Sujet: (R) ❝ the worst things in life come free to us Sam 16 Mar - 16:35
« .Je pensais que tout serait parfait désormais. Alors le pire m'est tombé dessus. »
Savannah monta les quelques marches boisées qui menaient au perron, une masse de courriers à la main. Encore peu habituée à vivre dans une maison aussi belle que celle-ci, Savannah s'immobilisa et pris une seconde pour dévisager minutieusement les poutres solides qui bâtissaient sa demeure avec une élégance simpliste qui lui faisait chaud au cœur. Un sourire comblé apparut sur ses lèvres vermeilles, tandis que ses doigts touchaient l'accoudoir du banc qui était placé contre la façade de la maison. Puis, avec satisfaction, elle franchit le pas de sa porte et déposa ses clés dans un petit pot prévu à cet effet dans l'entrée. Aidan n'était visiblement pas encore rentré, songea-t-elle en observant le silence qui s'instaurait dans la maison, quant à Julian Savannah venait tout juste de le confier à Billie pour la soirée. Cela faisait un temps infini que le couple n'avait pas eu un temps à eux, seul à seule, et s'ils en avaient besoin pour se retrouver, c'était aussi à fortiori pour enfin finir d'installer leurs affaires dans la maisonnée. En effet, ils avaient emménagé la semaine précédente sur Venice, et les cartons continuaient d'encombrer les couloirs, certains meubles étaient encore recouverts d'une housse protectrice, bref, Savannah avait réellement hâte de s'occuper de tout ça. C'était comme s'il ne manquait plus que toute cette installation pour définir la stabilité que prenait désormais sa vie. Et elle en était grandement satisfaite. Elle avait tout ce dont elle avait toujours rêvé ; Aidan auprès d'elle, un bar sous sa direction et une maison chaleureuse. Elle imaginait mal pouvoir être plus comblée qu'elle ne l'était déjà, son cœur menaçait d'exploser de béatitude.
Savannah consulta les diverses enveloppes qu'elle avait entre les mains ; pour la plupart des factures et de la pub. Elle n'était pas surprise, puisque de toutes manières, elle n'avait jamais reçu autre courrier que ceux-ci. Elle déposa les enveloppes sur le comptoir de la cuisine et se débarrassa enfin de sa veste. Il faisait nuit, elle ne doutait pas qu'Aidan rentrerait très bientôt si bien qu'elle sortie un verre et se servit du vin rouge avant de rejoindre le living-room où s'entassait quasiment toutes leurs affaires. Ces cartons représentaient un peu le grand tri qu'elle devait faire dans sa vie ; il y avait des choses qu'elle allait bien évidemment conserver, et d'autres qui appartenant au passé, finiraient dans la corbeille. Elle s'assit sur le sol, sa longue chevelure corbeau cascadant sur ses épaules graciles lui dédiant une beauté sauvage et mystérieuse à la fois. Elle se pencha et ouvrit une des boîtes et y découvrit les affaires qu'elle avait entassé et qui se trouvaient autrefois dans l'appartement qu'elle partageait avec Billie. Elle découvrit des bibelots divers, notamment ce qu'elle avait ramené de Chicago après avoir organisé les funérailles de son père. Ce qui se trouvait là, c'était principalement les affaires de sa mère dont elle n'avait pu se séparer. Elle sortit un cadre représentant le portrait de sa mère ; c'était la seule photo d'elle que Savannah n'avait jamais vu. On lui avait toujours attribué une très forte ressemblance avec la défunte, néanmoins Savannah n'avait jamais réellement vu son visage si ce n'est l'année précédente. Elle avait trouvé ce cadre dans les tiroirs personnels de son père. Il avait conservé jalousement ce trésor, toutes ces années. Un sourire éthéré apparut sur les lèvres de Savannah, qui avala une gorgée de sa boisson avant de relever la tête en entendant la porte d'entrée s'ouvrir. « Aidan ? Par ici ! » lança-t-elle. Le jeune homme ne tarda pas à investir les lieux et comme à chaque fois qu'elle l'apercevait, son cœur loupa un battement. Elle leva le visage dans sa direction en quête d'un baiser, avant de dire ; « Rude journée honey ? »
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Sujet: Re: (R) ❝ the worst things in life come free to us Ven 22 Mar - 14:03
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Sujet: Re: (R) ❝ the worst things in life come free to us Mar 30 Avr - 18:33
« .Je pensais que tout serait parfait désormais. Alors le pire m'est tombé dessus. »
Savannah leva ses rétines fauves vers Aidan et dès que leurs regards se croisèrent, une onde de chaleur se diffusa agréablement dans sa poitrine. Un sourire ne tarda pas à étirer la commissure de ses lèvres vermeilles, lui consacrant nonchalamment cette beauté à la fois naturelle et énigmatique qui la caractérise tant. C'était incroyable de voir quel chemin ils avaient parcouru ces dernières années, et même depuis leur rencontre, pour en finir à ce point fixe où ils n'étaient finalement plus qu'heureux - à un point tel qu'elle aurait pu sentir son myocarde imploser de béatitude. Elle se souvenait encore de leur rencontre assez informelle à la prison, de son emménagement « provisoire » chez elle à sa sortie de prison, de leur première fois, et de ces voeux tacites scellés par leurs lèvres, leurs âmes entremêlées. Elle pouvait encore distinguer chaque instant qui les avait réuni, avec une netteté défiant les aléas du temps eux-même. Elle pouvait se souvenir de l'époque où lorsqu'il n'était pas là, elle avait l'affreuse impression de l'avoir inventé et cette dernière la hantait jusqu'à ce qu'il soit là, de nouveau. Désormais, à chaque fois qu'elle le voyait apparaître, la réalité redevenait tangible et elle n'en était certainement pas désappointée ; c'est rare à dire, mais en soi, cette dernière était bien plus belle, bien plus rayonnante qu'une ébauche de songe inachevé.
Il se plaça derrière elle et Savannah laissa son corps s'affaisser contre son torse solide ; avec délice, elle sentie le musc de son parfum flotter jusqu'à ses narines sensibles, la poussant à se blottir encore un peu plus contre lui - son étreinte lui prodiguait un tel bien-être qu'elle ne pourrait sans doute plus jamais se permettre de s'en passer. Elle lui demanda comme s'était déroulée sa journée, sachant pertinemment qu'il devait régler certaines affaires avec la suite 700. Elle s'interrogeait sur son ressenti à abandonner cette bâtisse symbolique, qu'une tarée incendiaire avait embrasé sur le compte de délires immoraux, illogiques. « En fait, c'était une journée parfaite. » répondit-il, avec une expression béate qu'elle lui connaissait depuis quelques jours, et que rien ne semblait venir perturber. Une mine à la fois ravie et surprise se peignit sur les traits délicats de la Monroe, qui haussa brièvement un sourcil soucieux ; « J'en conclus que tu as réussi à gérer, avec la signature je veux dire. » répondit-elle en douceur. Elle ne doutait pas sur ses capacités à maîtriser une situation, seulement elle savait qu'à sa place, elle aurait eu énormément de mal à tirer un trait sur ce que représentait la suite 700 pour lui. Du moins, peut-être qu'il ne s'agissait plus que de vivre le moment présent ; leur passé avait été si déchiré et dispersé aux quatre coins du pays, qu'ils se devaient de savourer ces instants précieux qu'ils vivaient désormais. C'était maintenant, là, qu'ils devaient vivre. Pas plus tard, mais tout de suite. Elle glissa un baiser contre son cou et reporta son attention sur le cadre qui trônait encore sur ses genoux lorsqu'Aidan poursuivit ; « Si notre fille tient la beauté de sa mère et de sa grand-mère, je vais devoir l'enfermer dans sa chambre jusqu'à sa majorité ... Voir peut-être même après. » Un rire éthéré s'échappa d'entre ses lèvres vermeilles, amusée. Ils avaient, à quelques petites reprises, évoqué la possibilité d'avoir un enfant, même si la discussion était restée superficielle jusqu'ici. Elle n'était pas ignorante du fait qu'il désirait un enfant, que cela viendrait compléter parfaitement la petite bulle bienheureuse dans laquelle ils vivaient. De son côté, Savannah n'avait jamais vraiment réfléchie à la possibilité d'être mère. Enfin, elle y avait certes songé, nonobstant elle avait dû faire taire ses désirs de maternité - plus particulièrement encore lors de cette période où plus rien n'était certain entre Aidan et elle, lorsqu'il lui avait appris qu'il était père d'un petit garçon. Aujourd'hui, elle s'occupait merveilleusement bien de Julian, c'était une habitude qui s'était naturellement encrée en elle, néanmoins elle ne le considérait pas comme son fils. Ce n'était pas une question d'affection, car elle aimait tendrement Julian, au même titre que sa filleule. C'était simplement qu'il avait déjà une mère et que cette dernière était Charlie, point. Alors oui, peut-être qu'elle aimerait bien être mère, à son tour. Pourquoi pas, semblait-elle se dire. « Si elle hérite de ton caractère de rital, tu risques d'avoir du fil à retordre haha ! » taquina-t-elle joyeusement.
Puis, la jeune femme déposa le cadre dans son carton, et se tourna, faisant face au jeune homme en se mettant à sa hauteur. Ses bras ne tardèrent pas à se joindre autour de son cou, et avec un petit sourire lascif, elle murmura doucement ; « On pourrait peut-être s'y mettre dès maintenant, tu crois pas ? » s'enquit-elle. Après tout, pour une fois qu'ils étaient réellement seul à seule … Ce serait dommage de ne pas en profiter. Aidan la rapprocha soudainement de lui, lui arrachant une petite exclamation de surprise, rapidement suivie d'un éclat de rire – bientôt, le couple se perdit dans une étreinte enflammée de jambes mêlées. Passion inassouvie, à jamais.
Une vingtaine de minutes plus tard, Savannah posa sa tête contre le torse du jeune homme. Entièrement nue, la jeune femme n'éprouvait aucun complexe à s'exhiber au regard de son amant, peut-être parce qu'elle savait pertinemment qu'il connaissait chaque parcelle de sa peau à un point tel qu'il serait ridicule d'en cacher n'en serait-ce qu'une infirme partie. Elle s'étira lascivement, ses membres se déliant avec une souplesse féline attirante, puis, ses yeux se relevèrent vers Aidan et un sourire amusé s'étira de nouveau sur ses lèvres ; « On a encore jamais testé la douche. » fit-elle remarquer. Elle lui lança un regard plus que significatif, et avec un éclat de rire exubérant, elle se leva pour rejoindre les escaliers qui menaient à l'étage. Ses longs cheveux de jais en bataille cascadait sur ses épaules graciles. Elle arriva en haut des marches et au moment d'entrer dans la salle de bain, une douleur subite lui transperça l'abdomen, l'arrêtant brutalement dans son geste. Ses mains se plaquèrent contre son ventre, et elle étouffa un gémissement de douleur. Chacun connaissait la résistance de Savannah à la souffrance, pourtant elle n'en avait jamais connue une semblable. Elle mis quelques secondes à comprendre que du sang s'écoulait le long de ses cuisses d'ivoire, flot sanguin qu'elle contempla avec horreur avant d'attraper une serviette qu'elle enroula maladroitement autour d'elle, avant de s'affaisser au sol – elle ne comprenait pas ce qui était en train de lui arriver. « Aidan ! » cria-t-elle ; et le ton de sa voix semblait déjà prédire … l'imprévisible.
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Sujet: Re: (R) ❝ the worst things in life come free to us Dim 5 Mai - 16:01
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Sujet: Re: (R) ❝ the worst things in life come free to us Dim 5 Mai - 22:13
« .Je pensais que tout serait parfait désormais. Alors le pire m'est tombé dessus. »
Savannah contempla avec horreur le liquide écarlate qui s'écoulait d'entre ses jambes. Ses yeux étaient écarquillés, sa bouche entrouverte et son myocarde menaçait peu à peu de se rompre dans sa poitrine – elle ne comprenait pas ce qui était en train de se produire sous ses yeux. L'instant d'avant, elle était aussi épanouie et enthousiaste, affamée de cet amour qu'ils partageaient, et à présent elle était là, assise sur le carrelage de la salle de bain à se voir saigner d'une blessure dont elle ignorait l'existence. Son ventre se contracta affreusement, attirant son attention ; c'était une douleur qu'elle n'avait jamais ressenti auparavant – et Dieu savait combien elle avait pu en traverser à ce jour – et elle rebutait déjà à l'idée de la voir s'empirer. Elle avait la désagréable impression de perdre peu à peu ses forces, comme si chaque parcelle de vitalité fuyait son corps à l'instar de ce flot sanguin qui s'échappait d'elle. Elle resserra ses bras autour d'elle-même, se sentant effroyablement impuissante – ce n'était même pas quelque chose qu'elle pouvait combattre, elle ne pouvait que si soumettre, sans pouvoir y faire quoi que ce soit. S'était-elle blessée ? Après son appel, Aidan ne tarda pas à arriver en trombe dans la salle de bain, contemplant la scène qui était en train de s'y dérouler. Savannah releva ses rétines azurs vers lui – un regard emplit d'une détresse et d'une confusion telle qu'elle n'en avait jamais fait preuve jusqu'ici. « - Je … Je ne comprends pas … Je ne comprends pas ce qu'il se passe. » balbutia-t-elle maladroitement en réponse aux questions muettes du jeune homme. Ses mains se pressèrent davantage contre son abdomen lancinant, comme si elle tentait vainement d'y réduire sa douleur, de lutter contre cette dernière dans l'espoir de la voir battre en retraite. Vainement. « Calme toi bébé, je vais appeler une ambulance. » dit-il, après une fraction de seconde durant laquelle il rassembla son calme – du moins, le devina-t-elle. Elle tenta de s'y efforcer, néanmoins elle était affreusement distraite par tout ce sang. Pourtant, elle en avait vu couler dans sa vie – celui de Jackson, celui de cet homme assassiné, celui d'Aidan, de Billie et d’innombrables autres accidents récurrent au Mexique. Cependant cette fois-ci, il s'agissait de son sang. Qui s'écoulait, sans raison apparente. Elle se mis à trembler violemment, effrayée. « Allô ? C'est pour une urgence. Ma femme vient de ... » Tout ce sang. Malgré elle, Savannah sentie sa lucidité lui échapper, comme si son esprit en lui-même refusait tout simplement d'assister à ce spectacle. Comme si inconsciemment, il se protégeait vis-à-vis du pire, qui elle en avait l'intime conviction, ne tarderait pas à venir « Savie ? Savie ?! » – de toute façon, c'est toujours comme ça non ? Lorsque l'on est heureux, il y a toujours un détail qui vient tout foutre en l'air. Faudrait pas qu'on apprécie ce sentiment trop longtemps, n'est-ce pas ? On risquerait de s'y habituer. Elle sentie que l'on passait quelque chose de très doux autour de ses épaules et elle mis quelques secondes à s'apercevoir qu'elle s'était redressée ; ce n'était pas mieux, puisqu'elle ne pouvait que se courber sous la souffrance qui déchirait ses entrailles. Elle aurait préféré rester assise, ne pas avoir à bouger. « Accroche toi à moi mon coeur, tout va bien se passer. » Elle darda son regard dans le sien ; ils étaient conscient tout les deux du mauvais fond de cette phrase toute faite. C'est toujours ce qu'on dit, quand on sait que ce n'est qu'un début.
Aidan conduisit très vite. Elle le sentit à chaque virage qu'il pris et à chaque secousse du véhicule. Elle se redressa à plusieurs reprises pour poser son regard sui lui ; elle devinait la tension qui contractait ses muscles, et se sentit affreusement coupable. Ce n'était pas vraiment ce à quoi elle avait pensé en parlant de soirée en tête-à-tête. La jeune femme posa sa main sur la sienne, dans un geste évident de réconfort et d'apaisement – certes, elle avait affreusement mal à cet instant précis, mais il lui était encore plus insupportable de le voir dans un état pareil. L'espace d'un instant, elle cru qu'il parvenait à se détendre légèrement ; puis, ils arrivèrent aux urgences. Elle passa son bras autour du cou d'Aidan, tandis que sa seconde main venait se plaquer malgré elle contre son ventre tiraillé ; lorsqu'ils arrivèrent, des médecins vinrent vers eux et sans réellement savoir comment, elle se retrouva assise dans une chaise-roulante. Tout s'enchaînait si vite, qu'elle en eut le vertige ; « - Aidan, » appela-t-elle, complètement désorientée. Le bel italien ne tarda pas à revenir dans son champ de vision et avec angoisse, Savannah murmura ; « - Reste près de moi .. » La main chaleureuse du jeune homme trouva son épaule, et le visage de la Monroe vint s'y presser, y quêtant le réconfort dont elle avait besoin. Tout irait bien, tant qu'il serait là.
On l'emmena jusqu'à un lit d'observation sur lequel elle s'assit en maîtrisant du mieux qu'elle pouvait les grimaces qui pouvaient apparaître sur son visage. Des mains expertes vinrent l'ausculter, lui poser des questions aux sujets de ses menstruations, de son poids, de sa forme physique. « - Où est-ce que vous voulez en venir, enfin ? » coupa-t-elle finalement, en fronçant les sourcils pour avoir des réponses ; toute forme de patience l'avait quitté. Complètement. Le visage du médecin se ferma lentement et son regard se porta un instant sur Aidan, avant de revenir vers elle ; « - Vous n'essayiez pas d'avoir un enfant ? » demanda-t-il doucement, comme si cela aurait dû être une évidence. « Je suis navré mademoiselle Monroe, mais .. vous avez fait une fausse-couche. Je suis vraiment désolé, je pensais que vous saviez .. » commença-t-il maladroitement. Savannah accusa le coup, difficilement. Toute trace de couleur quitta son visage qui devint d'un livide extrême – son myocarde explosa, ses poumons suffoquèrent., ses yeux s'humidifièrent. Rauque, un sanglot naquit dans sa gorge, expression d'une plainte sourde, mais extrême. « Un .. bébé ? »
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Sujet: Re: (R) ❝ the worst things in life come free to us Lun 6 Mai - 17:30
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Sujet: Re: (R) ❝ the worst things in life come free to us Dim 9 Juin - 19:05
« .Je pensais que tout serait parfait désormais. Alors le pire m'est tombé dessus. »
La force, c'était tout ce qui avait toujours caractérisé la personnalité de Savannah. Sans cette formidable détermination qui était la sienne, elle ne serait sans doute jamais arrivée à surmonter toutes les épreuves que la vie, cruelle orchestratrice, avait placé sous ses pas. C'est la foi en un avenir meilleur qui avait toujours endurcie sa démarche, qui l'avait toujours poussé à vaincre férocement ses démons les plus obscurs. Sans cette force innée, elle ne serait sans doute qu'une fille à problème semblable à mille autres, perdue dans la banlieue de Chicago – là où le sang coule à flots, se mêlant aux larmes des familles. Elle serait peut-être même d'ores et déjà morte et enterrée sous une épitaphe sans effigie. Aujourd'hui pourtant, elle vivait bel et bien ; mais l'amertume empoisonnait ses sens. Le plus terrible dans une vie, ce n'est pas de savoir qu'elle pourrait éventuellement s'arrêter d'un jour à l'autre, non, les hommes ont appris à vivre avec cette idée morbide rangée dans un coin de leurs têtes. Le plus terrible, c'est ce qui meurt en nous lorsqu'on vit. Et à cet instant précis, Savannah sentait cette vieille compagne déserter ses veines, ses nerfs, asséchant son corps tout entier d'une tristesse vivace, laissant désormais la place vacante à une douleur dévastatrice ; la perte. Celle-ci déchiquetait ses entrailles, impitoyable et bientôt, Savannah sentie ses larmes s'échapper d'entre ses paupières crispées ; ce n'était même pas une souffrance d'ordre physique, bien que son abdomen se contractait encore douloureusement. Non, c'était bien pire.
Elle était enceinte. Et désormais, elle ne l'était plus. C'était comme posséder quelque chose de précieux durant un temps, sans réellement le savoir, et ne s'apercevoir de sa présence qu'au moment où elle se brise en mille morceaux à vos pieds. Savannah n'avait pas même pu goûter la saveur d'être mère, elle ne connaissait plus que ce chagrin caractéristique ; la peine de celui qui reste envers celui qui part, sans qu'elle n'ait eu la chance de poser ses yeux sur ce petit être. Ce sursaut de conscience la torturait, disséquant lentement sa pensée et ses souvenirs et examinant ceux-ci, elle qui cherchait tant à comprendre comment cela avait pu se produire, comment cela pouvait-il être possible. Si elle avait su qu'elle portait la vie, leur enfant, elle ne se serait pas surmenée à ce point ces dernières semaines, elle aurait pris bien plus de repos pour se préserver de ce type de risques. Elle n'aurait pas sciemment représenter un danger pour leur enfant, elle qui désirait tant être mère. Non, elle n'aurait pas risqué l'échéance qu'elle était en train de vivre. « Comment … Pourquoi elle n'était pas au courant ? » Ballottée dans une sorte d'hébétude confuse, mêlée à ses peines, Savannah releva vers Aidan ses yeux cernés par la confusion. Elle le dévisagea l'espace d'une fraction de seconde, offensée. Son myocarde, déjà péniblement assiégé par la peine et le chagrin, se contracta plus douloureusement encore sous cette interrogation qui avait sonné comme accusatrice à son oreille. Était-il en train de sous-entendre qu'elle aurait pu avoir l'égoïsme de lui dissimuler pareille chose ? À cette simple pensée, elle sentit son être entier s'ébranler et une violente nausée la saisie. Il passa un bras autour de ses épaules – et elle qui se sentait sur le point d'imploser se rasséréna, reprenant la maîtrise de sa confiance bancale. Non, il ne pouvait pas penser ça. Ils étaient bien trop fusionnels pour qu'il y ait le moindre doute entre eux. Sa confusion la rendait paranoïaque, méfiante, comme d'habitude. Le naturel revenait au galop. Il était bien le seul à le chasser. « Vous pouvez m'expliquer comment un truc pareil peut arriver et … Pourquoi le fœtus n'a pas tenu ? » poursuivit Aidan. Ses questions attisaient les frayeurs de la Monroe qui sentit ses membres trembler de nouveau. Nonobstant, elle savait parfaitement que lui – tout comme elle – avait besoin de réponses, quand bien même ils n'avaient pas envie de l'entendre, cette vérité qui fait peur car bien trop réelle. Comme pour se préparer à les recevoir, Savannah carra les épaules et essuya vivement ses larmes, ne pouvant pourtant pas effacer sur son visage les marques de chagrin laissé par le fardeau qu'elle portait. Elle n'aurait su dire si elle était forte, ou si elle prétendait l'être – dans les deux cas, elle se devait de recevoir le diagnostic. Sa paume tâtonna un instant, avant de se refermer sur le bras d'Aidan qu'elle pressa doucement comme pour y chercher le soutien qui lui manquait et qu'elle ne parvenait pas à s'apporter à elle-même.
« Vous n'étiez vraiment pas au courant de cette grossesse mademoiselle ? » s'enquit le médecin après une brève hésitation. Savannah darda son regard cristallin dans le sien, comme pour le défier de douter de ses paroles – bien que sa vivacité coutumière l'avait quitté, n'importe qui aurait eu peur d'oser la contredire. Dans sa détresse elle demeurait … foudroyante. « Non, je l'ignorais totalement. Rien ne m'a laissé présager que j'attendais un … que j'attendais un enfant. » répondit-elle en sentant sa gorge se nouer atrocement, étouffant soigneusement ses mots. Non, rien ne l'avait mise sur la voie. Aucun signe, aucune alarme, aucune prise de poids significative. Rien. Silencieuses, des perles salées retrouvèrent le chemin tracé par les précédentes. Irrépressibles. « Dans ce cas, il s'agit d'un déni de grossesse. Cela peut arriver quand une personne rejette l'idée d'être enceinte, ce qui n'est visiblement pas votre cas. Dans des cas plus rares, on parle de l'hypothèse qu'un corps mémorise les chocs post-traumatiques, entraînant divers symptômes par la suite – dans votre cas, ce déni. Les examens que nous avons passé révèlent que le fœtus était en parfaite santé … mais votre utérus n'a pas tenu le coup, ce qui a abouti à un décollement du placenta et cette fausse-couche. » Savannah sentait chaque parcelle de son corps se tendre suite aux paroles du médecin, tandis que la culpabilité la noyait avec véhémence. Ses épaules s'affaissèrent sous le poids de l'information – mea culpa, mea maxima culpa. Ses démons ne l'avait donc jamais laissé en paix, non, ils s'étaient contentés de s'endormir temporairement au fond de sa conscience, jusqu'à se faire oublier. Et aujourd'hui, il avait emporté la vie de son enfant. En un éclair. « Vous avez traversé une période difficile ces derniers temps ? Du stress ? » poursuivit le médecin. Savannah ne répondit pas. Elle focalisée sur ses pensées, elle souhaitait juste que cette spirale infernale prenne fin. Rapidement. Ses yeux se levèrent vers Aidan – ils échangèrent un regard. Elle savait qu'il pensait aux mêmes choses qu'elle à cet instant précis, à ce lourd passé qu'elle avait vécût et dont les cicatrices invisibles révélaient tout de même leur présence à cet instant précis. Pardon, semblait vouloir implorer son regard. Elle avait cru que rien ne pouvait être pire. Ne jamais croire que le pire est déjà passé. « Depuis combien de temps ? » demanda-t-elle dans un souffle, reportant son attention vers le médecin. Il fallait qu'elle sache … « Cinq mois, mademoiselle. Dans dix minutes, nous allons vous emmener dans une salle de travail qui sera plus appropriée pour la suite. » La peur s'infiltra sous la peau de la jeune femme qui emprisonna la paume d'Aidan dans la sienne. Qu'allait-il se passer maintenant ? Il dû percevoir sa confusion, car il ajouta, légèrement mal à l'aise. « Vous portez toujours le fœtus, il va falloir … le retirer. » Il sortit, la laissant encaisser cette nouvelle sans pincettes. Elle allait devoir accoucher d'un être mort-né. Elle allait devoir pousser, non pas pour donner la vie, mais pour extraire la mort. Une bile remonta dans sa gorge, immonde. « Aidan, je ne veux pas. » dit-elle en se tournant vers lui. « Je ne veux pas subir ça ! Qu'ils m'endorment, qu'ils m'ouvrent, mais qu'ils me fassent pas assister à ça … » ajouta-t-elle précipitamment, suppliante pour la première fois de sa vie.
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Sujet: Re: (R) ❝ the worst things in life come free to us Mer 19 Juin - 10:37
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Sujet: Re: (R) ❝ the worst things in life come free to us Mer 3 Juil - 0:00
« .Je pensais que tout serait parfait désormais. Alors le pire m'est tombé dessus. »
« Aidan, je ne veux pas. Je ne veux pas subir ça ! Qu'ils m'endorment, qu'ils m'ouvrent, mais qu'ils me fassent pas assister à ça ... » Elle se fit suppliante. Une terreur semblable ne l'avait jamais saisi en vingt-six ans d'existence, et à cet instant précis, c'était bien trop lui en demander. Elle ne pouvait simplement pas mettre au monde un cadavre – elle ne pourrait pas supporter l'absence de cris, de positivisme. Elle ne pouvait pas supporter d'enfanter la mort. Elle préférait encore qu'on la mette sous sédatif, pour l'endormir elle et ses démons, et que dans ce moment de pure inconscience, on lui retira ce petit être qui aurait pu combler leur petit monde déjà bien bousculé. Ses mains s'étaient refermées sur l'avant-bras du bel italien, qu'elle ne quittait désormais plus des yeux. Il ne les laisserait pas lui faire ça, n'est-ce pas ? Une part folle et désespérée de sa personne la poussait à y croire, tandis que sa facette rationnelle et résignée savait pertinemment qu'Aidan n'y pourrait rien, que quand bien même il l'avait toujours protégé du mieux qu'il pouvait, ce mal ci était hors de sa portée. Ses mains compressèrent d'autant plus sa chair, pure traduction de sa terreur. « Calme toi mon amour, je t'en prie. » dit-il, en s'allongeant près d'elle. Ses bras ne tardèrent pas à se refermer autour d'elle, et comme une enfant réveillée au milieu de la nuit par un cauchemar, Savannah se blottit contre son étreinte – ses doigts s'accrochèrent au devant de son haut, telle une noyée à sa bouée de sauvetage, et elle y resta fermement serrée, terrifiée, tandis qu'il cherchait à la calmer du mieux qu'il pouvait y faire. Elle le sentait trembler lui aussi, elle savait que sa peine faisait écho à la sienne et qu'il partageait ses craintes. La jeune mexicaine crispa les paupières et se serra d'autant plus contre lui. À travers ses vêtements, elle sentie le battement régulier du myocarde de son homme, et ce son assourdi lui procura un faible soutien. Quoi qu'il puisse se passer, ce cœur lui appartenait ; à la sortie, Aidan serait toujours là pour elle, il serait toujours là pour la soutenir, l'aider à traverser cela. Ils seraient ensemble. Ça n'effaçait pourtant pas le fait qu'elle ne pourrait pas lui donner d'enfants, songea-t-elle dans ses élucubrations nébuleuses. Sa gorge s'assécha d'autant plus. « J'ai peur Aidan, » dit-elle, en relevant légèrement la tête pour croiser son regard noisette. Elle ne savait pas ce qu'elle désignait en murmurant ces mots, à cet instant précis, le monde entier lui paraissait hostile et seule cette étreinte la berçait dans un havre de paix, certes minime, mais au moins réel. Qu'allait-il advenir dans cette salle ? Les médecins n'avaient pas vraiment précisé ce qui allait se produire, exactement. Sa conscience pourtant, lui soufflait de vagues idées qui achevèrent de la tétaniser. Son ventre lui fit atrocement mal, et elle se cambra – non, elle ne pouvait pas faire ça. Les larmes ne tardèrent pas à reprendre, malgré elle. C'était simplement plus fort qu'elle. « Savie écoute moi. Il faut qu'ils le fassent, le bé ... Le foetus ne peut pas resté en toi, c'est trop dangereux et je ne veux pas qu'il t'arrive quelque chose. » Savannah détourna le visage et se débattit vaguement, obligeant le jeune homme à se placer au-dessus d'elle pour la maîtriser doucement. De toute manière, la seule force qui l'animait c'était son propre chagrin, et ce dernier certes puissant, s'affaiblissait sous la prise du De Conti. Elle ne voulait pas lui faire du mal, en exposant le sien. Cependant ce dernier était si vif, qu'elle ne pouvait l'ignorer. Elle aurait souhaité hurler, mais sa gorge était si sèche … comme si chaque liquide de son corps s'était concentré en larmes salées dans ses yeux bleus, intenses. « Regarde moi. On va y arriver, tous les deux. Tout ira bien, je serais à tes côtés tout le long. » Les rétines de la jeune femme, craintives, se fichèrent dans celles de son âme sœur ; chacun savait ce qui retournait de ces paroles, encore une fois. Savannah sentie son corps s'affaisser, vaincu. Au moins, il serait auprès d'elle, pensa-t-elle tandis que les médecins entraient dans la pièce.
Des infirmières s'occupèrent d'elle. Elles lui demandèrent de se tenir debout, le temps de lui retirer les vêtements de fortune qu'elle avait enfilé avant de partir – et qu'elle ne souhaitait désormais plus revoir, car tâché d'un sang qui était certes le sien, mais qui l'avait maintenu en relation avec son enfant. De toute manière, ce vêtement disparu et elle songea qu'une des infirmières avaient carrément dû le jeter. Peu importe, se dit-elle. Ses pensées vagabondaient. Tandis qu'on la vêtait d'une blouse d'hôpital, elle se demandait comment elle allait venir à bout de cela. Un masque impassible était désormais plaqué sur son visage et peu à peu, elle se déconnectait de ses émotions, se détachant d'elles comme un être omniscient. C'est comme une spectatrice qu'elle se vit sortir de la chambre sur une civière, accompagnée du personnel médical et d'Aidan. Elle ne le regardait pas, elle n'aurait pu le supporter. Sa main dans la sienne lui suffisait, et elle la pressait avec une douceur qui dissimulait un recul évident. Ils arrivèrent au bloc, et des mains disposèrent ses jambes de part et d'autre. Des visages ne tardèrent pas à l'entourer tandis qu'une lumière blanche et aveuglante se vrillait vers son entrejambe. On lui expliqua ce qui allait se passer, rapidement. Le masque de Savannah se fêla une fraction de seconde, tandis que le chagrin reprenait le pas sur le reste. Puis, on lui demanda de commencer le travail et la douleur se déclencha, plus puissante que la précédente. Elle avait cru pouvait tenir, se montrer forte de nouveau, mais à chaque poussée, elle se brisait un peu plus. Ses hurlements lui furent arrachées comme s'ils avaient été ceux d'une autre, pourtant, c'était bien son corps entier qui souffrait et se tendait sous la tâche qu'elle était en train d'effectuer. Elle ne voyait pas Aidan, elle ne voyait pas grand-chose à vrai dire, puisque la souffrance l'aveuglait à son tour. Ce qu'elle pouvait percevoir en-dehors de son labeur féminin, c'était le silence pesant institué dans le bloc. Quasiment religieux. Funéraire. Savannah se mordit la lèvre inférieure à l'en faire saigner, lorsque enfin, elle fut libérée. Follement, elle s'attendit à un cri, mais comme elle le savait pertinemment, rien ne vint. La sage-femme enveloppa quelque chose entre des draps, hors de son champs de vision, et une indignation brûlante monta en elle, s'insurgeant qu'on ne lui laissa pas même apercevoir … le fruit de ses entrailles. C'était réel. Elle savait que si elle ne le voyait pas, elle croirait l'avoir rêvé. C'était sans doute mieux, mais Savannah n'avait jamais été une personne à choisir la facilité ; elle voulait pouvoir donner un visage, à son souvenir. « Je veux le voir. Faites moi le voir. » Tous le monde sembla se figer à cette demande subite. Des visages la dévisagèrent comme si elle avait perdu l'esprit, mais ses yeux fixaient durement la sage-femme qui tenait son bébé dans ses mains, la défiant presque de lui refuser ce droit. Elle était faible, elle n'aurait pas pu se lever, mais elle savait qu'elle aurait très bien pu avoir la folie d'essayer si on la contrariait. La sage-femme échangea un regard avec Aidan et d'une voix douce, murmura ; « Voulez-vous ? » Elle plaça la silhouette entre les bras du De Conti, et recula d'un pas, fixant toujours avec prévenance le jeune homme. Savannah contempla le visage de sa moitié, et le vit tendu à l'extrême, aussi brisé qu'elle pouvait l'être elle-même. Il resta immobile un instant, puis elle leva son bras dans sa direction et s'enquit ; « Montre le moi, s'ilteplait. »
Miranda contemplait ces deux jeunes gens, le cœur atrocement serré. Ce n'était pas la première fois qu'elle accomplissait un accouchement comme celui-ci, néanmoins, elle n'avait jamais ressenti une détresse semblable ; ces deux personnes s'aimaient à un point qu'elle n'était pas certaine de pouvoir mesurer. Et ils venaient de perdre ce qui leur était le plus cher au monde. Elle vit le jeune homme s'approcher doucement de sa bien-aimée, les larmes s'écoulant de ses joues. Les traits étirés, épuisés de la jeune femme étaient marqués par la tristesse ; elle les observa se pencher vers l'être mort-né qu'elle avait enfanté. La patiente entrouvrit les couvertures, et découvrit le visage de cette petite fille qu'elle aurait dû voir grandir. Elle se sentie atrocement inutile, c'était la pire partie de son travail. Des fois, les naissances ne se passaient pas bien. Certain disait que c'était une question de chance, d'autre de karma, d'autre de destin, ou bien de hasard. Elle, elle préférait croire que la vie pouvait être une vraie salope …
FIN
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