Zora venait de déballer les cartons d'hiver. Il était un peu étrange de parler d'hiver dans une ville qui ne connaissait pas le froid, certes. Mais les températures avaient tout de même changées et un petit vent balayait LA. Ce n'était pas vraiment pour elle qu'elle faisait ça, mais plutôt pour la petite fille blonde qui se tenait à côté d'elle, ouvrant de grand yeux devant le carton. Zora regrettait parfois de ne pas pouvoir faire découvrir les joies de la luge à sa fille. Elle même n'avait jamais vraiment connue ça, étant née en Grèce. Elle était étrangère à cette saison où les arbres se déguisés en blanc, où les marrons chauds s'achetaient à tous les coins de rue et où les enfants pouvaient improviser une bataille de boule de neige au beau milieu de la journée. Nastasia, pourtant d'origine Russe, ne connaitrait probablement pas cette joie cet hiver. Zora avait espéré pouvoir partir en vacance, s'offrir une petite semaine à New-York, profitant ainsi de la neige et de la visite de la grande pomme, mais son employeur avait décliné, il avait trop besoin d'elle. Alors elle se contentait de rêver à un autre hiver où cette fois çi, elle irait skier avec Max et sa fille quelque part dans le Montana.

Zora n'était pourtant pas d'humeur rêveuse. Depuis toute petite, elle avait toujours eut les idées clairs, elle n'avait jamais songé trop loin. Ainée d'une famille de trois filles, elle c'était toujours sentit responsable de la survie de la tribue. Elle avait secondé sa mère quand celle-çi était tombé malade, elle avait tenté du mieux qu'elle pouvait pour la soulager et aider ses sœurs à avancer. Visiblement, elle avait échoué quelque part puisque l'une d'elle était morte et la seconde avait quittée sa vie des années plus tôt. Zora n'était donc pas une rêveuse, elle n’imaginait que le possible, le reste étant trop irréel pour elle. Elle avait assez d'argent pour s'imaginer tout plaquer et vivre sur une île accompagné de sa petite famille, assez d'argent pour s'offrir une nouvelle voiture flambant neuve ou même s'acheter un jolie appartement en Floride, afin de profiter pleinement du soleil chaque étés. Mais elle n'avait encore rien fait de tout ça, parce qu'elle n'en n'avait nullement le temps. Sa vie se résumait au bonheur de sa famille, à la survie de son couple et à sa réussite professionnelle. L'argent qu'elle détenait se trouvait bien sagement sur un compte, à l’abri en cas de coup dur car elle savait qu'en tant que journaliste, le moindre petit renversement pouvait lui couter cher. Elle devait cette petite fortune à son premier divorce, à cet enfoiré de Liam qui avait brisé en elle son idée du pince charmant et de l'amour éternel.

Elle n'entendit pas tout de suite la sonnette retentir. Plongée dans ses souvenirs, elle ne comprit que lorsque sa fille s'agita devant elle. Zora sortit brutalement de sa rêverie quand la sonnette retentit pour la seconde fois, plus insistante cette fois-çi. Nastasia venait de revêtir son déguisement d'halloween, un petit costume de sorcière absolument charmant, bien qu'halloween n'était en rien une fête très plaisante pour une enfant. « Range ça Nana, on en trouvera un autre pour l'année prochaine. Je vais ouvrir, ne bouge pas. » , lui dit-elle tendrement en lui ôtant son chapeau pointu. Décidément, cette petite pouvait lui faire faire n'importe quoi, même la faire devenir complétement mielleuse. Zora se redressa sur ses jambes et descendit les marches la menant au rez-de-chaussé. La sonnette hurla de nouveau, agaçant au plus haut point sa propriétaire. Zora n'était pas connue pour sa patience et elle avait horreur qu'on joue avec ces nerfs. Visiblement, la personne de l'autre côté de la porte cherchait à la voir impérativement. Zora imaginait déjà la tête de ce pauvre abrutis qui chercherait certainement à lui faire acheter une bible ou n’importe quel autre bouquin stupide. Zora lui ferait alors son grand discours sur la violation de propriété privé et sur ses droits, avant de lui claquer la porte au nez. « J'arrive ! », s’époumona t'elle en posant le pied sur la dernière marche. D'un geste souple et rapide, elle ouvrit la porte en grand avant de se retrouver face à … Lena ? Le premier choc passé, Zora ouvrit de grand yeux, d'abord étonnés puis ravis. Lena se tenait devant-elle, le visage résolument fermé, ce qui n'indiquait rien de bon. « Lena ? Lena ! », dit-elle d'une voix enjoué mais brisé par l'émotion. Elle ne se doutait pas une seconde de la tournure que prendrait leurs retrouvailles.