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 It's the disease that we crave

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MessageSujet: It's the disease that we crave   It's the disease that we crave EmptyDim 18 Mai - 3:28

It's the disease that we crave




Début mars 2015.

Stefan n’avait pas pu résister plus longtemps. Était-il faible ? Sans doute. Il l’avait toujours été, face à elle. Combien d’heures et de minutes s’étaient écoulées depuis qu’on était venu l’extirper des taules froissées ? Quelques unes. Deux ou trois semaines, tout au plus, pas grand chose en fait. Il s’en fichait. Le temps n’existait plus dans le monde de Stefan. Ni le doute, la pluie, le vent, ou même encore les tremblements de terre d’ailleurs. Tout ça lui passait complètement au-dessus de la tête. Dormir ? Non, c’était trop paisible pour lui tout ça, trop agréable. Il ne rêvait plus de toute façon, tout ce qu’il voyait lorsqu’il fermait enfin ses paupières n’était pas assez beau, pas aussi plaisant que tout ce qu’elle lui offrait à chaque fois que ses pupilles se dilataient vers l’infini. Il avait essayé de trouver tous les moyens possibles et imaginables pour continuer de la consommer lorsqu’il pouvait se l’offrir, quand son porte monnaie (ou plutôt la poche arrière de son jean) pouvait le lui permettre. Mais l’argent ne tombait malheureusement pas du ciel et depuis qu’il avait démissionné, Stefan avait du trouver le moyen de pouvoir s’en mettre plein les narines d’une manière moins conventionnelle. L’accident ne l’avait pas aidé, son nez nécessitant d’être laissé en paix pendant un certain temps s’il souhaitait pouvoir un jour la sentir à nouveau. Peut-être aussi pour respirer, simplement. Mais au fond, c’était sensiblement la même chose, pas vrai ?

Alors dès que l’autre homme lui avait tendu le sachet ridicule, Stefan avait passé une main rapide sur ses lèvres avant de saisir son butin, des étoiles plein les yeux. Il n’avait même pas attendu que l’inconnu assis à la place du conducteur ait remonté son pantalon, n’ayant plus d’autre but que de répandre la divine poudre sur le coin de sa main, dans le creux de son pouce, juste vers son poignet. Il tremblait, bien sûr que tous ses membres s’agitaient puisqu’ils étaient en ébullition, qu’ils n’attendaient plus que cela. La délivrance. C’était tellement beau qu’il aurait sans doute pu verser une larme ou deux pour fêter ça, et peut-être que l’eau sur ses joues aurait nettoyé les cernes qui encadraient ses yeux de la façon la plus sinistre qui soit. Il allait la rejoindre maintenant, et il allait emporter le reste chez lui et quand tout serait éteint, quand le monde ne serait plus là pour le voir ou l’écouter, il repartirait avec elle jusqu’à ce qu’elle le quitte à nouveau. Mais il ne lui en voulait pas non, pas le moins du monde. Elle était trop belle pour lui, trop parfaite, il était évident qu’il devrait passer sa vie à la chasser, à lui courir après, à espérer qu’elle veuille bien de lui et qu’elle l’emporte une bonne fois pour toute.

Stefan l’avait contemplée sans doute trop longtemps car l’homme à ses côtés le bouscula, la poudre s’évaporant aussitôt, s’écrasant en une légère pluie tout autour du trentenaire. « Not in my fucking car you idiot, what if we get caught by the cops, huh ? » Stefan s’était mis à paniquer et son rythme cardiaque s’était emballé à une vitesse fulgurante. Il se dandinait sur son siège pour essayer de la retrouver, de voir où elle avait bien pu atterrir. Non, non, non, il y avait vraiment cru cette fois-ci, il était persuadé qu’il allait enfin pouvoir… Respirer. Juste pour quelques heures, juste le temps de mettre la main sur un autre client qui serait peut-être un peu plus clément avec lui. « No you did not just… Fuck I needed this you fucki… » Mais Stefan n’eut jamais l’occasion de terminer sa phrase, la tête tirée vers l’arrière, la main de l’autre homme agrippant ses cheveux avec force. « People do as I say when they’re in my car. »

Est-ce que Stefan avait essayé de se défendre ? Non. Et cette fois-ci, il ne s’en était pas trop mal sorti, n’ayant à faire qu’à quelques menaces. Oh, il y était habitué avec le temps. Il avait grandi avec Jack McFire pour seul père qui avait l’esprit bien trop productif quand il s’agissait d’essayer de le détruire. Il se contentait de survivre depuis qu'il avait poussé son premier cri et de temps à autre, il avait droit au bonheur lui aussi. Et même si ce dernier était artificiel, vraiment, il s’en fichait. Il n’était pas fatigué, ni résigné, ni triste. Il était simplement… Un peu amoché sans doute. Et ses mains ne cessaient de trembler tandis qu’il sentait des gouttes de sueur froide perler sur son front. Il passait sans cesse les doigts dans ses cheveux, ses jambes le guidant maintenant vers le seul endroit où il pourrait trouver un produit de substitution capable de l’apaiser et de remédier aux crampes désagréables qu’il ressentait dans chacun de ses membres. Au beau milieu de la nuit, qui serait encore là pour l’empêcher de se servir ? Et puis, tout le service le connaissait, il n’avait qu’à prétexter qu’il travaillait maintenant à son compte et qu’il avait besoin d’un traitement d’urgence pour l’un de ses patients… Oui, voilà l'excuse parfaite, et après avoir récité son discours une bonne dizaine de fois dans sa tête, terminant ses phrases avec la plus grande difficulté, il était enfin arrivé à l’hôpital, empruntant l’entrée des employés sans se soucier de ce qu’on pourrait lui dire. Son bureau, il devait retrouver son bureau. Il avait pris l’habitude de ranger une dose de secours là-bas et… En poussant la porte, il constata avec stupeur que les meubles n’étaient plus les mêmes. Merde. Alors il avait vraiment démissionné et on l’avait remplacé comme s’il n’avait tout simplement jamais travaillé ici ? Merde.

Ses doigts grattaient sans cesse l’intérieur de ses paumes avant de venir triturer ses lèvres ou de chercher une solution dans la touffe qui lui servait maintenant de chevelure. À la lueur des néons glacés de l’hôpital, on aurait dit qu’un mort venait de se remettre à marcher et qu’il déambulait dans ce grand couloir blanc pour regagner l’autre monde. Bullshit. Pas de temps à perdre avec de la poésie de bas étage. Stefan avait besoin d’un truc. Une perfusion de quelque chose, une seringue, des cachets, n’importe quoi, peu lui importait. Il sentait simplement que son corps tout entier lui réclamait cet instant fatidique qu'il lui avait promis. La délivrance.

Il avait finalement retrouvé le chemin de la pharmacie en procédant de manière logique (c’est-à-dire en effectuant plusieurs détours et en revenant sur ses pas à maintes reprises), ouvrant les tiroirs sans aucune discrétion, piochant à la volée dans les placards pour tenter de trouver une boite de médicaments plus alléchante que les autres. Mais ce n’était pas ce qu’il cherchait. Non. Il lui fallait autre chose et après un instant il se retrouva enfin nez à nez devant le casier fermé à clé. « Fuck… I had that key at some point. I’m pretty sure I had it. I had this key. I had it I swear. Where did I put it… Stefan think, think where did you put the key you had it you had the key Stefan just focus… »

Faisant les cent pas, il remuait littéralement ciel et terre, soulevant tout sur son passage, secouant le moindre objet en espérant retrouver la fameuse clé, marmonnant sans cesse les mêmes mots sans faire attention au reste du monde qui avait cessé de se soucier de lui depuis longtemps. Il était prêt à renoncer à tout du moment qu'il la trouvait enfin. La délivrance.
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MessageSujet: Re: It's the disease that we crave   It's the disease that we crave EmptyJeu 5 Juin - 3:22

Scott n'arrivait pas à dormir.

Non, voilà depuis plus de deux heures que le grand blond se tournait dans son lit à la recherche de la position parfaite. Enfin ce n'était pas son lit, le lit de la chambre d’amis plutôt, il avait laissé son lit, leur lit à Luya. Scott poussa un soupir, se forçant à prendre une profonde inspiration tandis que son esprit s’égarait vers le jeune brun.

You should just go to sleep.

Il essayait, il essayait vraiment, il avait travaillé plus de douze heures ce jour-là, il était rentré, il s’était occupé de Luya, du mieux qu’il avait pu, et à présent, il était éreinté, vraiment. Tout son corps le lançait et ses jambes ne semblaient pas être en mesure de le supporter. Tout ce que son corps réclamait c’était une bonne nuit de sommeil mais son esprit se refusait à la lui donner. Au début, il avait pensé que c’était le coussin, trop moelleux, il l’avait changé, mais non, ce n’était pas ça, alors dormir sur le ventre? Sur le côté? En fixant le plafond? Non pas de solution miracle, et en plus, Scott connaissait la position dans laquelle il aimait dormir. Là, allongé sur le dos, les bras ouverts, la tête de Luya pressée contre son torse tandis que ce dernier écoutait son coeur qui battait, l’autre homme ayant un sourire sur les lèvres. Mais non, il ne pouvait pas lui demander ça, il ne pouvait rien lui demander à dire vrai… Comme Scott l’avait prévu, la guérison de Luya était lente, l’autre homme avait besoin de récupérer des forces sur tous les fronts, il avait besoin d’anti douleurs, que ses cicatrices se referment… Scott détestait le voir ainsi, et non, cela n’avait rien à voir avec les cicatrices comme semblait le penser l’autre homme, non, il s’en voulait. S’ils ne s’étaient pas disputé, Luya aurait été avec lui lors cette Saint Valentin là, un an, très exactement un an que Luya s’était donné à lui complètement, un anniversaire qu’ils auraient pu célébrer ensemble. Au lieu de quoi, Scott s’était retrouvé à l’hôpital et Luya seul et… Le blond ne pouvait pas le laisser seul, pas maintenant, plus maintenant, plus que jamais, il ne faisait pas confiance à Luya et il ne savait pas vraiment ce que ce dernier allait faire seul. Ici, dans son appartement, Luya était à l’abris, Scott pouvait le protéger. Peu importe les regards que lui lançaient l’autre homme, peu importe les mots, peu importe les questions.

Pourquoi? Pourquoi ne pas le laisser partir? Pourquoi ne pas le laisser en finir?
Because he was in love.
Because he had to almost lost his Luya to realize how much he did care.
And no, that wasn’t fair to anyone.

Mais il ne pouvait pas le laisser partir, pas maintenant, si Luya parvenait à lui glisser entre les doigts, Scott ne pourrait jamais s’en remettre. C’était complètement égoïste mais il s’en foutait, il pouvait supporter le silence, il pouvait supporter le fait même que Luya ne l’aime plus, après tout ce qui s’était passé, c’était plus que normal. Scott poussa un autre soupir, se mettant en position assise sur son lit. Il se concentra sur sa respiration, les mains tremblantes. C’était bien ça le problème, peut être qu’il se mentait, peut être qu’il ne pourrait pas survivre si Luya ne parvenait plus à l’aimer, peut être qu’une fois que Luya se serait remis et réalisé que tout ceci était une belle erreure, il partirait et continuerait sa vie. Il était déjà parti tant de fois et rien ne l’avait retenu… Qu’est-ce qui le retenait à présent?

« I love you Luya Sparks. » Scott murmura ces mots dans la pénombre à personne en particulier, presque pour se réconforter, presque pour prouver à son coeur que tout ceci était bien réel. Luya était là pour le moment et il n’était pas encore parti, Scott s’en remettrait de toute façon… pas vrai? Cette pensée n’était pas assez pour le consoler et Scott savait qu’il n’allait pas se rendormir, il sortit donc du lit et attrapa les premiers vêtements qui lui passèrent sous la main. Dans le couloir, il hésita à frapper à la porte de la chambre Luya. Non, pas la peine de le réveiller, et pourtant il se tint pendant une longue minute à fixer cette porte. Qu’est-ce qui le retenait de réveiller Luya justement et de s’agenouiller et de lui dire à quel point il aimait et juste… et juste espérer que Luya voudrait bien de lui. Qu’avait-il à perdre? Scott ferma les yeux un instant avant de tourner les talons dans l’autre direction, allant de le salon. Sa veste en cuir enfin sur les épaules, il laissa un bref mot à Luya, lui disant qu’il reviendrait vers 7heures du matin, avant de partir. Direction? L’hôpital. Il n’était pas de service mais il s’en foutait, c’était le seul endroit où il se sentait encore en sécurité et où il n’était pas rongé par le doute et la culpabilité. Peut être que sa mère avait raison, peut être qu’il allait finir par se rendre complètement malade mais il s’en fichait, complètement. Il gara sa voiture de la pire façon du monde mais tant pis, à cette heure-ci, les places étaient libres. Les autres employés furent surpris de le voir, quoi de plus normal, Scott haussa les épaules avant d’offrir son aide. Il eut un maigre sourire aux lèvres quand il se retrouva avec un bon paquet d’ordonnances dans les bras, au moins là, il était utile. Il se délesta de sa veste avant de prendre le chemin de la pharmacie, il connaissait la procédure et un long et ennuyeux processus de vérification l’attendait mais au moins, Scott n’aurait pas à penser.

La porte ouverte fut la première chose qui interpella Scott, en règle général, tous les employés refermaient les lieux et ce même quand ils travaillaient à l’intérieur. Peut être à cause de l’heure tardive… Scott haussa les épaules et pénétra à son tour dans la pharmacie. Pour faire face à un visage familier. Évidemment, qui d’autre à part Stefan McFire à cette heure tardive, l’heure des damnés n’approchait-elle donc pas? Probablement.  « Stefan... what the hell are you… » Il avait une mine… affreuse. Fut un temps où Scott avait été incapable de résister à l’envie de poser ses lèvres contre ses lèvres à lui, mais pas ce soir non, et ses cheveux, où était donc passé le blond? Scott se rappelait des après midi passées sur le lit de Stefan, tentant d’apprendre comment faire un bon massage cardiaque et autre difficulté technique qui était attendu d’eux. Rien n’avait prédit qu’ils en arriveraient là. Absolument rien. Ou peut être que Scott se mentait encore, après tout c’était lui qui avait largué Stefan juste après la fac, lui qui avait préféré se concentrer sur ses plans et pas sur…. sur… il ne savait même pas si c’était une relation. Mais là n’était pas la question, les temps avaient changé, ils avaient vieilli tous les deux et aux dernières nouvelles, Stefan ne travaillait pas ici. Pourquoi la pharmacie? Oui bien sûr se dit Scott, évidemment. Il posa ses yeux sur le seul casier qui était fermé à clé puis sur Stefan.  « God this is low, even for you. » Le blond posa les ordonnances sur la chaise qui se trouvait là, se libérant les mains. Puis, il sortit un set de clés de la poche de son jean ,les agitant , produisant ce cliquetis si familier.

« Looking for these I bet? »

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MessageSujet: Re: It's the disease that we crave   It's the disease that we crave EmptyVen 4 Juil - 23:47

« Stefan... what the hell are you… » Stefan fit volte-face, les mains pleines d’emballage de médicaments en tout genre qui devaient contenir des cachets de multiples couleurs, des pilules sans doute, un peu de poudre compacte qui attendait patiemment le moment où elle pourrait se fondre dans l’estomac des malades. Mais le remède des maux du trentenaire ne se trouvait pourtant pas entre ses doigts. Il avait besoin d’autre chose, pas de tous ces trucs qui allaient endormir ses sens au point de lui faire croire qu’il pouvait se passer de tout ce qu’il avait de plus cher, de celle qui avait rendu ses nuits plus étincelantes et lumineuses que le plus clair des jours, plus piquantes et savoureuses que les mets les plus fins. Par le plus grand des malheurs, elle s’était évaporée, lui passant juste sous le nez, le laissant vide et creux, lui rappelant à quel point son absence était insoutenable, lui retournant les tripes et déposant de fines gouttes de sueur sur son front devenu trop pâle. Stefan aurait pu en perdre toute raison de vivre, se laissant couler doucement au creux des abysses les plus profondes, baissant les bras face à l’évidence. Mais au lieu de cela, il avait fait en sorte qu’elle devienne son moteur, sa seule et unique motivation, celle qui pourrait lui épargner une mort lente et douloureuse qui le menaçait déjà en lui infligeant un mal de crâne insupportable. Stefan avait besoin de sa dose de poudre autant que la poudre avait besoin de le détruire, et tant pis s’il ne se rendait pas compte qu’elle gagnait un peu plus de terrain à chaque fois qu’il voulait bien la recueillir au creux de ses narines. Tant pis si elle avait l’avantage, tant pis s’il avait besoin de passer des heures entières dans les voitures miteuses d’inconnus tout aussi nauséabonds, tant pis s’il avait perdu toute valeur ou dignité, il n’en avait jamais vraiment eu de toute manière. Il n’était pas triste, il n’était pas pessimiste ou désemparé, il était simplement réaliste et conscient que les choses devaient être ainsi parce qu’en vérité, tout le monde savait très bien qu’il ne méritait pas mieux.

Stefan n’avait pas bougé, figé dans cette position, pris littéralement la main dans le sac, les paumes remplies de tout ce qui ne pourrait jamais véritablement lui venir en aide. Scott se tenait juste là, constatant à haute voix que Stefan était tombé bien bas, si toutefois cela était encore envisageable pour quelqu’un comme lui qui s’était toujours contenté de rester au pied de l’échelle pour observer les autres grimper tandis qu’il s’occupait de creuser sa propre tombe. C’était stupide, inutile, puérile sans doute aussi. Mais est-ce que cela avait une profonde importance ? Non. Si c’était à refaire, Stefan n’aurait pas hésité une seule seconde avant de procéder exactement de la même manière, effectuant les mêmes choix sans y réfléchir à deux fois. C’était ainsi, Stefan faisait partie de ceux qui n’avaient visiblement pas d’intérêt particulier à exister, qui n’embellissaient pas l’humanité d’une quelconque façon et dont le souvenir s’effacerait bien rapidement une fois qu’on aurait scellé la vulgaire boîte qui lui servirait de cercueil. Y aurait-il seulement quelqu’un pour le pleurer ? Non. Et il en avait pleinement conscience. Il n’y avait pas d’enjeu, pas de but pour Stefan qui n’avait rien, qui ne possédait pas grand chose de plus que la chair qui constituait son corps, quand encore il voulait bien la traiter avec un peu de respect. Il avait tenté vainement de donner un sens à sa propre naissance, en se concentrant d’abord sur ses études pour avoir la sensation d’être quelqu’un de bien. Oh, Stefan avait été bon élève, l’un des meilleurs de sa classe, attentif et passionné. Et puis il s’était retrouvé confronté au véritable monde du travail, il avait tenu la main de ceux qui allaient bientôt périr en les rassurant une dernière fois, prononçant l’heure des décès avec douleur, décidant alors de se débarrasser de toutes les montres, toutes les horloges qui trainaient dans sa vie, ne vivant qu’à son rythme, celui que tout son corps lui dicterait. Stefan avait donc appris toutes ses leçons avec intérêt et il avait ainsi retenu qu’il aurait beau panser toutes les blessures, il ne pourrait jamais rien faire pour réparer les coeurs brisés, les corps meurtris, les âmes blessées. Comme la sienne. Et puis Scott était arrivé, et il y avait cru. Bêtement. Il s’était dit que c’était peut-être ça la solution. Avoir quelqu’un, juste là, toujours avec soi, logé au creux de sa poitrine. Quelqu’un d’un peu plus important pour qui il aurait toujours envie d’être exemplaire. Il se souvenait encore du jour où il avait mis tout le temps du monde à se préparer pour le rejoindre, choisissant au passage un bouquet des plus belles roses, se coiffant pour la première fois de son existence sans doute, presque ridicule dans son costume. Il l’avait embrassé en croyant voir dans ses yeux ce qu’il avait cherché pendant tant d’années. Un refuge, un peu de reconnaissance. Rien d’autre vraiment, c’était suffisant pour Stefan qui ne souhaitait rien d’autre que de pouvoir exister. Mais il s’était leurré. Peut-être qu’à cette époque, il avait été vraiment triste, pessimiste et désemparé et il n’avait trouvé rien d’autre à faire de mieux que de croire qu’il puisse y avoir droit. À présent il savait ; il savait que le bonheur n’était pas pour lui et quand Scott fut loin, bien trop loin pour voir l’unique larme qui avait un jour roulé sur la joue de Stefan, il s’était rendu à l’évidence et il s’était noyé dans la poudre parce qu’il n’avait plus de choix à faire, parce que rien ne pourrait jamais le réconforter à part ça. Mais Scott était revenu maintenant pas vrai ? Il était enfin là. Est-ce qu’il allait le sauver ? Non. Ce n’était pas à lui de le faire et à quoi bon tenter de restaurer une épave qui avait sombré depuis longtemps.

Pourtant, Scott possédait la seule chose que Stefan désirait encore. La clé. Et ce n’était  même pas une métaphore. «  Looking for these I bet? » Stefan bougea enfin, ses doigts libérant tout ce qu’ils avaient pu saisir sans se soucier de l’endroit où ils allaient bien pouvoir atterrir. Les yeux rivés sur les clés et la bouche entrouverte, il se tourna complètement vers l’autre homme, essuyant ses mains moites sur son t-shirt comme s’il ne voulait pas souiller ce précieux trousseau, persuadé que Scott serait assez clément pour lui offrir la solution sur un plateau. « Thank god you’re here. », dit-il comme s’il s’était toujours attendu à l’arrivée de Scott, comme s’ils s’étaient quittés le matin même en se promettant de se rejoindre ici. Ses mains engourdies ne pouvaient s’empêcher de passer sans cesse sur son visage, essuyant rapidement les gouttes de sueur froides qui perlaient sur son front avant de venir frotter le bout de son nez qui le démangeait depuis des heures. « Yes I was, I was looking for these. See, I needed these, like, right now, like… I really needed these because I have to open the… You know… » Se déplaçant jusqu’à l’armoire à pharmacie qui contenait exactement ce dont il avait terriblement besoin, il toqua deux fois sur la porte en souriant, cherchant une explication à sa présence. « The thing is… I have this patient and he really needs some right now. But I forgot my uniform and of course my keys had to be in its pocket so, here I am trying to find another key or something else that would do the trick to help my patient because that’s a bit of an emergency. » Faisant quelques pas vers Stefan, il continua de s’enfoncer davantage dans son mensonge. « Harry gave me my job back, I mean you can call him. He knows I’m here, it’s fine. So if you could just… » Il tendit sa main droite vers le grand blond, son regard posé sur les clés, sa main gauche occupée à agripper ses cheveux en bataille comme s’il était sur le point de craquer avant de venir frotter chaque parcelle de son visage dans le seul but de garder les idées claires pendant plus de trente secondes. « …give me the keys now, that would be nice. » Stefan tenta un sourire, n’observant toujours pas l’autre homme dans les yeux, se concentrant pour ne pas oublier ce qu’il venait tout juste de dire alors que l’idée de pouvoir bientôt apaiser tous ses sens l’hypnotisait déjà et lui faisait perdre toute notion de la réalité. Peut-être que cette fois-ci, Scott n’allait pas disparaitre. Peut-être que cette fois-ci, il allait vraiment le sauver.[/color]
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MessageSujet: Re: It's the disease that we crave   It's the disease that we crave EmptyMar 12 Aoû - 9:42

Sa mère lui avait répété, à maintes reprises d’ailleurs, qu’il était beaucoup trop jeune pour se rendre compte de ses erreurs. Qu’il avait encore de belles années devant lui avant de s’asseoir et de réaliser qu’il avait pu toucher le coeur des gens et même en blesser certains sur sa route. Car après tout, l’homme jeune et libre se contentait d’avancer sans vraiment s’arrêter et sans vraiment avoir le temps car sa course lui semblait bien trop importante pour prêter attention aux sentiments des gens… Pas vrai?
Non, avait répondu Scott, il ne voulait pas être ce genre de personne, il ne voulait pas être idiot et il ne voulait faire de mal à qui que ce soit et il ne voulait pas que quelqu’un se retrouve plongé dans le noir à cause de ce qu’il aurait pu dire ou faire… Mais il se trompait, il n’était pas dupe, il était plus que jamais lucide et il savait qu’il n’avait qu’à se regarder dans un miroir pour voir toutes ses erreurs. Il se demandait vraiment comment Luya ou même quiconque avait fait pour l’aimer un jour, vraiment… Peut être que c’était la fatigue qui parlait tout simplement… Ou peut être qu’il voyait enfin clair depuis des années, peut être qu’apercevoir les cicatrices sur la peau blanchâtre de Luya lui avait ouvert les yeux et l’avait fait réalisé que enfin, il ne pouvait pas se comporter comme il l’avait toujours fait, il devait finir par grandir et définitivement fermer toutes les portes qu’il avait ouvertes en se dirigeant vers Luya pour faire en sorte qu’il n’y ait plus que lui et l’homme qui l’aimait. L’homme qu’il avait envie d’embrasser, de chérir, de vénérer et de tenir dans ses bras.

In sickness or in pain, good or bad days, I will hold you.
C’était la promesse qu’il se devait de faire à Luya et peut être qu’il devait la murmurer au creu de l’oreille du brun pour qu’il comprenne à quel point il était important et qu’il comprenne qu’il n’était plus juste une excuse, juste un remède à la douleur mais bien de quelqu’un d’important et quelqu’un de crucial dans la vie de Scott. Il avait besoin de le faire asseoir et de le lui répéter afin que Luya comprenne et réalise que Scott était sérieux, l’autre homme ne réalisait pas, non, pas encore, quoi de plus normal, ses cicatrices se refermaient encore…  Les mots de Scott l’avaient probablement détruit pour toujours et il en était sincèrement désolé et il réalisait à présent qu’il n’avait jamais aimé Maximilian comme il avait aimé Luya. Peut être que Maximilian avait été doux et peut être qu’il avait laissé Scott entrevoir une partie de ses blessures et une partie de sa douleur mais à la première occasion, il était parti et il avait pris la fuite sans absolument aucun regard en arrière. Luya lui avait voulu savoir, il avait pleuré, supplié Scott pour être celui qui suffirait, pour être assez, sans se rendre compte que rien qu’en cela, rien qu’en prononçant ces mots-là, il était unique. Oui, Luya était unique car c’était la première fois que quelqu’un voulait autant Scott, il n’avait jamais été de l’autre côté en fait, il était toujours l’idiot qui aimait un peu trop et qui finissait par se prendre des portes en plein visage. Il n’avait jamais voulu infliger autant de peine à Luya mais tout était nouveau pour lui et leur relation avait commencé de manière tellement peu conventionnelle qu’il était dur de définir les limites. Ça c’était une chose, ça c’était avec Luya.

Mais des erreurs, l’infirmier en avait commis plein et rien qu’en fixant Stefan, il ne pouvait pas s’empêcher de se sentir complètement idiot. Parce qu’il avait fait ça, ça, exactement ça. Il fixa Stefan qui passait ses mains sur son t-shirt, il avait sûrement des sueurs froides et il ne dormait probablement plus et peut être qu’il ne mangeait pas. Scott était responsable, tout aussi responsable que tous ceux qui avaient posé les yeux sur le McFire et qui avaient choisi de regarder de l’autre côté, ignorant sa détresse apparente. Scott se souvenait encore de cette fois où il avait ramené Stefan chez lui pour les vacances, sa mère l’avait fixé, puis avait posé ses yeux sur son fils et Scott s’était contenté d’hausser les épaules, un bras autour de celles de l’autre blond avant de l’entraîner dans sa chambre. Peut être que Joyce avait vu, avait compris que Stefan était cassé également et qu’il entraînerait sûrement son fils vers le fond. C’était ça le problème, Scott n’avait pas suffisamment essayé avec Stefan, ne prenant pas le temps, trop jeune, trop égoïste… Il se mentait s’il se disait qu’il n’aurait jamais pu tomber amoureux de Stefan, certes, ce n’était pas ce qu’il recherchait à l’époque, vrai, mais il avait apprécié chacun de leur baiser, chacune de leur étreinte, avait répondu à chacun des sourires de l’autre homme et au final le temps était passé et se réveiller certains matins aux côtés de Stefan lui paraissait naturel, il n’avait jamais pensé à aucun moyen que ses gestes auraient pu être interprétés d’une autre façon, dans son esprit tout était clair mais il n’avait pas une seule seconde songé aux sentiments de Stefan… Il avait été complètement égoïste et si Scott avait pu revenir en arrière peut être que…

Aurait-il effacé tous leurs souvenirs? Aurait-il enfin confronté Stefan et son problème et lui proposer une véritable aide? Peut être, Scott n’était pas la cause de la descente en enfer de l’autre homme, il le savait, mais au lieu de l’aider à tenir la tête hors de l’eau, il n’avait fait que le pousser un peu plus et il avait haussé les épaules comme les autres… Stefan méritait mieux dans le fond. Il  était tout de même souriant, intelligent, très acharné à la tâche et quand il était à l’hôpital, Scott était un peu plus rassuré, sachant que quelque part, dans ce cadre sécurisé il pouvait faire confiance à son patron. Pour le reste… Stefan était une énigme pour Scott. Une énigme qui vivait et qui sourirait et qui le fixait. Le croyait-il dupe? Cela aurait été n’importe quel employé, le McFire aurait sans doute pu obtenir les clés après un battement de cils et une explication aussi vaseuse que celle qu’il venait de fournir à Scott. Scott poussa un soupir avant de ranger les clés dans la poche arrière de son jean et de se rapprocher de Stefan, ses yeux bleus ne quittant pas le visage de l’autre homme.« Just let me ask you this Stefan… How dumb do you think I am? » Scott avait dit ça avec le ton le moins froid du monde, se retenant de rouler intérieurement des yeux. Stefan pouvait faire mieux, ils le savaient tous les deux, pourquoi venir ici à part pour pouvoir avoir une réserve de morphine suffisante pour s’endormir une partie du cerveau pendant des jours. Peut être qu’à un moment de sa vie, Scott avait envié Stefan, après tout, il avait trouvé un moyen d’échapper à la vie merdique de tous les jours et peut être même qui savait d’atteindre les étoiles. Plus d’une fois, Scott avait eu envie d’abandonner et il avait eu tellement eu de mal à l’admettre, alors pourquoi juger Stefan qui lui était toujours aussi fidèle au poste, hmm? Pourquoi le juger? C’était complètement irrationnel et hypocrite. Certes, mais ce n’était pas pour autant que Scott allait devenir son dealer personnel, pas vrai? Scott poussa un soupir, le visage dénué de toute expression à présent. «Harry gave you your job back, you said? I highly doubt that, but okay, sure, let’s say he lost his mind once again…. Let’s say you’ve got your job back, what’s your patient's name? In which room he’s or she is, what are they treating your patient for? Tell me, or better we can go see together and maybe I could be of some help, I’m the nurse here remember?» Scott ne prenait aucun plaisir à insister ou à pousser l’autre homme dans ses retranchements, mais il fallait bien qu'il réalise où était le problème. Peut être que la vie n’était qu’un mauvais rêve pour Stefan… Un grand et beau cauchemar, Scott allait-il vraiment être celui qui se chargeait de le réveiller?  

« What are you doing here Stefan? What are you really doing here hmm…? When was the last time you drank something that wasn’t alcoholic or ate? You’re not okay and we both know it. »
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