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 No other plans - JUDE & ISLA

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MessageSujet: No other plans - JUDE & ISLA   No other plans - JUDE & ISLA EmptySam 21 Déc - 23:15


Jude & Isla
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2012, Buenos Aires

Le bar était bondé, on ne m’avait pas menti. Je venais tout juste de laisser de peine et de misère mon appart au détour de La Boca, déniché via une espagnole croisée il y avait un an de ça, et malgré la chaleur pesante j’avais décidé de passer prendre un verre, juste un. J’étais crevée pour avoir participé à un shooting pour un magazine de voyage durant la journée entière, mais mes potes de plateau m’avaient fortement encouragée à venir célébrer la fin du contrat photo avec une bière argentine bien froide et un coucher de soleil plus que brûlant. C’était ça au final, la pura vida. Vivre de photos, d’alcool, de nuits blanches, de voyages. Mais malgré le fait que j’avais passé deux années complètement folles, et merveilleuses en plusieurs points, Los Angeles me manquait. Ma vie d’avant me manquait. L’Isla typique de Californie, celle qui connaissait Santa Barbara comme le fond de sa poche, était loin, loin derrière celle que j’étais devenue, durant cette mission un peu idiote de voyager un peu partout à la recherche de ma mère. Un Où est Charlie version 21ième siècle, quand on sait très bien que c’était quasi-raté d’avance. Le rouge écarlate qui décorait mes lèvres commençait à ternir et pour cause, j’avais développé le tic de me triturer la bouche dans tous les sens lorsque j’étais un peu trop pensive, ou trop stressée. Eh merde. J’avais réussi à éviter les mélodrames depuis plusieurs jours, et qu’est-ce que je foutais dès que j’avais une minute toute seule? Amusée par ma façon bien à moi d’être blasée dans l’un des plus beaux pays du monde, je tendis la main vers le barman qui rempli mon verre de tequila de nouveau. Cul sec, et c’était fait pour une soirée de plaisir.

Le soleil d’Argentine commençait tranquillement à disparaitre derrière l’horizon, mais la chaleur était toujours aussi insoutenable. En grande partie parce qu’il y avait tellement de monde que j’arrivais à peine à attraper une bouffée d’air frais, je commençais à sentir la sueur perler sur mes épaules frêles d’avoir trop travaillé et peu mangé durant les dernières semaines. J’avais vraiment changé, depuis la première fois où j’avais mis les pieds dans un avion, je m’en rendais compte de plus en plus. D’abord parce qu’avant, je n’aurais jamais sauté un repas, gourmande que j’étais. Mais surtout parce que je découvrais de nouveaux boulots, de nouvelles passions, de nouvelles possibilités. Et même si j’avais fait du monde mon terrain de jeu, le fait de remettre le nez en Amérique du Sud me faisait l’effet de boucler la boucle. De mettre un trait sur tout ça, de m’avouer vaincue, de réaliser que finalement, ce n’était pas vraiment ma mère que je cherchais. Ou une connerie du genre. Je m’étais levée de mon siège sans vraiment m’en rendre compte, me dirigeant vers la terrasse du bar pour respirer un peu, mais surtout pour faire un tour de piste et constater si mes collègues étaient arrivés. Pas de traces d’eux, ni même de textos annonçant un possible retard. Bof, de toute façon je n’étais jamais vraiment à l’heure & j’avais presque déjà envie de rentrer chez moi prendre une douche bien glacée avant de filer au lit. C’était pour dire.

Un sourire se dessina sur mes lèvres lorsque j’aperçu au loin une place avec vue sur l’océan. Petit exil parfait pour m’éloigner de la foule le temps de m’hydrater un peu plus & de profiter des derniers rayons avant la nuit. Les gens avaient raison de tomber amoureux de Buenos Aires. De vouloir y rester, longtemps. On s’y sentait chez soi, en famille. Depuis mon arrivée il y avait de ça six semaines, je n’avais pas croisé un argentin ou une argentine qui n’ait pas eu envie de me faire découvrir un coin de son pays. J’étais du genre à m’emballer un peu trop lorsqu'on me partageait ce genre de secrets d’insiders, mais tout de même, j’adorais le fait qu’on nous prenne pour des amis, pour des visiteurs curieux, plutôt que pour des touristes ennuyants. Je ne comptais plus le nombre de fois où j’étais partie en escapades avec de purs étrangers à travers la région, et même si j’avais pu me mettre en danger à un moment ou à un autre, je n’en avais même pas eu connaissance. Ces souvenirs mélangés au goût plutôt corsé et bien épicé de la sangria qu’on venait de me servir suffisaient à me donner envie de laisser mes idées noires de côté et de rester encore ici, de m’y faire ma place. De toute façon, après avoir passé 2 ans loin de mon chez moi, je ne pouvais pas vraiment penser que tout ce que j’y avais laissé était en suspens, en attente de mon retour. Autant qu’on ait pu m’aimer à LA, autant qu’on ait pu m’oublier, mhm… L’idée qu’Ash ait fait un trait sur moi me refroidit un peu, juste assez pour prendre une longue gorgée de ma boisson et pour rouler des yeux. Bon, et si on se divertissait un peu?

« On est probablement les deux seules personnes ici à boire en tête à tête avec l’Atlantique! » décrétai-je, souriante, au mec qui me faisait dos et qui semblait, lui aussi, seul et perdu dans ses pensées. « Cheers à la vue de malade qu’on a de la terrasse? » et je joins le geste à la parole, en levant mon verre dans sa direction.

Comme je n’arrivais pas à m’amuser toute seule ce soir, aussi bien rallier quelqu’un à ma cause.

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MessageSujet: Re: No other plans - JUDE & ISLA   No other plans - JUDE & ISLA EmptySam 28 Déc - 13:05


Jude & Isla
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2012, Buenos Aires

Buenos Aires. Il ne s’en lasserait pas. Toujours il y revenait, à l’espagnol, aux hispaniques. Il avait commencer à vivre en Espagne... Enfin il n’était pas né en Espagne, pas vraiment, pas tout à fait. Mais Jude l’était. Jude était espagnol, originaire de Grenade, apparu comme par magie dans le monde administratif à l’âge de 15 ans. Le monde hispanique c’était le miracle de Jude, la langue qu’il maîtrisait le mieux. Bien qu’il n’est aucun problème avec aucune langue latine, les délices du bassin méditerranéen nord. Il avait découvert la vie en Espagne, l’avait brûlé au Mexique, il renaîtrait en Argentine. Tout était déjà prévu. Cela faisait plus de deux ans. Deux ans qu’il avait disparu de l’enfer Américain. Los Angeles, l’Amérique. Le self made man. Ils ne sont pas plus civilisé que les autres, avec leur soit disant civilisation supérieur. On tombe dans la drogue, on rampe au pied des riches, des pauvres, on cogne et on abîme, on crève, on triche, on aime et on se tue. Il détestait Chicago, il méprisait Washington, il avait cru aimé Los Angeles. Et puis non. Ca n’était en rien comparable à Buenos Aires de toute façon. La vie chaleureuse par excellence. Bouillante aussi et épuisante de chaleur humide. Mais Jude s’y était fait, il s’était fait aux gouttes de sueur qui glisse sur les reins des filles, sur le torse des hommes. Tout était d’une chaleur torride et sensuelle. On voulait vivre la nuit, à la lumière des étoiles et des lampions sur les musiques latines la gorge endiablée d’alcool, l’esprit ruiné et heureux.

Bien sûr ici aussi il avait triché. Parce qu’il ne savait pas faire autrement, parce qu’il ne voulait pas faire autrement plus tôt. Los Angeles lui avait donné raison, les autorités ne valaient rien, et s’il avait la flemme d’être un véritable robin des bois, il s’asseyait lui même sur sa petite notoriété de génie, gagnant - volant - des sommes phénoménales qui lui permettait de vivre. On ne dira pas exactement ce qu’il avait fait pour se retrouver à habiter un pentahouse magnifique dans le Puerto Madero, le quartier le plus cher de la capital. Il ne disait rien, il cultivait le mystère, il se montrait rarement, peu de temps, il était une ombre, le génie fantomatique. Partout dans la capital on parlait de lui, doucement, sans trop savoir de quoi, de qui on parlait. En deux ans il s’était fait une place, peut de gens le connaissait vraiment. Il fallait dire qu’il avait passé beaucoup de temps à travailler, a descendre son identité à se détricoter pour tout retricoter, à se protéger, à disparaître, à réapparaître. Il était devenu un magicien de la technologie, ou peut être l’avait-il toujours été, mais il n’y avait jamais trop fait attention. Il ne sortait que dans le noir, que dans les amphithéâtre des universités. Il aimait ce mystère, ses mensonges, les quelques choses qui lui revenaient, qui l’étonnaient, le faisait rire.

Il n’avait d’ailleurs guère bougé de la journée. Electra était passé le voir, elle passait souvent, elle était l’une des seules à passer, l’une des seules à avoir le droit privilégier de rentrer chez lui, de s’attarder même. Peut être était-ce à cause de ses courbes, de son accent espagnol, de son intelligence, de son mystère aussi, et de ses idées. Jude n’était pas du genre à être amoureux, il s’assurait même de naviguer entre plusieurs personnes pour ne pas l’être. La dernière fois qu’il l’avait été il se souvenait bien d’ou ça avait finit, ce n’était pas bon, il n’était pas rationnel lorsqu’il était amoureux, et lorsqu’on était quelqu’un comme lui on ne pouvait pas se permettre de ne plus être rationnel, ça nous emmène dans des ennuis. Bien sûr sans être amoureux, il ne pouvait nié un attachement. Peut être parce qu’il côtoyait trop peut de personne assidûment. Elle le lui faisait remarqué parfois d’ailleurs. Quand elle ne lui donnait pas des ordres d’ailleurs. Des ordres ridicules et étrange. Comme celui lancé en milieu d’après midi, alors que leur corps suant c’était entrechoqué, lié, pénétré, s’étouffant de chaleur et d’excitation jusqu’à épuisement. «Ce soir je sors avec Dorian, tu viens.» Jude s’était levé, ne prenant même pas la peine de s’habiller, il avait besoin d’une douche, froide de préférence, ou très légèrement tiède. «Toujours un honneur de sortir avec ton petit ami.» avait-il dit en levant les yeux aux ciels. Le pire c’était que c’était vrai. Il appréciait Dorian. S’il avait eu une quelconque moral il se serait fait honte, sourire à Dorian, faire des poignées de main à Electra sous ses yeux lorsqu’il ne descellait pas leurs lèvres dès qu’ils étaient seuls... Il avait l’impression d’avoir le contrôle. Mais... Vraiment ? Il était l’amant, le mec caché, au fond du placard, ou plus précisément dans un pentahouse merveilleux avec vu sur la mer... Bien sûr c’était confortable comme situation. Et lui pouvait faire ce qu’il voulait... Mais quand même. «Douche ?» demanda-t-il avant de se faire rejoindre rapidement. Il ne tarda pas à sortir vêtu d’une simple serviette, ouvrant son ordinateur et se remettant à travailler. Electra arriva derrière lui, regardant un moment derrière son épaule. S’il avait été lucide à ce moment là il aurait dit que c’était surement l’une de ses principales erreurs, la laisser regarder ce qu’il faisait. «Tu es...» dit-elle en l’embrassant dans le cou «Exceptionnel je sais. Allez file ! On se voit ce soir.» Et il l’avait dégagé. Comme quoi il avait encore un peu de poids sur elle. Enfin du moins de ce qu’il pensait. Il avait continuer de travailler avant de s’habiller, de se préparer.

C’était surement une illusion, mais alors qu’il sortit de chez lui, il eut l’impression de sentir la fraicheur du soir. Mais Buenos Aires n’était jamais frai... Pas en ce moment du moins. Il arriva dans le bar, croisant presque immédiatement le regard d’Electra, brulant, comme toujours, avant de tomber sur celui de Dorian, gentil. Trop gentil. Il allait se faire bouffer vivant. Il s’avança vers eux, serrant la main virilement de Dorian, faisant un signe de tête, une bise à Electra. Il parla un moment avec eux en profitant pour commander un verre au bar, avant de s’excuser, faisant une remarque salace à Dorian, indiquant qu’il partait en chasse. Il ne leva même pas le regard vers Electra pour saisir une potentiel réaction de sa part. De toute façon il n’en aurait vu aucune. Finalement il n’avait plus envie de traîner avec eux.... Enfin pas tout de suite, dans quelques verres peut être. Il avait l’impression d’avoir encore l’odeur d’Electra sur lui, et peut être que ça le dérangeait finalement. Il se dirigea en terrasse, se figeant sur lui même verre à la main, les yeux plantés sur la mer. Et il pensa bêtement. Ou intelligemment. Au fait que tout était trop parfait, trop net. Sa vie n’était pas nette. Pas normalement. Il pensa à Electra, à Dorian, ce n’était pas vraiment juste. Peut être devrait-il lui dire, juste au cas ou ça tourne mal. Electra le fera tomber, il en est sûr. Sans aucun remord même. La question final, à un milliard de dollar, osera-t-elle s’en prendre à lui aussi? La première réponse à s’imposer à son esprit fut non. Et il n’eut pas le temps d’en envisager une autre, interrompu. « On est probablement les deux seules personnes ici à boire en tête à tête avec l’Atlantique! » Jude se retourna sous le son de la voix, tombant né à né avec une femme... Ravissante. Il sourit. «Ils ont tord» répondit-il en anglais avec son accent espagnol à couper le couteau. « Cheers à la vue de malade qu’on a de la terrasse? » Gardant son sourire il entrechoqua son verre avec celui de la demoiselle. «Américaine ?» demanda-t-il pour vérifier l’intuition qu’il avait eu sur son accent, ses quelques manières, son apparence. Ca n’était pas péjoratif, enfin dans sa bouche ça aurait pu l’être, mais il avait fait un effort, il n’avait marqué aucune méchanceté. «Buenos Aires est un beau petit bout de Paradis, on s’y attarderait indéfiniment.» dit-il perdu dans ses pensées. Oui s’il devait ce poser, il le ferait bien ici. Il se resaisit, et tourna à nouveau le regard vers la demoiselle dans l’idée de marquer son attention. Il restait néanmoins distant, présent, mais pas tout à fait là, il n’avait pas prévu d’avoir de la compagnie avant un moment, il n’avait pas prévu d’être social. Il s’était mis en mode l’ombre mystérieuse qu’on regarderait de loin et qu’on approcherait surement. Nouvelle preuve qu’elle n’était pas d’ici, ou pas nécessairement depuis longtemps. Enfin, puisqu’elle était là. «Qu’est ce qu’une aussi jolie Américaine vient faire sous les Tropiques ?» demanda-t-il avec sa voix la plus avenante possible. «Sans vouloir être indiscret bien sûr !» ajouta-t-il dans un sourire nettement plus chaleureux, il cherchait encore le rôle à adopter pour la soirée, s’essayant à des bouts de mascarade dans sa tête.

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MessageSujet: Re: No other plans - JUDE & ISLA   No other plans - JUDE & ISLA EmptyLun 30 Déc - 23:15


Jude & Isla
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« Américaine? »

Je n’avais pas pu m’empêcher de sourire lorsqu’il m’avait démasquée. M’enfin, pas que je souhaitais particulièrement le cacher, avec mon accent californien typique et mon nom plutôt américanisé j’aurais pas eu l’occasion d’aller bien loin de toute façon, mais l’idée d’être reconnue comme étant une fille des États-Unis me faisait plutôt drôle. Après avoir passé plus de deux ans loin de la maison, à y penser très peu, très rapidement, très légèrement. J’avais oublié ce que ça faisait de ne pas traîner son passeport à chaque déplacement, de ne pas me perdre dans des rues inconnues, de ne pas entendre un anglais prononcé comme s’il l’avait toujours été lorsque je rencontrais de nouveaux visages. « Américaine en fuite, en fait. » que je m’amusai à répondre. Et c’était vrai, quand on y pensait. Surtout à l’instant même tiens. « Il y a à peine quelques minutes, j’étais en pleine réflexion à savoir si je restais encore un peu à Buenos Aires ou si je prenais le premier avion vers les lointaines Amériques. » Le mal de la famille n’avait jamais été trop alarmant puisque mes tantes étaient du genre à réclamer, à mon plus grand bonheur, des appels Skype plusieurs fois par mois, mais j’y réfléchissais. Je regrettais mes amis, mes amours, mon centre, mon équilibre. L’impression de se réveiller le matin et de se sentir à sa place, à la maison. Aussi paradisiaque qu’avait été mon aventure à travers le monde, je sentais la fin approcher. Et je réagissais aussi bien que mal à la chose. Paradoxal, non? « Buenos Aires est un beau petit bout de Paradis, on s’y attarderait indéfiniment.» Ah. Je laissai échapper un soupir rêveur, le regard qui filait au loin comme si je m’apprêtais à lui réciter un poème ou un truc du genre. La réalité, c’était que j’étais tombée folle amoureuse de l’Amérique du Sud et de ses 1001 trésors. Que je n’avais jamais assez de ses paysages aux centaines de couleurs, de ses saveurs épicées, de ses gens aussi, chaleureux. Je repensais aux food trucks, à la crème glacée maison à tous les coins de rues, aux bananes frites, aux fruits de mer fraîchement pêchés et grillés, aux fruits tropicaux débordant de saveurs, aux amants torrides qui avaient partagé mon lit, à… aux…

« Je confirme. D’où la difficulté du dilemme. On succombe facilement à l’Argentine pure et dure! »

Nouveau sourire, nouveau regard à la dérobée. Et malgré le temps qu’on avait chacun pris pour se toiser, je n’arrivais absolument pas à mettre le doigt sur ce qu’il pouvait être. Sur qui il était, au fond. Pour avoir croisé des gens de partout, pour avoir rencontré tous les types possibles, m’enfin, de ce que j’aurais cru, il ne ressemblait en rien à personne. Je n’arrivais pas à lui trouver de similitudes, ni dans ses gestes, ni dans ses paroles. Il était magnétique, le genre qu’on pouvait observer de longues minutes, à distance pour éviter d’avoir l’air d’une folle, juste pour le voir agir au naturel. Juste pour tenter de percer la coquille transparente, mais si dure et présente qu’on pouvait la sentir à des miles à la ronde. Mon verre vint rencontrer mes lèvres le temps de quelques secondes, et je me surpris à m’imaginer d’où il pouvait bien sortir. Sa voix était chaude, puissante, solide. Il pouvait très bien passer pour un espagnol, rien qu’à voir sa facilité à déstabiliser n’importe quelle fille qui croisait son regard d’un simple et vif coup d’œil. Ses traits carrés et son visage anguleux, eux, auraient très bien pu provenir d’un pays du nord, comme la Russie. Mais il semblait trop à l’aise et trop détendu pour que ses yeux bleus puissent cacher un passé soviétique pas si rose. Ou non? Ce sont ses cheveux aussi, aux reflets dorés, qui me firent l’imaginer à la tête d’une grosse multinationale allemande, un truc qui clash mais qu’il se plairait à cacher juste pour s’assurer qu’il ne s’entoure pas de profiteurs. Dites, j’avais raison à un point ou un autre? La curiosité l’emportait presque, et j’avais maintenant envie de connaître son histoire, aussi mystérieuse puisse-t-elle être, mais il me précéda. Ah ben, peut-être qu’au final, il était une sorte de devin du Moyen-Orient?

« Qu’est ce qu’une aussi jolie Américaine vient faire sous les Tropiques? Sans vouloir être indiscret bien sûr! » osa-t-il, ses yeux plantés dans les miens. Et je ressentis, l’espace de quelques secondes, ce que les autres bimbos qui croisaient sa route avaient pu ressentir depuis le début de la soirée. Fallait dire qu’il avait insisté sur le compliment, et qu’après la journée éreintante que j’avais eue je n’allais pas lésiner sur le fait qu’il me remontait le moral comme un chef. « Hum, disons que je suis en pleine célébration. » longue gorgée de mon verre, avant d’ajouter, espiègle « J’ai eu la brillante idée d’acheter un billet d’avion aller simple vers le Brésil à la fin de mes études… y’a un peu plus de deux ans. Je me suis tellement plu avec mes découvertes que j’ai poussé la fête jusqu’en Asie, en Europe, en Afrique… et il y a près de 2 mois je suis revenue en Amérique du Sud. Je m’ennuyais, tiens. »

J’avais évité de mentionner ma mère, parce que même pour moi, c’était un peu du réchauffé. L’enfant unique qui quitte tout le matin où elle a perdu ses repères, qui part en fuite dans le seul but de retrouver sa mère, celle-là même qui l’a quitté il y a plus de 20 ans en mentionnant qu’elle débuterait son tour du monde par le Brésil. Celle-là même qui n’était bien évidemment jamais revenue. J’étais partie à sa recherche, prétexte freudien pour dire que je me cherchais moi aussi et depuis trop longtemps, croyant candidement que je tomberais sur elle au détour d’une ruelle, dans un café bondé ou sur l’une des plus belles plages du monde. J’y avais cru, jusqu’à quelques jours auparavant, où l’une des seules personnes à qui j’avais confié la « vraie » raison de mon pèlerinage d’enfant m’avait confirmé ce que je craignais : après deux ans à chercher un peu n’importe où, cela relèverait du miracle si j’arrivais un jour à la retrouver. Aussi sec. Est-ce que j’y tenais tant que ça au final? Je me le demandais toujours. Par chance, la musique argentine qui remplissait le bar augmenta de beaucoup en volume, accompagnant les musiciens qui se promenaient maintenant parmi la foule, faisant virevolter les femmes, entourant les hommes et leur offrant des bières bien froides, gracieuseté de la maison. Ce que j’avais fait de mieux, ne pas me laisser avoir par mes pensées, était de loin l’une de mes tactiques préférées depuis très longtemps et je me laissai séduire par les notes assez fortes pour enterrer les paroles des gens autour de nous sur la terrasse. Je n’y pu rien et commençai à me laisser aller avec la musique, dansant sur moi-même, souriant et applaudissant aux clients qui s'y mettaient eux aussi, ajoutant leurs propres mouvements lascifs à ceux que la troupe de musiciens proposait. Le sang latin leur donnait le don de savoir danser mieux qui quiconque, et ils s’y adonnaient parfaitement. Coup d’œil furtif à mon voisin, tout autant amusé par la scène que moi. J’avais envie de l’inviter à rejoindre la danse, juste pour voir sa réaction. « L’impénétrable », ça c’était son nouveau surnom, n’était probablement pas du genre à se déhancher sauvagement. Quoique…

« Tequila? » que j’offrai, invitant une serveuse à passer nous servir des shooters. Il me semblait à sec et je me sentais plutôt généreuse. Qui sait, peut-être qu’avec un peu d’alcool dans le corps il se ferait un peu plus accessible. « Et je suis curieuse. » je payai la serveuse et lui tendit son verre. « Qu’est que tu aimes le plus ici, en Argentine? » Je n’arrivais pas à savoir s’il habitait le pays ou non, alors autant mieux valait y aller doucement sur la curiosité.

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MessageSujet: Re: No other plans - JUDE & ISLA   No other plans - JUDE & ISLA EmptyMar 31 Déc - 13:11


Jude & Isla
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Jude savait. Il avait toujours su s’y prendre. Il était... Magnétique. Oui c’était surement le mot. Il n’avait pourtant pas eu beaucoup de pratique. Enfin peut être que si. Mais au fond il n’était qu’un gosse qui n’avait côtoyer presque personne mise à part sa mère lors de ses premières quinze années. Il était un garçon un peu pommé et diablement intelligent. Un garçon qui préférait souvent la compagnie froide de ses grands murs, la vue sublime depuis sa terrasse, et le doux ronronnement de ses ordinateurs. Peut être que cela venait de là son magnétisme. De sa solitude sociale, de son apparence trop belle pour être geek. Ah ça oui, ses parents, même s’il ne les connaissait pas, lui avait donné une bonne enveloppe et un cerveau plutôt bien fait. Un jour il irait les remercier. Ou peut être pas. Ca serait bizarre, de mauvais goût surement. Et qui sait, à presque trente ans, ça leur viendrait peut être à l’esprit de le séquestrer à nouveau pour rattraper le temps perdu. Ils ne pourraient pas comprendre qu’il avait été heureux, que tout allait bien pour lui. Enfin ce n’était pas question. Il était magnétique, pour toute sorte de raison. Il aimait ça. Il aimait voir les sourires des filles, des hommes. Il aimait sentir leur regard irrémédiablement attiré, aimanté. Bien sûr c’était de l’orgueil la plus part du temps. Mais, et alors ? « Américaine en fuite, en fait. » En temps normal il aurait à peine écouté la réponse. Parce qu’il n’était pas d’humeur à discuter, qu’il avait voulu être seul. Mais le mot fuite lui chatouilla l’oreille, et il se retourna nettement plus attentif. La fuite c’était lui normalement. « Il y a à peine quelques minutes, j’étais en pleine réflexion à savoir si je restais encore un peu à Buenos Aires ou si je prenais le premier avion vers les lointaines Amériques. » Ah... Nettement moins intéressant. Qui voudrait retourner vers les Amérique ? «Le premier avion c’est un peu tôt, tu ne penses pas ?» dit-il avec un sourire charmeur comme s’il cherchait à la retenir. D’un côté c’était exactement ce qu’il faisait. Pas réellement pour les raisons que l’on pensait. Mais tout de même. «Sérieusement, pourquoi rentrer ?» demanda-t-il avec son accent espagnol suave plutôt appuyé. Il ne le faisait même pas exprès. Ou peut être que si... Mais bientôt deux ans à Buenos Aires et il avait simplement pris l’habitude de parler comme ça. Dans chaque pays, chaque ville, son talent génial ou imbécile pour le mimétisme revenait toujours au galop et en quelques mois il chopait un accent étrange. De Los Angeles il avait chopé un accent hispanique américain roublard des bas quartiers.. Le parfait dealer. Et il avait eu du mal à s’en débarrasser une fois arrivé à Buenos Aires. Mais ici il avait chopé l’accent naturel du Casanova. Lorsqu’il s’entendait il avait l’impression que ça faisait trop... Mais ça semblait si naturel pour tout le monde qu’il ne récoltait que des sourires ébahis et parfois stupide. Ma fois il s’en contentait.

Il trouvait la fille marrante. Ou marrante n’était pas le mot. Il la sentait bavarde, les mots sur le bout de la langue en tout cas. Proie facile, pensa-t-il de manière cru à l’arrière de son crâne. Mais surtout il avait du mal à penser qu’elle ne lui est toujours posé aucune question. Bien sûr c’était le métier de l’homme dans la drague de faire le jeu de question réponse, de la faire sentir indispensable à la soirée, si exceptionnel qu’on pourrait l’écouter parler s’en interruption. Et puis ne pas recevoir de question ne l’obligeait donc pas à mentir... Mais son tempérament joueur lui aurait conseillé de lancer un chronomètre, de voir combien de temps elle tiendrait : non pas avant de lui sauter dessus, mais avant de céder à la curiosité maladive qu’il pensait voir briller dans ses yeux. « Hum, disons que je suis en pleine célébration. » Parfois il la sentait capable de mystère. Elle savait utiliser les mots, et se rendre intéressante. A chaque fois qu’il voulait l’écouter de manière distraite, de faire son jeu d’écouteur attentif qui s’en fou, elle savait le rappeler à l’ordre avec une phrase bien placée. Et puis pouf, elle recommençait. « J’ai eu la brillante idée d’acheter un billet d’avion aller simple vers le Brésil à la fin de mes études… y’a un peu plus de deux ans. Je me suis tellement plu avec mes découvertes que j’ai poussé la fête jusqu’en Asie, en Europe, en Afrique… et il y a près de 2 mois je suis revenue en Amérique du Sud. Je m’ennuyais, tiens. » Si elle parlait peut être un peu trop, elle marquait des points, une grande voyageuse. Même lui n’avait pas poussé le vice jusque là. En même temps lui ne voyageait pas, il fuyait. Depuis toujours... Parfois il ne savait même plus exactement ce qu’il fuyait. Enfin dernièrement il savait, il était simplement venu ici pour se faire oublier. Et il s’était plu. «Cv impressionnant, je t’embauche.» dit-il légèrement portant son verre à ses lèvres. C’était stupide comme blague quand on y pensait, il avait l’impression de perdre la main, en même temps comment répondre à ce genre de phrase sans parler de sois... Peut être que c’était justement ce qu’elle cherchait à faire, parler d’elle pour le forcer à parler de lui... Mais en même temps c’était lui qui avait lancé la question. Elle n’avait fait qui répondre. «Alors de tous les continents, l’Amérique du Sud est celui qui t’a le plus gagné ?» Il comprenait. Enfin il n’avait vu ni l’Asie, ni l’Afrique, et il avait été plutôt jeune, et stupide du temps ou il était en Europe. Mais l’Amérique du Sud, l’Argentine... C’était foudroyant. Il n’y avait juste rien à en dire de plus. Ou tout à en dire. Il ne pensait pas pouvoir s’en lasser. De toutes les villes, tous les pays dans lesquels il avait habité, Buenos Aires était la ville qui lui donnait le plus envie de s’arrêter.

Il avait laissé la musique lui brouiller les oreilles. Elle s’était tue. Ou alors sa voix c’était mêlée au note chaude des tropiques, il ne savait plus très bien et il s’en foutait. Il aimait les airs hispaniques, argentin encore mieux. Il se souvenait de lorsqu’il était gosse, et qu’il passait ses journées enfermés devant la télé, il avait souvent regarder des trucs de danse, et encore une fois par mimétisme il avait appris à danser. a Grenade il avait appris à danser les Sévillanes, au Mexique il avait commencé à vibrer sous les tango, la salsa, et puis à Buenos Aires il avait tout ressortit. Il n’avait pas l’air, mais il savait danser. Il n’aimait pas sans vanter. Déjà parce qu’il n’aimait pas quand toutes les filles lui sautait dessus pour avoir sa main, son bras, une danse quoi... Il préférait choisir, danser tranquillement, énergiquement, au rythme des basses lourdes. C’était un peu ridicule comme attitude, mais il aimait regarder, et de temps en temps croiser le regard de ses anciennes partenaires de danser, émue d’être prise dans un tel secret.

« Tequila? » Hein ? Il hocha la tête, attrapant le verre qu’elle lui tendait. «Merci... Le prochain est pour moi !» dit-il en souriant, et pour parer à toute éventualité il rajouta, avec un ton plutôt définitif. «J’insiste» « Et je suis curieuse. » Ah, sans blague ! Il sourit, tenant le verre qu’elle venait de lui tendre, et attendant la question. Il aurait pu regarder sa montre, son chronomètre, pour savoir combien de temps elle avait tenu, mais elle ne fit rien. « Qu’est que tu aimes le plus ici, en Argentine? » Elle était curieuse de ça ? Et bien ! Soit elle était très douée pour ne pas harceler d’un coup de mille question, soit elle avait une curiosité bien pâle. «A Buenos Aires.» dit-il d’abord pour assurer un point. Il n’était guère le genre d’homme qui parlait de ce qu’il ne connaissait pas, et il ne connaissait pas l’Argentine. Il connaissait Buenos Aires et c’était tout. Il savait suffisamment de chose de manière général pour ne pas avoir besoin de s’inventer des connaissances... Il bu son verre, s’adossa à la barrière tournant finalement le dos à la mer, tournant son regard vers la salle. Il croisa un instant le regard d’Electra qui le brûla instantanément, il en refoula une grimace avant de se tourner souriant vers l’américaine. «Ce que je préfères...» Ok la question n’était pas si simple, il se pinça la lèvre inférieur, jouant avec le verre au creux de ses mains. «Les accents...» A le point de vu du linguiste qu’il était... Il était forcément sensible à l’accent argentin. «Leur idéologie de vie... Et la putain de vu qu’ils ont depuis leur terrasse... Bien sûr.» dit-il en souriant. Finissant sa phrase il laissa la musique vibrer à leur oreille. Et posant son verre sur le rebord de la terrasse, il finit par dire, tendant une main vers elle «Tu danses ?» Il plantait à nouveau son regard bleu dans le sien. Il s’occuperait de sortir la carte du timide si elle lui disait oui. Bien que cela faisait peu de doute.
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MessageSujet: Re: No other plans - JUDE & ISLA   No other plans - JUDE & ISLA EmptyMer 1 Jan - 8:36


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Bêtement, je me le demandais à tous les jours.

« Sérieusement, pourquoi rentrer? »

Parce que la raison qui avait influencé mon départ en premier lieu était toujours bien présente actuellement. Le fait de ne pas avoir d’attaches, de ne pas en vouloir ou du moins, de ne pas savoir comment en tisser qui vaillent vraiment, vraiment la peine. La frousse de gamine aussi, peut-être, de devoir me poser pour vrai, la journée où je me sentirais prête à arrêter mes jeux d‘enfants pour devenir une vraie femme accomplie. Ne pas avoir eu de mère à proprement dit aurait fait une superbe excuse, doublée de mon envie évidente de la retrouver. L’exemple maternel fuyant, la fille se retrouvant indéniablement en quête d’elle-même, de sa valeur, de ce qu’elle pourrait accomplir au long de sa vie. Mais la vérité? J’avais tout simplement envie de m’amuser. L.A. ne me suffisait plus, j’y étouffais d’y tourner en rond. Et j’étais partie. Parce que c’était ce que ma nature fuyarde et volage savait faire de mieux. & malgré ce qu’on pourrait penser si on entrait dans ma tête lorsque je m’ennuyais de mes tantes, d’Ash, et aussi, quelques fois, de Deklan, je ne regrettais pas d’avoir quitté ma vie d’avant. Jamais je ne le regretterais en fait, ça j’en étais sûre. « Pas la moindre idée, pour être honnête. » me contentai-je donc de répondre, un sourire en coin. « Ah si tiens, parce que les Lakers et la Gallery Row me manquent cruellement! » Les souvenirs des matchs de basket où je criais et sautillais comme la plus fidèle des supporters me revint à l’esprit. Je n’avais rien d’une sportive, mais j’étais raide dingue d’une équipe que j’avais suivi depuis petite, avec mon père, comme une vraie religion. Et la Gallery Row, ça, c’était mon petit coin secret. Envahie par les touristes depuis peu, les hipsters en quête du beau, mais toujours aussi enivrante, toujours aussi inspirante. J’avais cherché un tel esprit créatif à travers mes différents pays d’adoption mais jamais je n’avais retrouvé cette vibe de surfers torturés bien propre aux gens de Los Angeles, aux artistes tombés sur de la peinture souvent trop tard… mais pas assez au final.

«Cv impressionnant, je t’embauche.» ah! Je sentis de nouveau mes lèvres former un grand sourire. Drôlement, je n’avais jamais eu de patron à proprement dit. J’avais été celle qui vendait des cupcakes cuisinés le matin même au coin de la rue, à quelques pas de la maison de Lavender et de Rosa, jusqu’à mes 17 ans. Et maintenant, je bossais comme journaliste et photographe itinérante à travers le monde, sans comptes à rendre à personne, si ce n’était qu’aux rédacteurs qui me réclamaient des articles et des clichés. « Ça ferait étrange d’avoir un patron quand je n’ai jamais vraiment bossé pour personne. » que je répondis, pensive, autant à moi qu’à lui. Me rendre compte de la situation, le dire à haute voix, faisait un drôle d’effet quand on y pensait bien. Honnêtement, je ne savais même pas ce que ça donnerait si on me plaçait dans un bureau avec d’autres collègues et un superviseur. Ce que j’aurais à répliquer pour faire monter la conversation à la machine à café. Ce que je répondrais lorsqu’on me ferait des yeux doux à la salle de la photocopieuse. Ouais, le côté « boulot 9 à 5 » ne m’allait absolument pas. « Est-ce que j’aurais le droit de venir au bureau en pyjama? Je suis beaucoup plus productive comme ça! » j’avais la blague facile, probablement parce que mon verre descendait à vue d’œil. D’où mon envie de commander des shooters, et de le rendre un peu plus loquace lui aussi. Mine de rien, j’en avais beaucoup dévoilé durant notre petite joute, mais j’étais tentée de dire qu’il ne devait pas trop s’en plaindre puisqu’il proposait déjà de prendre la prochaine tournée. All in, que j’avais eu envie d’ajouter. Alors qu’il aurait pu partir mille fois à la chasse, je le voyais me lancer des regards furtifs lorsque mon attention se perdait sur la piste de danse improvisée, et je ne pouvais faire autrement que d’être surprise, et flattée. Surprise, parce que je sentais qu’il s’adonnait à ce qu’il semblait faire de mieux, la drague pure et dure. Moi, j’étais plutôt du genre go with the flow. J’avais hérité ce tempérament de copains hippie que j’avais rencontrés y’avait un peu plus d’un an en Inde. Grâce à eux, j’avais découvert l’art d’être relax, encore plus en situation de charme. Depuis, je ne tentais absolument rien de plus ou de moins pour draguer lorsque je me sentais joueuse. Je préférais faire confiance à mon attitude habituelle, et peut-être bien aussi à mes longues jambes sveltes, à mon teint basané & à mon sourire contagieux, pour attirer l’attention et les regards des garçons. Bref, je ne sentais plus le besoin de m’adapter à la loi de la jungle pour repartir en bonne compagnie après une soirée de festivité. Mais le côté mystérieux de mon interlocuteur attisait de plus en plus ma curiosité. Et si je me prêtais à son petit jeu, si je tentais l’astuce de l’aura de mystère? Je l’avais dit plus haut et je le pensais toujours : j’avais bien besoin de m’amuser.

« Ce que je préfères...? Les accents. » J’aurais même pu compléter avec les voix suaves qui accompagnaient ces accents brûlants et coupés au couteau. Les espagnols, particulièrement les argentins, avaient cette intonation particulière qui rendait presque n’importe quelle phrase mélodieuse à mes oreilles. « Che, boludo! » m’exclamais-je, amusée, haussant les bras avec autant d’expression que j’avais pu en voir au détour des rues visitées depuis mon arrivée dans la ville. Mon imitation improvisée suscita des sourires et des éclats de rire autour de nous, signe que mon accent d’ici se raffinait, ou alors qu’il s’empirait, au choix. J’étais au top de l’amusement, la chaleur de la tequila ayant réchauffé ma gorge et rougi mes joues le temps de quelques secondes, assez pour me donner envie d’accepter l’invitation d’aller danser du mystérieux personnage. Pas que j’avais envie de le faire insister, bien au contraire à voir la façon dont les instruments et les rythmes latins me faisaient un effet monstre depuis qu’ils étaient de la partie, mais c’était bon de voir qu’il n’était pas qu’un beau parleur. Qu’il savait joindre son magnétisme à une aisance sur la piste de danse. Et il ne me déçu pas. Dès les premiers mouvements, je vis tout de suite qu’il était un habitué, un naturel. Un point de plus pour une possible nationalité espagnole pensai-je, en observant discrètement son bassin et ses pieds qui s’agitaient savamment sur la musique. Pour ma part, j’improvisais. Je me souvenais de mouvements appris par ci par là dans les bars bondés de Buenos Aires les nuits de fiesta et ma mémoire ne se fit pas prier pour me les ramener à l’esprit. À ça je complétais avec d’autres pas inspirés par les danseurs autour de moi et tout allait comme sur des roulettes. Je ne sentais pas mon partenaire gêné par ma danse, absolument pas du tout même. À croire que malgré le fait que je prenais plus plaisir à me laisser aller qu’à suivre une rythmique précise, je m’en sortais bien. *Ici, je remercie mes longues années de débauche néo et post universitaires pour m’avoir permis d’acquérir une coordination du tonnerre sur les pistes de danse.*

Eh oui, des rapprochements eurent lieu. Bien sûr, que j’aurais eu envie de dire, rien qu’à voir les regards qu’on se lançait au détour d’un roulement d’épaules. Mais rien de bien dangereux non plus, puisqu’on savait se comporter en public, du moins, j’avais appris à garder mes mains baladeuses pour les coins plus intimes. Parlant de mains, j’en sentis bientôt une paire se déposer doucement, puis plus fermement sur mes hanches. Un coup d’œil par-dessus mon épaule me confirma qu’il ne s’agissait pas de celles de l’inconnu et amusée, je me laissai faire, suivant mon nouveau partenaire de danse à un moment particulièrement opportun à voir l’air de l’espagnol-allemand-américain (je n’avais pas encore décidé) qui venait de se faire accoster par une femme, une latine en puissance, séduisante et brûlante comme pas une, assez pour me convaincre de me barrer avant de brûler vive. Je les laissai faire, régler les comptes qu’ils semblaient avoir en commun, me confirmant encore une fois que j’étais tout sauf prête à avoir de quelconques attaches, où et avec qui que ce soit. J’en perdis même la notion du temps, oubliant jusqu’à la sueur qui perlait sur mon buste à force de me déhancher sur la musique. Cette soirée qui avait démarré plutôt lentement prenait de plus en plus une tournure amusante & je me souvint que j’étais censée rejoindre à la base des amis. Amis qui m’avaient peut-être snobé, ou qui étaient bien là, à m’attendre à quelque part. Révérence à mon cavalier qui partit à l'aventure, avant de quitter moi aussi de mon propre côté à la recherche des gens pour qui j’étais venue au départ. Je me faufilai un peu plus loin de la piste de danse, question d’avoir un espace décent pour balayer la salle du regard, avant de me rendre compte que mon impénétrable du début se trouvait lui aussi à l’écart, à quelques mètres de moi, le regard pensif, encore. Décidément, il ne choisissait pas les meilleurs endroits pour réfléchir…

« Alors, une ex? Ou c’est plus compliqué? » je m’étais avancée vers lui, voyant que la voie était maintenant libre. Il ne répondit pas tout de suite, et je croisai le regard de celle qui était venue le voir plus tôt. Et puis tant pis quoi, que je me suis dis, avant de déposer mes lèvres sur les siennes dans un baiser improvisé, mais doux comme tout. Et un peu sauvage aussi, de ce que je sentis de sa part du moins. À voir comment la fille nous regardait maintenant à la dérobée, j’en compris plus qu’il n’en fallait. « Oh, je vois. C’est compliqué. » Nouveau sourire, nouveau signe à la serveuse de passer nous voir. « Hé donc, qu’est-ce que je devrais savoir absolument sur ton cas? »

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Dernière édition par Isla L. Hamilton le Jeu 2 Jan - 6:11, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: No other plans - JUDE & ISLA   No other plans - JUDE & ISLA EmptyMer 1 Jan - 19:06


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Jude n’aimait pas les prénoms. L’identité. L’inconnu avait beaucoup plus de force, de sensualité. Regardez la brune en face de lui. Charmante, jolie, des traits délicats, un sourire magnifique. Oui elle n’avait probablement rien à envier à personne. Mais anonyme elle était encore plus belle. On l’appelait comme on voulait, on faisait vibrer à nos oreilles un nom qui serait à la hauteur des fantasmes qu’on avait avec elle. Bien sûr il ne niait pas l’importance de l’identité, des papiers, etc... Lui qui justement avait passé quinze ans sans en avoir... Mais une fois la nuit tomber, une fois que l’alcool à fait son passage, tout devenait inutile, futile. En apprendre plus sur elle, pourquoi pas, s’il le fallait, et puis ça meublait la conversation. Mais seulement si l’on ignorait son prénom. Il était presque amusant d’écouter une inconnue qu’une fille connue qui nous rabâcherait toujours les mêmes choses. Peut être était-ce pour ça que Jude tenait tant à ce mystère, à ne pas être si connu. A être murmuré, deviné. A être connu, sans jamais connaître. Il avait sous ses pieds une foule d’inconnu, qu’il ne cherchait qu’à connaître tout en ignorant toujours tout deux. C’était un statu quo assez difficile à entretenir qui nécessitait généralement de s’abstenir de tout attache. Mais pour ce qu’il faisait, ce n’était pas plus mal... Enfin ce n’était guère la question. Sans nom, l’inconnue avait aux yeux de Jude un attrait tout particulier. Un attrait que même Electra avait perdu depuis longtemps. Bien que la jeune femme se soit toujours débrouillé pour maintenir sur lui, et probablement sur tout homme de sa vie, une main basse assez puissante. « Pas la moindre idée, pour être honnête. » Toujours ses phrases, étrange, qu’elle lançait au hasard et qui savait titiller sa curiosité. Il sourit, les sourcils légèrement froncés, visiblement aussi amusé qu’intéressé par la situation. « Ah si tiens, parce que les Lakers et la Gallery Row me manquent cruellement! » Et puis le retour à la réalité plus cru qui fonctionne à la fois comme une douche froide inintéressante, ou alors qui justement apportait plus de profondeur à la discussion. Les Lakers, et la Gallery Row... Pourquoi ça lui disait quelques choses ? «Los Angeles !» lâcha-t-il se souvenant brutalement pourquoi ça lui parlait autant ! Elle venait de Los Angeles. C’était amusant. Enfin peut être vraiment, mais de toutes les villes américaines elle n’aurait pas tombé mieux et pire. C’était la villes des Etats Unis - il en avait pas fait tant que ça, mais bon - qu’il avait le plus détesté et préféré à la fois. Enfin une longue histoire. Qu’il ne racontera probablement pas.

« Ça ferait étrange d’avoir un patron quand je n’ai jamais vraiment bossé pour personne. » Un instant il la considéra semi gravement, semi amusé. C’était drôle la manière qu’elle avait de se livrer avec une facilité déconcertante. Peut être que c’était une qualité... Puisqu’étrangement, ça ne la rendait pas chiante. Mais elle savait au moins que c’était qu’une blague qu’il avait fait ? « Est-ce que j’aurais le droit de venir au bureau en pyjama? Je suis beaucoup plus productive comme ça! » Ah non, elle avait saisit la blague. Il sourit à nouveau. Son éternel sourire légèrement énigmatique mais qui se voulait tout de même chaleureux. «Eh bien.... Tout dépend du pyjama je dirais.» dit-il simplement, sans aucune vibration étrange dans sa voix, malgré le sous-entendu clair qu’il y faisait. Il avait l’air si... Détaché. Ou c’était ça, le naturel désarmant qu’il avait employé pour répondre le rendait... Détaché. Mais elle l’était relativement elle aussi... Sinon plus puisque son attitude ne semblait pas être feinte. Elle était naturelle, souriante, et joueuse, et malgré la gâchette assez facile qu’elle avait sur la confidence, ça ne faisait visiblement que marteler le charme qu’elle avait. Il suivit un verre, lui en promettant un second, avant de parler de ce qu’il préférait de l’Argentine. « Che, boludo! » Il se laissa porté par les rires qu’elle avait provoqué, s’y mêlant légèrement. Cette fille était... Particulière. Particulièrement amusante aussi. «Oui entre autre.» fit-il finement. C’était bien sûr pas exactement ce qu’il avait en tête, mais ça ferait bien office. Tendant la main vers elle pour l’inviter à Danser, il se mit lui même en rythme. Tout se faisait suffisamment naturellement chez lui pour qu’il n’est pas besoin de penser à chacun de chez gestes et qu’il pouvait à loisir regarder sa partenaire. Sa partenaire qui était belle et bien américaine, mais qui malgré cet handicap qui aurait pu être fatal, s’en sortait plutôt à merveille. Et puis qu’on se le dise, il n’y avait vraiment rien de plus sensuelle qu’une danse latine relativement bien exécutée, à en jugé non seulement par les regard qu’ils se lançaient à la dérobé et par les rapprochement furtif et subtile. Il resta un instant surpris de voir un autre homme l’attraper par la taille pour tirer son inconnue vers lui... Si lui même n’avait pas été rejoint et accaparé par Electra qui se lançait sur lui dans une danse beaucoup moins pudique, il aurait probablement bronché. Après tout à la base, c’était quand même sa cavalière, et ce n’est pas parce qu’il était pas complètement sur elle, entrain de dévorer son corps de ses mains comme certain savait le faire et comme Electra s’y risquait avec lui dès qu’elle se savait dans l’angle mort de Dorian, qu’il ne dansait pas avec elle, et qu’il n’y avait pas quelque chose. Passablement perturbé par la manière dont Electra lui mettait le grappin dessus avec aussi peu de subtilité, il entama en espagnol. «¿ A qué juegas?» tout en continuant à danser avec elle, de manière bien plus réservé qu’elle cependant. «¿ Eso es que llamas a pasar tu tarde conmigo?» répondit-elle acerbe, collée contre lui. L’envoyant valser dans une ronde loin de lui, il répondit encore plus sèchement. «¡ Suelta, regresa con Dorian, me jorobas!» il finit par lâcher sa main au milieu de la danse pour s’échapper un peu. Il croisa le dit Dorian sur le chemin, et lui claquant une main sur l’épaule, il se remit à parler en Anglais. «Un conseil, largue Electra.» lâcha-t-il laconiquement, sans plus d’explication, s’échappant lui même dans un coin du bar, à moitié grimaçant. Elle faisait chiez. Vraiment chiez. « Alors, une ex? Ou c’est plus compliqué? » Il sursauta presque, rappelé alors par son inconnue du début. Perturbé par la question plutôt très clair, il fut incapable d’y répondre. Il n’eut d’ailleurs pas tellement le temps puisqu’il sentit ses lèvres sur les siennes. Agréable. Il répondit au baiser avec légèrement plus d’ardeur, glissant sa main sous la nuque de la jeune femme. « Alors je vois. C’est compliqué. » dit-elle se détachant de lui, et ayant aperçu quelque chose qui lui avait visiblement échappé. «non très simple. C’est vous... Enfin elle qui complique tout.» dit-il finalement, comme pour essayer de mettre un point d’orgue à la conversation. Il croisa alors le regard d’Electra. Regard qui avait du poussé l’inconnue à faire ce genre de remarque. A travers la salle il gratifia Electra d’un regard noir, avant d’accoster la serveuse qui venait d’arriver vers eux pour redemander des verres de Téquila, qu’il paya comme promis. Il en tendit un à l’inconnue avant de froncer légèrement les sourcils sous la nouvelle question. Euh... Ce qu’il pouvait dire sur lui. Il avala cul sec son verre se passant la main dans ses cheveux, cherchant visiblement à meubler une conversation qui le dérangeait visiblement. Lui qui n’était pas habitué à parler de lui. «Il n’y a jamais rien qui soit absolument nécessaire.» dit-il souriant et en essayant de faire le malin. Il jugea que ce n’était probablement pas suffisant et que s’il ne lui donnait rien à se mettre sous la dent, elle allait probablement fuir. «J’ai des patrons, mais je suis plutôt libre...» d’accord c’était peu. Mais c’était quelque chose. «Je suis officiellement Espagnol, mais probablement plus Néerlandais.» dit-il en souriant. Comment ça ses phrases qui voulait tout et rien dire ne le rendait que plus mystérieux ? «Et tu embrasses bien, mais je me doute que tu le savais déjà.» dit-il l’air de rien, avec ce même air détaché, casual de tout à l’heure. «Et c’est presque l’essentiel.» finit-il avec le plus grand naturel du monde, comme s’il venait de se décrire précisément et qu’il n’y avait effectivement plus rien à ajouter. En même temps si elle voulait en savoir plus, il faudrait qu’elle pose les bonnes questions, et qu’il daigne y répondre.

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MessageSujet: Re: No other plans - JUDE & ISLA   No other plans - JUDE & ISLA EmptyJeu 2 Jan - 6:36


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Ouais, « Los Angeles ». La ville qui m’avait vu grandir, la ville qui savait tout de moi, par cœur comme personne, pour m’avoir remarqué à travers ses rues, gamine, un peu trop à la recherche de moi-même, en semi-fugue tout juste après la mort de mon père. Autant de périodes noires qu’heureuses, autant de bonnes rencontres que de mauvaises, autant de gaffes que de réussites, mais toujours, toujours, j’y sentais une grande pression. De celles qui nous stimulent autant qu’elles nous étouffent. C’était une ville de superflu, de célébrités, de statues, de richesse. Et même si j’évoluais dans la mode depuis toute petite avec des étoiles plein les yeux, je n’y avais pas échappé. Du moins, je savais pertinemment que je préférais de loin être à l’écart, champagne et paillettes comprises, à admirer le beau plutôt que de me battre pour une possible position d’it girl à surveiller. C’était drôle aussi, de voir que même à l’autre bout du globe j’arrivais à faire lentement mais surement ma place via mon blogue, tout nouveau tout beau, que j’alimentais de photos de voyage et d’inspirations de style. Que des lectrices, ma p’tite tribu comme je l’appelait, commençaient à se regrouper, à aimer ce que je faisais et à en demander plus, et ce, même si j’étais bien hors du cocon superficiel et bourré d’apparence de L.A. Avoir foi en l’humanité, c’était un peu ça en fait. «Eh bien.... Tout dépend du pyjama je dirais.» Je ne pu m’empêcher de rouler des yeux, amusée par le ton un peu curieux de l’inconnu. N’importe quel mec à qui j’avais glissé au détour d’une conversation sans même y réfléchir que je dormais nue – chaleur & confort obligent – ne cessait plus ensuite de me passer un mot à ce sujet, attendant presque que je lui sorte une preuve ou un truc du genre. J’aurais préféré, et de loin, ajouter que mon « pyjama » de travail consisterait en une grosse doudoune sans forme et ornée d’une ourson pastel mais je me suis retenue. Je n’aimais peut-être pas me prêter au jeu de la drague agressive, j’étais tout de même assez brillante pour savoir que de jouer dans les extrêmes ne fonctionnaient presque jamais. « Je tenterai de l’agencer avec le tien dans ce cas! »

La suite se passa majoritairement sur la piste de danse, m’évitant d’entrer dans les détails du dit léger pyjama. Déjà, après quelques pas seulement, je sentais encore mieux l’espèce de magnétisme qui se dégageait de lui, sans même qu’il n’ai eu à lever le petit doigt. Du sang latin, m’étais-je juré, rien qu’à le voir se déhancher, tellement il semblait à l’aise au milieu des danseurs animés par la musique argentine. Je serais restée dans ses bras encore un peu, à parfaire mes propres pas, à accorder mes mouvements aux siens et à m’imaginer la nouvelle star d’un film de danse pour ados à la sauce de Dirty Dancing avant d’être séparée par un grand dadais trouvant probablement qu’il était temps pour moi de changer de partenaire, assez longtemps pour que l’inconnu se retrouve lui aussi avec une nouvelle cavalière au regard accusateur. Chicane de couple ou non, j’avais déjà donné dans les relations avec des hommes engagés, triste réalité de la grande romantique que j’étais au fond, et même si rien ne semblait être vraiment scellé avec lui, j’avais d’autres choses à faire que de me battre avec une latina qui semblait tout sauf vouloir lâcher le morceau. Quitte à ce que je retourne de mon côté à la recherche des potes que j’étais venue rejoindre à la base, je me faufilai hors de la piste de danse question de prendre un peu d’air, après avoir remercié le danseur mystère qui me tira sa meilleure révérence. Un véritable mec de Buenos Aires en puissance, les cheveux foncés, le teint doré, le sourire charmeur. Je sentais bien qu’il m’aurait fait valser encore de longues minutes au rythme des guitares, mais d’avoir remarqué que mon inconnu (c’était vite dit) avait retrouvé sa liberté avait été assez pour que j’apparaisse le plus naturellement du monde à ses côtés, prête à être de nouveau submergée par son suspense et son mystère.

« Non très simple. C’est vous... Enfin elle qui complique tout. »

Drôlement, je remarquais qu’il s’était arrêté à me vouvoyer, alors que je le tutoyais depuis le début. Habitude américaine, peut-être? N’empêche que mon baiser improvisé avait suffit à attiser le feu de ses complications, qu’il s’affaira à éteindre d’un « Il n’y a jamais rien qui soit absolument nécessaire. J’ai des patrons, mais je suis plutôt libre... Je suis officiellement Espagnol, mais probablement plus Néerlandais. Et tu embrasses bien, mais je me doute que tu le savais déjà. Et c’est presque l’essentiel. ». Mine de rien, je venais d’avoir droit à un micro-monologue de sa part, le premier depuis le début de la soirée, et ça me plaisait. Personne ne pouvait jouer au chat et à la souris trop longtemps de toute façon. Et même s’il croyait dur comme fer qu’il venait d’agir en véritable politicien, du genre à me dévoiler peu en me disant tout, mes quelques talents de journalistes suffirent à faire un bref topo de ce que je venais de découvrir. Il bossait pour quelqu’un ou quelque chose qui ne lui posait aucune limite. Il avait du sang espagnol (yé!) et du sang néerlandais (oh, étonnant). Il mentionnait le baiser avec un sourire entendu, confirmant encore une fois qu’il était assurément le dragueur à la Casanova qu’il se targuait silencieusement d'être. Ce qu’il y avait de bien, là, maintenant, c’était que malgré le fait que ce soit tout sauf de mes affaires, il avait cédé à me dévoiler de petites brides de lui-même. N’empêche, j’avais posé la question, mais à voir la façon dont il fuyait avec intelligence toute occasion de m’en dire plus, c’était une réussite de plus à mon tableau de chasse. Et puis on jase mais… de garder tout ce mystère, et d’avoir même évité de mentionner nos noms depuis le début suffisait à me séduire. Raide comme ça.

Je levai mon verre à la sienne, mais surtout à ma curiosité qui maintenant ne s’en pouvait plus d’en apprendre plus sur lui plutôt que de m’éterniser sur ses possibles conquêtes, aussi nombreuses qu’elles aient pu être. « Pour le sang espagnol, je m’en doutais. Et en ce qui concerne le baiser… faut pas oublier que ça se fait toujours à deux! » j’aimais jouer dans la légèreté, dans les mimiques amusantes. Je me plaisais beaucoup plus de cette façon qu’à imaginer des stratagèmes pour pousser l’autre à faire les premiers pas. Audrey Hepburn n’avait-elle pas déjà dit que le plus bel atout d’une femme était sa capacité à s’amuser? Il ne m’en fallu pas plus pour profiter du début d’une nouvelle chanson pour lui faire un signe invitant, l’envie de danser m’ayant repris de plus belle. Et comme je ne voulais maintenant pas perdre une seule minute de la chanson, j’en profitai pour ouvrir la marche, faisant confiance à ses racines latines pour compléter avec le reste. Enivrée, je me laissai de nouveau transporter par les notes chaudes qui emplissaient le bar, me disant que s’il ne me rejoignait pas, il n’aurait qu’à profiter du spectacle à distance. Mais ce ne fût pas long avant que je sente de nouveau son regard, et ses mains, sur moi. Son emprise se faisait plus ferme, comme si notre danse interrompue quelques minutes plutôt ne risquait pas de se répéter. Et la tension montait, et la chaleur se faisait encore plus étouffante. Mon verre était déjà presque terminé tellement je prenais à cœur notre petit jeu de charme, tellement je berçais mon corps entier au son des accords, contre lui. Et même si nos lèvres se cherchaient, parce que c’était ce que tout le monde autour de nous semblait faire maintenant, à voir l’effet qu’une soirée en danse et en bières bien froides pouvait avoir comme impact sur eux, j’attendais. Ce qui se passa là, entre nous, était drôlement intéressant. On se poussait à bout sans vraiment être dérangé. On osait sans avoir rien à perdre. Et clairement, y’avait rien de plus excitant.

« Qu’est-ce que tu rêverais de faire là, tout de suite? » que je tentai, au creux de son oreille, avant de tournoyer sur moi-même. Je prenais plaisir à jouer à l’interrogatoire camouflé. Parce que tout le monde savait très bien que plus la réponse était spontanée, plus la vérité était vite dévoilée.

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MessageSujet: Re: No other plans - JUDE & ISLA   No other plans - JUDE & ISLA EmptyJeu 2 Jan - 13:54


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Casanova et fier de l’être. Ca il pouvait le dire. Ca allait avec sa stature, sa structure. C’était fait parce qu’il avait été, ce qu’il était. Il n’était pas bâtit pour les relations. Pas assez courageux, pas assez impliqué. Beaucoup trop égoïste. Les relations n’allaient pas avec lui, pas avec ce qu’il était. Il était beaucoup trop menteur, beaucoup trop paranoïaque. surement c’est ce qu’il arrive lorsque la seule femme dont on est tombé amoureux à failli nous jeter dans la gueule du lion. Par erreur ou par préméditation... Il ne savait pas, et vu ou elle était maintenant, il ne saurait jamais. Mais ça ne rassurait guère. La seule relation stable qu’il avait eu avec une femme, c’était sa mère. Enfin sa mère. Mensonge aussi. Mais ça il l’avait pardonné. Pour ne pas être seul, pour ne pas détruire son enfance, pour ne pas réduire à néant toutes ses chances d’être avec quelqu’un. Oui parce que homme, femme, il n’y voyait pas d’inconvéniant. De toute façon il ne tenterait rien de sérieux. Il avait donné. Merci bien. Casanova, dragueur tout terrain. Généralement il se laissait couler dans la subtilité, laissant son aura faire tout le travail. Vous pensez que c’est facile ? Ne jamais s’attacher ? Ne pas trop se révéler ? C’était difficile, infernal. Jude avait déjà mis deux ans à se créer une identité intouchable. Et dans la vraie vie, il n’y était pas encore parvenu. Parce que tout génie à une faiblesse, et qu’il peinait à résister à la chaleur d’un regard, à la courbure d’une forme, à la tendresse d’une voix. Et parce que si on lui demandait correctement, si l’on savait s’y prendre, il était incapable de ne pas s’épancher. Il essayait de le faire à peine, pour se rassurer, mais il était bon conteur, et il aimait parler, et il ne voulait pas être seul. Heureusement il n’y avait pas de nom échangé. Alors ce n’était rien. Et puis elle était Américaine, et elle finirait par rentrer. Peut être plus tôt qu’elle ne le pensait d’ailleurs. Alors de toute façon, il ne risquait rien. Il ne comptait pas rentrer en Amérique. Il ferait peut être un vague coucou à Chicago, pour voir sa mère. Mais c’était tout, et il rentrerait à Buenos Aires. Il ne comptait pas quitter Buenos Aires. Jamais. Alors il ne risquait rien. Elle pouvait en apprendre un peu. Un tout petit peu. Ce qu’elle réussirait à lui arracher. Il suffisait maintenant de poser les bonnes questions. Si elle savait à quel point il était facilement malléable. Si elle savait que derrière les faux airs mystérieux, derrière sa froideur, sa chaleur, derrière sa drague évidente, il était une demi guimauve, un mec qui avait trop souvent eu le coeur à la place du cerveau. Il n’était pas non plus du genre à tomber amoureux. Juste un Casanova romantique, qui aimait les belles personnes, et tout donner pour eux, le temps d’une nuit. Il était du genre balade romantique et brulante au bord de la plage. Il était du genre à partager des nuits brûlantes qu’il ne souhaite pas oublier.

« Je tenterai de l’agencer avec le tien dans ce cas! » Elle était drôle. Et parfaitement son type. Le genre de femme qui l’entraîne à sa perte. Enfin son genre de femme était grand, il devait s’avouer ne pas trop être compliqué. Du moment qu’il y avait du charme et de l’intelligence, il plongeait. Souvent trop tôt. Il rit se pinçant légèrement les lèvres. «C’était exactement ce que j’entendais.» Bien sûr que non, il le savait, elle le savait probablement aussi. Mais c’était histoire de dire, histoire d’appuyer qu’étrangement, il préférait sa vision à la sienne. Puis si on allait de ce côté là, vu son pyjama à lui - inexistant - c’était plutôt une bonne chose si elle s’accordait. Mais il se garda bien de le dire, la regardant distraitement, de manière ni trop appuyé, ni trop vague. Il savait ce qu’il voulait. Et là tout de suite, elle s’était plutôt bien débrouillé, c’était elle. Une danse, et il en était sûr, il ne voulait d’Electra, il ne voulait de personne d’autre ce soir, pas même de ce mec qui l’avait vaguement cherché du regard. Ce soir il ne rentrerait qu’avec elle. Ou avec personne. Et il avait parlé, évidement... Puisqu’elle le lui avait demandé, parce qu’il avait bu, parce qu’elle lui plaisait, parce qu’il était dur de se retenir. Enfin il avait été sage. Elle serait surement persuadé d’avoir compris des choses, elle était très certainement très loin du compte. Mais ce n’était pas grave, du moment qu’elle pensait savoir, qu’elle pensait comprendre, et qu’elle pensait le posséder, une partie de lui du moins, et bien c’était l’essentiel. Il se fichait bien de la réalité, après tout il était un grand menteur. « Pour le sang espagnol, je m’en doutais. Et en ce qui concerne le baiser… faut pas oublier que ça se fait toujours à deux! » Là déjà à côté de la plaque mais ce n’était pas gênant, c’était même pas plus mal. Enfin il la contrarierait probablement, tout de même, pour lui montrer qu’il était bien plus compliqué qu’elle ne le pensait. Que sa vie était simple, aujourd’hui, parce qu’il le voulait, mais que lui était un noeud de vie. Une musique commença, et elle l’attira pour danser. Il ne se ferait pas avoir une deuxième fois, et il la tira rapidement à lui, assurant une emprise sensuel sur elle. «Je m’embrasse très bien dans ce cas.» dit-il léger et amusé au simili de répondant qu’elle avait usé. «Et je n’ai jamais parlé de sang... Seulement de nationalité.» ajouta-t-il au creux de son oreille. Enfin si au final il avait parler de sang. Mais son sang était néerlandais, pas espagnol. Il se laissa aller à la danse, son corps jouant avec le sien, ses yeux répondant au sien, ses lèvres ne cherchant que peu subtilement à renouer avec les siennes, sans jamais vraiment les toucher. Et si une part de lui savait qu’Electra était entrain de le foudroyer du regard, il l’avait oublié, perdu contre le corps de sa partenaire.

« Qu’est-ce que tu rêverais de faire là, tout de suite? » Risqua sa partenaire provoquant un coup de chaud immédiat chez Jude qui ne parvint pas à éviter l’image brulante désormais ancré dans son cerveau. Il l’observa tourner sur elle même sans la lâcher du regard, avant de la récupérer contre lui, vraiment contre lui, sa main au milieu de son dos, la serrant contre lui, à l’espagnol, avant de lui répondre au creux de son oreille. «Que dirais-tu de découvrir l’une des plus belles vues de la baie ? Parce que oui la vue depuis la terrasse était splendide, mais comparée à celle qu’il avait depuis chez lui, ça n’était rien. Il savait bien que normalement il ne ramenait personne chez lui, mais il mentirait... Il n’avait de toute façon aucune envie de se vanter de richesse. Il la tira doucement par la main, s’assurant qu’elle voulait bien le suivre. Sortit dehors il ressentit à peine la fraicheur surement pas présente, et se tourna vers elle, la gratifiant d’un regard brûlant. «Ce n’est pas très loin, et ça vaut le coup, je te le promet.» Oh oui la vue depuis chez lui promettait, comme la totalité de son pentahouse qui était d’une beauté à coupée le souffle. Ils arrivèrent vite devant la porte d’entrée. «Ce n’est pas chez moi, tu sais garder un secret ?» demanda-t-il doucement, avant d’observer sa réaction, faisant inconsciemment le code sur le digicode et poussant la porte sans la lâcher du regard. Il l’entraîna dans l’escalier, vérifiant de temps en temps son regard, histoire de voir si elle se sentait capable de commettre un soit disant larcin. Il la laissa en haut des escaliers. «Je reviens.» murmura-t-il, allant simplement enfoncé les clés dans la porte pendant qu’elle s’imaginait bien ce qu’elle voulait. Il revint la chercher, mettant une main sur ses yeux, avant de la guider jusqu’à la terrasse. Il se recula lentement, lâchant toute emprise sur elle. «Alors ?» dit-il a distance, adossé contre le mur.




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MessageSujet: Re: No other plans - JUDE & ISLA   No other plans - JUDE & ISLA EmptyVen 3 Jan - 7:19


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Il y avait beaucoup de non-dits, et ça me plaisait. Ça me plaisait vachement au fond, et c’était ça qui était étonnant. Venant de celle qui faisait de la parole son boulot, de celle qui ne se taisait jamais, surtout lorsqu’elle croisait le chemin d’un beau garçon qui ne me laissait pas indifférente, c’était un sentiment plutôt intéressant. Plutôt surprenant aussi. Parce qu’au final, j’en avais marre de parler. J’en avais marre de m’expliquer, de me justifier, de me raisonner, aux autres et à moi-même, surtout à moi-même en fait. Et il me donnait l’opportunité de me taire, le plus naturellement du monde, de lui parler rien qu’avec mes yeux, rien qu’avec mon corps. C’était sensuel et libérateur à la fois, c’était un exutoire qui me donnait envie de quitter pour l’Inde passer des semaines dans un Ashram où le silence est obligatoire. C’était rafraîchissant, presque autant que mon verre qui était maintenant bien vide. Et malgré le fait qu’il me susurrait à l’oreille que j’avais tout faux pour le sang espagnol, malgré sa remarque hilarante sur le fait qu’il s’embrassait bien tout seul, je n’avais qu’une seule envie, qu’on se taise. Qu’on laisse les choses aller, qu’on se laisse guider par ce qu’on savait faire de mieux. Je lui envoyai un baiser soufflé à la dérobée comme une gamine avant de m’engouffrer sur la piste de danse, ne sachant pas trop pourquoi je m’y aventurais de nouveau puisqu’à la base ça c’était pas si bien passé que prévu. Mais il ne me laissa pas seule bien longtemps, se glissant agilement à mes côtés, plantant son regard dans le mien. Il était beau, le genre beau qu’on imagine, qu’on voit seulement dans les films. Je prêtais à mon jugement mes facultés affaiblies par l’alcool et par l’effet grandissant qu’il avait sur moi mais les choses étaient ce qu’elles étaient. Il était le mec le plus séduisant du bar et de loin, & j’aurais pu parier qu’il le savait. C’était ça, le magnétisme dont je parlais plus tôt. C’était le fait qu’il se savait charmeur, qu’il ne jouait pas de jeu au final parce qu’il était très bien conscient de son pouvoir et que ça l’amusait. Et même si je la lui faisais marrante et au-dessus de mes affaires, je devais lui donner qu'il m'avait presque gagnée.

Et on dansait. Et on se laissait désirer. Et on dansait encore. J’en étais à plus d’une chorégraphie spontanée avant d’oser me pencher à son oreille pour m’assurer qu’il entende la suite. Qu’il me réponde à savoir ce qu’il rêvait de faire là, à l'instant. Rien que comme ça, pour rire. « Que dirais-tu de découvrir l’une des plus belles vues de la baie? » C’était marrant. Parce qu’en me demandant ce que moi, je rêverais de faire de suite, j’avais eu envie de répondre que je souhaitais partir, voir le monde, encore, un peu, toujours. Que j’avais envie de fuir, aussi bêtement que ça, parce que ça goûtait bon, parce que c’était ce qu’il y avait de plus facile à mes yeux, à l’instant du moins. Et s’il avait été prêt à me suivre dans ma folie, j’aurais probablement été bien heureuse. Je l’y aurais encouragé limite, même si je ne savais rien de lui. Juste parce que ça m’aurait permis de laisser mes idioties de côté – lire ici : ma recherche maternelle fastidieuse et non-concluante – au moins l’espace de quelques jours. Signe qu’il fallait vraiment que je sorte prendre un peu d’air frais, et vite. « Je répondrais que j'en ai plus qu'envie. » m’exclamai-je, revenant sur Terre. Je vous vois déjà vous inquiéter pour moi, et ça me fait sourire. Oui, je ne connaissais pas son foutu prénom, ni qui il était. Il aurait pu me traîner dans le pire des pièges, dans la pire des histoires, mais je m’en fichais. Pour peu, lui-même n’en savait pas plus que ce que je lui avais révélé sur moi. Même si j’avais l’air d’une fillette dans le corps d’un adulte, j’étais peut-être une sérieuse folle doublée d’une tueuse en série? Nah. Mais j’avais déjà empilé des millions de conneries depuis le début de mon voyage autour du monde. Suivre des inconnus, faire confiance, parfois trop, c’était ma tasse de thé. J’y étais habituée et j’osais, plutôt que de rester en arrière à observer en silence. « Ce n’est pas très loin, et ça vaut le coup, je te le promet. »

Je pris naturellement sa main pour le suivre alors qu’il m’extirpait du bain de foule. Déjà, de mettre les pieds hors du club me fit le plus grand bien, et je pris une longue et profonde bouffée d’air, malgré la chaleur pesante qui nous englobait. Hochant positivement de la tête, je m’activai à la suivre à travers les rues de Buenos Aires, quelques minutes à peine, à alterner entre regarder les étoiles, la plage, encore les étoiles. Ici, toutes les vues se valaient. Tout était beau, de jour comme de nuit. J’en avais presque des frissons, mais je mettais la faute sur la sueur qui couvrait maintenant mon corps entier d’avoir trop dansé. « Ce n’est pas chez moi, tu sais garder un secret ? » je sursautai, amusée. On était déjà rendus tiens, et devant nous se tenait une imposante porte d’entrée. Ah ben, alors on jouait aux intruders? Bêtement, sa mention du mot « secret » me fit immanquablement penser à Deklan. Mon premier vrai secret, du genre douloureux, que j’avais caché à l’une des personnes qui savaient tout de moi. Mine de rien, j’ignorais pourquoi sa bouille niaise venait d’apparaître à mon esprit, mais j’aurais eu envie à l’instant de tout avouer à Ash. Malgré le fait que ça faisait des années lumières, malgré le fait qu’elle s’en foutrait surement… Je ravalai, pensive.

« Promis, juré! » je levai en l’air ma main gauche, solennellement. « Tu crois qu’ils ont quelque chose de bon au frigo? Je suis affamée. » j’avais fait attention de ne pas parler trop fort, rigolant en presque silence, le voyant filer par les escaliers alors qu’il venait de me laisser entrer dans un endroit qui ne nous appartenait pas ni à l’un ni à l’autre. Mais pour connaître le code d’accès, il devait être déjà venu, nah? Peut-être qu’il était du genre à squatter les maisons abandonnées ou les demeures en vente un temps, avant de changer d’habitation au gré de ses envies? Je laissai ma curiosité faire la suite, balayant la pièce où je me trouvais du regard. Il faisait plutôt noir certes, mais j’avais quelques trucs à me mettre sous la dent. De grandes fenêtres, des plafonds très hauts, une déco simpliste, du moins de ce que j’arrivais à distinguer. Je passai doucement la main sur une table basse, me penchant vers la vitre devant moi pour tenter de voir ce qui se cachait derrière… avant de sursauter en sentant les mains de l’inconnu se déposer sur mes yeux. « C’est à ce moment que tu sors la hache et la pelle, ou tu attends un peu, le temps que je te file mon numéro de carte de crédit? » je rigolais, bien sûr, lui tirant la langue avec amusement pour ajouter à la blague. Non mais, s’il avait voulu me tuer et me voler mon argent, il l’aurait fait bien avant. Quelques pas plus tard, après avoir lamentablement titubé, il m’autorisa à voir de moi-même, s’éloignant, me laissant ouvrir les yeux sans me bloquer la vue. Et le spectacle était… magnifique. « Alors? » « Je, je… wow. »

L’air était parfumé d’eau salée, de sable, de vent. J’en étais complètement bouche-bée, tellement on s’y sentait bien. Il n’avait pas menti. Je pris le temps de tourner sur la terrasse, de profiter de chaque point de vue comme si je n’avais jamais vécu quelque chose de si beau. La vérité, c’était que j’étais facilement émerveillée, et que je ne me cachais pas lorsque quelque chose me fascinait. Ici, on avait droit à une Isla complètement subjuguée qui laissa souffler un soupir d’envie. Je pris de nouveau une grande inspiration d’air pur, fermant doucement les yeux. C’est bête, mais j’échangerais bien tout ce que j’avais pour être aussi libre que l’air, juste pour voir ce que ça pouvait bien donner comme résultat, de n’avoir aucun port d’attache, aucun compte à rendre, niet, nada. Il avait réussi. À me couper net le sifflet. À m’enlever le goût d’ajouter quoi que ce soit d’autre que d’admirer ce qui se trouvait devant moi. « Bien joué! » que je lui lançai, lui offrant en prime quelques applaudissements de circonstance. « T’as l’œil pour convaincre les gens de rester encore un peu à Buenos Aires. » Je le voyais bien se servir de cette vue de fou pour séduire ses proies, soir après soir. Pour chaque fois leur montrer un nouvel aspect d’une ville qu’elles croyaient connaître comme le fond de leur poche. Ou peut-être pas. Peut-être que j’étais la seule qu’il amenait ici, avec qui il partageait ce petit bonheur, ce petit moment bien secret. L’interdit ajoutait aussi au stratagème, l’impression de pouvoir être dérangé n’importe quand et par n’importe qui. & parlant de ça…

« Combien de fois est-ce que tu viens profiter de leur terrasse, dis? À ceux qui ignorent qu’on est là? »

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MessageSujet: Re: No other plans - JUDE & ISLA   No other plans - JUDE & ISLA EmptyVen 3 Jan - 23:16


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Jude était ce qu’on appelle un menteur professionnel. Pas compulsif, mais il savait y faire et ne manquait pas une seule occasion de falsifier sa vie. Il fallait dire que son habilité à tout changer de son curriculum vitae, ou de son identité dans les sphères profondes d’internet ne l’aidait clairement pas à modifier cette foutue habitude. Mais bon, même avant ça il n’avait jamais réellement été lui même. Ce n’était pas parce qu’il ne s’aimait pas. C’était qu’il s’aimait multiple. En grandissant seul il avait forcément appris à se répondre. Et puisqu’il était autant, il passait de l’un à l’autre sans trop de problème. Mais aujourd’hui c’était certainement une autre histoire. Il aurait pu lui dire la vérité. Il aurait pu décliner son identité, ou au moins lui dire que c’était bien chez lui qu’ils allaient. Mais ça faisait pédant. S’il lui avait dit «et si on allait chez moi ?» les choses auraient été trop clair, trop violente, ça aurait fait le mec qui avait déjà le pantalon sur les chaussettes. Et en plus de faire Casanova, il serait passé pour un homme riche et ridicule qui emmène ses conquêtes dans son pentahouse comme des trophées pour les éblouir un instant et probablement les jeter juste après. Enfin il ne savait pas, il devinait, mais il supposait que ça ne donnerait probablement pas une bonne image. Et au cas ou elle ne le prenait pas de la mauvaise manière, elle pourrait toujours lui demander dans quoi il travaillait, lui qui semblait gagner aussi bien sa vie. Et qu’aurait-il pu répondre ? Qu’il piochait ça et là sur les comptes en banque des gens qu’il rencontrait ? Qu’à coup de petites sommes qu’il effaçait purement et simplement du compte comme si elles n’avaient jamais existé, il s’était lui fait une petite fortune. Ce n’est pas qu’il n’assumait pas. C’était que ça ne regardait que lui, et que commencer à le raconter, c’était risquer de se faire choper. On ne se vante pas de ces choses là. Alors mentir était encore l’alternative la plus évidente. Il n’y avait qu’à jouer le secret, l’interdit, qui en plus d’être bien pratique, faisait généralement monter la température assez rapidement. Si ça ne la faisait pas fuir. Mais il n’avait rien à perdre. De toute façon il ne voulait pas passer plus d’une minute avec une fille qui n’était pas prête à prendre un minimum de risque pour s’amuser. Les gens simples, qui ne savaient pas sortir des chemins tracés l’ennuyaient. Les gens coincés dans leurs carcans, ceux qui se plient en quinze pour passer au creux des lois l’agaçait. Lui il transperçait tout, comme bon le lui semblait, rien n’était fait pour lui résister. Rien n’y personne. N’y voyez aucune prétention, il n’était jamais particulièrement sur de réussir, il mettait simplement tout de son côté. Et bien sûr chaque jour, par rapport à la population dites normales, il se compliquait drôlement la tâche pour enfin , un jour, se la rendre plus simple.

On perdait toute notion du temps, et l’idée même d’interdit semblait ramené dans le cerveau de Jude un paquet d’information absolument inutile pour l’occasion. Il sourit sous le serment qu’elle réalisa. Bien sûr il s’en fichait, elle pouvait aller, ou non, répéter à tout le monde qu’elle était rentrée par «effraction» chez lui, on se foutrait surtout de sa gueule. « Tu crois qu’ils ont quelque chose de bon au frigo? Je suis affamée. » Euh.... Soudainement il chercha à se rappeler ce qu’il pouvait bien avoir dans son frigo... Quand était la dernière fois qu’il avait fait les courses au juste ? Enfin qu’il s’était commandé quelque chose. Il grimaça. Il n’en avait aucune idée. C’était plutôt mauvais signe. C’était que c’était trop lointain... «Je ne sais pas... Je crois que les propriétaires sont en vacances depuis un moment...» Oh putain il était un génie. Sa flemme intersidéral de faire les courses venaient justement corroboré le faite qu’il venait squatter la maison de quelqu’un d’absent. S’il pouvait se faire un high five personnel sans que ça ne paraisse stupide, il l’aurait surement fait. «Mais on pourra jeter un coup d’oeil au fond de placard.» Ou commander quelque chose... Il regarda un instant sa montre... ou peut être pas... A cette heure là, il n’y avait plus grand chose de fameux à obtenir. Alors qu’il mettait ses mains sur ses yeux elle sursauta doucement, lançant, comme elle savait si bien le faire, une blague. « C’est à ce moment que tu sors la hache et la pelle, ou tu attends un peu, le temps que je te file mon numéro de carte de crédit? » Il aurait pu lever les yeux aux ciels, et ne rien dire, mais la blague était trop tentante. Il aurait été absolument indécent de refuser une telle perche. Faisant glisser sa deuxième main le long de sa nuque, dégageant ainsi son cou de ses cheveux, il s’approcha, presque sifflant de son oreille. «Dans une maison qui n’est pas la mienne, l’incendie est plus recommander, il laisse moins de trace...» dit-il murmurant, sifflant, légèrement flippant. Il se releva vite, et étant arrivé à la terrasse il retira sa main, s’éloignant rapidement, avant d’ajouter léger. «Et puis pas besoin de te demander ton numéro, je suis médium...» Mais bien sûr... Bon là ou il n’avait pas tord, c’est qu’il pourrait le retrouver... Enfin il lui faudrait un nom tout de même. Enfin un point de départ... Quoiqu’il pourrait peut être la retrouver en cherchant un peu... Après tout elle lui avait dit qu’elle avait pris un avion depuis Los Angeles pour le Brésil il y a deux ans... Mais bon, c’était vague... Il y passerait beaucoup d’heure pour pas grand chose. Pourquoi pensait-il à ça déjà ? « Je, je… wow. » Il sourit, véritablement satisfait de l’effet. Il restait toujours en retrait, la laissant profiter de la vue, et des potentiels sensations qu’elle pouvait ressentir. « Bien joué! » il la regarda applaudir. Elle avait un sourire magnifique. « T’as l’œil pour convaincre les gens de rester encore un peu à Buenos Aires. » Il n’allait pas dire que les femmes étaient relativement simple à combler, mais il le pensait légèrement. Ca n’aurait pas aussi bien marché avec un homme. Enfin tout dépendait son degré d’homosexualité surement. Lui aurait été plutôt insensible. Enfin non, il appréciait, il adorait même ce genre de vu, mais... Enfin peut être était-ce parce qu’il l’avait déjà de son appartement, qu’il se fichait un peu de l’avoir lors d’une soirée de drague au hasard. «On laissera ça sur une carte pour les propriétaires - Merci de m’avoir convaincu de rester chez vous - vous avez décidément une vue admirable» dit-il souriant. Ca pourrait être marrant.... S’ils étaient effectivement chez autrui... Enfin, ça le ferait toujours rire de retomber sur la carte les jours suivant. « Combien de fois est-ce que tu viens profiter de leur terrasse, dis? À ceux qui ignorent qu’on est là? » Ahah bonne question. Alors combien de fois Jude ? Tous les jours ? Hum. Il sourit en attendant de trouver la réponse appropriée. «Hum... Un certain nombre... J’aime travailler devant une belle vue.» Qui pourrait vouloir le contredire en même temps ? C’était absolument parfait. «Mais j’aime aussi varier les plaisirs.» Quelle vie était-il encore entrain de s’inventer ? D’ailleurs en parlant de plaisir... Son sourire était absolument divin. Enfin ses lèvres. Il fallait dire c’était probablement le moment idéal. Alors qu’est ce qu’il attendait au juste ? Que le soleil tombe finalement complètement dans l’océan ? Qu’ils ne soient éclairés qu’à la lumière faible des lampadaires ? «Ne bouge pas, je reviens.» Ah bah c’était malin. En même temps si ce n’est pas un temps soit peut fluide et sur le moment, c’est surtout bizarre. Il fila dans la cuisine, en passant par la chambre. Il ouvrit rapidement son ordinateur, et en quelques clics lança de la musique. Une musique qui emplit automatiquement tout l’immense appartement. Il ouvrit ensuite le frigo, grimaçant, clairement il était mauvais là. Il trouva tout de même un boite de glace dans le congélateur, une clémentine sauve parmi d’autre en moins bonne état, et un paquet de gâteau type petit beurre. Il déposa sur une assiette propre - au moins son frigo était certes vide, mais il était un pro du ménage - deux boules parfaitement ronde de glace, avant de planté un gâteau sur le haut de chacune d’elle comme deux sourcils, et de venir formée une petite bouche avec les quartiers de clémentine. Une vraie oeuvre d’art. Il revint avec l’assiette dans le dos, finissant par la sortir l’assiette de sous ses yeux. «On pourra rajouté sur la note qu’ils devraient remplir leur frigo mieux que ça» dit-il en roulant des yeux, se demandant si ce qu’il faisait n’était tout de même pas un peu pathétique. «Mais bon comme je suis un grand cuisto...» Au moins il avait le sens de l’humour. Il la regarda un instant, son regard passant doucement de ses prunelles, à ses lèvres, à la glace. Il ne mit pas plus de quelques secondes avant d’une part poser l’assiette sur le rebord de la balustrade, et d’une deuxième part réduire toute distance qu’il y avait entre les deux, et de l’embrasser. On disait de toute façon que dans ses moments il fallait arrêter de réfléchir... Et que oui la glace allait surement fondre dans son coin. Mais que là, franchement, il en avait rien à foutre.

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MessageSujet: Re: No other plans - JUDE & ISLA   No other plans - JUDE & ISLA EmptyLun 6 Jan - 0:02


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J’entendais déjà Lavender et Rosa rigoler. De me voir filer avec un parfait inconnu dans les rues sombres et sinueuses de Buenos Aires était du typique Isla. La gamine de 5 ans qui grimpait aux arbres juste parce qu’il y avait de jolies feuilles tout en haut. L’adolescente de 15 ans qui tombait éperdument amoureuse du seul mec duquel elle n’aurait jamais dû. La tête en l’air de 22 ans qui quitte l’université pour parfaire ses talents de photographe « dans la vraie vie ». La presque-adulte de 25 qui quitte tout avec un maigre 574,86$ dans son compte en banque avec le désir fort et profond de faire le tour du monde. Suivre l’autre était la dernière de mes inquiétudes et je ne pouvais pas être mieux. J’appropriais ce sentiment de sérénité aux quelques verres que j’avais enfilés comme une championne, mais surtout au fait qu’il n’avait jamais tenter de me brusquer de toute la soirée. Les mecs qui insistaient trop, qui avaient leurs intentions clairement tatouées au front m’ennuyaient. On savait déjà qu’on s’en voudrait, le lendemain matin. Qu’ils nous fileraient un goût amer en travers de la gorge, d’avoir succomber après une tequila particulièrement épicée. Encore à 27 ans, je croyais au romantisme. Et pas celui avec des fleurs hors de prix, des bains moussants trop parfumés et des déclarations d’amour impersonnelles devant la ville entière. Nah. Moi je croyais au romantisme candide, improvisé. Je voulais qu’on me raconte des histoires rocambolesques, qu’on commande des drinks complètement imbuvables ensemble juste pour rire, qu’on fasse la course jusqu’au supermarché le plus proche pour faire le plein de gâteaux et de croustilles, qu’on débarque chez lui et que je fouille à travers ses tiroirs pour dénicher un immense pull pour m’en enrober, qu’on s’invente de nouvelles identités, de nouveaux noms, qu’on reste debout toute la nuit et qu’après une sieste rapide, je me rende compte qu’il se soit endormi en me flattant les cheveux. Je rêve de romantisme au goût de petit-déjeuner du lendemain, suivi d’un baiser plein de sens, qui dit merci et au revoir. Je rêvais d’une histoire où je me retrouverais, où je ne regretterais pas en recroisant le mec, en y repensant aussi. Aucune attache, mais de la magie comme ils disent si bien.

« Je ne sais pas... Je crois que les propriétaires sont en vacances depuis un moment... » Et je me demandai vraiment qui pouvait envie de partir en vacances lorsqu’on pouvait habiter dans un endroit pareil. J’haussai donc le sourcil, étonnée. Rien que de l’extérieur, j’avais rarement vu tant de luxe rassemblé à un seul et même endroit. Fallait dire que j’avais l’habitude de traîner dans les quartiers les plus modestes, mais tout de même, j’étais impressionnée par tout ce que pouvait dégager un simple mais si impressionnant penthouse, à Buenos Aires. M’enfin, le problème n’était pas leur absence, au contraire, mais plutôt l’absence de nourriture dans leurs placards. Et puis malgré le fait que j’aurais pu faire comme toutes les autres files – croyez-moi je bosse en mode j’ai l’habitude d’entendre des horreurs – je n’avais absolument aucun problème à mentionner à un potentiel partenaire d’une nuit ma faim. Comment voulait-il que j’ai l’énergie nécessaire pour l’embrasser lorsque le moment serait choisi si je sentais mon estomac se torturer dans tous les sens parce qu’encore une fois, j’avais sauté le dîner, et le déjeuner, et peut-être même le petit-déjeuner si on se disait qu’une chewing gum à la cerise n’était pas suffisant? Ouais, la photo et mon blogue ne me rapportaient pas assez d’argent pour que je puisse m’assurer à chaque jour d’avoir mon apport quotidien en fruits et en légumes, mais ça, il n’avait pas besoin de le savoir. Bref, nos hôtes pour la nuit pourraient bien avoir laissé simplement quelques petits crackers et du fromage au frigo que j’aurais été plus que satisfaite. Au mieux, ça changera des céréales que je bouffais depuis je ne sais combien de temps, parce que côté fibres et protéines, elles assuraient.

Et je sentis ses mains se poser sur mes yeux, doucement. Amusée, j’osai lui demander si c’était là le moment où il allait m’amener à une fin tragique… ce qu’il alimenta en ajoutant : « Dans une maison qui n’est pas la mienne, l’incendie est plus recommandé, il laisse moins de trace... Et puis pas besoin de te demander ton numéro, je suis médium... ». J’ignore si c’est le fait qu’il semblait particulièrement sérieux, qu’il jouait le jeu à la perfection ou qu’il s’était assez rapproché de mon oreille pour que je puisse prendre une longue inspiration de son odeur, un mélange de parfum et de sueur particulièrement excitant ou la brise fraîche qui venait de nous rejoindre, mais je sentis mon corps frissonner. Comme les jeunes filles qui entendent un mot auquel elles ne sont pas habituées. Comme l’américaine que j’étais, livrée aux bonnes intentions – et aux moins bonnes – d’un espagnol néerlandais terriblement attirant. « Par chance que tu as choisi une maison en bordure du centre-ville. Je pourrai compter sur une arrivée plus rapide des pompiers. » Il pouvait bien essayer de m’avoir, j’étais particulièrement forte au jeu de la répartie. Pour avoir passer ma vie à répondre à quiconque voulait l’entendre, j’avais pour sûr développé quelques talents en la matière. Et un devin, tiens? Marrant, on me l’avait jamais fait celle-là. « J’imagine que tu ne verras pas d’objection à me montrer ta boule de crystal, dans ce cas? » que je blaguai, pleine de sous-entendus, avant de tituber lamentablement à mon arrivée sur la terrasse. Par chance, il me libéra de ma noirceur assez vite pour que je puisse retrouver un minimum de constance, un peu trop émerveillée par le paysage féérique qui se trouvait devant moi pour faire autrement. Je pris de le temps de tout voir, même s’il y avait tellement sous mes yeux que j’aurais pu rester là, silencieuse, à tout fixer pour encore de longues heures. J’avais cette facilité à me laisser émerveillée par tout, d’un simple petit truc à une immensité, comme la vue qui s’offrait à nous. Je crois même que c’était ce que j’appréciais le plus chez moi, d’être celle qui s’impressionne de tout. Ça rendait la vie plus… magique. Faut croire.

« On laissera ça sur une carte pour les propriétaires - Merci de m’avoir convaincu de rester chez vous - vous avez décidément une vue admirable. » qu’il répondit à ma dernière blague. Et j’hochai de la tête, convaincue que les habitants de la maison seraient biens heureux de savoir qu’ils avaient vu leur tranquille demeure envahie par deux jeunes fous. « T’évitera d’y laisser des empreintes digitales, au cas où! » ouais ça y était, je me sentais complètement comme dans un film d’espion, moins les costumes en lycra noir moulants qui nous sauvaient d’être repérés par des caméras. Oh, de caméras. Y’en avait-il, ici? Un voile d’inquiétude me traversa, mais de le voir si calme, si détendu devant moi suffit à me rassurer. Si vraiment j’avais eu à m’inquiéter, je m’en serais rapidement rendue compte. À la place, il m’observait, un sourire en coin, profiter du spectacle. Et s’il venait aussi souvent qu’il le disait, s’il débarquait travailler ici en secret, il devait immanquablement connaître l’horaire des habitants, non? Alors, s’agissait-il de la maison de ses parents? D’un bon ami? D’une ex? Son regard se voulait de plus en plus invitant, et une tension plutôt palpable, la même que je discernais déjà sur le plancher de danse il y a peu, venait de faire son retour. Mince, ça devenait lourd de se regarder sans rire faire… « Allez, soit honnête! On se trouve chez ta grand-mère et tu viens arroser ses fleurs lorsqu’elle retourne voir son amant à Miami? » que je rigolai, faisant ma maline, tentant de trouver au moins un petit détail qui confirmerait sa confiance aveugle. Mais il fila, un mince « Ne bouge pas, je reviens. » au bout des lèvres. Arf, que je pensai, avant de me remonter le moral au son des vagues que j’entendais se casser au loin. Et juste au moment où je me demandais s’il n’était pas vraiment en train de téléphoner à sa mamie pour lui confirmer que tout allait avec son hibiscus, je le vit revenir, une surprise entre les mains. « Oh! » que je m’exclamai, le sourire aux lèvres. Devant moi se trouvait le plus adorable des desserts, une glace à la vanille, quelques gâteaux et quartiers de clémentines formant un visage, ou du moins un effort de. J’aurais pu craquer pour sa voix langoureuse, pour ses pas de danse sensuels ou pour son côté mystérieux, mais vraiment, là tout de suite, j’étais sous le charme de ses talents en cuisine. Rien que ça. Ouais, il avait assuré. «On pourra rajouté sur la note qu’ils devraient remplir leur frigo mieux que ça… Mais bon comme je suis un grand cuistot... » « Pas le choix, il faudra faire une liste complète. Notre confort avant tout! »

Les yeux brillants, je fis mine de vouloir prendre une clémentine, avant de le voir déposer doucement l’assiette, et se pencher vers moi. Ses lèvres ne mirent pas trop de temps à trouver les miennes et si j’avais pu, j’aurais soupiré de soulagement. Évidemment, je lui retournai son baiser, évidemment je contrebalançai en déposant mes bras autour de son cou alors qu’il venait d’enlacer ma taille. L’interdit me plaisait, il me plaisait. Au rythme de notre étreinte, j’oubliais un peu tout ce qui me trottait en tête, parce qu’il était ce dont j’avais besoin maintenant. Un mec qui ne se prend pas la tête, qui m’encouragerait à grand coup de baisers enflammés à laisser mes mille et unes histoires de merde de côté, le temps d’un soir. Demain, c’était autre chose. Mais maintenant, j’avais un plaisir fou. Bientôt, il m’appuya sur la balustrade, rendant notre échange encore plus passionnée. J’avais peine à reprendre mon souffle pour suivre le rythme, passant maintenant mes doigts dans ses cheveux, puis sur sa nuque. Je m’aventurai aussi du côté de son dos, relevant à peine son t-shirt pour y glisser un index discret. Mes mains se faufilèrent ensuite jusqu’à son jeans, la poche arrière plus précisément, là où je trouvai ce qui me convainquit de l’abandonner, le temps de quelques secondes, histoire de faire durer un peu plus le plaisir. Du moins, c’était ce que je tentais, dans un dernier élan. Fière, je brandis sous ses yeux les cuillères qu’il avait apportées, prête à goûter à ce qu’il nous avait si savamment préparé. « Bien vu, je me serais mal imaginée manger ma glace avec les doigts. » le sourire espiègle accompagna à merveille mes paroles, avant que je prenne place au sol, l’assiette sur les genoux, l’invitant d’un geste à venir s’installer près de moi. « Je vivrais bien cette vie-là. » je regardai autour de moi, encore charmée. « Passer mes soirées dans divers bars, entrer par effraction chez les gens riches et célèbres et piquer dans leurs frigos… Va vraiment falloir que tu m’enseignes! »

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MessageSujet: Re: No other plans - JUDE & ISLA   No other plans - JUDE & ISLA EmptyMar 14 Jan - 11:29


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Jude ne savait jamais à quel point il était doué ou pas dans le relationnel. Bien sûr il faisait semblant de savoir, et dégageait une assurance que l’on ne pouvait pas détruire. Mais la vérité était légèrement plus compliquée que cela. Presque entièrement seul - mise à part sa mère - pendant les quinze premières années de sa vie, il était entré plutôt tard sur le marché des amis, et avait ainsi commencé sur les chapeaux de roue sur le marché des petites amies. A l’époque il ne connaissait que les histoires, avait dévoré les livres, les films, et les émissions de radio. Il n’avait rien fait, mais il était persuadé de tout savoir. Il était diablement mignon, et terriblement rocambolesque. Et même en Espagne, il était exotique. Il avait toujours été le gamin qui ne venait de nul part, et si ça aurait pu le déranger, lui en jouait énormément. Il était d’ailleurs maintenant plutôt incapable de compter ses aventures, parce qu’il avait abusé des bonnes choses, qu’il s’était laissé emporté dans la découverte de la liberté, et qu’il avait dépassé toutes les limites. Bien sûr, il se souvenait de certaine, de certain, de ceux qui avait le plus compté. Mais c’était tout, il ne saurait même pas dire le nom exacte. Peut être parce que pendant quelques périodes il avait été jusqu’à laissé tomber le rocambolesque, s’essayant à la drague pure et dure, violente et efficace. On ne lui disait jamais non de toute façon. Et puis il s’était cassé la gueule, pas en matière de drague, mais pour autre chose, et son imagination l’avait protéger. Pour supporter l’enfer, il s’était plongé dans la romance, et son cerveau avait fait le reste. Alors évidement, maintenant tout était partie sur les chapeaux de roue. Il était le conte de Monté Cristo, Dracula même s’il le fallait. Il s’amusait comme un petit fou, et vivait les mille et une vies qui lui était destiné.

Bien sûr ses vies étaient toutes des mensonges. Il avait parfois du mal à se souvenir quand était la dernière fois qu’il avait été vraiment honnête avec quelqu’un . Même Electra ne savait pas tout, et pourtant elle en savait, beaucoup trop. Mais rien de ce qu’elle savait ne s’échappait de Buenos Aires. C’était une règle. La vie de Jude était rangée dans de petite boite dans son cerveau, et il savait lesquels ouvrir, lesquels partager, et lesquels garder précieusement fermée, à l’abris de tout regard. Et s’il s’autorisait toujours à révéler quelques parcelles de vérité - parce qu’il était toujours plus simple de dire la vérité que de s’inventer une vie entière - il ne disait que des choses sans importance. D’ailleurs ses mensonges étaient aussi sans importance. On s’en fichait que cette maison soit supposément la demeure d’étranger, alors que c’était la sienne. C’était un simple acte de protection. Et puis il préférait jouer le sans le sous malfrat que le plein au as tout aussi malfrat par ailleurs. Il aurait pu être un Robin des Bois, c’était une belle image. Mais il avait bien souvent la flemme. Il le faisait de temps en temps, quand il avait un truc qui lui chiffonnait la conscience, ou je ne sais quoi.

La jeune femme était un compagnon de jeu idéal, elle avait une répartie délicieuse, sans parler de ses courbes, et de l’odeur que dégageait sa peau, et si elle frissonnait sous sa voix elle ne tremblait pas pour autant, et ne semblait pas sur le point de s’échapper en courant. Caractéristique d’une femme d’aventure, et de courage. Il aimait ça. « Par chance que tu as choisi une maison en bordure du centre-ville. Je pourrai compter sur une arrivée plus rapide des pompiers. » Il se permit de rire doucement, de manière énigmatique et réfléchit, comme si le tueur qui était en lui se délectait de la réponse qu’elle lui faisait, réfléchissant alors comment la tuer. « J’imagine que tu ne verras pas d’objection à me montrer ta boule de crystal, dans ce cas? » Répondit-elle un peu provocatrice et péremptoire en arrivant sur la terrasse, il lâcha ses yeux et la fit tournée jusqu’à devant lui, plongeant ses yeux dans les siens. « Pas besoin de boule de cristal pour un devin... Je lis dans ton regard !» dit-il avec un ton ridicule beaucoup trop sophistiqué pour ne pas avoir été travaillé. Donnant une nouvelle impulsion délicate de sa main sur sa taille il l’invita à se retourner devant la vue. Magique. Oui elle l’était. Il savait qu’elle aimerait. Il s’en était douté. En même temps qui ne pourrait pas aimer ?

« T’évitera d’y laisser des empreintes digitales, au cas où! » Il hocha la tête, pensif. Son ordinateur était peut être la seule chose qu’il n’avait pas encore parfaitement sécurisé. Si quelqu’un tombait dessus, à partir du moment ou il possédait un minimum de niveau avec les ordinateurs, comme c’était surement le cas d’un bon nombre d’agent de police fédéral, pourrait trouver à la fois ses empreintes digitales et aussi les traces de ses actions qu’il était le seul à posséder. Il secoua légèrement la tête éloignant se sujet fâcheux de sa pensée, il s’en occuperait demain. « Allez, soit honnête! On se trouve chez ta grand-mère et tu viens arroser ses fleurs lorsqu’elle retourne voir son amant à Miami? » Il sentit la blague, qui lui arracha un sourire sincère, comme une sonnerie d’alarme pour passer à autre chose. Enfin autre chose, pas nécessairement en matière de sujet, mais il allait devenir fou à la regarder sans rien faire, et en même temps avec cette histoire stupide d’ordinateur et d’empreinte digital il s’était paralysé tout seul. Il revint rapidement avec deux assiettes à dessert remplie d’une collation savamment préparé. Il fut ravis de voir son sourire s’élargir lorsqu’il montra les assiettes... Et avec quelques minutes de retard, alors qu’elle lorgnait sur les clémentines, il se permit de répondre à sa question lancée en l’air comme une blague. «Ma mère est orpheline et vit à Chicago. Mais les propriétaires sont des américains qui passent surement plus de temps aux Etats Unis qu’ici... J’ai vérifié.» lança-t-il le plus sérieusement du monde, conscient qu’il venait tout de même de se révéler beaucoup en une seule phrase. Pour éviter trop de question, il enchaîna rapidement sur une phrase vantarde quand à ses qualités de cuisto à laquelle elle répondit - comme d’habitude visiblement - à la perfection. Elle se décida enfin à se jeter sur une clémentine, mais il ne lui en laissa à peine le temps, l’amenant jusqu’à lui pour l’embrasser. Il en rêvait. Depuis qu’elle même s’était jetée sur ses lèvres pour... Je ne sais qu’elle raison. Mais il en avait envie, terriblement envie. Il appuya son baiser avec plus de force et de passion, jouant avec ses mains, excité de la sentir réagir à son baiser. Il sentit sa main se glisser dans sa poche arrière et se retirer aussi sec, lui enlevant un poids, il ne put s’empêcher de penser qu’elle serait une piètre pickpocket. « Bien vu, je me serais mal imaginée manger ma glace avec les doigts. » Bien sûr qu’il voyait bien. Il la rejoint sur le sol, armé d’une petite cuillère et d’une assiette, et alors qu’il en avait une sur les jambes, il piocha délibérément dans la sienne à elle. « Je vivrais bien cette vie-là. » Qui ne la vivrait pas ? « Passer mes soirées dans divers bars, entrer par effraction chez les gens riches et célèbres et piquer dans leurs frigos… Va vraiment falloir que tu m’enseignes! » Il sourit, énigmatique, avant de répondre, entre deux bouchées de glace. «Un magicien n’enseigne jamais ses tours.» Et après tout c’était ce qu’il était, non ? Un magicien. Il pouvait faire apparaître et disparaître des personnes légalement parlant. Enfin illégalement parlant plutôt, mais les gens, enfin identités semblaient apparaître en toute légalité. Adossé à la rambarde de la terrasse il la regarda avec attention avant de dire avec une voix suave parfaitement maîtrisé. «J’ai terriblement envie de toi... Et je n’arrive pas à savoir s’il est possible de se lasser de toi...» Sur le coup, il était sincère. Ses sourires, sa simplicité, sa légèreté... Elle était suffisamment rare pour qu’il ne soit pas sûr pour qu’à l’instant présent elle soit totalement obnubilante. Après l’histoire lui avait enseigné qu’il faisait rarement des fixettes sur des filles, et que bien que romantique sur les bords, il tombait rarement dans la romance longue durée. Bien sûr qu’il se lasserait. Mais demain. Ce soir, elle pouvait être ses jours, ses nuits, sa reine, peut importante, elle était tout.


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MessageSujet: Re: No other plans - JUDE & ISLA   No other plans - JUDE & ISLA EmptyDim 19 Jan - 23:18


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L’histoire des empreintes m’avait tout de même filé un peu de stress, assez pour que je me promette au passage de revenir sur mes pas et d’effacer mes propres doigts curieux du revers de la manche. Fallait dire que j’avais l’intérêt facile, mais aussi que j’avais facilement touché tout ce qui avait pu croisé mon passage depuis mon arrivée ici – escaliers, rideaux, fenêtre, balustrade… ce n’était pas ma flic de copine qui aurait été fière de savoir qu’en plus d’être entrée par effraction dans une maison de riches j’avais mis le coup de grâce en tripotant tout le plus innocemment du monde. Ma carrière d’espion venait de prendre fin au même moment où elle avait pu risquer de commencer. Parlant de boulot, je recommençai à me demander ce que nos hôtes pouvaient bien faire au quotidien qui les occupaient si souvent loin de leur demeure… S’ils voyageaient beaucoup, ils étaient peut-être journalistes? Si c’était le cas, je les avais possiblement déjà même croisé dans un événement médias? Rigolo. Ou alors, on avait frappé le jackpot et il s’agissait d’une maison d’acteurs ou de musiciens… ou peut-être même de dealer de drogue? Tant qu’à imaginer leur vie, je pouvais bien me permettre de leur ajouter un p’tit truc un peu illégal, suffisant pour m’enlever la culpabilité des épaules de profiter à leur place de la vue splendide qu’on pouvait avoir de leur terrasse. Hum. L’idée de me trouver dans le penthouse d’un caïd de cartel argentin me donna soudainement l’envie de farfouiller à la recherche d’un joint. Pas que j’avais une faiblesse pour la drogue en général, mais qu’à l’instant, quelques bouffés de fumée hallucinogène iraient à merveille avec l’effet de l’alcool qui rosissait encore mes joues. « Ma mère est orpheline et vit à Chicago. Mais les propriétaires sont des américains qui passent surement plus de temps aux États-Unis qu’ici... J’ai vérifié. » La voix de l’inconnu, et les quelques bribes de sa propre réalité suffirent à m’enlever le goût éphémère de la mari. Sa mère, Chicago, les États-Unis… Et même si je me réjouissais d’en savoir plus sur lui, je me sentais tout de même particulièrement mal d’avoir insisté sur sa grand-mère alors qu’elle ne faisait tout simplement plus partie de sa vie. « Je suis déjà allée passer un été à Chicago, avec une amie. J’en garde vraiment un chouette souvenir. » J’avais eu envie de clore la discussion, à grands coups d’anecdotes simplettes et vides de sens. Il s’en fichait, de mes étés d’adolescentes. Et au final, je m’en fichais des propriétaires de cette maison. Tout ce que je voulais, c’était continuer de sentir son regard de braise sur moi, me consumant d’un simple coup d’œil.

Au même moment, il fila, me laissant la vue rien qu’à moi toute seule. Et j’en profitai comme personne, me réjouissant de ce petit moment avec le merveilleux, avec ce que l’Argentine, et peut-être même le monde du coup au moins ce soir, avait de plus beau à m’offrir. Si j'avais eu des ailes, je me serais permis un aller-retour rapide, planant au-dessus d’une ville qui ne dormait jamais, aller flirter avec les vagues, les étoiles, la lune. Mais à la place, j’en profitai pour me laisser bercer par la notes latines qu’on entendait au loin, provenant probablement du même bar où nous nous étions trouvés, quelques heures plus tôt. Parlant de temps, j’arrivais à peine à y mettre un chiffre, et pour être tout à fait honnête, ça me plaisait. Les minutes m’ennuyaient et en ce moment, j’avais tout sauf envie de succomber à mes démons bourrés de solitude. Il choisit cet instant pour se repointer le nez, bien fier de ses assiettes montées au hasard, délicieuse surprise sucrée qui m’arracha un éclat de rire rien qu’à voir la façon dont il avait savamment imaginé un visage avec les ingrédients qu’il avait sous la main. On avait là un créatif? Je me réjouis peut-être un peu trop vite, portant mon dévolu sur une clémentine, avant qu’il n’accapare toute mon attention en m’enlaçant, m’embrassant comme peu avaient eu l’audace de faire avant. Il avait ce magnétisme, cette façon de prendre tout ce qu’on lui donnait, et peut-être plus encore, comme si ça lui était dû. Et si on me l’avait demandé, là tout de suite, j’aurais pu facilement me donner toute entière tellement il avait ce pouvoir étrange sur moi. Sur toutes celles qui avaient dû croiser sa vie à un moment ou à un autre, une petite voix me murmura à l’oreille, et j’eus envie de ne pas l’écouter. Du moins, pas maintenant. If only for the story, que je lui répondis, prête à le suivre dans ses plans peu importe ce qu’ils pouvaient être.

C’est tout sauf de m’y être brûlée qui me motiva à me détacher, agrippant les cuillères qu’il avait eu la gentillesse d’apporter pour compléter nos gâteaux. J’avais simplement l’estomac à l’envers de n’avoir rien mangé depuis longtemps déjà, et malgré le fait qu’elles étaient à l’autre bout du monde, j’avais la frousse que mes tantes débarquent le regard déçu de savoir que malgré ma vie trépidante de globetrotter j’avais un gros 0 qui s’accumulait dans mon compte en banque, m’empêchant de me nourrir convenablement. Alors tant qu’à abuser de la maison d’inconnus, autant dévaliser leur garde-manger aussi! Il s’installa au sol à mes côtés, l’air amusé de piquer dans ma propre assiette et je restai bonne joueuse, me rapprochant de lui pour lui permettre de goûter à la crème glacée qui se retrouvait trop loin de sa cuillère. Comme une enfant, je restai là, grignotant le contenu de mon assiette, rêvant au style de vie un peu voleur qu’on aurait pu s’improviser là tout de suite. « Un magicien n’enseigne jamais ses tours. » qu’il me répondit, lorsque je lui demandai s’il voulait m’enseigner à vivre de la façon dont il semblait le faire. Je sourie, faisant ma maline, ajoutant « Si en plus d’être devin t’es aussi magicien, je vais commencer à croire que tu n’es qu’un mirage que j’ai croisé au détour d’une ruelle. » avant de lever les yeux au ciel, rigolant. J’admirais sa capacité à garder cette aura de mystère autour de lui, et malgré toutes les blagues que j’aurais pu faire, il n’en demeurait pas moins que ce qu’il dégageait si naturellement était intriguant et plus que séduisant. Mine de rien, et même s’il ne m’en disait pas énormément sur lui, je commençais à dresser un portait plus ou moins fidèle de ce qu’il m’inspirait. Je le voyais être le genre de mec qui ne restait jamais bien longtemps au même endroit, dans tous les aspects de sa vie. Qui se lassait vite, qui avait envie de magie, de surprise, d’aventure, d’énigmes, de secrets. Mes réflexions semblèrent l’inspirer puisqu’il en profita pour me draguer, ses prunelles cherchant l’attention des miennes. « J’ai terriblement envie de toi... Et je n’arrive pas à savoir s’il est possible de se lasser de toi... » Il était si sûr de lui, si en contrôle, que j’eus l’impression de perdre pied tellement je n’étais pas habituée à ce genre de comportement. Mes jambes se délièrent et je me levai, m’avançant lentement vers lui, ponctuant chaque pas de quelques mots, tentant l’humour encore une fois pour m’éviter de m’avouer tout de suite vaincue, comme je commençais lentement mais sûrement à vouloir le faire. « Oh, ce doit être parce qu’on ne se connaît pas encore vraiment, et que je pourrais facilement m’inventer toutes sortes d’autres vies. » Un sourire charmeur vint se dessiner sur mes lèvres, alors que j’arrivais presque à sa hauteur. « Je pourrais être une mannequin de 19 ans, une prometteuse petite cokée candide envoyée à travers l’Amérique du Sud pour faire la couverture du prochain Vogue. » Face à lui, je laissai mes doigts dessiner des lignes sur ses avant-bras, évitant de lui filer un coup d’œil pour ne pas perdre le peu de sérieux qui me restait. « Ou alors, je pourrais être une fiancée en fuite, prête à faire n’importe quoi pour m’éviter de retourner dans les bras d’un homme qui n’arrivait plus du tout à me combler. » Mes doigts remontèrent bientôt jusqu’à son torse, ses épaules, son cou, et bien vite sa mâchoire. J’osai un coup d’œil, me penchant sur son oreille, m’inventant une dernière vie. « Ou bien, j'étais témoin d’un meurtre, un truc gros impliquant la mafia italienne, quelque chose d’horrible qui ferait de moi la cible numéro un d’un gang avec des alliés aux quatre coins de la planète. »

Ces mille et unes vies mises ensemble me confirmèrent que la mienne était plutôt ordinaire, limite ennuyante. Du moins, qu’elle ne pouvait pas compétitionner avec celles des gens qu’on voyait à la télé, en plein milieu d’une crise, ou même, de celle des gens qui habitaient ici. La brise commençait à se lever, mais ma proximité avec l’inconnu suffisait à m’éviter tout coup de froid. En fait, je sentais des étincelles qui se dégageaient mes yeux, rien qu’à sentir son souffle sur mon cou. « Si tu réinventais ta vie, demain, à quoi est-ce qu’elle ressemblerait? » que je chuchotai, presque inaudiblement, au creux de son oreille. La tension était telle que je n’attendis pas trop longtemps avant de me hisser vers ses lèvres, y déposant doucement les miennes, avant de redéposer mes pieds au sol, comme si rien ne s’était passé alors que je venais de lui lancer la balle bien au loin, dans son camp. Sa main à proximité de la mienne, j’en profitai pour y enlacer mes doigts, l’attirant vers moi doucement. « J’ai envie de fouiller un peu. » que je m’exclamai, remarquant le soleil qui commençait tranquillement son ascension. L’idée de quitter la vue sur la baie me brisait le cœur, mais il était encore trop tôt selon moi pour mettre un point d’arrêt à la nuit. Et puis si au passage, il succombait et allait au bout de ses envies et de ses idées, probablement qu’on pourrait trouver à l’intérieur un endroit plus confortable pour s’y adonner…

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MessageSujet: Re: No other plans - JUDE & ISLA   No other plans - JUDE & ISLA EmptyMer 22 Jan - 13:51


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Jude se demandait qu’est ce qu’il lui fallait pour ressentir un peu d’adrénaline. Il savait facilement ce qu’il lui avait fallu. Mais aujourd’hui c’était un peu plus compliqué. Quoique pas forcément. Sa paranoïa c’était accentuée, il avait parfois des poussées d’adrénaline pour... rien du tout. Mais bien sûr contrairement à son invité, il ne ressentait strictement rien à être entrée soit disant par effraction dans son propre appartement. Enfin aucun stresse en tout cas. Il savait qu’aucun voisin ne risquait de s’inquiété, et que les caméras de surveillance aurait beau voir quelques choses ils ne faisaient simplement rien de mal. Finalement le seul sentiment que ça lui procurait était de l’amusement. De l’amusement de voir le sang de son invité battre sous ses tempes à une allure bien plus élevé que la normale. Son cerveau s’emballait lorsque lui était parfaitement calme. C’était ce qui faisait toute son aura. Sa sérénité contrastait parfaitement avec la légère agitation de la brunette et lui donnait une certaine puissance qu’il appréciait. Sans parler que pour quiconque qui n’avait pas une morale de vierge effarouchée, un mec qui sait rentrer par effraction dans les plus beaux appartements pour faire voir une vue, ça en imposait tout de même... Enfin, bien évidement que son jeu était parfaitement maîtrisé. Surtout que c’était la première fois qu’il le mettait à exécution. Pour appuyer le statut étranger de l’appartement contre les tentatives de se rassurer de la demoiselle, il ajouta une partie personnelle à l’histoire. A priori, ça ne l’avancerait pas à grand chose de savoir qu’il avait grandit avec une mère célibataire, et pas de grands parents. « Je suis déjà allée passer un été à Chicago, avec une amie. J’en garde vraiment un chouette souvenir. » Il la regarda légèrement amusé, avant d’hausser les épaules. «J’ai jamais aimé Chicago.» Peut être était-il trop vieux lorsqu’il y était arrivé, et puis il n’aimait pas particulièrement savoir sa mère marié à cette famille de fou... Il n’y était pas resté longtemps... Il n’avait plus besoin de rester dans les jupes de sa mère à l’époque. Il s’en foutait. Il était autonome depuis longtemps au fond. Il n’était resté avec elle simplement pour se rassurer. Il était aussi temps que ça cesse. Le mariage de sa mère et l’installation à Chicago lui avait enfin donner la raison parfaite de partir pour de bon. Enfin au moins le sujet personnel était clos. Ils pouvaient revenir à des sujets bien plus passionnant.

La nuit s’enfonçait dans le noir, la lumière de la lune brillante éclairant pourtant suffisamment la mer pour leur apporter de la lumière. Qui pouvait apprécier Chicago à côté de Buenos Aires de toute façon ? Surtout que bien que Jude est depuis un moment pris l’habitude de vivre dans le luxe qu’il pouvait se payer, il avait toujours un goût particulièrement développé pour les mauvais quartiers, la pauvreté, et les mauvaises odeurs... Il ne savait pas bien, c’était stupide, et ça contrastait énormément avec certain de ses goûts bien plus sophistiqué, mais il trouvait à la pauvreté énormément de charme. Sans parlé du faite qu’il estimait que c’était dans les pires situations de vie que se développait les plus grands génies. Malheureusement ces génies restaient souvent toute leur vie du mauvais côté de la barrière, lorsque les génies déjà riches se faisaient connaître mondialement. Mais Jude préférait le mauvais côté de la barrière. Celui sans prétention, bourré d’arrogance maligne et justifiée. C’était surement ce qu’il aimait tant à Buenos Aires, l’alliance de ses quartiers extrêmement riche dans lesquels il pouvait vivre sans éveillé de soupçon, et ses quartiers pauvres dans lesquels il pouvait se balader sans rien risquer. Peut être parce qu’il savait s’adapter et se fondre dans le paysage. Il était dandy chic dans les beaux quartiers, pauvre hispanique dans les bas quartier. Il commençait même à avoir un teint légèrement basané comme il le fallait.

Enfin il se perdait dans ses propres pensées alors qu’il installait de la glace sur une assiette avec une application incroyable. Il se faisait rire à vouloir faire plaisir à une inconnue. Mais elle avait l’air d’avoir le goût romanesque et lui même s’était laissé entraîner. Il ne savait même pas d’ou ça lui était venu... Il y avait à Buenos Aires suffisamment de fille prête à lui sauter dessus sans rien demander en échange, que l’on pouvait trouver que c’était une grande complication que de tourner autours du pot ainsi... Mais étrangement ça allait terriblement bien à la brunette. Et autant il semblait savoir jouer sa partie du jeu avec beaucoup de talent, mais on pouvait en dire autant d’elle, et chacun des mouvements de cheveux, de lèvres lui filait un coup de chaud. Bien qu’encore maître de ses pensées et de ses actions, il sentait bien qu’elle pourrait le rendre esclave de ses pulsions. Et pourtant dieu ce qu’il préférait avoir le contrôle. Alors prenant son mal en patience et observant la scène comme un jeu d’échec il s’amusait à piquer dans son assiette, grignotant un peu de la glace qu’il avait préparé. Il la voyait réagir positivement et souriait à son tour, persuadé d’avoir fait un bon mouvement sur le plateau. « Si en plus d’être devin t’es aussi magicien, je vais commencer à croire que tu n’es qu’un mirage que j’ai croisé au détour d’une ruelle. » Son sourire s’élargit d’autant plus. Il la regarda les yeux brillant, un sourire en coin bien placé, et haussant doucement les épaules il finit par ajouter, très simplement. «Qui sait ?» C’était mal d’accentuer le mystère, de forcer le mirage. Mais après tout, il serait aussi heureux d’être un rêve. Après tout vous imaginez la force d’un rêve ? C’est le genre d’idée qui s’insinue profondément dans votre esprit et qui peut aller jusqu’à hanter toute vos nuits. Il ne voulait pas particulièrement la hanté, mais savoir qu’il pourrait faire une suffisamment forte impression pour rentrer dans son subconscient et lui offrir un moment hors du temps et de toute conscience était quelque chose de tout à fait... parfait et jubilatoire.

Carte sur table il finit par jouer la franchise. Après tout il ne restait plus que ça à faire. Il trouvait le ciel moins noir, et il savait que ce n’était pas du à la lune, mais plutôt au soleil qui devait commencer à poindre légèrement à l’horizon, très très loin. Et si le soleil se levait, la nuit serait finie, et le charme brisé. En réponse à ses cartes il la vit se lever avec une souplesse délicieuse, elle n’était que mouvement, et hypnotisé par ses pas il l’écoutait avec une attention dont il faisait rarement preuve. « Oh, ce doit être parce qu’on ne se connaît pas encore vraiment, et que je pourrais facilement m’inventer toutes sortes d’autres vies. » Il sourit. Il pensait la même chose, après tout n’était-ce pas ce qu’il était entrain de faire depuis qu’ils étaient partit du bar ? « Je pourrais être une mannequin de 19 ans, une prometteuse petite cokée candide envoyée à travers l’Amérique du Sud pour faire la couverture du prochain Vogue. » Il fit une légère grimace alors qu’il sentit ses doigts sur ses bras. Il baissa un instant le regard sur ses mains avait de murmurer d’un souffle «J’espère pas.» Il ne savait pas si c’était le 19 ans, le cokée, et le superficiellement stupide qui était implicite qui le dérangeait, mais il ne voulait pas d’une fille du genre. «Ou alors, je pourrais être une fiancée en fuite, prête à faire n’importe quoi pour m’éviter de retourner dans les bras d’un homme qui n’arrivait plus du tout à me combler. » La fuite, nettement plus séduisant. Il sentait ses doigts grimper sur son torse et sa poitrine se soulever sous sa respiration de plus en plus lourde. Oh elle savait y faire, et ses muscles se tendaient un à un pour éviter de lui sauter dessus avant la fin du jeu. « Ou bien, j'étais témoin d’un meurtre, un truc gros impliquant la mafia italienne, quelque chose d’horrible qui ferait de moi la cible numéro un d’un gang avec des alliés aux quatre coins de la planète.» Dit-elle dans son oreille le faisant frissonné. Merde elle était bonne. La tout de suite il était capable de la soulever contre lui et de la prendre, sauvagement. Mais il n’en fit rien, restant tendu, les yeux mi-clos, collé contre elle, la tête baissée contre la sienne, respirant dans son cou. Moins il bougeait plus la tension devenait presque intenable. Le vent légèrement frai aurait pu le faire frissonner, mais il sentait chaque parcelle de son corps s’embraser à cause de la proximité. « Si tu réinventais ta vie, demain, à quoi est-ce qu’elle ressemblerait? » chuchota-t-elle au creux de son oreille. Son souffle le fit légèrement frissonné, il voulu répondre mais il reçu ses lèvres sur le sienne. Trop court, bien trop frustrant. Il aurait voulu pouvoir la retenir, appuyer le baiser, appuyer tout le reste. Mais elle lui avait échappé et attrapait déjà sa main - presque brûlante, le tirant vers l’intérieur. « J’ai envie de fouiller un peu. » Euh... Non. Lui n’avait pas envie... Il n’aimait pas particulièrement que l’on fouille dans ses affaires. Bien sûr ce n’était pas ses affaires techniquement, mais tout de même. Il la laissa le traîner un instant dans l’appartement avant de l’attirer à lui alors qu’elle s’approchait d’un meuble auxquels il ne voulait pas particulièrement qu’elle touche. Serrer contre lui, il dit dans un sourire. «Je pourrais être... Un hacker mondialement connu pour qui aucun gouvernement n’a de secret...» Il déposa un baiser dans le creux de cou, sa main caressant sa taille. C’était tellement jubilatoire de dire la vérité sous le coup de l’imagination... Bon il exagérait légèrement, il n’avait pas regardé les secrets de tous les pays... Pas même tous les secrets d’un seul... Mais il pourrait surement. Il recula doucement la gardant toujours contre lui. «Ou alors... Je pourrais être un robin des bois des temps modernes... Qui rentre par effraction chez les riches pour leur dérober leur richesse et les redistribuer...» Nouveau baiser dans le cou, il dégagea ses cheveux de ses épaules, dégageant aussi sa peau de tout vêtement avant de déposer un nouveau baiser sur sa clavicule. «Ou bien... Je pourrais être... Un agent du Mossad venu chercher des anciens Nazi pour leur faire payer l’assassinat de toute sa famille.» Il avait peut être un peu trop vu Inglorious Basterd l’ami... Pendant qu’il parlait il avait continuer à avancer, connaissant très bien son appartement, l’obligeant à suivre ses pas en arrière. Il s’arrêta juste avant qu’elle cogne le matelas, redescendant ses mains sur sa taille. Il vint déposer plusieurs nouveau baiser dans le creux de son cou, plus insistant, jouant savamment avec ses mains contre sa taille, son dos, avant de venir capturer ses lèvres avec une envie et une fougue à peine déguisée.

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MessageSujet: Re: No other plans - JUDE & ISLA   No other plans - JUDE & ISLA EmptyJeu 23 Jan - 15:22


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J’avais l’impression qu’il disparaissait. Qu’il disparaitrait. Qu’il était là, en chair et en os, que je pouvais le toucher du bout des doigts, l’effleurer des lèvres et qu’il s’envolerait dès que j’aurais le dos tourné. Je ne voulais pas le retenir, pas l’empêcher d’aller là où il était attendu, limite, je l’encouragerais à faire ce dont il avait envie. J’aurais tellement voulu être à sa place, c’était ça la vérité. Et je l’enviais de sentir d’un simple coup d’œil qu’il pouvait filer sans demander son reste, sans avis, sans excuses, et je ne l’en trouvais que plus émouvant. Parce que mine de rien, il me prouvait que toutes ces années où j’avais attendu l’approbation des autres, où j’avais voulu être la meilleure dans tout, aux yeux de tout le monde, n’étaient que des foutaises. Lui, il allait contre les conventions dans tous les sens du terme. Et ça lui allait bien. Peut-être qu’un jour il s’éclaterait le visage sur un mur trop haut à surmonter, peut-être même que ça lui était déjà arrivé et qu’il reprenait du mieux, mais rien qu’à le voir faire j’étais convaincue à la technique. J’étais vendue à ce qu’il était, et je ne le connaissais même pas. C’était ça la vraie beauté au fond. De rencontrer des gens, de leur laisser la place qui leur était dûe dans notre vie, et de retirer de ce qu’ils sont tout ce qui pourrait nous servir, qui pourrait nous réussir. Il ne le saurait probablement jamais, et c’était bien mieux comme ça, mais ce soir-là, il avait réveillé quelque chose de plus que de l’attirance pure et dure en moi. J’en verrais probablement les effets plus tard, bien plus tard, mais je savais maintenant que les barrières que je m’étais mises, que les règles que je voulais suivre, que mon petit quotidien sans grandes étincelles ne m’allumaient plus. Que je n’attendrais pas ma mort pour réaliser ce qui se trouvait sur ma bucket list. À commencer par mettre un trait sur la recherche de ma mère, et revenir en sol connu. Los Angeles…

Mon petit jeu d’énumération et d’imagination sembla l’accrocher, rien qu’à sentir ses muscles se tendre et son regard me dévorer. Je savais exactement ce qu’il voulait, il savait exactement ce que je voulais, et malgré ça on jouait aux enfants. Au chat et à la souris. Et il renchérissait, appuyant sa tête contre la mienne, son souffle chaud caressant ma nuque. On aurait pu rester là encore longtemps, à attendre de voir qui cèderait en premier, mais c’était ridicule. C’était du grand n’importe quoi de continuer à jouer, pour la simple et unique raison que la nuit finirait bien un jour. Et que je m’en voudrais probablement très longtemps de ne pas avoir succombé à l’homme qu’il était, au moins une fois. De ne pas m’avoir avoué vaincue à celui qui après seulement quelques heures m’avait donné un bon millier de raisons d’oser. Juste d’oser. Ses lèvres dessinèrent une ligne imaginaire sur ma joue, remontant lentement vers ma propre bouche, rosie par le premier rouge à lèvres qui m’était tombé sous la main avant de quitter mon appart, bien plus tôt. Les yeux clos, je sentais même ses mains, agiles, caresser mon dos nu & frissonnant sous l’effet. J’en eu tout simplement assez à un moment, et me souvins avoir enlacé lentement ses doigts des miens, l’entraînant furtivement vers moi encore un peu plus, caressant sa bouche discrètement, lui confiant que j’avais envie d’aller fouiller un peu. La mine qu’il me renvoya me confirma tout de suite qu’il n’en avait pas du tout envie, de s’immiscer dans les affaires des autres. Et ironiquement, on profitait quand même de la maison d’inconnus depuis un moment déjà, ça m’allait. C’était une excuse, une raison bidon d’entrer, de me cacher des rayons de soleil qui lentement se pointaient derrière l’horizon. Quelques pas mal assurés à l’intérieur du penthouse plus tard et je sentis ses bras entourer ma taille, me stoppant dans mon élan. Un peu plus de proximité, un peu plus de tension, et son visage s’avança, amusé, vers le mien, murmurant «Je pourrais être... Un hacker mondialement connu pour qui aucun gouvernement n’a de secret...» auquel j’haussai un sourcil, intéressée. Il avait décidé de jouer le jeu lui aussi et je ne pouvais pas être plus contente de savoir, du moins un peu, ce qui se tramait dans sa tête. Un hacker international, mhen? Ça pourrait être utile… le baiser qu’il déposa dans mon cou me procura un faible gémissement, alors qu’il en remettait. «Ou alors... Je pourrais être un robin des bois des temps modernes... Qui rentre par effraction chez les riches pour leur dérober leur richesse et les redistribuer...» je le vie me toiser du regard, confiant. Et je souris. Cette version là convenait à la petite fille que j’étais, à celle qui rêvait encore un peu, en silence, à son propre conte de fées. Il porta son attention sur la bretelle de ma robe, la faisant glisser sur mon épaule avant d’y déposer de nouveau un baiser. «Ou bien... Je pourrais être... Un agent du Mossad venu chercher des anciens Nazi pour leur faire payer l’assassinat de toute sa famille.» Et le pire là-dedans, c’était qu’il semblait sérieux. Chaque mot qu’il avait pu prononcer, et même depuis le début de la soirée, semblait entendu, malgré le ton qu’il se donnait. Si j’avais été le moindrement insistante, j’aurais pu continuer. J’aurais pu le bombarder de questions, pour savoir vraiment de quoi il en retournerait, mais pour être honnête je m’en fichais. L’idée, c’était de s’imaginer la vie qu’on voudrait avoir. Et il le faisait plutôt bien. J’aimais mieux garder l’aura de mystère autour de sa petite personne au lieu de tenter de percer son – ses – secrets. Il gardait ça pour lui, et il ne m'intéressait qu'encore plus.

« Si tu étais tout ça, je te confirme que tu n’en serais qu’encore plus attirant… et déjà j’arrive à peine à résister, alors t’imagine… » j’étais honnête. Bien au-delà de mes histoires de mannequins cokées ou de mariée en fuite, lui il avait savamment étudié quels scénarios pourraient faire de lui un mec encore plus énigmatique. Comme s’il pouvait faire mieux que ce que j’avais sous les yeux, de toute façon… Je me mordis la lèvre, sentant les siennes caresser mon cou de façon instante, ses mains parcourant savamment mon dos et ma taille. Et je me rendis compte qu’il m’avait subtilement amenée dans la chambre des maîtres, ou du moins ce que je croyais, voyant un immense lit qui trônait derrière nous. Sourire amusé, je le dévorai des yeux, ne me souvenant pas du tout du moment où quelqu’un m’avait autant dérangé, autant fait d’effet, dans le genre magnétique, quelque chose de fusionnel, de fort. C’est donc plus que soulagée que je le laissai m’embrasser, répondant au baiser avec toute la passion qu’il avait pu provoquer, rien qu’à me regarder. Je passai mes bras autour de son cou, l’attirant encore plus vers moi comme si ça avait pu être possible. Ma peau brûlait à son contact, de ses doigts, de ses lèvres, et j’ignorais si j’allais tenir encore longtemps, si l’Isla le moindrement bien éduquée allait garder ses bonnes manières de jeune fille. J’aurais pu lui arracher son t-shirt là, tout de suite que ça m’aurait semblé normal, tellement il y avait de tension, tellement il m’enlaçait et m’embrassait fougueusement. Je le sentis parcourir mon dos à la recherche de la fermeture éclair de ma robe, la trouvant agilement, me débarrassant de mes vêtements en quelques mouvements rapides. J’ignorais si j’imaginais le tout mais encore, les rythmes latins qu’on entendait dehors résonnaient jusqu’à l’intérieur de la pièce, s’alliant à merveille avec nos mouvements, avec ce qu’on pouvait sans dire sans le moindre mot. J’ouvris un œil, puis l’autre et voyai qu’il me regardait déjà, joueur. La lune était encore plutôt brillante et je me surpris à vouloir rester, à vouloir arrêter le temps et patienter encore, jusqu’à ce qu’on n’ait plus aucunes autres vies à s’inventer, à lui inventer, à m’inventer. J’aurais voulu être aussi mystérieuse que lui, alors qu’il avait partagé quelque chose d’intime avec moi, tout en gardant cette foutue aura de secrets. Si j’avais pu me transformer en caméléon, j’aurais probablement copié mot pour mot, geste pour geste, ses techniques.

Et les baisers fusèrent, parce que c’était la chose la plus naturelle du monde. Ce fut bien vite à mon tour de lui retirer doucement son t-shirt, souriant au passage en me souvenant avoir pensé pendant une seconde de simplement le déchirer, pour la forme. Mes doigts glissèrent sur son torse, parcourant chaque détail. Nos corps presque nus s’entrechoquaient, et je sentis bien vite l’impression qu’une boule de feu se formait dans mon ventre tellement j’avais envie de lui, là, tout de suite. Tellement il s’était rendu désirable, tellement ses baisers me faisait encore plus que frissonner. Il savait y faire, y’avait pas de doute. Je sentis ses mains descendre jusqu’à l’aube de mes cuisses, me soulevant, m’installant contre lui. Quelques pas et mes pieds se soulevèrent du sol, mes jambes entourant sa taille. Il s’approchait du lit, et je me détachai enfin de son visage, balayant son front et ses cheveux entremêlés du bout des doigts, osant le regarder, vraiment, dans les yeux. J’avais seulement envie de voir se qui s’y cachait, quelques secondes. J’avais pour habitude de scruter le regard des gens, de m’amuser à tenter de les lire, de les comprendre simplement en m’attardant à leurs prunelles. Les siennes brûlaient de désir, ça y’avait pas de doute, mais autre chose attira mon attention, provoquant un léger froncement de sourcils. Il y avait de l’arrogance en lui, beaucoup, et du défi. Même un peu de peur que je cru voir, me disant que je tenais peut-être là quelque chose, pour enfin comprendre le personnage quoi. Y’avaient plusieurs trucs en lui que je ne saurais définitivement jamais. Parce que je ne lui demanderais tout simplement pas de comptes, parce que je savais déjà qu’à l’aube, il serait parti. Et je souris de plus belle. Il me déposa sur le lit, je levai la tête vers lui « Et maintenant, soit celui que tu voudrais être. Juste ça. » j’éclatai tendrement de rire, tentant de le rassurer, l’attirant vers moi pour qu’il puisse enfin étendre son corps contre le mien. Mes lèvres eurent tôt fait de retrouver les siennes. Elles connaissaient parfaitement le chemin, de toute façon.

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MessageSujet: Re: No other plans - JUDE & ISLA   No other plans - JUDE & ISLA EmptyLun 27 Jan - 14:58


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Elle était un écrin, un bijou, il ne savait pas. Ses yeux rieurs, sa peau parfumée, son sourire doux et curieux. Jude savait ce qu’il voulait. Il l’avait toujours su. Il n’était pas indécis, pas prévisible pour autant, pas trop simple, mais généralement il se connaissait pas mal. Peut être que ce n’était qu’un leurre et qu’on ne pouvait se connaître complètement, mais il osait penser qu’il se connaissait. Bien sûr il avait eu du mal à se connaître. Il avait du passer par beaucoup d’échec, beaucoup de chute, plus ou moins grave, il s’était testé, sous toutes les coutures. Et maintenant il avait probablement dans la tête un avatar plutôt fidèle de lui même. Et il savait. Savait ou il voulait, savait qu’est ce qu’il attendait de la vie. Bien sûr parfois il y avait des surprises. Mais il savait généralement toujours comment il devait y réagir.

La brunette était une excellente surprise. L’une de celle qui lui sauvait sa soirée. Ce connaissant il n’aurait pas voulu faire d’effort. Il n’aurait pas voulu passer la soirée avec Dorian et Electra à sourire stupidement, à rigoler autours d’un verre avec un mec charmant sans lui dire qu’au passage il se tapait sa copine depuis... peut être le début. Généralement ça ne le dérangeait pas, mais aujourd’hui ça l’aurait emmerdé. Il n’avait pas envie de faire semblant. Mais il était venu. Tout de même pour le principe. Et c’était peut être encore pire. Quel principe ? Il n’était même pas un homme de principe. Enfin pas de ceux que vous entendez en tout cas. Mais il était venu. Et il s’était préparé à se murer dans un silence d’or, à rester à distance et à boire lentement, avec sa figure énigmatique. Il s’était préparé à narguer Electra de loin, en étant présent et terriblement absent comme il savait le faire. Il ne lui appartenait pas, elle devait le savoir depuis le temps. Mais la brunette l’avait surpris dans sa solitude et dans ses pensées et s’était présenter comme une excellente manière de faire des pieds de nez à son amie, rassurant probablement pas la même occasion son copain... S’il se posait des questions du moins. Ce qui n’était probablement pas le cas.

Enfin tout avait coulé de source. Ses sourires, ses questions, ses réponses. C’était naturelle. Elle savait se montrer intéressante, drôle. Il n’avait même pas eu à jouer, à faire semblant. Il en avait juste eu envie. Le faite que ça emmerde grandement Electra n’avait pas même pas sembler l’emmerder après quelques temps. Il avait surtout pensé que la jalousie stupide d’Electra lui avait peut être coûter une soirée plus que sympathique. Mais la brunette était revenue à la charge, subtilement, ou peut être pas, et elle l’avait embrassé. Et peut être que là il avait réellement engagé le jeu de séduction, celui plus intelligible, ce lui qui demande un peu plus de réflexion que celle d’une bite sur patte. Celui qui instaure le mensonge, l’idée d’épater l’autre, de mener la danse, de lui mettre des étoiles dans les yeux. Parce que c’est comme ça que ça marche. Avec un peu de magie. Bien sûr que l’on est pas exactement soi-même, mais qui ne s’en fou pas ? On ne veut pas voir les petits défauts, encore moins les gros. On veut s’en mettre plein les yeux, on veut avoir des anecdotes sublimes à raconter aux copines. On veut pouvoir faire baver d’envie les rivales, celles qui nous emmerde. On veut se vanter devant les copains, ceux qui vous traites de tantouze. On veut plein de chose, mais on ne veut pas la vérité. Pas pour une nuit en tout cas. Pas même pour deux. Et au mieux c’est ce que ça pourrait être. Et c’était ce qu’elle voulait, ce qu’elle voudrait. Parce qu’il le voulait, parce qu’il savait, parce qu’il le sentait.

La soirée était parfaite. Et si la lune pâle et clair, et le soleil au loin n’était pas venu lui rappeler qu’aucune nuit est éternelle il aurait surement pu l’oublier. Pendant quelques heures il s’était perdu dans une âme d’enfant émerveillé. Un enfant qui pourrait rêver d’être un héros, un qui pourrait rêver sans rougir du grand amour. Ou quelque chose comme ça. Elle lui en donnait envie. Enfin pas maintenant, pas tout de suite, dans l’absolu, de se poser, de se ranger, de grandir, comme sa mère l’avait fait, un peu tard. Comme il l’avait déjà fait au fond...

« Si tu étais tout ça, je te confirme que tu n’en serais qu’encore plus attirant… et déjà j’arrive à peine à résister, alors t’imagine… » Elle souffla sincèrement. Jude ferma ses yeux dans un long mouvement de cil, sa respiration lourde soulevant sa poitrine. Si elle savait à quel point il était incapable de lui résister aussi. Peut importe si elle ne désirait pas être catwoman ou je ne sais quelle super-héroïne fantastique. Elle l’avait marqué, comme ça, peut être au fer rouge qui sait, dans sa simplicité. Et il fondit sur elle. Comme un aigle fond sur sa proie. Mais là la proie l’avait cherché, le voulait, le désirait, le demandait. Dans sa fougue il défit sa robe en quelques gestes, venant souffler dans son oreille un énigmatique «Mais je le suis». Affirmation mensongère, enfin en partie, mais elle s’en foutait, elle le savait, ce n’était qu’un jeu, un jeu d’affirmation péremptoire, et de celui qui parviendrait à donner l’image la plus parfaite de lui même dans un espace lointain et imaginaire. Peut être qu’il avait gagné, peut être qu’il s’en foutait. Il voulait sa peau, ses seins, son dos, ses reins. Elle était venu glisser ses doigts contre son torse pour lui retirer son t-shirt, il s’était laissé faire, soulevant ses bras, dans toute cette douce lenteur chargée de tension, de passion, sans la lâcher de son regard brulant. Si on pouvait se douter qu’il était un homme à femme - à homme aussi mais on s’en doutait moins - il était impossible de voir deux femmes, ou simplement deux personnes lorsqu’il en regardait une. Il reprit possession de son corps dès que le T-shirt passa la limite de ses mains, glissant agilement ses mains jusqu’à la naissance de ses cuisses, là portant contre lui, elle s’accrocha à lui. Il s’approcha encore plus du lit, montant doucement dessus sans la faire tomber. Il sentit son regard se planter dans le sien. S’il ne savait pas nager il se serait surement noyer, immédiatement, pour l’éternité. « Et maintenant, soit celui que tu voudrais être. Juste ça. » Celui qu’il voulait être ? Mais il l’était déjà. Il était son rêve. Son rêve numéro un. Enfin il n’avait qu’à devenir complètement barge et psychotique pour achever sa première prédiction. Enfin si elle parlait du moment présent, il y avait surement moyen d’améliorer encore les choses. Pas qu’elle ne soit pas sensationnel. Mais il pouvait tout donner, tout lui donner, plus qu’à aucune autre, et disparaître. Une nuit à 100% et puis plus rien. C’est ce qu’elle demandait non ? «Je supposes que tes désirs sont des ordres» lui souffla-t-il chaudement à l’oreille avec une tendresse non feinte.

On dit que les plus belles histoires se passent de mot. Peut être que c’est simplement une histoire de bienséance et de censure. Quoiqu’il en soit ces mots là, se sont perdus sous les draps, ont fondu au creux des corps, se sont tus face aux râles et aux gémissements, ont explosé dans la jouissance. Il n’en reste plus rien, que des souvenirs, peut être, ou un rêve, surement. Si la fatigue avait finit par écraser Jude dans un premier temps il avait finit par se réveiller à côté de la brunette, la regardant avec un sourire presque tendre avant de se lever rapidement, de s’habiller et de partir. Certes il était chez lui, mais ce n’était pas ce qu’il avait fait croire, et il n’était pas le genre de mec à être là au petit matin, pas non plus du genre à le promettre à le faire espérer. Il était du genre à être un rêve, une illusion, le genre de personne qui s’évanouisse aux fonds des rétines et qu’on ne reverra jamais. Il s’arrêta sur le pas de la chambre hésitant à lui laisser un moment, des indications peut importe quelque chose. Mais c’était peut être trop, trop réel. Il lui laissait son parfum sur les draps, des souvenirs sur son corps, dans sa tête. Ca serait bien suffisant. Sans ce retourné il parti traîner dans Buenos Aires, le coeur léger. La vie valait le coup.



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MessageSujet: Re: No other plans - JUDE & ISLA   No other plans - JUDE & ISLA EmptyJeu 6 Fév - 3:52


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no other plans


On aurait pu dire que faire le tour du monde avait ouvert mes horizons. Que j’avais développé des tas de nouvelles passions, de nouveaux rêves, de nouvelles envies. Que j’avais rencontré des gens merveilleusement bien, d’autres un peu moins, mais heureusement que ceux qui m’avaient le plus marqué avaient été véritables, sincères. Les authentiques, ceux qui m’avaient fait découvrir leur vie, voyager à travers leur monde, rencontrer leurs propres histoires. Colton était passé maître dans l’art d’immortaliser ces gens-là sur pellicule, et à force de l’avoir suivi dans ses reportages j’avais écopé moi-même de sa passion des gens. Rien que ça. Et ce soir, c’était simplement un rematch, un truc innocent d’apprendre à connaître un gars qui semblait lui aussi perdu dans sa tête, dans ses idées. Je m’étais prise au jeu au moment où j’avais senti que son regard avait quelque chose de plus que celui des autres garçons qui avaient pu me draguer depuis aussi longtemps que je me souvenais. Des secrets, des trucs enfouis, un mystère de fou qui l’enrobait et qui, malgré le fait que ma curiosité de pseudo-journaliste devait être enfouie au loin pour arriver à l’intéresser le moindrement, me donnait envie de rester près de lui. De l’entendre me dire ce qu’il voulait, et même de faire tout ce qui lui passait par la tête. J’avais dansé avec lui, d’abord parce que j’avais pour philosophie de ne jamais laisser quelques notes bien exécutées passer inaperçues, surtout parce que je me demandais s’il aurait autant d’effet sur moi une fois qu’on aurait vraiment brisé la glace, que nous aurions fait un peu plus qu’échanger quelques paroles, quelques coups d’oeil. Nos lèvres s’étaient trouvées à la blague, parce qu’il avait vu l’une de ses conquêtes, du moins ce que je présumais, débarquer lascivement, avide. J’avais voulu sceller la chose, confirmer l’autre, rigoler un peu, baisser la pression sûrement. Puis on s’était retrouvé, il avait souri, et j’avais ajouté toujours plus de questions à ma liste qui ne verrait jamais le jour, dont il n’aurait jamais conscience. Des trucs qu’il semblait connaître, cacher, enfouir, des trucs que je ne saurais jamais. Et ça m’allait.

Bizarrement, avec son silence et son regard de braise, il m’avait fait du bien. Il m’avait confirmé que parfois, la parole n’avait pas d’importance. Que les gestes, réfléchis ou non, étaient ce qui valait le plus. Si j’avais à faire la rétrospective de cette soirée banale aux yeux des gens qui nous avaient vu du coin de l’œil quitter le bar pour nous engouffrer dans une ruelle de Buenos Aires, j’irais ainsi : il avait sans le savoir ou peut-être en totale conscience, réglé plusieurs de mes doutes. Il m’avait aidé à voir qu’au final, je m’en faisais pour rien. Qu’à la base, j’étais partie avec l’idée de trouver ma mère et que ça avait foiré. Point barre. Parce que tout ce que j’avais pu vivre et voir, n’égaleraient jamais mon envie de vivre autre chose. D’avoir un autre quotidien, celui où ma mère serait toujours là. Où mon père ne m’aurait pas quitté, il y avait déjà trop longtemps. Que malgré nos jeux, malgré notre amusement à s’imaginer être quelqu’un d’autre, de s’émerveiller par ce que qu’on ne pourrait jamais avoir, j’étais heureuse avec ce que j’avais. Avec ma vie, aussi décousue, aussi éclectique, aussi folle qu’elle ait pu être. Il m’avait fait réaliser tout ça en m’amenant dans la demeure de gens riches qu’il connaissait de Dieu sait où, me laissant admirer la vue de rêve qu’ils pouvaient bien avoir sans même s’en rendre compte. Il m’avait fait voir des parcelles de ce qui m’était apparu avant comme la vie idéale, la vie de famille par excellence où on n’avait besoin de rien d’autre que de réaliser ce qui nous faisait vraiment envie. Et ça m’avait plu, un temps. Ça m’avait plu lorsqu’il m’avait entrainé vers l’extérieur du bar, à même les ruelles crades d’une ville qui pouvait s’avérer plutôt terrifiante selon les quartiers et les gens qu’on y croisait.  Ça m’avait plu lorsqu’il avait fouillé dans leur frigo pour m’improviser un dessert à la crème glacée et aux clémentines, ça m’avait plu lorsqu’il m’avait embrassé au son des vagues qui se berçaient à nos pieds. Ça m’avait plu lorsqu’il m’avait attiré vers lui, vers la chambre des propriétaires d’une maison qu’on avait braqué en toute innocence. Mais à la seconde où j’avais posé mon regard à l’intérieur du sien, ouais, vraiment, mes yeux avaient cherché à puiser tout ce qu’elles pouvaient de ses prunelles, j’avais su. Que tout l’or du monde ne valait pas d’avoir cette envie folle d’être ailleurs, d’être quelqu’un d’autre. Et ses lèvres s’étaient liées aux miennes pour sceller ce qui s’avérait être la décision que j’avais besoin de prendre depuis longtemps. Depuis deux ans.

«Je supposes que tes désirs sont des ordres.»

J’avais souris. Il n’y avait rien d’autre à dire, de toute façon. On avait parlé, on avait joué, mais la suite serait beaucoup plus amusante, plus relaxante. Malgré mon illumination j’étais tout de même dans ses bras, prête à laisser aller tous mes troubles le temps d’une nuit. Il se comporta en vrai gentleman, s’assurant qu’aucune parcelle de ma peau ne manque de caresses, de baisers. Il feint l’absence que j’avais déjà prévu au petit matin en me blottissant contre lui, fortement, comme si jamais rien ne pourrait nous séparer. Il m’arracha plusieurs soupirs, plusieurs gémissements, ses mouvements passionnés valant toutes les déclarations que j’aurais pu vouloir entendre à l’instant. Et la nuit fit place au petit matin sans que je ne m’en rende compte. J’avais fermé l’œil dès que ma tête s’était posée sur l’oreiller, après avoir succombé à nos ébats. Et bien sûr, lorsque les rayons du soleil vinrent me chatouiller les yeux, il n’était plus là. Je m’étais redressé lentement entre les draps, m’adossant au mur puis prendre une bonne bouffée d’air salin un dernière fois, avant de filer sous la douche. Aucune trace, ni même un numéro ou un nom. Même la vaisselle dans laquelle il nous avait servie notre glace était savamment rangée, comme si rien ne s’était passé. Comme si j’avais imaginé la nuit sur la véranda. Le regard rêveur, je passai plusieurs minutes devant la baie vitrée à profiter de nouveaux de Buenos Aires, de ce que la ville avait de beau à m’offrir, avant de me faufiler par la porte arrière et de quitter la demeure de gens que je ne rencontrerais probablement jamais. J’avais envie de danser, de sourire à en avoir mal aux joues, de sauter sur place. Je le fis même, un peu, et les quelques passants qui me croisèrent me renvoyèrent un petit sourire. Ouais, la nuit avait eu un effet magique sur moi. Sur la suite des choses.

Une semaine plus tard, je franchissais l’embarquement du Ministro Pistarini International Airport, prête à remettre les pieds à Los Angeles. Il était temps.

Oh!Darling
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