« Je te préviens Sophie, c’est la première et la dernière fois que tu me fais un coup comme ça ! ». Grogna Rob, excédé par le comportement de sa femme. En effet, celui-ci venait d’apprendre, par un coup de fil du médecin de la petite brune que sa compagne était enceinte de 4 mois. Bien entendu, il avait remarqué qu’elle avait pris du poids dernièrement, mais ne pensait en aucun cas à une grossesse. Grossesse qui était d’ailleurs malvenue, il venait juste de conclure le contrat de sa vie,  et maintenant, un gosse allait monopoliser toute son attention. Il soupira en voyant l’air dépité de Sophie, et sortit de la pièce pour aller prendre l’air. Il n’était pas prêt à être père, loin de là même. Surtout que cela ne faisait que 6 mois qu’ils étaient mariés, pour lui c’était vraiment une mauvaise idée. Mais Sophie avait été impassible, ils garderaient ce bébé coûte que coûte, même si pour cela elle devait sacrifier son couple. Les mois suivants, les deux futurs parents prirent tout de même le temps de préparer une chambre digne de ce nom au petit être qui allait les rejoindre incessamment sous peu. Mais les tensions étaient déjà présentes entre eux, et tout le monde les avaient remarqués. Ce couple n’allait certainement pas faire long feu.

« Tu te fous de moi, tu me trompes et tu penses que je ne vais pas dégager, tu t’enfonces les doigts profondément dans les yeux là ! ». C’est cette scène, scène affreuse que voyait la petite Joyce de son berceau. Elle ne comprenait pas vraiment pourquoi papa et maman criaient comme ça l’un sur l’autre, et surtout pourquoi maman était aussi fâchée contre papa, c’était peut-être à cause de la fille qui venait de partir ? Les yeux curieux du bébé se baladaient partout autour d’elle, mais un bébé d’un an ne peut pas dire ce qu’il pense, et ce que Joyce pensait à cet instant, c’est qu’elle voulait que maman et papa arrête de se chamailler. Ses yeux se posèrent alors sur le visage de son père, et elle sourit, toujours installée dans son siège pour bébé. Le bébé commença à gazouiller en le voyant s’approcher et la prendre dans ses bras. Elle blottit directement la tête contre son torse alors qu’elle suçait doucement son pouce dans sa bouche. « Barre-toi Sophie, barre-toi je ne peux plus te voir. En ce qui concerne la garde, je m’en occupe ». C’est sur ces mots que la mère de Joyce dévala les escaliers, une valise à la main. « Maintenant on est tous les deux ma chérie, papa va prendre soin de toi ». Le bébé regarda alors son père et gazouilla alors qu’il lui embrassait tendrement la joue. Bien sûr, Joyce allait revoir sa mère, mais sa garde principale allait être attribuée à son père, père qui était devenu totalement gaga depuis la venue au monde de son trésor.

Son père avait tenu ses engagements. Il s’occupait très bien d’elle, et ils étaient tous deux très complices. Mais, Joyce devait quand même voir sa mère tous les week-ends et elle redoutait ces moments. Sa mère et elles se détestaient, elle ne savait pas vraiment pourquoi, mais sa mère lui en voulait pour quelque chose, quelque chose dont elle n’avait aucune idée. Sa mère s’était remariée lorsque Joyce eut 2 ans et son beau-père était quelqu’un d’impulsif, violent, qui en plus de cela détestait les enfants. Heureusement pour elle, il ne leva jamais la main sur Joyce, mais elle était toujours terrifiée à l’idée de le voir du vendredi soir au dimanche après-midi. Son enfance se passa donc entre deux maisons, la maison du bonheur auprès de son père d’un côté et de l’autre, la maison qui renfermait ses peurs les plus enfuies, aux côtés de sa mère et de son affreux beau-père.

L’adolescence de la jeune femme ne fut pas compliquée, en effet, celle-ci avait un caractère assez calme et n’avait causé aucun problème à ses parents. Elle avait eu son bac haut la main et intégré une des universités les plus prestigieuses de Californie afin d’étudier le droit et de devenir avocate. Lorsqu’elle eut 22 ans, sa meilleure amie la traina à une soirée étudiante pour fêter l’évènement. Joyce n’était pas vraiment fêtarde, elle préférait passer son temps à étudier afin de réussir au mieux sa carrière future. Sauf que ce soir-là, tout dérapa. A peine arrivée dans la salle, Joyce tomba nez à nez avec Mason Wellington, dont la réputation n’était plus à refaire. Coureur de jupons et fêtard invétéré, Joyce ne put détacher son regard de cet homme de la soirée. Tout en lui l’attirait. Et deux semaines plus tard, elle se retrouvait à son bras, officiellement en couple avec lui. Seulement, un an après leur mise en couple, ils se fiancèrent. Joyce était vraiment très amoureuse de Mason, mais d’un autre côté, elle était tétanisée elle n’avait que 23 ans et elle allait se marier d’ici quelques semaines. Elle fit alors, à ce moment précis, la plus grande erreur de sa vie. Quelques jours avant le mariage, elle avait invité Tyler, le meilleur ami de son fiancé, chez elle pour, sois disant, parler de quelques détails qu’il restait à peaufiner avant le jour J. Sauf qu’il en était tout autre, elle avait flashé sur Tyler depuis qu’elle l’avait rencontrée et elle avait l’intention de tout faire pour le faire craquer et ainsi coucher avec lui. Sauf que Mason arriva à ce moment-là, et, fou de rage, il jeta Tyler dehors avant de rompre ses fiançailles avec Joyce. Le lendemain, prise de vertiges et de nausées, la jeune femme se rendit chez le médecin. Elle apprit qu’elle était enceinte de 6 mois, un déni de grossesse. Paniquée, elle décida de quitter le pays pour se rendre en France chez l’une de ses tantes.

« On va devoir faire une césarienne, le bébé ne se présente pas comme il le faut ». Ce sont les derniers mots que la jeune femme entendit dans les couloirs de l’hôpital Necker de Paris alors qu’on l’emmenait d’urgence dans un des blocs. Elle était seule, elle allait avoir son bébé seul et était totalement paniquée. Sa respiration était de plus en plus rapide et elle ne pouvait empêcher les larmes de couler le long de ses tempes. « Ne vous inquiétez pas Joyce, je serai à vos côtés ». C’était la voix rassurante de Philippe, un infirmier qu’elle avait rencontré par hasard alors qu’elle venait voir le médecin qui la suivait pour sa grossesse. Et il fût là, à ses côtés, comme il le lui avait promis, tout le long de la césarienne, mais aussi plus tard. En effet, Philippe et Joyce étaient rapidement sortis ensemble après la venue au monde de Mathis, et, alors que le petit bout de choux eut 2 ans, ils se marièrent. En parlant de Mathis, Joyce, dès qu’elle l’avait eu dans ses bras, l’avait couvert d’un amour maternel sans retenue, aucune. Mathis était son trésor, la personne la plus importante dans son monde. Elle ferait tout pour qu’il soit heureux, c’était une promesse qu’elle lui avait faite dès sa sortit de l’hôpital.

« Maman, c’est qui le garçon avec toi sur la photo ? ». Le cœur de Joyce avait loupé un battement en entendant ces mots sortir de la bouche de son fils, de son bébé, bébé qui avait maintenant quatre ans. Elle avait dégluti assez difficilement, avant de se mettre à côté de lui, le prenant sur ses genoux et, blottissant doucement son petit dos contre sa poitrine. Elle soupira avant de se mordre la lèvre inférieure, il fallait qu’elle le lui dise, elle ne pouvait pas lui cacher qui était son père toute sa vie, il lui en voudrait d’autre par la suite. Elle posa alors son doigt sur la photo, embrassant délicatement de crâne de Mathis. « Le garçon sur la photo c’est mon premier amoureux, il s’appelle Mason et .. c’est ton vrai papa ». Bam, la bombe était lâchée. Elle observa alors la réaction de son fils. « Je veux le voir, maman s’il te plaiiiiiiiiiiiiiiiiit, c’est mon vrai papa, je veux, je veux, je veux ! ». La jeune femme soupira, plongeant son regard dans celui de Philippe qui lui faisait face, celui-ci avait hoché la tête. Elle regarda alors Mathis. « C’est d’accord ».

Il y a deux ans donc elle avait rejoint la ville de ses origines, la cité des anges lui faisait à nouveau face. Sa nouvelle rencontre avec Mason s’était passée mieux qu’elle ne l’avait prévue et, maintenant, Mathis était vraiment heureux d’avoir ses deux parents à ses côtés. Joyce, elle, avait ouvert un cabinet d’avocats au plein milieu de Los Angeles, et il fallait avouer que les affaires marchaient plutôt bien. Seule ombre à ce joli décor, Philippe venait de la quitter le jour des 6 ans de Mathis, il ne supportait plus cette vie et était bien trop jaloux de Mason pour continuer à avancer. Cela détruit la jeune femme, qui faisait tout pour cacher les apparences, elle devait faire en sorte que tout aille bien, pour Mathis, surtout pour Mathis.

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