Chelsea avait pris ses clics et ses clacs, furieuse, quittant la pièce puis l'appartement d'Ethan. C'était il y avait un mois environ. Depuis, ils ne s'étaient plus adressés la parole. Peut-être qu'il y avait été fort dans ses paroles mais Ethan ne voulait pas d'une petite amie digne d'une enfant de seize ans. Si elle tenait à lui, mûrir était essentiel. Si ça avait été lui l'enfant, il lui aurait dit qu'il allait faire de son mieux. Il était loin d'être parfait, et contrairement à ce qu'elle pensait, il n'était pas réticent au sexe entre adultes consentants vu que ça avait été le cas avec Olivia. Là, c'était différent. Elle était sa patiente, il devait faire gaffe. Son boulot était important pour lui, c'était son gagne-pain et non, il n'était pas aussi important que les gens qui l'entouraient mais, dans le dossier de la Wellington, il y avait le nom d'Ethan, il était donc responsable d'elle en quelque sorte. C'est pour cela qu'au final, il demanda à ce qu'on lui retire son dossier. Il allait être redirigé vers un de ses collègues, quelqu'un de très bien qu'Ethan connaissait et qui était aussi droit que lui dans son boulot. Il n'allait quand même pas lui refiler le gynécologue le plus pervers de l'univers ou le plus coincé en sachant comment elle était. Ne voulait-il plus avoir affaire à elle ? Ce n'était pas ça, c'était juste que cette histoire avait été bien trop loin et qu'il ne voulait pas que ça empatisse sur son boulot. Le meilleur choix était donc de donner son dossier à quelqu'un d'autre.

Elle lui avait aussi reproché d'être un coincé. Depuis quand avoir du respect pour quelqu'un et pour soi c'était être coincé ? Il ne comprenait pas mais au final, peut-être devrait-il être comme tous les autres vu que ça plaisait à Chelsea. Ethan sortait, il n'avait pas peur de l'avouer, il partait s'amuser avec ses amis - qui à vrai dire ne le reconnaissaient plus et qui savaient ce qu'il se passait dans la tête du beau blond. La veille, il avait été dans un bar également avec quelques amis, sachant que la Wellington le fréquentait. Et il avait fini par flirter avec une jeune femme grande, élancée et brune. Autant vous dire qu'il n'en avait rien à faire d'elle mais c'était la seule solution pour rendre la blondinette, qui l'avait vu, jalouse. Enfantin ? Certainement mais lui courir après n'aurait servi à rien. Il avait des choses à se reprocher mais certainement pas de tenir à elle.

Green finit par quitter le bar avec la brunette, au nom d'Eden, et un dessin ne sera pas nécessaire. Quoi ? Lui aussi savait s'amuser et c'était ce que Chelsea lui demandait de faire non ? C'était bête de réagir ainsi et il savait que ce n'était pas entièrement lui mais c'était la seule solution. Il se réveilla donc le lendemain dans son lit avec la jeune femme brune, qui à vrai dire n'en avait pas plus rien à foutre de lui que lui d'elle, et c'était bien comme ça. Il enfila son caleçon suivis de sa paire de jeans afin de raccompagner Eden jusqu'à la porte.

- "Je te dis pas à la prochaine. Bonne chance avec la petite blondinette"

En effet, ce n'était pas nécessaire qu'ils se revoient. Et peut-être n'aurait-il pas du mentionner Chelsea... Elle le prit pas la nuque et déposa ses lèvres contre celle de Green quand il entendit la porte s'ouvrir et s'écraser contre le mur.

J'avais passé toute la soirée à réfléchir à propos d'Ethan et je m'étais peu à peu dis que j'y étais allée un peu trop fort... De plus après un mois sans lui avoir parlé j'avais très envie de le revoir et même si ça me fendait le coeur je pouvais toujours lui demander de rester amis. Mais, pas avant d'avoir jouée toutes mes cartes... J'ai donc passée toute la nuit à me demander si j'allais chez lui ou si je prenais rendez-vous... Je choisis la seconde option et le lendemain matin dès l'ouverture du cabinet je pris rendez-vous. Mais, quand la secrétaire me répondit que j'avais été transféré je me mis à hurler « Quoi ?! » Je lui répondis que ce n'était pas possible et qu'il y avait sûrement une erreur. Mais apparemment non, ce sa**** m'avait refilé un nouveau gynéco. Autant dire qu'à ce moment-là je voyais rouge, mais très rouge !

Moi qui avais passé tout un mois à penser à lui, à réfléchir à propos de ses reproches. Je savais que je réagissais de façon enfantine mais je n'y pouvais rien. J'étais comme ça, et franchement je ne suis pas du style à aimer recevoir des ordres... Et pourtant j'avais essayée de prendre du recul et de me dire qu'en effet j'étais sa patiente et qu'il ne voulait pas avoir des ennuis. Je commençais même à comprendre peu à peu qu'il ne veuille pas coucher car c'est vrai que pour qu'une relation dure il faut connaître l'autre...

Mais là ! Il se foutait carrément de moi ! En fait il n'avait seulement pas eu le courage de me dire en face que je ne lui plaisais pas et qu'il ne voulait plus me voir, et il faisait passer ça par le transfert de dossier. Franchement bravo, mais quelle classe ! Il m'avait repoussée sans vouloir me le dire. Et bien il allait être servi ce goujat !
Je pris ma voiture et toujours aussi furax je conduisis jusque chez lui. Je montais les marches, mes pas étaient lourds et quand j'arrivais devant sa porte, elle était entrouverte. Ni une ni deux je la poussais aussi fort que je le pouvais, heureusement qu'elle était un minimum solide même si j'étais sûre d'avoir écaillée la peinture du mur.
Mais quand je le vis la peinture n'eut plus d'importance, il était là torse-nu avec une brunette dans les bras et ils s'embrassaient. Des larmes me montèrent aux yeux mais, elles furent vite refouler par la rage.

« -D'accord je comprends mieux pourquoi tu as transféré mon dossier ! Moi qui croyais que tu n'étais pas du genre à coucher, à moins que ça fasse un mois que tu es avec elle ! Mais comment j'aurais pût le savoir puisque tu n'as même pas reprit contact avec moi. T'as même pas eus le courage de me dire en face que tu ne voulais plus me parler ! T'es qu'un sale porc ! » Disais-je en hurlant tant pis si les voisins entendaient !

Tout en disant cela je voyais la fille se mettre un peu en retrait mais après tout j'en avais rien à faire d'elle tant qu'elle se taisait, tout ce qui m'importait c'était de vider mon sac. Et tout d'un coup j'avançais vers lui sans vraiment attendre sa réponse et je le giflais. J'en avais tellement envie depuis que j'avais appelée la secrétaire que je le fis, peut importe qu'il le prenne très mal. Ça m'avait soulagée et j'étais devenue silencieuse le regardant de plus en plus dégoûtée.

Si Ethan avait donné le dossier de Chelsea à un collègue, ce n'était pas parce qu'il ne voulait plus rien à faire avec elle, mais tout simplement parce qu'il savait qu'il pourrait avoir de gros problèmes s'ils étaient plus proches et qu'il était toujours considéré comme son gynécologue. La déontologie était quelque chose de très important pour Green, et il ne voulait en aucun cas déroger aux règles. Il tenait à Chelsea, l'appréciait malgré son caractère de cochon et s'il avait donné son dossier à quelqu'un d'autre, ce n'était pas pour ne plus entendre parler d'elle, bien au contraire mais justement, pour se rapprocher d'elle et voir comment allaient pouvoir être les choses. Il avait été idiot ce soir-là quand il l'avait vue mais, en même temps, elle le narguait aussi avec un autre mec. En temps normal, Ethan n'aurait rien fait, il serait parti, prétextant à ses amis qu'il avait des consultations très tôt le lendemain matin. Mais là, il voulait voir jusqu'où elle pouvait aller. La seule solution qu'il avait trouvée sur le moment même avait été de trouver une jeune femme opposée à Chelsea et de la draguer. C'était un autre Ethan, soyez-en sûrs mais il fallait qu'il sache. Et les choses en entrainant une autre, ils s'étaient retrouvés dans le même lit.

- " T'es qu'un sale porc !" Il se repassa la phrase maintes fois avec le son de la voix de Chelsea. En était-il un ? N'était-il simplement pas amoureux et face à une jeune femme qui ne le laissait pas voir en elle ? Ces mots avaient très vite perturbé Ethan. Non, il n'en était pas un. S'il ne lui avait rien dit, c'était simplement parce qu'il était toujours son médecin.

Aoutch ! La claque monumentale. Il regarda Chelsea, la main sur sa joue, fronçant les sourcils. Il ne remarqua même pas qu'Eden était partie. C'était mieux ainsi d'ailleurs. Il voulait lui expliquer pourquoi il avait fait ça, pourquoi il avait donné son dossier mais elle n'allait pas le croire. Il la voyait énervée, elle avait le visage rouge de colère. Il risqua de s'avancer et posa ses mains sur ses bras.

- "Il n'y a pas que le faite que j'ai donné ton dossier à un collègue hein ? Qu'est-ce qui t'énerve, Chelsea ? Dis-le ! Crie-le s'il le faut mais je dois savoir."

Je me calmais peu à peu et après la claque je vis Eden partir très discrètement. Alors elle n'était qu'un coup d'un soir, de mieux en mieux... Mais même si cela éveillait ma jalousie j'étais assez heureuse qu'elle ne soit pas avec lui de façon sérieuse... Je me tournais vers lui la mine défaite, je n'en pouvais plus ce jeu du chat et de la souris était usant, mais il n'aurait jamais le dernier mot. Après un moment de flottement où il passât la main sur sa joue devenue rouge, il eut comme un déclic. Il s'avança vers moi, mit ses mains sur mes bras et dit :  

-"Il n'y a pas que le faite que j'ai donné ton dossier à un collègue hein ? Qu'est-ce qui t'énerve, Chelsea ? Dis-le ! Crie-le s'il le faut mais je dois savoir."

Je m'échappais de son emprise, pas de façon brutale, mais le fait de l'avoir aussi proche de moi ne me plaisais vraiment pas ou plutôt trop... Je le regardais droit dans les yeux et lui répondis de la façon la plus froide possible :

-Non, il n'y a pas que ça, il y a aussi le fait qu'après ne pas t'avoir parlé pendant un mois, je te retrouve là avec une bimbo dans les bras. Et je suis d'accord, hier j'étais avec un mec mais je n'ai pas couchée avec lui, moi ! Dis-je en lui lançant un regard accusateur C'était seulement pour te rendre jaloux.Ajoutais-je dans un murmure.

Je me tournais vers lui, je me sentais trahie car, même si durant une certaine période j'avais passée mon temps à draguer tout ce qui bougeait en passant du maître nageur du coin au cadre hyper coincé. Je m'étais calmée quand je me suis rendu compte qu'Ethan était sûrement le bon. Pour moi il était la perle rare et je ne voulais pas le laisser filer même si je devais devenir étouffante. Et même là maintenant alors qu'il y a à peine dix minutes il tenait une autre fille dans les bras, je ne pensais qu'à ses mains qui m'avaient tenue avec fermeté. Mais, je ne comprenais toujours pas pourquoi, pourquoi il ne m'avait pas parlée pendant un mois, pourquoi il avait fait ÇA avec l'autre fille. Je le fixais donc cherchant une réponse dans son regard.

Lorsque Chelsea s'échappa du peu d'emprise qu'Ethan avait sur elle, il la laisse faire même s'il fronça les sourcils en même temps. Il pouvait la comprendre, elle ne voulait pas avoir affaire à lui. Il avait fait le con avec cette brune, il l'avouait mais sincèrement, ça l'avait rendu fou de voir Chelsea se frotter à un mec. Déjà, que ça soit Chelsea ou quelqu'un d'autre, c'était la même chose pour lui car c'était simplement de la provocation. Il y avait moyen de s'amuser autrement qu'en faisant frotti-frotta. Lui rendre la monnaie de sa pièce ? Non, Ethan n'était pas si enfant que ça mais il voulait lui montrer que lui aussi pouvait tout à fait faire la même chose qu'elle. "... mais je n'ai pas couchée avec lui, moi !" Ca, il l'avait senti venir. Les reproches allaient fuser alors qu'elle n'avait pas à lui en faire. De toute façon, c'était bon, oui, il savait qu'il avait merdé avec elle sur ce coup-là, qu'il aurait du lui en toucher deux mots sur le faite qu'il ne voulait plus être son médecin pour la simple et bonne raison qu'ils avaient été trop loin. Mais voilà, il ne lui avait rien dit parce qu'il n'y avait pas pensé et qu'il voulait que les choses soient claires comme de l'eau de roche entre eux. Cependant, il voulait arranger les choses et même s'il n'avait vraiment pas fait preuve de tacte à ce niveau-là.

"C'était seulement pour te rendre jaloux." Le regard soutenu de la jeune femme ne l'aida pas dans la tâche de rester neutre. Il essaya de l'éviter, en vain. Il finit par baisser les yeux. Tiens, lui aussi voulait juste qu'elle aie une once de jalousie et, apparemment, c'était réussis des deux cotés. Ethan en était-il fier ? Non... Et oui. Non parce qu'il savait que ça allait lui jouer des tours et qu'il y avait toujours le risque qu'il perde Chelsea pour de bon et oui parce qu'il avait enfin su décrocher un sentiment à la jeune femme: la jalousie. Ce n'était peut-être pas le meilleur des sentiments mais au moins, il savait comment elle se sentait. Au final, il s'avança vers elle et la prit dans ses bras, posant l'une de ses mains sur le haut de son crâne. Oh que oui, il aurait préféré avoir le culot de l'embrasser mais il ne préférait pas. Pas maintenant dans un moment pareil. C'aurait été le moment opportun mais non. Oui, ils s'étaient déjà sûrement embrassés - dans la nuit qu'ils ne se souvenaient guère - mais c'était un peu bizarre. Il voulait faire les choses dans l'ordre, point.

- "A vrai dire, c'était aussi mon intention. Et je peux t'affirmer qu'en ce qui te concerne, c'est réussis"

Il déposa un baiser affectueux sur son front avant de mettre fin à l'étreinte et de la regarder, les mains posées sur ses bras

- "Mais je ne suis pas persuadé que c'était la meilleure approche que l'on a trouvée"

Je continuais de le fixer d'un regard scrutateur, pas vraiment pour le mettre mal à l'aise, mais plutôt pour voir sa réaction. Je voulais voir ce qu'il pensait, à part sa petite grimace lorsque je m'étais dégagée il ne bougeait pas. Je sentais qu'il réfléchissait, qu'il hésitait aussi, ça se voyait. J'aurais aimé pouvoir dissiper ses doutes et lui dire « je t'aime », mais ça ne voulait pas sortir et puis il m'aurait prise pour une folle. En plus, je ressentais encore un once de rancune envers lui, même si je savais qu'au fond ce n'était pas si grave. En réalité j'étais surtout en colère parce que dans son lit ce matin ce n'était pas moi qui m'étais réveillée à ses côtés. Et cela me fendait le coeur, plus que je ne le montrais. Je ne voulais pas qu'il comprenne qu'il avait autant d'emprise sur moi, c'était une trop grosse prise de risque.
Tout à coup il me prit dans ses bras, d'une façon si délicate et tendre que je fondis sur place et mon coeur se mit à battre très vite, il me dit alors :

-"A vrai dire, c'était aussi mon intention. Et je peux t'affirmer qu'en ce qui te concerne, c'est réussis"

Je me mis à sourire en repensant à la veille, j'avais bien vue son regard noir lorsque j'avais dansée collé-serré avec ce mec... D'ailleurs, je ne me rappelais même plus son prénom. Les mots sortirent alors tous seuls :

« -Je pensais surtout à toi »

Puis, il m'embrassât sur le front. À ce moment précis je fus la fille la plus frustrée sur terre. C'était le moment parfait ! Nous venions de faire la paix après un mois de cache-cache et tout ce que je recevais c'était un malheureux bisous sur le front ! Mais, je me repris peu à peu en main en me disant qu'il voulait peut-être attendre d'être sûr de mes sentiments ou des siens. Pourtant, je ne pus retenir une moue renfrognée. Je n'avais plus qu'à espérer qu'il ne l'avait pas vu et que le baiser tant attendu arriverai vite. Après ce chaste baiser il me dit :
-"Mais je ne suis pas persuadé que c'était la meilleure approche que l'on a trouvée"

Je riais doucement et lui répondis timidement :

« -En effet, mais bon, c'est le résultat qui compte... »

Je lui souriais gentiment, je voulais continuer de lui parler, je voulais rester avec lui et me blottir dans ses bras. Et plus que tout je voulais l'embrasser et lui demander de rester avec moi et de ne jamais m'abandonnée... (Bon je sais que je partais loin, mais que voulez-vous, l'amour ça me rend fleur bleue...) Le seul problème c'était que je ne savais pas comment m'y prendre. Je pris donc la décision de battre en retraite, mon sourire se fanât et je dis :

« Bon, il faudrait sûrement que j'y aille... »

« Bon, il faudrait sûrement que j'y aille... » Déjà ? Oh, bien, ok. Ethan aurait bien voulu discuter un peu avec la jeune blonde, la connaître un peu mieux aussi car, au final, ils ne se connaissaient pas beaucoup. Ils savaient juste les grandes lignes de leur vie respective: Ethan avait été élevé par sa grand-mère, Chelsea avait vécu dans une grande maison avec ses parents. Il avait très vite appris à se débrouiller tandis qu'elle ne savait toujours pas le faire à vingt-trois ans. Il avait un métier, elle non, et elle ne voulait pas en avoir. Il trouvait ça dommage parce qu'un jour où l'autre, elle allait devoir en trouver un. Ethan aimerait pouvoir l'aider mais, honnêtement, il ne savait pas ce qu'elle avait comme diplômes. Si elle en avait. Encore une chose à discuter. Ils avaient encore tellement de choses à apprendre l'un de l'autre. Et ils avaient du temps devant eux. Alors qu'elle se dirigeait vers la porte de l'appartement d'Ethan pour en sortir, Ethan se massa la nuque avec la paume des mains, pensif. A quoi pensait-il ? A beaucoup de choses comme toujours. Dès fois, il aurait aimé avoir la faculté de ne pas trop penser et d'agir.

- "Chelsea, at-..."

C'était sorti tout seul, sans qu'il n'aie beaucoup à réfléchir. Il n'avait même pas eu le temps de terminer sa phrase qu'elle s'était retournée, les yeux grands ouverts. La jeune femme avait déjà ouvert la porte et avait presque passé son seuil. Il s'avança vers elle et une fois à sa hauteur, il posa sa main sur la porte pour la refermer avant d'esquisser un léger sourire à la blondinette. Là, à l'instant même, il avait une grande envie de poser ses lèvres sur les siennes. Contrôle ? Ou pas ? La tentation était grande mais encore une fois, Green réfléchissait bien trop. Un gros blanc, un nouveau pour ne pas changer. On aurait dit qu'il avait même pas seize ans et qu'il était bloqué devant la plus jolie fille du lycée. Il était juste trop pathétique. "Reste un peu". C'était un peu comme s'il lui disait de rester la journée avec lui. Il finit par déposer un bisou sur sa joue avant de déraper sur la commissure des lèvres de la jeune femme. Avait-il fait exprès ? Un peu. Juste un peu.

- "Je reviens, je vais enfiler quelque chose"

Je me retournais et commençais à me diriger vers la porte. J'allais doucement voulant voir sa réaction. J’espérais secrètement qu'il viendrait, me dirait « Attend » et qu'il m'embrasserait. Bon je sais, j'ai trop regardée les films romantiques mais c'était comme ça que cela devait se passer, non ? Mais je commençais à ouvrir la poignée et toujours rien, le désespoir me guettait quand tout d'un coup j'entendis :

- "Chelsea, at-..."

Je me retournais et à peine nos regards se croisèrent qu'il vint vers moi, ferma la porte avec douceur et me fit un bisous sur la joue. J'avoue qu'à ce moment je fus très frustrée qu'il ne veuille pas m'embrassée mais, étonnement je ne dis rien, je fis seulement une petite moue assez révélatrice de ma frustration, mais je ne suis pas sûre qu'il l'ai vue. Et puis, lorsqu'il murmura : "Reste un peu". J'avoue qu'à ce moment-là, mon coeur se mit à battre comme jamais. Oh que oui je voulais rester ! Mais pas pour jouer aux dominos ! Il sourit doucement et me dit : - "Je reviens, je vais enfiler quelque chose" Je me dis avec un sourire que cela m'importait peu qu'il mette quelque chose, il pouvait même venir torse nu s'il voulait, ça aurait même eu son avantage... Je le regardais se diriger vers sa chambre, j'avais très envie d'aller avec lui et d'entrer, mais je me retins de toutes mes forces, après tout il avait peut-être envie d'y aller doucement pour ne pas brusquer. Mais ne sentait-il pas cette attraction entre nous deux ? Étais-je seule à ressentir ça ? Et la question à un million de dollars : M'aimait-il ? Après tout nous avions joués au chat et à la souris sans vraiment réfléchir, enfin pour ma part c'était ça et je commençais à vraiment me poser la question. De plus, nous étions totalement opposés, je regardais son appartement et réfléchis sur nous deux, il était bosseur et moi j'étais simplement une fille à papa trop gâtée... Je ne pensais vraiment pas que ça pourrait marcher entre nous. Mais, j'arrivais vite à la conclusion que pour le moment je l'aimais et pas comme ces autres qui avaient été comme des toutous que j'exhibais. Non, lui je le respectais et je l'aimais vraiment. Cette conviction se gravant peu à peu dans ma tête, je me dis qu'après tout, pourquoi attendre ? Il fallait que je sache. Il me fallut peu de temps pour me décider, mon impulsivité refaisait surface. J'entrais dans sa chambre d'un pas décidé, il se retourna et là je l'embrassais, doucement et tendrement, c'était un vrai baiser. Je souris gentiment et lui murmurais :
-J'en avais trop envie...

Fuyait-il la réaction de Chelsea face à ce qu'il venait de faire ? A vrai dire, même lui ne le savait pas. Avait-il envie de céder à la tentation ? Oui mais, encore une fois il y en avait un, il se le refusait. Pourquoi ? Parce que Chelsea était une patiente ? Pas vraiment, elle ne l'était plus depuis qu'il avait donné son dossier à un collègue, mais plutôt parce qu'il est constamment sur la réserve. Aimant tout contrôler, il a horreur de ce qui est en train de se passer. Tomber amoureux n'est pas dans ses priorités, il était jeune, il avait un boulot, il venait de prendre un appartement un peu plus spacieux, il s'y sentait bien. Et surtout, Ethan se sentait toujours très profondément comme le gamin de seize ans binoclard et pustuleux qu'il était. Bien évidemment il savait qu'il avait changé, il le voyait mais dans lui, à l'intérieur de lui, dans son caractère aussi, il n'avait pas changé. Alors, vous voyez, être le copain d'une jeune femme qui aurait pu être - et qui avait sûrement été - une pompom girl, il avait un peu de mal. Il appréciait énormément Chelsea, il pouvait même dire qu'il avait ce petit quelque chose pour elle, mais excusez-le du peu, il se disait que ce n'était pas pour lui. De plus, elle n'avait pas la même vie que lui, elle n'avait pas été élevée de la même manière, ils étaient très différents l'un de l'autre en beaucoup de points: il était bosseur, elle n'en foutait pas une, il était sérieux, elle l'était moins, il avait été élevé strictement contrairement à Chelsea qui avait toujours eu ce dont elle désirait le plus. C'était net pour Ethan: même s'il aimait la Wellington, leurs trop grandes différences ne pourraient pas les rendre heureux ensemble.

Green était parti dans sa chambre afin d'enfiler une chemise. Il voulait prendre le temps de discuter avec la jeune femme, mieux la connaître avant de décider et de faire quoi que ce soit. Il enfila donc une chemise, la même que la veille, blanche et la vit passer au dessus de son jeans. Il entendit un bruit de craquement de plancher alors qu'il était en train de boutonner sa chemise. Ethan n'eut pas beaucoup de temps entre le moment où il s'était retourné, voyant Chelsea, le moment où elle posa ses lèvres contre les siennes ainsi que celui où elle murmura "J'en avais trop envie...". Lui aussi. Et il n'avait pas osé tout simplement parce qu'il était quelqu'un de réservé, parfois trop. Souvent trop. Il savait que ce n'était pas forcément une bonne chose mais il ne pouvait pas s'empêcher de l'être. De part ce qu'il avait vécu et aussi de part son métier parce qu'il savait qu'une connerie était très vite arrivée. Et un simple baiser pouvait très bien déclencher le mode "Ethan va faire une bêtise" alors que ça n'en serait absolument pas une. Il resta "paf" devant Chelsea, la regardant, parfois remontant, parfois redescendant les yeux. Il ravala aussi sa salive ayant tout aussi envie de retrouver ses lèvres pincées contre les siennes. Ce baiser était bien trop rapide. Certes doux mais avaient-ils eu le temps d'en profiter ? Ethan n'en était pas si sûr que ça. Ni une ni deux, dans un moment de "pulsion" comme il le dirait si bien, il prit le visage de la blondinette entre ses mains et finit par, lui aussi, déposer une nouvelle fois ses lèvres contre les siennes. A l'instant où ce fût fait, Green sentit comme une vague de chaleur l'envahir. Comme si c'était quelque chose comme le bonheur ou la quiétude. Ethan était bien, soulagé et plutôt fier de lui.

Ce baiser était plus que parfait, je me sentais tellement bien avec lui. Je souriais gentiment regardant sa réaction et son visage, il faut avouer qu'il était surtout surpris. Je parie qu'il avait déjà tout planifié, il voulait que l'on se pose des questions, que l'on se connaisse mieux, c'était ses mots. Mais, un peu d'improvisation ne pouvait vraiment pas lui nuire. Après le premier baiser, il y eut comme un moment de flottement, aucune parole ne fut prononcée. Je le regardais gentiment voulant savoir s'il était vexé ou non, si j'avais bien fait... Mais aucun mot ne fut nécessaire pour me faire comprendre que j'avais eu une très bonne idée. En effet au moment où j'allais lui demander si ça allé, il pris mon visage dans ses mains et m'embrassa. Il faut dire qu'à ce moment je fus la première surprise, mais très agréablement. Ce fut un baiser plus sauvage que le précédent mais, tout aussi bref. Quand nos lèvres se détachèrent, trop tôt à mon goût, je le regardais, sa chemise n'était pas entièrement boutonnée et je pouvais voir son torse, pendant une seconde j'eus très envie de me plonger dans ses bras, mais je ne savais pas si c'était une bonne idée. Il était le premier avec lequel je ne voulais pas aller trop vite. Après tout ce serait intéressant d'essayer la méthode « Ethan » pour une fois et puis me jeter dans le lit du premier venu ne m'avait jamais été très profitable... Je souriais donc de façon espiègle et lui dit :

« -Je t'attend dans l'entrée puisque tu veux que nous fassions connaissance, c'est parti ! »

Je rigolais doucement et fermais la porte pour lui laisser le temps de se préparer. Mon sourire s'évanouit pourtant assez vite. Je me demandais comment il allait réagir en découvrant la vraie Chelsea, la glandeuse qui avait à peine un niveau bac et qui même si elle faisait des efforts ne pouvait pas s'empêcher de faire des scènes pour un rien... Après tout je savais que j'avais un caractère bien trempé et lui aussi était au courant. Mais, je ne pouvais m'empêcher de me demander comment il réagirait, s'il allait vouloir me changer ou simplement rien dire. C'était surprenant comment je perdais confiance parfois et même si je ne voulais rien laisser transparaître j'avais quand même un peu peur. Je me mis à franchement hésiter. Et puis je me décidais, après tout il voulait simplement me connaître et même si ça ressemblait à une évaluation du type « Est-ce que t'en vaux la peine ? ». Il fallait que je reste moi-même et on verrait bien... Je pris une grande inspiration et attendis qu'il sorte.

Il était temps non ? A vingt-six balais, ça faisait un peu pitié d'être aussi gamin avec ce genre de réactions mais, honnêtement, il n'aurait pas pu faire autrement. Il était comme ça et on l'acceptait ainsi ou pas du tout. Et puis, ce n'était pas comme s'il réagissait comme un enfant de seize ans ou un jeune homme qui n'en avait rien à foutre mais simplement qu'il était réservé et qu'il l'avait toujours été. Il appréciait la compagnie de Chelsea, il se sentait bien avec elle et savait qu'il n'allait pas devoir jouer le rôle de quelqu'un qu'il n'était pas. Tout comme elle n'avait pas à faire sa diva alors qu'il savait pertinemment qu'elle était une jeune femme simple et, même, qu'elle n'avait pas de confiance en elle malgré qu'elle pouvait paraître très pêteuse quand elle s'y mettait. Ceci dit, Green savait que ce n'était juste qu'un genre qu'elle se donnait et qu'au fond, ce n'était qu'une jeune femme comme les autres. Et, honnêtement, après ce baiser, il aurait aimé qu'ils s'allongent et qu'ils discutent, qu'ils ne sortent pas de l'appartement du jeune homme mais, parce qu'il y en avait un, Ethan ne savait pas si c'était raisonnable alors qu'il avait un peu dépassé les bornes avec la brunette qui venait de partir de son appartement. « Je t'attend dans l'entrée puisque tu veux que nous fassions connaissance, c'est parti ! » Le jeune homme roula des yeux en rigolant légèrement et la laissa partir. Qu'aurait-il pu faire d'autre de toute façon ? L'empêcher et la coincer entre deux coussins ? Euh, non, ça serait bannir et fausser avec tout ce qu'il avait appris, tout ce que sa grand-mère lui avait appris à être. Et elle avait raison: ils devaient se connaître un peu plus. Ils ne se connaissaient pas vraiment et c'était important qu'ils se connaissent.

Une fois qu'il ai terminé de boutonner le reste de sa chemise, il prit une ceinture noire dans sa penderie et la passa entre les trous de son jeans avant de la serrer. Il mit les draps de son lit au sale dans une manne à linges dans la salle de bain avant de poser sur le lit d'autres linges qu'il posera par la suite. Il n'allait quand même pas demander à Chelsea de lui filer un coup de mains pour mettre les draps non ?! Ca ne se faisait pas. Enfin, il se dirigea vers le salon/salle à manger, là où la jeune Wellington se trouvait, après avoir fermé la porte de sa chambre. Il s'asseya à côté d'elle sur le canapé, posant une de ses jambes horizontalement sur l'autre. Il prit appui sur le haut du canapé également.

- "Bon, à part que je sais que tu t'appelles Chelsea Wellington, que tu as vingt-trois ans, que tu es fille unique, que tu cherches du travail et que tu habites avec ton cousin, je ne connais pas grand chose sur toi. T'es née ici ?"

Il fallait bien commencer par quelque chose non ?

Ethan bosseur ? Il l'était même un peu trop. Un peu beaucoup d'ailleurs. Toute sa vie il n'avait fait que bosser, se concentrer sur ses études au lieu de s'amuser. D'ailleurs, il estimait que sa grand-mère ne devait pas payer ses études pour rien et qu'il échoue. Même ne serait-ce qu'une seule fois. Il ne l'imaginait pas. Il passait des heures à potasser sur un sujet compliqué, quant aux examens, il passait des nuits et des nuits blanches à étudier. Visait-il l'excellence ? C'était surtout qu'il voulait réussir là où ses propres parents n'avaient pas pu le faire. Ils l'avaient eu jeunes, vers vingt ans, c'était encore des gamins. Sa mère tapait sur les nerfs de son père, ils ne s'entendaient pas. Et, finalement, il avait atterrit chez sa grand-mère, ce qui n'était pas plus mal. Il avait d'ailleurs pris son nom, se sentant plus un Green qu'un autre chose. Il voulait montrer à ses parents qu'il pouvait y arriver, car oui, il lui arrivait d'avoir de leurs nouvelles quelques fois quand il était adolescent. Et, du moins de son père, ce n'était que des reproches. Enfin, là, il avait l'impression d'avoir réussi sa vie, du moins la partie professionnelle. Il avait un cabinet, des patientes, la possibilité d'apprendre encore et encore de nouvelles choses. Et, par dessus tout, il aimait son boulot. Et non, le faite de voir des minous toute la journée n'était pas un plus, honnêtement, il en avait rien à foutre, c'était son travail après tout, il l'avait choisi. S'il avait choisi cette orientation dans la médecine, c'était parce qu'il voulait pouvoir voir à quoi ressemblait le faite de donner la vie. Au début, il avait pensé se réorienter pour être dermatologue parce que, il fallait l'avouer, c'était hard pour un jeune étudiant. Et puis, il avait murit, s'était dit que sa première idée était la bonne, il en était sûr. Au jour d'aujourd'hui, il aimait sa spécialisation plus que n'importe quoi. Certes, il n'y avait pas que des bons côtés: annoncer une fausse couche, un cancer du sein ou des ovaires, un accouchement qui vire au drame. Mais dans 99 pourcents des cas, tout se passait bien. Et il était comblé pour sa première année en tant que gynécologue.

« -Oui, je suis née à Los Angeles, j'ai grandi ici et je vis ici avec mon cousin. Pour tout te dire je ne suis jamais sortie de cette ville. Mais, ça me convient parfaitement car même si j'aime voyager je suis assez casanière. Et toi ? » Et bien, c'était rare, du moins pour lui, de voir qu'une personne n'avait jamais vu qu'une ville de toute sa vie. Il fallait dire qu'il avait été chanceux de ce coté-là. Il avait déjà été en Europe avec sa granny, une fois, en Italie. Et il avait un peu voyagé à travers les Etats-Unis pour des séminaires en dernière année et il allait certainement continuer à le faire pour s'intéresser à son métier. Déjà, il était né à New York, y était resté quelques années avec sa grand-mère puis, il prit la poudre d'escampette en direction de Los Angeles. Pourquoi LA ? Simplement parce que c'était la première destination sur le panneau d'affichage. Ca aurait pu être Kualalumpur également. Il avait seize ans quand il mit les voiles. Sa grand-mère vint le rejoindre quelques jours plus tard, prise de panique de le laisser seul. Après tout, il n'avait que seize ans, ce n'était qu'un ado. Pour rien au monde il ne serait retourné à NY. Sauf pour sa grand-mère. Elle partit rejoindre les étoiles quelques temps après la fin du lycée. Une crise cardiaque foudroyante à cause de son abrutie de mère. C'est à ce moment là qu'il décida de rester et de faire ses études à Big Apple. Et le revoilà, des années plus tard, de retour à Los Angeles parce qu'on lui offrait un travail. Il avait beaucoup de souvenirs dans cette ville: les journées jeux avec ses potes, les ballades avec sa grand-mère, son premier baiser avec sa première copine Rozen. Et il se sentait prêt à avancer. Maintenant, aujourd'hui plus que jamais.

" - Oh et bien, je suis né à NY et je suis venu à seize ans ici. Puis j'y suis retourné... Et je suis revenu ici. Des aléas de la vie ont fait que je suis parti d'ici et revenu mais je crois que j'ai trouvé mon chez-moi"

Ethan avait toujours été très vague à propos de sa famille. Très peu de personnes connaissaient l'histoire autour de ses parents et de la bataille juridique que sa grand-mère avait vécu pour obtenir sa garde. En voulait-il toujours à ses parents ? Oh que oui mais il avait quand même repris contact avec sa mère qui était sobre et ça se passait plutôt bien. La seule chose qu'il regrettait c'était d'avoir perdu toutes ces années. Il aimait sa mère, certainement moins que sa grand-mère, mais il l'aimait et il savait que le fautif, c'était son père. Néanmoins, il se méfiait toujours d'Olympe. C'était son prénom et Ethan l'appelait ainsi.

Il prit la caraffe d'eau qui siégeait sur la table et retourna deux verres qui étaient posés sur une petite tablette. Il se servit un verre ainsi qu'un à Chelsea. Etait-il mal à l'aise ? Oui. Il préférait éviter ce genre de sujets mais pour faire confiance aux gens, dès fois, il fallait s'ouvrir.

" - Mes ... parents m'ont en quelques sortes abandonné. Ils étaient jeunes et incapables de m'éduquer et de subvenir aux besoins d'un gamin... C'est ma grand-mère qui m'a élevée. Et un jour, ils ont été pris de remords, ont voulu ma garde et c'est ce jour-là que je suis parti pour LA, la première fois. Ma grand-mère est venue me rejoindre par après, on est resté un an et demi avant que ma grand-mère... ne décède. C'était à NY, elle était partie voir ma mère en cure de désintox... Et je suis resté là-bas, j'y ai fait mes études. C'est pas glorieux comme histoire, je te l'avoue."

Un rire légèrement gêné s'échappa de la bouche d'Ethan. Il venait de s'ouvrir et de laisser quelqu'un savoir ce qu'il s'était passé dans sa vie, pour le moment. Il savait qu'il pouvait faire confiance à Chelsea. Après tout, c'était la base de n'importe quelle relation non ?

Je me sentais peu à peu en confiance avec Ethan. Et je me surpris même à penser qu'il serait sûrement assez ouvert pour comprendre mes choix dans la vie. Car il faut avouer que j'avais un parcours assez atypique. En effet, n'ayant jamais été très assidue à l'école j'ai à peine put obtenir mon diplôme de fin de lycée... Je suis sûre que personne ne sera surpris si je dis que la seule chose qui me plaisait au lycée c'était d'être une cheerleader mais, je tiens à ajouter que j'étais vraiment douée en gymnastique et que je ne faisais pas secouer des pompons ! En même temps il était gynécologue, il devait donc savoir s'y prendre pour faire en sorte que ses patientes se relaxent. D'ailleurs cela souleva une question : « Pourquoi gynéco ? ». J'étais déjà sûre que ce n'était pas un pervers donc il devait bien avoir d'autres motivations et cela m'intéressait vraiment de connaître ses raisons. Je réfléchissais à cela quand il dit :

«  - Oh et bien, je suis né à NY et je suis venu à seize ans ici. Puis j'y suis retourné... Et je suis revenu ici. Des aléas de la vie ont fait que je suis parti d'ici et revenu mais je crois que j'ai trouvé mon chez-moi »

Whaouh ! New-York, rien que ça ! J'étais surprise, car après tout c'est une immense ville et qui plus est, elle se situe carrément à l'opposer de Los Angeles. Donc je supposais que ses « aléas de la vie » devaient être assez important pour qu'il traverse les États-Unis aussi jeune. Car je venais juste de comprendre qu'il avait fait ça à 16 ans alors que moi j'étais à peine sortie phase « je veux un tatouage ». Je le regardais un peu surprise attendant qu'il explique qu'elles avaient été les raisons de ce départ. Et puis, il se leva et nous servit un verre d'eau, je le remerciais dans un murmure car il reprenait la parole d'une voix peu assurée au début, il dit :

" - Mes ... parents m'ont en quelques sortes abandonné. Ils étaient jeunes et incapables de m'éduquer et de subvenir aux besoins d'un gamin... C'est ma grand-mère qui m'a élevée. Et un jour, ils ont été pris de remords, ont voulu ma garde et c'est ce jour-là que je suis parti pour LA, la première fois. Ma grand-mère est venue me rejoindre par après, on est resté un an et demi avant que ma grand-mère... ne décède. C'était à NY, elle était partie voir ma mère en cure de désintox... Et je suis resté là-bas, j'y ai fait mes études. C'est pas glorieux comme histoire, je te l'avoue."

Je le regardais gentiment comprenant de mieux en mieux pourquoi il était aussi sérieux et timide, je lui répondis d'un ton plein de compassion :

« - Whaouh, j'admire le courage qu'il a dû te falloir pour pouvoir gérer tout ça en plus de ta vie et de tes études et je suis sûre que ta grand-mère était génial... »

Il faut avouer qu'à ce moment-là je ne savais pas trop que lui répondre, il n'y avait pas vraiment de réponse adéquat d'ailleurs. Mais, je lui pris gentiment la main et voulant changer de sujet je lui demandais avec un sourire espiègle :

« - Sinon, peux-tu m'expliquer pourquoi tu as choisi d'être gynécologue ? Et ne me dis pas que c'est pour profiter de la vue car je ne te croirai pas.  »

S'il y avait bien quelque chose qu'Ethan détestait, c'était de faire pitié aux gens. De part son parcours dans la vie, il était évident que ça n'avait pas été tous les jours facile mais, honnêtement, il y avait bien pire que lui. Il se disait qu'il avait eu une maison, avait pu faire des études et avait été choyé par sa grand-mère alors qu'il y avait des enfants de pays pauvres qui, dès leur plus jeune âge, devaient aller travailler pour aider leurs parents ou pire, ils étaient seuls dans la rue et filaient un mauvais coton. Alors, non, Ethan n'avait pas le droit de se plaindre. Oui, il avait du grandir assez vite et apprendre à se débrouiller mais, d'une part, ça lui avait fait beaucoup de bien. Et sa grand-mère l'avait extrêmement bien élevé. Certes, il y avait des moments où Ethan se sentait nul ou qu'il était démotivé, surtout pendant ses études, mais il voulait vraiment réussir et ne pas faire comme son père: être un bon à rien. Et, apparemment, ses nuits blanches a étudié avaient valu la peine de mettre sa vie sociale entre parenthèses. A l'heure d'aujourd'hui, diplômé et ayant un travail, il voulait un peu plus en profiter. Après tout, il était encore jeune. Bon, il ne voulait pas non plus faire des conneries comme les trois quart des jeunes mais, juste en profiter: aller boire un verre avec des amis, faire des restaurants, bref, des choses qu'un jeune homme de vingt-six ans faisaient.

« - Whaouh, j'admire le courage qu'il a dû te falloir pour pouvoir gérer tout ça en plus de ta vie et de tes études et je suis sûre que ta grand-mère était génial... » Le jeune Green esquissa un léger sourire en repensant à sa Granny. Chelsea avait raison, elle l'était. Il y a encore quelques années, en entendant parler de sa grand-mère, Ethan aurait demandé d'arrêter et aurait pleuré. Il avait été très affecté par sa mort et avait eu du mal à s'en remettre. A l'heure d'aujourd'hui, certes, ça lui faisait encore mal parce qu'il ne pouvait même plus se souvenir du son de sa voix mais parler d'elle ne lui faisait plus un mal de chien. Il ne gardait que les bons souvenirs en mémoire. En réalité, il n'y en avait que des bons.

Soudainement, Ethan fût un peu étonné. De quoi ? Simplement du geste de la jeune Wellington. Elle venait de lui prendre la main. Il sourit une nouvelle fois après avoir tourné le visage vers Chelsea. Cependant, en entendant sa question, il rit de bon coeur. Afin de lui répondre, il se retourna un peu plus vers elle.

- "J'ai pas tout le temps eu envie d'être médecin. Gamin, je voulais être aviateur ou dresseur de lions. J'étais ébahi par les avions et les fauves en général. D'ailleurs, je ne sais pas pourquoi ça a changé, sûrement les aléas de la vie. Pour en revenir à ta question, en réalité, après un premier stage dans le milieu gynécologique qui n'a pas été facile, j'ai voulu me réorienté vers la dermatologie. Et finalement, je suis resté là-dedans... C'est pas tous les jours faciles parce qu'une grossesse n'est pas une autre, j'ai eu des stages pas faciles psychologiquement et c'est toujours très difficile de dire à une maman qu'elle a perdu son enfant mais dans 99 pourcents des cas, c'est le bonheur total. Je me sens utile, j'ai l'impression d'exister pour ces gens, d'être important même si beaucoup de choses reposent sur mes épaules."

Doucement, il sourit, serrant ses doigts autour de ceux de Chelsea. Il était curieux de savoir ce qu'elle avait fait. Enfin, il savait qu'elle ne travaillait pas pour le moment, mais, elle avait bien des rêves, l'envie de prendre son envol de chez son cousin. Elle n'allait pas rester toute sa vie cloîtrée chez lui. Et puis, avoir son chez-soi, pouvoir faire ce qu'on voulait, ne pas avoir de compte à rendre à personne, c'était le pied.

- " Et toi ? Je sais que tu ne travailles pas pour le moment mais t'as bien des rêves à vouloir réaliser, des envies non ?"