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 VERY BAD TRIP IV

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MessageSujet: VERY BAD TRIP IV   VERY BAD TRIP IV EmptyJeu 5 Juin - 23:17


very bad trip iv
Or Hangover IV. Or whatever you wanna call it.
These guys have a fucking headache.
Un long sifflement perçait ses tympans fragiles. Comme une sorte de sirène, une alarme, une alerte qui venait raisonner au creux de ses oreilles. Mais pour l’avertir de quoi au juste ? Luke n’en savait rien, les paupières encore closes, son esprit vagabondant dans un autre monde, une galaxie qui ne lui appartenait pas et où il ne maitrisait plus rien. Il était tranquillement en train de faire du patin à roulette sur une immense patinoire sous un soleil de plomb, quelques frissons parcourant son corps au contact de la glace, ses lunettes de soleil toujours bien en place sur le bout de son nez. Il zigzaguait, tournoyant avec aisance sur cette piste de danse improvisée, ses rollers lui permettant d’aller plus vite que la lumière. En vrai professionnel, il s’élançait parfois dans les airs comme s’il avait fait ça toute sa vie et qu’il n’y avait rien de plus naturel pour lui. Pourtant, toujours cette alarme qui retentissait au loin, comme si on annonçait la venue prochaine de la surfaceuse. Qu’à cela ne tienne, il pourrait éviter le véhicule sans aucun problème et s’amuser à le narguer. Il n’en démordait donc pas, continuant sa ronde folle avant de prendre son élan pour la millième fois, persuadé qu’il allait effectuer un triple axel sans trop d’effort pour finalement… S’écraser brutalement sur le sol verglacé.

Luke grogna, convaincu qu’il était simplement tombé de son lit, ne comprenant pas vraiment pourquoi le parquet de sa chambre, d’ordinaire bien plus accueillant, semblait soudainement si dur et froid, comme de la roche, de la pierre ou du… béton ? Il entrouvrit un oeil, vérifiant d’abord ses pieds pour constater qu’il avait abandonné ses patins à roulette dans le monde des rêves. Un peu déçu, il frotta son visage encore endormi, les sourcils toujours froncés en raison du bruit qui lui martelait le crâne et dont il n’arrivait pas à déterminer l’origine... Peut-être était-ce tout simplement lui qui devenait fou ? Ce qui ne serait vraiment pas étonnant, étant donné qu’il n’avait jamais foutu les pieds sur une patinoire de toute son existence et qu’il n’était pas prêt de le faire avant la prochaine décennie (au moins). Se massant les tempes, il prit conscience qu’il n’était pas chez lui au moment où il se rassit dans cette pièce qui ne ressemblait à aucune de celles qui se trouvaient dans son propre appartement. Où s’était-il encore retrouvé ? La lumière métallique du néon qui l’éclairait, ou plutôt qui l’aveuglait, ne lui permettait pas encore de déterminer la réponse à cette question avec certitude. Se hissant difficilement sur ses deux jambes en s’aidant du vulgaire banc en béton sur lequel il avait probablement passé le reste de sa nuit, il tituba dangereusement, rencontrant à présent le mur, tout aussi confortable que le reste de ce cocon dont il ne valait mieux pas se risquer à décrire l’odeur. Un hoquet lui échappa, preuve d’un profond dégoût et d’une nausée qui lui remuait l’estomac sans qu’il puisse contrôler quoi que ce soit. Se retournant pour avoir une vue d’ensemble, il remarqua d’abord la porte en verre, ou en plexiglas certainement, le genre de truc qu’on ne voit que dans les mauvais films policiers et derrière lesquels on enferme les malfrats. Oh wait… De quel côté de cette porte se trouvait-il exactement ?

Luke n’eut même pas besoin de réfléchir davantage, laissant échapper un soupir désabusé, une main toujours plaquée contre son front comme si cela allait aider à apaiser son mal de crâne. « Great. », dit-il pour lui-même, observant le corps encore inerte d’un autre homme qui gisait non loin de là. Cette chevelure blonde lui disait pourtant quelque chose. « Leo ? » Il fallait définitivement qu’on lui explique ce qui se passait, où il était et comment ils en étaient arrivé là. « Leo, wake up you piece of crap. Man, look at the state of you, seriously… » Luke fut agité d’un rire moqueur qui s’estompa très rapidement lorsqu’il s’aperçut que les mouvements de ses côtes n’aidaient vraisemblablement pas sa nausée. Et puis, il pouvait lui parler, lui qui ne marchait toujours pas droit et dont la cervelle était littéralement en train de se dissoudre au sein de son propre crâne. « Man, I feel like Harry fucking Potter, my head burns like fucking hell. Come on, wake up, we have to find out why You-Know-Who put us in his cave. » Se rapprochant de la baie vitrée qui les gardait bien à l’abris du monde extérieur, Luke plaçât ses deux mains contre celle-ci pour tenter de voir si quelqu’un se trouvait dans les environs pour venir les libérer. La bouche pâteuse, il n’avait de cesse de se lécher les lèvres, comme si le goût amer de l’alcool ingéré tout au long de la nuit allait subitement disparaitre avec quelques coups de langue. Remarquant le couloir sinistre sur lequel donnait leur cellule, Luke comprit par lui-même, après de longues minutes de réflexion tout de même, qu’ils étaient en réalité au commissariat. « ……. The fuck happened last night ??!? »

Il finit par se retourner quand il entendit finalement Léo, juste derrière lui, qui semblait revenir à la vie, tel La Belle au Bois Dormant qui sortait d’un sommeil très profond. Au final, peut-être bien que la princesse s’était tout simplement pris une bonne grosse cuite et l’histoire avait été écrite dans le seul but de prévenir les enfants et ainsi les sensibiliser aux dangers de l’alcool ? Luke et Leo n’avaient pas vraiment retenu la leçon, il fallait bien l’avouer…
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MessageSujet: Re: VERY BAD TRIP IV   VERY BAD TRIP IV EmptyLun 14 Juil - 6:46


very bad trip iv
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These guys have a fucking headache.
« To fucking douchebags! » qu’on scandait, Luke et moi, nos shots bien hauts au-dessus du bar, avant de prendre d’un trait ce qui me semblait être du whisky. Vu la couleur hen, parce qu’au goût, ç’aurait pu être un mélange de péroxyde et de crachat d’un des barmans qui à la lumière du regard de merde qu’il nous envoyait en aurait bien eu son reste si on avait quitté sa taverne miteuse une fois les verres déposés bruyamment devant nous. J’ignorais si c’était parce qu’on venait tout juste d’envoyer chier conjointement l’autre dude assis à côté du Fincher et qui prenait un malin plaisir à draguer lourdement à grands coups de rire gras et de remarques machistes tout ce qui avait des jambes et le moindrement une poitrine et qui passait devant lui, ou si c’était simplement parce qu’on gueulait tout court, comme les deux cinglés qu’on était. Comme les deux cinglés qu’on avait toujours été.

« MORE! » j'avais renchérit en cognant les shooters vides sur le bois vieillot.

C’était le seul souvenir qui me revint à l’esprit lorsque j’entendis bouger dans mon dos. Fallait dire que j’étais endormi là tout de suite, la gueule bien baveuse, la tête appuyée sur ce qui me semblait être dur comme du béton, froid pareil. J’eus une pensée pour la pauvre fille qui dormait dans ce genre de lit, celle qui avait dû se coltiner mon cadavre bourré de bonheur d’avoir renoué avec l’ami d’enfance la veille, et qui devait somnoler à mes côtés à l’instant où je reprenais un semblant de constance. J’ignorais comment j’y arrivais, parce que clairement lorsqu’on tient à peine debout, on n’est pas particulièrement un chasseur aguerri, mais même dans mes pires cuites je finissais plus souvent qu’autrement par repartir avec une fille. C'était un running gag même avec les potes - je faisais aucun effort, limite j'ignorais ce qui se passait devant mes yeux, je passais la soirée bien tranquille à boire et à discuter avec qui bon le voulait et même si tous ceux qui m'entouraient - de beaux gosses on ne se le cachera pas - mettaient en oeuvre leurs meilleures tactiques de drague, c'était presque toujours moi qui sortait du bar accompagné. Et j’m’en vantais pas, oh non. Ça me faisait rire plutôt, ce truc où plus le mec s'en fiche plus la nana en redemande. Et c'était un peu décevant aussi. Parce que depuis mes 18 ans tous frais que je peaufinais mes techniques de drague, avec en parallèle un pedigree de surfeur, de cuistot et de musicien. Mais elles s'en foutaient. Parfois, j'avais simplement qu'à les fuir du regard et elles se pendaient à mon cou. Les pauvres, elles ne me donnaient aucune chance. Et dire qu’on se moquait de l’autre idiot d'hier… si Isla avait été là, elle m’aurait pointé la douchebag jar avec un regard noir.

Je toussotai, râclant ma gorge qui se voulait et enrouée et pâteuse avant de tenter d’ouvrir un œil. Pfff, pas de risque que j’y mette le moindre effort, mes paupières étaient littéralement collées l’une à l’autre. « Leo, wake up you piece of crap. Man, look at the state of you, seriously… » cette voix. L…Luke? Je tâtai à la va vite, un peu trop selon mes muscles qui se serrèrent tous d’un coup en m’arrachant au passage un soupir exaspéré, m’assurant d’avoir toujours jean et t-shirt au cas où l’autre soldat aurait tenté un truc – j’avais toujours trouvé qu’il me dévorait du regard sous l’effet de la bière – avant de m’aider de mes mains pour me retourner. Dormir à plat ventre avait cet avantage de vous donner une tronche de merde vu l’endroit où vous l’aviez étalée quelques heures plus tôt, et dans mon cas, je sentais déjà les fissures du béton ayant marqué pour les prochaines heures mon front et mes joues. Ça, et la salive séchée qui ornait ma bouche et mon menton. La grande classe, et rien d’autre. Maintenant sur le dos, je m’efforçai de retenter d’ouvrir un œil, puis l’autre, et même si la lumière m’aveuglait grave je réussis tout de même à fixer le plafond quelques secondes, avant de repasser en mode yeux plissés. Beaucoup mieux.

« There are bones in my body that I didn’t even know I had… » que je me soufflai, la voix rauque, le regard amusé. « Man, I feel like Harry fucking Potter, my head burns like fucking hell. Come on, wake up, we have to find out why You-Know-Who put us in his cave. » Ça va, ça va. J'improvisai un semblant d’envie de porter mes mains à ma tête, pressant fortement mes paûmes sur mes tempes pour tenter de maîtriser l’écho que Luke venait d’y lancer. Harry Potter. Et après, je m’étonnais d’être celui des deux qui ramenaient des filles. S’il sortait ça comme pickup line, j’étais pour sûr le gagnant par acclamation oui. « Let’s just hope he kept his magic wand in his pants last night. Or that he didn’t use the Imperius curse on you, baby. » Fallait que je l’avoue, j’étais plutôt fier d’avoir retenu un ou deux trucs des visionnements auxquels j’avais eus droit, zappant pour la plupart du temps. Si j’avais pu penser que ça me servirait à quelque chose d'autre qu’à me foutre la trouille des hiboux et des albinos – c’était bien ça le truc que l’autre avait avec son visage tout blanc?! – y’avait ça de gagné. Un éclat de rire suivi presque, alors que j’étais trop occupé d’avoir glissé une référence ou deux pour me souvenirs que mon corps en entier était brisé dans tous les sens. Man, est-ce que je finirais vraiment par m'éclater tous les os du corps, ou un jour je m'en blaserais? Paraissait qu’à un stade, notre cerveau stoppait simplement toute réaction, nous fichant dans un état comateux causé par trop de douleur. Le mien n'avait simplement pas eu le mémo de ce que trop de douleur voulait vraiment dire.

Et puis, c’était fou ce que ma mémoire retenait des merdes parfois, des extraits d’un film pour gamins, l’autre idiot de la veille qui faisait chier. Oh, lui. « ……. The fuck happened last night ??!? » Il semblait particulièrement alarmé, ce qui m'amusa un brin. « Oh, I think we went by the beach to see the sunset and then we talked all night about our dreams, our passions, our hopes… » que j’ajoutai, le plus sérieusement du monde, palliant sur ma voix qui, éméchée, me donnait l’impression de retomber direct dans la phase peu glorieuse d’un adolescent en train de muer. Par chance, Luke avait manqué cet aspect de ma vie, et je me réjouissais déjà de la revivre à ses côtés. Sarcasm, anyone? Fallait se le dire, on puait l’alcool. Nos fringues empestaient un mélange peu attirant de fond de tonneau, de sueur… et de mari. Mais ça, c’était une odeur à laquelle j’étais plus que familier. Attaché, même. Tout ça pour dire qu’il n’y avait pas 36 solutions : on avait bu à s’en rendre complètement inconscients la veille. Fin de l’histoire.

« Dude, we’re smelling cheap alcohol... we’re sweating cheap alcohol. I feel like I’m drowning in bad vodka here. We drank, that’s what we did. And a lot, if you ask me. » j’en profitai pour retenter d’ouvrir les yeux, réalisant au passage que le dit lit inconfortable sur lequel j’étais étendu depuis mon réveil n’avait rien de mon propre matelas, de mon canapé, ou même, de mon plancher. Est-ce que j’avais crashé chez Luke? Faudrait qu’il m’explique ce que j’avais bien pu faire pour qu’il me file un lit aussi chiant à… je m’immobilisai, autant dans ma tête que sur mon béton lorsque mes prunelles se mirent à détailler la pièce. Le plafond plutôt, et les lumières rouges qui l’illuminaient plus loin, scintillantes. Je me redressai, maudissant déjà chaque parcelle de mon corps qui s’amusait à toujours me surprendre avec un nouveau craquement. « We’re at the police station aren’t we? » La cage dans laquelle on pourrissait au beau milieu de notre cuite m’apparût comme une grosse blague, comme si on s’était inscrit à une merde de télé-réalité et qu’on avait tout simplement oublié que le tournage commençait aujourd’hui. Ce soir sur la chaîne régionale, Leo & Luke testent les installations du commissariat de Los Angeles. Si par chance on était encore à L.A., hen…

« God, and why the hell is my back refusing to move in any direction? » c’était une chose d’avoir les côtes en miettes, c’en était une autre de sentir une décharge électrique traverser sa colonne vertébrale et ses omoplates, presque comme si on m’avait lacéré le dos avant de me lancer dans un bain rempli de lames de rasoir. Et pour que je les reconnaisse, pour que je me questionne, c'était pas du pipo. « Can you… » je tentai de m’assoir le moindrement droit possible, m’appuyant sur le mur derrière moi. « Fuck… forget it. » je pris sur moi, Leo le casse-cou n’allait pas perdre sa réputation badass ici certainement, et j’envoyai royalement chier ma curiosité de savoir d’où venait la sensation atroce qui me tronçonnait le dos en mille morceaux. Je préférai simplement laisser tomber ma tête vers l’arrière, avant de me passer une main sur le visage.

« So I guess we’ve made a lot of friends yesterday, hum? »

L’image de l’autre douchebag et du barman excédé me revint à l’esprit, m’arrachant un soupir. Faites qu’on ait réussi à les cogner avant de perdre totalement conscience.
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MessageSujet: Re: VERY BAD TRIP IV   VERY BAD TRIP IV EmptySam 6 Sep - 17:53


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« Oh, I think we went by the beach to see the sunset and then we talked all night about our dreams, our passions, our hopes… » Luke fit volte-face, levant les yeux au ciel, l’expression sur son visage traduisant à merveille l’état d’esprit dans lequel il se trouvait. Il avait ouvert la bouche, sans doute pour dire à Leo de la fermer, mais après tout, à quoi bon ? Et puis franchement, il ferait mieux de conserver le peu de voix qui lui restait pour une cause plus juste, à savoir se sortir de là rapidement et peut-être pouvoir ainsi comprendre comment ils s’étaient retrouvés entre ces quatre murs. Évidemment, la remarque de Leo fit rire l’ancien militaire intérieurement, son esprit encore un peu alcoolisé s’imaginant déjà en train de trottiner pieds nus dans le sable avec son pote Leo, confiant ses secrets les plus intimes avant de ricaner comme une fillette de treize ans, innocente, naïve et cruche au possible. Mais le mal de crâne qui lui martelait les méninges et qui s’amusait à le rendre dingue lui conseilla plutôt d’enfouir son rire au plus profond de sa poitrine et de faire mine d’être agacé, poussant un soupir avant de se tourner à nouveau pour observer le couloir désespérément vide. Peut-être qu’ils auraient du se lancer dans ce genre de conversation au final ? Ils avaient suffisamment de temps devant eux pour se questionner sur leurs rêves, leurs passions, leurs espoirs… Luke savait déjà ce qu’il aurait pu répondre avec exactitude. Il rêvait de sortir de cette cage immonde, il était passionné par la bière et il espérait de tout coeur que… Était-ce vraiment la peine de songer à tout ceci maintenant ? Est-ce qu’il était utile que la jeune femme vienne occuper la moindre de ses pensées, même lorsqu’il était coincé au commissariat de la ville ? Surtout quand il était coincé au commissariat de la ville… C’était sûrement l’alcool qui continuait de lui trafiquer les neurones et qui ne cessait de lui faire songer à des détails de sa vie qui n’étaient certainement pas prioritaires pour le moment. Pourtant, il s’était sûrement mis à boire dans le seul but d’oublier toutes ces histoires et pour ne plus penser à la belle blonde qui avait élu domicile entre les parois étriquées de son crâne endoloris. Ou peut-être avait-il simplement eu envie de se rendre malade en ingurgitant une quantité d’alcool absolument terrifiante et que cela n’avait rien à voir avec qui que ce soit ou même avec les évènements qui avaient récemment marqué sa vie. Peut-être que Luke aimait boire et qu’il n’y avait pas d’autre explication à donner à son intérêt aiguisé pour la boisson. Et puis, sans cela, il serait sans doute nettement moins intéressant.

Le jeune homme s’était tellement égaré dans les méandres sinueux de ses pensées qu’il n’avait même pas prêté attention aux paroles de Leo, qui continuait de bavasser quelque part dans son dos tandis que ses yeux étaient toujours rivés vers le reste du commissariat, cherchant un membre des forces de l’ordre du regard pour tenter de leur rendre leur liberté. Après tout, ils ne devaient pas avoir fait grand chose. En tout cas rien de suffisamment grave qui justifierait une mise en garde à vue ou un interrogatoire, pas vrai ? Luke n’en avait pas la moindre idée. Il tenta de se concentrer l’espace d’une seconde pour essayer de se rappeler exactement ce qui avait bien pu se produire. Il se revoyait dans le bar, sifflant les shooters avec une rapidité déconcertante, tapant chaleureusement sur l’épaule de Leo quand il sentait la liqueur lui réchauffer les entrailles, pour ne pas dire qu’elle commençait sérieusement à les bruler à vif. Et puis il y avait eu ce type qui l’avait agacé pour une raison dont il ne parvenait pas à se souvenir. Ce mec là devait respirer un peu trop bruyamment pour que Luke puisse véritablement le supporter. Ou bien peut-être que c’était sa gueule qui ne lui était pas revenue et il s’était dit qu’il aurait sans doute l’air plus potable s’il se servait d’un tabouret pour lui refaire la mâchoire. Oui, voilà, ce devait être un truc dans le genre. Luke se revoyait maintenant suffisamment clairement en train de baisser la tête vers le meuble en bois qui se tenait devant le comptoir et qu’il avait décidé de ne pas occuper, se tenant debout et accoudé contre le bar pour se donner un genre ou pour paraitre plus viril. Ses yeux avaient ensuite dérivés sur les barreaux du tabouret qu’il pourrait récupérer facilement en le fracassant contre le comptoir histoire d’avoir une arme digne de ce nom pour procéder au ravalement de façade de l’autre bouffon qui l’irritait plus que de raison. Est-ce qu’il s’était finalement laissé tenter ? Luke n’en savait rien. Le flou total. Il fallait qu’il pose la question à Leo, qu’il lui demande s’il se souvenait de ce passage. Parce que si Luke avait effectivement pété les plombs et qu’il s’était mis à tout renverser dans le bar où ils avaient passé une bonne partie de la soirée, il se pourrait bien au final qu’ils se soient retrouvés dans cette cellule après avoir commis le meurtre d’un parfait inconnu qui avait eu le malheur de réveiller la colère qui somnolait en Luke. Dans ce cas là, les deux acolytes auraient donc à faire à un tout autre problème et ils ne risquaient pas de revoir la lumière du jour avant les vingt prochaines années, s’ils n’écopaient pas de la peine à perpétuité.

Luke était en train de disjoncter, collant presque son nez contre la glace, priant pour que cela puisse alerter un gardien de la paix. La voix de Leo le sortit enfin de ses rêveries quelques secondes plus tard, lorsqu’il eut encore le don de faire une remarque des plus intelligentes. « We’re at the police station aren’t we? » Luke leva les yeux au ciel, soupirant contre le verre, reculant aussitôt lorsque les effluves nauséabondes de son haleine parvinrent jusqu’à ses narines, une grimace dégoutée déformant à présent son visage. « No, we’re still at the beach, dumbass. » Luke passa une main sur sa nuque pour tenter de se masser et ainsi détendre les muscles de son cou qui lui faisaient un mal de chien, son regard se posant finalement sur son ami, ricanant en constatant que le béton avait laissé quelques charmantes marques sur ses joues et que la bave avait séché au coin de sa bouche. L’ancien militaire se retint néanmoins de rire franchement à gorge déployée, jugeant qu’il devait être dans un piteux état lui aussi et qu’il ne pouvait pas spécialement se permettre de la ramener. Le spectacle de Leo qui tentait de se mouvoir n’étant pas particulièrement sa tasse de thé, il préféra se focaliser à nouveau sur ce qui se passait à l’extérieur de leur bulle, cherchant toujours une personne susceptible d’ouvrir leur cage pour leur rendre leur liberté. Est-ce qu’ils avaient encore leurs papiers sur eux au moins ? Tandis que Leo continuait de jurer quelque part derrière lui, Luke se mit à tater les poches de son jean pour constater qu’elles étaient désespérément vides. Merde. Est-ce qu’on les avait vraiment mis en garde à vue ou est-ce qu’il avait simplement passé trop de temps devant les séries qui passaient à la télé ? Non, la vraie question n’était pas là. Le problème, c’était surtout de savoir si Luke était sorti la veille avec autre chose que du liquide dans ses poches… Bon, il fallait vraiment qu’il songe à s’asseoir dans un coin pour se refaire le cours de la soirée et essayer de comprendre ce qui s’était réellement produit parce que pour le moment, il ne se souvenait que des shooters, de la tronche d’un type qui lui donnait la gerbe et de son attirance soudaine pour les pieds de tabouret ; et avec ça, il ne pourrait pas aller bien loin, il fallait bien l’admettre.

« So I guess we’ve made a lot of friends yesterday, hum? » Luke échappé un rire, essayant bêtement d’ouvrir la porte qui les séparait du reste du monde. Il pouvait y croire non ? Après tout, ils n’étaient peut-être pas au commissariat de police mais ailleurs, dans un endroit qui y ressemblait comme deux gouttes d’eau, une boite de nuit dont le nouveau concept était de garder les esclaves captifs avant de n'en faire qu’une bouchée. Bon, ce n’était pas très rassurant au fond, l’idée d’être soumis aux désirs d’une femme énervant Luke par avance. Si c’était bien une femme qui avait tout orchestré, et pas un gros quadragénaire poilu et pervers qui allait venir les rejoindre avec son fouet. Et puis avec un peu de malchance, il aurait même pu s’agir du type qu’ils avaient voulu défigurer la veille qui venait prendre sa revanche avec des objets qui n’allaient sûrement pas les mettre à l’aise… L’esprit de Luke divaguait complètement, preuve qu’il était encore sous l’influence de l’alcool et que son sang n’était pas tout à fait désintoxiqué pour le moment. « I guess we fucking did. » Pourquoi est-ce le jeune homme ressentait le besoin de jurer dans chacune de ses phrases ? Il fallait mettre cela sur le compte du mal de crâne certainement. Ou des images dégouttantes qui continuaient de polluer son imagination. « No but seriously, do you remember what happened ? Cause the only memories I have are ones of a fucking douchebag who really pissed me off just by existing. And man, I really hope he’s in worse shape than us, if that’s even remotely possible. » Dans un éclair de lucidité, Luke eut la présence d’esprit de baisser la tête pour vérifier l’état de ses phalanges, seules preuves réelles de ce qui avait pu se produire au cours de leur soirée. À en juger par les quelques ecchymoses qui teintaient sa peau, il n’y était pas allé de main morte. « Yeah, I guess I went all military on him and I don’t think he has any tooth left now… » Faisant finalement un pas vers Leo, il lui montra le revers de sa main pour qu’il puisse constater l’étendue des dégâts par lui-même. « But he probably hit you on the back though, that mother fucker… » Le genre d’attaque lâche dont Luke avait particulièrement en horreur. « Let me check, maybe we can ask for medical assistance and get the hell away from here. Either way, we need to find out what happened and get our story straight first. And then we can ask to use our phone call… Come on, show me your back. » Se rapprochant de l’endroit où Leo se trouvait, il songeait déjà à la réaction d’Isla quand il allait devoir la contacter pour qu’elle vienne les chercher ici...  
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MessageSujet: Re: VERY BAD TRIP IV   VERY BAD TRIP IV EmptyLun 6 Oct - 3:11


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En même temps, Luke était mon meilleur pote pour faire des conneries. Avec Deklan, on pensait rarement à autre chose qu’à la musique. On prenait jamais le temps, en fait, parce que passionnés à la con qu’on était, ça nous semblait logique de se laisser nos cordes dériver à la place. Mais Luke, lui, il avait ce don d’extrapoler mes idées de merde pour les rendre encore plus connes, encore plus viables. On avait gaffé ensemble des années et des années encore, du plus loin que je me souvienne, et j’avais déjà l’impression qu’on allait recommencer de plus belle dès l’instant où on avait repris contact, où on s’était dit qu’on irait prendre une bière relax en ville à un moment ou un autre. Pffff. Relax. Ça, c’était hors de notre zone de confort quand on s’y mettait. Parfois, je me disais que si j’étais aussi accro à me casser la gueule, ça avait pour beaucoup un lien avec lui, parce qu’à la base quand on était gamins, on faisait que ça. Mais aussi responsable que je pouvais être, je prenais tout le blâme de mes quelques – nombreuses – neurones en décrépitude le temps de lever ma pinte avec lui et de rattraper le temps perdu. On s’était surement même promis de se comporter normalement et de garder le tout très formel la veille, un verre et puis quelques souvenirs boboches puis ça se terminerait là, mais… ça c’était pas terminé là. « No, we’re still at the beach, dumbass. » Ah bah tiens, on avait peut-être donné des coups, et on en avait surement reçu au passage, mais notre pouvoir de géolocalisation était tout de même au point. Je fis mine de sourire, sarcastique au possible, avant de rouler à mon tour des yeux. Two can play that game, dummie. « Then, take a picture of this wonderful sunset and gimme a break. » que je conclus, lui montrant qu’il était pas le seul à se sentir comme une merde amnésique, allant même jusqu’à lui lancer mon portable par la gueule avec le même air de fin finaud qu’il arborait.

M’enfin bref, ça, ça nous aidait pas plus. Au moins, le fait de me redresser avait permis à ma cervelle de faire un brin d’air, et de laisser l’oxygène et le sang circuler normalement un temps. Assez pour que j’arrive à ne pas perdre un mot de ce qu’il racontait. Des potes, une tonne. Et ça me sidérait. Parce qu’au naturel, j’étais un mec relax. Le genre qui ne ressent pas le besoin de cogner, autant que Talan ou Luke tiens, qui se tenait à carreau. J’avais pas eu à me battre un nombre important de fois dans ma vie, préférant mon humour et mon sarcasme de merde pour détendre l’atmosphère ou juste boucher l’autre idiot qui tentait de s’en prendre à moi. Limite, ça m’amusait, ceux qui sautaient sur la première occasion de dégainer leurs biceps, d’afficher leurs couleurs et d’en appliquer une belle palette passant du rouge au bleu à la gueule de ceux qui les faisaient chier. Mais fallait dire que comme mentionné plus haut, Luke avait ce don de me pousser dans la mauvaise direction. Pas que j’étais plutôt doué à faire de bons choix, j’avais Isla et Ash qui se faisaient un plaisir de me le rappeler plus souvent qu’autrement, mais quand même, la violence était jamais dans mon top trois de décisions hâtives. Sauf quand Luke et moi, on dégénérait. Et à voir l’état dans lequel on se trouvait tous les deux, ouaip, ça avait dégénérer un brin. « No but seriously, do you remember what happened ? Cause the only memories I have are ones of a fucking douchebag who really pissed me off just by existing. And man, I really hope he’s in worse shape than us, if that’s even remotely possible. » Ah. Ahahah. Le douchebag. Lui. J’hochai de la tête, amusé, espérant au passage comme le Fincher qu’on lui avait laissé un petit souvenir de nous avant de disparaître en véritables héros… ou en loques humaines. « One thing's sure, we let him know he was annoying as shit. » que je commençai, me rappelant nos quelques altercations plus ou moins sympas avec lui et sa méthode de merdeux de draguer, mais autrement… Les mains de Luke vinrent nous donner la réponse qu’on cherchait, abimées par les coups qu’il avait surement eu la gentillesse d’ajouter à nos remarques et j’hochai de la tête, convaincu, lorsque le brun s’avança dans ma direction pour me montrer l’étendue des dégâts. Mince, il y était pas allé de mains mortes (poudmtish). « Even if he’s badly hurt, it’s us who are dying in prison right now. Them douchebags, they always win. » Rire jaune, nouveau spasme dans le dos, nouvel élancement qui me scie le souffle un moment. Eh merde. Luke remarqua aussitôt ma mine changer, surement plus encore que tout à l’heure parce qu’en me replaçant, j’ai senti une autre décharge parcourir mon échine, et il se pencha un peu plus vers moi, conscient que si ça m'atteignait autant, c’était pas des pleurnicheries de gamine.

« Let me check, maybe we can ask for medical assistance and get the hell away from here. Either way, we need to find out what happened and get our story straight first. And then we can ask to use our phone call… Come on, show me your back. » Assistance médicale, appel téléphonique, histoire complète… on dirait que je passais maintenant de la téléréalité de Leo&Luke à travers les commissariats à quelque chose d'un peu plus sérieux, la série criminelle, le truc policier où n’importe quelle petite erreur pourrait nous coûter la vie, ou du moins, une peine salée. Fincher me fit signe de lever les bras et j’haussai le sourcil, aguicheur. « You’re skipping steps honey. What's happening to foreplay? » Son air excédé me confirma que les blagues seraient pour plus tard et je soupirai, ayant toute la misère du monde à lever les bras pour l’aider à voir le résultat entier le long de ma colonne. Mais rien qu’à sentir le tissu de mon t-shirt qui semblait être collé littéralement à ma peau, je prévoyais déjà que quelque chose clochait. « Am I going to be alright doctor? » La douleur s’était momentanément dissipée vu l’air frais qui entrait directement en contact avec mon dos, et je pris le temps d’attendre quelques minutes en silence avant de me tourner brusquement vers Luke, impatient de savoir pourquoi il restait muet aussi longtemps. Ouch. « Oh, so now blood and bruises keep you silent?! » Le regard bien fixé sur la tête déconfite de Luke, je pris la peine d’agiter la main sous ses yeux pour rattraper son attention qui filait un brin, avant de rouler des iris à mon tour. Qu’est-ce qu’il nous faisait là? Un éclair de génie venait de le traverser et il se remémorait la veille? Il était tombé dans un sommeil les yeux ouverts, et son corps reprenait des forces pour la suite, ou quoi? « Yo sleeping beauty, still with us? » les yeux braqués sur le soldat à la retraite, je finis par remarquer un trait, noir, qui ornait mon épaule droite. «  What the… » Je n’eus pas le temps de terminer que déjà je réalisais en filant un coup d’œil à mon épaule gauche qu’une autre ligne courbée, et toute aussi noire, prenait place. Un… tatouage?
 
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VERY BAD TRIP IV

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