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 JAY&TARA - « there's a reason why, certain people meet. »

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MessageSujet: JAY&TARA - « there's a reason why, certain people meet. »   JAY&TARA - « there's a reason why, certain people meet. » EmptyVen 3 Aoû - 19:03

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JASON&TARA

« there's a time and place, for everything.
there's a reason why, certain people meet.
there's a destination, for everyone. »


La dernière gorgée me laisse avec un goût acide au creux de la gorge. J’abandonne mon verre sur un comptoir, et rejoins la table où se trouvent mes amis. Ces nouvelles connaissances, ce flot d’amitié qu’on crée à l’université; des personnalités tellement différentes mais qui concordent durant les années ravageantes et épuisantes des études supérieures. La conversation divague sur la politique, sujet qui m’alourdit les épaules alors que je balaie le bar des yeux. Trop peu de gens pour le brouhaha qui me tambourine les tympans. Il n’y a que des échos qui se confondent et qui détruisent la mince concentration que j’avais sur le sujet actuel. Ma vision dérive sur les verres qui se multiplient au centre de notre table surpeuplée, qu’un seul verre vide. Mon regard croise celui de Philippe et je pointe le contenant vide de l’index en mimant des lèvres une phrase qui ne se serait jamais rendu jusqu’à lui dans une discussion normale. Son hochement de tête enthousiasme me confirme l’interrogatoire qui vivait sur mes lèvres. Je me retrouve sur mes jambes de nouveau, à me faufiler jusqu’au bar. Jusqu’à cet espoir d’être trop ivre pour enfin prendre part à la discussion mouvementée qui divaguait dans n’importe quelle direction, poussée par l’illogique de l’alcool.

    TARA – « Hey, j’vais te prendre deux pintes de… De « root beer »… »

Le mot « bière » s’efface de mon vocabulaire instantanément, petit réflexe qui me sauve d’un ennui de plus, d’un malaise qui palpite encore dans ma poitrine. Mes mains prennent appuis contre le comptoir collant qui me sépare de lui. De ce visage connu, simple masque déjà vu sur une personnalité méconnue. J’ai la tête dans du coton, à chasser les vices de l’alcool loin de mes gestes et paroles. Peut-être qu’il ne me reconnaîtra même pas, qu’une connaissance de passage qu’on efface de sa mémoire, parce que sans importance. Ça faisait quatre ans, au début de mon adolescence mature, de ce besoin déjà actif d’être un rôle tournant dans la société. Je ne me souviens plus du comment, pas plus que du pourquoi. Que des questions sans réponse qui l’avait tout de même mis sur mon chemin, placé sous mon toit par mon offre. Petite samaritaine de seize ans, qui avait profité de l’absence de papa pour jouer un rôle de grande, pour aider son prochain sans crainte et sans angoisse. Ses iris me fusillent, gratte la carapace de mon âme et je baisse les yeux un instant, déstabilisée d’être en proie à son analyse.

J’oublie les voix qui bourdonnent autour de nous, accrochée à ce qu’il va dire, à fixer son prochain mouvement. Je me mordille la lèvre d’impatience, perdue dans le bordel de ce qui va suivre. Le dilemme tourne en rond au fond de mon crâne. J’crois qu’il m’en doit une dans un sens, d’avoir jouer la carte de l’hospitalité – même avec les omissions mensongères qui s’y mélangeaient… Je finis par rompre le silence, comme un besoin de dire quelque chose, pour devancer la situation.


    TARA – « Bah dis donc, j’croyais pas t’avoir vendu Los Angeles aussi bien que ça. Ça fait quoi, genre quatre ans? »

Ma peau se décolle de la surface moite du bar, mais mes pieds restent ancrés contre les lattes qui vibrent sous la musique d’arrière-plan. Mes doigts se referment contre le billet de vingt dollars qui s’assouplit sous l’humidité de mes mains nerveuses. Il abandonne un verre contre le comptoir dans un claquement sec, récolte l’argent sans en faire un compte sécuritaire et laisse son client précédent fuir les lieux dans un silence toujours aussi troublant. J’étire un sourire hasardeux, croisant mes mains contre ma poitrine. Je suis à deux doigts de m’enfuir à toutes jambes et d’oublier Philippe et tous les autres pour ce soir. Mais même si la culpabilité tambourine dans ma cage thoracique, la honte s’étouffe dans mon orgueil démesuré. De toute façon, je suppose que je lui dois au moins quelque chose avant de disparaître dans la nuit, qu’une parole qui serait le meilleur des départs, même si ça a tout d’une fin en soi. Est-ce qu’on a vraiment des points en commun, de toute manière? Ça n’avait été qu’un moment de faiblesse pour lui, qu’une occasion de me prouver à moi-même; aucune chimie entre nos deux êtres distincts.

    TARA – « Et j’suis désolée d’ailleurs… J’avais pas eu la chance de m’excuser, alors, euh.. Mieux vaut tard que jamais, pas vrai? »

Mon débit est trop rapide, et le temps qui me semble s’éterniser ne représente au final, que des secondes qui me plongent dans une panique étonnante. Je focus sur autre chose, sur son prénom, qui me semble accessible, mais dont ma mémoire défaillante cherche encore la réponse. Jason, une exclamation de ma petite voix au fond de ma tête, un son victorieux qui résonne entre mes deux oreilles. Et si tu parlais, Jason?


[HJ: J'déteste les gif avec des écritures, mais j'toruvais la coïncidence trop marrante, et j'avais la flemme de pousser mes recherches... (a)]
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MessageSujet: Re: JAY&TARA - « there's a reason why, certain people meet. »   JAY&TARA - « there's a reason why, certain people meet. » EmptyDim 12 Aoû - 17:14

Spoiler:


« Hey, j’vais te prendre deux pintes de… De « root beer »… »

Jason haussa le sourcil. Ah ben tiens, une revenante. La soirée n’avait pourtant jamais laissé présager que quelque chose de gros allait se produire. Pas comme dans ces films où on sait tout de suite, et même avant le protagoniste, qu’un élément viendrait tout chambouler, tout casser le quotidien du héros. Petit un ici, rien ne viendrait vraiment détruire son accalmie. Tara était une jeune fille imprévisible, impulsive, mais Jay n’était pas du genre à se laisser froisser pour si peu. Même la mort de son frère, évènement qui l’avait atteint jusqu’au plus profond de ses trippes n’avait quasi presque pas transparu dans son attitude, si ce n’est qu’il avait tout planté là pour passer de Dublin à Los Angeles, qu’il avait remis le compteur de sa vie à zéro, qu’il avait eu pour la première et la dernière fois un coup d’un soir et qu’il avait fini par habiter dans la bicoque d’une inconnue, presque, qui lui avait offert hospitalité, nourriture et compagnie le temps d’une semaine, une semaine de trop selon le père de la jeune fille. Mais malgré toutes ces anicroches, il n’avait jamais craqué, n’avait jamais montré la pointe de sentiments en public, et à ce qu’il se souvienne, pas même dans son intimité. Petit deux, il ne se laisserait pas faire non plus. Rare étaient les personnes qui l’atteignaient vraiment. Après ses parents et Gabriel, y’en avait pas eu des masses, et actuellement il ne gardait les yeux que sur Ashleigh, la seule qui pouvait vraiment lui briser le cœur, et les os, d’un seul regard, d’une seule parole. Alors les autres, ils devraient se lever de bonne heure s’ils croyaient écorcher sa façade de roc.

À la vue du malaise de Tara, il ne se contenta que de sourire. Pas moqueur le moins du monde, juste patient. Il voulait voir jusqu’où elle irait, comment elle se comportait sous pression, ce qu’elle avait dans le ventre, ce qu’elle avait à lui dire aussi, depuis le temps. Vous saviez qu’ils se connaissaient depuis un moment déjà? Il l’avait croisé dans son bar de Dublin, le jour même où Gabriel avait été assassiné. Mais c’était avant, bien avant qu’il ne découvre le corps. Et ils avaient discuté comme il le faisait avec tous ses clients de l’époque, parlant de voyage, de culture, de leurs mondes respectifs. Tara venait de la ville des anges, du seul endroit au monde où on clamait haut et fort que les gens étaient si centrés sur eux-mêmes qu’on pouvait aisément changer de vie sans que personne ne s’en aperçoive vraiment. Jay lui, avait rigolé. Il lui avait même affirmé le plus honnêtement du monde que sa vie lui plaisait comme elle était, qu’il n’avait pas besoin le moins du monde d’en changer. Un cadavre plus tard, il avait prit le premier billet sur lequel il était tombé à l’aéroport et était aboutit à LA. Drôle de coïncidence. Tara était alors entrée en jeu une seconde fois, Jason étant dans la merdre solide avec aucun rond pour payer sa boîte de crackers de l’épicerie, cherchant du boulot jour et nuit, et elle l’avait hébergé. Chez elle, dans cette maison beaucoup trop grande pour une fille de 21 ans, comme elle le lui avait laissé croire. Il était resté, parce qu’à bout de ressources évidemment, mais aussi parce qu’il l’aimait bien la petite. Elle était intelligente, elle savait causer sans être superficielle et sans tomber dans des conneries et elle avait eu la gentillesse de lui offrir un toit et de la bouffe durant 7 jours consécutifs. La suite était moins drôle et l’arrivée impromptue du père de Tara, un fou brac qui avait passé très près de lui déboîter la mâchoire solidement, avait mis fin à son séjour d’à peine une semaine. Au même moment où il venait de décrocher son poste de barman au Barking Spider, Jay se retrouvait aussi à courir ses affaires sous les bras, dans les rues du quartier résidentiel des Adams.

« Bah dis donc, j’croyais pas t’avoir vendu Los Angeles aussi bien que ça. Ça fait quoi, genre quatre ans? »

Jay haussa les épaules, innocemment. Ouais, il aurait pu retourner en Irlande. Il aurait pu abandonner après s’être fait laver par ce pays de Ricains tous plus plastiques les uns que les autres. Mais il était resté, il avait voulu aller au bout de cette histoire, au bout de son aventure de merde qui s’était soldée de deux morts et d’un aliéné mental au final. Et il avait failli à plusieurs fois faire ses valises et se pousser bien loin de LA, mais chaque fois, quelque chose l’en avait empêché. Tara en avait fait partie, à une époque, lorsqu’elle avait été si généreuse avec lui et qu’elle lui avait donné la chance de dormir dans un vrai lit et de manger autre chose que des craquelins de riz. Le boulot au Barking aussi l’avait sauvé de la fuite, lui offrant un quotidien qu’il connaissait bien, qu’il aimait bien aussi. Il s’était fait des amis, peu recommandables d’abord, puis un peu mieux ensuite. Avait succombé à Sarah, sa brunette au caractère de feu, celle-là même qu’il lui avait fait exploser le cœur en mille morceaux. Les études à l’université étaient alors arrivée à la rescousse, le gardant un peu plus longtemps sur la côte ouest. Et finalement, finalement y’avait eut Ashleigh. La belle et brillante Ashleigh qui lui avait fait l’effet d’un éclair, d’un coup de foudre foudroyant – c’est le but non? – qui l’avait terrassé sur place. Il s’était battu pour l’avoir, oubliant tout le reste et abandonnant avec tous ses downs occasionnant son envie de quitter les États-Unis et se retrouvait maintenant les pieds collés ici, à tenter de se refaire une vie. Alors oui, Tara lui avait bien vendu LA.

« Et j’suis désolée d’ailleurs… J’avais pas eu la chance de m’excuser, alors, euh.. Mieux vaut tard que jamais, pas vrai? »

Cette introspection dans ses plus vieux souvenirs lui avait prit la tête quelque chose de grave et Jay se rendit compte, au son des paroles de Tara, qu’il n’était plus bien bien alerte depuis au moins 5 minutes. De la voir comme ça l’avait rendu nostalgique, et bien qu’il se souvenait de tout parce qu’un vrai gars de public comme lui n’oubliait jamais un nom ni un visage, il ne s’était pas attardé à ces souvenirs depuis très longtemps. Jay se contenta de la planter là pour aller servir son monde, ramassant paiements et pourboires le long du bar, versant une bière à l’un et à l’autre, ne la lâchant pas des yeux quand même. Puis, une fois sa ronde finie, il revient se poster devant elle.

« 4 ans, ouais. » conclut-il. « Et on dirait qu’on a pas changé d’un poil tous les deux. » il s’affaira à lui faire couler ses root beer, un sourire sur les lèvres. « Moi j’suis encore barman. Et toi, t’es encore mineure. »

Il s’en fichait un peu limite. Oui, il était du genre correct et à faire passer la justice avant tout habituellement, mais ce n’était pas pour 1 an ou 2 qu’il allait chasser quelqu’un du bar, encore plus si la commande résultait en boisson gazeuse. Pourtant, il avait encore un peu en travers le mensonge totalement non-fondé de la jeune fille, lorsqu’elle avait volontairement omis de lui préciser son âge le jour où elle lui avait ouvert sa porte. D’un autre côté, il avait pas insisté pour le connaître, il était tellement pris dans ses pensées et dans sa merde à cette époque qu’il n’avait pas le temps de réfléchir à autre chose. Mais il avait tout de même l’impression que son père et sa crise de nerfs auraient été plus facilement évitables s’il avait connu la date de naissance de la belle et qu’il avait donc évité de traîner chez elle ensuite. Mais c’était fait, ils n’étaient pas morts ni un ni l’autre, ils avaient seulement vu leur pseudo amitié s’envoler en fumée, et en coups de pieds au cul, et ils n’avaient pas eu le temps ni la force de se réinstaller et de faire un post-mortem de la chose, reprenant le tout du début sur des bases un peu moins violentes.

« En passant, comment va ton père? » demanda-t-il, moqueur, lui tendait ses deux verres.

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MessageSujet: Re: JAY&TARA - « there's a reason why, certain people meet. »   JAY&TARA - « there's a reason why, certain people meet. » EmptyDim 2 Sep - 19:57

    JAY - « Quatre ans, ouais. Et on dirait qu’on n’a pas changé d’un poil tous les
    deux. »

Une vague de souvenirs m’inonde, petites images qui se succèdent sans logique. C’est un film maladroit, un peu flou de nos personnalités distinctives qui cohabitaient. Ses traits me sont évasifs, comme si mon esprit ne cerne plus cette mémoire physique de Jason. Dans la noirceur de ma nostalgie, je ne revois que ce regard trop expressif. Des yeux engouffrés dans une tristesse et un désespoir qui hurle en silence. Je n’avais pas osé demander, incapable d’être une confidente, simplement une inconnue aux ressources accessibles. Je cligne des yeux, réaterrit dans un présent approximatif, à fixer ses iris communicatifs. Toujours fermés et lointains, petit miroir de sa déchéance intérieure, mais avec une lueur. L’espoir, ou le bonheur éphémère. J’hausse une épaule de mon incertitude, à écouter la suite de sa phrase. Cette voix légère et sans malice qui tiraille une réalité qui me désole.

    JAY - « Moi j’suis encore barman. Et toi, t’es encore mineure. »
    TARA – « J’suis plus mineure. J’ai juste pas encore mes vingt-et-un… »

Vingt-ans, le cap des dix-huit ans traversé avec bravoure. Mais je n’étais aux yeux des gens qu’une gamine, qu’une enfant aux rêves démesurés. Je glisse mes mains dans mes poches, éteignant un sourire faux, truqué. J’ai ces traits délicats et enfantins, un visage rond et des yeux naïfs. Petite Tara, petite innocente. Mon caractère surplombe cette naïveté apparente. J’ai rien contre Jay’, rien contre son commentaire sans sous-entendu. Mais le sentiment au creux de ma poitrine, ce discours trop connu me remonte à la gorge, saveur acide qui me dégoûte.

Les verres se fracassent contre le bar, liquide mousseux qui pétille sans bruit. Mon corps se rapproche du bar, le ventre collé contre le comptoir glacé et surélevé. Mon index frôle la vitre embuée de fraîcheur, laissant des marques tracées par les gouttes d’eau qui glissent sous mon contact. Je lui dois des explications, des pourquoi, et des comment. Mais ils ne changeront rien, pas maintenant. Sa voix réapparaît, comme autrefois, à intermittent, posée et évasive. Une tonalité qui remplace un silence sans pression, sans malaise. La phrase est prononcée aussi innocemment, mais j’arrive pas à jouer le rôle de coupable. À être dans le tort, alors que mes convictions n’avaient rien de négatif, rien de malsain. Il n’y avait que mon cœur démesuré qui souhaitait plus que tout faire une différence. Mon front se plisse de perplexité, et je déballe ce qui doit être dit, sans détour, sans mâcher mes mots.


    JAY - « En passant, comment va ton père? »
    TARA – « J’voulais bien faire, j’étais encore dans ma période de « je veux changer le monde » alors j’ai aidé comme j’ai pu. J’pouvais pas prévoir que mon père débarquerait comme ça et s’imaginerait le pire truc dégradant et pas sain pour sa fille de seize ans… »

Je lui fais face, comme une adulte que je ne suis pas pleinement. J’affronte la dure réalité avec mon ton caractériel. J’ai pas envie de lui devoir quelque chose, de me sentir coupable pour le sang qui a coulé contre son menton carré le soir où papa a débarqué. Parce que j’ai l’impression d’avoir épongé bien pire, les soirs précédents. Dans mes silences sans interrogation, avec mes actions qui ne demandaient rien en retour. Pas d’explications sur sa vie privée, sur le mal qui crispait sa mâchoire. Mon corps se referme, les épaules courbées par les souvenirs sombres qui gagnent mon état d’esprit. Ma tête se penche vers lui, parce qu’il m’écoute maintenant. Avec sérieux. Je ne souris pas, parce que le mensonge est humiliant, et que les jeux ne nous définissent plus. Écoute la vérité, et accepte-la.

    TARA – « Et je regrette pas d’avoir aidé. Malgré ce que la société peut bien penser de mes actions, je l’ai fait parce que c’était la seule chose à faire, point. Pas pour désobéir à mon père, pas pour pouvoir mentir sur mon âge, et pas pour séduire un homme clairement désespéré. »

J’espère qu’il l’a toujours su, la base de mes intentions. J’agrippe les breuvages qui balancent et se frappent contre les parois du contenant, un peu comme mes émotions contre l’intérieur de ma poitrine. L’alcool s’estompe de mon être, comme si la réalité devenait trop importante pour me laisser chavirer dans l’ébriété d’un monde parallèle. La discussion me brûle la peau, qu’une image permanente au fond du crâne; un regard perdu, dénudé de toutes émotions. Je chuchote avec force, pour qu’il m’entende clairement. Pour qu’il sache que je sais, sans savoir. Et dans ma voix qui demande confirmation, il ne résonne que ma certitude d’avoir lu une partie de son âme ce matin-là, à l’aéroport, où le soleil se levait pour le monde entier, mais pas pour lui. Et comme autrefois, je n’attends pas les explications et les pourquoi, parce que je crains de revoir une seule fois ces pupilles aussi vides de vie que cette fois-là. L’inconnu est beaucoup plus confortable pour moi que la vague de terreur qu’il pourrait me révéler pour un simple pourquoi que je ne demande pas.

    TARA – « J’étais peut-être qu’une enfant sans vécu, au cœur trop naïf. Mais j’ai pas halluciné la noirceur dans tes yeux ce soir-là, pas vrai? »


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MessageSujet: Re: JAY&TARA - « there's a reason why, certain people meet. »   JAY&TARA - « there's a reason why, certain people meet. » EmptyMar 9 Oct - 21:03

Jason passait une bonne soirée, vraiment. Le pourboire était généreusement offert, Jackson avait fini tôt et lui avait laissé le bar dans un état pas trop dégeulasse, les deux serveuses présentes pariaient avec lui sur la durée de vie d’un couple qui se disputait près des toilettes depuis déjà 30 minutes sur le fait que le mec avait reluqué de trop près le cul d’une jolie latina et que la copine ait logiquement pas apprécié du tout. C’était un quart de travail sympa et un coup d’œil à son portable plus tôt, il avait même vu y passer un texto d’Ashleigh mentionnant qu’elle viendrait faire un tour avec son frère plus tard. Rien de trop beau pour la classe ouvrière bref. Pourtant, Tara avait choisi ce moment pour ressurgir dans sa vie. Je ne dis pas qu’elle avait la capacité de la gâcher, lui seul faisait déjà un boulot impressionnant dans cette discipline, mais plutôt qu’avec elle, elle amenait innocemment un flot de pensées, de souvenirs, d’idées noires qu’il croyait avoir laissées derrière lui le jour où il avait tout lâcher pour être quelqu’un de bien. Après les courses, la drogue, les meurtres, les bagarres. Après qu’il ait tiré un gros trait sur sa facilité à se foutre dans des embrouilles pas possibles et qu’une petite brunette lui ait donné la poussée nécessaire pour faire quelque chose de bien avec sa vie. Voyez qu’elle n’était pas entièrement négative, non? Pourtant, Callaway avait la fâcheuse envie de tirer sa révérence et de limiter les échanges entre eux, surtout lorsqu’elle ressassa le passé le plus candidement du monde, dans un murmure.

« J’voulais bien faire, j’étais encore dans ma période de « je veux changer le monde » alors j’ai aidé comme j’ai pu. J’pouvais pas prévoir que mon père débarquerait comme ça et s’imaginerait le pire truc dégradant et pas sain pour sa fille de seize ans… »

« J’aurais fait pareil, et même pire si j’avais été lui. » l’excusa Jay, un sourire un coin, ramassant des verres qui traînaient sur le comptoir près d’eux.

Subtilement, l’irlandais esquivait la suite, sachant très bien qu’elle était aussi têtue que lui pour l’avoir vu à l’œuvre quelques années plus tôt. Cette amitié incongrue, cette relation qu’ils s’étaient tissée l’un et l’autre, qui avait grandit dans la boue considérant le fait que Jason était totalement paumé lorsqu’il était tombé sur elle et sur son aide. Il avait honte, un peu, beaucoup, d’avoir dû prendre appui sur quelqu’un de plus jeune et de plus fragile que lui, en apparence seulement hen, pour se propulser plus haut, plus loin. Lui qui s’était toujours débrouillé tout seul, il avait une faille, Tara en avait été témoin. C’était assez pour qu’il veuille se sauver à toutes jambes et oublier. Juste nier. Aussi simplement que ça.

« Et je regrette pas d’avoir aidé. Malgré ce que la société peut bien penser de mes actions, je l’ai fait parce que c’était la seule chose à faire, point. Pas pour désobéir à mon père, pas pour pouvoir mentir sur mon âge, et pas pour séduire un homme clairement désespéré. »

Dos à elle, il s’affairait le plus innocemment du monde à faire la vaisselle alors que les pauvres deux choppes de bière auraient bien pu rester dans l’évier encore quelques minutes, Callaway frissonna. Elle avait dit désespéré. Elle l’avait lu, elle n’avait pas juste utilisé le fait qu’il soit dans la rue sans ressources pour comprendre qu’il était dans la merde. Lui qui avait tenté du plus fort de cacher ses démons via d’autres distractions comme l’alcool ou l’humour cynique s’était fait prendre au détour. Immobile, il claqua de la langue sur son palais, roulant des yeux, sachant très bien qu’il lui devait un minimum de remerciements, d’avoir été son alliée, d’avoir bien voulu l’aider, parce qu’il en avait besoin comme personne. De ne pas l’avoir pris pour une loque humaine comme tous ceux qui l’avaient abandonné au passage, d’avoir cru qu’il restait au moins un peu d’humanité dans ce grand irlandais bourru et bête comme ses pieds qui refusait tout et tout de suite, qui maugréait, qui avait la rage au cœur. Comment une fille de 16 ans avait pu, à cette époque, trouver plus passionnant d’aider un mec désabusé de la vie? Elles étaient pas censées sortir illégalement, piquer du fric et des clopes à leurs parents et parler d’à quel point tel garçon leur avait brisé leur cœur à la dernière soirée du lycée? Nah, Tara était pas comme ça. Et Dieu merci, parce qu’il aurait y aurait pas survécu.

« J’étais peut-être qu’une enfant sans vécu, au cœur trop naïf. Mais j’ai pas halluciné la noirceur dans tes yeux ce soir-là, pas vrai? »

Coup de grâce. Jay se retourna d’un geste sec, lui faisant face malgré ce qu’il s’était promis, c’t’à dire la laisser parler et s’épuiser, puis finalement partir et lui éviter de repenser à avant.

« Non. Non, t’as rien halluciné. » il inspira profondément, ajouta le plus brusquement du monde : « Bravo, j’étais dans un état pitoyable, complètement irrécupérable, et tu t’es trouvée à être là au même moment. Concours de circonstances ou destin, j’m’en fiche. Je t’ai dit merci, maintenant, si on lâchait le passé et qu’on vivait dans le présent? » mouais, il avait été un peu sec, non? « J’ai… Y’a des clients qui attendent, excuse-moi. »

Jason avait ce qu’on appelait un tempérament en dents de scie lorsqu’on mentionnait son passé. Soit il se la jouait cool à l’os et laissait les choses couler sans rien tilter lorsqu’on abordait les sujets qui l’avaient brisé à travers les années. Ou bien il devenait une vraie teigne, un caractère de d’abruti, d’égoïste et de refrogné qui garde tout pour lui et qui tente, en vain vous l’aurez remarqué, de tout cacher en changeant de sujet. Bingo, Tara avait réussi à décrocher la place tant convoitée, ou pas, de ce deuxième scénario. Plantant la brunette là, Callaway fit quelques pas à sa gauche pour aller servir un mec qui venait à peine d’arriver, qui n’avait pas attendu et qui se révélait être là simplement pour emprunter le téléphone et faire un appel urgent. Merde. Lui qui se sentait si important, si « obligé » de mettre fin à sa conversation avec la jeune fille pour faire son boulot se retrouvait avec un vent en plein visage, et la culpabilité de celui qui avait dit ce qui ne fallait pas à une personne qui ne le méritait absolument pas. La repérant des yeux quelques secondes plus tard, il lui fit signe de la tête qu’il sortait. Au geste, il ajouta même une mine un peu repentante, ce qu’il ne feignait pas du tout, parce qu’autant qu’il ait pu être bourru, il était aussi un bon gars, au fond.

Savannah hocha distraitement de la tête lorsqu’il lui dit qu’il sortait prendre une pause et se fumer une cigarette relax dehors. Jason ne se fit pas prier pour passer par-dessus le bar et se retrouver à l’extérieur. Sortant son briquet, il tourna la tête par-dessus son épaule, espérant que Tara ait compris le message et qu’elle sache que finalement, il serait apte à parler et à lui montrer qu’il était pas qu’un idiot. Parfois.
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MessageSujet: Re: JAY&TARA - « there's a reason why, certain people meet. »   JAY&TARA - « there's a reason why, certain people meet. » Empty

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