Je ne sais pas exactement ce qui m'a réveillé. J'étais 'confortablement' allongé sur la banquette arrière du van de fortune de Cara, lorsque soudainement, un putain de frisson m'avait agité de haut en bas et j'avais ouvert les yeux sur une douce matinée d'octobre. Je regardai autour de moi, un air encore ensommeillé sur les traits. Elle était plus là. Fait chier, songeai-je avant de passer une main distraite dans ma chevelure de débraillé. J'avais pensé pouvoir discuter un peu avec elle dans la matinée, mais cette nana, c'était un putain de courant d'air ! J'avais d'ailleurs eu de la chance qu'elle ait accepté de me laisser dormir dans son squat la nuit dernière ! Il avait trop plût, tellement que j'avais juste pas assumé l'idée de dormir sous un porche cette fois-ci. Elle m'avait regardé avec un air genre ' putain, c'est mon squat, trouve-toi le tien merde !' mais je sais pas, quelqu'un a dû lui refourguer une dose de compassion à son insu. J'étirai longuement mes muscles noués, et soupirai. Je mis quelques secondes à me rendre compte que y avait un truc qui clochait dans l'histoire – j'avais l'impression d'avoir dormi quinze milles ans. Le genre de truc qui ne m'arrive jamais, puisque je suis censé me lever tôt pour aller bosser au restau' d'Antonio. Censé. Putain de merde, où est ce motherfuckin téléphone ? Grommelai-je mentalement, en quête de ce foutu appareil dont je me passerai bien s'il n'était pas si utile pour cette qualité que je ne possédais point ; la ponctualité. Après avoir retourné le matelas, les couvertures, vidé mon sac et littéralement bordélisé les lieux, je dû me rendre à l'évidence ; soit je l'avais perdu, soit on me l'avait chouré. « Et merde ! » grinçai-je, en enfilant rapidement mon jean et un tee-shirt, avant de mettre de l'ordre dans mes cheveux bruns – sans grand succès cependant.
Je me précipitai dans les rues de la cité des anges, sans idée de l'heure qu'il pouvait être. Bon, quand on vit aussi longtemps dans la rue comme c'est mon cas, on commence à acquérir certains talents – si bien que je finis par deviner qu'il devait bien être treize heures. Et que j'étais vraiment … vraiment en retard. Je me figurai déjà le ton réprobateur du gros Toni « Tu es en retard Ruben ! », ouais ouais je sais, fais pas chier. J'arrivai sur les lieux le souffle court et comme prévu, le reproche atteignit mes oreilles. « Ça se reproduira plus, Antonio » lâchai-je, en retenant ma verve naturelle qui ne demandait qu'à s'exprimer. « C'est ça, à d'autre. » répliqua le concerné. Je l'observai une fraction de seconde avec une lueur de mauvaise augure au fond des prunelles. Une grimace finit par tordre mes traits, et je passais à autre chose – keep calm. Je me rendis aux vestiaires pour y déposer mes affaires – je laissais jamais rien derrière moi en général, si bien que je trimbalais généralement toute ma vie avec moi dans ce motherfuckin' sac déchiqueté en toute part. Je passai un coup de déo' rapide, puis, me revêtis de ma tenue de serveur – ouais, cette putain de tenue qui gratte et qui me donne l'air d'un pingouin sur glace. Un pingouin qui propose des plats italiens. Avec un peu de grappa s'ilvouplait – bien sûr. La porte s'ouvrit, et Jim fit son apparition ; « Salut poto, » commençai-je avant de m'immobiliser. C'était le poto, ou le sup' qui venait me voir là tout de suite ?
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