Cela faisait déjà deux ans que Peter n'avait plus aucun contact avec ce qu'il appelait "sa vie d'avant". Il était d'abord partit de chez ses parents, cinq ans plus tôt, sans aucun regrets, puis de chez Zoé, après deux ans partagés avec elle, presque sans prévenir, et ça il s'en voulait. Mais il ne supportait plus de l’obliger à se couper du monde. Il ne méritait pas ce sacrifice. Il ne la méritait pas. Cela, il l'avait tout de suite compris, mais s'était attarder, un an, puis deux, trouvant trop difficile de s'éloigner d'elle, la voyant tellement heureuse. Ce qui l'avait finalement décidé? Le père de la jeune fille. Il risquait de le dénoncer à ses parents, qu'il avait fui, et ne semblait plus apte à héberger deux adolescents chez lui. Peter était parti, c'était trop tard pour faire demi tour. Trop tard aussi pour appeler, aujourd'hui, alors qu'il l'avait laissée sans se retourner. Aujourd'hui, il avait des amis, de nouveaux amis. Qui ne savaient pas qu'il avait fuit la maison à seize ans. Qui ne savaient pas qu'il avait toujorus un trou béant dans le coeur, la place de sa petite soeur. Mais qui se débrouillaient pour le rendre heureux, sans savoir, et il les aimait vraiment. Evalanie Stryder n était un assez bon exemple. Ils ne se connaissaient pas depuis bien longtemps, mais elle était là, et il aimait se confier à elle. Il lui avait dit pour Zoé, et pour sa soeur. Quasiment personne d'autre ne savait. Ce matin là, Peter décida d'aller la voir. En fait, il avait rêvé d’elle cette nuit. Oui, ça lui arrivait, il rêvait un peu tout le monde, cela ne signifiait rien. Quasiment certains de la trouver à la plage, étant donné qu’elle y passait le plus clair de son temps, le jeune homme prit un petit déjeuner rapide et alla chercher deux cafés avant de se diriger vers la plage. Une fois arrivé, il observa les surfeurs. Elle était là.
Le jeune Cohen leva le bras ne tenant pas les cafés et lui fit signe avant de s'asseoir sur le sable fin et d'observer les vagues , un sourire aux lèvres, en attendant qu'elle revienne. Il sirotait tranquillement son café.

Le surf n'avait jamais intéressé Peter, il était très curieux et voulait tout savoir, mais le surf ce n'était pas tout à fait son truc. Il s'en passait sans problèmes. Le sport, d'accord, mais le surf, les vagues, l'eau,... Pas pour lui. Il n'avait jamais voulu allez aux cours de natation auxquels ses parents l'avaient inscrit, il n’aimait pas se baigner. Ce n'était pas pour autant qu'il en savait pas nager, il nageait même très bien, mais n'avait aucune attraction pour les sports aquatiques et cetera. Sa petite soeur, par contre, aurait fait une très bonne surfeuse, certainement aussi douée qu'Evalanie. Cette pensée le fit légèrement sourire, sourire qui s'élargit à l'arrivée de la jeune femme. « Comment tu vas ? » Il ne pensait pas au fait qu'ils se connaissaient à peine et que leur relation était extrêmement forte, c'était venu naturellement. Après l’avoir suivie pour voir ce qui la gênait dans son travail de mannequin, ils avaient longuement parlé en marchant sur la plage, il avait découvert qu’elle était surfeuse et prit l'habitude de venir la voir s’entraîner. D’ailleurs, pas sur que son père soit très d'accord avec le fait qu'elle arrête de s'entraîner pour venir lui parler... Tant pis. « Tu m'en vois ravi. » affirma-t-il quand elle dit l'aimer. Il le savait, elle le lui avait déjà assez dit, mais il ne se lassait pas de l'entendre et de le lui dire également. Par contre, il faillit se renverser son café dessus quand elle lui sauta au cou pour l'embrasser sur la joue. Il la repoussa doucement et passa un bras autour de son épaule avant de réfléchir deux secondes à ce qu’elle venait de dire. « Zut alors, tu as découvert mon super secret... Pas un mot. » Il rit doucement avant de boire une nouvelle gorgée de café. Le jeune homme n'avait rien à répondre à la question qui suivit. Haussant les épaules, il chercha un évènement inhabituel dans sa mémoire, en vain. Il ne sortait que très peu, faisait toujours la même chose, allait chercher son café à la même heure chaque matin, prenait des photos toutes aussi peu intéressantes les unes que les autres,... Non, il s'ennuyait à mourir sans elle. Sans Zoé. Sans sa soeur. « Rien de bien passionnant, je prends des photos, je m'ennuie, je mange et je dors. » C'était quasiment ça. Et rien qui puisse le distraire à l'horizon, aucune occupation, aucune Zoé, aucune petite soeur à cajoler cinq ans après sa fugue, en la retrouvant. Rien. Sans Eve, sa vie aurait était tellement ennuyeuse qu'il n'aurait même plus compris comment il faisait pour la vivre. Tellement plate et vide, insignifiante. « Tu peux pas savoir à quel point tu me sauves la vie, à quel point j'ai besoin de toi. » Il la serra dans ses bras et resta ainsi, à l'enlacer en observant les vagues.

Tiens, un nouveau surnom... Peter sourit légèrement quand elle l'appela "choupi". Après tout, pourquoi pas. Elle semblait en forme, souriait toujours et s'amusait d'un rien. Il était content de la voir, et très heureux de changer un peu son quotidien, elle apportait quelque chose en plus à sa journée qu'il avait tout d'abord prévue ennuyeuse. L'avoir vue le matin lui donnerait le sourire toute la journée. Elle lui retourna la question. Que répondre sans paraître encore le rabat-joie de service qui ne sait ni s'amuser, ni aller bien. Il haussa les épaules. « Ça va. » En tout cas, depuis qu'elle était là, ça allait. Il se sentait beaucoup mieux avec Evalanie à ses cotés, ne pensait plus trop à sa famille et à sa Zoé. Ils ne se connaissaient pas depuis bien longtemps, personne ne se soudait aussi rapidement. Mais ils n'étaient pas n'importe qui, c'était indéniable, et ils formaient une paire très, très étrange. La joyeuse et le rabat-joie. Evalanie Stryder, la perle rare. Il ne trouverait jamais personne lui ressemblant, qu'il cherche n'importe où. Elle était unique, une petite boule d'énergie, toujours là, toujours souriante, pétillante.

Le rire d'Eve réchauffa le coeur du jeune homme, il aimait beaucoup jouer ainsi avec elle, la faire rire. Son regard clair resta un moment fixé sur elle, puis il sourit et reprit la parole. « J'te fais confiance ! » Bien sur qu'il était un Dieu, ça se voyait non ?! Non, bon, c'est rien... La surfeuse adopta une moue boudeuse quand il lista ses activités ennuyeuses. Il savait pertinemment qu'elle n'aimait pas qu'il fasse ce genre de réflexion, genre la vie est nulle et je l'aime pas. Mais elle savait aussi qu'il aimait la vie, sans le montrer et elle ne le lui rendait pas vraiment, mais il aimait la vie. Et, parfois, il se montrait très positif. Il se rendait compte qu'elle faisait tout pour le rendre moins taciturne, et ça le touchait. Il n'était pas du tout suicidaire, mais sa vie lui paraissait parfois tellement vide et plate. Sans intérêt. Il frissonna quand les lèvres de la jeune femme se posèrent dans son cou puis se détendit. Eve posa sa tête sur son épaule, et il lui caressa doucement les cheveux. Ils auraient pu être en couple qu'ils n'auraient pas fait mieux comme tableau, mais ils étaient plus que cela. Le lien les unissant était indestructible, incomparable à celui de deux amoureux. « Tu es mon ange tout court, choupinette. Je viendrais t'encourager à tes championnats.. Je serais celui qui criera le plus fort. » Il lui avait attribué ce surnom en rappel à celui qu'elle lui avait donné un peu plus tôt, et comptait réellement l'encourager à ses championnats. Il l'aurait même laissé lui apprendre le surf, lui qui détestait cela rien qu'à le voir. Elle entrelaça leur doigts et il la laissa faire, le regard fixé sur les vagues et un peu plus haut, les nuages gris commençant doucement à laisser apparaître le soleil.

Peter était souvent parti sans se retourner, sans prévenir, et en blessant pas mal de gens. Cela ne se reproduirait plus. Il ne savait pas si Evalanie le savait, mais jamais il ne comptait l'abandonner. Il avait laissé ses parents et ensuite Zoé car il pensait les soulager d'un poids, car il ne savait pas, et ne savait toujours pas, qu'il leur manquerait autant qu'eux lui manquaient. Avec la jolie blonde, il savait. Il avait conscience, car elle le lui disait souvent, qu'ils étaient fait pour rester ensemble. Les autres avaient surement penser qu'il n'avait pas besoin de se le faire dire, qu'il savait, mais c'était faux. Il était de ceux qui ont besoin de se faire confirmer l'amour. Il avait peur de s'attacher et d'être déçu, alors il attendait qu'on lui dise.

Soudain, Peter se retrouva allongé dans le sable, la surfeuse au dessus de lui. Il rit doucement, puis plongea son regard bleu-vert dans celui océan d'Eve. Elle lui demandait, mais il savait que ce n'était pas négociable, de l'accompagner à la fête d'Halloween. A vrai dire, il était plutôt surpris qu’elle n'y aille pas avec l'un de ses amis surfeurs. Il ne se voyait pas du tout en la personne qu'on invite à ce genre de soirée. Étais-ce uniquement pour le faire sortir? Se sacrifiait-elle, en quelques sortes? Tant, trop, de questions... Alors qu'il avait très envie d'accepter. Il fit mine de réfléchir... « Alors tu n'y vas pas avec l'un de ces beaux surfeurs bronzés ?! » Le photographe saisit les poignets de la mannequine et inversa la situation. Il se retrouva au dessus d’elle, un sourire triomphant sur les lèvres. « C'est d'accord, mais tu me trouves mon costume. » Il croisa les bras.

La princesse sirène... Encore, pourquoi pas, elle ne surfait pas ainsi pour rien. Par contre, il l'imaginait mieux en Ariel, la petite sirène. Oui, il connaissait bien ses Disney. « Je te voyais mieux en petite sirène aux cheveux rouges, mais c'est d'accord, je ne dirais rien. » Et puis ils commencèrent doucement à déprimer, ensemble, comme pour beaucoup de chose. Enfin, déprimer était un bien grand mot, ils faisaient juste dans la nostalgie. C'était mieux de faire cela avec Evalanie que seul, elle l’empêchait de couler véritablement. Elle était un peu comme une bouée de sauvetage... Très efficace. Il lui sourit et et la serra dans ses bras. « Promis. » La question ne se posait pas, l'avait-elle déjà vu ne pas faire ce qu'il disait ? D'accord, ça lui était déjà arrivé... Parfois. Mais ça arrive à tout le monde, et puis c'était surtout pour protéger ceux qu'il aimait, croyant bien faire.

Allongé dans le sable, Peter accepta la proposition, un un forcée, d'Evalanie. A savoir, l'accompagner à la fête d'Halloween. Pas qu'il aime cela, ou que se déguiser et danser lui fasse plaisir, loin de là, mais il ne voulait pas la décevoir, et puis elle ne lui laissait pas tellement le choix. Il demanda tout de même si elle n'y allait pas avec l'un de ses amis surfeurs. Quoi? Ils étaient plus grands, plus beaux, plus musclés,... tout ce que vous voulez, que lui. Sa réponse et son expression le firent sourire. « Bien sur que je suis mieux, qu'est-ce qu'un surfeur comparé à un Dieu ? » Non, ce n'était pas de la vanité. Surtout qu'il n'en pensait pas un mot, juste qu'Eve l'avait plus tôt qualifié de Dieu vivant. Il saisit les poignet de la surfeuse et la fit basculé pour se retrouver au dessus d'elle, posant une condition pour l'accompagner à la fête d'Halloween: qu'elle lui trouve son costume. Elle proposa d'aller faire les magasins puis les fit de nouveau basculer et se releva. « Je vois que ce n'était pas une question,... Tu veux jamais savoir si ça me convient à moi ?! » lui cria-t-il tandis qu’elle courait vers son père sans avoir attendu qu'il réponde.

La surfeuse revint, le jeuen homme attrapa sa main et se releva puis l'écouta sans répondre, tout en époussetant sa veste pleine de sable. Il acquiesça et la suivit jusqu'à chez elle sans un mot. Ils atteignirent les rochers, montèrent quelques marches et arrivèrent devant la demeure des Stryder. Peter suivit Evalanie, qui déposa d'abord sa planche de surf dans le garage avant de l'emmener vers le salon.

Elle s’éclipsa après lui avoir dit, en gros, qu'il pouvait faire comme chez lui. Il répondit avec quelques secondes de décalage, alors qu’elle ne pouvait plus l'entendre. « Bien sur... Bien sur, je parle tout seul, c'est rien. C'est pas comme si j'avais l'air complètement taré et paumé... Non, du tout. » Un bruit d'eau se fit entendre dans la salle de bain, il ne comptait pas se mettre à l'aise comme l'avait proposé son amie et sortit donc de la maison. Il s'assit sur l'une des marches et observa les vagues se fracasser contre les rochers et le sable.