An afternoon at the beach

Connor ∞ Eleonor

BOUM. BZING. BANG. BAM.

Voilà. Voilà exactement les bruits qui peuvent parvenir de la chambre de ma petite soeur de huit ans. Vous savez, quand on dit qu’un enfant est bruyant ; c’est vrai. Mais maintenant, imaginez un enfant sourd, qui n’entend donc pas ce qu’il fait : c’est pire. Je ne peux pas en vouloir à Margot, mais honnêtement, quand elle s’amuse dans sa chambre, elle fait un de ces vacarmes… On dirait que c’est la troisième Guerre Mondiale ; ou qu’il y a une attaque de Daleks ! Et encore, je crois que les Daleks seraient plus silencieux que mon adorable soeur. Je pousse un long soupir de désespoir avant de poser mon front contre la table en bois de la cuisine : j’aimerais bien pouvoir me concentrer sur ces évaluations que je dois corriger mais avec ce boucan, j’en suis bien incapable. Je passe une main dans mes cheveux encore un peu emmêlés ; nous sommes dimanche et je suis encore en pyjama. Parce que oui, le dimanche, c’est la journée où on a le droit de rester au lit très tard puis de traîner devant la télé en pyjama avec des bonbons. D’ailleurs, Margot non plus n’est pas habillée, il y a même de forte chance qu’elle se balade en culotte ; cette gamine a tout le temps chaud. Quoi ? Je ne vois pas en quoi c’est choquant, qu’une fillette de huit ans traine en culotte dans sa chambre. C’est juste un peu bizarre, à la limite. Euhm. Je jette un rapide coup d’oeil à mon téléphone ; il est déjà presque midi et demi, nous ne sommes pas lavées, nous n’avons pas mangé et on doit récupérer Connor d’ici une heure et demie. D’accord. Allez, action maintenant ! Je range soigneusement les copies de mes élèves, les glisse dans une pochette transparente qui elle est rangée dans un classeur. Parce que oui, quand on est prof, il faut être un minimum organisé. Et quand on habite dans un minuscule appartement, aussi. Je remets le classeur à sa place ; c’est à dire dans mon sac avec ma trousse et je quitte ma chaise pour aller ouvrir la porte de la chambre de Margot. Elle est dos à moi, très occupée à jouer avec sa licorne en peluche et ce qui semble être une peluche que je n’ai jamais vue. Je pose mon doigt sur l’interrupteur, éteins et rallume la lumière plusieurs fois consécutives afin d’attirer l’attention de ma soeur. Ben oui, je ne vais pas l’appeler, elle ne m’entendra pas et ce serait une perte de temps. La petite brune relève la tête, se tourne vers la porte et un sourire jusqu’aux oreilles étire ses lèvres.

« Il faut se préparer, on doit aller chercher Connor, tout à l’heure. Tu n’as pas oublié ? » Je demande à ma petite soeur tout en signant en même temps.

Margot secoue la tête, abandonne ses jouets en plein milieu de sa chambre pour se précipiter dans la salle de bain. Ah, c’est donc elle qui passe la première à la douche, elle aurait quand même pu me le dire ! Je roule un peu des yeux en soupirant, les gosses, je vous jure. Je rentre dans sa toute petite chambre, ramasse les jouets qui trainent et les range dans son coffre. Je fais également son lit, car contrairement à moi, Margot n’est pas des plus ordonnée. Que dis-je ! Elle est carrément bordélique et laisse tout trainer partout, je suis sans arrêt entrain de passer derrière elle. Comme à son habitude, elle n’a pas cru bon sortir des vêtements propres à prendre dans la salle de bain, elle va donc sortir en serviette, les pieds trempés et me mettre de l’eau partout… Rien que d’y penser, je soupire. Je m’occupe ensuite de sortir le maillot de bain de Margot ainsi qu’une robe que je dépose sur son lit. Tiens, la voilà justement qui, comme je l’avais prévu, sort trempée pour chercher ses vêtements. Je tapote sa tête et elle me sourit, un air angélique sur le visage. Elle est fourbe. Cette petite est fourbe. A mon tour je prends ma douche et ensuite, c’est avec rapidité que nous déjeunons en deux-deux et terminons de préparer nos affaires.

« La plage ! La plage !  Signe Margot à toute vitesse, surexcitée.
-Oui, dépêchons-nous, Connor doit déjà nous attendre. » Je lui réponds en mettant mon sac à mon épaule et en récupérant mes clefs de voiture.

Trois étages plus bas et dix minutes de trajet plus tard, je me gare devant l’orphelinat où je dois récupérer le garçon. Connor, à la base, c’est l’un de mes élèves. Un petit adorable qui n’a pas eu beaucoup de chance dans la vie. Ce gosse, il est juste super et c’est toujours avec plaisir que je le prends avec moi, le temps d’un après-midi ou de toute une journée. Je descends de la voiture, Margot fait de même avant de courir jusqu’à l’entrée, trépignante d’impatience. Elle aime bien Connor, elle aussi. C’est d’ailleurs la première à courir vers lui, en faisant de grands signes.

« Salut mon grand ! Je lui fais avec un sourire avant d’embrasser sa joue. Ca va ? Ton weekend s’est bien passé ? Tu es prêt ? Tu as tout ce qu’il te faut ?
-La… Plage ! » Articule Margot en souriant.

C’est rare, lorsqu’elle fait l’effort de parler. Parce que ça lui demande beaucoup d’effort et qu’elle est encore loin d’être au point, puis elle réserve ça aux personnes dont elle est le plus proche. Cela se limite à quatre personne pour le moment. Je pose ma main sur l’épaule de ma soeur pour la féliciter puis reporte mon attention sur le blondinet.

« Je dois te ramener vers dix-huit heures, alors autant nous dépêcher pour ne pas perdre de temps ! »

An afternoon at the beach

Connor ∞ Eleonor

Comme à son habitude, le jeune Connor me vouvoie et m’appelle « mademoiselle ». Quand il fait ça, j’ai vraiment l’impression d’être vieille ! Cela ne m’empêche pas de sourire à mon petit élève puis de déposer un baiser sur sa joue.

« Ah Connor, je t’ai déjà dit… Cent fois, au moins, de m’appeler Eleonor en dehors de l’école. Et de me tutoyer ! Cela me ferait énormément plaisir si tu le faisais. Je lui dis en souriant. Et oui, en route les enfants ! »

Margot a repris ma main qu’elle serre doucement, surexcitée. De toute façon, lorsqu’il s’agit d’aller à la plage ou d’aller s’amuser, c’est toujours la première à sauter partout. Puis elle est fière ; d’avoir réussi à articuler un mot sans trop galérer. Ma petite-soeur a beau être appareillée, c’est toujours très difficile pour elle de parler, il lui faudra encore des années pour pouvoir maîtriser complètement la langue orale. Je prends le sac de Connor pour le porter puis nous sortons de l’orphelinat en direction de ma voiture. Une fois déverrouillée, je laisse les deux enfants monter dans l’habitacle, vérifie qu’ils sont bien attachés et nous voilà partis. Cela fait une pause pour tout le monde, d’aller à la plage ; pour Connor, d’être loin de l’orphelinat, pour Margot qui n’a pas à aller chez l’orthophoniste et pour moi, de laisser de côté mes copies à corriger. Oui, vraiment, ça ne peut que nous faire du bien ! Le trajet ne dure pas plus de cinq minutes et après avoir garé la voituré, récupéré les affaires, Connor, Margot et moi pouvons enfin marcher sur le sable. Ma soeur retire rapidement ses tongs, me les donne puis tend sa main à Connor pour qu’il la prenne et courir avec lui sur le sable chaud.  

« Allez-y, je m’occupe des affaires. Allez, hop ! Je vous rejoins, ne m’attendez pas ! »

Margot, les yeux plissés, lit sur mes lèvres et un immense sourire étire les siennes. Je peux vous dire qu’elle ne se fait pas prier et emporte derrière elle Connor. Je les regarde tous les deux qui s’élancent en direction de l’eau et je les suis en marchant après avoir retiré mes nus-pieds. Margot est déjà tout près de l’eau, elle saute à pieds joints dans les vagues qui viennent s’écraser sur la plage, éclaboussant tout autour d’elle. Ma soeur me fait de grands signes avant de venir vers moi alors que je suis occupée à étaler les serviettes sur le sol mais lorsque ma soeur retire sa robe pour se retrouver en maillot de bain et commence à repartir, je l’arrête.

« Doucement ma petite. Tu dois mettre la crème solaire avant. Et toi aussi, Connor ! On va éviter de te ramener rouge comme une tomate à la fin de la journée ! » Préviens-je les enfants en récupérant la crème solaire.

Margot roule des yeux en gonflant ses joues, un peu agacée. C’est qu’elle n’aime pas trop l’odeur de la crème, ni même le fatigue ça colle un peu au sable. Mais je ne vais quand même pas l’écouter alors je m’occupe de lui mettre la crème sur le derrière de son corps tandis qu’elle s’occupe de son ventre et du reste. Quand elle est prête, je passe au dos de Connor ; lui non plus ne va pas y échapper ! Nous sommes tous les trois prêts et on se met à courir comme des gosses -enfin, ça c’est surtout pour moi- jusque dans l’eau. Mais si Margot s’y jette avec aisance, je sautille au bord.

« C’est super froiiiiid ! » Je m’écris d’une voix un peu aigüe. Moi, frileuse ? Pas du tout.