statuait sur sa Callie pour avancer que je n’étais pas la seule à tenter de toucher à ce qu’il vivait vraiment.

Je laissai un instant mon esprit dériver, à savoir comment moi j’aurais réagit, si on m’avait prise dans une ruelle pour me dire mes quatre vérités. Si une petite fendante dans mon genre s’était mise en tête de me faire passer son message, avec tact ou pas, mais surtout dans l’idée de me faire comprendre que ce que je faisais finissait par m’autodétruire encore plus que de blesser ceux qui m’entouraient, ceux que j’aimais. Pour sûr, si les chances arrivaient, ce serait surement Deklan et Ashleigh qui auraient gagné à régler quelques comptes avec moi. De les avoir laissé, de leur avoir menti, d’avoir fui sans demander mon reste, et d’être réapparue avec des étoiles plein les yeux et l’envie de tout recoller comme si de rien n’était. Masquant ma fuite en lâche que j’avais pu être. Que j’étais encore, en passant. Mais je faisais vraiment de mon mieux, avec eux. Avec la blonde, que je remerciais en silence à chaque jour de m’avoir réacueillit, de m’avoir fait une place de nouveau dans une vie que j’avais quittée plus qu’en sauvage. Et l’autre, le gallois, son frère, qui malgré mon comportement de conne avait vu à travers mes erreurs que je l’aimais toujours, mal, terriblement mal, mais que jamais je ne l’avais oublié. Rien que ça avait suffit à me donner la motivation nécessaire pour avancer, un peu plus dans leur quotidien. Pour oser réessayer du moins. Et Jackson? Quel était son but, qu’est-ce qui le poussait à changer au final? Savannah, pour sûr. Callie et leur enfant, ça c’était clair. On nous disait toujours de faire cavalier seul et de n'accorder notre confiance à personne qu’à soi-même. Mais dans des situations du genre, rien n’était plus efficace et rassurant que de savoir que si on tombait de nouveau, une main bienveillante serait là pour nous rattraper. Il m’observait penser, je le sentais, et je tournai bien vite le visage vers lui. C’était ça qui me faisait rester, au-delà d’une promesse bidon que je m’étais faite jadis. J’étais au même point que lui dans mes réflexions. Tout les deux, on préférait filer lorsque ça n’allait pas. Pour lui, c’était à un niveau, pour moi, c’était à un autre. Mais la finalité était la même : quand je me sentais piégée, je prenais la poudre d’escampette. Quand il se sentait piégé, il s’éloignait en faisant capoter tout ce qu’il pouvait. Même combat.

« Tu ferais quoi là tout de suite, si tu pouvais changer les choses? Si t’avais une chance, une seule, de modifier un truc pour que ça aille mieux ensuite, ce serait quoi? » fallait bien commencer à quelque part qu’ils disaient.

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MessageSujet: Re: For a minute there, I lost myself. – JACKSON & ISLA   For a minute there, I lost myself. – JACKSON & ISLA EmptyMer 16 Juil - 15:59


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Avec Jackson il y avait toujours se sentiment. Cet espèce de désespoir latent. C’était assez dur à expliquer. Il était même très dur de mettre le doigt dessus. C’était très fin, presque insignifiant. C’était pas solide comme sentiment. Ce n’était peut être même pas visible. C’était trop fin, trop insidieux. Lui même n’était pas capable de l’expliquer. Il appelait ça de la haine, de la colère. Beaucoup de colère. Mais c’était tellement plus fort que ça, tellement plus désagréable, tellement plus sous-jacent. Il était pas réellement capable de faire sans. C’était quelque chose à laquelle il était habitué. Un sentiment qui ne le lâchait pas, qui ne disparaissait jamais. Comme un compagnon d’infortune. Un ami qui ne vous lâche jamais la main. Il ne saurait pas faire ça. Il ne serait pas lui sans. Il avait l’impression d’être né avec cette noirceur au fond de l’âme. Comme un insecte qui le dévore dans les meilleurs moments. C’était aussi simple, aussi compliqué que cela. Il n’y avait pas de mot pour l’expliquer, pas réellement de sentiment connu qui pouvait y ressembler. De toute façon il n’y connaissait rien, lui, aux sentiments. Il avait toujours cru que l’on pouvait faire sans. Enfin qu’il croyait. Qu’il voulait croire. Parce qu’on était pas con. Il savait aimer. Aussi ridicule ce mot puisse sonner à ses oreilles il savait faire. Il avait aimé Ash, quelque part, au fond, il avait même du lui dire, à l’époque. Il aimait son sourire un peu costaud, ses cheveux blonds fouillis, et sa manière de parler. Il aimait sa manière d’être forte et d’être carrément galloise. Il ne savait pas trop ce que c’était une galloise. Mais il aimait ça. Il aimait ses formes, il aimait ce qu’elle lui procurait, il aimait le plaisir, il aimait le désir. Il aimait bien l’entendre parler, il aimait la voir gesticuler. On aurait pu dire qu’il l’aimait. Juste comme ça. Il ne savait plus s’il lui avait déjà vraiment dit. Il avait horreur de ce mot. Il avait l’impression d’être un gosse qui supplie sa maman lorsqu’il le pensait. Sa maman qu’il n’avait plus. Il avait l’impression qu’on allait se foutre de sa gueule aussi, s’il le disait. Alors peut être qu’il l’avait dit, dans l’ombre de ses bras, dans le creux de son cou, juste pour elle, juste déposé comme un silence au coeur de ses tympans. Elle avait du le savoir, ce qu’il pensait, ce qu’il ressentait. Mais elle et pas les autres. Savannah savait aussi, surement. Parce que Savannah savait tout, ou presque, enfin de lui, elle devinait tout. Savannah aussi il l’aimait, quelque chose de plus fort encore, de plus silencieux, de plus brouillon et de plus inconditionnel. Juste parce que c’était sa petite soeur. Juste parce qu’elle avait les yeux de sa mère. Juste parce qu’elle était la pureté, sa petite perfection. Savannah c’était son tout. C’était ses sentiments. Comme si elle sentait pour lui. Mais pour le reste ça sonnait sans. Ses potes c’étaient pas pareil. C’était ses potes. Y avait pas besoin d’amour à proprement parlé. Enfin ils se comprenaient, derrière le goulot de leur bière… Enfin Deklan peut être pas toujours. Parker oui. Y avait pas besoin de déclaration. Alors Jackson et les sentiments il ne maîtrisait pas. Parce que Ash ça faisait longtemps. Il n’avait plus besoin de rien lui susurrer, c’était quelque chose d’acquis, quelque chose de presque pote. Ils étaient étrangement devenu pote. Il avait eu une petite amie, une seule, et aujourd’hui ils étaient devenus pote, en quelque sorte. Elle devait peut être plus savoir le faire parler que les mecs, peut être qu’elle lui tirait de vague notion de sentiment, mais c’était un peu tout.

Alors il avait du mal à comprendre. Comprendre tout ce qui pouvait tourner autour de ça. Autour du coeur battant. T’sais, ce muscle, c’est qu’une pompe. Une pompe qui s’active quand t’as la trique, quand tu t’énerves, quand t’es en manque. Et puis c’était tout. Alors il comprenait pas, lorsqu’il Isla pointait cette pompe du doigt. Il la regardait bizarrement même. Carrément bizarrement. Du genre à baisser son regard sur ce doigt qui n’a rien à foutre là. Parce que même si elle ne le pose clairement pas de manière sensuelle, généralement c’est pas pour du beurre qu’on vient foutre ses doigts là. « Je parlais pas de ce qui est extérieur, des conséquences, de ce que tu ne peux pas contrôler. Je pensais plutôt à ce qui ne te convient pas, à toi, ici. » Enfin effectivement là, c’était pas pour du beurre, mais c’était pas non plus pour autre chose. Il fronça les sourcils et poussa sa main du plat de la sienne. « La je sais pas pour qui tu me prends mais tu me surestimes. » grogne-t-il. Il n’aime pas être mis en échec. C’est con, parce que ça lui arrive tellement souvent. Il vaudrait mieux compter les fois ou il n’est pas mis en échec. Ce qui lui convient pas, ici. Il regarde bêtement le point sur lequel elle avait appuyé. Il y a tellement rien qui lui vient. Tellement pas de mot. Ca lui donne envie de rager. Brutalement. Qu’est-ce qu’il en sait lui, de ce qui lui convient pas. « Il doit bien y avoir un blocage là si tu n’arrives plus à avancer. Si comme tu le dis si bien tu bousilles tout ce que tu touches, peut-être que c’est parce que tu te bloques toi-même. » Il lève les yeux au ciel. C’est peut être intelligent ce qu’elle dit là, il ne sait pas, il essaye de pas juger. Parce qu’elle a pas l’air conne, et qu’Ash l’estime. Beaucoup. Mais ça commence à l’agacer à nouveau, doucement, ces histoire de blocage. Qu’est ce qu’il en sait lui… Il fronce les sourcils, essaye d’être intelligent. « Mais si je savais ce qui bloquait… Ca ne serait plus un blocage, non ? » Enfin c’était comme avoir trouver la porte et être incapable de l’ouvrir, fallait pas être con. Un bon gros coup d’épaule et la porte elle tombait, même pas besoin d’être délicat avec un blocage. « C’est comme si tu me demandais ou se trouvait quelque chose de perdu. » dit-il légèrement agacer. Si elle voulait l’aider, elle avait qu’à deviné, parce que lui, il était largement hors jeu. « Et puis ça ne prend pas non plus un détective pour comprendre que y’a des trucs là-dedans pour lesquels tu n’es pas prêt. Et plutôt que de faire face, tu casses ce qui cloche à tes yeux. » Là-dedans, ça lui rappelle le ici. Pompe de malheur. Bon là il s’agace. Parce que si elle, elle a l’air de comprendre comment il marche, lui il comprend pas. Il va jamais aussi loin. Ca sert à quoi de réfléchir sur lui même. Il bloque ses bras contre son torse, et il fait une moue grogneuse, il montrerait presque les dents s’il voulait. « T’arrête de tourner autour du pot ! J’comprend pas ce qu’tu dis ! » Allo, elle était une fille, les filles réfléchissent trop, toujours. Ca se voit quand on voit Callie. Il avait tout le temps envie de lui dire, stop, revient trois ou quatre pensées avant et là tu avais raison, après ça, c’était de la merde. Peut être qu’Isla avait raison, peut être qu’elle était extra lucide comme meuf, ou peut être qu’il était ultra simple à comprendre, pour n’importe qui d’autre que lui. Mais merde, elle parlait tellement qu’elle ressemblait à Callie, et qu’elle pouvait aussi bien avoir tord. « On a les mécanismes d’auto-défense qu’on peut, hen. » Il fronça les sourcils. Auto-défense ? Il avait l’air de se défendre ? Et bah putain, il était plutôt carrément inefficace dans son genre. « Bah j’ai jamais rencontré quelqu’un aussi pourris en self-défense que moi… » Il ne parlait pas de coup de poing, parce que là, pour le coup, il se débrouillait plutôt bien. Mais clairement ses mécanismes étaient rouillés voir même tout pourris. Sinon il ne se mettrait pas dans des situations pareils. Non ?

Et puis le silence. Du coup. Ca lui allait mieux. Il avait l’impression de pouvoir faire semblant de réfléchir. Il avait juste et surtout des croquis qui lui venait dans la tête. C’était tellement pitoyable comme scène qu’il trouvait ça drôle. Il attendait de voir la chute, peut être qu’il y aurait une blague. Un bon dessin bien noir, bien risible. Il aimait bien le silence. Il aimait bien, une fille qui se tait, qui arrête de penser qu’elle n’est intelligente, qu’elle n’est jolie, qu’elle n’est je ne sais quoi que lorsqu’elle parle, que lorsqu’elle déverse un flot de je ne sais quoi. Il comprend pas trop les paroles, lui, ça l’emmerde, les paroles, lui. Il pourrait faire dans le silence. Dans le silence de la colère, dans le silence de la perdition. Dans le silence du noir et blanc, on y trouve tout ce qu’il faut. Les idées amères, sèches et abîmés, les coeurs lourds et ratés, un peu toute la misère du monde aussi. « Je suis capable d’en prendre plus que ça. » Elle dit, brisant la magie du malheur. Certainement, si elle le dit. Il ne pouvait que la croire, après tout, elle était toujours là. Elle n’avait pas bougé. Elle n’avait pas fuit, pas pris les jambes à son coup. Elle n’avait même pas bronché, elle ne s’était pas plein. Il avait sourit. Un peu amusé. C’était drôle, à l’entendre, elle en redemandait presque. Il haussa les épaules, le plus légèrement possible. Même si ça lui faisait mal, chaque mouvement. « Peut être que tu as une chance de survis alors. » Blague. Mais peut être pas tant que ça. Si elle était si forte qu’elle le disait, peut être qu’il ne la vexerait pas, peut être qu’il ne la blesserait pas. En même temps il n’en avait aucune envie, ni même utilité. Et elle avait l’air d’avoir arrêter de chercher la merde. Elle était plus calme. Presque paisible. Il pourrait presque s’endormir. Une clope au bec peut être, ou autre chose. Il secoua la tête doucement. Pas besoin, jamais besoin. C’est une idée, une idée stupide et collante. Comme son odeur. L’odeur qui te suit, bien après l’avoir consumé. Et puis la fumée dans ta tête. C’est comme un sentiment, cette fumée. Pas assez opaque pour être touchée, mais assez dense pour être senti. C’est le même sentiment. Un peu vide, un peu flan, un peu étrange. Le même sentiment qui ne le quitte jamais, qui ne le lâche pas et qui le détruit petit à petit. Le même sentiment qui le fait dormir d’abandon le soir, lorsqu’il a trop bu, lorsqu’il s’étouffe d’angoisse et de haine. Le même sentiment qui le réveille de gueule de bois, et qui lui donne envie de vomir. Le même sentiment qui lui donne envie d’éclater le miroir, lorsqu’il se voit dedans.

Il relève le nez. A mesure qu’il lui demande d’évoquer sa famille. Famille. Il n’en a à peu près aucune notion. Il pourrait déjà commencé par la sienne de famille. La sienne qui ne ressemble pas à grand chose. A plus grand chose. De toute façon maintenant, ils ne sont plus que deux. Et il a du mal à voir si Savannah lui a pardonné, ou si elle fait juste de gros effort. Parce qu’elle a compris que pour une fois, sa vie le dépasse, vraiment, plus qu’elle ne l’a jamais fait. Il a jamais été très bon, très doué, mais là, il déraille. Enfin peut être pas. Il est mine de rien presque plus stable qu’avant. Mais tellement plus déchiré, tellement plus paumé. Il s’attend à explosé. Il a l’impression que l’on a allumé la mèche. Il n’arrive simplement pas à estimer la longueur de la mèche. Il sait que ça ne peut pas durer, que ça va péter, il ignore simplement quand. Douce et horrible impression. Savoir que quelque chose d’horrible va se produire, et d’ignorer le moment opportun. Peut être que c’était là, peut être que c’était le tremblement de terre. Peut être que c’était quand il avait déposé les armes à terre. Peut être que c’était quand il avait claqué la porte derrière lui. Mais pourquoi toujours ce sentiment ? Lorsqu’il parlait de cette « famille ». De cette nouvelle famille. De ses électrons libres qui lui était désormais relié. Fille, de chair et de sang, de yeux un peu, on pouvait dire. Et puis Callie. Ca pouvait être rien. Juste la mère. Peut être. Pas de lien de sang, pas de lien de promesse, pas de lien amoureux. Ou peut être. Il en savait rien. Les sentiments à lui échappait complètement. Il se demandait encore à quoi ça ressemblait d’aimer. On disait qu’il avait aimé Ash. Savannah le disait. Ash le savait. Même lui s’en doutait. Mais il ne se souvenait pas de ce que ça faisait. Dans sa tête c’était doux et évident. Ce n’était en rien pareil de ce qu’il avait avec Callie. Alors il ne savait pas ce que c’était Callie. Callie était folle furieuse, souvent, trop souvent. Et elle aussi, elle allait explosé. Il n’arrivait pas à savoir pourquoi. Il n’arrivait pas à savoir comment. Il n’arrivait pas à savoir quand. Mais ça allait arriver. Un jour ou l’autre. Comme lui. Prions pour qu’il ne saute pas en même temps. Sinon pauvre Ella. Ella qui n’a rien demandé. Ella qui n’a rien mérité.

Il le voit dans le regard d’Isla, elle ne croit pas vraiment en ce qu’il dit. Elle le juge moins dure que lui. En même temps… Elle ne le connait pas. Ca fait une éternité qu’elle ne l’a pas vu à l’oeuvre. Elle n’a pas vu Callie. Elle n’a pas vu la tête qu’elle peut tirer, là, allongée sur son lit d’hôpital, la jambe presque broyée, le visage noyé de larme. Elle ne l’avait pas vu, alors elle pouvait jouer à celle qui avait de l’espoir. Elle pouvait jouer à celle qui pensait que ça allait bien se passer. Elle ne savait pas tout. Elle manquait les éléments essentiel. « Tu dois nous trouver épuisantes à la fin, d’être toujours sur ton cas à te promettre que tout va s’arranger, que t’es un mec bien, paumé, mais bien… » Il lâcha un rire comme un raclement de gorge, un truc rauque et coincé. Elle ne savait pas ce qu’elle disait. Il en avait la preuve. « Vous ? » Savannah avait abandonné il y a bien des années, lorsqu’il avait eu la bonne idée de vendre cinq minutes de son temps avec Byron pour une dose de drogue. Si parfois elle faisait mine de lui avoir pardonné et qu’elle lui filait un coup de main, il n’était pas dupe, elle avait abandonné. Elle ne lui faisait plus confiance. Elle ne le jugeait peut être pas méchant, mais elle le savait nocif. Et il n’était plus un gamin paumé. Il était le mec qui ne se retrouverait pas. Il avait déjà trop essayé, trop échoué. Il y a des endroits dont-on ne revient pas. Savannah avait compris. Callie n’avait jamais réellement essayé. Et c’était peut ça le pire. Elle était tombée amoureuse d’une cause perdue. Il ne savait pas trop comment. Mais elle était tombé sur lui comme on manque d’espoir. Peut être qu’elle avait encore moins d’estime d’elle qu’elle n’en avait de lui, et qu’elle jugeait qu’elle le méritait. Il n’en savait rien, il n’avait jamais trop cherché à comprendre. Il avait abandonné, vraiment. Ash… Ash c’était différent. Avec Ash il était bizarrement différent. Il avait toujours été différent. Il était pas si paumé avec Ash. Enfin il marchait plutôt droit, ou presque. Il était effectivement qu’un mec paumé avec elle. Et quand elle lui tendait la main il avait parfois la vague impression qu’il retrouvait son chemin. « T’es bien la seule à faire ça Isla… » Les autres ont justes vus l’évidence, vu la vérité, et puis voilà, elles se sont arrêté là. « eh t’es pas épuisante, tu vas juste t’épuiser. » oh oh, il était capable de jouer sur les mots. Ou alors lui aussi il rendait les armes. Il ne savait plus trop. En un certain sens il était carpe diem. Au jour le jour, comme il pouvait. « Tu as l’air de croire en l’amour avec des paillettes et des gros coeurs… » Elle avait l’air d’y voir une salvation. Lui il savait même pas ce que ça voulait dire, amour. Mais ça lui donnait envie de gerber. « Mais t’sais, de c’que j’ai pu voir, elle m’aime autant qu’elle me déteste… Ou elle me déteste plus… » Elle le détestait surement plus. Ou alors elle se détestait surement plus. Comme lui se détestait de lui faire du mal, elle devait se détester de l’aimer, d’être aussi conne, et de rester avec lui. Parfois elle avait l’impression qu’elle se haïssait lorsqu’elle cédait sous ses caresses alors qu’ils se gueulaient dessus, encore une fois. Il fermait les yeux et il faisait abstraction. Parce qu’il en avait surement trop envie. Et parce qu’il oubliait tout, lorsqu’ils cédaient sous leurs caresses.

« Tu ferais quoi là tout de suite, si tu pouvais changer les choses? Si t’avais une chance, une seule, de modifier un truc pour que ça aille mieux ensuite, ce serait quoi? » Il ouvrit des yeux ronds comme des soucoupes. Sérieusement ? « T’as le chic pour les questions merdiques. On te l’as déjà dit ? » demande-t-il pour s’acheter du temps. Il y a tellement de chose à changer qu’il ne saurait même pas par quoi commencer. Et puis il y a surtout beaucoup de chose qu’il faudrait changer et qu’il ne saurait pas faire. Etre fidèle, arrêter de boire. C’était surement ce qui le sauverait, lui et elle. Mais comment est-ce qu’il s’y prendrait ? Aucune idée. « Si on doit commencer par l’évident, je dirais trouver un toit à mettre au dessus de nos têtes ! » Pas pour l’immédiat, pas du tout parce que le ciel menace de rompre au dessus de leur tête. La il resterait bien sous la pluie. Il aurait l’impression que ça noie la saleté, la haine, et les déchets. Mais pour quand Callie sortira de l’hôpital. Sinon il se fera tuer sérieusement. Probablement. Mis en pièce. « De manière très matérialiste s’entend… Mais au moins ça devrait être dans mes cordes » Le plus spirituel étant de toute façon clairement hors de sa portée.


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MessageSujet: Re: For a minute there, I lost myself. – JACKSON & ISLA   For a minute there, I lost myself. – JACKSON & ISLA EmptyJeu 24 Juil - 6:04


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Ashleigh, c’était la seule qui nous reliait au fond. Parce que j’avais beau tourner le tout dans ma tête, je ne voyais pas. Je nous trouvais une ressemblance, puis il me l’arrachait du revers. Je tentais une approche, il se braquait, montrait les crocs. J’aurais probablement fait pareil, si ce n’était encore le cas, de toute façon, mais encore une fois, pas pour les mêmes raisons. Il avait ce désespoir, cet ennui, cet air blasé qui lui collait à la peau. Comme s’il avait tout vu, comme s’il avait tout vécu, comme si rien ni personne ne pouvait rien lui apprendre, rien lui dire. J’avais ce dégout bien présent pour tout ce qui touchait de près ou de loin l’autorité, l’étouffement, mais jamais autant que lui. Dès le moment où j’avançais dans sa direction, je le voyais se mettre en mode attaque comme si tout ce que je pouvais oser, aussi doucement soit-il, était trop. C’était compréhensible aussi hen, qu’il n’ait pas envie de parler, de s’ouvrir. Il m’avait vue quelques fois à peine, dont une seule qui avait vraiment comptée, et avait probablement plus tiqué sur le fait que je collais aux basques d’Ash pour vraiment tenter de me connaître. J’avais pas fait mieux non plus, ne manquant pas une occasion de rouler des yeux lorsqu’il ouvrait la bouche, mais on n’en était bien loin aujourd’hui, non?  La Monaghan, donc. Celle qui avait réussi à unir des tas de personnes complètement différentes toutes ensembles. Jackson et moi, au passage. Jamais, jamais, un mec comme lui n’aurait pu lever les yeux sur une fille comme moi. Il le disait lui-même, je sentais les paillettes à dix miles à la ronde. Et même si ils étaient loin, très loin mes idéaux rose bonbon, n’empêche qu’à côté de lui avec mes grandes phrases à deux balles et mon espoir bien constant, je pouvais en effet avoir l’air d’un gros calinours en manque de crinoline. Je comprenais son point, limite, je l’approuvais. Parce qu’entre avoir l’air d’un mec toujours à deux doigts d’exploser tellement il était une bombe à retardement, le choix était facile. Quoique… être dans ses baskets, probablement que la vie ne me blesserait plus. Elle ne ferait que me faire chier. Toujours, constamment, régulièrement. À un point où j’encaisserais, où j’avalerais en tendant la deuxième joue.

La vraie question, en fait, c’était de savoir ce qui avait fait qu’Ash avait pensé, lorsqu’elle nous avait présenté, qu’on pourrait l’un et l’autre apprendre quelque chose. S’entre apprécier. Peut-être qu’elle y croyait pas au fond, qu’elle y croit toujours pas aujourd’hui, et qu’elle se marre de me voir tenter de faire les choses bien. Ce serait normal, si on tenait compte des efforts que je mettais, et du peu de réaction que j’obtenais. Je veux dire, il avait fini par s’ouvrir, il avait fini par me donner quelque chose, par me montrer aussi que je ne faisais pas que pédaler toute seule, que quelqu’un d’autre agitait un rame. Mais c’était si peu, si tard. Je ne doutais pas que tout ce qu’il me disait là tout de suite, que je le surestimais – avec toutes les merdes qu’il s’envoyait, un peu d’estime de plus ne devrait pas lui faire de tort il devrait être limite content – qu’il ignorait ce qui le bloquait, qu’il avait déjà tout perdu, qu’il comprenait à peine ce que je disais… Je ne disais plus rien. Je le laissais faire. Parce que j’avais déjà trop parlé. Parce que ce n’était pas une séance de brainstorm pour les déprimés collectifs, mais bien une tentative de shake things up, de remise à l’heure, de ce que vous voulez, de ce qu’il avait besoin même s’il me hurlait qu’il ne voulait rien. Peut-être qu’il verrait à un moment ou à un autre que même s’il ne demandait rien, il arriverait à obtenir ne serait-ce qu’un petit truc de mon interrogatoire à la con. S’il pouvait simplement retenir quelque chose, s’il pouvait sentir l’envie de se questionner, plus fort, plus longtemps, s’il pouvait simplement y réfléchir pour vrai, plutôt que de simplement me tirer son venin et ses réponses au nez, j’aurais peut-être la conscience un peu plus tranquille. Et lui aussi. À voir.

« Peut être que tu as une chance de survis alors. »

J’émis un rire, mince, presque inaudible. Survivre, ça je connaissais. J’aurais pu en faire une thèse tellement ce mot-là venait cogner fort, très fort dans ma tête. Mais je le lançai en suspens, trop attachée maintenant à mon silence pour en remettre une couche. Trop habituée à nos joutes où personne n’a raison, mais où personne n’a tort. Survivre. Quand on avait vu deux personnes mourir devant ses yeux, on se remémore toute sa vie au passage. Quand on avait perdu toute sa famille et qu’on s’en était reconstruit une, quand on avait tout lâché, quand on avait brisé des vies, on survivait en attendant que ça passe. En attendant que ça fasse moins mal. Comme lui, comme moi, comme eux, comme n’importe qui. À tous les niveaux qu’on souhaite. C’est la douleur qui fait le moins mal, logiquement. Parce que quand on se met à y réfléchir, à tout analyser, c’est là qu’on se blesse vraiment, pour toujours. Je devais arrêter de trop le faire penser, sinon il se porterait le coup de grâce. « T’es bien la seule à faire ça Isla… »  Ah tiens, ça c’était intéressant. Comment se faisait-il que l’amie d’une amie, que la fille qui avait disparue de la circulation pendant 2 ans et des poussières s’attarde autant à son cas? « eh t’es pas épuisante, tu vas juste t’épuiser. » Deuxième sourire, deuxième coup d’œil au Monroe qui était toujours assis à mes côtés. S’il savait comment j’avais été fatiguée, avant. Comment aujourd’hui, je n’avais même plus conscience de ce que ça pouvait signifier. Ne pas avoir le temps, toujours vouloir que tout avance. J’allai ajouter un truc qu’il me coupa. « Tu as l’air de croire en l’amour avec des paillettes et des gros coeurs… » je pinçai les lèvres, interdite, comme prise au piège. L’amour. Ça sonnait si fort et si faux en même temps. « Mais t’sais, de c’que j’ai pu voir, elle m’aime autant qu’elle me déteste… Ou elle me déteste plus… » J’inspirai, incapable de voir s’il exagérait, même si au vue de ce qu’il m’avait lancé plus tôt, le contraire m’aurait surpris. « Si elle te détestait tant que ça, tu ne serais pas tout simplement hors de sa vie, et de celle d’Ella? » que je demandai, rhétorique, comme si c’était l’évidence. Oui, il avait pu la blesser. Oui, il était tout sauf un enfant de cœur. Mais j’imaginais clairement aucune fille capable d’endurer tout ce qu’il semblait avoir fait sans y avoir vu quelque chose d’autre. Il fallait qu’elle y ait vu quelque chose d’autre.

« T’as le chic pour les questions merdiques. On te l’as déjà dit ? »  Alors là, je pouffai. Habituellement, la journaliste en moi s’en sortait avec des félicitations suite aux entrevues que je pouvais orchestrer. Mais c’était vrai que je m’étais laissée un peu emporter par le moment, comme tout à l’heure, quand j’avais eu l’idée conne de me faire passer pour quelqu’un d’autre, rien que pour voir s’il allait être aussi nul et méchant avec une inconnue qu’avec la vraie Isla. Force était d’admettre que même avec une autre identité, j’étais toujours et rarement à ma place en même temps. C’était ce que ça faisait aussi, de vouloir jouer sur autant de fronts à la fois. « Si on doit commencer par l’évident, je dirais trouver un toit à mettre au dessus de nos têtes ! De manière très matérialiste s’entend… Mais au moins ça devrait être dans mes cordes » Oh. Arrêt sur image, on rembobine. À mon arrivée au bar tout à l’heure, je jurerais avoir remarqué sur le babillard à l’entrée qu’on y proposait… « Des appartements! Y’a des appartements à louer au-dessus du Barking… Tu m’étonnes de pas être au courant! » que j’osai, lui renvoyant un coup d’œil amusé. En plus d’être son boulot depuis aussi longtemps que je me souvienne, le Barking était aussi notre seconde maison à tous. Un peu pour les mêmes raisons, un peu dans le désordre aussi, mais on y était presque toujours, et même pré Big One alors que je ne vivais pas exclusivement sur le canapé du gallois, & donc, ça me semblait une bonne solution. Au moins, j’aurais fait une part plus tangible que de simplement le noyer de questions ce soir, tiens. Silence. Un ange passe, puis un autre. Il en avait fait pas mal, du moins ce soir à mes yeux. C’était peut-être parce que j’avais poussé, ou parce qu’il était à bout, ou un heureux mélange des deux. Je soufflai, levant la tête vers lui alors que de longues minutes s’étaient écoulées, le temps qu’on reste muet chacun de notre côté, repassant en boucle ce qui venait de se passer, cette petite capsule de temps qu’on aurait jamais cru percer. Ni à deux, ni tout seul. Je lui devais bien ça, un peu de répit. Il m’en avait donné beaucoup plus que je ne le méritais, et ça c’était peu dire.

« Je compte pas te rebombarder avec tout ça de sitôt, tu sais. » que je laissai glisser, le regard tendre. Fallait bien le rassurer le pauvre, parce qu’au rythme où j’étais allée, il avait toutes les raisons de croire que j’allais lui sauter dessus au détour d’un couloir pour lui poser toutes les questions qui me passent en tête dans un quart de minute top chrono. « Je sais que c’était pas du tout de mes affaires, et malgré tout t’as répondu à toutes mes questions. Aussi chiantes soient-elles… » je rigolai, parce que bon, y’avait que ça à faire. « C’est juste que… au final, je voulais te montrer que si t’avais envie, y’avaient des gens à qui tu pouvais en parler. De ce qui te fait chier, de ce qui est hors de ton contrôle, de ce qui t’épuise… » Au détour, je lui devais bien une explication aussi. Dans le genre plan de merde, y’avait pas mieux que lui dire qu’on en reparlerait plus jamais avant de disparaitre dans un nuage de fumée, hum? « Tout ça pour dire que aussi con que ça puisse paraitre, si t’as besoin de te vider la tête un jour, je suis là. » J’avais envie d’éviter de glisser un mot sur le baiser ou même sur la façon peu cavalière qu’il avait eu de me foutre la trouille lorsqu’on était sortis, mais je ne pus me retenir « … mais ça bien sûr c’est si tu gardes tes lèvres et tes poings pour toi! » sarcastique, maligne. La tête bien adossée au mur, je fixai les étoiles, stoïque. Je l’avais dit. Il le savait. Maintenant, la balle était dans son camp.

« Tu sais, ça va s’arranger un jour. » Je le sentis réagir à côté de moi, et je lui lançai un regard faussement noir, avant de lui filer un maigre coup de coude. « Rigole pas! » Là tout de suite, j’étais consciente de comment cette réplique pouvait sonner cliché… « Finalement, oublie tout ce que j’ai dit. Tu devrais juste sauver des chats pris dans des arbres ou alors libérer une vieille dame d’un immeuble en feu. Ça ferait un carton sur ton karma je pense. » que je me rattrapai, parce qu’au final, l’humour était toujours la meilleure des tactiques.

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MessageSujet: Re: For a minute there, I lost myself. – JACKSON & ISLA   For a minute there, I lost myself. – JACKSON & ISLA EmptySam 26 Juil - 23:38


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Some night i dream. Some night i dream like that freaky little boy i used to be. Some night i dream like that freaky and loving little boy i was. I dream that i’m burning, finally, alive, for all of my sin. I’m burning but i’m feeling no heat. No heat at all, but i’m bursting in flame so. The flame is there licking my body from toes to eyelashes, and i feel not heat. Actually i feel nothing at all. I look down, like if i’m trying to see my toes, but i see nothing, nothing but flame, and smoke. I see nothing left of me, but i see, and don’t feel anything. And this is the worst part, me feeling anything. I’m dying and it is as if i’m already dead. I can feel no content of leaving even so i always thought it would be for the best. I can feel no anger toward me, or toward anything actually. I’m just dead. Dead inside, cold dead, and i’m burning again. It can go on like that for quite a time, i won’t wake up. Probably because i don’t feel anything, and if anyone could watch me sleep they just see the freaky douchebag i am, sleeping of a sleep that no angel could dream of. And if Callie wakes up and watch me sleep, she can almost assume that i’m dreaming of one of the slut i’m suppose to want like hell. Not that i don’t want them, but that’s so not the point. Some night i dream. Some night i  just don’t. I’m too fucking drunk to dream, to live actually. When i come home like that, it’s like i’m dying all night long. But not in that weird and painless way as my dream. Juste dying of anger and hatred. I don’t suppose you understand. But some night i dream, and it’s even worse. Because when i wake up, it feel so real. Not the flame, not burning or anything, just the no feeling, just this awful sensation that i’m dead inside. And i try to fill up the hole growing up through my chest, but nothing help. Not even the half smile of Callie just before she notice one of my mistake and burst out of anger. I’m dead, but still here, i’m irreversible. I can’t do better, i can’t improve my self, i can’t make her smile, i’m surely can’t make her happy. It’s like i will never be really here, because you know i’m dead inside, and i’m roting inside for years. I think it should start to smell, but something or someone try very hard on me to keep up the apparence. They must have a blast up there, that they’re keeping me here to destroy everything, on and on, till… Till i’ll burn through the flame with no pain left.

Mais ce n’est qu’un rêve. Qu’un rêve de gamin qui continue à l’adolescence, à l’âge adulte, si âge adulte il y a. Peut être que ce n’est pas un rêve de gamin. Peut être même que c’est juste un rêve de drogué. Parce qu’il en a beaucoup, des élucubrations de drogué qui lui reste comme ça, comme tatoué dans le crâne. A dire vrai c’est tout ce qui lui reste finalement. Ses années c’était un comme un incendie. Un incendie criminel et invisible dont il était le propre coupable. Il a mis le feu au poudre comme un bandit qui espère se détacher de quelque chose. Comme un bandit qui ne se détachera jamais de rien, sauf de ce qui comptait vraiment. Et tout a brulé, l’enfance, les amours, les rêves et l’espoir. Tout a brulé, jusqu’à ce qu’il ne reste plus rien. Plus rien que les cauchemars, plus rien si ce n’est la haine, la colère, et le désespoir. Voilà de quoi il était fait, de terreur et d’horreur, de violence et d’outrance. Et on espérait qu’il aille mieux, on se disait qu’il n’était pas si mauvais. Mais est-ce qu’on pouvait voir au fond de ses yeux, à quel point il n’y croyait plus. Est-ce qu’elle était capable de comprendre tout ça Isla ?

Jackson aurait aimé pouvoir lui dire, vraiment. Il aurait aimé pouvoir lui expliquer vraiment. Il aurait aimé trouver les mots, savoir expliquer tout ça, l’impression, les sentiments, tout ce qui se mélange, tout qui se perd, et l’incendie. Il aurait aimé pouvoir être plus clair. Il aurait presque voulu la sentir trembler sous l’évidence et la dureté de ses mots. Est-ce que qu’il ressentait était seulement imaginable ? Il aurait eu ses dessins, il aurait pu montrer. Il aurait pu montrer ce qu’il montre à personne, ce que personne n’a jamais vu, pas même Léo, et pourtant, il lui montre ce qu’il dessine à Leo. Mais pas ça. Pas ce qu’il a dessiné seul dans une cellule de prison pendant trois ans. Ces dessins, c’est les cendres de sa vie, c’est la preuve qu’il n’est plus rien. Ces dessins c’est des cauchemars compilés dans un sarcasme affolant. Ces dessins c’est une noirceur sublime dont on ne peut pas détacher le regard. Lorsqu’il oublie que c’est lui, sur les dessins, il parvient à glisser ses doigts sur le papier et à observer avec une fascination étrange la vie déchirée qui s’étire sous ses doigts. Ca à quelque chose de beau, tant de douleur et d’horreur. Ca à quelque chose de sublime ses pensées défoncés et étroite. Si seulement il avait ça sous la main, et qu’il pouvait juste lui montrer. Peut être qu’elle comprendrait. Parce qu’il avait pas les mots, il avait les formes, les épaules tombantes, il avait les images, les flammes sans douleur, le sommeil paisible du mort. Et il n’avait pas les mots. Et il restait là, à la regarder essayer de comprendre, à la regarder essayer d’aider, et il remerciait le ciel. Il remerciait le ciel, un peu, d’être tombé sur une fille comme ça qui croit encore qu’on peut faire quelque chose pour lui. De tomber sur une fille comme ça qui croit qu’il y a encore quelque chose à faire. C’est un peu ridicule, c’est un peu superficielle, et il y croit difficilement. Mais elle a tellement de confiance en elle. Tellement d’espérance. Un espoir un peu ridicule qu’elle tire de je ne sais pas ou. Mais elle en a tellement qu’elle lui en file un peu. Juste assez peut être, pour l’écouter, et pour se laisser aller à rêver, à vraiment rêver. Et si on pouvait tout arranger ?

« Si elle te détestait tant que ça, tu ne serais pas tout simplement hors de sa vie, et de celle d’Ella? » Il avait levé les yeux vers elle, avait dardé ses prunelles d’un bleu délavé dans les siennes et était resté là, en silence, à encaissé ce qu’elle disait. Est-ce que ça pouvait être un truc de fille, l’espoir ? Est-ce que malgré toute la haine de Callie à son égard, elle pouvait encore espérer quelque chose de lui, ne serait que quelque chose d’infime, qu’une minuscule rédemption ? Est-ce que c’est possible. Il le voit dans le regard d’Isla, elle n’attend pas de réponse, elle n’attend surtout pas à ce qu’il la contredise, elle est sur d’avoir raison. Elle est sur de ce qu’elle dit. Elle ne tolèrerait pas qu’il dise l’inverse. Il n’est pas sur de pouvoir de toute façon. Il faut se rendre à l’évidence de toute façon, il ne comprend pas Callie. Il ne comprend pas sa manière de fonctionner, il ne comprend pas l’amour qu’elle peut avoir pour lui. Il comprend le désir, c’est physique, c’est presque hormonale, et puis il a l’habitude, mine de rien, sans se vanter, il sait qu’il plait, physiquement. Mais personne n’oserait imaginer plus. C’est ridicule. Tomber amoureux de lui ? Au moins il y a un verbe qui est juste dans la phrase ; tomber. Parce que c’est une putain de chute, et pas des plus agréables. Et puis la réponse te vient, comme ça, mais avec son lot d’interrogation étrangement. « Parce que je la retiens. » Cette phrase, venant de lui, elle est aussi drôle qu’elle n’est vrai. Il la retient. Il ne compte même plus aujourd’hui les fois ou elle a voulu partir et ou il l’a rattrapée du bout des doigts, du creux des lèvres, ou il ne sait plus. A chaque fois il ne se souvient plus réellement pourquoi il a fait ce geste, quel besoin primaire le rappelait à elle, mais il ne l’a jamais laissé partir. Elle, elle le laisse partir, toujours, comme si elle n’avait pas la force, ou pas l’envie de le retenir. Ou comme si au fond d’elle, elle savait, elle espérait qu’il reviendrait. Et dans les faits, il est toujours revenu. Aussi souvent qu’il est parti, il est toujours revenu. Il paraît que ça doit vouloir dire quelque chose, pour eux deux, ces allez retour.

Et elle avait encore posé une question qui sortait de nul part. En temps normal il se serait énervé. Purement et simplement. Il n’aimait pas les questions, Jackson. Il n’aimait pas s’ouvrir. Principalement parce qu’il ne savait pas comment faire. Mais on était pas en temps normal. Et puis si ça l’amusait elle, si ça l’amusait d’être une pilleuse de tombe, qu’elle vienne, lui n’en avait pas grand chose à faire au final. Il était pas un mec qui se voulait particulièrement mystérieux, il n’était pas un mec qui voulait absolument garder des secrets. il était juste un mec qui ne savait pas s’exprimer et qui ne savait pas parler de soit. Alors forcément c’était un risque pour elle, c’était le risque d’entre une diarrhée verbale inintelligible. C’était le risque d’entendre des choses que personne ne veut entendre. Mais si elle était prête à le prendre, alors au fond, elle pouvait poser toutes les questions qu’elle voulait, et puis elle verrait bien ce que ça fait, elle verrait bien comment ça marche. Là ça ne marchait pas si mal. Il avait l’impression d’être incroyablement terre à terre et de ne pas avoir du tout répondu à la question comme elle aurait pu espérer, mais au fond elle avait raison, il fallait bien commencé par quelque chose, et ça ne pouvait pas être un mauvais début. « Des appartements! Y’a des appartements à louer au-dessus du Barking… Tu m’étonnes de pas être au courant! » Jackson l’avait regardé interloqué alors qu’elle souriait. Il avait soupiré, un peu brutalement, cognant au passage sa tête contre le mur. Non il n’avait pas regardé. Il n’avait même pas fait gaffe. « Enfin finalement non, c’est pas dans mes cordes. » Parce que si même pour ça il avait besoin de son aide à elle, alors c’était vraiment qu’il était le dernier des abrutis. Pas qu’elle soit mauvaise, pas que… Oh il s’embrouillait déjà. Mais voilà, peut être que juste une fois, il aimerait faire un truc tout seul, et prouver qu’il y arrive, comme un grand. Parce qu’il était grand en vrai. Et on ne parle pas de taille. Mais il avait trente et un ans… C’était un âge honnête, pour être père, pour avoir une famille, pour savoir se trouver un appartement tout seul. Mais la vérité c’est qu’il avait passé plus de temps en prison qu’à essayer de se trouver un endroit sain pour vivre. Déjà la notion même d’endroit sain pour vivre ne lui était apparu que récemment. Il paraît qu’on ne pouvait pas le blâmer, qu’il y avait une part d’éducation. Mais c’était drôle quand même, de voir comment Savannah avait bien été éduqué et pas lui. Très drôle. Un peu ironique cependant.

« Je compte pas te rebombarder avec tout ça de sitôt, tu sais. » Il sourit, il rassemble ses neurones, il essayerait bien de faire une blague, pour la forme, parce que parfois l’humour est sa seule défense, même s’il a un humour sale et grinçant. Mais au fond, il a un truc qui voudrait lui dire, anytime. obviously i don’t feel any pain for quite sometime now, so you can start bombing me with your question anytime you want, none of them will be sharp enough to kill me since i’m already dead. Enfin ça c’était s’il voulait être dramatique, et s’il s’écoutait réellement penser. Mais puisqu’il n’avait pas de papier ni de crayon il ne s’écoutait pas penser, et il n’entendait pas se sentiment dévastateur qui se logeait dans sa poitrine à en faire hurler les démons. « Grâce à dieu » railla-t-il, plutôt, pour la forme, rendant dieu particulièrement désuet dans sa bouche. Dieu, si on devait en parler, il entendrait ses oreilles sifflés, le pauvre, le Machiavel, le joueur de marionnette. C’était quoi son plan, là, au grand barbu là haut ? Non parce que Jackson il ne voyait juste pas. It just doesn’t feel right. Pas sa souffrance, s’entend, celle là, elle était justifié, mais celle des autres.  « Je sais que c’était pas du tout de mes affaires, et malgré tout t’as répondu à toutes mes questions. Aussi chiantes soient-elles… » Il l’entendait rire, et il avait presque envie de la rassurer. Parce qu’au fond il avait l’impression qu’elle avait joué à Savannah. Quand Savannah voulait encore jouer avec lui. Elle l’avait secoué, un peu. Et au fond même s’il était persuadé que ça ne changerait rien, que dès qu’il serait debout il aurait oublié tout ce qu’il vient de se passer, mais ça faisait du bien, de temps en temps, de se secouer. « Aujourd’hui on m’en pose plus tellement… » des questions. Il faut dire qu’il la cherché, à force de s’énerver à chaque point d’interrogation, à force de grincer des dents, de crisper ses phalanges. Les gens avaient abandonné. En même temps, il n’y avait vraiment plus que ça à faire avec lui, abandonner. Isla ne se rendait pas vraiment compte de ce qu’elle avait essayé de faire. « C’est juste que… au final, je voulais te montrer que si t’avais envie, y’avaient des gens à qui tu pouvais en parler. De ce qui te fait chier, de ce qui est hors de ton contrôle, de ce qui t’épuise… » Là il était resté silencieux, et il l’avait regardée. Il avait fait mine d’avaler sa langue, et il avait gardé la mâchoire fermé. Il comprenait, il entendait, il ne savait pas s’il retiendrait. Il ne savait pas s’il en serait capable, d’aller la chercher à l’aide, elle, plutôt qu’une autre. Il n’était pas sûr que Callie encaisse le coup. Elle faisait déjà confiance dans le faite qu’il ne coucherait pas avec Ashleigh, et qu’elle était juste une amie, il ne savait pas si elle ferait confiance en Isla. Ca lui paraîtrait surement trop incompatible, elle imaginerait anguille sous roche. Mais il acquiesça, de manière presque imperceptible. Mais il avait entendu. C’était déjà beaucoup pour lui. « Tout ça pour dire que aussi con que ça puisse paraitre, si t’as besoin de te vider la tête un jour, je suis là. » Il lâcha un rire. C’était l’image qu’elle imposait. Elle savait ce qu’elle disait ? Ou pas du tout. Il le dessinerait. Un jour il lui montrerait, et peut être qu’elle rigolerait. Ou peut être pas. Peut être qu’elle ne trouverait pas sa drôle de se retrouver, même en dessin, avec Jackson qui vide sa tête de son cerveau dans ses mains, sans délicatesse. Juste parce qu’il fallait que ça soit vide, pour se soulager. No pain, no thought left, no anything. « … mais ça bien sûr c’est si tu gardes tes lèvres et tes poings pour toi! » Il fit un moue, fit craquer sa tête sur le côté avant de mettre doucement sa main sur le visage d’Isla et de le repousser presque délicatement loin de lui. Ca la faisait rire ? Elle savait qu’il s’était excusé pour ça. Il fixa le mur en face de lui, un instant, ne sachant pas trop bien si elle attendait une réponse de sa part ou si elle comprenait son silence. Et puis bombe. Cette fille ne s’arrêtait pas. « Tu sais, ça va s’arranger un jour. » Il fronça les sourcils préparant un rire et une remarque assassine lorsqu’il prit un coup de coude, bon pas grand chose, mais quand même. « Rigole pas! » Ok, il pouffa. Avec un mec comme Jackson, on doit forcément savoir qu’il fera nécessaire l’inverse de ce qu’on lui demande. Il se retourne vers elle, sarcastique. « Merci, j’avais besoin d’entendre ça de princesse paillette. » Mais il n’était pas méchant, il brillait même d’un certain sourire. Et si le reste était beaucoup du foutage de gueule, le merci était sincère. « Finalement, oublie tout ce que j’ai dit. Tu devrais juste sauver des chats pris dans des arbres ou alors libérer une vieille dame d’un immeuble en feu. Ça ferait un carton sur ton karma je pense. »  Il leva les yeux au ciel, rigolant légèrement. « Hum oui, je deviendrais pompier… Et Callie le verrait comme une nouvelle tactique pour me taper la terre entière. » Humour. Mais le pire c’est que ça marcherait surement, comme tactique. Déjà que barman c’était assez efficace. Mais alors pompier… Jackpot, il aurait l’air d’être un mec bien.

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MessageSujet: Re: For a minute there, I lost myself. – JACKSON & ISLA   For a minute there, I lost myself. – JACKSON & ISLA EmptySam 6 Sep - 3:50


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C'était étrange comme ça semblait irréel. Le fait qu’il soit venu me parler, que je me l'aie jouée un peu anonyme, qu’il m’ait entraîné dans la ruelle, que je l’ai laissé me crier dessus, qu’il se soit confié, qu’il m’ait embrassé, qu’on se soit effondrés. Ça tirait du mirage, de l’histoire que personne ne croirait si je la ramenais un soir, un peu trop bourrée pour oublier la promesse que je m’étais faite, que je lui avais faite, de tout garder pour moi. Je resterais muette le pire, je le savais. J’en étais encore toute retournée qu’il ne m’ait pas littéralement éclaté la tête avant de me gueuler de me tirer, et de m’abandonner à la merci des hobos du coin en sanglots devant mes questionnements existentiels. Ç'aurait pu mal finir, de ce que je connaissais du Jackson dans son habitat naturel, mais étrangement il était en zone calme, en zone épuisée ce soir. Comme si le poids du monde lui pesait depuis trop longtemps. Comme si on lui avait jamais vraiment demandé comment il allait, et qu’il avait jamais vidé son sac depuis qu’il accumulait. Je doutais pas que sa sœur et Ash étaient de bonnes oreilles, et de le savoir entre les mains justement de la blonde me rassurait pas mal, mais tout de même, c’était là où il avait besoin de parler et il avait fallu que je me porte volontaire. Je frissonnais mais c’était trop cliché de le montrer, ne voulant pas me ramasser avec sa veste de cuir puant l’alcool et la clope sur les épaules de toute façon et je me contentai de prendre mon mal en patience me disant qu’il y avait pire. Comme de réaliser qu’on avait passé un nombre impressionnant d’années à endurer les pires merdes, à lutter pour s’en sortir, à retomber à la moindre occasion. J’essayai d’accrocher son regard, ses prunelles, mais elles me fuyaient et c’était ok, parce que je n’aurais pas eu la force de les rassurer, de les soutenir de toute façon.

On se rapprocha l’un de l’autre, appuyés contre le mur, et je le laissai me dire tout ce qui lui passait à l’esprit. Qu’il empêchait Callie de partir, qu’il la retenait. Qu’il avait tout perdu lors du Big One. Qu’il se cherchait un nouvel appart, qu’il était papa, qu’il avait tout merdé, encore, qu’il tentait de s’en sortir. Et à chaque fois, à chaque parole, je l’écoutais du mieux que je pouvais. Je le faisais d’abord parce que je voyais qu’il en avait besoin, surtout, mais aussi parce que je me reconnaissais, un peu, à peine, en lui. Dans ses réactions, dans ses idées, dans ses problèmes. Il y avait une partie qui comprenait, et pas seulement pour faire beau sur papier. Et de savoir que j’étais repartie de zéro, que j’avais réussi à mettre toute mes erreurs de côté pour me lancer de nouveau me donnait envie de lui conseiller de faire pareil, de lui pointer le bon chemin ou du moins, la première étape à franchir. C’était le début le plus difficile, enfiler ses espadrilles et partir vers le marathon, ou ce genre de conneries. Juste de se donner un point de départ, une lignée, une étape, le A avant le B et ça y était, ça y allait. Mais il ne voulait rien entendre, il n’y croyait pas. Les nouveaux départs, les nouvelles idées, les nouveaux quotidiens ça ne lui faisait pas. Et c’était ok, il aurait le temps de s’y mettre, de s’en sortir. Je croyais. Je l’espérais, du moins. Et je parlais trop. Je le bombardais de questions, je le laissais à peine parler, j’en remettais et malgré tout, il ne bougeait pas d’un poil. « Aujourd’hui on m’en pose plus tellement… » qu’il me répondit, alors que je m’excusais d’être envahissante, autant que je pouvais oser. C’est vrai qu’après un moment, on devait perdre l’envie de comprendre d’où il tirait son inspiration, ses comportements. À force de vouloir l’aider et de le voir cumuler les conneries, ça pouvait devenir facile de lâcher prise et de le regarder s’échouer, en bref. Je frissonnai, me rapprochant un brin de lui, attentive. Et c’est là que je la lui offris. Mon oreille, ma tête, mon attention. Il l’avait toute entière, s’il daignait la demander. Qu’il débarque à l’aube, en pleine nuit ou en après-midi, je serais là. L’étrangeté de la chose, du pacte, de ses confessions ajoutait à tout ça et pendant un moment, je cru qu’il ne comprenne pas vraiment ce que je lui offrais, croyant nullement que je le draguais dans le genre de la fille qui croit pouvoir le sauver. Mais c’était tellement plus que ça. Mon cœur était ailleurs, ma tête pareil, mais pour lui, j’allais mettre de côté toutes les conneries d’avant, toutes nos disputes, tous nos désaccords, rien que pour tout de suite, rien que pour le temps qu’il lui faudrait.

Les minutes passèrent et je m’en fichais. J’avais été un peu n’importe où depuis le tremblement de terre et pour la première fois je me sentais vraiment à ma place. J’aurais pu le forcer que le résultat aurait été terrible. Mais là, ça allait dns tous les sens, on se répondait, y’avait un échange aussi rasoir soit-il, et ça me suffisait. Tant que c’était aussi clair et bénéfique pour lui, mes multiples interventions n’auraient pas été vaines et on s’en sortirait mieux, plus forts. « Merci, j’avais besoin d’entendre ça de princesse paillette. » Pfff. Je soupirai, roulant des yeux automatiquement. Ouais, les Monaghan me reprochaient plus que mon dû d’être trop optimiste, de faire dans le positivisme extrême, mais c’était ma façon de voir les choses. Et jusqu’à maintenant, ça ne m’avait pas trop failli, et je m’en étais plutôt bien sortie. Ouais, parfois je me surprenais, ou je me désillusionnais, mais au final les grands yeux pleins d’espoir ne me décevaient pas. De là à m’appeler princesse paillette par contre, il y allait un peu fort. Mais avec mes remarques clichées et mon envie de lui redonner un souffle de motivation, j’avoue que j’avais joué la carte de l’inspirée un peu trop fort. « Tu le dis tout de suite quand tu veux que je te prête le costume de calinours hen. » je rigolai, consciente du kitsch de la chose. « En vrai, je suis blasée. Mais ça serait trop drastique de te dire d’aller te faire foutre, aller j'y vais dans la dentelle. » le peu de sérieux que j’eus lorsque je statuai ceci fila dès qu’il fronça les sourcils, attentif. Puis j’éclatai de rire, prouvant qu’il avait raison, que je venais probablement d’un monde lointain et bizarre pour lui, celui où on distribuait des deuxièmes chances à tous ceux qui le voulaient vraiment.

La nuit était longue, fraîche, étoilée. J’avais rarement pris le temps de m’arrêter depuis le cataclysme et il avait fallu que ce soit à ses côtés que je souffle un peu. L’Isla d’avant aurait trouvé ça louche et elle aurait eu raison. Jackson et moi ça tirait du miracle, et ça sonnerait encore un peu faux même après ce moment particulier. J’en profiterais jusqu’à la dernière seconde par contre, rien que parce que c’était l’un des trucs les plus vrais, les plus authentiques que j’avais vécu depuis longtemps. Il me regarda, je souris, je cassai même le moment avec une blague de pompier à la con, et il se faisait tard. Je le sentais las, épuisé, encore plus que lorsque ses yeux rougis avaient croisé mon regard quelques heures auparavant. « Tu veux qu’on parte? » que je soufflai, jetant un bref coup d’œil vers le bar. Il avait un quart à remplir ce soir, mais le barman l’avait déjà vu s’éclipser. Il n’avait pas donné plus d’explications et j’aurais pu parier qu’il n’avait pas la moindre intention de se glisser derrière le bar après ce qui venait de se passer, aussi étrange cela avait pu être. « Deklan avait proposé de passer me chercher, je pourrais lui proposer d’arrêter prendre une pizza en chemin. » une distraction, un encas, un bon pote. J’avais fait ce que j’avais à faire, ce que je voulais faire. Maintenant, y’avait rien à ajouter, rien que de tout laisser couler. Jackson acquiesça, distrait. Il devait penser à son boulot, à Callie, à l’appart qu’il n’avait pas encore. Mais il pouvait bien se permettre une petite pause, une soirée avec un bro, quelque chose qui ferait passer la prise de conscience que j’avais tellement tenté de lui filer.

La suite se passa simplement. Le gallois arriva à bord de sa bagnole, celle-là même qu’il avait depuis toujours à mon impression, et nous fit signe de monter. Jackson me suivi sans un mot, probablement conscient que j’avais dû inventer une histoire à la con pour justifier qu’on avait levé le drapeau blanc le temps d’une soirée. M’enfin, bref, on fila d’abord à l’italien faire le plein, puis les garçons se posèrent devant la télé, Mario Kart au programme. Aucune prise de tête, aucune autre distraction ni même d’interventions de ma part. Rien qu’eux, et moi en pyjama, qui détaillait de nouveau le Monroe des yeux. Il comprendrait un jour ou l’autre qu’il n’était pas perdu, pas maudit. Je fis du thé pour eux, même s’ils rirent de mon intention, et me remplis une tasse en les entendant s’envoyer chier au détour d’une piste de course particulièrement ardue. Parfois, c’était bon de ne rien faire pour laisser le reste entrer, se diluer, s’assimiler.

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