Sujet: MAYBE YOU'LL TAKE MY HAND ❧ EDEN, EVAN & TOSCANE Mer 13 Mar - 22:20
maybe you will
TAKE MY HAND
« Toscane je dois te parler, descends s’il te plait.» La blonde assise face à son bureau de bois tourne la tête et laisse échapper un soupir. La maison est totalement déserte cette après-midi. Evan est à l’université, et les autres sont à l’école. Seule sa mère est encore sur les lieux. Toscane évite les discussions sérieuses avec elle d’habitude mais cette fois c’est différent, elle le sent dans la voix de sa mère. Il se passe quelque chose. Ses longues et fines jambes soulèvent son corps pour la mener jusqu’à la cuisine de la maison. « Ici Toscane, je suis au salon » L’adolescente roule des yeux et rejoint la pièce principale de la maison. Son regard interrogatif exprime toute sa curiosité mais aussi sa nervosité quant à leur discussion. Elle déteste être seule avec sa mère, parler de garçons, de cours ou même de n’importe quoi. Pourtant, elle aime sa mère mais déteste tout simplement parler d’elle. Assise sur le canapé face à Sylvia, Toscane regarde ailleurs, évite son regard autant qu’elle peut. « Tu sais Edward ? » La jeune femme acquiesce, elle en entend parler tous les jours tellement sa mère est accro à cet
homme, telle une sangsue. « Tu l’apprécies ? » Un nouveau soupir, sa mère lui jette un regard noir. Tous les gens qui connaissent la blonde savent à quel point elle est spontanée, franche et n’y va jamais avec le dos de la cuillère. « Ouais, il est gentil. Tu m’as déjà posé la question ce matin deux fois, hier soir et hier matin. Il se passe quoi là ? » Sa mère est toujours surprise de la réactivité de sa fille, de sa façon de s’adresser aux gens, sans aucun tact. « Bien alors je vais la jouer comme toi ma fille, notre famille emménage avec la sienne dans une semaine, prépare psychologiquement tes frères et sœurs ». Le choc. Le monde s’écroule sous ses pieds. Elle perd tout à coup tous ses repères. Changer de maison, de famille, d’habitudes. Elle l’a déjà vécu une fois. Deux fois c’est trop. Beaucoup trop. « Pardon ? Et tu m’annonces ça comme ça, genre normal ? » Sa mère se lève et quitte la maison en claquant la porte.
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Allongée sur son grand lit, Toscane regarde le plafond et se souvient par cœur du moment où sa mère lui a annoncé qu’elle allait devoir changer de vie du tout au tout. La musique dans les oreilles, elle écoute le groupe oasis interprétant Wonderwall, l’une de ses chansons préférées, l’une qui lui rappelle sa vie avec sa famille au complet, avec son père, avant leur divorce. Aujourd’hui plus rien n’est pareil. Si elle ose enlever ses écouteurs qui recouvrent tout le brouhaha de la maison elle entendrait sa sœur se disputer avec sa demi sœur pour leur crayon noir pour les yeux, les petits se disputer pour le petit train en bois, celui avec lequel elle jouait en étant petite avec Evan. Elle entendrait également son beau-père rire avec sa mère, et bien que cette pensée puisse en faire sourire certains, ça n’a pas cet effet sur elle. Au contraire, ça l’exaspère. Evan est parti, Eden aussi. Sylvia a eu la merveilleuse idée de les envoyer au starbucks tous les droits afin qu’ils fassent connaissance. Quelle drôle d’idée. Si elle n’est pas la fille la plus froide de la terre, Toscane reste sur ses gardes quant à Eden. Elle ne sait pas comment l’aborder, surtout en sachant qu’il est plus âgé qu’elle. Heureusement pour elle son allié de toujours, son frère jumeau sera là. Elle tente deux minutes de se mettre à la place d’Eden, seul à deux personnes qu’il ne connait pas, et avec qui il est contraint de cohabiter. Il est dans une position encore plus délicate que la sienne. Elle compatit avec lui et se jure alors que le refrain de sa chanson commence qu’elle sera gentille avec lui, du moins s’il l’est avec elle réciproquement. L’étudiante se laisse porter par la musique et sent déjà une larme perler au coin de son œil. Son père lui manque, bien qu’il habite dans la même ville qu’elle. Elle veut récupérer sa vie. Tout simplement. Mais elle ne peut pas, elle n’a pas le choix, elle ne l’aura jamais jusqu’à son indépendance. Les parents ont toujours le choix, le dernier mot. Sa porte s’ouvre, son intimité est brisée par son beau-père qui entre sans frapper en apparence. Il a juste frappé quinze fois sans réponse, s’inquiétant de cela il a osé entrer sans rien dire. Un sourire aux lèvres, il est aussi gêné que sa belle-fille et s’excuse avec un geste de la main d’être entré aussi soudainement. Vexée, l’adolescente tente de rester calme. Les gens savent très bien qu’il ne faut jamais ô grand jamais déranger la jeune femme lorsqu’elle est dans sa chambre, le seul endroit de paix dans ce monde qui soit. « Désolé de ta déranger, ta mère m’envoie te rappeler votre rendez-vous avec les garçons, c’est dans vingt minutes ». Il sourit et au hochement de tête de Toscane quitte la chambre. La jeune femme se lève, enlève la musique de ses oreilles, enfile sa veste en cuir noir au-dessus de sa robe, ses bottes cloutées noires, sans oublier de prendre son sac à main et ses lunettes de soleil. Quittant la chambre, elle tente d’ignorer les jacassements de ses sœurs et quitte la maison en toute hâte. Téléphone à la main, elle envoie un texto à ce garçon de la faculté qu’elle apprécie beaucoup et se met en route pour le starbucks. C’est avec une boule en ventre que se fait le chemin, nerveuse que tout se passe très mal entre son demi-frère et elle. Poussant les deux portes, elle balade ses yeux sur les différents visages : tous inconnus. Elle commande alors un chocolat chaud avec de la chantilly par-dessus, la plus grande taille qui soit afin d’avoir quelque chose à faire pendant les blancs dans les conversations. S’asseyant sur une table dans le coin du fond, elle poste un tweet « rencontre avec mon demi-frère, priez pour moi. » Une fois que son devoir d’accro aux réseaux sociaux est rempli, elle ne quitte pas la porte des yeux et attend le moment ultime, ses mains tremblant autour de son chocolat chaud.