Envie de me faire un ptit bol d’air frais ne plus penser, ne plus réfléchir. Prendre un bon café et ne plus être à cran. Chaque bruit, chaque son, chaque personne, j’ai tendance à être sur le qui vive. Je n’ai plus de raison de l’être mais c’est plus fort que moi. Je regarde à droite à gauche, et pas forcément sur le passage piéton. Calme-toi Shane, pas de tank à l’horizon, rien. Je finis par repérer un endroit ou prendre mon café et je vais m’installer à table. On me demande ce que je veux et je commande. Je n’ai plus qu’à attendre qu’on me l’apporte. J’ai joué les gourmands, j’ai pris un croissant avec. Ca m’a l’air étrange, de manger normalement. Certains diraient que ce n’est qu’un croissant, mais pensez vous que les rebelles avaient l’idée de m’en emmener chaque matin ? J’ai bouffé de la merde pendant quatre ans – quand je mangeais -, alors pour moi un croissant ca semble le bout du monde. Le serveur arrive bientôt vers moi avec mon café dans les mains et voilà qu’une gamine arrive au même moment et renverse le serveur, qui verse son café brulant sur moi. Je me lève d’un bond.. J’ouvre ma chemise – autrefois blanche – et la laisse ouverte. Je me vois mal l’enlever devant tout le monde, vu ce qu’il y a en dessous. « Putain vous ne pouvez pas faire attention ? Vous êtes bigleuse ? Je venais de l’acheter ! » Le pire n’étant pas la chemise mais le fait que ce soit un des rares vêlements que j’avais acheté. Je n’avais plus rien à me mettre et j’aurais aimé ne pas changer de fringues déjà. J’avais vraiment envie de péter mon câble, mais je me rendais compte que ce n’était qu’une chemise, et que ce n’était qu’une gosse. Il allait falloir réapprendre à me contenir, à vivre avec des gens, à ne pas m’énerver pour un rien. Ce serait dur vu ce que ça avait donné avec Max. Je tente de trouver les mots, me calme et la regarde droit dans les yeux. Je demande au serveur de me ramener tout ça. « Je sis désolé, je n’aurais pas du crier. Je m’en achèterais une plus tard, disons que j’en ai pas des masses pour le moment – parce que jreviens d’une séquestration en fait et que le shopping n’est pas admis – parce que j’étais en service actif.. Pas le temps de beaucoup faire du shopping » Voilà, avec ce sourire forcé et ridicule tu passes pour un débile profond. Au moins les rebelles me prenaient au sérieux, eux.. « Jt’invite ? » Ok je venais de lui hurler dessus et je l’invitais à présent, on était mal barré je le sentais.

Venice, sa plage, son port, sa tranquillité ambiante. Alessia avait eu comme idée de s’éloigner un peu du centre-ville, de profiter d’un peu de calme pour se poser, ne serait-ce que quelques heures. Depuis qu’elle était arrivée en ville, elle avait vécu à cent à l’heure, sans pour autant avoir trouvé d’emploi fixe, elle n’avait cessé de profiter de ses nouvelles libertés pour gérer enfin pleinement sa vie comme elle l’entendait. Malgré ce soudain éloignement qu’elle avait volontairement créé avec ses parents, elle n’en était pas pour le moins malheureuse, bien au contraire, elle vivait très bien sans eux et jamais pour rien au monde elle n’aurait souhaité revenir en arrière. Au point de dire que sa ville natale et ses amis ne lui manquaient absolument pas, cela aurait été exagéré bien sûr mais disons simplement qu’elle s’était fait bien plus rapidement qu’elle ne l’aurait cru à cette nouvelle vie qui avait pour avantage d’être bien plus mouvementée que l’ancienne. Et puis, son arrivée lui avait permis de revoir ses cousins mais aussi de faire de belles rencontres, comme Luya et Alex entre autres.

La jeune fille avait marché sur quelques kilomètres le long de la plage. Le temps n’était pas idéal pour se rendre sur les lieux et le vent lui glaçait peu à peu le sang. C’est ainsi que, malgré la vue splendide qui s’offrait à elle, elle se dirigea vers le premier endroit où elle pourrait rester un instant au chaud, « The Terrace Cafe » pour être plus précis. Elle poussa la porte, laissant échapper un léger frisson puis déboutonna le haut de sa veste avant de se retourner maladroitement dans l’espoir de trouver une table libre. Maladroite de nature, il avait fallu que d’un grand geste de bras, celui-ci heurte violemment le serveur qui renversa un café, visiblement brûlant, sur un homme assis seul à une table. La bouche entre-ouverte de surprise, elle s’apprêtait à se confondre en excuse alors que l’inconnu prit la parole sans lui en laisser le temps. « Putain vous ne pouvez pas faire attention ? Vous êtes bigleuse ? Je venais de l’acheter ! » La jeune fille fronça légèrement les sourcils. Certes, elle avait été maladroite sur le coup, certes le jeune homme devait être particulièrement irrité, mais au point de lui parler ainsi… Elle se retint de ne pas faire de commentaires, toujours mal à l’aise face à la situation et d’autant plus parce qu’elle ne savait absolument pas quoi dire, surtout en sachant que l’homme qui lui faisait face ne lui avait pas encore vraiment laissé de temps de parole… . « Je suis désolé, je n’aurais pas du crier. Je m’en achèterais une plus tard, disons que j’en ai pas des masses pour le moment parce que j’étais en service actif.. Pas le temps de beaucoup faire du shopping » Il semblait s’être quelque peu adoucit, ce qui aida la jeune italienne à reprendre peu à peu le contrôle de ses émotions. « Je suis confuse, je n’ai pas fait exprès, vraiment et… si vous voulez je peux vous payer le pressing, trouver un moyen de réparer mon erreur, enfin… » Oui bon, pour le pressing, elle serait bien embêtée quant au fait qu’elle n’avait pas un sou en poche, elle avait peut-être à la limite de quoi se payer un café… Encore une fois, elle aurait sans doute dû mendier auprès d’Enzo pour qu’il lui donne un peu d’argent de poche… Les joies de ne pas avoir d’emploi et d’avoir des parents qui n’avaient pas trainés à lui couper les vivres… « Jt’invite ? » Elle sembla perplexe. Il venait de lui hurler dessus et maintenant voilà qu’il l’invitait. C’était adorable de sa part mais plutôt étrange… « Je… Ce serait plutôt à moi de vous, enfin de t’inviter, après ce qui vient de se passer… » Elle lui sourit poliment, elle parlait toujours avec un accent italien très prononcé qui ne mettait nul doute à ses origines puis elle finit tout de même par se présenter. « Au fait, je m’appelle Alessia De Conti… »

Elle s’excusa très vite et ma colère s’estompa de suite. Il fallait que je travaille sur ça moi ! Elle parla de payer le pressing et vu sa tenue, sa façon de le dire, j’étais sur que ce serait bien loin d’être une formalité de payer le pressing. « Non ça ira, je me débrouillerai. » Je n’allais pas abuser, il y avait plus grave qu’un café renversé dans la vie et j’étais bien placé pour le savoir. Elle ajouta que c'était elle qui invitait du coup. Un grand sourire de gourmand s’afficha sur mon visage. « Avec plaisir alors. » Même si manger avant aurait été bien plus conséquent – Maxine s’était toujours demandé où partait tout ce que j’avalais – il m’était plus difficile d’avaler de grosses quantités de nourriture. Mais me connaissant moi et mon appétit, il ne serait jamais trop tard pour que mon estomac s’y fasse petit à petit. Elle finit par se présenter. Elle avait un prénom tout à fait charmant. Alessia, oui vraiment joli nom. J souris. Attention, fait rare ces derniers temps ! « Alors Alessia, que fais tu ici à LA ? Tu travailles ? TU fais des études ? » Je me disais qu’en demandant ç elle risquait de demander ce que je faisais. Pour le moment, rien du tout. Soit je guérissais et reprenais le service, soit on me déclarait inapte et j’allais devoir trouver une occupation autre que rattraper le temps perdu avec Maxine.. Je ne sais pas si ça me dérangerait plus que ça de passer mes journées à ne faire que ça vous me direz, quatre ans c’est long. Je vis le serveur paniqué à l’id de nous approcher, de peur que je crie encore ou que tout finisse au sol. Il finit par déposer nos commandes et partout sans demander son reste. « Je crois qu’on l’a traumatisé le pauvre.. » Je détaillais la demoiselle, pas très grosse, plutôt jolie, bien qu’un air assez perdu. Cette petite avait du passer par des trucs pas top. Où c’était notre altercation mais je n’en étais moins sur. « Dis-moi, qu’avais tu prévu par cette belle journée ? » Ouais, si je m’étais vu dire ça ta des années j’aurais sans doute rit. Moi qui partage une conversation sans draguer, et de manière civilisée.. En fait avant j’étais parfois trop guindé quand j’avais des permissions. On dit qu’on reste le même, mais une fois qu’on commence à bosser pour le « pays » tout change, on change et on devient un homme que parfois, on ne reconnait pas. Je mordais dans mon croissant comme un morfale qui n’avait pas mangé depuis des jours, en fait, c’était plus ou moins le cas. Mon portable se mit à vibre dans ma poche. Ca aussi fallait que je m’y fasse à nouveau tiens. Je le sortis de ma poche, souris, rassura Max sur où et avec qui j’étais – pas sur que ça la rassure cependant de me savoir avec une femme – puis le remis dans ma poche, mais de peu qu’il vibre à nouveau, je le posais sur la table, espérant qu’il ne recommence pas.