Sujet: (hercule & astoria) thick as thieves. Sam 30 Nov - 4:38
« HERCULE & ASTORIA. »
Il marchait là, au beau milieu du trottoir, son manteau comme seule couverture du froid. Il avait passé la matinée dans l’improductivité, traîné dans les rues de la ville, sa cigarette coincée entre ses dents comme seul réconfort. Yvonne n’avait pas besoin de son assistance aujourd’hui ; elle était partie en déjeuner d’affaires pour l’acquisition de nouvelles pièces pour le musée d’histoire naturelle. De plus, elle souhaitait commencer des rénovations le printemps prochain. Agrandir le bâtiment, ce genre de choses qui coûtaient la peau des fesses. Alors, il se retrouvait seul, une fois de plus, à se tourner les pouces et rêver d’un monde meilleur. Telle était sa vie, en fait. Il combattait l’ennui en s’ennuyant. Il transportait sa guitare acoustique dans son étui, une bretelle nonchalamment posée sur l’épaule, l’air de rien. Il cherchait un bon coin pour jouer sa nouvelle composition, un truc tout simple et tout gentil. L’acoustique à l’état pur. La station de métro la plus près était déjà prise par un duo de musiciens certes pas mal du tout, mais qui jouaient depuis sept heures du matin. Ça en faisait, des heures à s’oublier dans les notes de musique. Il savait ce que c’était ; il faisait la même chose presque chaque jour. Empailler des animaux morts et se la jouer musicien du dimanche, dans l’espoir de ramasser quelques billets à la fin de la journée : voilà en quoi consistait la vie d’Hercule. Il n’était ni riche, ni pauvre, un peu entre les deux. Sa famille avait peut-être gagné une petite fortune voilà des années, mais la petite fortune n’était plus ce qu’elle était et la maison familiale était loin des Amériques. Hercule n’était plus un enfant, il devait se débrouiller de lui-même – sa sœur et lui devaient se débrouiller d’eux-mêmes, à présent, avec leurs petites affaires.
Les rues s’animaient d’heure en heure, midi sonna bientôt et les gens s’aventurèrent à l’extérieur de leurs bureaux poussiéreux pour la plus longue pause de la journée. Hercule n’en avait rien à cirer, lui il n’avait pas besoin de pauses ; il ne suivait pas un horaire précis. Il n’avait pas d’horaire, pour tout dire, rien que des envies soudaines de nicotines et de sommeil. Il suivait son propre horaire, sa propre route. C’était un esprit libre. Ou, du moins, il aimait à le penser. Il ne regardait pas trop où ce qu’il allait, en ce moment. Et c’est pour cette raison qu’il s’étonna de reconnaître un visage dans la foule. Un seul visage, un visage du passé. Une vision du passé. Il crut rêver l’espace d’un instant, il se contenta de fixer le souvenir vivant de la fille blonde lui filer sous le nez. Et il resta là, planté là, immobile comme un arbre tout décrépit. La bouche un peu entrouverte, comme un parfait abruti. Comme un attardé mental échappé de sa prison doré. Puis, il se reprit lorsqu’on le bouscula par-derrière, un peu pas doucement. Il se reprit, il cracha son mégot, l’écrasa de son pied. Voilà. Il pouvait partir à la poursuite de la fille, le cœur un peu trop battant à son goût. Son cœur, ce machin vivant tout moche allait le tuer si ça continuait comme ça. Ce ne serait peut-être pas plus mal. Et il gambadait, le Hercule, il fuyait sa morosité quotidienne pour embraser son soleil blond. Ce ne serait pas simple, il y aurait des pleurs et des cris, mais c’était toujours mieux que ce vide profond, ce gouffre noir qu’il avait creusé des années plus tôt. Il avait lui-même creusé sa tombe, le Hercule, quel génie. Il ne hurla pas à la fille de ralentir, ce n’était pas digne de lui. Et puis il n’en avait pas envie, ce ne serait pas bon pour sa voix de chanteur médiocre. Il se contenta d’accélérer le pas, à une distance raisonnable de la petite silhouette qui continuait sa course, aveugle à la tempête d’Hercule. Une tempête froide et immonde. Ça, ça allait le tuer.
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Sujet: Re: (hercule & astoria) thick as thieves. Dim 15 Déc - 1:28
« HERCULE & ASTORIA. »
Dieu que la journée avait été longue et éprouvante. Dire que certains croyaient que vivre à Los Angeles était chose aisée, qu’il suffisait simplement de se laisser vivre en tournant les pouces pour vivre comme une célébrité ! Ces gens-là se fourvoyaient bien profondément et n’avaient sûrement jamais mis les pieds dans la cité des anges pour se laisser encombrer l’esprit de tels clichés. Pauvres petits esprits faibles qui se laissaient influencer par des images véhiculées par les séries télévisées ou autre films hollywoodiens, on ne pouvait plus rien pour eux. Tout ça pour dire qu’Astoria, en sa nouvelle qualité de californienne, était bien loin d’être de ces filles écervelées et pleines aux as qui ne faisaient que passer leur temps à trouver un moyen pour dépenser au mieux leur argent pour ensuite en réclamer à papa et maman. Oh elle aurait pu le faire, il est vrai. Ses parents n’étaient pas n’importe qui et en tant que héritière, les ressources financières de la jeune Vermeer se portaient très bien. Sauf que dans le cas d’Astoria, l’argent de ses parents ne servait que pour payer ses études, le reste de ses dépenses émanant directement de ses propres activités. Comme quoi, une jeune autodidacte de maintenant vingt-et-un ans était parfaitement capable de vivre de ses propres ressources, ce qui n’était pas donné à tout le monde (sans mentionner le fait qu’être it girl à temps plein et cible des paparazzis l’aidaient pas mal). Bien évidemment, peu de gens lui connaissait cette qualité et préférait la traiter indifféremment de ces filles à la Paris Hilton, à la différence non-négligeable qu’Astoria étudiait la médecine dans l’une des universités les plus réputées du pays et qu’elle s’était inscrite à des cours de langue à UCLA juste pour le plaisir. Eh oui, la néerlandaise était l’une de ces filles étranges qui s’inscrivaient à des cours pour le plaisir, peu de gens pouvait comprendre. En d’autres termes, Astoria était un spécimen rare, un paradoxe à elle toute seule et ce statut bien particulier lui permettait de maintenir un certain mystère autour de sa personne. Peu de personne pouvait ainsi prétendre de connaitre toutes les facettes de sa personnalité, pas même Rozen Everdeen qui était pourtant sa cousine. Soit. C’était exactement ce que voulait Astoria, rester un mystère aux yeux du monde.
Shit. Le juron s’échappa de la bouche de la tête blonde. Elle n’avait pas besoin de ça, vraiment pas. Alors qu’elle sortait tout juste de son cours de langues latines dispensé à UCLA, des nuages menaçants avait fait irruption dans le ciel habituellement si bleu de Los Angeles. S’il commençait à faire un temps pourri en Californie – bien que le mois de décembre soit maintenant bien avancé – l’heure était vraiment grave. Depuis ce matin, rien n’allait pour Astoria qui commençait vraiment à en avoir sa claque. Sa voisine avait fait un bruit monstre la nuit dernière – d’accord ce n’était pas entièrement de sa faute mais le résultat était le même – ce qui avait largement contribué à ses troubles du sommeil, le lendemain elle avait raté son métro à plusieurs reprises, était en retard à son cours, n’avait pas saisi la moitié de ce qu’avait raconté son professeur d’espagnol dû à son problème numéro un (le manque de sommeil) et maintenant le ciel s’y mettait à son tour ! Etait-ce là une tentative de complot contre sa personne ? Il ne manquerait plus qu’une horde de paparazzis fasse irruption pour l’emmerder pour que sa journée soit définitivement à bannir. Plus tôt elle rentrerait et mieux elle se porterait. D’un air déterminé, la jeune femme accéléra le pas et traversa les quelques rues qui la séparaient encore de son appartement de Santa Monica en espérant que le ciel se contenterait que de simples menaces jusqu’à ce qu’elle soit au chaud et à l’abri dans son loft. Plus qu’une rue. C’était vraiment dans de tels moments que la distance entre l’université et chez elle semblait durer des heures, c’était insupportable. Finalement, son immeuble se matérialisa au loin. Ce n’est pas trop tôt. Astoria soupira, visiblement soulagée d’être arrivée à destination sans s’être fait avoir par la météo, c’était toujours ça de pris. Double shit. Il fallait vraiment qu’elle trouve un moyen pour mieux ranger ses clés, elle mettait toujours cinq bonnes minutes à les retrouver dans ce bazar informe qui prenait forme à l’intérieur de son sac. Un problème commun à toutes les femmes à ce qu’il parait… Après un long combat acharné, Astoria finit par mettre la main sur ce qu’elle cherchait. Mais bien évidemment, comme cette journée n’était définitivement pas la sienne, son trousseau lui glissa entre les mains et atterrit parterre dans un cliquetis métallique des plus abrutissants. Comme tout individu normal l’aurait fait, la demoiselle se pencha pour ramasser ce qu’elle venait de faire tomber avant de se redresser. Puis, plus rien. Ce fut à ce moment précis qu’elle avait détourné le regard pour vérifier si quelqu’un l’avait vu. C’était pire que tout, il l’avait vu. Son cœur s’arrêta d’un coup sans prévenir, la manquant de la tuer de peu. Hercule. « Impossible. », se murmura-t-elle à voix basse. Que pouvez-t-il bien faire ici, c’était insensé, il était à Paris elle devait forcément rêver ! Sans réfléchir, la blonde se rapprocha de lui, comme pour vérifier qu’il était bien présent et que ce n’était pas ses yeux qui lui jouaient un tour. Elle devait lui parler, même si tout était absolument flou dans sa tête. « Qu’est-ce que tu fais ici Hercule ? Ne me dis pas que tu m’as suivi jusqu’à chez moi. Je pensais que tu ne voulais plus jamais me revoir, drôle façon de le montrer. », balança-t-elle d’une voix claire et beaucoup plus brutale qu’elle ne l’aurait voulu. Ce qui était sûr, c’était que ces deux-là avaient beaucoup de choses à se dire. A ce moment précis, Astoria aurait préféré que le ciel lui tombe sur la tête.