Sujet: MAX&SHANE - Ne me laisse pas. Sam 17 Nov - 14:36
« Tu vas la retrouver ? » Je le regarde, je souris faiblement. Qu’ais je d’autre en tête à part ça ? Rien. Ou peut être trop, bien trop. Parfois je me demande si tout ça passera, si je serais capable d’effacer ces souvenirs. Mais plus j’y songe et plus ma tête brule. Plus je lutte pour que rien ne me revienne. Les gens me regardent comme le type qui en a réchappé, et chaque fois que je regarde dans la glace, je vois l’ombre de qui j’ai pu être. Je ne comprends pas, après tout, c’est fini, pourquoi ça devrait me hanter ? N’ais-je pas assez donné ? Je m’assieds un instant sur un banc, regarde passer les gens et imagine ce qu’aurait pu être notre vie. Si je lui avais dis, si nous avions cessé de jouer, si nous avions été honnêtes. Mais je suis parti sans qu’aucun mot ne soit prononcé. Sans que nous sachions à quoi nus en tenir, et c’st peut être ça, qui m’a fait tenir. Je sais que ce ne sera aisé de la revoir, de la retrouver. A t’elle rencontré quelqu’un ? M’a-t-elle oublié ? Car pas un jour n’est passé sans que mes pensées aillent vers elle. Je passe ma main sur mon visage et me relève. Au moins, ici personne ne fais gaffe à qui je suis, personne ne fait de tête d’enterrement. Ils ne savent pas, et parfois, j’ai envie de passer inaperçu. Mon état mental semble peu recommandable pour le service actif, pour le moment. Super, et je vais vendre des hots dog ? J’ai encore la sensation, le sentiment, la déception ressentis quand sa tante m’a dit qu’elle n’était là. Je ne m’y attendais pas.
Je suis à présent dans le train. Je regarde le paysage, je regarde autour de moi. Des couples, des enfants, des vieux, des jeunes. Tout me semble si peu important face à avant. Ca y’est, je parle comme si j’avais soixante dix ans. En même temps, vu la tronche que j’ai aujourd’hui, j’ai l’air d’en avoir bien plus. Je finis par m’assoupir, toute façon après avoir dormi sur le sol froid, on s’endort à peu près partout sans difficulté. J’ai eu du mal à retrouver un lit, des draps, la chaleur. Tout me semblait trop confortable, dérisoire. Je pense à lui aussi, je devrais l’appeler lui dire que je suis bel et bien envie. Mais serais-je affronter son regard ? Après ce que je lui ai dis juste avant ? Peut être pas. Pas si compliqué remarque face à la pensée d’être à nouveau devant Max. Elle quitte un joyeux drille, elle retrouve un croquemort, super. Je sens que ça risque d’être épique. On est arrivé, je prends l’avion, je n’aime pas les avions. Trop ont fini leur voyage trop brusquement. Et à chaque fois je me dis que ce sera mon tour de mourir dans un crash. Ce serait ironique. Résister à la torture et mourir dans un crash d’avion. Ou peut être juste tragique. Le temps semble court vu que je passe mon temps à dormir. Merci les calmants que je prends pour ne pas voir le trajet.
J’arrive enfin. Je prends un taxi et indique l’adresse donnée. On arrive bientôt, là je ne dors pas, je suis même plutôt éveillé. J’arrive devant s porte et mon cœur commence à battre si fort que je crains de nous faire un arrêt avant d’avoir frappé. Je lève ma main, hésite, puis frappe. Quand la porte s’ouvre, toutes mes craintes s’envolent et même le fait que l’appartement soit au nom d’un homme, je ne m’en préoccupe plus. « Bonjour Max.. » Ya eut pire comme entrée en matière, pourtant, c’est tout ce que j’ai à dire, conscient que je viens de bouleverser nos deux mondes. Fait on toujours parti du même ?
Invité
Invité
Sujet: Re: MAX&SHANE - Ne me laisse pas. Mer 21 Nov - 17:48
∞ TRUE LOVE STORIES NEVER HAVE ENDINGS. ∞
En atterrissant au LAX un mois plus tôt, la brunette ne pensait pas se retrouver dans une telle situation. Ses vacances prolongées représentaient pour elle une façon de prendre un peu de recul vis-à-vis de son métier. Contrairement à ce que beaucoup de militaires tentaient de faire croire, ils n’étaient en aucun cas autre chose que des humains. Certes, avec des grenades autour de la ceinture et des fusils d’assaut en main, cela dit ils mouraient sous les coups et les balles comme tout un chacun. Ils étaient aussi retournés par la violence et la guerre que Mr et Mme Tout-le-Monde. Davantage même, puisqu’ils les vivaient réellement. Max était vue comme une dure à cuire, une femme que rien ne pouvait effrayer. Après tout, elle avait été nommée Colonel. Pour une personne de sexe féminin et à fortiori de son âge, il s’agissait d’une distinction relativement rare. Et pourtant. Elle n’avait jamais prétendu avoir un cœur de pierre, bien au contraire. C’était la raison pour laquelle de temps en temps, elle s’éloignait. C’était aussi pour cela que les soldats de son unité partaient en permission aussi souvent que possible : pour se ressourcer auprès de leurs familles. Le Colonel Lennox en avait besoin, tout comme eux. Et sa famille, c’était Leah, mais aussi Thomas.
Enfin, plus seulement. Car désormais son entourage proche comptait un membre en plus : Amber. Une adolescente complètement paumée, ayant probablement vécu plus de tragédies que des vieux en fin de vie, tout en n’ayant pas encore atteint la majorité. Et encore, Max ne savait pas tout. Amber lui avait raconté l’orphelinat, les foyers. Le reste viendrait probablement avec le temps. Il était normal de ne pas la voir s’épancher en quelques semaines : elle avait besoin de se rassurer, de savoir que oui, elle pouvait faire confiance à sa demi-sœur, avant de vraiment s’ouvrir. Maxine en faisait autant avec ses propres secrets… Là-dessus, c’était indéniable, elles se ressemblaient comme deux gouttes d’eau. Thomas disait très souvent qu’elles partageaient le même caractère, par ailleurs. La même manie de claquer les portes quand on les mettait sur les nerfs.
Tout en préparant sa liste de courses, Max ne put retenir un sourire. C’était fou comme ses pensées déviaient souvent vers Amber en ce moment. Elle avait à peine fait irruption dans sa vie qu’elle ne se voyait déjà plus vivre sans elle, et pourtant, toutes deux avaient le coche pour se chamailler ! Max n’était pas expérimentée du tout, l’accueillir dans son existence lui poserait sûrement quelques soucis quand elle retournerait à l’armée. Mais pour l’heure, elle ne voulait pas s’en soucier. Elle avait juste envie de savourer son nouveau statut de grande sœur. Avec les disputes qui allaient avec… Une fois son petit papier cartonné rempli de choses à acheter, la brunette se dirigea vers la porte en vue de récupérer son manteau. Thomas était au travail, Amber au lycée, et comme d’habitude, elle-même se retrouvait complètement seule toute la journée. Quelques jours plus tôt, Max avait repris l’envie de cuisiner et justement, ce soir, elle allait leur faire un bon petit plat. Ils adoreraient, elle en était sûre. Sans compter que ça leur permettrait de prendre un vrai dîner tous les trois, plutôt que de manger sur le pouce, et ils pourraient en profiter pour discuter un peu. Sous-entendu, Max pourrait en profiter pour interroger Amber sur la façon dont se passaient ses cours et son intégration au lycée…
La sonnette de l’entrée émit son bruit caractéristique. La brunette soupira. C’était sûrement quelqu’un pour Thomas, elle-même n’étant pas ici depuis assez longtemps pour avoir ses propres visiteurs. Encore un regard étrange à supporter – ben oui, apparemment, Mr Henley n’avait pas pour habitude d’héberger des femmes sous son toit. Ou alors elle partent avant le petit-déjeuner, songea-t-elle, pleine d’humour, un sourire flottant sur ses lèvres alors qu’elle ouvrait la porte. « Bonjour Max… » Aussitôt, elle se figea. Elle n’arrivait pas à croire qu’il se trouvait juste devant elle. Etait-il possible qu’elle soit atteinte d’hallucination ? Finalement, peut-être. Elle n’en avait parlé à personne, mais se retrouvait sujette à quelques violentes migraines parfois… Il se pouvait que voir des choses – ou des personnes – qui n’étaient pas vraiment là était, en quelque sorte, une étape supérieure. Il fallait que Max soit sûre. Elle n’avait pas envie de se réjouir s’il s’avérait que Shane ne soit pas vraiment ici, à Los Angeles. Et puis, à supposer qu’il ait vraiment survécu, quelque part, pendant tout ce temps, comment avait-il fait pour la retrouver ? Seule Leah avait pu lui donner son adresse actuelle. Ses supérieurs à l’Armée n’avaient que son numéro de portable. Et Leah l’aurait appelée, Maxine en était certaine…
Tu te poses trop de questions, tu crois que c’est vraiment le moment ? Voilà, son cœur avait parlé. Alors, sans penser à rien, sur le coup de l’impulsion, la jeune femme s’approcha et entoura Shane de ses bras. Tout lui revint en pleine face à ce moment précis. Les recherches qu’elle avait menées, infatigable et acharnée comme jamais. La vérité à laquelle elle avait du faire face en réalisant qu’il n’était nulle part. Son enterrement, un an plus tard. Oh mon dieu, son enterrement… Il était vivant, et l’Armée l’avait pourtant mis six pieds sous terre, partant du principe que tout soldat porté disparu était présumé mort au bout de douze mois. Ils s’étaient trompés. Elle avait du lui dire au revoir. Elle avait du se rendre sur sa tombe, admettre son absence, apprendre à vivre sans lui. Et désormais, Max était tout simplement en train de se serrer contre lui. Fort, comme s’il allait lui échapper à nouveau. Elle se força à le lâcher un peu, et croisa son regard. Plusieurs larmes roulèrent sur ses joues – personne n’avait jamais vu le Colonel Lennox pleurer. Personne. Elle leva une main et frôla le visage de Shane de ses doigts. Quelque chose avait changé. Ses traits… semblaient plus marqués. Durcis par quelque chose de terrible. « Mais… qu’est-ce qu’il t’est arrivé ? Qu’est-ce qu’ils t’ont fait, Shane ? » murmura-t-elle, la voix cassée, réalisant l’horreur de la situation. S’il avait été si loin d’elle pendant des années, c’était parce qu’on l’avait forcé et certainement pas par choix. Elle ne connaissait pas l’identité de ces gens, de ce fameux « ils », mais elle savait pourtant une chose.
Elle les retrouverait. Alors, ils paieraient. De leur propre vie.
Invité
Invité
Sujet: Re: MAX&SHANE - Ne me laisse pas. Mer 21 Nov - 19:00
Je me doutais que tout ne serait aisé. Qu’elle aurait sans doute un choc. De me voir, de me voir vivant. Je savais aussi qu’on déclarait mort assez vite et que j’étais surement figurément parlant mort et enterré. Ca faisait un moment que les contacts humains n’étaient plus ce que je cherchais, et de loin. Plus on me laissait tranquille et mieux j’allais, mais comment expliquer à Max que me toucher serait éprouvant ? Que me toucher serait presque inhabituel et étrange pour moi. Pourtant, lorsqu’elle m’enveloppa de ses bras fins, la chaleur de son corps, son parfum, tout ça me rappelait ce que nous avions. Une partie de moi se laissait faire, l’autre ne supportait que très mal l’éreinte, pas qui touchait, mais juste le fait de le faire. Elle serrait de plus en plus et je pouvais sentir son cœur battre plus fort, et son visage s’humidifier lentement. Je ne savais pas quoi dire ni faire, j’étais comme un pantin et dans un sens ça m’énervait profondément de ne pas être capable de ressentir de la même façon nos retrouvailles.
Je me reculais lorsqu’elle me laissa enfin à peu près respirer. Peut être pas le moment de lui dire attention à mes côtes. Elle pleurait, et ce fut une des choses qui me força à bouger, à faire quelque chose. Ce ne fut rien et pourtant, le contact de son visage m’éveillait à une chose oublié en quatre ans. La chaleur humaine, la tendresse, des choses qui m’étaient interdites à ce moment là. Ma main caressa sa joue et essuya ses larmes.. Mon coeur souffrait, mes entrailles se nouaient, je n'avais supporté de voir une personne pleurer, mais elle, c'était sans doute pire que tout, sachant que venant d'elle, c'était impliquer une douleur certaine, là, un soulagement face à cette douleur. Sa main à elle frôla mon propre visage, ma main vint rejoindre la sienne et se posa sur elle. La question fatidique arriva, celle auquel on ne veut entendre la réponse, ni être celui qui la délivre. Que m’avaient il fait ? Que m’était il arrivé ? Avait-elle vraiment envie d’en entendre chaque détail ? Parce que moi-même je n’étais pas certains d’être désireux de les entendre. Je finis par repérer le canapé. « Je peux ? » dis je tout en me dirigeant vers le dit canapé et m’asseyant. Loin de moi l’idée de paraitre malpoli ou autre, mais je commençais à fatiguer, le voyage plus ce qui restait de mes blessures, plus ce qui venait de se passer. Mais surtout, il était plus aisé de lui dire ce que j’avais à dire, assis.
« Je ne suis pas certain que tu aies envie de savoir max. Tu ne préfère pas lire le rapport ? Pour être honnête je ne sais pas si je suis prêt à l’entendre de ma bouche non plus. Disons que si je n’avais pensé à toi chaque jour, j’aurais sans doute abandonné, et je ne serais pas revenu. Mais je ne vais pas mentir, l’homme que tu as en mémoire n’est pas mort qu’officiellement… Une partie de moi est restée là bas. Tu seras sans doute vite surprise de voir à quel point j’ai pu changer. Je ne sais pas si tu es prête à cela. » Autrement dit, sera-t-elle prêt à faire face à un homme qui n’est plus celui qu’elle a connu. Qui sent qu’une partie de lui a disparu et ne reviendra pas. Une question me brulait la langue, question que je regretterais sans doute d’avoir posé juste après, mais qui net ente rien n’a rien. « Tu vis chez un homme. Dois je en conclure que.. Je sais que rien n'était défini entre nous et que je ne suis pas en droit de te demander une chose pareille, mais j’ai tout de même besoin de savoir si tu as refais ta vie. Je ne vais pas t’en vouloir, tu n’as jamais été nécrophile après tout.. » Dis je essayant une touche d’humour. Je finis par tenter d’enlever mon manteau, mais toute suite je sentis que ce serait plus douloureux que de coutume. « Je peux te demander de m’aider Max ? J’oublie vite.. » Je ne voulais pas parler de c’ils m’avaient fait, donc parler de pourquoi je pouvais avoir mal. Même si certaines des séquelles étaient cicatrisées, je n’avais pas vu de médecin et certaines étaient restées problématiques. Sa tante avait tout de même essayé de me soulager et de panser ce qu’il fallait. En enlevant le manteau elle dut découvrir cicatrices et bandages qui ne devaient pas aider à ne pas imaginer ce que j’avais pu subir là bas. J’aurais du attendre sans doute pour venir, mais une partie de moi avait juste besoin de la revoir. « J’aurais du te dire ce que je ressentais Max. J’ai été lâche à l’époque. J’aurais du. » Et moi j’aurais du me taire, car si cet homme était son nouvel « ami » je la mettais dans un embarras certain.
Invité
Invité
Sujet: Re: MAX&SHANE - Ne me laisse pas. Jeu 22 Nov - 18:06
Au contact de sa main tout contre la sienne, Max ferma les yeux et se laissa porter par l’instant présent, comme si le reste du monde avait tout simplement cessé d’exister. Combien de fois avait-elle imaginé son contact, au milieu de draps froids ? Ses bras autour de son corps ? Son souffle glissant sur sa nuque ? Ses lèvres déposant un baiser dans ses cheveux ? Elle se souvenait avoir espéré si fort que parfois, l’espace d’une courte seconde, cela lui avait soudain semblé réel. C’était sans compter les rêves dont Shane faisait bien souvent partie, peu de temps après sa disparition. Max se complaisait dans ce genre de fantaisie, se disant que si elle ne pouvait pas l’avoir près d’elle pour de vrai, elle pouvait en profiter un minimum grâce à ce biais. Il s’agissait en quelque sorte d’un échange par procuration. Ils discutaient, riaient, se chamaillaient… pour de faux. Uniquement dans son inconscient. Mais elle s’en fichait bien, à l’époque. Aujourd’hui, les songes s’étaient effacés – ou presque. Elle se rappelait avec davantage de clarté le réveil, quand la vraie vie la sortait de son petit coin de Paradis. Une expérience à chaque fois plus douloureuse, qui se soldait par des larmes. Toujours.
La jeune femme hocha la tête lorsque Shane fit un geste en direction du canapé, et se sentit légèrement embarrassée. Il avait du faire un long voyage jusqu’ici, avait vécu Dieu seul savait quoi ces quatre dernières années, et elle oubliait de l’inviter à franchir le pas de la porte ! D’un autre côté, pouvait-elle sincèrement s’en vouloir ? Il ne s’agissait pas d’une simple visite de courtoisie. Elle l’avait enterré. Ils l’avaient tous fait. Par conséquent, c’était comme si un fantôme venait de frapper à son appartement… Ils s’installèrent sur le sofa et là encore, Max était bien trop bouleversée pour songer aux bonnes manières. Au lieu de lui proposer quelque chose à boire, elle se contentait de l’observer sans relâche, encore incapable de croire, même après l’avoir senti contre elle, qu’il puisse être de retour. On aurait dit qu’elle avait peur de le voir disparaître en un simple clignement de paupière. Ce qu’elle entendit par la suite l’acheva littéralement. Shane éluda la question des épreuves qu’il avait du traverser, et il ne chercha même pas à en dissimuler la raison. Apparemment, il avait changé. Beaucoup changé. Ca se voyait sur ses traits, mais Max avait espoir que ce ne soit rien d’autre qu’une façade. Des marques récentes, qui s’effaceraient avec le temps, à mesure qu’il en guérirait. Seulement pour Shane, il y en avait d’autres : celles du cœur, du psychologique, totalement indélébiles. A un point qu’il ne la pensait pas prête à accepter la différence. « Je ne veux pas le lire sur un rapport, Shane et tu le sais. Je veux l’entendre. A travers tes propres mots. Je ne l’apprendrai pas autrement. Jamais, » souffla-t-elle, essayant de cacher tant bien que mal combien elle était bouleversée. Et à quel point l’appréhension la rongeait. Car si Shane en arrivait à ne pas vouloir en discuter directement avec elle, la situation était grave. Vraiment grave.
Elle ne pensait même pas qu’il puisse évoquer quelque chose d’aussi… hors-sujet que son emménagement avec « un homme », alors qu’il revenait à peine de quatre ans d’absence. Et pourtant, il le fit. Le nom de Thomas Henley avait forcément du lui dire quelque chose. Il ne l’avait jamais rencontré, mais Max en parlait beaucoup. Après tout, Thomas resterait à jamais son frère de cœur – un membre de sa famille. Shane s’imaginait-il que leur relation s’était transformée quand il avait disparu de la circulation ? Qu’ils s’étaient finalement trouvés ? Il essaya une touche d’humour, à laquelle la Colonel répondit par un sourire un peu forcé. Elle était toujours choquée de la situation, il ne fallait pas s’attendre à ce qu’elle se déride aussi facilement. Mais elle tenait toutefois à lui répondre vraiment. Ainsi, tout en l’aidant à retirer son manteau, son cœur ratant un battement pour chaque nouvelle blessure qu’elle mettait à nu, Max expliqua. « Thomas m’héberge pour le moment. Enfin, c’est compliqué… » En disant cela, elle pensait surtout à Amber, mais n’imagina pas que Shane puisse l’interpréter autrement, surtout que même s’il avait vu Leah – la seule qui aurait pu lui donner cette adresse – elle n’aurait pas pu lui annoncer la découverte de sa demi-sœur. La militaire ne le savait pas encore. Max voulait se donner du temps, celui de découvrir Amber petit à petit, avant de rendre sa présence officielle.
La brunette déposa le manteau sur le bras du canapé. Ses yeux ne quittaient pas le corps de Shane, où elle pouvait voir – ainsi qu’imaginer, sous les bandages – des marques sans aucun doute douloureuses. Elle devinait aisément que de la torture était impliquée. Ainsi qu’une privation de nourriture, au vu de son aspect général. Elle ne réalisait que maintenant ce qui ne clochait pas sur son visage. Ce n’était pas uniquement de la dureté. Ses traits étaient… creusés. Elle eut une soudaine envie de se lever, de se mettre à hurler sa frustration et sa colère tout en se défoulant sur le moindre objet qui lui tomberait sous la main. Intérieurement, elle bouillonnait, ses nerfs étaient à deux doigts de lâcher. Comment ? Comment avaient-ils pu lui faire une chose pareille ? Qui et pourquoi ? Que s’était-il passé ? Où était-il pendant tout ce temps ? Max se mordit la langue, une façon comme une autre de se forcer au calme afin de prévenir la tempête. Car si elle commençait à se déchainer, personne ne pourrait l’arrêter, pas même Shane. Elle prendrait le premier avion pour Carlisle Barracks, éplucherait le dossier, interrogerait tout le monde, jusqu’à obtenir un nom. Puis, elle effacerait toute raison, et laisserait la vengeance prendre le contrôle de ses actes. Jusqu’à satisfaction.
« J’aurais du te dire ce que je ressentais Max. J’ai été lâche à l’époque. J’aurais du. » Ses mots la touchèrent au plus profond de son cœur. A un tel point qu’elle ne songea plus aux responsables de la douleur dont Shane avait été victime. Ni à leur meurtre pour obtenir un semblant de justice. Une fois encore, il n’y eut plus qu’elle et lui. Ils se soutenaient du regard, alors qu’elle comprenait enfin ce qu’il voulait dire. Ce qu’il avait, justement, toujours voulu dire sans jamais oser. Tout comme elle. Mais Max avait peur. Peur de trop s’attacher. Peur de perdre l’être aimé. Et au final, se taire n’avait pas changé grand-chose : la « mort » de Shane l’avait fait souffrir autant que si elle s’était jetée à l’eau. Sinon plus, parce qu’elle n’avait jamais eu l’occasion de lui révéler combien il comptait. Elle détourna les yeux. Les larmes recommencèrent à courir le long de ses joues, et elle en chassa quelques-unes d’un rapide revers de la main. « Je t’ai cherché, Shane, » lâcha-t-elle finalement, lui faisant de nouveau face. Sa voix, cassée, trahissait ses sentiments autant que l’expression de son visage. Autant que ses sanglots. « Je t’ai cherché partout, sans relâche. J’ai remonté toutes les pistes, sans exception, même les plus infimes. Mais tu n’étais nulle part… Au bout de quelques mois, tout le monde me croyait dingue. Je ne cessais pas de retourner la Terre entière, je ne cessais pas de croire, d’espérer que tu étais quelque part, vivant, et que j’allais te retrouver. » Elle secoua la tête. « Et puis, on m’a forcée à t’abandonner. J’ai du stopper les recherches, revenir dans le rang, ou je passais à la trappe et je n’avais plus qu’à plier bagage. Alors j’ai ignoré cet espoir qui m’animait jusque-là et petit à petit, je l’ai... tué. » Ses yeux plongèrent dans ceux de Shane, insistants, profonds. « Puis, je t’ai enterré, Shane. J’ai posé ma main sur ta tombe, et je t’ai dit au revoir, à jamais. » Elle posa ses mains sur son visage, désormais incapable de le regarder suite à cette révélation. Ses prochains mots furent presque inaudibles, les larmes la terrassant encore et encore. « Je suis tellement désolée, si tu savais. » Oui, désolée de l’avoir abandonné. Désolée de ne pas avoir su « sentir » qu’il était encore en vie. Désolée de ne pas s’être montrée à la hauteur. Et pourtant, ce n’était pas faute de l’aimer à en mourir.
Car si une part de lui était restée là où on l’avait forcé à vivre durant les quatre dernières années, pour Max, c’était une part de son propre cœur qu’elle avait laissée sous terre, avec lui, ce fameux jour où elle avait fait ses adieux…
Invité
Invité
Sujet: Re: MAX&SHANE - Ne me laisse pas. Jeu 22 Nov - 19:34
Elle ne le voulait pas le lire sur un bout de papier. C’était bien la femme que je connaissais. Mais je n’étais pas désireux de lui dire tout ça. C’était encore frais dans mon esprit et elle se devait de comprendre que ce n’était pas le genre de choses sont on veut se souvenir. « Mais tu ne le sauras pas de suite alors, il me faut du temps Max, pour digérer. » J’espérais vivevement qu’elle se mette à ma place, qu’elle comprenne. Car si j’avais eu la moindre envie d’en parler à quiconque elle était en haut de la liste sans aucun doute. Rien que de revoir passer les images devant mes yeux me troublait. Elle se mit à parler de ce fameux Thomas. Je n’avais le droit de débarquer ici, de dire « hey ho je suis vivant, reprenons là où nous étions », je le savais, je n’en avais pas moins envie. Comment dire ce que notre cœur hurle sans paraître invasif ? Y avait il un moyen de lui montrer, de lui faire comprendre les enjeux ici ? « Compliqué comme votre relation ou autre chose ? Je me moque du reste Max, je veux juste savoir, j’en ai besoin.. » Je commençais à m’énerver, sans vraiment savoir pourquoi. Ou si. Peut être étais je juste jaloux. Je ne pouvais me mettre en tête – et ce même si je n’avais le choix – qu’un homme ait pu la toucher, la regarder, comme je l’ai fait, ou même l’aimer. Ses yeux braqués sur moi me gênaient. Pas parce qu’ils venaient d’elle, mais parce que tant que je ne lui dirais rien, elle allait s’imaginer tout et n’importe quoi.
Je ne m’attendais pas à sa réaction, et j’avouais ne pas avoir y répondre. Mais une chose fut sure, je haïssais la moindre parcelle de son être qui puisse souffrir. Elle les essuya avant que je ne le fasse. Elle me raconta avec quelle ferveur elle m’avait cherché, quels moyens elle avait employé pour fouiller littéralement ciel et terre. Si j’en avais été capable j’aurais sans doute versé une larme ou deux à cette vue. Mais à fore de retenir tout ce qu’il fait de vous un humain, vous finissez par ne plus savoir quoi et comment ressentir. « Je parie que tu en as rendu fou plus d’un aussi.. » Dis-je en souriant faiblement. Je savais que lorsqu’elle avait une chose en tête elle allait jusqu’au bout. Mais le moment où elle parla de l’enterrement me mit à terre. Parce que je vis dan ses yeux la profondeur de sa peine, plus que je n’étais capable de supporter. Ses yeux me transpercèrent comme ils l’avaient fait plus tôt, comme ils l’avaient toujours fait. Je m’avançais vers elle et pris place à ses côtés. Mon bras l’attira à moi, la serra contre moi, et mes lèvres cherchèrent les siennes. Peu importe qui était dans sa vie, et égoïstement, jamais personne ne pourrait l’aimer comme j’avais pu bruler pour elle. Je reculais mon visage, grimaçait légèrement et enlevais mon haut. J’avais top chaud, j’étais sans doute déshydraté et un tas d’autres trucs. Mais je n’avais pas en tête ces choses là. La seule pensée qui me traversait l’esprit, c’était la sensation d’être chez moi. D’être rentré. Chez moi était avec elle, et tant pis si c’était une idée saugrenue et pathétique.
« Tu n’as rien abandonné. Quatre ans c’est long Max. Qui t’en voudrait ? Pas moi. Ils.. » Je finis par me lever, j’étais toujours assez épuisé, mais j’avais besoin d’une distance pour dire ça. « Ils ont tenté de me faire parler Max. Par tous les moyens. Je suis sur que tu les connais tous. Mais quand je ne répondais plus à leurs conneries, ils ont décidé de m’enfermer. De me couper de tout contact humain. Et c’était plus ou moins agréable après tout ce qu’il avait fait pour que je capitule. Je.. Je n’étais plus vraiment conscient de ce qu’il se passait, ni vraiment vivant. Je crois que moi aussi j’ai plus ou moins abandonné. Et puis cet homme, ce jeune devait surveiller. Et j’en ai profité.. Je l’ai.. Je l’ai tué Max. Du moins c’est ma faute s’ils l’ont exécuté. Il n’avait que 18 ans tout au plus, je ne sais pas, mais c’était le prix de ma liberté. Tu veux plus de détail ? Comme le fait que j’ai bien failli l’étrangler ? Que j’ai pris peur, que mes actes m’ont effrayé et que je suis parti. C’est ça que tu voulais savoir ? Parce que je pourrais te dire quels outils ils ont utilisé pour briser mes os, pour déchirer mes chairs, mais à quoi ça t’avancera max ? Te faire du mal, rien de plus. L’armée ne veut plus de moi, ils disent « dérangé psychologiquement ». Tu m’étonnes.. » Je finis par poser ma main sur mon épaule, la frotter doucement puis poser celle-ci sur le canapé. « Je peux prendre une douche ? J’ai besoin..De me.. De prendre une douche.. » La vérité ? Je fuyais. Parce que je ne voulais pas, et pourtant j’avais tout dit, j’avais osé l’informer de ces choses. J’avais peur, peur qu’elle ne me regarde plus jamais comme avant. Et surtout parce que toutes ces images revenaient d’un seul coup et m’assaillaient tant que j’étais sur le point de les laisser me détruire, comme j’avais pu abandonner auparavant. Quand on voit tous ces vétérans complètement détraqués, on se dit que c’est une poignée, on ne s’imagine pas qu’on sera de ceux là un jour. La guerre transforme tout, vous mets à terre et vous regarde crever.. Je finis par la fixer, m’arrêter un moment sur ses yeux magnifiques, sans doute horrifiés. « Je t’aime Max. Je t’aimais et je t’aimerais sans doute jusqu’à ce que je crève. Mais je doute que tu puisses m’aimer, pas comme ça, pas ce qu’il reste. » Tant de contradictions, tant de détresse, tant de choses qui un jour auraient ma peau. Car sans elle, il ne restait plus grand-chose qui me tiendrait debout.
Invité
Invité
Sujet: Re: MAX&SHANE - Ne me laisse pas. Ven 23 Nov - 19:27
La brunette pouvait aisément comprendre le silence de Shane quant à ce qu’il avait vécu les dernières années de son existence. Elles avaient du être remplies de douleur et de terreur. De solitude aussi. S’était-il demandé si on le recherchait ? Si son unité avait au moins mené une enquête dans le but de le récupérer ? Quoi qu’il en soit, lui-même venait tout juste de s’en sortir et de retrouver la liberté, comme ses plaies encore récentes le suggéraient. Aussi grave soit la situation, Max en ressentit une certaine forme de bonheur. Son visage creusé, son corps blessé, son refus de donner des détails… Tout portait à croire que la revoir représentait, pour Shane, une priorité numéro un. Il aurait pu attendre d’être remis, il aurait pu se reposer à la base et la rejoindre ensuite. Mais non. C’était comme s’il avait eu besoin d’elle, de sa présence. Intérieurement, elle l’en remerciait. De toute façon, les choses n’auraient pu être différentes : au moindre appel de ses supérieurs indiquant le retour du Lieutenant-Colonel Hamilton, elle aurait pris le premier avion pour Carlisle Barracks. Qu’il le veuille ou non. « D’accord, » acquiesça-t-elle alors, compréhensive. « Prends le temps qu’il te faut. »
Elle-même avait été victime de torture. Certainement pas autant que lui, mais elle savait quelle douleur pouvait causer une personne prête à tout pour que vous lui racontiez le plus noir secret de votre pays. En réalité, elle aurait pu laisser sa peau dans pas mal d’endroits depuis que Shane avait disparu. Tous les groupes terroristes sans exception l’avaient vue débarquer, parfois accompagnée de son unité, mais parfois complètement seule – surtout quand il s’agissait d’une intervention trop dangereuse, et qu’elle ne voulait pas mettre la vie d’autres soldats en danger. Ainsi, lorsque Shane évoqua, à nouveau sous une pointe d’humour, qu’elle avait du en rendre certains complètement fous, elle esquissa un semblant de sourire. Il avait totalement raison. A cette époque, plus rien ne lui faisait peur et elle n’avait plus rien à perdre également. Leah était à la base, Thomas en sécurité dans son nouveau job… Elle était prête à tout pour mettre la main sur Shane, et tant pis si elle se prenait quelques coups au passage. Du moment qu’elle était la seule à trinquer. Sauf que ses collègues militaires ne voyaient pas les choses de la même façon, d’où la menace qui avait mené à cet ultimatum : arrêter les recherches, accepter la mort de Shane, et reprendre le cours normal de sa vie. Dans le cas contraire, ils la déclareraient inapte, la destitueraient de son rôle de Lieutenant-Colonel et lui « suggéreraient » de se trouver un travail de civil. Avait-elle vraiment eu le choix ?
Le sujet de Thomas était relativement épineux, pas forcément pour Max mais pour Shane. Elle fut… touchée plus qu’étonnée de sa demande. Il insistait, expliquant qu’il avait vraiment besoin de savoir ce qui se passait dans sa vie personnelle. Désireuse de ne pas embrouiller les pistes plus longtemps, la brunette choisit de se montrer plus claire, afin qu’il cesse de se poser dix mille questions. « Compliqué pour autre chose, tu sais très bien que lui et moi, on se considère comme frère et sœur, et jamais rien ne changera ça, » trancha-t-elle. Et c’était complètement vrai. Elle ne se souvenait pas que leur relation ait été ambiguë un jour, bien au contraire. Elle avait pris forme tout naturellement. Max ne ressentait aucun désir, aucun sentiment amoureux envers Thomas, pire encore cela la révulsait, même si elle le savait bel homme. Ce genre de choses était tout à fait normal quand il s’agissait de liens fraternels. L’exemple le plus flagrant était qu’elle se retrouvait dans le même lit que lui depuis l’arrivée d’Amber ! Ils n’en étaient pas gênés, dormant dans les bras l’un de l’autre comme un grand frère entourerait une petite sœur de ses bras protecteurs, ou inversement. Rien de plus. Même si leur complicité était difficile à comprendre pour beaucoup, eux savaient très bien où ils en étaient. Le regard des autres, ils s’en fichaient bien. Max aimait Thomas d’une certaine façon, et Shane d’une autre… C’était aussi simple que cela à ses yeux.
Oui, elle l’aimait. Vraiment, sans aucune restriction. Elle l’avait littéralement enterré, avait fait son deuil pour ainsi dire, et désormais il était de retour. De nouveau dans sa vie. C’était quelque chose de vraiment dur à gérer, même pour quelqu’un comme elle, qui s’adaptait à presque toutes les situations. Comment était-elle sensée le prendre ? Devait-elle lui sauter dans les bras, faire comme si ces quatre années n’avaient jamais existé ? Non, probablement pas. Qu’ils l’acceptent ou non chacun de leur côté, ils avaient changé, tous les deux. Ils ne pouvaient pas reprendre leur relation où ils l’avaient laissé. Quoi qu’il arrive, rien ne serait plus comme avant… Et cette constatation la faisait souffrir au plus haut point. Elle aurait tellement voulu le retrouver, le ramener à la maison. Au lieu de ça, elle avait fait chou blanc pendant des mois avant de tuer le peu d’espoir qui lui restait, à la demande de ses supérieurs. Max en était malade, et ne le cacha pas à Shane. Elle lâcha tout. Son acharnement, ses adieux sur sa tombe et surtout… A quel point elle s’en voulait de ne pas avoir su insister. D’avoir accepté la défaite, d’avoir fait taire cette petite voix en elle qui lui soufflait que l’espoir était encore permis.
Il la prit dans ses bras, et un court baiser fut échangé entre eux. Dire qu’elle l’avait attendu depuis si longtemps… et il avait presque un goût amer. Irréel. Avant qu’elle ne puisse y songer plus avant, il reprit la parole. Selon lui, elle n’avait rien à se faire pardonner. Il ne lui en voulait absolument pas, bien au contraire, il comprenait. Il approuvait sa décision de continuer à vivre, de se reconstruire après sa disparition pour ne pas sombrer. Max n’eut pas l’occasion de réagir : Shane se leva brusquement du canapé et fit les cent pas juste devant, cette fois bien décidé à donner quelques détails. Il raconta qu’on l’avait torturé physiquement, avant de l’enfermer. Quatre ans… Quatre ans à pourrir dans un coin. Max hocha la tête : elle avait entendu parler de cette façon de casser quelqu’un psychologiquement quand la douleur physique ne suffisait pas. Et tout ça pour rien. Ils avaient sans aucun doute voulu une information qu’il n’avait pas. Elle ne voyait pas quel secret il aurait pu détenir, qui puisse les intéresser un tant soit peu. Shane n’était qu’un soldat, après tout. Il répondait aux ordres sans forcément en connaître la raison… comme toujours, ou presque. La militaire frissonna quand il évoqua des os brisés et des chairs déchirées. Il avait raison, tout ceci lui faisait mal. Elle pouvait presque sentir la souffrance, elle aussi, à travers les mots qu’il prononçait. Encore une fois, elle fut bien incapable de retenir quelques larmes. Il fallait qu’elle cesse d’y penser, sinon sa tête allait exploser. C’était insoutenable. Plus insoutenable que toutes les horreurs qu’elle avait pu vivre jusque-là. Et elle en avait vécu un grand nombre.
Il demanda à prendre une douche. Légèrement interloquée, mais le sentant sur le point de craquer – il paraissait nerveux à l’extrême – Max hocha la tête. « Bien sûr, c’est par là… » indiqua-t-elle en tendant un bras vers le couloir. « La seconde porte à gauche. » Il se rapprocha d’elle, et la fixa intensément. Elle tenta de soutenir son regard, luttant intérieurement contre ses jambes qui menaçaient de ne plus la porter d’une seconde à l’autre. « Je t’aime Max. Je t’aimais et je t’aimerais sans doute jusqu’à ce que je crève. Mais je doute que tu puisses m’aimer, pas comme ça, pas ce qu’il reste. » Et sans attendre de réponse spécifique de sa part, il se retourna et suivit ses indications pour rejoindre la salle de bains. Elle entendit la porte se fermer derrière lui. Incapable de bouger, Max ferma les yeux jusqu’à ce que l’eau de la douche se mette à couler, indiquant que Shane était bien dessous. Puis, elle s’effondra au sol. Elle pleura, encore et encore, incapable de contrôler ses sanglots. Ramassée sur elle-même, c’était comme si plus rien n’existait, comme si elle se retrouvait complètement seule au monde. Les larmes roulaient sur ses joues trempées, infatigables, terminant leur course sur le tapis du salon. Max pleurait pour avoir perdu Shane. Pour toutes ses années où il n’avait pas été là. Pour le temps qu’ils avaient perdu. Elle pleura aussi pour ne pas avoir su le retrouver. Pour lui avoir dit adieu alors qu’il était perdu, quelque part, à se battre afin de survivre. Pour son retour. Pour ce qu’il venait de lui avouer. C’était un mélange de tristesse, de douleur et de bonheur. De haine, de détermination et d’appréhension. C’était tout à la fois. Max se redressa lorsque le bruit de l’eau stoppa. Elle ne voulait pas qu’il la trouve comme ça. Elle détestait qu’on la surprenne dans une telle position de faiblesse, même si avec lui, elle avait toujours laissé entrevoir davantage de choses. Un peu de son cœur. De son âme aussi. Elle se rua dans la cuisine, tamponna ses joues et ses yeux, inspira et expira un bon coup. Et réalisa que ce qui lui faisait le plus mal, ce n’était pas ce qu’on avait fait vivre à Shane. Ni qu’elle l’ait cru mort pendant tout ce temps. Mais c’était ce qu’il disait être devenu aujourd’hui. L’homme que Max connaissait était bel et bien six pieds sous terre. Il n’était plus le même. Et il doutait qu’elle puisse l’aimer, maintenant qu’il ne ressemblait plus qu’à l’ombre de son ancienne personnalité.
Un sourire éclaira son visage. Non, elle ne se laisserait pas abattre. Plus jamais. Et puis, ça ne lui ressemblait pas. Sans attendre, elle se rua à la salle de bains. Shane était dos à la porte, une serviette nouée autour de sa taille pour seul vêtement. Le miroir lui renvoya l’image de Max et il se retourna aussitôt, se demandant sans aucun doute pourquoi elle se trouvait là. Dès qu’il croisa son regard, la brunette fit un pas en avant, l’entoura de ses bras, et posa ses lèvres contre les siennes. Cette fois, elle ne voulait pas d’un geste court, et insignifiant, situé entre deux paroles pleines de douleurs. Elle y mit de la passion, afin qu’il puisse saisir tout l’amour qu’elle lui portait. Et pas seulement aujourd’hui, mais depuis tant d’années. Six, précisément… Finalement, elle se détacha, non sans mal, mais elle ressentait le besoin de le lui dire. L’embrasser ne suffisait pas, car il devait comprendre quelque chose d’important. Max plongea alors ses yeux dans les siens. Ses bras l’entouraient toujours, et leurs visages n’étaient qu’à quelques centimètres l’un de l’autre. « J’ai toujours eu de profonds sentiments pour toi, et ils n’ont fait que grandir avec le temps. Te perdre a été l’une des choses les plus difficiles que j’ai jamais eues à vivre. Mais te perdre en sachant que j’avais été assez lâche pour ne rien dire, c’était encore pire. Maintenant que tu es de retour, je ne veux plus faire semblant. » Elle fit une très courte pause, le laissant engranger cette première salve d’informations, puis reprit. « Je t’aime. Je me fiche bien que tu ne sois plus tout à fait le même. Contrairement à ce que tu penses, à peu de choses près, je suis sûre que tu es encore… toi, » sourit-elle. « Je te promets que je ferai mon maximum pour voir cet ancien Shane réapparaître. Mais même s’il ne devait jamais revenir, alors tant pis. Parce que je sais au fond de moi que je ne t’en aimerais pas moins. Je ne suis pas inquiète, et tu ne devrais pas l’être non plus. Si la vie nous a ramenés l’un à l’autre après toutes ces épreuves, après autant d’années… Ce n’est certainement pas pour nous voir nous éloigner à nouveau. » Un sourire espiègle étira ses lèvres. « C’est mon instinct qui parle, et tu sais parfaitement bien qu’il a toujours raison. »
Max ne voulait plus de cette souffrance, de ce malheur qui semblait l’entourer sans cesse. Elle avait toujours souhaité un frère ? Thomas s’était retrouvé dans son unité. Elle aurait adoré avoir une petite sœur à protéger ? Amber vivait désormais avec elle. Elle voulait enfin recoller les morceaux de son cœur ? Et Shane revenait d’entre les morts. Que pouvait-elle demander de plus ? Comment Max était-t-elle capable pleurer alors que tous ces « cadeaux » lui tombaient du ciel ? Non. Elle ne pouvait nier que la roue était en train de tourner, que c’était à son tour aujourd’hui de rire et d’être heureuse. C’était pour ça qu’elle croyait en l’amour qui la liait à Shane, et en sa force. Ne l’avait-elle pas attendu inconsciemment, en refusant de s’engager dans une histoire sérieuse, choisissant les quelques relations sans lendemain ? Maintenant qu’il se trouvait dans ses bras, elle avait bien l’intention de ne plus jamais le laisser filer à nouveau. De tout faire pour qu’il mette ces quatre dernières années dans un coin de sa tête, et ressente lui aussi ce qu’était le bonheur, le vrai, celui qui ne connaissait aucune limite. Désormais, elle en faisait son objectif premier. Et personne ne l’en détournerait. Pas même Shane.
Invité
Invité
Sujet: Re: MAX&SHANE - Ne me laisse pas. Ven 23 Nov - 21:10
Je regardais le miroir, puis je me mis à rentrer sans sa douche. Y voir ses affaires, son gel douche et tout un tas de truc me faisait un effet étrange. C’était chez elle, son refuge, et j’y étais, alors pourquoi n’arrivais je pas me sentir apaisé ? En paix ? Pourquoi n’étais-je heureux de retrouver enfin cette femme dont le manque s’était fait sentir pendant ces années. L’eau coulait, j’avais enlevé bandages etc pour pouvoir vraiment me laver, là ou sa tante avait juste passé ce qu’il fallait, par respect pour mon intimité, et je ne me serais pas mis nu devant elle de toute façon. Ce fut complexe de se laver, chaque mouvement était douloureux. J’eus bientôt fini et je sortais de la cabine, pris une serviette. Je m’apprêtais à sortir, regardant juste un instant dans la glace et au lieu de m’y voir – ce qui était logique – je vis le reflet de Maxine. Je me tournais et je n’eus pas le temps de comprendre ce qu’il se passait qu’elle se jetait sur moi. Le baiser qui zut lieu plus tôt n’avait l’air de lui suffire, ni les derniers mots échangés. Je pu sentir le manque venant d’elle, la passion de ses lèvres sur les miennes.. Même si une partie de moi était au supplice, je me laissais faire, parce que j’avais tout autant envi de ce genre d’échange, pire, j’en avais eu besoin. Elle finit par se reculer, à regret et se mit à lacer tout ce qu’elle avait sur le cœur, tout ce qu’elle ressentait. D’entendre que Thomas n’était qu’un frère, un ami m’avait déjà plus ou moins rassuré, mais ces mots là firent plus de ravages que ça.
Mais la suite fut pire encore. Entendre ces mots là, de sa bouche, après tant d’années, après y avoir songé cent fois fut une délivrance. Elle n’avait pas peur de découvrir que je n’étais plus le même homme, ni même d’affronter ces différences, ses souffrances qui désormais feraient partie de ma mémoire, de mon histoire, que je ne le veuille ou non. Elle était prête à tout recommencer à avancer, et ce avec moi. C’était inespéré, et irréel. Parce que plus mon cœur battait, plus mes sens s’évadaient, et plus la réalité me revenait en face, je n’étais plus si réceptif à la chaleur humaine, plus autant et c’était parfois étrange. « Ce n’est pas parce que tu penses avoir toujours raison que c’est le cas. » Tentais-je à nouveau un semblant d’humour. Fallait que je me recycle, mon humour n’était définitivement plus ce qu’il était. Mais j’étais bien loin du joueur de l’époque, de celui qui ne se liait pas. Elle faisait partie d’un tout, et je me sentais de nouveau entier, tout en étant clairement diminué. Je m’approchais d’elle, pris sa main, la mis à ma bouche, puis la pris contre moi, grimaçant. « Plus tard, il faudra éventuellement penser à voir un médecin.. J’ai refusé parce que je ne voulais pas perdre de temps, que tu n’apprennes ça par quelqu’un d’autre, mais je crois que je risque de pas tenir très longtemps en fait.. » Mon souffle était moins fort, et respirer devenait de plus en plus dur. L’adrénaline, l’envie de le revoir, tout cela m’avait , pendant un temps, fit oublier qu’il était important que je me fasse soigner, les soins prodigués là bas étaient loin d’être les meilleurs, et je savais qu’une flopée de blessures n’avaient jamais été réellement guéries.
Elle fut contre moi et d’un bras je la fis grimper sur le lavabo, mes lèvres prirent d’assaut les siennes à mon tour et j’y mis plus de ferveur qu’auparavant. Ma main tenait sa taille, descendit vers sa hanche, puis sa cuisse.. Ma main pressa celle-ci dans un élan d’envie et de passion. La tenir là, contre moi était sans doute une envie qui m’avait tenu pendant ces années de séparation. Nous n’avions pas vraiment eu aussi souvent que désiré ce genre d’échange il fallait le dire. Trop occupé à jouer les fiers et à cacher l’évidence. Pourtant ce jeu avait cessé, et il était désormais une partie du passé. Nous avions levé le voile sur des années d’aveuglement et de faux semblant et sur des sentiments réels. Je finis par stopper, par me calmer, caresser sa lève inférieure, sa joue, la coller à moi.. « T’as vu ce que t’as raté ya quatre ans ? » dis je avec mon air idiot placardé sur le visage. Cet air que j’avais si souvent il y a un moment, et que je me forçais à faire ressortir. Elle n’avait tort, j’étais toujours moi, mais une version moins joyeuse, plutôt déprimante à vrai dire.. Surtout le fait que je tenais plus vraiment et que j’avais tout du meuble ikéa mal monté. Je finis par la faire descendre. Je lui pris la main et la fis passer sur certaines de mes cicatrices encore fraîches ou les plus anciennes. « Viens. » Je l’emmenais dans ce qui devait être sa chambre – je reconnaissais la façon de meubler et de mettre les choses en place – et la fis se placer sur son lit.
Je laissais la serviette tomber et me mis à lui raconter, ce qui au final, devait peut être, être dit. Si ce n’était à elle, je savais que ça ne sortirait jamais. Mais une partie de moi craignait de la blesser. « Si tu ne le supportes plus, tu m’arrêtes, ok ? Je sais que je viens de dire que je n’étais pas prêt, mais je ne pense pas que je le serais un jour. Alors autant te dire. Tu vois ça ? Ce sont des traces. Je ne vais pas tout détailler, mais ils ont plus ou moins tout essayé. Des couteaux, des marteaux, un jour un a trouvé très marrant de m frapper avec un lourd bout de bois, c’est comme ça que je me suis retrouvé avec une épaule fracturée plus d’une fois, les jambes à deux reprise, commotions aussi.. Ils ont réussi à me briser la main, la cheville, bref, ils s’amusaient bien.. Parfois ils me marchaient juste dessus.. A u départ je répondais, je les insultais, et à la longue je ne réagissais plus, je tentais juste de résister à la douleur.. » Mon cœur accélérait la cadence, les images passaient devant moi, et une partie de moi suppliait sans mot qu’elle me fasse taire. « Ils me laissaient ensuite comme ça, me soignaient vite fait et je pense que pas mal de truc ne se sont jamais consolidés réellement, ils aimaient frapper aux mêmes endroits, puis brisaient autre chose.. Je.. » Là j’avais qu’une envie, qu’elle me fasse comprendre que j’en avais dit assez, parce que je n’étais pas sur d’être capable d’aller plus loin.
Invité
Invité
Sujet: Re: MAX&SHANE - Ne me laisse pas. Sam 24 Nov - 19:09
« Evidemment que si, j’ai toujours raison, et tu ne devrais même pas le remettre en cause, » répondit-elle sur le même ton de voix, affichant toujours son sourire taquin. Il ne semblait pas avoir perdu tout son humour et cette constatation la rassura un peu. Bien évidemment, les circonstances le rendaient beaucoup moins incisif – cela dit, ils venaient de se retrouver et l’atmosphère n’était pas vraiment aux échanges de vannes en tous genres. La brunette laissa Shane la ramener tout contre lui, et dans un même mouvement, s’autorisa à fermer les yeux. Un soupir de profond bien-être s’échappa de ses lèvres. Elle avait imaginé cet instant des milliers de fois. Elle rêvait souvent éveillée, se créant une infinité de scénarios où tous deux se retrouvaient enfin. Dans certains d’entre eux, c’était elle qui le sauvait des griffes de ses agresseurs, lui permettant de revenir à une existence normale. Dans d’autres, il se contentait de la surprendre en frappant chez Leah un beau matin de permission. Et quoi qu’il arrive, à chaque fois, l’histoire se terminait par des larmes de joie et un baiser passionné. Max pensait que tout ceci était voué à rester dans sa tête, que jamais aucune de ces versions ne deviendrait sa réalité. Et pourtant. Il se trouvait bel et bien avec elle, ses bras protecteurs serrant sa taille, et son souffle dans son cou. Alors qu’elle reposait contre son torse, elle sentit même son cœur battre. Jamais elle n’oublierait la magie de ce moment. Il n’y avait que Shane pour éveiller en elle une telle douceur…
Il la sortit de ses belles pensées en évoquant les soins dont il avait besoin. Max fronça les sourcils et hocha vigoureusement la tête. Elle était tellement prise dans le bonheur de leurs retrouvailles qu’en fin de compte, elle avait presque oublié qu’il ne se sentait pas au mieux de sa forme. Et c’était peu dire, quand on voyait les diverses blessures éparpillées un peu partout sur sa peau. « Je connais une personne qui travaille à l’hôpital. Sa spécialité est plutôt la chirurgie mais je sais qu’elle pourra t’aider et te soigner, » acquiesça-t-elle en songeant à son amie Lou. La jeune femme était une interne, amie relativement proche de Thomas, que Max appréciait beaucoup. Par ailleurs, seule Lou connaissait son petit secret – un problème de santé qu’elle ne souhaitait, pour le moment, pas partager afin de n’alarmer personne pour rien – et lui avait fait une batterie de tests un peu plus tôt justement. La Colonel avait pleinement confiance en elle. Si Shane devait faire un tour à l’hôpital, alors Max ne se tournerait vers personne d’autre que Lou. Elle saurait ne pas poser de questions quant à l’état du militaire, là où d’autres auraient immédiatement fait une déclaration en bonne et due forme. Même si Shane n’avait rien à se reprocher, Max voulait lui éviter l’administration américaine. En ce moment, il avait sans aucun doute besoin de s’éloigner de l’Armée, plutôt que de voir des supérieurs débarquer et lui faire subir un long et douloureux interrogatoire. Car alors, on l’obligerait à tout revivre, et à donner les moindres détails de sa captivité… Une épreuve dont il ne sortirait pas indemne, aussi fort soit-il.
Son corps meurtri ne le bloquait apparemment pas tant que ça, puisque d’un seul geste précis, il attrapa Max et l’installa sur le rebord du meuble où reposait la vasque. Elle sourit, et alors que leurs lèvres se rencontrèrent à nouveau, elle laissa à ses mains tout le loisir d’explorer le dos nu de Shane. Lui-même ne se priva pas de quelques caresses qui la firent frissonner, de passion, d’envie et d’impatience à la fois. « T’as vu ce que t’as raté ya quatre ans ? » Cette réflexion la fit rire, et elle réalisa soudain qu’elle n’avait pas eu un rire aussi vrai depuis bien, bien longtemps. « T’en fais pas, je compte bien rattraper le temps perdu, » murmura-t-elle à son oreille, avant de déposer plusieurs baisers le long de son cou. Il coupa son élan, et la guida dans la chambre qu’elle occupait. Evidemment, la porte de celle d’Amber était toujours fermée, la demoiselle étant du genre à ne pas supporter qu’on entre dans son « intimité ». Manquerait plus qu’elle demande un verrou et ce serait parfait. Max oublia bien vite sa demi-sœur ainsi que son comportement typique d’adolescente, se laissant guider par Shane. Ils s’installèrent et il laissa tomber sa serviette, à quoi Max réagit par un haussement de sourcil plutôt étonné. Elle n’avait rien contre, mais ne pensait pas qu’ils en arriveraient là aussi rapidement. Certes, ils étaient tous deux des adultes consentants, amoureux, sans compter qu’elle le croyait perdu à jamais et qu’avant de s’échapper, il ne pensait certainement pas la revoir un jour non plus. Max ne sut pas vraiment ce qui la retenait. Probablement qu’elle ne voulait pas trop se précipiter. Après tout, il n’avait rien de ses aventures d’un soir où tout se passait en quatrième vitesse – pour ainsi dire. Non, elle voulait que ce soit parfait. Et qu’il s’agisse surtout du bon moment. Là, il venait de débarquer dans sa vie même pas une heure auparavant, et avait encore de sérieux doute sur sa capacité à elle d’aimer son nouveau « lui ». Etait-ce vraiment ce qu’il voulait, tout de suite ?
Mais elle se rendit compte qu’elle faisait fausse route. Son but était de parler à nouveau de ce qu’il avait vécu. Il lui montra ses blessures, expliquant leur provenance, et ce qu’on avait utilisé contre lui pour en arriver à un tel résultat. Alors qu’il parlait, Max se sentit de plus en plus nauséeuse. Elle aurait voulu pouvoir couper son ouïe ne serait-ce qu’une poignée de minutes, et ne jamais plus avoir à entendre de tels mots. Parce qu’à chaque description qu’il donnait, une image surgissait dans son esprit. Violente. Sanguinaire. Insupportable. « Arrête ! » s’exclama-t-elle soudain, les yeux plein de larmes. Cela lui coûtait de le stopper, alors que c’était peut-être une nécessité pour lui de le dire. Un moyen comme un autre de partager son fardeau pour ne plus avoir à le porter seul. Le début de sa rémission. « Je suis désolée, je peux pas… Je peux pas entendre ça, » expliqua-t-elle, toujours visiblement déboussolée. « Je peux comprendre que tu aies besoin de le faire, mais je ne suis pas… Les détails, c’est juste… trop… C’est… Il faut que j’aille prendre l’air, » conclut-elle, avant de se relever brusquement du lit et de sortir à grands pas de la chambre.
Elle se sentait littéralement étouffer. Agressée par ces fameuses images de Shane, en pleine torture, alors qu’on lui brûlait les chairs et que l’on brisait ses os un à un. Max se rua sur la fenêtre de la cuisine et l’ouvrit en grand, inspirant une bouffée d’oxygène comme si c’était la seule chose qui l’empêchait de mourir sur place. Elle aurait aimé être assez forte pour supporte son récit, pour l’aider à soulager sa douleur, mais c’était juste au-dessus de ses forces. Non, elle avait beau tourner le problème dans tous les sens, la brunette s’en sentait incapable. Si Shane devait détailler autant ce qu’on lui avait fait, alors il devait parler à un professionnel. A quelqu’un qui n’avait aucun sentiment pour lui et saurait encaisser. Max avait écouté des centaines de témoignages tout aussi horribles au cours de sa carrière, mais ces gens n’étaient que des inconnus à ses yeux. Lui… Elle l’aimait. Il ne pouvait pas lui demander d’ouvrir grand les oreilles et tout déballer de but en blanc.
Des pas approchaient. Shane allait faire irruption dans la cuisine d’une seconde à l’autre. Max ferma la fenêtre, se sentant un peu mieux, et se retourna pour faire face à l’entrée de la pièce. Elle s’apprêtait à lire une expression d’excuse sur son visage, ou bien de la peine. Mais certainement pas de la colère. Et pourtant, il la fusillait du regard. Il n’eut rien besoin de dire : elle comprit toute seule. Shane avait sûrement du prêter un peu plus attention aux détails de la chambre, et tomber sur les affaires de Thomas – des trucs trainant sur la table de nuit, des vêtements déposés sur une chaise. Il avait compris qu’ils partageaient le même lit. Et forcément, de son point de vue… Max n’eut pas le temps d’aller plus loin dans ses pensées. Shane l’en sortit, d’une voix sèche, tranchante. Elle était bien loin de ce bonheur, de ce soleil qu’elle avait tant espéré, et auquel elle avait pu goûter quelques minutes plus tôt… Les nuages noirs menaçaient déjà.
Invité
Invité
Sujet: Re: MAX&SHANE - Ne me laisse pas. Dim 25 Nov - 16:37
Et voilà qu’elle commençait à s’occuper de moi, c’était étrange. Imaginez vous, vous passez des années à ce qu’on s’amuse à vous abîmer, vous réparer à la va vite pour mieux recommencer derrière, la douceur, la tendresse, ce n’était pas leur truc là bas. Mis là, c’était différent, c’était Max qui voulait le faire, et elle le ferait différemment. Mais je n’étais plus autant habitué à ce qu’on fasse ça pour moi, et je devais être loin de l’homme attendri ou reconnaissant pour tout ça. « Ouais on verra ça. Merci. Tu viendras ? » Pas question que je me pointe là bas comme ça. Je détestais l‘endroit. Ça sentait la mort et je l’avais côtoyé un moment, pas une partie de plaisir. Nos corps se mirent bien vite en mode de rattrapons ce temps perdu, rattrapons toutes ces nuits de solitudes qui ont pu l’un et l’autre nous faire souffrir. Je ne pu nier que ses mains sur mon dos c’était bien plu agréable que dans mes souvenirs. Elle était prête à ne pas perdre une seconde, retrouver ce que nous avions et plus encore. Ses baisers enflammaient ma peau, sa chaleur me rendait fébrile.. Quand la serviette tomba, elle du penser à autre chose vu sa tête, mais il n’était pas question de ça, plus tard peut être éventuellement. Je compris vite qu’elle ne supportait pas ce que je disais, presque autant que je détestais en parler. Pourtant elle avait demandé, j’aurais du rester sur mes positions, mais j’avais l’impression de devoir lui dire au final. Qu’elle sache à quel point j’étais en « sécurité » ici. Elle hurla pour que j’arrête, et c’est ce que je fis immédiatement. Elle pleurait. « Je n’ai pas besoin de le dire, du moins je n’en ai pas envie, mais ça semblait important pour toi.. » Dis-je juste avant qu’elle fuit assez vite pour que je puisse m’approcher. Il fallait qu’elle digère, bonne chance, moi je ne risquais pas d’oublier, ces images étaient gravées au fer rouge dans mon esprit.
Je regardais autour de moi, assis sur le lit quand des affaires qui n’étaient pas à elle attirèrent mon attention. Je me levais et ce sont des affaires d’homme que je tenais dans mes mains. Un homme dormait dans cette chambre, ou il avait la sale manie d’aller ici pour se déshabiller ? Avec Max j’avais été jaloux, mais nous n’avions jamais mis e de mots sur ce que nous étions, alors je m’étais dit que je n’avais le droit. Là mes poings serrèrent et lorsque je la rejoignis, j’avais une question en suspens. Je tentais de me calmer, de ne pas tout gâcher mais la jalousie restait la plus présente. Imaginer qu’il puisse dormir avec elle, la toucher, ça me rendait malade. « Tu dors avec Thomas ? Et ne me mens pas ou ne me sors pas des inepties… » Là je n’avais clairement pas envie de la toucher de nouveau. Tout ce à quoi je pensais c’était Thomas et elle. Frères ou pas, j’avais du mal à voir d’autres images.. Je me dirigeais vers le frigo et sans un mot prit une bière. J’avais toujours plus ou moins réagis ainsi à l’époque. Quad j’étais énervais je tentais de me calmer, quand c’était Max, éventuellement je finissais par le faire, devant un homme c’était plus rare que j’y arrive. Mais j’avais toujours réussi à ne pas aller trop loin, éviter que l’armée ne me renvoie pour un comportement déplacé et abusif. Je finis par poser ma bière, plonger le regard dans celui de Max et y trouver la réponse à ma question. « Un frère hein ? Je devrais peut être dormir avec des filles… Si c’est ce qui se fait dorénavant. C’est la mode ? J’ai raté pas mal de choses en quatre ans. » Ma main vint stopper la douleur de mon épaule, je commençais à avoir mal, mais là n’était pas le moment. Je me mis dans le canapé, j’avais remis mon pantalon – me promener nu n’était pas dans mes intentions et encore moins à présent – et je la regardais. « Ca va continuer ? Parce que jte préviens que je ne risque pas de rester ici si c’et pour que tu dormes avec un homme. D’ailleurs, il faut que je me trouve un appart. Ici ça m’a l’air..occupé. » Dis je sur un ton sec cette fois ci.
Invité
Invité
Sujet: Re: MAX&SHANE - Ne me laisse pas. Jeu 6 Déc - 14:13
Cette conversation, tout ce qui se passait entre eux depuis le moment où Max avait ouvert cette porte semblait complètement surréaliste. Un peu comme si elle était plongée dans un profond sommeil, prenant son rêve pour la réalité. Son rêve ? Vraiment ? Souhaitait-elle retrouver Shane pour mieux se disputer avec lui ? Avait-elle envie de le voir autant en colère parce qu’il se sentait trahi ? Non, la jeune femme avait le sentiment que cette situation était vraie et se déroulait en ce moment précis dans l’appartement de son ami. Aussi étrange cela puisse-t-il paraître, face aux minutes qui venaient de s’écouler, elle n’avait aucun doute. Shane était bel et bien de retour après autant d’années. Il se tenait juste devant elle, l’accusant de « dormir » avec Thomas et la sommant de ne pas lui mentir quant à sa justification. Max ne put s’empêcher noter le choix de mot. Elle voulait qu’il connaisse la vérité bien sûr, mais par où commencer ? De quelle façon lui dire que sa demi-sœur s’était installée dans l’autre chambre ? Cela amènerait tellement de questions. Des interrogations auxquelles Max n’avait pas envie de répondre pour le moment. Shane aurait tout le temps d’apprendre l’existence d’Amber car pour l'heure, ils avaient d’autres sujets bien plus pressants à aborder.
Max se contenta de garder le silence jusqu’à ce que Shane ait terminé ses accès de cynisme. Pour le connaître par cœur – du moins le pensait-elle avant sa disparition – elle savait que lorsqu’il était énervé, mieux valait le laisser faire et intervenir ensuite. Avec la désagréable impression qu’on venait de lui planter un poignard dans le cœur – devaient-ils vraiment se disputer alors qu’ils venaient tout juste de se retrouver ? – Max l’observa sans rien dire, faisant preuve de patience. Il ouvrit le réfrigérateur et se servit une bière, avant de s’installer sur le canapé comme si cet appartement avait toujours été le sien. Auparavant, ce genre de choses l’aurait fait sourire. Mais pas aujourd’hui. Max croisa les bras contre sa poitrine et se fit violence pour ne pas exploser. Il allait trop loin dans ces propos, il s’emportait sans même savoir ce qui se passait sous ce toit. Pour autant, elle ne pouvait lui en vouloir. Elle venait de lui assurer que Thomas et elle étaient de simples amis, puis il avait découvert qu’ils partageaient le même lit. A sa place, elle n’aurait pas réagi autrement. Avec un peu moins de véhémence peut-être mais là encore, ce qu’il avait vécu n’était certainement pas étranger à sa réaction disproportionnée.
La brunette profita de le voir boire une gorgée pour se rapprocher de lui. Sans s’asseoir sur le sofa, elle se planta juste devant Shane, le visage des plus fermés. Elle n’avait pas apprécié qu’il l’accuse de mensonge. Pourquoi avait-il supposé qu’elle ne lui dirait pas la vérité ? Ne s’était-elle pas toujours montrée franche avec lui ? Max garda cette remarque pour elle. Nul besoin d’envenimer les choses, ces retrouvailles partaient déjà bien trop de travers à son goût. Ca la rendait littéralement malade, car pas une fois elle n’avait imaginé que ça se passerait de cette façon, dans ses rêves. Non, pas une seule fois. « Oui, je dors avec Thomas, » commença-t-elle, s’empressant de poursuivre avant que Shane ne sorte de ses gonds pour rien. « J’ai conscience que notre relation est dure à assimiler, mais il va pourtant falloir que tu le fasses. Parce que je te le répète, j’aime Thomas comme j’aurais pu aimer un frère, il ne se passe rien entre nous et ce ne sera jamais le cas. » Elle soupira. Il était peut-être temps d’amener Amber dans la conversation, finalement. Ca leur permettrait d’oublier cet instant de tension inutile, et puis quoi qu’il arrive, il faudrait bien qu'il le sache un jour. Max entreprit de s’asseoir et ses traits se radoucirent quand elle plongea de nouveau son regard dans celui de Shane. « En fait, on n’a pas vraiment le choix, parce que Thomas n’a que deux chambres et… ma demi-sœur dort dans l’autre. » Il fit les yeux ronds, en lâchant presque sa bière. Evidemment, car Max lui avait toujours dit être fille unique. Il était même fort probable qu’il se mette à rire nerveusement en pensant que la demi-sœur venait d’être inventée comme excuse. Sans lui laisser le temps de réagir vraiment, Max secoua la tête, elle-même ayant l’air de ne pas en revenir. « Je sais que ça parait fou, mais c’est vrai. Elle a débarqué ici environ un mois plus tôt, après avoir retrouvé ma trace. Elle s’appelle Amber, elle a dix-sept ans. Et un sacré caractère ! » conclut-elle, ne pouvant retenir un éclat de rire. Quatre semaines seulement… Et Max ressentait déjà pour elle une affection des plus incroyables. Comment Shane réagirait-il à cette nouvelle ?
Invité
Invité
Sujet: Re: MAX&SHANE - Ne me laisse pas. Lun 10 Déc - 2:40
Elle se mit près de moi, sans s’assoir sur le canapé avec moi, le visage marqué par un sentiment que je ne connaissais que trop. Elle confirma dormir avec lui et mes poings se serrèrent. J’avais beau savoir ce qu’il en était entre eux, qui aimerait voir la femme qu’il aime dormir avec un autre ? Certainement pas moi et si elle s’imaginait que je saurais supporter ça, elle se trompait lourdement. J’essayais de faire avec, de me dire que tout ceci n’était rien. Mais j’avais beau dire ça, je n’y croyais pas. « Je me moque de votre relation, mais dormir avec lui, ça je ne peux pas je suis désolé. » Je savais que ce n’était surement pas ce qu’elle attendait ni ce qu’elle espérait. Mais vu sa tête elle se doutait que ça ne passerait pas. Dirait-elle quelque chose si je dormais avec une femme autre qu’elle ? Je l’ignorais, non je l’espérais. Toute façon le contact était une chose désagréable pour moi, il y avait peu de chance que je laisse faire. Elle finit par s’assoir et vu le regard qu’elle avait, c’était une chose importante qu’elle s’apprêtait à annoncer. Malgré ce que je venais de comprendre, j’avais envie de savoir. Parce que ça la concernait et que malgré tout, je l’aimais quoi qu’elle fasse. Je fis une tête bizarre, celle qu’on me connaissait bien d’ailleurs. Un sourcil arqué. Une demi-sœur ? J’avais clairement manqué des trucs. Si on savait ce qu’on peut louper en se faisant torturer, private joke. « Une demi sœur ? » J’avouais que pour le moment – et j’appuie sur « pour le moment » - je ne pensais plus à l’homme qui dormait avec Maxine. Elle avait du être déboussolée, et elle avait affronté ça avec d’autres. Parfois je ressentais ce gouffre qui broyait tout à l’intérieur, le sentiment que ceux que j’aimais avait du subir des choses sans moi. « Ca c’est de famille je dirais.. C’est.. Je ne sais pas. C’est une nouvelle assez.. Et tu gères comment..ça ? » La première chose à laquelle je pensais, comment ELLE le vivait. Voir apparaître quelqu’un comme ça dans sa vie n’était jamais une mince affaire. Je me mis à sourire, je pensais surtout à elle et ce qu’elle ressentait vis-à-vis d’un tel bouleversement dans sa vie. J’en étais un autre, et peut être avait elle besoin de ce « thomas » pour mettre de l’ordre dans ses idées. Fusse une époque ou c’était moi qui me chargeais de la rassurer, de la consoler.. C’était sans doute ça qui me vrillait les tripes, je n’avais été là pour elle. Je finis par m’approcher, prendre ses lèvres qui me faisait tant envie et presser les miennes sur elles. Puis je caressais sa joue, caressais ses yeux si tristes et confus. « C’était si dur quatre ans Max ? Crois-moi, je ne compte pas partir, jamais ok ?» Je la serrais contre moi, embrassais son crane et la pressais contre moi. « Je pense que le mieux pour moi est de prendre un appart. Ce sera plus simple. Je n’accepterais sans doute pas ce que tu fais avec Thomas, mais si pour toi c’est inconcevable, le mieux est d’être séparé. Ça sonne niais et surement stupide, mais j’aurais préféré que le seul homme qui puisse dormir à tes côtés soit moi. Après pas sur que tu supporte mes façon de dormir et de toute façons selon ta tante je finis toujours par dormir parterre, un peu partout.. Je crois qu’elle a flippé le jour ou elle m’a retrouvé dormant sur le carrelage de sa cuisine.. » Je ris doucement. Même si les raisons de tout ça étaient loin d’être très amusantes, le ptit souvenir était plutôt amusant, lui. Je finis par penser à ce que j’avais fait plus tôt. « Et désolé d’avoir pris mes aises, jpense qu’il va me falloir du temps pour assimiler ta « nouvelle vie ». Sans moi. Ca fait cliché mais ca fait un tas de choses à mettre dans ma tête.. Et comme tu le sais elle est bien remplie. » Je finis par grimacer. J’oubliais vite que mon corps ressemblait à un terrain de foot qu’on aurait piétiné inlassablement ou une carte routière au choix. A force de s’entrainer à « supporter la douleur » je finissais par « oublier » d’avoir mal. « Si jte demandais d’aller voir un médecin..maintenant.. Je crois que ya certains trucs qui mériteraient un ptit scanner ou autre.. Sauf si tu as envie de te retrouver avec un chéri Ikea.. Ou si tu aime les puzzles.. » La blague du jour bonjour, clair, quatre ans sans dire de blague, ça se voyait. Je me mis en quête de mon t-shirt qui avait vu la guerre, littéralement en fait. Sa tante n’ayant pas vraiment de vêtements à me fournir..
Invité
Invité
Sujet: Re: MAX&SHANE - Ne me laisse pas. Mar 11 Déc - 19:19
Essaie de te mettre à sa place. Comment réagirais-tu ? Accepterais-tu une telle situation même s’il te jurait la même chose ? Non… Non, bien au contraire. L’espace d’un instant, Max s’imagina que les rôles étaient complètement inversés. Elle revenait après quatre longues années passées en enfer, avec pour unique souhait celui de retrouver la personne qu’elle aimait. Au même moment, elle apprenait que ce dernier avait emménagé avec une femme dont il se disait seulement ami, mais avec qui il partageait pourtant son lit. Peu importait les raisons. Même l’arrivée d’une demi-sœur ne rendait sûrement pas les choses plus tolérables. Max s’était tellement reposée sur Thomas, il lui avait tellement manqué, et elle était si sûre de ce lien fraternel qui les liait… Qu’elle en avait tout bonnement oublié ce qui semblait normal et ce qui, au contraire, ne devrait jamais arriver. Comme dormir sous la même couette. Comme s’endormir dans ses bras et se réveiller dans la même position, sans que rien ne se soit passé entre eux, juste parce qu’ils avaient autant besoin de chaleur humaine l’un que l’autre. Et qu’ils ne faisaient rien de mal. La brunette ne s’était jamais sentie proche de Thomas d’une façon différente, plus intime. Même dans ses moments les plus solitaires, ressentant un irrépressible besoin qu’un homme prenne soin d’elle, Thomas ne lui venait pas à l’esprit. Ce serait… malsain à ses yeux. Une sorte d’inceste réellement, car bien qu’ils ne partagent pas le même sang, elle le considérait comme un frère. Il était son frère, peu importe le reste. La biologie ne pouvait peut-être pas expliquer leur relation, mais leurs cœurs eux en étaient parfaitement capables. Néanmoins, Max pouvait parfaitement saisir le point de vue Shane, justement en se mettant dans la même situation que lui. Ainsi, elle clôt la conversation sur le sujet en hochant la tête et affirmant. « Je comprends. J’en discuterais avec Thomas et on trouvera une autre solution. Et puis, dormir par terre ne me fait plus peur, depuis le temps. » Elle esquissa un petit sourire, avant de lui parler d’Amber.
Shane demanda si elle s’adaptait à cette nouvelle vie en présence d’une sœur dont elle n’avait aucunement connaissance. Les premiers temps n’avaient pas été de tout repos. Et même maintenant, les choses lui semblaient parfois encore bien difficiles. Amber avait grandi dans des familles abusives, sans aucune forme d’autorité. Se retrouver soudainement avec des restrictions quant à ses sorties, l’heure à laquelle elle devait rentrer, ses devoirs et ses notes… Bien sûr, elle n’avait pas pris ces règles au sérieux, du moins pas immédiatement. Désormais, Max aimait à penser que sa demi-sœur les comprenait. Qu’elle les voyait comme une manière de la protéger et de lui assurer un avenir, non comme des ordres balancés pour l’ennuyer. « L’adaptation se fait doucement, de son côté comme du mien. Elle n’a pas eu une vie facile, tu sais… J’essaie de lui apporter un semblant de normalité… Le courant n’est pas tout de suite bien passé. Heureusement, Thomas a su jouer les médiateurs quand il le fallait, et grâce à lui on commence de plus en plus à devenir… une vraie famille. » Elle sourit à cette pensée. Cela la rassurait, de se dire que bientôt, toutes deux partageraient assez de complicité pour en arriver là. Pour effacer les années d’absence où on les avait laissées loin l’une de l’autre. Et pour se créer leurs propres souvenirs communs.
Shane ne semblait plus trop déstabilisé par la nouvelle concernant Thomas. Il avait sans aucun doute compris que Max ferait son maximum pour arranger la situation. Néanmoins, ses prochains mots furent comme autant de coups au cœur. La jeune femme comprenait qu’ils doivent se séparer – en quelque sorte – et vivre chacun de leur côté. Elle non plus ne se sentait pas prête à partager un logement avec Shane. Elle l’aimait, elle l’aimait d’un amour vrai et sincère, mais ils n’étaient plus les mêmes que quatre ans plus tôt, qu’ils le veuillent ou non. Ils allaient devoir réapprendre à se connaître, faire de leur mieux pour accepter les changements de l’autre et construire un couple solide. Pour résumer, ils avaient besoin d’une certaine distance afin de se rapprocher davantage… Aussi étrange cela puisse-t-il paraître. Mais une fois encore, leur relation n’avait rien de normal. Il était rare d’enterrer l’homme de sa vie pour le retrouver trois années plus tard, bien vivant. Il fallait du temps pour assimiler ce genre de choses. Du côté de Max comme du côté de Shane, par ailleurs. La Colonel approuva donc sa décision de se prendre un appartement seul, ne pouvant toutefois s’empêcher de ressentir une certaine douleur face à cet éloignement nécessaire. Heureusement, Shane trouvait toujours le mot pour alléger l’atmosphère et elle sourit, lorsqu’il évoqua Leah le trouvant sur le carrelage de la cuisine. Max devait penser à lui téléphoner sous peu, afin de la remercier. Après tout, sa « seconde mère » avait pris soin de Shane alors que rien ne l’y obligeait, quand personne d’autre ne l’aurait probablement fait. Ou pas aussi bien, en tout cas. « Même si d’un côté, le dire me fait mal, tu as raison. On a tous les deux changé et on doit savoir prendre notre temps pour se retrouver vraiment. Précipiter les choses serait une erreur et… Je ne veux pas gâcher ce qu’il y a entre nous. On a réussi à tenir l’un sans l’autre pendant quatre ans. Ce ne sont pas quelques semaines d’ajustement qui devraient nous faire peur, pas vrai ? » Elle sourit, comme pour le rassurer. « Ce sera comme si on reprenait depuis le début, tout en sachant comment l’histoire se terminera. » Bien entendu, elle signifiait par là le happy end qu’elle espérait pour tous les deux. Former un vrai couple, plus amoureux que jamais. Puis fonder une famille. Pour la première fois de son existence, le Colonel Lennox se voyait même quitter l’armée. Définitivement.
Avec leurs retrouvailles, Max en avait oublié les nombreuses blessures de Shane. Elle n’arrivait encore pas à croire qu’il ne soit pas passé par un hôpital depuis son évasion et que Leah n’ai pas pu réussir à le convaincre de rejoindre celui de la base. Ne serait-ce que pour prendre soin de ce qui nécessitait une réelle attention. Lorsqu’il évoqua son besoin d’être ausculté, la brunette acquiesça vivement. Car non, elle n’avait pas envie d’un homme-Ikea et elle préférait largement les puzzles en carton réglementaires. « Bien sûr, allons-y, » dit-elle en se levant du canapé, cherchant son téléphone portable. Elle devait essayer de joindre Scott ou encore Lou. Seules ses deux personnes dotées de connaissances médicales avaient la confiance totale de la brunette. Shane était pas mal amoché et Max ne souhaitait aucune question quant à son état. D’autres médecins ou infirmiers se montreraient sans aucun doute trop curieux. Après avoir envoyé des SMS, elle ramassa les clefs de sa voiture trainant sur la plan de travail de la cuisine. De toute façon, quelles que soient les disponibilités de ses deux amis, ils devaient se mettre en route pour l’hôpital. La brunette sentait que la discussion sur leur avenir était terminée. Ils devaient maintenant passer à autre chose. Recommencer, comme elle l’avait si bien dit précédemment. Toutefois, elle voulait encore lui préciser un détail avant que le sujet ne soit vraiment clos. Un détail qui avait toute son importance dans l’état actuel des choses. « Shane ? » appela-t-elle, alors qu’elle l’attendait à l’entrée et qu’il remettait son t-shirt, quelques mètres plus loin. Lorsqu’elle eut son attention et que leurs regards se croisèrent, elle sourit. Vraiment, sincèrement. « Je veux juste que tu saches… J’ai confiance. Je crois en nous. » Puis, après un court silence, elle fit un signe de tête vers la porte, l’air soudain plus moqueur. « Allez, on va faire soigner tout ça avant que tu ne tombes en morceaux ! »
Elle ne pouvait pas se tromper. Peu importe le temps qu’il leur faudrait, ils arriveraient à se retrouver. Parce qu’au fond, elle savait qu’il était l’homme de sa vie.