Sujet: UNGODLY HOUR + (lou-ann) Sam 16 Fév - 21:23
+ BUT THIS IS OUR UNGODLY HOUR
Thomas se débarrassa de ses boutons de manchette et desserra son noeud de cravate en poussant un profond soupir. La semaine avait été éprouvante. Depuis que Maxine lui avait apporté la preuve tangible qu'une histoire sous-jacente se dissimulait sous la disparition de son père une dizaine d'années plus tôt, il ne dormait plus. Comment le pourrait-il lorsque l'espoir battait une cadence impossible à ignorer contre ses tempes ? Il travaillait sans s'accorder de relâche, s'acharnant à glaner la moindre information, aussi maigre soit-elle, susceptible d'éclairer les zones d'ombres de ce dossier classifié par l'Armée. Peut-être réussirait-il à trouver un minimum de sens à tout cela en chemin. Il avait renoncé à avertir sa mère de cette actualité inopinée. Il n'avait plus de nouvelles d'elle depuis plusieurs semaines et plus le temps s'écoulait, moins il trouvait la force de décrocher le combiné. Ils n'avaient jamais grand-chose à se dire, pour être honnête. Leurs conversations se meublaient généralement de civilités qu'ils s'empressaient d'écourter en s'arrachant mutuellement la promesse d'une visite aux vacances prochaines. Un cercle qui ne finissait pas. Bien entendu, il l'aimait énormément. Toutefois, le contact s'était brisé entre eux depuis des années et il n'aurait pas souhaité avoir à le rétablir sur cette note-là. Il avait suffisamment de tact pour ne pas lui offrir ce même espoir fragile qui l'animait chaque jour. Sa mère avait été infidèle à de nombreuses reprises, mais il ne doutait pas aujourd'hui qu'elle ait profondément aimé son époux. La mort présumée de celui-ci l'avait probablement bien plus bouleversée qu'elle ne l'avait laissé paraître à l'époque. Non, décidément il ne pouvait pas. Pas avant d'avoir tous les éléments en mains. Thomas avait été convoqué dans le bureau du directeur de service en fin d'après-midi. 'Vous êtes sur la mauvaise pente, Henley !' l'avait-il doucement réprimandé d'une voix éraillée, les mains sur ses hanches pointues. L'Anglais avait à peine cillé. Il s'était toujours bien entendu avec ses collègues de manière générale ; en revanche, ses rapports avec le Directeur étaient bien plus nuancés depuis son premier jour au Bureau de Los Angeles. Il avait accepté de l'embaucher lorsqu'il avait dû quitter l'Armée, bien qu'il n'ait pas été formé à Quantico. Il lui avait appris les ficelles du métier et l'avait épaulé lorsqu'il était au plus bas. Il lui avait donné la permission d'accompagner Savannah Monroe et l'avait sévèrement sermonné lorsque l'affaire était devenue trop personnelle. Et aujourd'hui, aujourd'hui il lui demandait d'arrêter d'importuner les hautes sphères avec de vieux dossiers dont personne n'a envie d'entendre parler. De se recentrer sur ses enquêtes en cours. Puis, face au manque de réactivité de son employé, il lui avait subtilement conseillé de mettre à profit les quelques semaines de congé qu'il n'avait pas pris l'année précédente. Thomas avait hoché la tête, résigné, avant de quitter le bâtiment.
Il se frotta doucement le visage avant de se dévêtir entièrement et de se glisser sous la douche tiède. Il ignorait quand est-ce qu'Amber et Maxine seraient de retour de leur virée au Centre Commercial. Mais pour la première fois depuis qu'elles vivaient sous son toit, il éprouva le besoin d'échapper à la compagnie qu'elles lui avaient apportée au cours des dernières semaines. Sans doute parce qu'il n'avait aucune envie d'échanger les détails de sa journée avec les deux Lennox, cette fois-ci. How to be a kill-joy, one step, songea-t-il en se dressant une image mentale du repas qu'ils partageraient dans quelques heures. No way. Il n'irait pas avoué son congé forcé à Maxine ce soir. Il sortirait. Thomas quitta bientôt la salle de bains et enfila prestement un jean délavé accompagné d'un t-shirt aux nuances bleues/vert. Il déambula quelques instants dans la chambre, le temps d'y remettre un semblant d'ordre et de déposer ses affaires au fond de la panière à linge avant de s'asseoir au bord de son lit, téléphone portable en main. Il consulta rapidement ses messages avec l'espoir de voir apparaître une petite notification salvatrice l'invitant à boire un verre dans le centre-ville. Mais l'écran demeurait désespérément inactif. Nouveau soupir. Son pouce laissa défiler les menus de l'appareil et ses pupilles cobalt s'attardèrent sur le numéro de téléphone de Lou-ann. Il se mordit pensivement la joue avec un pincement au coeur. Il n'avait plus de nouvelles de la rouquine depuis plusieurs jours. Suite à leur petite aventure nocturne quelques mois plus tôt, ils avaient continué de se fréquenter, s'adressant des messages de plus en plus régulièrement jusqu'à ce que leur correspondance devienne journalière. Et il savait qu'elle était une grande fille, qu'elle pouvait prendre soin d'elle-même, toutefois, il était incapable de réprimer l'inquiétude que sa situation lui inspirait. Jonah, son colocataire, s'était suicidé devant elle quelques semaines plus tôt, ce n'était pas ce que l'on pouvait qualifier d'incident mineur. Lui, qui avait côtoyé la violence et les morts durant plusieurs années en Irak, il savait qu'elle ne serait plus jamais la même — du moins, plus exactement. Et ce silence radio le rendait nerveux. Il avait besoin de la voir, rapidement. Il rédigea un court message lui annonçant qu'il passerait la voir, avant de quitter l'appartement.
Thomas appela une compagnie de taxi et, se fit conduire au complexe sportif de la cité des anges située à Pacific Palisades, une vingtaine de minutes plus tard. Manquant de monnaie, il dut se résigner à céder un très généreux pourboire au conducteur avant de pénétrer dans l'établissement. Lou lui avait raconté qu'elle délivrait des cours de yoga, plusieurs fois par semaine afin d'étoffer ses revenus. Il était déjà venu la chercher à la sortie pour qu'ils dînent ensemble avant de se séparer raisonnablement. Il patienta dans le hall, une bonne vingtaine de minutes supplémentaires avant de décréter que le temps se faisait décidément bien long et qu'il serait sans doute plus intelligent d'interroger la standardiste. 'Elle a terminé son dernier cours, il y a dix minutes. Elle doit encore être en train de cloper à l'arrière.' lâcha-t-elle avec un désintérêt manifeste. Thomas réprima un commentaire acerbe et s'empressa de suivre ses indications avant de se laisser l'occasion de démontrer qu'un anglais pouvait aussi manquer de manières. La standardiste ne s'était pas trompée. Après avoir contourné le bâtiment, il repéra enfin la silhouette de la jeune femme acculée contre un mur, le menton abaissé, une cigarette entre les doigts, deux mégots encore fumants par terre. « Lou ? Qu'est-ce que tu fabriques, ça fait vingt minutes que je t'attends `» lâcha-t-il d'une voix où se disputaient inquiétude et agacement. « Est-ce que ça va ? » ajouta-t-il en fronçant légèrement les sourcils. Lou n'était pas une grosse fumeuse dans ses souvenirs, à moins d'être dans un état de nerfs spécifique.
Dernière édition par Thomas F. Henley le Ven 31 Mai - 14:27, édité 1 fois
C’était la première fois qu’elle passait la nuit chez Parker. La nuit, complète, sans équivoque, et dans son lit, pas sur le canapé après avoir démarré un film et abusé du joint qu’il roulait toujours maintenant, du moment qu’elle mettait un pied dans son appart. C’était bizarre, parce qu’avant, ça lui aurait semblé être de la torture de devoir le quitter avant le petit matin. À l’époque où ils étaient ensemble, elle était un véritable pot de colle, toujours pendue à son cou, toujours perdu dans ses yeux blasés. Et même s’il était aussi insensible qu’une roche à ses avances, quand il le décidait parce que sinon il pouvait être un véritable aimant amant, Lou n’avait jamais cédé. Le pauvre problème de la boniche qui croit qu’un jour, à force de câlins et de bisous, elle arriverait à changer le cœur de glace de celui qui faisait battre son cœur. Y’avait fallu plusieurs crises, plusieurs dépressions, des crises de larmes à n’en plus finir et une bonne intervention de Jax et de Jonah mais elle avait réussit à mettre un frein à cette histoire destructrice et à le foutre hors de sa vie. Jusqu’à quelques semaines plus tôt, alors qu’il était ressurgit, comateux, résultat d’un bataille avec son meilleur ami suicidé et psychotique qui n’en avait pas finit avec le Bernstein. Lou frissonna, dans son sommeil, attirant un drap sur son corps nu, ne se rendant pas tout de suite compte de la position dans laquelle elle était. Et malgré leurs retrouvailles abruptes, et la raison pour laquelle elle l’avait chassé hors de son quotidien 4 ans avant, il était de retour dans sa vie, à titre de tuteur, de mec qui lui montre la vraie réalité des choses, qui s’occupe personnellement de crever tous ses rêves roses et bourrés de poneys. Abbott avait besoin de quelqu’un pour la ramener sur terre, d’une personne sûre à qui se raccrocher alors qu’il l’entrainait directement au fond. Parce que c’était la seule chose qu’elle pouvait faire pour l’instant. Dégringoler pour mieux remonter. Voir pire que la tête de son âme sœur qui éclate devant elle, que son frère schizophrène qui menace de la descendre elle, sa femme et sa fille avant d’être interné. Et puis ça lui semblait tellement normal, tellement simple. Parker allait l’aider à se détruire. Quand elle n’aura plus besoin de lui, elle se reconstruirait, toute seule et tellement fort que plus rien ne pourrait jamais la briser. Rien. Du moins, elle l’espérait.
Ils avaient fait de l’acide la veille, ou un truc si fort qu’elle ne se rendait plus vraiment compte de ce qu’elle était, d’où elle était, d’avec qui elle était. M’enfin, ça c’était une autre histoire, parce qu’elle se souvenait très bien d’un trip à trois arrosé de whisky et d’une blondasse ramassée dans un bar sur le chemin de leur retour, qu’ils avaient convaincue de venir prendre un verre, puis un joint, puis une ligne de coke, puis d’autres trucs tous aussi intéressants qui débutaient bien une soirée déjà amorcée. Quelques heures après et ils s’endormaient, repus, dans les bras les uns des autres, frôlant le coma, la transe et l’envie de vomir toute la bile que leur corps avait produit tellement ils avaient mal d’être si stone. D’habitude, Lou se serait éclipsée vite fait dans sa bagnole, dans la bagnole de feu-Jonah en fait qui était depuis sa mort devenue la sienne par procuration, et aurait dormi quelques heures dans une position tout sauf confortable, question d’éviter de se réveiller aux côtés de Parker. Elle était revenue vers lui, mais avec de toutes autres intentions qu’avant. Elle ne l’aimait pas, elle ne l’aimait plus. Elle n’avait donc pas besoin de sentir son haleine du petit matin et de partager un petit déjeuner avec lui pour être heureuse. Sa solitude, et le fait qu’elle l’utilisait vraisemblablement, lui suffisaient. Ceci dit, la rouquine se réveilla en sursaut, maintenant frigorifiée, tremblant, fixant le plafond au-dessus de sa tête qui semblait être sur le point d’éclater. Les réveils en sursaut, ça semblait être sa tasse de thé depuis quelques jours. Quand ce n’était pas parce qu’elle croyait avoir entendu un coup de feu près d’elle, c’était parce qu’elle rêvait recevoir un flot de sang en plein dans la gueule. Si après vous ne vous réveillez pas en panique, z’avez un problème quoi. « Où il est… » grommelait-elle, à bout de souffle, à la recherche de son portable parmi les parties du corps suantes, les draps et les restes de bouteilles de la veille qui traînaient un peu partout dans le lit et sur le sol. Lou, à cet instant même, avait envie de parler à quelqu’un. À Joey, à Ash, à n’importe qui. Juste pour se rattacher à ce qui se passe à l’extérieur, à ce que la vie quand on n’essaie pas de se détruire ressemble. Mais c’était trop tard, elle savait que les filles seraient déçues. Qu’elles l’étaient déjà, un peu, de ne plus avoir de ses nouvelles, de savoir que quelque chose clochait, que Parker était de nouveau dans les parages.
Elle tomba sur le numéro de Thomas, les doigts jouant distraitement avec les touches de son portable. Thomas. Il lui manquait. Avant, ils se voyaient souvent, ils s’envoyaient des textos à tous les jours. Ils étaient potes, il la faisait rire, il était l’un des seuls mecs qu’elle connaissait qui n’avait pas essayer de lui faire du rentre-dedans. Suite à leur escapade d’enfant à la plage et à leur nuit au poste de police, ils étaient devenus de vrais amis, de bons amis. Mais Lou avait honte. Elle savait que ce qu’elle faisait n’était pas ok. Que Thomas serait déçu, qu’il désapprouverait. Et il aurait raison. Qui, de l’extérieur, pourrait comprendre que tout ce que l’interne faisait, c’était dans le but d’aller mieux? Abbott avait donc fermé son téléphone, rangeant au plus profond de sa tête en bouillie l’envie de parler à quelqu’un d’autre qu’à Parker, ou à sa bouteille de vodka de sûreté. Puis, elle s’était levée. Enjambant les corps morts qui semblaient si attirants quelques heures plus tôt. Un tour à la salle de bain plus tard, et elle passait un jean et un t-shirt et se nettoyait le visage, horriblement barbouillé par son maquillage qui n’avait apparemment pas survécu. Un coup d’œil à la chambre de Parker plus tard, et la rouquine se faufilait vers le lit, piquant le paquet de clopes encore bien plein de l’autrichien, et déposait un baiser sur le front de leur blonde copine. Elle aurait besoin de tout le support du monde sachant que Parker allait la briser dès l’instant où il ouvrirait l’œil.
***
C’est une nuit dans l’auto plus tard que Lou-Ann arriva à sa classe de yoga, pimpante malgré sa destruction encore bien récente. C’est fou ce qu’une douche et un coup de brosse à dents peuvent faire sur une fille en complète chute libre. Un thé vert, quelques étirements et deux ou trois exercices de respiration plus tard et elle était prête à enseigner son cours, malgré le fait que ses mains tremblaient encore, que la pire des migraines lui démangeait toujours la cervelle, que ses jambes menaçaient de s’effondrer à chacun des pas qu’elle faisait. La rouquine manqua plusieurs fois de perdre le pied à travers ses enchainements, tomba même lors d’une position un peu plus difficile et versa une larme durant la méditation finale. Ça n’allait pas. Et en même temps qu’elle souhaitait une bonne et heureuse journée à ses étudiantes, suivi d’un namaste bien senti, Lou-Ann douta, honnêtement, d’un jour aller mieux.
« J’ai besoin d’une clope. »
Elle ne fumait pas, en fait, elle avait commencé tout récemment et donc ça ne comptait pas vraiment. C’était par mesure de sécurité, pour bien maîtriser ses crises de stress assez intenses. Parker excellait à son rôle et lui transmettait toutes ses mauvaises habitudes, la cigarette en étant une bonne. Le regard au loin, pensive comme tout, Lou-Ann ne se rendit pas compte qu’elle venait de terminer sa première clope et qu’elle enchaîna avec une autre, puis une autre. Ses poumons s’encrassaient à chacune de ses respirations, son corps s’emplissait de mauvaises choses à chaque bouffée et elle ne pouvait être plus désintéressée. C’est Thomas, surgissant de nul part, qui lui fit reprendre le court de ses pensées. Tout sourire, la belle n’arriva pas à se retenir et lui sauta au cou, véritablement heureuse de le voir, comme ça, à l’improviste, alors qu’elle puait la nicotine et que son corps traumatisé par autant d’activités néfastes n’arrêtait pas de frissonner. Lou, encore enjouée, se détacha du garçon, voyant qu’il n’avait pas particulièrement envie de partager son accolade à l’entendre. « Lou ? Qu'est-ce que tu fabriques, ça fait vingt minutes que je t'attends! »
La rouquine fronça les sourcils, jetant un regard par-dessus son épaule où elle avait une vue, via les portes en verre, sur le bureau de la réceptionniste du centre. Hum. « Est-ce que ça va ? »
« Je… oui, ça va très bien. » nerveuse, elle tira sur sa cigarette, arrivant au fltre. Yuk. « Je ne savais pas que tu étais là… j’suis désolée que tu aies dû attendre. Mais c’est une super surprise de te voir! Je suis vraiment contente! »
Malgré le regard douteux de son ami, sa mine inquiète, son ton agacé, Lou-Ann faisait comme si. Comme si elle était toujours la même, qu’ils avaient prévu ce rendez-vous improvisé depuis plusieurs jours déjà et que tout, tout ce qu’elle se faisait vivre depuis des semaines n’existait pas vraiment. Si seulement son sourire, qui tapissait son visage blanc d’avoir trop peu dormi, était vrai. Aussi vrai qu’avant.
« Alors, quoi de neuf? Ça fait des années qu’on ne s’est pas parlé! » distraite, Abbott allumait une nouvelle cigarette, dévoilant clairement que finalement tout clochait.
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Sujet: Re: UNGODLY HOUR + (lou-ann) Jeu 2 Mai - 19:20
Lou-Ann avait mauvaise mine. Il n'eût besoin que d'une poignée de secondes pour en prendre pleinement conscience, tandis qu'il se traçait un chemin irrégulier entre bennes à ordures et un agrégat de cartons vides sur la surface desquels on pouvait s'aviser d'une vente-flash de matériels sportifs dans le centre de Los Angeles. L'inquiétude vînt bientôt se disputer à la contrariété d'avoir patienté inutilement à l'entrée du bâtiment durant près d'une demi-heure et finalement, ses traits se plissèrent d'appréhension. Ils ne s'étaient pas vus depuis une petite éternité –du moins, c'est ainsi que lui était apparu ce laps de temps interminable. Autrement dit, suffisamment longtemps pour que le plus infime des changements lui saute aux yeux. Et il n'était pas encore certain d'apprécier le spectacle que la jeune femme pouvait lui offrir. Elle se tenait appuyée contre le mur, un visage à peine coloré tourné vers le sol, les cheveux réunis dans une queue-de-cheval négligée et entourée d'un cercle de mégots fumés jusqu'à l'extrémité, comme si elle n'avait pas souhaité gâcher la moindre parcelle de nicotine. Même lui, qui avait fumé durant des années, n'avait jamais consommé de la sorte. La jeune femme remarqua sa présence, au moment où il se plantait à quelques mètres d'elle. Son cœur bondit dans sa poitrine lorsqu'il vît ses traits s'illuminer subitement et durant une brève seconde, il entrevît l'ombre de la rouquine insouciante qu'il avait rencontré l'été précédent. Thomas la serra contre lui, lorsqu'elle se jeta affectueusement à son cou et durant quelques fractions de seconde, il se sentit mieux –le souvenir de sa semaine désastreuse bâtît en retraite, comme à regret. Ils s'écartèrent l'un de l'autre et l'esquisse d'un sourire se dessina sur les lèvres du britannique tandis que ses pupilles détaillaient tranquillement son amie. « Je... Oui, ça va très bien ! Je ne savais pas que tu étais là ... J'suis désolée que tu aies dû attendre. Mais c'est une super surprise de te voir ! Je suis vraiment contente ! enchaîna-telle d'un engouement beaucoup trop accentué pour être convainquant. Il écarta machinalement l'une des mèches frivoles qui venait lui barrer le visage, chassant ses propres airs suspicieux en choisissant de jouer le jeu à son tour : Pas grave. Je jouais les grincheux pour la forme, prétendit-il d'un haussement d'épaules. – Alors, quoi de neuf ? Ça fait des années qu’on ne s’est pas parlé ! poursuivit-elle avec nonchalance, tout en s'allumant une énième cigarette sous les prunelles définitivement soucieuses du fédéral. – Oh, tu sais. Des terroristes par-ci, des mafieux par-là. La routine, répliqua-t-il au tac au tac, se tenant à la tonalité légère qu'avait adoptée la conversation. Et pourtant, il pouvait déjà percevoir les fausses notes dans chacune des réponses que lui débitait Lou-Ann. Comme si elle se les étaient inlassablement répétées devant un miroir. Comme si elle avait usé toute once de conviction qui les tapissaient initialement, à force de les recracher au premier curieux, au cours des deux dernières semaines. Je t'emmène dîner, indiqua-t-il sans vraiment lui laisser le loisir de protester. Il lui tendit la main pour qu'elle s'en saisisse avant de l'entraîner en direction de l'Avenue où s'alignaient quelques brasseries, restaurants et autres. Tu permets ? ajouta-t-il en désignant la cigarette qu'elle tenait à bout de doigts. Il s'en empara doucement et la porta à ses lèvres. Il inspira tranquillement avant d'expirer un voile de fumée –et conserva innocemment la clope dans sa main gauche. – Comment ça se passe, ces derniers temps ? l'interrogea-t-il d'une voix posée, prenant le tact de ne pas faire directement mention au suicide de Jonah. Il souhaitait seulement savoir comment elle gérait tout ça. Je suis passé chez toi, en début de semaine. Mais le propriétaire m'a dit qu'il ne t'avait pas vue depuis un petit moment ajouta-t-il en tournant la tête vers elle. Ils marchèrent quelques mètres encore avant de s'arrêter devant une petite brasserie. Ce n'était pas du grand luxe, mais c'était chaud et douillet. – Tu aimes le français ? » l'interrogea-t-il en désignant l'établissement d'un hochement de tête.
Dernière édition par Thomas F. Henley le Ven 31 Mai - 14:32, édité 1 fois
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Sujet: Re: UNGODLY HOUR + (lou-ann) Sam 4 Mai - 8:35
✖LOU-ANN & THOMAS✖ « Ungoldy hour »
« Oh, tu sais. Des terroristes par-ci, des mafieux par-là. La routine. » Petit rire nerveux de sa part, petit rire nerveux de la part de Lou-Ann. Elle savait que son boulot n’était pas que de feuilleter des dossiers et d’aller manger des beignets durant sa pause, malgré toutes les blagues qu’elle lui avait lancées depuis qu’ils se connaissaient, mais de l’entendre parler de son quotidien de cette façon, sachant aussi qu’il était souvent parti en mission à l’extérieur du pays, lui donna un petit frisson. Elle y tenait, à son Thomas. S’il lui arrivait quelque chose, s’il se retrouvait en danger, avec un fusil sur la tempe... Un flashback menaçait de lui exploser en plein visage, littéralement, mais elle prit une longue inspiration, comme sa thérapiste le lui avait jadis conseillé. Ouf. « Je t'emmène dîner. » Avait-il entendu l’estomac de la belle hurler famine? Parce que sans blague, la jolie rouquine ne se souvenait absolument pas du dernier moment où elle avait avalé quelque chose, mis à part des gorgées de vodka, de tequila, de gin, et des cachets aux couleurs variées. Ça lui ferait du bien de se mettre quelque chose de non-nocif pour la santé sous la dent, bref. Encore une fois, le féd reprenait sa place de sauveur, d’ange gardien.
« T’es comme un messager que Dieu m’envoie. Je suis affamée. »
Et c’était à demi-vrai. À demi, parce que son corps hurlait qu’elle devait le nourrir. Elle qui n’était pas particulièrement enrobée se retrouvait à sentir ses os de plus en plus percer sous sa peau. La preuve, elle était beaucoup trop stressée au quotidien pour recouvrir son appétit. Lou se contentait donc de boire beaucoup d’eau, et de grignoter par ci par là, bien qu’elle soit incapable d’engloutir un repas complet depuis plusieurs semaines. D’un autre côté, c’était plus que vrai que Thomas tombait au bon moment. Elle ne le répèterait jamais assez, et ne le remercierait jamais trop, de débarquer comme ça à l’improviste, alors que sa vie partait dans tous les sens, et qu’elle était beaucoup trop honteuse pour en parler à qui que ce soit. Mais alors, pourquoi est-ce qu’elle se collait un sourire sur le visage? Qu’elle passait innocemment, et comme avant, son bras sous celui d’Henley? Qu’elle chantonnait, presque, en lui emboîtant le pas? Lou s’appliquait depuis trop longtemps déjà à faire comme si de rien n’était. Comme si elle maîtrisait la situation, comme si tout allait pour le mieux. Mais à l’intérieur, elle sentait bien que ça allait craquer. Elle était bourrée de fissures, au final.
« Tu permets ? » Abbott n’avait même pas remarqué qu’elel tenait encore nerveusement sa cigarette dans une main, mais n’opposa aucune résistance lorsque Thomas s’en empara, tirant une longue bouffée à son tour. S’il en avait besoin lui aussi, qui était-elle pour l’en priver, hen? « Sers-toi mon lapin, j’en ai encore des tonnes! » ironisa-t-elle en rigolant, pensant au paquet de clopes volées qu’elle avait laissé au studio de yoga, trop empressée de fuir avec le grand brun le plus loin possible de son quotidien. Elle s’en voudrait, plus tard, lorsqu’il se rendrait enfin compte qu’elle n’allait pas aussi bien qu’elle s’appliquait à avoir l’air. À ce moment-là, la neurologue prirait surement tous les anges pour retrouver le moindrement un reste de cigarette à quelque part, qu’elle pourrait désespérément fumer sans avoir peur de sombrer dans un de ces délires psychotiques dans le genre cauchemars éveillés… mais il ne perdit pas de temps.
« Comment ça se passe, ces derniers temps ? Je suis passé chez toi, en début de semaine. Mais le propriétaire m'a dit qu'il ne t'avait pas vue depuis un petit moment. »
Lou-Ann s’arrêt d’un coup sec, retenant par le fait même le bras de Thomas avec elle. Stop. Arrêt sur image. 6 semaines. Ultimement, ça faisait presque deux mois que tout s’était déroulé. Sans qu’elle ne voit rien passer, ou qu’elle se mette à over-analysé tout ce qui lui glissait sou le nez, c’était selon l’heure, le jour, ou la nuit. Elle avait d’abord pensé s’en sortir seule, puis avait eu besoin de l’aide et de tout le support de Thayer, qui était là lui aussi, pour sortir la tête de l’eau – ou du bain de sang. Thay’ n’avait pourtant pas été capable de passer par-dessus tout ce qu’il avait vécu, et malgré tout l’amour qu’il avait eu pour Abbott, il était disparu. Y’avait eu Deklan aussi, et Erik, qui tout les deux étaient arrivés au mauvais moment, au mauvais endroit. Ils auraient pu être tout pour elle, mais elle les avait rejetés, croyant dur comme fer qu’ils ne méritaient pas d’endurer ça avec elle. La douleur. Puis elle avait dérapé, le plus normalement du monde. Au départ, Lou avait commencé par se ruiner elle-même, puis elle avait eu besoin de plus. De quelque chose de plus fort, encore. Et c’est là que Parker était entré en jeu, avec tout ce qu’il impliquait. Heureusement, il n’avait plus du tout le même pouvoir que jadis sur Lou-Ann, mais il était assez influent pour arriver à l’entraîner bas, bas au fin fond du tonneau, pour l’aider à ressentir enfin quelque chose, à casser toutes les images de Jonah pour pire encore. Et si la rouquine avait le moindrement du monde voulu s’en sortir, elle aura tout déballé, d’un coup, à Thomas, qui ne demandait rien que ça. Mais un élan de rébellion l’empêcha de faire autre chose que de lancer :
« Et ça y est, tu joues à l’inspecteur avec moi? Je dois te donner mes poignets pour les menottes, ou si je suis gentille tu m’amènes à l’interrogatoire sans m’y forcer? »
Ouch. Elle n’avait pas ménagé son ton et regretta tout de suite ce qu’elle venait de dire. Mais la honte, mélangée à l’envie de partir loin se cacher, et celle de lui reprendre la clope qu’il gardait encore bien loin d’elle fut trop forte et elle étouffa un rire lorsqu’il lui proposa un resto français.
« Sincèrement, tu trouves que j’ai l’air d’une fille qu’on traîne au restaurant? Vraiment? Qui tu crois berner? »
Elle-même, elle n’arrivait plus à se mentir. Ça n’allait pas du tout.
Ils marchaient dans une bulle de silence à peine perturbée par la clameur de la vie quotidienne qui les entourait. C’était presque surréaliste de constater à quel point rien n’avait changé autour d’eux –et combien elle ne serait jamais plus la même. Thomas coula un regard en direction de Lou-Ann et pendant une fraction de seconde, ce fût comme si rien n’était arrivé. Comme si les six dernières semaines n’avaient jamais existé. Elle s’accrochait à son bras comme une adolescente et, de son pouce, il caressait affectueusement le dos de sa main en larges cercles apaisants. Leurs regards se croisaient à peine, mais lorsqu’ils le faisaient, ils finissaient par sourire. Sans qu’aucune pensée négative ne vienne s’immiscer entre eux, dans ce petit cocon de plénitude qui ne finirait peut-être jamais de les dorloter. Il aurait aimé pouvoir y croire un peu plus longtemps. Comme lorsque l’on se réveille au petit matin en s’accrochant aux détails particulièrement agréables d’un rêve qui s’effile. Il aurait souhaité pouvoir maintenir l’illusion et prétendre que l’appréhension qu’il éprouvait au creux de son estomac n’était qu’un fruit de son imagination. Et s’il réussissait à y croire suffisamment fort, peut-être que Lou-Ann irait bien. Peut-être. Mais ce n’était absolument pas le cas. Et aussitôt eût-il cligné des yeux que la réalité se superposa au mirage. Celui-ci se déroba à son regard, laissant entrevoir les cicatrices du sourire brisé de la jeune femme qui s’accrochait à son bras, non pas comme une adolescente un peu trop rêveuse, mais comme la rescapée d’une terrible catastrophe. Jonah l’avait blessée si profondément qu’il peinait à imaginer une manière de la convaincre que les choses finiraient par s’arranger et qu’il lui suffisait de vivre pour le voir. Thomas inspira une nouvelle bouffée de nicotine, comme si elle avait suffi à asphyxier ses craintes sans forme de procès. La situation était-elle aussi chaotique qu’il le pressentait ? S’interrogea-t-il en plissant légèrement les sourcils. Après un court instant de réflexion, il dut se résoudre à envisager le pire, en priant pour le meilleur. Où était-elle passée, ces six dernières semaines ? Y'avait-il seulement quelqu’un dans son entourage immédiat pour s’y intéresser. Thomas ne connaissait pas les fréquentations de Lou, ni ses proches, ni ses amis, ni sa famille, ni rien ! Sil y avait un numéro spécifique à appeler, pour obtenir un avis objectif quant à l’état de Lou-Ann, eh bien il ne l’avait pas !
Elle s’arrêta brusquement au milieu de l’avenue et il se retourna vers elle en lui renvoyant une expression de surprise qu’il n’eût guère besoin de feindre : « Eh ça y est ! Tu joues à l’inspecteur avec moi ? Je dois te donner mes poignets pour les menottes, ou si je suis gentille tu m’emmènes à l’interrogatoire sans m’y forcer ? » S’hérissa-t-elle hargneusement. Il battit des paupières, sidéré. Jusqu’à présent, il s’était efforcé de ne tirer sur aucune corde sensible, parce qu’il était convaincu qu’une soirée à l’écart de leurs problèmes respectifs ne pourrait que leur être bénéfique –à l’un comme l’autre. Mais peut-être avait-il eût tort. Peut-être qu’une soirée où quelqu’un s’occuperait enfin de lui remettre les pieds sur terre était une affaire de première priorité. « Pardon ? Rétorqua-t-il en haussant immédiatement d’un ton. Je passais seulement prendre des nouvelles, puisque tu n’en donnes pas. J’ai pas besoin d’un badge pour ça ». « Tu trouves que j’ai l’air d’une fille qu’on traîne au restaurant ? Vraiment ? Qui tu crois berner ? » Enchaîna-t-elle sans attendre. Il passa une main sur son visage en s’efforçant au calme. Vainement. « Qui est-ce que TU crois berner ? S’irrita-t-il en pointant vers elle un index accusateur. Tu réagis comme une gamine ! Ton colocataire s’est suicidé devant toi, bordel. C’est parfaitement normal de s’effondrer après ça ! N’importe qui, n’importe qui ! partirait en vrille ! Alors s’il te plaît, arrête de faire comme si tout allait pour le mieux, parce que c’est évident que rien ne va ». Il aurait souhaité la secouer par les épaules pour lui transmettre une étincelle de bon sens … Il n’en fît rien. Quelques passants avaient commencé à s’attarder autour d’eux, accentuant son mécontentement. Il leur fît signe de continuer à circuler avant de planter ses pupilles sur Lou : « Tu sais que je suis là pour toi. N’importe quand. Alors parle-moi et, laisse-moi t'aider. ».
Le silence. Le bruit des vagues, le vent, les gens qui jasent sur la promenade, leurs pas sur l’asphalte. C’était bien, parfois, de tout arrêter. De ne plus penser, de laisser aller, d’oublier. Lou-Ann se rendait de plus en plus compte qu’elle accumulait maintenant les moments où elle décrochait de tout, pour le plaisir de fermer les valves et de répondre absente à quiconque lui demandait un signe de vie. C’est un peu ce qui s’est passé avec Thomas, alors qu’elle ne lui avait pas écrit ni téléphoné depuis les dernières semaines. Et Ash, qu’elle évitait soigneusement. Et Dek, qu’elle fuyait. Et son reflet dans le miroir, qu’elle ignorait comme s’il allait lui sauter au visage si elle croisait son regard. Faire le vide lui rappelait de bons souvenirs. Oublier les mauvais lui permettait de miser sur les meilleurs, et la rouquine leva les yeux avec nostalgie sur le grand gaillard qui s’affairait à la rassurer en caressant doucement le revers de sa main. Elle se revit, morte de rire une seconde, tétanisée par la voiture de police l’autre, lorsqu’ils avaient passé pour des voleurs et avaient dû faire une nuit au poste de police de la ville. Les cheveux en bataille, les joues rosies, les lèvres qui goûtaient bons l’Océan et les baisers volés du fed. Les cellules séparées dans lesquelles ils les avaient mis, leurs jeux de doigts pour ne pas se lâcher malgré les barreaux qui les séparaient. Une fausse crise de panique qu’elle avait orchestré avec des hallucinations inventées pour que le policier transfère Thomas dans sa cellule à elle pour maîtriser sa folie. Et un reste de nuit des plus calmes, alors qu’ils s’étaient endormis, candides, dans les bras l’un de l’autre, prêts à avoir le pires des torticolis au petit matin. C’était Jonah qui était venu chercher Abbott à l’époque. Bon joueur, c’était quand même son œuvre les flics, il lui avait apporté un grand café et une brioche au miel qu’elle avait englouti comme une malpropre, en partageant un peu avec son âme sœur de cellule. Jonah avait un œil au beurre noir ce matin-là, et malgré toutes les questions de la belle, il n’avait rien donné de sa raison. Lou n’avait pas insisté, surtout pas après qu’il ait monté de ton, énervé. Elle avait filé un coup d’œil entendu à Thomas avant de lui tirer sa révérence, et ils avaient fait chemin à part. Jusqu’au lendemain. Et au surlendemain. Et le jour d’après. Pas une journée ne passait sans qu’ils s’envoient des conneries par textos, au grand désarroi du coloc de la rousse.
« Qui est-ce que TU crois berner ? la voix de Thomas la ramena à l’ordre, il était agacé. Tu réagis comme une gamine ! Ton colocataire s’est suicidé devant toi, bordel. C’est parfaitement normal de s’effondrer après ça ! N’importe qui, n’importe qui ! partirait en vrille ! Alors s’il te plaît, arrête de faire comme si tout allait pour le mieux, parce que c’est évident que rien ne va. »
Lentement, la jeune fille lâcha sa main. Elle était sous le choc. Ces mots… le suicide… le colocataire… Jonah était plus qu’un simple coloc, c’était à une époque l’homme de sa vie. Et il ne s’était pas suicidé… il avait eu un accès de folie comme lui seul pouvait en avoir et avait fait une gaffe. Il n’était pas suicidaire, il… il… il… Lou-Ann déposa sa main sur sa bouche, voulant cacher le fait qu’elle s’était ouverte de surprise, de peur, de coup de pelle en plein visage aka la réalité. Elle ne voulait pas être méchante avec Thomas. Tout sauf ça. Elle ne voulait pas l’être avec Ash, ni avec Dek, ni avec personne d’autre. Elle voulait la paix, elle voulait les sourires, elle voulait le quotidien, moche, beige, ordinaire. Elle voulait sa vie d’avant, ses blagues idiotes, ses gaffes, sa capacité à voir le bon dans tout. Il lui disait qu’elle se bernait. Qu’elle n’allait pas bien, qu’il fallait qu’elle parle. Oui. Lou hocha tranquillement la tête, assommée. Les larmes, encore, elle les sentait se forger un chemin tranquillement jusqu’à ses yeux, faire comme si c’était là qu’elles devaient établir leur QG pour les prochains mois. Abbott n’avait plus la force de pleurer, pourtant, elle sentait bien l’eau qui coulait, indépendante, de ses yeux. Ses prunelles qui devenaient translucides, ses cernes qui s’accentuaient. Tout se mettait en marche tout seul, processus de défense, comme si ça avait toujours été de cette façon que la neurologue avait pu régler ses problèmes. Elle pleura, parce que ça semblait être la chose la plus naturelle à faire. Là. Une grosse boule d’émotions, de substances illicites et de nuits blanches qui prenait un malin plaisir à respirer et à sillonner la ville en quête d’une épaule pour accueillir ses crises de terreur une fois le soleil couché. Lou-Ann constatait qu’elle n’allait pas bien. Que la route qu’elle avait pris il y a trop longtemps déjà n’était peut-être pas la bonne. Qu’il était trop tard pour faire marche-arrière, mais qu’elle pourrait peut-être juste mettre les freins le temps de reprendre son souffle.
« Non, non ça ne va pas. » déclara-t-elle, atterrée. « Ça ne va pas du tout. Je ne sais même plus qui je suis en ce moment. Et j’ai besoin d’aide, j’ai besoin d’arrêter tout ça, j’ai besoin de… » elle fit un pas en arrière, confuse. « Mais pas de toi. J’ai pas du tout envie que tu me vois dans cet état-là. J’ai pas envie de te décevoir. » Lou battait des cils, cherchant une façon rapide de filer, de se sillonner un chemin entre les gens qui commençaient à s’arrêter autour d’eux, loin des yeux du beau Thomas qui allaient bientôt être emplis de pitié. « C’est trop tard… » lâcha la belle, défaitiste.
Lou regardait au sol. Ça y est, elle avait honte. Honte d’elle, honte de sa réaction de bébé, honte d’être descendue aussi bas en pensant qu’elle allait pouvoir mentir à tout le monde sans que personne ne se rend compte de rien. Qu’elle allait pouvoir se mentir à elle en se répétant qu’elle allait gagner, que ça passerait, qu’elle en ressortirait plus forte. Merde, mais ça ne pouvait pas juste s’arrêter? Abbott eut envie de claquer des doigts, juste pour voir, mais la sonnerie de son portable lui coupa son désir. Parker.
« Ça n’ira plus jamais comme avant. » un soupire, un regard à la dérobée, une sonnerie étouffée. « Je ne sais pas du tout quoi faire, je ne sais plus quoi dire, je ne sais pas même où je pourrais me cacher. Tout le monde aimerait que j’aille bien. Moi aussi. Tout le monde me donne des conseils pour survivre au deuil… mais moi, tout ce dont j’ai envie, c’est de m’en sortir toute seule. D’être capable de me regarder dans un miroir. De me réveiller chaque matin sans penser que ma journée aura l’impression d’un vieux cauchemar qui ne s’est jamais réglé. »
Le portable de Lou-Ann laissa échapper un déclic, signe qu’elle avait un message. Parker était drôlement plus présent lorsqu’elle allait mal. Drôle de corrélation.
Elle haussa les épaules, regardant toujours ailleurs, essuyant ses paupières entre deux inspirations. « Et si tu veux savoir, jusqu’à maintenant ma stratégie pour faire comme si de rien n’était, comme si c’était un mauvais rêve, c’est lui. » elle tendit son portable à Thomas, comme s’il lui brûlait les doigts, comme si elle avait besoin qu’on le lui enlève avant qu’elle refasse une gaffe. « Un vieil ex, le genre qui fait mal. Qui détruit. Et je le laisse faire ce qu’il fait de mieux sur ma santé le temps que ça passe. Ça fait du bien, de toucher le fond du tonneau avec un mec qui y est depuis très longtemps. C’est drôle, parce qu’à une époque, je l’aimais comme une folle. Maintenant, je le déteste. Ça fait changement de me détester, moi. C’est là où j’étais, ces 6 dernières semaines. Voilà. »
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UNGODLY HOUR + (lou-ann)
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