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 INTRIGUE - The Big One – DEKLAN & ISLA

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MessageSujet: INTRIGUE - The Big One – DEKLAN & ISLA   INTRIGUE - The Big One – DEKLAN & ISLA EmptyVen 14 Fév - 23:38


THE SHOCK HIT ELEVEN, GOT LOST IN YOUR EYES.
isla et deklan.


La St-Valentin. L’an dernier, j’avais passé la soirée à couvrir un défilé de mode au profit de la fondation du Good Samaritain Hospital, qui recueillait des fonds pour les maladies du cœur. L’événement avait été un franc succès, entre les mannequins toutes vêtues de rouge et de rose, de robes créées spécialement pour elles par des designers de renom desquels les dames dans l’assistance s’arrachaient déjà les créations des yeux. Je me souviens avoir complètement zappé la fête de l’amour, trop occupée à être éblouie encore une fois par la folie de l’arrière-scène d’un défilé, suivant mannequins, stylistes, maquilleurs et coiffeurs dans l’hystérie la plus générale, avant de voir le résultat – splendide – final. De me prendre au jeu et de ressentir le plus puissant des stress avec cette équipe d’abeilles trop actives m’avait évité de tomber dans le cliché de la typique St-Valentin, moi, pauvre célibataire qui attirait la sympathie des autres lorsque je confirmais que non, personne ne m’attendait ensuite à la maison. C’était d’un ridicule que même j’avais dû me justifier au chauffeur de taxi qui ne comprenait pas la raison pour laquelle, une fois le défilé terminé, je retournais seule à la maison. Le comble? J’avais dû demander au resto sushi du coin une version solo de leur menu pour amoureux, question d’éviter le gaspillage. À trop vouloir célébrer la soirée seule, comme une grande, j’étais tombée dans le pire piège américanisé au monde. L’amour. Celui qu’on vend dans les rayons éclairés au néon, à saveur de cannelle et de chocolat noir. Être célibataire à la St-Valentin avait, contre toute attente et malgré ma forte résistance à tomber dans les clichés, réussi à me déprimer.  Et cette année, je m’étais juré une soirée hors de tous scénarios catastrophiques. Je ne me laisserais pas avoir & prévoyais déjà ne pas mettre le nez dehors sous aucun prétexte. Pas question de récolter de nouveaux les regards pleins de pitié des dizaines de couple venus célébrer l’amour à Los Angeles. Non, non, non.

Surtout pas après ce qui venait de se produire avec Deklan, durant les vacances de Noël. J’avais d’abord voulu faire comme à l’habitude et l’éviter, lorsque j’étais tombée par hasard sur lui chez Ashleigh. Mais mon orgueil, et mon envie de régler le malaise qui planait entre nous depuis, hum, toujours, m’avait convaincu à rester, à m’imaginer une idée bidon et à tenter de recoller les morceaux. Avec lui, entre nous. J’avais gaffé un nombre incalculable de fois, mais j’avais fini par lui dire ce qui comptait vraiment : que j’étais désolée. De la façon dont les choses avaient changé, de l’avoir traité comme quelqu’un qu’on jette alors que c'était tout sauf mon intention, de ne pas avoir été honnête avec lui, d’avoir cédé sous la pression de mentir à sa sœur, ma meilleure amie. J’avais cru être claire en lui disant que je voulais simplement que tout redevienne comme avant, qu’on recommence du début et qu’il reprenne la place qui lui était due, à son tour, l’une des personnes les plus importantes de ma vie. J’avais insisté sur le fait qu’il comptait beaucoup pour moi, que je serais toujours là pour lui, mais que je ne pouvais tout simplement plus mentir à Ash. Que j’avais envie d’une vie où tout serait simple, amusant, léger. Et,  alors que je croyais le tout réglé, il m’avait embrassé. Je dis « il », mais j’avais répondu au baiser, et c’est bien ça le problème. Maintenant, je n’arrivais plus à faire autrement qu’à penser à tout ça. Parce que d’un côté j’avais envie de retomber en adolescence dans ses bras, et parce que de l’autre je voyais mes 30 ans approcher à la vitesse grand V, ne me donnant plus envie de me prendre la tête en sachant très bien que si je choisissais l’un des Monaghan, celui qui faisait battre mon cœur comme personne, l’autre ne me le pardonnerait pas de sitôt. Et comme Ash était une véritable sœur pour moi, je me voyais mal faire un trait sur tout ce qu’elle représentait à mes yeux.

Voyez pourquoi la St-Valentin me donnait mal à la tête, nah? À mes incertitudes amoureuses et à mon envie d’éviter de passer pour la pauvre vieille fille, j’avais un plan d’enfer : gâteaux, pizza surgelée, films d’horreur (je prévoyais me taper la série des Freddy jusqu’au lever du soleil) et pyjama le plus hideux. Rien de mieux pour éviter de repenser à Deklan, alors que je m’étais juré de faire comme si notre baiser n’était qu’une façon de clore la chose, de clore notre histoire pour ouvrir un nouveau chapitre. Isla et Dek, les bons amis. Rien de plus. Bol de pop corn en main, cheveux attachés à la va-vite, j’hochai de la tête pour moi-même, me confirmant que tout était pour le mieux et que choisir l’honnêteté serait toujours payant. La soirée passa, d’abord arrosée de vin rouge à 10$, accompagnée ensuite par une pizza trop cuite au pepperoni et couronnée d’un gros gâteau fait maison, au chocolat. Par chance, mon pyjama était une taille au-dessus et m’empêcha facilement de culpabiliser sur le nombre de kilos que je venais de prendre. Baissant au minimum le volume sur une nouvelle scène de meurtre sanglant, j’agrippai mon téléphone portable, signalant distraitement le numéro d’Ashleigh. 5 sonneries plus tard et je tombais sur sa boîte vocale. « Salut. » que je statuai, sérieuse. « Je tenais simplement à te dire que je viens d’avaler un gâteau au chocolat complet et que la quantité de sucre dans mon sang risque d’atteindre des niveaux encore jamais rencontrés. » je marquai un pause, tirant la langue à l’assiette de dessert vide qui me lorgnait. « Je me suis dit que tu aurais besoin de cette info lorsque j’entrerai en urgence à la clinique Betty Crocker. » silence, puis un éclat de rire. « Hey, joyeuse St-Valentin chaton! ». Autant lui confirmer que j’allais mourir heureuse de mon overdose de sucre, hen.

Je me souviens ensuite être passé de Freddy à Jason, complétant ma soirée anti-St-Valentin par un masque pour le visage à l’argile verte. La suite est floue, à savoir, j’ai réussi à trouver le moyen de m’endormir alors que la célèbre machette tranchait de tous les côtés la pauvre cheerleader blonde. C’est un sillement, un son très aigu qui me fit d’abord ouvrir un œil, puis l’autre.

23h34

Comme si on avait pris mon appartement, qu'on l’avait soulevé, lancé de tous les côtés avant de le laisser tomber au sol. D’abord, les meubles commencèrent par trembler, puis par chuter les uns après les autres. Je me recroquevillai sur mon divan, consciente que je n’étais pas à l’abri, mais tout de même. Les cadres sur les murs tombèrent eux aussi au sol, se fracassant dans un bruit sourd, faisant éclater le verre en petits fragments fins. Pieds nus, j’arrivai tout de même à me faufiler prudemment jusqu’à la fenêtre, encore sous le choc de ce qui venait de se passer, de tout ce qui était tombé autour de moi, brisé. Dans la rue, la pluie diluvienne arrivait à masquer quelques bruits, mais en écoutant bien j’arrivai à distinguer plusieurs systèmes d’alarme sonnant sans répit. Des gens commençaient à sortir, tous autant surpris que moi. De pleurs aussi, des cris, mais je n’arrivais pas à voir à travers la tempête d’où ils pouvaient bien provenir. Autour de l’immeuble, plus aucun autre bâtiment n’avait d’électricité. J’inspirai, faisant volteface, examinant l’ampleur des dégâts. Presque tout ce que je possédais était répandu à mes pieds, en morceaux. J’hésitai entre m’enrouler dans une grande couverture et filer sous les draps pour oublier le rangement de fou que je devrais faire le lendemain, et l’inquiétude. Je n’avais pas rêvé, il y avait bien des gens dehors qui semblaient être encore plus mal en point que moi. Et si ce tremblement – c’était bien ça? – avait causé des morts? Et si Ashleigh, et si Deklan, et Lavender, et Rosa? Je n’eu pas le temps d’imaginer le pire, que déjà…

00h02

Deuxième secousse, toute aussi puissante, m’envoyant valser contre le meuble télé qui ne résista pas, s’écrasant lui aussi au sol dans un vacarme de fou. Tout ce qui avait pu survivre à la première vague ne fut pas aussi chanceux pour la suite. De loin, j’entrevoyais mon ordinateur complètement éclaté au sol, l’écran brillant de plasma fracassé et arrosé d’eau de pluie, passant par une toute nouvelle fente au plafond. Mon cœur fit deux tours, pensant à tout ce qui se trouvait à l’intérieur de cette machine, ma vie, et qui venait de prendre un coup d’eau, avant de sursauter à entendre des coups, forts, sur la porte de mon appartement. Encore sous le choc de ma chute, je me précipitai à la porte, ouvrant, donnant sur les voisins au fond de l’allée qui voulaient s’assurer que j’étais ok. « Oui, je… Et vous? » que je balbutiai, les suivant dans le couloir. Je passai devant la porte de Jaime, m’arrêtant à mon tour, frappant longtemps, ne le voyant pas avec les autres prêts à filer à l’extérieur de l’immeuble. Un grand brun que je ne reconnus pas vit ma panique de rester sans réponse et vint m’aider, défonçant d’un coup de pied la porte qui s’ouvrit sur un appart vide, mal en point, mais vide, me confirmant que Jaime était sain et sauf. Ouf. À ce qu’il paraît, et de ce que j’entendis tout en bas de la cage d’escaliers, deux énormes palmiers s’étaient effondrés sur le toit de l’immeuble, provoquant une large fissure qui menaçait de prendre en ampleur sous le poids des arbres. À ça s’ajoutait le fait que la porte principale du building était bloquée de l’extérieur et que personne ici ne risquait de pouvoir sortir avant de recevoir de l’aide des pompiers ou des policiers. Joyeuse St-Valentin à tous, hen.

Devant la panique qui s’installait autour de moi, je préférai m’installer au sol, adossée contre le mur, invitant les jumeaux de 5 ans des voisins d’en-dessous à venir me rejoindre. La pauvre Ellie arrivait à peine à retenir ses sanglots alors que son frère, Gabriel, était sans mot. L’une s’installa sur mes genoux alors que je lui flattait doucement les cheveux et l’autre se blottit dans mon cou, gardant son père à l’œil. Celui-ci s’était joint à d’autres hommes du building affairés à défoncer les fenêtres de la cage d’escaliers. De cette façon, peut-être arriveraient-ils à faire savoir aux gens dans la rue que nous étions bloqués à l’intérieur de l’immeuble inondé? Le vent et la pluie semblaient empêcher les bruits d’aller loin, mais à force, les hommes s’avéraient tout de même plutôt résistants. Être sous le choc était un mot faible. Je tâchai donc de respirer calmement, me voulant rassurante. Au loin, trop loin pour que je puisse m’en rendre compte, mon téléphone portable sonnait à répétition. Sans réponse.

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Dernière édition par Isla L. Hamilton le Dim 13 Juil - 17:25, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: INTRIGUE - The Big One – DEKLAN & ISLA   INTRIGUE - The Big One – DEKLAN & ISLA EmptyLun 24 Fév - 6:33


THE SHOCK HIT ELEVEN, GOT LOST IN YOUR EYES.
isla et deklan.


« Vous faites chier, les gars ! » J'explosai de rage, envoyant valdinguer du revers de la main une bouteille de bière vide à l'autre bout de la pièce. « Le tremplin est pour bientôt et t'es pas foutu d'enchaîner les accords correctement ! » dis-je, un doigt accusateur pointé vers Steve, le bassiste. Je levai les bras en signe d'impuissance. « Alors... ok, allez y, allez voir vos gonzesses ! Mais ne venez pas chouiner quand on se fera laminer par un groupe de pré-pubères à la con ! » Je retirai la sangle de ma Stratocaster – alias Betty pour les intimes (HJ : ça, c'est cadeau de la maison)–, petit bijou dans lequel mes économies s'étaient enfouies, que je rangeai dans son étui avec précaution. « Et vous expliquerez à vos copines que, ouais, vous auriez pu percer dans la musique, devenir des rock-stars, amasser du blé pour leur payer toutes les chirurgies dont elles auront besoin à un moment ou à un autre pour retendre ceci, rehausser cela, mais que nooooon, un dîner de merde aux chandelles était plus important. » Non, je n'étais pas amer. Je m'étais investi d'une mission, celle de prouver qu'Isla ne se plantait pas sur toute la ligne me concernant, que, ouais, j'étais doué pour une chose. Après notre conversation à l'appart de la morveuse, celle où elle avait enfin lâché les mots que j'attendais inconsciemment depuis si longtemps et où elle m'avait reboosté sur ma passion, j'avais pris la décision de reprendre la musique. Je n'étais pas retourné avec les autres guignols qui m'avaient laissé choir comme une merde et baisser les bras, et qui n'étaient pas foutu de monter sur scène sans un gramme d'alcool dans le sang. Non, j'avais formé un nouveau band. Plus sérieux, avec davantage de capacités, mais avec des gars horriblement en couple. Ouais, bon, à part Lenny, le batteur, qui ramait tout ce qu'il pouvait pour attirer l'attention de la gente féminine. Les batteurs et les femmes, ce n'était pas facile pour eux. De mon côté, j'étais tellement focalisé sur ce tremplin qui approchait, menaçant, que j'avais délaissé pas mal de chose. Je passais plus de temps dans le sous-sol que la mère de Lenny – oui, autre détail qui tue pour ce pauvre gars – acceptait de mettre à notre disposition, que dans mon appart ou ailleurs. Ce qui pouvait expliquer pourquoi j'étais aussi remonté contre eux.

Je m'allumai une clope pendant qu'ils rangeaient leur matos. « On peut remettre ça demain où est-ce que vous comptez, là encore, me lâcher ? » Regards fuyants. « C'est que j'emmène Shelley pour un week end romantique... » Je fusillai Steve de mes prunelles avant de soupirer longuement. « Je vois. » Je ne pouvais pas non plus trop lui en vouloir, Shelley était enceinte de 6 mois et à part sa manie de vouloir parler de tout, tout le temps, elle était plutôt cool. Un week end du genre lui ferait probablement le plus grand bien. Mais, merde. Je n'avais pas vraiment pensé à ces détails lorsque j'avais demandé à son mec de rejoindre le groupe. « Lundi soir, à l'heure habituelle ? » demandai-je à la cantonade. Cette fois, personne ne broncha et tous acquiescèrent de la tête avant de remonter les escaliers. Tous, sauf Lenny qui rangeait le bordel laissé par les autres. Je me tournai vers lui et l'observai en silence. De nature timide, il était malgré tout surprenant lorsqu'il se lâchait avec ses baguettes. Voir carrément flippant. On avait l'impression que ses yeux étaient prêts à sortir de leur orbite tant il y mettait du cœur. « Tu veux aller te boire une bière ? » Il releva ses yeux clairs sur moi. « J'aurais bien voulu, mais ma mère m'a prévu un plan pour ce soir... » What the fuck ?! Même lui m'abandonnait ? « La fille d'une de ses amies de la congrégation. » J'écarquillai les yeux. « Oh. » Congrégation. A mes oreilles, ça avait toujours sonné comme secte, mais fallait dire que la religion et moi... « Ça sent un peu le plan foireux, non ? » Un sourire en coin sur les lèvres, il haussa les épaules, fataliste. Je l'imitai avant de ramasser mes affaires, de grimper les marches deux à deux et de m'échapper de la maison en saluant au passage Madame la maman de Lenny, dont je ne retenais pas le prénom.

Arrivé chez moi, je lançai mes clés sur le plan de travail de la cuisine avant de me laisser tomber dans le canapé devant la télé que j'allumai. Évidemment, toutes les conneries qui passaient avaient pour thème cette foutue St Valentin. Pour rappeler aux célibataires qu'ils étaient incomplets tant qu'ils n'avaient pas trouvé l'élu(e) de leur cœur. Bullshit ! Propagande de merde ! Le plus déprimant étant cette histoire d'âme sœur. La seule, l'unique. Je n'aimais pas cette idée. Parce que, alors, si on ratait le coche, c'était trop tard, notre vie était foutue. Que ma vie était foutue. Merde ! Parce que, oui, j'ai cru l'avoir trouvé fut un temps. Et elle m'avait glissé entre les doigts pour réapparaître et chambouler ma vie une nouvelle fois. Alors que j'avais tiré un trait sur mes rêves, que je me résignais à une vie fade, Isla avait su trouver les mots pour me redonner la hargne qui m'avait échappé. Sur le coup, dans l'appartement de la morveuse, je n'avais pu trouver les mots, je n'avais pu répondre aux siens. Causer n'était pas mon fort, ça se savait. Chanter, à la limite, mais parler... Tout ce que j'avais trouvé à faire en retour, alors que la situation s'était calmée, c'était de l'embrasser.  Pour quoi exactement ? Dans quel but ? Je n'en savais foutrement rien. C'était sous le coup de l'impulsivité légendaire des Monaghan. Et, ce qui m'avait paru être une bonne idée dans l'instant n'avait fait qu'installer une nouvelle gêne. Nous n'en avions pas reparlé depuis, bref, retour à la case départ. Et ça me bouffait. Mais quel con je faisais ! Tout ça pour dire que cette St Valentin me minait et que j'avais espéré pouvoir miser sur les gars, sur le band, mais non. Il était loin le temps de l'insouciance, des bro' avec les filles. Bro'... Ouais, je ne pouvais pas non plus compter sur Jacks. Depuis qu'il y avait le bébé, depuis qu'il s'évertuait à faire des efforts pour Callie, je ne me voyais pas l'emmerder avec mes histoires. Parker ? Ouais, non, certainement pas après ce que j'avais vu dans l'appartement de l'irlandais ! Et ma colloc' ne m'aiderait pas non plus à me changer les idées, elle était apparemment de sortie. Well... Il restait toujours la carte de la frangine. J'attrapai mon téléphone, plein d'espoir et composai son numéro. Messagerie. Chier ! La famille, ça ne servait vraiment à rien. « Lâcheuse. Jamais là quand j'ai besoin du soutien de ma petite sœur etc. » crachai-je à son répondeur avant de raccrocher. Je passai une main sur mon visage puis jetai un regard à l'horloge de mon portable. 22h. Non, je ne me voyais pas glander dans mon salon comme un pauvre type. C'était comme si j'acceptai mon triste sort, jouer le jeu de cette fête. J’éteignis le poste de télévision et laissai la télécommande tomber entre les coussins. Je soupirai longuement puis me relevai, attrapai ma veste, mes clés et passai la porte.

Ils étaient jusque dans les rues de Los Angeles. Ces crevards d'amoureux, mains dans la mains. Écœurants, dégoulinants de sentiments, bref, exaspérants. Même le stand de hot dog ambulant affichait des ballons rouges, roses et blanc, conférant une amertume particulière à la bouffe déjà assez peu savoureuse à la base. J'errai sans but et ne fus pas franchement étonné de voir que mes pieds me menèrent à Venice. Par habitude, j'avais pris la direction du Barking. J'hésitai un instant, puis me dirigeai franchement vers le bar. Les couples se faisaient plus nombreux, mais c'était mon refuge préféré après tout... A peine entré dans les lieux, le regret m’assaillit. What the hell... ?! Je secouai la tête, dégoûté. Ils... Ils avaient dénaturé le Barking. La déco niaise était arrivée jusqu'ici. Grincheux, ronchon... Enfin, tous les adjectifs qui se colleraient à la situation, je me fendis un passage jusqu'au comptoir et parvins à obtenir une pinte de mousse que je descendis rapidement. Je lâchai un magnifique rot, où je mis tout mon cœur, et souris fièrement aux filles outrées, mais leur colère n'eut pas le temps de s'abattre sur moi.

D'abord, ce fut un bruit de tintement de verre qui se fit entendre derrière le brouhaha des conversations et de la musique. Puis, le sol remua sous nos pieds. Et les cris de panique. Il y eut ceux qui occupèrent les positions stratégiques dans ce genre de situation, puis ceux trop zen ou trop saoul qui ne bronchèrent pas, et enfin, les hystériques. Évidemment, je fus entraîné par ces derniers. Coup de coude dans les côtes, dans le nez, pieds écrasés, vision brouillée... Sans savoir comment, sans parvenir à suivre le fil, je me retrouvais dehors sous la pluie. Les alarmes de voiture hurlaient, les cris s'étendaient à plusieurs quartiers, on se serait cru dans un film apocalyptique. Paumé, étourdi, j'avançai. Alors que je me saisissais de mon téléphone, une folle me rentra dedans avant de repartir dans sa course effrénée me faisant lâcher mon précieux outil de communication. J'évitai un autre cinglé et ramassai le téléphone. Bien que je prétendais régulièrement le contraire et que je l'avais envoyer chier plus tôt, j'appelai ma sœur. Chose étonnante, ou pas, elle décrocha immédiatement. « Tu vas bien ? » On passait les salutations comme toujours. « Plus de peur qu'autre chose. Et toi ? Entière ? » « Mes orteils sont tous là à première vue... » J'ignorais si les cris que j'entendais étaient ceux qui m'entouraient ou si cela venait de son côté. Je me bouchai une oreille. « Et Isla, elle est avec toi ? » Je n'avais pas le temps d'aller par quatre chemin et d'amener discrètement cette question. « Non, elle passait la soirée chez elle je crois. » Une vague de froid m'envahit. « Oh mon Dieu ! Isla ! Tu crois que... ? » « J'vais voir ! » la coupai-je. « Toi, reste où t'es, mets-toi à l'abri. » Je raccrochai le téléphone et me mis à courir sans réfléchir davantage.

Les poumons en feu, alors que j'étais presque arrivé, une autre secousse frappa Los Angeles. Je m'étalai de tout mon long avant de me coller contre une voiture. Peut-être pas ce qu'il y avait de plus brillant, mais je n'étais pas franchement en état de cogiter. Mes pieds vibrèrent encore bien après la fin du tremblement de terre, mon pouls battait des records, ma mâchoire se faisait douloureuse tellement elle était crispée... Je cherchais mon téléphone, tâtais mes poches, mais rien, aucun signe de lui. J'avais du le perdre dans chute. Alors que je m’apprêtais à partir à sa recherche c'est là que je le vis, plus loin. L'immeuble dans lequel elle habitait. Je le savais parce que j'avais repéré les lieux, dans l'hésitation de faire un premier pas depuis ce baiser. Me souffle se brisa dans ma poitrine. Malgré l'obscurité ambiante, je percevais clairement les dégâts sur la bâtisse ! Et elle était à l'intérieur, Ash l'avait dit ! Les cheveux collés sur mon crâne, le visage dégoulinant et la vue un brin brouillé, je me passai les mains sur la tronche éliminant une bonne couche de flotte et repartis au trot. Les gens que je croisais me faisaient signe de faire demi-tour. Une femme m'attrapa même par le bras pour me traîner dans la direction opposée à celle que j'avais pris, mais je me dégageais violemment sous ses yeux effarés. Je me jetai contre le truc indéfinissable qui bloquait la porte d'entrée mais rien n'y faisait. J'avais beau y aller de tout mon poids, ce truc ne cédait pas d'un pouce ! Deux secondes plus tard, je me glissai à l'arrière du bâtiment. Je ne pris pas le temps de jauger les escaliers de secours que je grimpai déjà dessus. Deuxième étage. Il me semblait qu'Ash avait parlé du deuxième étage une fois où elle évoquait une soirée chez Isla... Voilà, j'y étais, enfin je crois. Je tentai de soulever la fenêtre qui donnait sur le couloir, mais même problème qu'avec la porte. Well... Je me cachai le visage d'un bras et brisai de toute mes forces le verre de l'autre. Je fis tomber ce qui entourait le trou ainsi formé et m'engouffrai dans le bâtiment effrayant et sombre.

« ISLA ! » appelai-je distinctement. Mes yeux refusaient de s'adapter, j'avançais à tâtons, contre le mur le temps d'y voir un tant soit peu. « ISLA ! » répétai-je. J'entendis des voix, des murmures inquiets... Non, pas du tout flippant, non. Une ombre se dirigea vers moi, des bras se saisirent des miens. Une femme, petite, voûtée... « Aidez-nous ! Aidez-nous ! » répétait-elle inlassablement. Mais je n'étais pas d'humeur à me montrer poli et n'avais pas non plus la patience de faire preuve de compassion. Je l'écartai de mon chemin avec le peu de délicatesse dont j'étais capable. « ISLA ! » criai-je plus fort. « T'es où bordel ?! » marmonnai-je. Je clignai des yeux, distinguai des formes cohérentes et perçu les pleurs d'enfants ainsi qu'une voix qui se voulait rassurante. Voix que je reconnaîtrais entre milles. Je me précipitai vers les silhouettes assises contre un mûr, m'agenouillai et pris le visage de la jeune femme entre mes mains avant de coller mon front contre le sien. « Tu ne réponds jamais quand on t'appelle ? » demandai-je, plus soulagé que réellement agacé. Je déposai des baisers sur son front, ses joues, puis ses lèvres, emporté dans une sorte de remerciement silencieux.

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MessageSujet: Re: INTRIGUE - The Big One – DEKLAN & ISLA   INTRIGUE - The Big One – DEKLAN & ISLA EmptyMar 25 Fév - 21:57


THE SHOCK HIT ELEVEN, GOT LOST IN YOUR EYES.
isla et deklan.


C’était le craquement qui était le pire. Le craquement fin, presque inaudible, au-dessus de nos têtes. Fallait porter attention pour le reconnaître, parce qu’autrement on aurait facilement pu le perdre à travers les pleurs de bébés, et les soupirs d’efforts des adultes. J’avais entendu plutôt parmi les voisins que deux palmiers avaient élu comme piste d’atterrissage le toit de l’immeuble et comme la chance s’acharnait, ils étaient en merveilleuse position pour fendre en deux ce qui restait d’encore solide sur ce bâtiment. Et bizarrement, moi qui était de nature plutôt nerveuse, j’avais les joues engourdies, les oreilles bercées par un sillement lointain. Comme si… comme si je réalisais à peine que quelques minutes plus tôt je roupillais sur mon canapé, amusée par le malheur d’un pauvre garde-chasse aux prises avec un tueur psychopathe en manque d’amour maternel. Ouais, je réalisais 0 ce qui se tramait devant mes yeux, et c’était tant mieux. À voir la panique qui augmentait au fil des chuchotements autour de moi, je préférais de loin être en retrait avec les gamins et attendre patiemment qu’on vienne nous border. Cupidon avait dû se faire tromper par sa copine du moment et c’était sa façon bien à lui de nous montrer à tous que la St-Valentin était une fête de merde et c’est tout. Et puis, à dire vrai, j’ignorais depuis combien de temps j’étais assise à regarder les autres s’agiter. Ellie, la blondinette la plus adorable au monde, jouait distraitement avec mes bracelets colorés, toute fière de me montrer qu’elle arrivait à compter jusqu’à 5. Et Gabriel, son frère pas plus haut qu’elle et tout aussi blond était comme médusé, fixant les allées et venues de ses parents qui suivaient d’autres courageux en bas puis en haut de l’immeuble, à la recherche d’outils quelconques qui les aideraient à défoncer la porte principale. « Si t’es gentille, il sera à toi… » que je murmurai doucement à la gamine, filant un coup d’œil à sa mère qui, du bout des lèvres me soufflait un énorme « Merci. ». Pas de quoi que j’eus envie d’ajouter, soit ça, soit je deviens folle alors…

Je remarquais que de plus en plus, les hommes qui descendaient en bas remontaient moins souvent en haut, comme s’ils étaient sur une piste, ou au moins comme s’ils avaient réussi à mettre toute leur énergie à la bonne place. Moins de vas et viens me donna tout de même un vif espoir, qui fut aussi vite éteint lorsque j’entendis un gros « Eh merde! » assez fort et soudain pour que je n’ai pas le temps de boucher les oreilles des rejetons. Grosse réaction des gens autour de moi et à travers les piaillements j’en compris qu’il n’y avait pas deux, mais bien trois palmiers d’effondrés sur l’immeuble, dont un bien en façade qui ne risquait pas de nous faire de cadeaux. « On va bien vite s’apercevoir que des gens ici sont bloqués et la ville enverra des secours… » « Ouais, c’est pas comme si on était les seuls pris à L.A. non plus, hen! » « Tu proposes quoi, d’attendre comme des cons? » « Si on est incapables de sortir, il faudra bien se rendre à l’évidence… » La cacophonie commençait de plus à plus à prendre en volume et les esprits semblaient s’échauffer une fois l’issue qu’ils proposaient à la base complètement impraticable. Si Ash avait été avec moi, assuré qu’elle m’aurait glissé une vanne sur The Mist, le film d’horreur où les gens pris au piège font mille fois plus peur que les insectes géants qui les terrorisent de l’extérieur. Ne manquait plus qu’une extrémiste voyant Satan partout et on y était presque… « Et si on jetait un coup d’œil aux escaliers de secours? » lança une ado du fond du couloir, que je n’avais encore jamais vue dans le building. Silence total. Alors qu’ils s’occupaient à s’obstiner sur la seule option selon eux, y’avait fallu qu’ils en oublient la plus évidente. L’adolescente souriait à la faible lueur de la lumière d’urgence, prête à diriger les troupes par la direction qui lui semblait la plus logique avant qu’un bruissement dans la cage d’escaliers ne l’arrête. « Mais ça serait trop dangereux d’aller vers les escaliers de secours. Ils sont à l’autre bout de l’immeuble, si les palmiers tombent entre temps… » Nouvelle rumeur. On craignait maintenant que les palmiers accélèrent leur chute et fendent l’immeuble en deux. Par chance, mon état zen se poursuivait, parce qu’à voir les gens qui s'affairaient à trouver le pour et le contre de la situation autour de moi auraient facilement pu m’étourdir. J’avais même tenté, en vain, de les suivre des yeux mais c’était peine perdue, ils me donnaient un mal de crâne terrible à ne pas prendre de décision. D’un côté, les « On y va, on a rien à perdre! » prenaient de plus en plus de prestance, mais les froussards « Ben, notre vie crétin! » gagnaient en pouvoir en filant la trouille aux pauvres âmes qui se disaient que peut-être, on arriverait à se sortir d’ici plus vite que prévu. Je ne le dis à personne, mais un peu après le début des hostilités je commençai à sentir quelques gouttes de pluie me tomber sur la tête, signe que la fissure prenait certainement en ampleur. Eh merde, comme disait l’autre.

« Je veux mon ourson! » lâche Gabriel, comme un cri du cœur, lui qui avait été silencieux depuis les premières secousses. Tout le monde se tût, comme si ça avait seulement pris un enfant un peu trop gâté pour calmer la partie. Sa petite sœur se blottit un peu plus sur lui, lui promettant mon bracelet s’il arrêtait de pleurer et je ne pu m’empêcher de les serrer un peu plus fort. Ils eurent même droit à quelques notes d’une berceuse que ma mère me chantait jadis, un des seuls souvenirs que j’avais gardé intact d’elle, comptine que mes tantes avaient apprise par la suite et qu’elles avaient gardée bien ancrée dans la tradition lorsque j’arrivais mal à dormir, mon père absent. C’était idiot, j’arrivais presque même à sentir l’odeur du lait chaud au miel qu’elles me préparaient, pour accompagner la chanson. À mi-chemin entre l’envie de courir prendre des nouvelles de Lavender, Rosa, et de mes Monaghan-favoris, je me résignai à rester encore un peu avec les enfants, juste le temps de… « ISLA! » J’haussai un sourcil, tentant d’être attentive parmi les millions d’autres bruits, mais c’était peine perdue. J’aurais juré entendre mon nom, mais ç’aurait été bien égoïste de penser que quelqu’un dans l’immeuble avait décidé de m’interpeler alors qu’il y avait tant à faire entre l’équipe qui insistait violemment pour rester dans la cage d’escaliers et l’autre qui voulait passer par la sortie de secours. Un frisson me parcourra l’échine, je fis passer la faute sur un courant d’air et sur la pluie qui continuait à me marteler le crâne, presque trop calme face à la situation. Presque, parce qu’à voir mes mains qui se mirent à trembler comme de vraies feuilles, ce devait être qu’au final, j’étais terrifiée. Ou quelque chose comme ça, hen. Je préférais ne pas y penser. « Dès qu’on est sortit d’ici je vous amènerai à la plage manger la plus grosse crème glacée de l’univers… » que je proposai aux gamins en larme, pleine d’espoir. Ce que j’aurais pu faire pour une glace à la vanille à l’instant.  « ISLA!? » Là, j’avais pas halluciné.

Je fronçai les sourcils, juste au cas où j’aurais manqué quelque chose et c’est là qu’une tête blonde ébouriffée débarqua en catastrophe, s’effondrant presque devant moi. J’ouvris de grands yeux, portant les mains à ma bouche, sous le choc. J’ignorais si c’était des larmes qui mouillaient mes yeux, mais le tremblement avait repris de plus belle. « Tu ne réponds jamais quand on t'appelle ? » Je laissai échapper un éclat de rire, avant d’appuyer mon front au sien, soulagée. Tellement soulagée. « Qu’est-ce que tu fais ici? » que je soufflai, à demi-mot, sentant ses lèvres parcourir mon visage comme pour s’assurer que j’étais bien là. Je me demandais s’il avait réalisé que je tremblais, s’il avait vu qu’il y avait d’autres personnes autour de nous, s’il était blessé, s’il… s’il… et je m’en fichais. Je m’en fichais tellement que c’en était ridicule. Mes doigts agrippèrent son t-shirt trempé et l’attirèrent encore plus près de moi, avide de son contact rassurant, réconfortant, comme personne d’autre. « Ouch… » Je sentis Ellie se replacer sur mes cuisses et j’éclatai de rire, me disant qu’on devait les mettre dans une drôle de position. Je me ressaisis, pour eux pas pour moi, avant d’essuyer furtivement mes yeux. « Habituellement, quand un gars vient voir une fille à la St-Valentin, il lui apporte des fleurs, ou du chocolat. » que je lançai à la blague à Deklan, question de dédramatiser… et de calmer ce qui me restait de système nerveux. Je me tournai expressément vers les jumeaux, ajoutant « Bon, la St-Valentin, c’est beaucoup plus que ça, mais quelques cadeaux ne font pas de tord non plus… ». Ellie hocha de la tête avant que Gabriel l’entraîne plus loin et je pu me redresser, faisant de nouveau face au Monaghan. Je pris même quelques secondes pour le détailler des yeux, reprenant un souffle normal, triturant mes doigts. Mais vraiment, qu’est-ce qui l’amenait? Il était dans le voisinage ou? Ou alors au Barking, ouais, plus probable. « Tu es ok? Ash aussi? » Il avait peut-être entendu les cris, voulu voir s’il pouvait aider, et là, il avait remarqué que j’étais au bout du couloir? Parce que se dire qu’il était venu rien que pour moi… quoique… Le baiser de l’autre fois me revint à l’esprit, juste assez longtemps pour que je foute de côté mes doutes et que je sois simplement, honnêtement plus qu’heureuse qu’il soit arrivé, peu importe le moyen, peu importe la raison. Oh, mais?! « Par où t’es passé, dis? » Les murmures commencèrent à se diriger vers nous, comme si les voisins avaient remarqué la présence d’un nouveau parmi l’étage, et déjà s’approchèrent. « Il est blessé! » pointa une dame, l’index figé sur le bras de Deklan qui n’avait visiblement rien remarqué.

Je pinçai les lèvres, prenant l’initiative d’examiner le bras du gallois, abimé par des éclats de verre. « Incapable d’être présentable, en plus! » que je rigolai, faussement outrée, retirant délicatement les quelques bris enfoncés plus ou moins dans sa peau. Silence, mais s’il avait su à quel point juste sa présence, rien que ça, avait suffit à calmer la donne... Le craquement, persistant, me fit sursauter de nouveau et faire les quelques qui me séparait du Monaghan, avant que j’imite les gens autour de moi et que je regarde au plafond, consciente que la suite ne serait pas particulièrement amusante. À première vue, l’un des deux palmiers effondrés sur l’immeuble venait de descendre un peu plus, augmentant la fissure. Fallait faire vite, en bref. « Ben, comme tu vois, on est bloqués par des palmiers. » Le bras de Deklan toujours entre mes doigts, je mordais l’intérieur de ma joue un peu trop nerveusement à mon goût. « J’aimerais bien te dire que j’ai un plan, mais là je suis à sec… »

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Dernière édition par Isla L. Hamilton le Dim 13 Juil - 17:25, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: INTRIGUE - The Big One – DEKLAN & ISLA   INTRIGUE - The Big One – DEKLAN & ISLA EmptySam 29 Mar - 5:13


THE SHOCK HIT ELEVEN, GOT LOST IN YOUR EYES.
isla et deklan.


« J'passais dans le quartier, j'ai vu de la lumière... Le truc habituel quoi. » Répondis-je, sarcastique. L'humour – pourri ou non – étant toujours ma meilleure arme. La sentir ainsi contre moi était d'un grand soulagement. Ma plus grande inquiétude passée, mon esprit se permit de s'égarer, comme pour décompresser. L'ambiance était digne d'un film d'horreur. Tremblement de terre, personnes piégées, panique à tout bout de rue... Bientôt il y aurait les pillages. Réaction primitive des humains en cas de catastrophe. Ils prétexteraient un désir de survie, se proclameraient victimes. Peut-être aurons-nous le droit de faire la une du journal de 20h pendant les prochaines semaines à venir. Les caméras se bousculeraient, amenant la pitié des autres états sur notre sort. Sans doute y'aurait-il même une émission spéciale des Maçons du cœur qui serait consacrée à une famille de Los Angeles... Soyons fous ! C'est alors que je me posai la question la plus con et la plus égoïste qui soit. Qu'était-il arrivé à mon putain d'appartement ? Ma caution était-elle perdue ? Damn ! Le pire c'est que je n'en avais rien à foutre en réalité ! J'étais bien trop heureux de la savoir envie, de m'enivrer du parfum de son shampoing, de sentir son corps bien que tremblant et de... Oh. Je m'écartai en remarquant la gamine. Je clignai des yeux et pris enfin conscience de la présence des autres. Je m'éclaircis la gorge et souris à la remarque d'Isla. « Ouais, excuse-moi, je suis un véritable goujat. » Je tendis une main et l'aidai à se relever, glissai l'une de ses mèches de cheveux derrière son oreille. Bon, ce n'était pas non plus comme si c'était dans mes habitudes de célébrer cette fête commerciale. Déjà, pour ça, il me faudrait avoir une femme à couvrir de chocolats et de roses... Cela m'était arrivé une fois, une toute petite fois. Durant notre histoire secrète, donc oui, ça remontait à loin. Je me souvenais bien de lui avoir tendu maladroitement cette petite boite emballée dans de la récup' de papier cadeau et dans laquelle j'avais glissé un bracelet de breloques. Faire des cadeaux n'était pas mon fort, mais j'avais fait de mon mieux, alors. Maintenant, ça se limitait à la famille, aux amis... Beaucoup moins stressant.

Mes proches. La question d'Isla m'y fit repenser. Paniqué comme je l'étais, je n'avais pensé qu'à la frangine. Je faisais un bien piètre pote. Seulement voilà, avec mon téléphone porté disparu, je n'avais qu'à croiser les doigts et serrer les fesses dans l'espoir qu'ils aillent bien. « Ouais, ouais... » Je haussai les épaules, me voulant détaché. Une partie de moi était persuadée que la blonde ne m'avait pas écouté et qu'elle se la jouait probablement héroïne des temps modernes dans les rues de LA, portant secours à ceux qu'elle croisait. Saleté. Si elle terminait à l'hosto, je me ferais un plaisir de lui sortir un ''je te l'avais bien dit''. « Ash va bien. En tout cas, suffisamment pour répondre à son téléphone, contrairement à une autre personne de ma connaissance, hein. » Non, ce n'était pas un reproche, à peine. Je me doutais bien qu'elle avait eu bien mieux à faire que de répondre à son portable, mais... merde ! Tandis que je prenais enfin conscience des gens qui nous entouraient, le soulagement de la savoir indemne fit place à un coup de fatigue. Et plus j'étais fatigué, plus j'étais irritable. Je parcouru le couloir des yeux, mon regard s'attardant sur la poussière qui planait dans l'air et sur les murs fissurés par endroit... Tous les ingrédients d'un film catastrophe étaient réunis. L'obscurité étouffante, les enfants, la femme hystérique que j'avais poussé un peu fort... Il ne manquerait plus qu'il y ait parmi nous un flic ou un pompier, celui qui prendrait les choses en main et qui, probablement se blesserait ou mourrait avant la fin, pour ajouter au suspens et à l'angoisse. Ma main restait posée sur son bras, gardant ainsi un contact physique, comme pour m'assurer qu'elle était bien là et que je n'étais pas simplement en train de rêvé encore allonger quelque part dans la rue, assommé par la dernière secousse. Pour répondre à sa question, je désignai vaguement le bout du couloir. « Escalier. » lâchai-je dans un souffle presque inaudible. J'allais tenter de développer ma réponse lorsqu'un attroupement se fit autour de nous. J'avais l'impression d'être un putain de messie ou autre connerie du genre. Blessé ? Ok, ouais, j'avais mal au bras, mais hé, il était passé à travers une vitre, donc c'était normal. De là à en faire tout un fromage c'était exa... En posant mon regard sur le dit bras, je constatai qu'en effet des morceaux de verres brisés mordaient ma chaire à travers le tissu qui lui était maculé de sang. 'Chier! C'était ma veste préférée ! Et pour ce que j'en savais, je ne pourrais pas enlever cette merde ! « Pu... » je me rappelai aussitôt la présence des enfants et me coupai dans mon élan. « ... rée ! » Je leur lançai un regard et vis qu'ils étaient bien trop occupé dans leur coin pour prêter attention à ce que je pouvais dire. Sans parler qu'à la vue du sang, la douleur se réveilla dans mon bras, plus réelle, plus intense. « Ouais, 'scuse, j'ai oublié mon smoking au pressing. » J'étais encore sonné et pas franchement ravi de devenir le point de mir de l'assemblée. Dans le genre égoïste, je n'en avais pas grand chose à foutre des autres. Là, tout de suite, j'avais juste envie de me barrer avec Isla, qu'on aille se terrer dans un abris quelconque. Jouer les sauveurs de l'humanité, très peu pour moi et c'était pourtant l'image qu'on pouvait lire dans les yeux de certaines, comme ceux de cette pauvre vieille – celle que j'ai bousculé plus tôt – qui revenait à la charge, comme un papillon de nuit attiré par la flamme d'une bougie... Je grimaçai tandis que j'observais les doigts d'Isla s'affairer. « Tiens, les rôles sont inversés aujourd'hui. » Dis-je, un sourire en coin aux lèvres, allusion à la dernière fois où nous nous étions retrouvés seuls et où j'avais joué les infirmiers dans la salle de bain exiguë de la morveuse. Un bruit sinistre se fit entendre, brisant la complicité qui se réinstallait petit à petit mais la rapprochant de moi. Je l'entourai de mon bras et suivi leur regard à tous. Je venais à peine d'arrivé, aussi n'étais-je pas au courant des moindres détails de la situation qui les touchait. Je savais pour la porte d'entrée, mais apparemment il me manquait d'autres infos.

Des palmiers. C'était donc ça le truc bizarre à l'entrée de l'immeuble. Et apparemment, cela ne concernait pas que la porte. D'autres gens arrivaient, des mecs essoufflés qui remontaient du rez-de-chaussée. L'un d'eux, plus trapu que les autres suivait une femme. Elle lui parlait rapidement, sa voix montant dans les aigus tout en me désignant. Le type s'arrêta face à nous, plantant son regard sombre dans le mien. « Vous êtes passés par où ? » Ouais, bonsoir à toi aussi mon gars... « Je suis passé par les escaliers de secours. » dis-je agacé. Je fronçai les sourcils lançai un regard aux gens qui affluaient de plus en plus. « 'Savez, ceux que vous êtes censés emprunter en cas d'urgence. Du genre, une porte d'entrée bloquée après un tremblement de terre. » Bon, ce n'était probablement pas le meilleur moment pour tabler dans le sarcasme. Ils devaient être tous secoués, voir paniqués, et à leur place je n'y aurais peut-être pas pensé moi non plus. Je manquais de tact, mais on ne se refaisait pas hein. Des exclamations fusèrent, des conversations s'entamèrent à voix basses et précipitées... Une ado sortit timidement un « Qu'est-ce que je disais. » mais les autres étaient bien trop occupés à débattre entre eux. Certains se montraient motivés à l'idée d'aller voir ces dits escaliers. D'autres, plus réticents, maintenaient que le plus sur était encore de passer par en bas. Ils tournaient en rond dans leurs argumentations et le ton montait. Calvin – ouais, parce que le type trapu avait une tête de Calvin selon moi – bomba le torse, les pieds bien campés dans le sol. Son attitude hurlant un gros ''hey, les gars, j'suis l'homme de la situation, écoutez-moi bande de trous du cul'' à la face de tous. « Et si l'immeuble nous tombait dessus le temps qu'on traverse ? » Et si, et si... Et si vous arrêtiez de vous prendre autant la tête ? Le pire dans tout ça étant que la bonne femme hystérique le regardait, buvant ses paroles, acquiesçant frénétiquement de la tête. Sa femme sans doute. « C'est vrai. Alors qu'ici vous êtes hors de danger. » raillai-je. C'était malgré tout sans agressivité de ma part, ni méchanceté, juste un relent d'humour suite à la nervosité ambiante qui me contaminait chaque seconde de plus en plus. Mais cela n'était vraisemblablement pas flagrant et la marmule qui se tenait à quelques mètres de moi ne sembla pas l'apprécier. La cinquantaine passée, les cheveux bien grisonnants, une bedaine due à un trop plein de bière mais une carrure impressionnante malgré son âge. Mon petit sourire s'évanouit aussitôt. Je haussai les épaules. « On peut toujours tenter petit groupe par petit groupe et... » « J'vais pas laisser un gamin me dire ce qu'il faudrait faire. » m'interrompit-il. Je levai les bras. Wow, back off Dude ! On aurait dit que je venais de toucher un point sensible, d'entaché sa virilité. Je faisais de mon mieux pour garder mon calme, me disant que son énervement était à mettre sur le dos de la trouille qui devaient tous les prendre aux tripes et qu'un excès de testostérone n'aiderait en rien. Alors, si me prendre de haut et faire son coq l'aidait à ne pas céder à la panique, soit. Et puis ça avait quelque chose de rafraîchissant que de se faire traiter de gamin à mon âge. Il poussa un long soupir, un brin surjoué. « Bon. » Le grand sage avait pris une décision on dirait. Il posa son énorme paluche sur l'épaule d'un autre type. « Frank. Dick et toi, allez voir ces tas de ferraille à l'autre bout. Pour voir si vraiment ils sont sûr, s'ils tiendraient le coup. » Je me retins de lever les yeux au ciel. Encore que, personne ne l'aurait remarqué.

Je m'écartai du groupe de joyeux lurons, me détachant par la même occasion d'Isla et m'étirai. Mon bras me lança, se rappelant à mon bon souvenir et m'extirpant une nouvelle grimace. Je le tâtai du bout des doigts puis retirai ma veste pour voir de plus près. C'était moche, mais rien de dramatique à première vue. Je revins auprès de la jeune femme au bout de quelques petites minutes et lui murmurai à l'oreille : « Tes voisins sont charmants et franchement accueillants. Je crois que j'ai un ticket avec le grand chef. » Je déposai un baiser sur son crâne, savourant encore et toujours le parfum enivrant que dégageaient ses cheveux. J'observai nos braves éclaireurs partir en direction de la fenêtre que j'avais brisé et qui s'était vengée au passage, levant des regards inquiets vers le plafond menaçant. Les autres attendaient, pleins d'appréhension. Le silence se fit, du moins parmi eux. Les murs quant à eux continuaient leur chant macabre, grinçant tout ce qu'ils pouvaient. Merde quoi, on était en Californie ! Ce n'était pas comme si les tremblements de terre n'étaient pas chose courante ! Depuis le temps qu'on nous barbait avec The Big One, on était malgré tout dépassé. La ville entière l'était. Je voyais d'ici les hélicos de la télé survolant la ville, capturant le chaos avec leurs objectifs. Saint Valentin renversante dans la Cité des Anges. Une Saint Valentin qu'on n'était pas prêt d'oublier. « Dis, tu ne saurais pas où je pourrais nettoyer ça ? » Lui demandai-je en désignant mon bras du menton.

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MessageSujet: Re: INTRIGUE - The Big One – DEKLAN & ISLA   INTRIGUE - The Big One – DEKLAN & ISLA EmptyJeu 17 Avr - 5:21


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isla et deklan.


The Big One. On en parlait déjà, on s’y attendait, on l’avait presque vu venir. Non, ce n’était pas quelque chose de nouveau, mais toute la ville avait tout de même trouvé le moyen d’être surprise, désemparée, en plein état de crise. J’attribuais ça au moment particulièrement chiant où Dame Nature avait décidé de le planifier, brisant par le fait même les dizaines de demandes en mariage qui avaient dû être détrempées sur la plage de Venice. Un tremblement, un simple tremblement dédoublé, avait catapulté la ville en mode survie, déjà, et rien qu’à voir la façon dont mes voisins se comportaient en situation de crise, j’imaginais déjà les habitants aux quatre coins de L.A. courir dans tous les sens, lutter contre quelque chose de plus gros qu’eux, et j’en avais des frissons. J’avais toujours été la fille zen, celle qui n’avait pas trop peur de grand chose, qui osait. Même à l’autre bout de la planète je sautais à pieds joints en bas d’une falaise pour plonger dans l’océan, ou j’escaladais des montagnes escarpées. Je flânais dans des ruelles pas trop nettes avec des gens que je rencontrais au hasard, je filais voguer sur la mer à bord de bateaux qui appartenaient aux amis d’autres potes. J’étais de celles qui vivaient un peu naïvement, en faisant confiance, en se disant que si la vie voulait que j’arrête de respirer un matin, elle le ferait sans rien me demander. Alors voilà. J’aimais à dire que je n’avais peur de rien, même si j’avais tout de même mes limites. Et sinon, je réagissais bien au stress, je rigolais, je faisais ma maline, ma comique. Celle qui désamorce n’importe quoi n’importe comment avec une p’tite blague de bon, ou de mauvais goût. Qui tremble à la dérobée, qui a le regard fuyant, et les mains moites, mais qui se flanque un sourire en béton sur les lèvres, question d’amuser la galerie. Maintenant était exactement le meilleur moment pour vous faire part de mon type de réaction, face au danger. Concrètement, je comptais jusqu’à 5. Je me laissais 5 secondes, pour donner le temps à la peur de faire son chemin. L’anxiété, le stress, et tous ses potes. Et puis je reprenais le dessus, laissant mon corps trembloter si c’était ce qu’il voulait bien, mais gardant le contrôle autrement. Mieux. C’était Leo qui m’avait appris ce truc, il y avait très, très longtemps. À l’époque où mon père était décédé. Il m’avait lancé le compte de 5 un soir où j’étais une gamine de 14 ans dans un piteux état, et ça avait tout changé. Et là, je me demandais si les 5 secondes aideraient à calmer la panique générale. On ne le saurait jamais.

Deklan et moi, on avait l’air d’un vieux couple. Et ça me fit sourire. Un vieux couple, c’était vite dit, et ça pouvait avoir l’air bien plus pire que ça l’était au final. C’était seulement qu’à nous voir nous lancer des regards à la dérobée, nous sauter dans les bras devant le danger, et s’envoyer des répliques pleines autant de sarcasmes que de soulagement, ça pouvait donner l’impression qu’on était ensemble depuis un moment déjà. Mes mains enlaçant les siennes me confirmèrent qu’on oublie jamais vraiment son premier amour, ses réactions face à lui, les habitudes qu’on développe, au fil de la relation. Et même si tout se brise, et même si on fait de grosses gaffes et qu’on s’excuse en filant dans le premier avion venu, il y avait des choses qui ne fichaient pas le camp aussi facilement.  Je me hissai sur la pointe des pieds pour clore notre étreinte d’un baiser sur sa joue avant de me dégager avec les enfants, les laissant libres le temps de reprendre mes esprits. Ash allait bien. Il allait bien. La maison familiale bicentenaire, Lavender et Rosa en avaient vu d’autres. Mes tantes devaient être sur pied en ce moment même, volant d’une fenêtre à l’autre à la recherche de beaux pompiers à reluquer. Je leur téléphonerais dès que j’arriverais à retrouver mes esprits, je me le jurais. Tout allait bien. Mes mains étaient froides, je réalisai que plus tard qu’elles étaient toujours agrippées à celles de Deklan, et je lâchai prise le plus normalement du monde, tirant sur mon t-shirt en croyant que ça rendrait mon semblant de tenue relax un peu moins désespérée. Par chance, j’avais pensé à retirer mon masque d’argile avant de somnoler sur le canapé, autrement j’aurais eu le teint un peu moins intéressant. Les gamins étaient partis rejoindre leurs parents, Dek venait de réaliser les blessures qui ornaient ses bras et lentement je retrouvais un semblant de respiration normale. « Ça me rassure que tu sois là. » que je murmurai, à demi-mot, le regard plongé sur les éclats de verres que je lui retirais délicatement. J’avais l’impression d’être à nouveau l’adolescente qui réfléchissait après avoir parlé, qui finissait toujours par lui en dire trop plutôt que de garder une aura de mystère voulue ou non. Il avait su dès la première seconde que j’avais un crush sur lui, parce que j’avais toujours été trop honnête pour lui cacher quoique ce soit. Et lui dire un truc du genre – que j’étais rassurée – ramenait ce sentiment de ne pas avoir le contrôle. Je ravalai. On était pris dans un immeuble, possiblement pour la nuit si ce n’était pas plus. Les secours avaient beaucoup mieux à faire que d’aider une vingtaine d’habitants sur les nerfs à éviter des palmiers écroulés, et c’était suffisant pour mettre de côté mes enfantillages. Le savoir ici était suffisant, la suite on en discuterait loin, bien loin d’un immeuble en processus d’inondation.

« J'vais pas laisser un gamin me dire ce qu'il faudrait faire. » Je sursautai. J’avais loupé un épisode? Mes prunelles se vrillèrent direct sur l’endroit d’où provenait la voix, Billy, le proprio de l’immeuble. Le mari de la concierge, que Jaime et moi craignions comme de vrais froussards. Il avait la réputation d’être un gros bourru, le genre de mec manuel qui était bien dans ses propres habitudes. Qui se nourrissait exclusivement de steak, de pommes de terre en purée et de petits pois verts en conserve. L’homme typique de 50 ans qui n’élevait la voix que pour émettre son opinion, la sienne, et pas pour la discuter. À bien y penser, j’aurais très bien pu faire son portrait rien qu’à l’entendre s’obstiner avec Deklan, comme un ours voulant défendre son territoire. Le plus drôle là-dedans, c’était que Monaghan y allait dans le sarcasme, le laissant élever le ton, le poussant juste un peu plus à chaque parole, question de voir si la crise de nerfs ou la crise d’égo serait la plus forte. Ma tête faisait du ping pong entre Billy et Dek, entre les hurlements de l’un et entre les répliques cinglantes de l’autre. « Vous savez, on gagne vraiment à travailler en équipe, hen. » que j’osai, sachant clairement que mon avis candide chantonné du bout des lèvres ne faisait pas le poids contre l’échange de testostérone qui avait lieu sous mes yeux, tellement il se perdait entre les bruits ambiants et les grommèlements de celui que mes voisins craignaient encore plus que sa femme. J’osai de nouveau un « Bonne idée! Au final, on est tous là pour les mêmes raisons : sortir de l’immeuble au plus vite. » à la suite de la proposition du gros bourru d’envoyer 3 de ses mecs au front – lire ici à l’escalier de secours – question de tester la chose, mais encore une fois mon optimisme s’égara dans la masse, si ce n’est l’adolescente du 2e qui me lança un regard compatissant. Au moins. Je m’effaçai pour les laisser partir à la découverte de ce plan de fou comme l’autre murmurait, avant de jeter de nouveau un coup d’œil à la dérobée vers les autres, ces gens que je croisais à toutes les semaines, à qui j’empruntais parfois du lait ou du sucre, qui me filaient le journal sous la porte les dimanches matins et qui, sous l’éclairage d’urgence, avaient tous perdu leurs sourires sympathiques. Quand on disait qu’une situation de crise aidait à voir la vraie nature des gens, là, c’était tout un portait sociologique que je pouvais dresser.

La pluie continuait de tomber à travers les trous du plafond, et j’essuyai distraitement mon front humide à cause de mèches rebelles qui avaient pris l’eau. Autour de moi, tout craquait, le bois des pentures, les murs qui luttaient contre la pression du toit effondré. Toute petite, j’avais la phobie que quelqu’un entre chez moi, quand mon père n’était pas là, et qu’il cambriole la maison. C’était bien loin du chaos auquel on était exposé à l’instant, presque tiré d’un des films d’horreur que je m’étais claqué quelques heures plus tôt. Drôle de coïncidence, non? Un peu plus et Freddy sortirait au détour d’un couloir. Au moins dans cette situation, je saurais clairement comme réagir. Éviter les cris trop aigus, courir sans regarder derrière moi, et surtout ne pas donner mon hypothétique virginité au premier venu. Avec ces trois trucs tirés du Krueger lui-même, je survivrais probablement jusqu’au générique. Assez rassurant, n’est-ce pas? « Tes voisins sont charmants et franchement accueillants. Je crois que j'ai un ticket avec le grand chef. » qu’il osa. « Ne manque qu’une fanatique catholique pour alimenter la foule et je crois qu’on a la bande au complet. » que je lui chuchotai à l’oreille, pointant du menton les regards par-dessus les épaules auxquels on avait droit. Les gens ne le reconnaissait pas, avec raison il n’avait jamais mis les pieds ici depuis mon retour il y avait de ça deux ans, et malgré la situation dans laquelle on se trouvait, je les entendais déjà chuchoter entre eux. Le pire, c’était que j’avais été sage sur ce volet. Je n’invitais particulièrement jamais à mon appartement les mecs qui étaient de passage. Soit je les suivais chez eux, soit on tirait partie de l’environnement ambiant. Mais mon propre lit, mon univers, mes trucs? Je les gardais pour… autre chose. Pour moi, ma petite zone de confort, le seul endroit où je pouvais me poser entre mes nombreuses existences qui allaient chacune à vitesse grand V. Et puis ce genre de façon de faire m’évitait de toujours repasser sur le ménage, ce qui n’était pas à négliger. Donc non, côté mecs, j’étais plutôt secrète. De le voir débarquer avait donc dû générer des questions. Les gens jasent, surtout lorsque pris au piège devant des longues heures à attendre. « Dis, tu ne saurais pas où je pourrais nettoyer ça ? »

Je pinçai les lèvres, voyant justement mon appart du coin de l’œil, en piteux état. Le sol était inondé, du verre des fenêtres éclatées brillait sous l’eau. Autour de nous, quelques portes fermées, d’autres entrouvertes… et un appartement au fond de l’étage qui semblait encore tenir. Je fis quelques pas dans sa direction, faisant signe à Deklan de me suivre pendant que les autres patientaient en tournant en rond, puis je m’engageai un peu plus vite pour découvrir derrière la porte à demi close un endroit un peu plus tranquille. « Ramasse tout ce que tu peux, bijoux, argent, objets de valeur, œuvres d’art… » que je rigolai, poussant la porte en m’appuyant dos à celle-ci. Tant qu’à entrer dans un appart déserté, autant en tirer profit à son maximum, non? Je le laissai faire l’examen des lieux, me dirigeant vite fait vers la salle de bain à la recherche de bandages, de lingettes nettoyantes et de savon. La pharmacie ne contenait pas grand chose mis à part quelques antidépresseurs et un vieux tube de dentifrice, mais j’arrivai à improviser l’essentiel avec une barre de savon et une serviette humide. Je revins vers lui, plutôt fière de mon plan de secours et lui fit signe de se poser sur le divan le temps qu’on lui nettoie le tout. Autour de nous, on semblait presque être à l’abri d’un autre possible tremblement, tellement l’endroit était limite intact. Quelques meubles déplacés pour l’impact, et des livres au sol, mais sinon, entre mon appart et celui-ci c’était le jour et la nuit côté dégâts. Je me penchai au-dessus de son bras, commençant d’abord par humidifier les blessures, avant de lever de nouveau les yeux vers le gallois. « Je donne encore une quinzaine de minutes aux gars avant qu’ils reviennent et nous confirment que tout est ok. D’ici 3h du mat’ on pourra même aller se chercher des pizzas et en rire, j’t’assure! » je me voulais rassurante, et même si je ne le sentais pas particulièrement stressé, c’était bien de pouvoir enfin se poser, respirer, réfléchir. Et vraiment, je ne voyais rien qui pourrait venir s’interposer entre les escaliers de sureté et les habitants de l’immeuble. Des gens étaient dans de bien pires situations que nous et… « Woah, t'as particulièrement voulu jouer sur le style bad boy avec la cicatrice que ça va donner! » que je m’exclamai, voyant maintenant que malgré le sang nettoyé, le bras de Deklan était plutôt abimé. J’en profitai pour enrouler une serviette sèche autour des plaies, la serrant le temps d’absorber l’excédant, avant de prendre sa propre main et de l’enrouler autour du bandage improvisé.

J’aurais pu rester là à lui sourire, si ça n’avait été d’un gros bam, retentissait, qui me glaça le sang. Je me levai d’un bond, filant direct vers la porte d’entrée encore ouverte, jurant que le bruit venait du couloir. « RESTE LÀ BOUGE PAS!! » qu’on m’hurla, me forçant à m’immobiliser sec. Et, devant mes yeux, le spectacle m’arracha un cri, d’abord de surprise, mais surtout de stupeur. L’un des palmiers menaçant de fendre en deux l’immeuble avait terminé sa course, arrachant dans sa chute le centre du building. À peine deux mètres devant mes pieds se tenait un immense trou, haut de 4 étages qui donnait sur le tronc du cocotier, lui-même appuyé sur le sous-sol en béton de l’immeuble. J’aurais pu reculer, avertir Deklan et lui préciser que la sortie serait un peu plus compliquée si je n’avais pas remarqué au bas une silhouette. J’ignore encore comment j’ai pu réussir à déceler que quelqu’un se trouvait tout au bas avec la pluie torrentielle à laquelle on avait droit mais… je le vis. Là, au sol, immobile. Brisé. L’un des hommes qui étaient allé à la rencontre des escaliers de secours avait dû être emporté par la chute du palmier. Je me gardai toutefois une petite réserve, interdite, au cas où mes yeux me joueraient des tours, mais de voir les deux autres revenir à la volée, alarmés, me confirma bien que trop vite ce que j’avais vu. « Il… il a glissé et… le palmier a traversé le building, on a rien pu faire… » disait l’un, à bout de souffle. Je me rapprochai du couloir en faisant très attention à l’endroit où je fichais mes pieds, l’oreille tendue. « L’escalier l'a suivi... on a réussi à… il était le seul à avoir mis le pied sur l’escalier, on l'attendait à la fenêtre. » Je sentis ma respiration s’accélérer, alors que mes yeux étaient attirés vers lui, le pauvre qui avait été entraîné dans la chute de l’arbre. Était-il… mort? Je soufflai longtemps, posant la question en silence plusieurs fois, avant de me résigner. J’arrivais pas. Ça, la mort, je savais pas gérer. D’autres s’affairaient déjà à tenter de descendre le rejoindre, au cas où il respirerait encore, et je préférai faire quelques pas derrière, muette. J’étais bloquée par le trou béant, qu’est-ce que j’aurais bien pu faire de plus, mhm? Sans escalier, avec un building fendu en deux et aucun signe de vie de la police ou des ambulanciers, j’en convenais qu’on en aurait pour un peu plus longtemps que prévu. Je sentis la respiration de Deklan par-dessus mon épaule et fit volteface vers lui, m’assurant par le fait même que son bandage de fortune tenait le coup. « Et si on se disait un p’tit-déj’, plutôt qu’une pizza? » Je sentis ma voix s’enrouer, probablement parce qu’une question aussi banale semblait sonner faux à l’instant, mais c’était la seule chose à laquelle je pouvais me retenir, là, tout de suite. L’espoir d’une omelette, de pancakes, de café. Et surtout, que l'homme tout en bas soit toujours en vie.

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Dernière édition par Isla L. Hamilton le Dim 13 Juil - 17:25, édité 1 fois
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INTRIGUE - The Big One – DEKLAN & ISLA Empty
MessageSujet: Re: INTRIGUE - The Big One – DEKLAN & ISLA   INTRIGUE - The Big One – DEKLAN & ISLA EmptyDim 11 Mai - 21:57


THE SHOCK HIT ELEVEN, GOT LOST IN YOUR EYES.
isla et deklan.


Je fronçai les sourcils lorsqu'elle me dit être rassurée par ma présence. J'aurais pu en être flatté, me gonfler d'orgueil, mais je trouvais que cela tombait assez mal. Elle était quand même en train de retirer des bouts de verres de mon bras, je ne voyais pas en quoi je pouvais être rassurant là tout de suite. Surtout que j'étais plutôt ce que je me faisais de l'image de l’antihéros par excellence. Celui qui peut être amené à sauver des gens mais à qui on ne penserait jamais, celui qui rechigne à la tâche, celui qui ne se garde pas de montrer son absence de volonté. Ok, j'avais couru comme un dératé jusqu'ici pour ses beaux yeux, des tordus pourraient y voir l'image du foutu prince charmant volant au secours de sa bien aimée ou autre connerie du genre, mais c'est vraiment parce qu'il ne me connaisse pas, par ce qu'ils ne nous connaissent pas. J'étais juste un parfait crétin qui n'avait le moins du monde réfléchi aux risques qu'il encourait à s'introduire dans un immeuble au bord de l'effondrement. Risques que je réalisais à présent. Probablement pour cela que j'étais aussi serein, silencieux. Car au final j'avais eu de la chance de ne m'être que blessé le bras à voir leurs tronches de déterrés. « Tu ne dirais peut-être plus ça dans quelques minutes. » que je répondis sur le ton de la plaisanterie. Ou pas. Mais un sourire s'implanta sur mon visage, un sourire qui se voulait rassurant – si cela était possible dans ce contexte – pendant que du revers de la main je lui caressai la joue. Puis les autres agités s'étaient rameutés, faisant éclater l'espèce de bulle de solitude qui se formait pourtant tranquillement autour de nous, ramenant leurs angoisses, réveillant la mienne. Merde quoi, ils n'avaient jamais regardé la télé ? Ils ne savaient donc pas que le mieux était encore de ne pas céder à la panique ? D'attendre les secours dans le calme ? Calme... J'ignorais comment je faisais mon compte pour le rester dans cette atmosphère oppressante. Je mettais cela sur le dos du contre-coup, de l’adrénaline qui retombait, m'assommant au passage. Et j'aimerais pouvoir en profiter encore un moment, pourquoi pas jusqu'à l'arrivée des pros, des sauveurs en uniforme avec leur sirène, leur grande échelle, leurs casques rutilants. Ouais, je ne serais même pas contre une petite sieste sur un canapé en attendant, ni contre une mousse. Avec tous ces appartements, qu'on aille pas me faire croire qu'il était impossible d'en trouver ! Et puis, avec cette merde qui nous tombait sur la gueule, les frigos avaient lâché, et donc les bières stockées perdraient de leur fraîcheur. Du gâchis. Je gardai malgré tout cette réflexion pour moi.

Le malabar brut de décoffrage me tapait sérieusement sur le système. Hé, je n'avais rien demandé à personne que je sache. J'étais simplement venu pour m'assurer qu'Isla allait bien et voilà que ça me retombait dessus, qu'on essayait de me rabaisser ! Le ton montait, mon sarcasme devenait de plus en plus flagrant et heureusement mon ange brun intervînt pour apaiser les esprits. Je restai un instant à la fixer, silencieux, pensif, alors que les autres partaient en exploration de l'escalier sous les ordres du grand chef – non sans me dire intérieurement que c'était quand même mon idée à la base hein. Au départ, lorsqu'on avait rencontré Isla, je pensais que ces éclats permanents d'optimisme cachaient quelque chose, probablement parce que ma sœur et moi étions des pessimistes finis et qu'on ne pouvait concevoir que des gens parviennent à voir le bon côté des choses avec toutes les crasses que la vie pouvait balancer en pleine tronche. Alors ouais, j'avais été sceptique, me disant que c'était une façade, qu'elle masquait certainement une dépression, du genre clown triste. Mais non. Avec le temps j'avais du me faire à l'idée qu'elle y croyait vraiment et c'était sûrement pour ça que j'avais été autant intrigué par elle dès le départ, fasciné et que j'étais tombé sous le charme. Alors voir que même une catastrophe naturelle ne gâchait rien à son optimisme... Damn ! C'était peut-être con, mais ça donnait l'impression qu'on était complémentaire. Ouais, voilà, je partais dans la niaiserie, mais hé. Pour éviter de sombrer davantage dans un romantisme mal venu, je m'étais écarté, avais reporté mon attention sur ma blessure. Rien de tel que du sang décorant votre avant-bras pour vous recadrer. Alors, j'étais retourné à ses côtés, balançant une remarque qui se voulait légère et je ne pus que sourire à sa réplique. « Han, ouais ! C'est vrai que ça manque de versets piochés dans la Bible pour en rajouter sur le côté apocalyptique de la soirée. » Et on pouvait être certains que les témoins de Jéhovah ne manqueraient pas l'occasion d'alourdir leur discours en pointant cette soirée comme preuve de la fin du Monde annoncée. « Voyez comme la Terre nous rejette ! » ou autre débilité dont ils avaient le secret. Une fois, à la blague, j'avais tenté de dévier de sujet de conversation, les lançant sur Oprah. Mais même là, le gars avait trouvé le moyen de détourné le tout et de rebalancer une fin du monde proche à la gueule. Pénible. Maintenant, je les accueillais bras ouverts dans mon t-shirt à l'effigie de Black Sabbath. Ils adorent au fond, j'en suis sûr. « Mais ça n'aura jamais autant de gueule de Samuel L. Jackson dans Pulp Fiction. »

Puis je lui avais exposé le besoin de nettoyer mon bras – un guitariste avec un bras amputé, avouez que ça serait un brin emmerdant... encore qu'un bras bionique aurait de la gueule ! Mais mon absence d'assurance maladie risquait de poser problème et j'étais loin d'être Crésus – et l'avait suivi jusqu'à une porte. « Ok ! Et toi, cherche le coffre. Y'a toujours un coffre dans les films ! » Je lui lançai un clin d’œil conspirateur avant de me glisser dans l'ouverture de la porte. Alors qu'elle partit dans son coin, je parcourus le salon, jetant un regard aux bibelots kitschs qui trônaient sur les étagères, piochai un livre au hasard, l'examinai avant de le replacer puis fis de même avec la petite collection de CD. Un simple coup d’œil sur la pochette et je le laissai tomber au sol, pris d'un frisson de dégoût. Celine Dion, uh ! Je secouai la tête et partis plus loin, voulant mettre le plus de distance entre moi et cet instrument de torture. Au moins, pas de doute, le propriétaire des lieux devait être une bonne femme. Ou un mec avec des goûts douteux. J'arrivai devant une porte, l'ouvrai et découvris la chambre. Beaucoup, BEAUCOUP de rose ici ! Et des froufrous partout. Un moment, je fus pris d'un doute. Soit j'avais déjà mis les pieds ici et ma mémoire avait préféré tirer un trait là-dessus – et si c'était le cas, vu la conquête d'un soir qui me venait en tête, c'était tout à fait plausible, brrrr – soit la nana qui vivait ici avait pioché ses idées décos dans le même magasine. Curieux, je poussai jusqu'au placard et l'ouvris pour découvrir une garde-robe impressionnante ! On pourrait très bien ouvrir un magasin avec tout ça ! Ou au moins habiller tout un village de pauvres africains dans le besoin... S'ils acceptaient de porter ce genre de choses hein. Mes yeux s'attardèrent sur une partie de la penderie qui me fit arquer un sourcil. Ah, de ça je me serais souvenu ! Je pris entre mes doigts ce qui semblait être une combinaison en latex comme on pouvait en voir dans les films interdits aux mineurs. « Sacré contraste d'avec les bibelots cuculs. » que je lâchai dans un sourire amusé. A côté se trouvait une collection de costumes qui ne devaient certainement pas servir lors de bals costumés mais plutôt dans des boîtes d'un genre très particulier. J'entendis les pas d'Isla revenir, aussi je me dépêchai de refermer le placard et de retourner au salon, avec probablement la mine d'un gamin qui s'est fait prendre la main dans le sac. « Pas de coffre par là. »

J'obéis et me laissai tomber sur le canapé. Tandis qu'elle s'occupait de ma blessure, concentrée, sourcils légèrement froncés, je posai mes prunelles sur Isla et réalisai que c'était la première fois depuis le soir où nous avions célébré la démission d'Ashleigh qu'on se retrouvait seuls dans une pièce. Loin de la frénésie ambiante du couloir, des regards paniqués, je pouvais enfin repenser à la dernière fois, au geste malheureux que j'avais eu. Ou pas. Tout dépendait du point de vue. Et là, à bien y réfléchir, non, je ne regrettais pas. J'avais foiré ce qui s'amorçait être des retrouvailles en douceur mais en fait ce n'était pas une erreur. Elle l'avait dit elle-même, qu'elle voulait que tout redevienne comme avant... Mais moi pas. J'étais pas de ces crétins qui acceptent de repasser au stade de simples potes, surtout pas quand d'un battement de cil elle était encore capable de me troubler. Alors ok, j'avais certainement dépassé les bornes, foutu le tout en l'air, mais merde. Est-ce qu'un simple pote traverserait la ville – ou au moins un quartier ou deux – dans l'obscurité la plus totale, mettant sa vie en danger, juste pour aller l'aider ? Non. C'était clair que j'éprouvais autre chose que de l'amitié et j'avais pas franchement envie de prétendre le contraire. Alors que j'allais ouvrir ma gueule pour lui faire part de ce raisonnement que je trouvais personnellement excellent et irréfutable, elle me coupa dans mon élan. Foutu optimisme de merde dont je vous parlais plus tôt. Moi je voyais les choses différemment. Même si on se découvrait un cul bordé de nouilles et qu'on s'en sorte indemnes de ce piège à plusieurs étages, je ne pouvais imaginer que la vie reprendrait son cour aussi simplement. Dans le meilleur des cas, on trouverait un endroit où se poser pour la nuit, à l'abri, en attendant de découvrir l'étendue des dégâts aux premiers rayons du soleil. Mais de là à envisager d'aller le cœur léger nous prendre à bouffer. Et dans le pire, un joli « ON VA TOUS MÛRIR ! » serait le bienvenu. Puis merde, le fait de me faire miroiter une pizza me fit grincer des dents. C'était malin, j'avais faim maintenant ! Pizza... Mozzarella, pepperoni... J'en avais l'eau à la bouche et l'estomac qui grondait. « Avec double dose de poivrons alors. » dis-je rêveusement les yeux fixés sur ses mains qui s'affairaient sur mon bras blessé. Je n'en avais plus rien à foutre de la douleur, j'avais la dalle ! J'ignorais si c'était l'une de ses astuces pour me distraire de ce qu'elle faisait ou non, mais c'était efficace. A ça près que je me sentais prêt à affronter les escaliers de secours ou même à me jeter par la fenêtre pour l'avoir ma pizza !

Même lorsqu'elle reporta la conversation sur mon bras, je ne pensais qu'au fromage dégoulinant, à la façon dont je mordrais à pleines dents dans la première tranche qui se présenterait à moi. « Que veux-tu. Je n'étais pas satisfait du résultat de mon appendicectomie, la cicatrice laisse à désirer, on la voit  peine... Là au moins, j'aurais de quoi me faire plaindre. » Je bombai le torse, voulant me donner un air de guerrier avant que mon dos ne se voûte à nouveau. « Ça me donnera probablement autant de succès que ces saloperies de pompiers qui misent sur leur boulot à risque, hé. Surtout que moi j'l'aurais fait pour la beauté du geste, sans le salaire qui va avec. Je vais devenir la nouvelle coqueluche de ces dames ! » Et je pourrais aussi parler de la bravoure par laquelle je m'étais blessé dans une chanson, qui deviendrait rapidement un tube, on ne parlerait que de ça à la radio, on me verrait dans les magasines, je serais invité à faire la première partie des plus grands noms du rock, je... Ouais, non, inutile de continuer à me faire du mal. Je n'arriverais certainement pas à tirer quelque chose de bien de cette catastrophe. J'étais un Monaghan merde, un poissard, au mieux je pourrais m'estimer heureux si mon appartement n'était pas totalement détruit par les tremblements de terre. Je l'observai panser ma plaie, la laissai manipuler ma main et alors que je m'apprêtai à la remercier, une nouvelle catastrophe s'annonça dans un bruit impressionnant qui me figea sur place. 'Chier ! Isla, quant à elle, réagit au quart de tour. « Isla, non ! » Que je tentai pour la retenir mais en vain, elle avait déjà passé le pas de la porte. Et au cri qu'elle poussa, je ne pus rester là sans rien faire, il fallait que j'aille voir de mes propres yeux ce qui s'était produit. Je me levais donc et la rejoignis dans l'entrée avant d'avoir un mouvement de recul. PUTAIN DE MERDE ! Je me passai une main sur le visage. C'est là que les gars revinrent et que je saisis la totalité de l'horreur qui venait de se dérouler quelques minutes plus tôt. La crevasse nouvellement créée dans le couloir avait avalée l'un des trois types qui avaient été désignés pour tester les escaliers de secours. Et même si c'était monsieur gros bras qui leur en avait donné l'ordre, j'étais à l'origine de l'idée, non ? C'était moi qui les avais laisser entendre qu'ils étaient cons de ne pas avoir tenter ces escaliers plus tôt, que c'était parfaitement débile de passer à côté...

Je clignai des yeux quand Isla évoqua de nouveau cette histoire de pizza, l'esprit totalement embrouillé. Je me contentai de plonger mon regard dans le sien, ne trouvai rien à dire. Sans crier gare, je fis demi tour et retournai dans l'appart, filant à la cuisine. Là, je retournai tiroir et placard jusqu'à trouver de quoi faire tenir la serviette sur mon bras. J'en profitai pour attraper au passage une lampe torche, vérifiant l'état des piles. Je sentais les yeux d'Isla dans mon dos mais l'ignorai volontairement. Je m'immobilisai quelques secondes, la mâchoire crispée. « Il faut que j'aille voir. » Lui dis-je d'un ton résolu. Puis je repassai devant elle pour sortir dans le couloir où je pris soin d'éviter le trou béant dans le sol, longeant le mur. Je ne connaissais pas ce foutu immeuble le moins du monde et malgré l'éclairage que m'apportait ma torche, je mis un certain temps avant de trouver la cage d'escalier que je descendis en trombe. Je croisais des gens apeurés, des femmes en larmes, mais ne m'arrêtai pas avant d'arriver en bas, là où le palmier avait terminé sa chute, là où le gars reposait, inerte. D'autres l'avaient rejoint avant moi et à voir leur tronche ce n'était vraiment pas bon. Mais il fallait que je sache, que j'en sois sûr. Alors je m'approchai davantage, venant m'agenouiller à ses côtés. Je posai la lampe sur le sol, éclairant son visage macabre et posai deux doigts sur sa carotide. Et dire que je m'étais foutu de la gueule de mes anciens patrons quand ils m'avaient obligé à suivre des leçons de secourisme, leur riant au nez vu que j'estimais que c'était parfaitement inutile, que je ne serais jamais confronté à ce genre de situation... Mais là il n'y avait clairement plus rien à faire pour lui, sa nuque formait un angle bizarre, non naturel. Elle était brisée. Je me laissai tomber sur les fesses alors que les autres restaient debout, silencieux, si ce n'était ce gars qui empêchait une femme de s'approcher. A entendre ses larmes d'hystérie, c'était peut-être sa femme. Merde. Sa femme. Il avait peut-être aussi des gamins, toute une famille... Je me redressai péniblement, hagard et remontai lentement les marches jusqu'au quatrième étages. Je retrouvai Isla dans le couloir, entourée d'autres personnes. Je lançai un nouveau coup d’œil au trou immense. Il restait encore un palmier pour ce que j'en avais compris. Et si le premier avait réussi à faire autant de dégâts, je n'osais imaginer ce qui arriverait avec l'autre. « Faut qu'on se barre... » Je me parlai surtout à moi-même, encore déconnecté. « Qu'on trouve le moyen d'appeler des secours. » Je levai les yeux au plafond éventré. « Comment est-ce qu'on accède au toit ? » Demandai-je à la personne la plus proche. « Le toit ? Non ! Non, il ne faut pas y aller, c'est trop dangereux ! » Je rejetai sa réponse d'une grimace excédée. « Comment on fait pour monter sur ce putain de toit ? » Que j'aboyai cette fois.

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MessageSujet: Re: INTRIGUE - The Big One – DEKLAN & ISLA   INTRIGUE - The Big One – DEKLAN & ISLA EmptyDim 18 Mai - 4:35


THE SHOCK HIT ELEVEN, GOT LOST IN YOUR EYES.
isla et deklan.


Je figeai. Parce que tout était flou, tout allait trop vite, tout était irréel. C’était une série d’événements que je n’avais pas planifiés, que je n’avais pas imaginés, que je ne voulais pas imaginer non plus. Ma gorge se serrait et j’oubliai les mots que je venais de dire, tellement à bout de souffle, étonnée, désorientée. J’étais conne, au final. La main sur la gorge, je fis un pas puis un autre en arrière, les yeux fixes, le regard vague. Je gardais le silence, parce que tout ce qui me passait par la tête semblait être tellement, tellement inutile. Mort. Malgré la pluie et mes pupilles qui vrillaient, j’étais certaine que la chute ne l’avait pas épargné. C’était un voisin, un mec que je croisais à l’entrée de l’immeuble plusieurs fois par semaine. Il m’avait peut-être même ouvert la porte quelques matins, étant témoin de mon air perdu résultat de mes trop courtes nuits d’insomnie. Je pris une longue inspiration, avide de retrouver mon calme d’avant, ma maîtrise lorsque j’enserrais de mes bras frêles les gamins de la fille de l’appart au-dessus. Tout me semblait si loin, si peu important. Un tremblement de terre, quelques personnes prises à l’intérieur d’un immeuble, une longue attente, puis les flics qui auraient pu venir nous sortir de là. On aurait pu aussi bien attendre toute une nuit, ou alors entendre leurs sirènes descendre la rue, s’immobiliser à notre porte et régler tout ce qui pouvait bien nous empêcher de respirer librement. Mais non. J’avais menti. Aux enfants, en leur disant que tout irait bien. Non, ça n’allait pas. L’autre avait perdu pied, et on sentait bien que l’entièreté des habitants de l’immeuble ignorait comment gérer la nouvelle. Déjà, on entendait des murmures, des regards étaient pointés dans tous les sens. Des pleurs aussi, et un cri, long, douloureux, qui venait de s’éteindre parmi les craquements que les murs nous redonnaient au passage. Je sentis une larme couler le long de ma joue, dépassée, avant de l’essuyer du revers de la main. Il fallait que je refasse le parcours dans ma tête, que je comprenne, que j’analyse.

Deklan était arrivé à la course, passé par les escaliers de secours. Il avait encouragé les autres à y aller, puisque c’était bel et bien ce à quoi ils servaient. Le mari de la proprio avait finalement penché pour, envoyant en éclaireurs 3 types. Pendant ce temps, on avait filé trouver de quoi nettoyer son bras abimé par le verre qu’il avait fracassé pour entrer, et j’avais même eu le temps de passer quelques blagues, trouvant que la situation portait à jouer dans l’humour. ‘Savez, pour dédramatiser et tout? On avait parlé de pilier l’appart pour rembourser nos dettes, de dévorer une bonne pizza, et même, j’en étais presque au moment où je lui aurais témoigné ma gratitude de ne pas m’avoir laissé seule dans ce merdier avant que tout crash. M’enfin, n’avait suffit que d’un peu de répits avant que ça chamboule, me donnant direct l'impression d'une ambiance de fin du monde où je ne serais clairement pas à l’aise si on m’y catapultait. Ou peut-être que si hen, puisque depuis le début j’avais su garder mon calme, paniquant qu’à l’intérieur. Un vrai exemple de sang froid. Parlant de panique maitrisée, je sentis mon pouls s’accélérer lorsque je vis Deklan passer en vrille à mes côtés, filant d’abord à la cuisine, avant de s’armer d’une lampe torche, m’empêchant d’ajouter un seul mot. « Il faut que j'aille voir. » J’avais envie de lui hurler de rester, de se planquer bien au chaud ici et d’attendre. Que rien ni personne ne pouvait revenir en arrière, que le pauvre avait voulu aider, que ç’aurait pu être n’importe qui, que ce n’était pas la faute de personne… puis je m’étouffai dans mon silence. Oh, non. J’eus simplement le temps d’étirer mon bras pour effleurer sa main du bout des doigts avant de faire volte face pour le voir se faufiler à travers les autres. Il se prenait pour responsable. En ayant proposé de passer par les escaliers de secours, en ayant poussé pour que son idée de sortir par la sortie d’urgence par excellence soit retenue. Il avait défendu son point jusqu’à ce qu’on l’accepte, puis avait vu les 3 mecs partir dans la direction qu’il pointait, confiant. C’était là que ça coinçait. Bien sûr, il n’avait forcé personne. Il avait simplement proposé la solution logique, celle qu’il avait lui-même prise quelques minutes plus tôt. Jamais personne n’aurait pu croire que ça se serait fini ainsi, surtout pas lui. Mais il devait être foudroyé de culpabilité. Quoi que j’aurais pu dire ou faire, c'était réglé. Ce que j'avais vu dans son regard alors qu’il me filait un coup d’œil avant de descendre me le confirma. Deklan prenait pour acquis qu’il avait mené le type à sa mort. Je pinçai les lèvres, le suivant des yeux en longeant à mon tour le mur du couloir. Mon optimisme légendaire voulait particulièrement se barrer à l’instant, rien qu’à l’idée que le même sort pouvait lui tomber sur le nez s’il glissait ou que l’autre palmier décidait de terminer sa course. Mais je ne disais rien. Il n’y avait rien à dire, ni à faire. Juste attendre. Et encore, attendre quoi, je l’ignorais.

C’était pas moi, ça. La peur, le doute. Je m’appuyai sur le mur derrière, fermant les yeux, me concentrant sur ma respiration. Les autres s’agitaient un peu trop à mon goût, me donnant le tournis. Soyons réalistes, soyons logiques. Peu à peu, je sentis mon souffle ralentir, ma poitrine se soulevant plus doucement, plus naturellement. J’ouvris un oeil, puis l’autre. Deklan était toujours en bas, penché sur l’homme, muet lui aussi. Ce que j’aurais voulu donner pour m’immiscer dans sa tête et combattre la p’tite voix qui devait le bombarder de remords. C’était la personne avec le moins de malice, le mec le plus gentil et le plus doux que j’avais pu connaître de toute ma vie, et lui donner le blâme pour ce genre de situation c’était se mettre un doigt bien creux dans l’œil, mais, mais… « Ellie! » Je sursautai, voyant la gamine se rapprocher elle aussi du trou pour regarder en bas ce qui s’y trouvait. Ni d’une ni de deux je m’élançai vers elle, l’attrapant par la taille et la soulevant contre moi. « Allez viens cutie, on reste pas là. » que je la rassurai, la ramenant vite fait auprès de sa mère. « Quelle merde, quelle idée de merde, quelle connerie… » que celui qu’on avait nommé à la blague le grand chef répétait sans cesse, en tournant sur lui-même, encore sous le choc. Je fis un geste vers lui, voulant attraper doucement son épaule et l’empêcher de se morfondre à voix haute, mais il me repoussa comme un réflexe, me poussant loin de lui du revers de la main. Mollement, je me lançai faire, distraite par Deklan qui revenait vers nous. Silence à l’étage, tout le monde le fixait, comme s’il devait donner suite, comme si on attendait malgré tout qu’il propose une nouvelle solution, un nouveau plan.

« Alors, c’est quoi ta prochaine suggestion? » que le gros bourru lui lâcha, mauvais, avant que je lui réponde d’un regard noir.

Ce n’était pas en s’attaquant qu’on s’en sortirait plus vite hen. Le gallois semblait préoccupé, je le voyais rien qu’à sa tête qui voguait dans tous les sens, et puis honnêtement, qui ne le serais pas. Je glissai mes doigts entre les siens, en signe de réconfort. Il s’en foutait de mes gestes de pseudo-d’affection à devoir décoder, j’en étais persuadée. Mais c'était ce qui me semblait le plus naturel à faire. Naturel, parce qu'honnêtement, j'ignorais où on en serait dans 10 minutes, ou dans une heure. Et je m'en voulais. Ouais, je m’en voulais. De lui avoir ouvert grand la porte, après m’être juré de ne plus m’embarquer là-dedans, de ne plus lui faire de faux espoirs. Je m’en voulais d’être allée chez Ashleigh ce jour-là, d’être restée pour lui, pour être avec lui. D’avoir joué avec le feu, de l’avoir allumé le plus innocemment du monde, me disant qu’il serait toujours là pour ralentir mes ardeurs, qu’il jouerait à merveille le rôle de l’adulte alors que je pilais exactement là où il ne fallait pas. Si j’étais pas allée, il ne serait jamais venu ici. Il ne serait jamais entré au risque de sa vie, n’aurait jamais eu à rester prisonnier d’un immeuble qui ne lui revenait pas, sous prétexte de sauver une fille qui lui avait jadis brisé le cœur et qui n’avait même pas été fichue de le faire avec courage. Nah, une lâche, une fille qui ne le méritait pas. Aussi simple que ça. J’ai l’air de jouer dans le drame? Un peu, ouais. Surtout, c’était que je réalisais que malgré toutes les belles histoires que je me répétais en boucle, Deklan ne serait jamais qu’un ami. Jamais. Le contact de sa main contre la mienne ne me le confirmait que trop bien. Avec ses t-shirts déchirés, ses cheveux ébouriffés et sa voix rauque d’avoir trop chanté, il arrivait encore aujourd’hui à me charmer comme personne. À me faire faire des gaffes aussi, plusieurs, du genre de ne pas l’avoir renvoyé chez lui dès qu’il avait posé les pieds ici. S’il crevait sous mes yeux, je m’en voudrais toujours. C’était une fille beige qu’il lui fallait, calme, douce, simple, mais dans le bon sens. Une fille qui ne lui causerait pas de tort, qui serait amusante, mais surtout, sans tracas. Sans complications, sans dilemmes, sans problèmes. Moi, j’étais une fille rouge. De celles qui explosent dans tous les sens, qui se laissent guider par leurs rêves, aussi fous soient-ils. Qui sont de vrais petits poisons aussi, parce qu’elles attirent dans leurs filets les pauvres mecs en quête de l’amour du vrai, du pur. Moi, je l’avais cassé avec mes idées et mes impulsions à la con. Et fallait que ça cesse. Je ne pouvais pas l’utiliser comme ça, je ne voulais pas être ce genre-là. Surtout, il valait mieux que ça.

« Faut qu'on se barre... » sa voix m’interpela et j’hochai de la tête, d’accord avec lui. Évidemment qu'il fallait qu'on sorte. On était à deux doigts de tous commencer à devenir fous. « Qu'on trouve le moyen d'appeler des secours. » Action, réaction. Pendant qu’il interrogeait les autres, je partis en vrille vers mon propre appartement, à la recherche de mon portable. Avec un peu de chance, la pluie ne l’aurait pas trop abimé et j’arriverais surement à signaler le 911. Aussi tristement que cela puisse être, déclarer un mort aurait probablement l’effet d’alerter la sécurité plus vite, et donc, de nous libérer d’ici rapidement. Je finis par arriver chez moi, le regard insistant, tournant la tête dans tous les sens à la recherche de mon téléphone. Ce ne fût que quelques minutes plus tard après avoir parcouru le salon inondé en faisant gaffe aux éclats de verre au sol que je le vis, dérivant plus loin. Je l’attrapai à la volée, appuyant sur tous les boutons un à la suite de l’autre avant de voir l’écran s’illuminer. Victoire! Seul hic : le réseau était instable et j’arriverai à peine à avoir une ligne. Faudrait que je trouve un moyen de rejoindre plus facilement les ondes… « Comment on fait pour monter sur ce putain de toit ? » Je sursautai. Prenant tout ce qu’il me restait de forces, je sprintai jusqu’au couloir, retrouvant Deklan et les autres. Silence radio, plus personne ne disait un mot. « Moi je sais. » que j’osai, le fixant. « De là-haut, j’arriverai probablement aussi à avoir un peu plus de connexion pour tenter d’appeler les secours. » Je maintenu le regard de Deklan, agitant mon portable, voyant qu’il hésitait. Mais à ce point-ci, les ressources étaient plutôt limitées. « J’y suis déjà allée souvent, pour écrire. Je connais le chemin par coeur. » que j’ajoutai, pour plaider à ma cause. Toujours aucun bruit, aucun mot, si ce n’était que les pleurs constants qu’on entendait au détour de l’étage, et la pluie qui bombardait toujours nos têtes. « C’est de la folie de monter là-haut. Déjà que les escaliers c’était risqué, là, là c’est du suicide! » L’autre tenait mordicus à faire encore sa loi, mais je m’en fichais. Là, tout de suite, je voulais simplement que tout rentre dans l’ordre. Plus rien d’autre ne comptait, ni même ma propre culpabilité de l’avoir fait venir me rejoindre comme la conne que j’étais. Plus question de rester inutile, et j’emboitai le pas la première, ignorant les protestations du grand chef et même de Deklan, que j’entendais au loin.

C’était idiot et probablement dangereux, mais je ne voulais plus penser à rien. J’avais sombré déjà trop dans mes pensées depuis le début de la soirée et il fallait que ça cesse. Je poussai de l’épaule la porte qui menait au toit, m’engageant dans l’escalier en montant deux par deux les marches, puis finit par tourner le coin qui menait à la terrasse. Une fois dehors, je ne pris même pas le temps de reprendre mon souffle d’avoir avaler les étages aussi vite, je cherchais simplement à lever mon téléphone le plus haut possible à la recherche d’ondes, d’un réseau quelconque. C’est une silhouette qui me distrait de ma première fonction, ignorant même les cris derrière moi qui venait probablement de Dek et de son nouveau pote qui étaient monté me rejoindre. « Hey…. Hey! » que je criai, tentant d’attirer l’attention de la personne à l’autre bout du toit. Elle fit bien vite volte face, me laissant la reconnaître. L’adolescente, celle qui était d’accord avec le Monaghan plus tôt. Ils avaient vraiment un truc tous les deux pour avoir les idées qui concordaient autant. « Je vois les pompiers d’ici… » que je l’entendis hurler à son tour, sa voix brisée par la pluie torrentielle. « Avec un peu de chance ils vont m’entendre crier ou me voir agiter les bras! » qu’elle ajouta, confiante. Par chance, les véhicules d’urgence circulaient dans les rues avoisinantes, et vu la hauteur de notre building versus celle tous les autres, elle aurait facilement pu attirer leur attention si les conditions n’avaient pas été aussi merdiques. Je fis un pas dans sa direction pour l’intimer de rentrer, consciente que ce n’était pas l’endroit le plus sécuritaire pour attendre l’arrivée des secours, avant de voir qu’à sa gauche un poteau d’électricité menaçait de tomber sur le toit, sur nous, sur elle. Bon, il chambranlait un peu, rien de grave à l’horizon, mais suffirait seulement d’un coup de vent pour que…

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Dernière édition par Isla L. Hamilton le Dim 13 Juil - 17:26, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: INTRIGUE - The Big One – DEKLAN & ISLA   INTRIGUE - The Big One – DEKLAN & ISLA EmptyJeu 3 Juil - 6:22


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isla et deklan.



Wut ? Ce n'était pas franchement ce que j'avais prévu. J'avais plutôt compté sur l'ego surdimensionné du ''Big Boss'', sur son désir de garder le contrôle de la situation, et pourquoi pas sur son courage. Ouais, parce qu'il devait en avoir un peu  caché sous ce masque de connerie, non ? Du moins, je l'espérais pour son entourage. C'était bien beau de tout déléguer aux autres, mais il fallait savoir mettre du sien, bordel. Alors non, non, je n'avais pas misé sur le fait que ce soit Isla qui se porte volontaire pour m'amener au toit. Merde ! Si j'étais là, à la base, c'était pour m'assurer qu'elle allait bien, pour la tirer de ce merdier, par pour l'y fourrer davantage ! « Isla... » tentai-je, las. Je me pinçai l'arrête du nez, refrénant l'envie de l'enfermer dans un appartement pour être sûr qu'elle ne se mettrait pas en danger. Mais elle insista, bien déterminée à se joindre à mon excursion sur le toit branlant de l'immeuble. J'aurais pu essayer de fuir son regard, car je savais que trop bien que j'étais faible face à ces yeux, que je perdais toute volonté si j'y plantais les miens... Mais c'était vain. Car elle me connaissait trop bien, savait comment m'amadouer, avec ou sans regard de chien battu.  Alors que j'allai répondre de façon favorable à sa demande, voilà que l'autre ouvrait sa gueule, non sans rappeler le drame de l'escalier. Connard. Je serrai la mâchoire et les poings. « On ne vous demande rien. » Tout comme on ne lui avait rien demandé l'autre fois. Ma réplique ne sembla pas lui plaire vu sa tronche, ou alors il était sérieusement indisposé. « Et puis, j'vois pas ce qui vous gêne. C'est encore quelqu'un d'autre qui s'y colle, pas vous. » Je sentis son envie de me foutre son poing dans la gueule, mais je n'en avais rien à faire, car à bien y réfléchir, si quelqu'un devait vraiment s'en vouloir pour la mort de l'autre gars, bah c'était lui. Celui qui l'avait désigné pour prendre le risque avant de rester sagement aux côtés de sa femme. Oui, les escaliers avaient été mon idée, mais on ne m'avait pas laisser l'opportunité d'y aller, on m'avait écarté, il m'avait écarté, pour y envoyer ses gars. D'où probablement l'angoisse dans sa voix, il ne voulait pas d'autres morts dans son immeuble, mais rester les bras ballants à attendre n'était pas franchement une meilleure idée. Tandis que j'allais certainement sortir une autre remarque cinglante, Isla partie sans un mot, sa façon de mettre un terme à un nouveau combat de coq à tous les coups. Je poussai un grognement agacé avant de lui courir après, lampe torche toujours en main.

L'un des gars m'avait suivi, mais j'étais bien trop occupé à courir après la brune pour faire attention à lui. Et quand bien même j'aurais vu sa tronche que je n'aurais pas été foutu de mettre un nom dessus. « Isla ! Attends-moi, bordel ! » Entre un fumeur et une nana hyperactive... Je me faisais vite distancé. Montrer le chemin, montrer le chemin... Plus lentement ça aurait été cool. Et la prudence dans tout ça ? L'immeuble menaçait juste de nous tomber sur la gueule, alors les précautions n'étaient pas de trop. « ISLA ! » Mais, bien sûr, elle ne m'écoutait pas. J'ignorais même si elle pouvait m'entendre. J'arrivai enfin devant une porte en acier, probablement celle du toit. Il n'y avait même pas de ''probablement'' qui tenait, j'étais arrivé au bout de ce putain d'escalier, qu'une seule issue... Mon cerveau semblait ne plus supporter toutes les informations qui lui étaient données à présent. Le mec s'engouffra derrière moi. Je poussai la lourde porte et pris soin de la bloquer tandis que le mec passait le seuil. Il ne manquerait plus qu'on se retrouve coincés sur ce toit. Là, ce serait vraiment le pompon. La pluie déferlait toujours avec une intensité hors du commun... Ma grand-mère avait tenté à plusieurs reprises de nous inculquer des trucs de la Bible, ce gros livre effrayant, encore plus gros que l'édition que j'avais du Seigneur des Anneaux, dont le déluge. Peut-être que le Noé des temps modernes attendait quelque part, avec un paquebot/arche de luxe... Prions pour que ce ne soit pas un Costa. Bref, la pluie tombait dru et me brouillait la vue. Je vis Isla, un peu plus loin, le bras en l'air. Je fronçai les sourcils et haussai la voix. « Euh... Tu sais qu'on peut appeler les secours même sans réseaux, pas vrai ? » Et à part ça, on me traitait d'idiot... Bon, j'admettais que les gens oubliaient facilement ce détail en période de stress intense. Mais la jeune femme m'ignora totalement, obnubilée par quelque chose de l'autre côté. Putain, quoi encore ?! Je suivis son regard alors qu'elle s'agitait et hurlait. Oh, merde, la gamine. Mon sang se figea davantage dans mes veines. D'autant plus quand je vis la menace proche d'elle. Bloody Hell !

Je m'approchai d'Isla, mis une main dans son dos, les yeux toujours fixés sur la gamine. « Je vois les pompiers d’ici… » Sur le coup, malgré la peur, j'aurais bien eu envie de pousser une bonne gueulante contre cette fille ! Montrer, toute seule, sans prévenir les autres... Là, ouais, j'étais d'accord avec le Big Boss, ça, c'était suicidaire. Ses parents devaient être fous d'inquiétudes ! « Avec un peu de chance ils vont m’entendre crier ou me voir agiter les bras! » J'attrapai Isla par le bras alors qu'elle s'avançait en direction de l'adolescente et l'attirai à moi. « VIENS PAR LÀ BATGIRL. » Que je hurlai à la gamine, les yeux rivés au poteau. Bon, ok, s'il tombait, on serait tous dans la merde, mais la voir aussi proche de cette nouvelle menace me foutait les boules. Mon spider sense me disait que ça puait plutôt beaucoup le sapin. « C'est quoi son prénom ? » Que je demandai à Isla. « Milly... enfin, Millicent. » Je sursautai, n'ayant pas vu l'autre type se rapprocher de nous. « C'est la fille Stockes. » J'acquiesçai, bien que ce détail ne m'avançait pas le moins du monde. Je lui tendis ma main, relâchant le bras d'Isla. « Deklan. » Ouais, bon, quitte à jouer les casse-cous avec d'autres personnes... « Esteban. » Se présenta-t-il à son tour en me serrant la main avant de mettre les siennes en porte-voix. « ÉLOIGNE-TOI DU BORD MILLY. » Ouais, fallait la faire s'éloigner de ce poteau autant que possible. Elle était trop jeune pour une merde de plus. J'empoignai Isla par les épaules, plongeant mes prunelles dans les siennes, la mine des plus sérieuse. « Essaye d'appeler... et évite les rebords, s'il te plaît ! Ou autre connerie du genre. » J'inspirai profondément. « J'déconne pas. » Je lâchai mon emprise et pointai un doigt menaçant. « Tu meurs, j'te tue, ok ? » Si je m'en voulais déjà pour la mort de l'autre... Je n'osais imaginer ce que je ressentirais si Isla venait à crever aussi, sur ce toit. Non, no way ! J'étais prêt à l'attacher, même à l'assommer si c'était nécessaire à sa survie. Alors, qu'elle ne m'y oblige pas.

Je tendis ma lampe à Esteban. Lui, bon, je voulais bien prendre le risque de le sacrifier. Il semblait avoir le même âge que moi, pas d'alliance, ni de regard cinglé. « Essaye d'attirer l'attention des secours avec ça, ça serait plus efficace que de gesticuler les mains vides... » Il secoua la tête, signe qu'il avait compris, et alla sur le rebord, lampe allumée en main. Bon... A nous deux sweety. Cette soirée commençait vraiment à me courir sur le haricot. Est-ce que j'avais une tête de Clark Kent ? Non ! Ni le pognon ou les accessoires de Bruce Wayne. Le monde courait à sa perte. J'disais ça, j'disais rien. Je rêvai à mes retrouvailles avec mon lit... S'il était encore intact, ce dont je doutais présentement, vu la situation ici. J'avançai à pas mesurés, faisant bien gaffe à où je mettais les pieds, n'ayant pas envie de connaître l'impact qu'une chute dans le trou béant causé par l'arbre aurait sur mon corps d'apollon... Encore moins sur mon crâne. Je contournai le début de canyon urbain nouvellement formé, me faisant l'effet d'un équilibriste amateur au possible et rejoignis Milly en quelques enjambées plus empressées. Je passai un bras autour de ses frêles épaules. « Laisse l'honneur aux vieux cons de se la jouer Jackass. » Et, alors que je l'entraînai avec moi dans le chemin que j'avais emprunté, c'est là que le poteau électrique se rappela à notre bon souvenir. « Mais ils sont juste en bas... » Qu'elle protestait quand un craquement sinistre, suivi d'étincelles magnifiques et BAM, il entama sa chute vers nous. Je figeai quelques secondes. « Holly shit ! RUN AWAY ! RUN AWAY ! »  Que je hurlai à pleins poumons, de terreur. A croire qu'une force s'acharnait sur notre sort, en échafaudant toutes sortes d’embûches mortelles, en prenant un malin plaisir à nous voir prendre nos jambes à notre cou. Me mettant à courir, je plaçai Milly devant moi, préférant assurer ses arrières, si c'était possible, la poussai dans le recoin opposé au point d'impact que viendrait percuter l'engin et lui offris mon corps en protection. Les femmes et les enfants d'abord, hé.

L'immeuble trembla monstrueusement, comme si Godzilla se baladait dans le coin, au point que j'en crus que la fin était proche, très proche. On était secoué comme des pruniers, j'en perdais l'équilibre et écrasai l'adolescente de tout mon poids. J'avais fermé les yeux, n'osais plus bougé ni respirer, totalement tétanisé. J'attendais la douleur, la lumière au bout du tunnel et tout le tralala, car je ne voyais par quel cul je pourrais échapper encore une fois à la grande faucheuse. Mon cœur tambourinait violemment dans ma poitrine, comme s'il voulait en sortir pour prendre la fuite, le lâche. Puis je me surpris à espérer que je ne mouille pas mon pantalon, voulant rester digne dans la morte, non mais. Déjà, j'avais l'estomac trop vide pour que lui vienne l'envie de se débarrasser de son contenu, bon point, c'était toujours ça de pris. Puis, ça s'arrêta. Je relevai la tête et clignai des yeux, incrédule. J'étais encore en vie, Milly aussi à première vue. Nom d'un chien ! Quand je sortirai de là, je jouerai au loto ! « Bon sang, j'ai cru qu'on allait y rester cette fois ! » Et moi donc... Je me relevai, aidai l'ado à en faire de même puis guettai l'autre côté du toit. Des étincelles s'échappaient du trou, menaçantes, aveuglantes... Avec cette eau stagnante sur le sol, non, non, ce n'était pas flippant du tout. Je pris la main de la jeune fille et la guidai comme je pus, évitant le précipice crépitant. « VOUS ALLEZ BIEN ? » Que je lançai à l'obscurité percée par intermittence, avançant toujours, lentement mais sûrement. « ISLA ? ESTEBAN ? » On atteignit enfin l'autre côté et je les vis. Je lâchai la main de Milly et couru vers Isla, pris son visage dans mes mains, la détaillai des pieds à la tête. « Z'êtes okay ? » D'un coup d'oeil, je vis que notre compagnon d'infortune semblait avoir eu moins de chance, du sang maculait sa jambe. Shit ! Mais je n'eus pas le temps de m'y intéresser davantage. « Non, non, NON ! » Pesta Milly. Je tournai la tête et découvris avec horreur que la porte s'était refermée, l'adolescente s'acharnait dessus et la frappait de toutes ses forces en espérant que les autres l'entendent. Évidemment, suis-je con. La suite logique des choses. On ne pouvait pas vraiment s'en sortir aussi facilement... Bah non... La brique que j'avais mis en place pour bloquer cette foutue porte n'avait pas supporté la chute du poteau. « Oh bravo... » Je récupérai la lampe au sol et fonçai vers le rebord, agitant la lumière vers les pompiers, hurlant autant que mes poumons me le permettaient.


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MessageSujet: Re: INTRIGUE - The Big One – DEKLAN & ISLA   INTRIGUE - The Big One – DEKLAN & ISLA EmptyJeu 3 Juil - 22:25


THE SHOCK HIT ELEVEN, GOT LOST IN YOUR EYES.
isla et deklan.


J’avais besoin d’air. De me rafraîchir l’esprit, la tête, les idées, de voir autre chose, de respirer autre chose. J’étouffais et j’imaginais ne pas être seule, mais suffoquer du genre me coupait toute envie de vouloir rester là, isolée. Bombardée par les regards mauvais, les commentaires négatifs et accusateurs de tout le monde, de ceux qui commençaient avec raison à devenir paranoïaques, paniqués. La pression des coups d’œil mauvais et des chuchotements avait réussi à m’assommer un peu plus tôt et si je n’avais pas pris quelques secondes pour fermer les yeux et respirer, j’en aurais eu assez pour me mettre à paniquer de mon côté aussi. Or, j’étais persuadée que les gens ici n’avaient pas besoin d’une autre parano de service, étant bien capables de s’imaginer les pires histoires tous seuls. La seule chose que je voulais, c’était d’être utile. D’aider le plus de trucs à avancer, à se régler, à bouger le moindrement, pour que l’impression de stagner, de faire du surplace et simplement d’attendre le pire – la mort – arrête de démoraliser les troupes. Mis à part Dek & le grand chef, qui avait une attitude de merde soit dit en passant, personne d’autre n’avait pris les choses en main et ça avait surement pour beaucoup accentué les tensions. D’un côté on remettait en question ceux qui proposaient des solutions, des plans, des façons de faire, et de l’autre on restait dans un coin à attendre, à tourner en rond. Pas pour moi. Plus pour moi, en fait. Deklan demandant qu’on téléphone aux secours avait donc été la parfaite tâche à accomplir, simple et efficace, qui aiderait peut-être à faire gagner notre cause. Je pourrais au passage m’isoler de la cohue générale et filer par le fait même au toit, un peu pour une meilleure réception, surtout pour respirer plus librement. Sortir devenait l’une des meilleures idées que j’avais bien pu avoir depuis longtemps et si au passage ça accélérait notre salut, c’était un done deal d’avance. L’esprit embrumé, tout avait passé pour logique pour moi, et voyant que mon portable avait un signal merdique à l’intérieur n’avait été qu’un argument de plus pour me convaincre.

Une fois mon appareil en main, ç’avait été tout naturel pour moi d’entamer le chemin vers le toit. J’veux dire, je n’avais même pas l’impression d’aller vite, tellement mes yeux fixaient la lumière extérieure qui se faufilait à travers les fentes de la porte nous en séparant. J’entendais Deklan qui, je présumais, me suivait dans les escaliers, et le chemin étant plutôt simple était au final la dernière étape à passer avant que j’arrive à toucher un peu au calme, au silence, à prendre un peu d’air. De l’air.

Ma tête tournait, mes membres tremblaient, mes yeux s’épuisaient. Ce n’était pas un état sympa, pas une façon de rassurer les enfants de la voisine, ou de tenter de maintenir un peu d’espoir entre deux couloirs défoncés. C’était la panique, la vraie, qui malgré ma bonne volonté et ma sérénité légendaire commençait vachement à m’étouffer, calculant tout mes faits et gestes. Faut vous dire aussi qu’habituellement, quand on se fait réveiller en sursaut par un tremblement de terre doublé, qu’on perd toutes ses possessions et qu’on voit un type mourir sous ses yeux en une seule soirée, y’a matière à avoir de la difficulté à respirer un brin. Ouvrir la porte sur le toit me fit le même effet qu’une décharge d’endorphine après un jogging de plusieurs heures. Je fermai d’abord les yeux, inspirant de longues secondes, avant de me pousser pour laisser ceux qui m’avaient suivi sortir eux aussi et profiter de la brise fraîche et de la pluie glacée qui martelait mon visage. J’étais à ma place, là. Longue expiration. Et pourquoi donc, est-ce que j’étais autant troublée? Le fait de ne pas avoir d’autres options. Même pas une, toute petite, évidente. De ne trouver aucune issue, autant physique que mentale. De ne penser qu’à un truc seulement, d’être bloquée, prise au piège. La voix du Monaghan dans mon dos me confirma que lorsque j’étouffais, je paniquais. Et je fuyais, toujours. Une roue qui tourne, une habitude. J’avais regardé par-dessus mon épaule pour m’assurer que c’était bien lui, avant de faire un pas puis un autre devant. Le téléphone en main, à la recherche de réseau quelconque. L’impression d’être utile là. Au moins un peu. « Euh... Tu sais qu'on peut appeler les secours même sans réseaux, pas vrai ? » Non, je savais pas. J’y pensais pas en fait, prise pour la première fois dans une situation comme celle-ci. J’avalai, baissant lentement et un peu honteuse ma main le long de mon corps, consciente que ma petite fuite à l’aide sur le toit aurait pu être plus dangereuse parce que pas du tout justifiée. Mais merde, merde… J’avais même voulu lui répondre du tact au tact avant que la vue d’une silhouette derrière nous m’empêche de poursuivre, pour le mieux, et j’avais simplement fait un pas dans la direction de l’adolescente qui l’ignorait, mais qui se trouvait en position plus risquée. « J’vais la chercher, elle peut pas rester là c’est trop… » que j’avais insisté à l’intention de Dek, juste avant qu’il m’attrape le bras au vol. Hum? « VIENS PAR LÀ BATGIRL. »

Ma priorité, c’était d’attirer la jeune fille vers nous, loin du poteau qui la menaçait, et loin des rebords du building aussi qui avec l’averse étaient plutôt difficiles à cerner. D’éviter le pire. J’allais pas sauter d’un toit à l’autre ou éteindre un feu tout en haut d’un édifice de 100 étages non plus, simplement traverser un tout petit toit pour aider l’autre. Et il me bloquait? Je voulais simplement un peu d’air, pas crever sur place. Que tout se règle, pas remplir le cimetière. Je respirai difficilement sous son sermon, petite rebelle de pacotille que j’étais, avant de me passer une main sur le visage pour essuyer la pluie qui me brouillait la vue. Esteban, le voisin d’en-dessous de chez Jaime, était lui aussi parmi nous, surement ayant suivi Deklan dans l’espoir de donner un coup de main, et je le saluai du revers de la main, tapant presque du pied en voyant la jeune fille au loin qui devant chaque seconde était un peu plus en danger. Une fois les présentations finies, il fit même volteface vers moi, jouant à l’adulte responsable, me mettant en garde contre les vilains risques que comportait l'environnement du toit. Je pris sur moi, presque parce qu’il était mignon dans ses indications, mais surtout parce que : « Je suis une grande fille t’sais Deklan. J’ai pas la tête aussi en l’air que tu peux croire! ». Insinuer que je multipliais les conneries c’était un peu fort, j’étais pas aussi casse-cou que Leo non plus. Et puis dans l’ensemble, tout ce que je voulais, c’était sauver la donne. « C’est pas de moi dont tu devrais t’inquiéter, mais d’elle. » je pointai l’ado au loin, qui s’agitait toujours pour signifier sa présence aux secours. « Je m’occupe de communiquer avec les pompiers, les policiers, le SWAT s’il le faut. Et toi, tu rassembles tout le monde pour qu’on retourne en bas prompto. » Je me trouvais plutôt indicative dans ma suite d’idées, mais comme je le mentionnais plus haut, j’en avais marre que personne ne prenne les choses en main. « C’est comme dans l’avion. Si tu crèves, tu ne peux pas sauver personne, alors on te demande d'enfiler ton masque à oxygène avant de mettre celui des autres. Fais gaffe à tes fesses et je surveillerai les miennes, Rambo. » Je terminai le tout en lui claquant au passage son postérieur alors que je regrettais déjà de lui avoir demandé de s’éloigner pour aller sauver l’autre et que j’aurais préféré et de loin me blottir dans ses bras le temps que tout passe. Fallait être raisonnable, après tout. Et rien qu’à le voir, je le savais déjà excédé, tout comme moi, d’une situation que personne ne pouvait contrôler. Plus vite on s’en sortait, mieux on s’en porterait, tous.

C’est Esteban qui arriva à ma hauteur quelques secondes ensuite, alors que je signalais déjà le 911. Je lui pointai à la va vite la rue d’où j’avais vu arriver plusieurs véhicules de secours, avant de reporter mon attention sur le gallois qui avançait prudemment, et sur la ligne qui sonnait sans réponse. Une voix coupa bien vite le silence, essoufflée, épuisée, et je bouchai mon oreille pour éviter aux bruits ambiants de me déranger pendant l’appel qui sauverait probablement la vie de tous mes voisins. « Allô. ALLÔ! » d’entendre une réponse à l’autre bout du fil m’avait presque surpris, compte tenu qu’ils devaient être débordés. « Nous sommes coincés à l’intérieur du building au 26 991 Venice Avenue. 20 personnes incapables de défoncer la porte d’entrée. Un palmier a déjà démoli le toit de l’immeuble, un autre menace de nous tomber dessus. Et… » Je repris mon souffle, ayant tout débité au cas où la ligne coupe. « Il y a un mort. ». La dame se voulait rassurante, sous pression, mais compréhensive, et elle m’assura qu’elle se chargerait d’envoyer des gens sur place le plus vite possible. C’était tellement simple que je pensai avant de raccrocher, presque soulagée,  lorsque je croisai le regard d’Esteban qui me glaça sur place. Il regardait dans la direction de… je tournai sur moi-même juste au bon moment pour voir Deklan et l’ado courir vers nous, voulant éviter le fameux poteau qui avait décidé de terminer sa course sur nos têtes. « Dégage de là! » que j’hurlai, poussant volontairement Esteban de la trajectoire de notre nouvel assaillant avant de me laisser tomber moi aussi, à l’abri. Le choc m’assomma la tête plutôt durement sur le béton, mais je m’en fichais. Deklan. Il était où, hen? Je mis ma main à ma tête juste pour m’assurer que je ne saignais pas, et me levai peut-être un peu trop vite pour me corps qui suivit durement. Un pas puis un autre… la pluie rendait le tout tellement plus difficile. J’ignorais où il était, je ne le voyais plus, je ne l’entendais pas et là, tout de suite, j’en avais marre de paniquer pour lui. À savoir s’il était ok, blessé, inconscient, je pouvais pas. J’étais la fille indépendante, avec beaucoup de bons amis et une famille géniale que j’adore mais… je détestais les attaches. Je préférais faire cavalier seul, et avoir de bons potes dans chaque port. Mais lui, lui. Limite, j’avais à peine remarqué qu’Esteban avait la jambe en sang suite à sa chute. Nah. Mais Deklan, impossible à repérer à cause de la météo me clouait en deux. Et là, merde, le poteau électrique rendait la surface du toit encore plus impraticable, devenant très dangereux pour quiconque touchait près des fils entortillés. Merde, merde, merde, merde… « DEKLAN! » que j’hurlai, ma voix se brisant, en l’entendant crier mon nom à son tour avant de le voir s’approcher à travers la pénombre. Des larmes coulaient sur mes joues, de stress, surtout, et je fus presque allégée de les savoir se mêler à la pluie. Soupir, un long, un lourd, qui se termina par mes mains tremblantes qui s’emparaient de son visage, voulant m’assurer que c’était bien lui et qu’encore une fois, il avait réussi à débarquer au moment exact où j’aurais facilement pu céder à la panique.

« Oui… non… Esteban est blessé… » que je laissai glisser comme réponse à sa question, trouvant tellement cruel le fait de devoir me séparer de lui, encore, pour aller vite me pencher vers le voisin à la jambe blessée. J’aurais tout le temps du monde de clarifier ce qui s’était passé lorsque j’avais cru le perdre de nouveau, mais à voir notre pote et son sang qui coulait à grand débit, y’avaient des trucs qui pressaient un peu plus que d’autres. Je m’approchai donc d’Esteban, m’étant déclaré infirmière de service à cause de l’épisode du bras quelques minutes plus tôt, et me penchai sur lui en remontant délicatement son jeans imbibé. « Désolée, de t’avoir poussé aussi fort… » que je tentai, évaluant les dégâts. « Entre une jambe lacérée et crever, le choix est plutôt facile Hamilton… » qu’il répondit, avec un sourire sur les lèvres. Je lui sourie à mon tour, avant de retirer mon chandail pour m’en servir comme garrot. La camisole que je portais dessous s’occuperait de me couvrir un peu, et les quelques frissons que la météo me filerait n’étaient rien à comparer à la jambe que je venais de calmer en attachant une manche avec l’autre bien serré. « Ça devrait aider à minimiser les dégâts et à éviter l’amputation. » que je confirmai à la blague, en replaçant encore un peu le chandail autour de son mollet. « Comme ça, tu pourras encore venir me défier à Dance Dance Revolution les soirs où tu te sens un peu seul… » j’éclatai de rire, faisant référence à une soirée où Esteban était monté chez Jaime pour se plaindre du bruit qu’on faisait lui et moi, croyant que l’anglais avait organisé une fiesta avant de se rendre compte qu’on prenait notre pied à danser en débiles sur nos classiques 80’s favoris depuis des heures. Esteban en profita pour rigoler lui aussi, me confirmant que malgré la douleur il était encore capable de fonctionner. Une bonne chose de faite. Rassurée, je me relevai d’un bon, prenant au passage le bras d’Esteban pour l’aider à se remettre sur pieds pour être à notre hauteur. « J’ai réussi à parler aux secours! » que je lui lançai, victorieuse, cherchant Deklan et Milly des yeux. « Sont où? » que je demandai de suite, avant de repérer les deux plus loin, près de la porte. Je pris la décision d’aller les rejoindre, aidant encore le voisin à me suivre bras dessus bras dessous, faisant gaffe au sol électrifié par endroit juste pour éviter un autre drame parmi tous ceux auxquels on avait déjà eu droit.

On arriva juste à temps pour entendre la tragique nouvelle : la porte était coincée. Bah voilà, le drame que je tentais tant d’éviter venait de se matérialiser sous nos yeux. Et avec la pluie, les bruits ambiants, la panique, pas de raison pour que ceux d’en bas pensent à monter nous voir en haut, hum? Milly ne semblait pas de cet avis, commençant à tambouriner sur la porte de toutes ses forces en hurlant à l’aide, avant que Deklan file en flèche sous nos yeux jusqu’à l’autre bout de toit, déterminé à attirer les regards des secours. « Tu restes ici? » que je demandai à Esteban qui me confirma que ça lui allait, avant de piquer à la course vers le gallois. J’entendais déjà le voisin unir ses forces à celles de l’ado, au cas où ils arriveraient à quelque chose, lorsque je ralentis à la hauteur du musicien. « Hey… » je le sentais à bout de nerfs, criant lui aussi, sautant sur place, agitant la lampe. « J’ai parlé aux secours, ils s’en viennent d’une seconde à l’autre… » que je tentai, m’avançant un peu plus près, ayant presque peur qu’il me pète un câble vu la façon excédée qu’il avait eu plus tôt de me mettre en garde. Il se calma, un peu, le temps que je me mette sur la pointe des pieds pour l’embrasser avec fougue, à bout de souffle, comme s’il n’y avait que ça que je pouvais faire. Que je voulais faire. Qu’il y avait à faire, tout court. Les secours attendraient. Je pris de longues minutes pour m’assurer qu’il n’aille nul part, passant mes mains dans ses cheveux, puis agrippant sa nuque, pressant mon corps trempé et frigorifié un peu plus fort contre le sien en ayant presque peur qu’il se volatilise de nouveau, qu’il me fasse encore la frousse de disparaitre à travers le danger. « Merci. » que je glissai à demi-mots, reprenant une respiration confortable, le front appuyé contre le sien. « Merci d’être venu, d’être débarqué ici en plein milieu de la nuit même si je le méritais absolument pas. Merci de tout faire pour nous sortir de là, de vouloir sauver la vie de mes voisins même si tu ne les connais pas du tout, et que tu les détestes probablement… merci. Vraiment. » je pris le temps de plonger mes prunelles dans son regard, incapable de bouger, sentant l’Isla gamine en moi qui voudrait fermer les yeux et se retrouver au petit matin dans un grand lit éclairé par le soleil. Mais je savais très bien que ça prendrait un peu plus de boulot que ça pour la suite.

« Deklan! » appela Esteban, avant qu’on entende suivre un bruit de verre cassé. « J’ai une hache de secours! » Les sirènes de police se rapprochaient de plus en plus de nous et ma tendance turbo-positive finit par me rattraper au galop alors que je me détachais du gallois pour voir un peu plus bas si des voitures s’arrêtaient devant l’immeuble. Esteban agitait bien haut la hache qu’il venait de libérer de sa vitre de protection et je fis signe au Monaghan d’aller l’aider à défoncer la porte, avant de reporter de nouveau mon attention à ce qui se passait plus bas. Rien pour l’instant, mais ce n’était qu’une question de temps, non? On allait s’en sortir, il le fallait, c’était assuré. J’inspirai une nouvelle fois, plus calme, plus sûre, revigorée par les différents petits espoirs qui venaient de naître autour de nous. Dek prit ma main et j’emboitai le pas, allant rejoindre avec lui les deux autres.

« On la défonce cette porte? » que je m’exclamai, les yeux brillants.

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Dernière édition par Isla L. Hamilton le Dim 13 Juil - 17:26, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: INTRIGUE - The Big One – DEKLAN & ISLA   INTRIGUE - The Big One – DEKLAN & ISLA EmptyMer 9 Juil - 4:11


THE SHOCK HIT ELEVEN, GOT LOST IN YOUR EYES.
isla et deklan.


Ouais... J'avais un peu beaucoup de mal à la voir en adulte responsable. Déjà, parce que je l'avais rencontrée à l'adolescence. Et l'Isla ado, well, ce n'était pas franchement l'idée qu'on se faisait de quelqu'un de mature, de raisonnable, de sérieux. Bon, j'y avais été pour quelque chose dans les conneries, en partie, et l'influence de ma sœur n'avait certainement pas dû aider. Ensuite, la façon dont elle gérait sa vie me semblait hors normes. Non mais merde, vous avez vu la collection de boulot qu'elle a ? En même temps ? A courir partout, tout le temps ? D'accord, c'était mieux que pas de boulot du tout, comme moi, mais tout de même. Alors, ouais, je la sous-estimais sûrement, là, tout de suite. Mais c'était aussi parce que je voulais la protéger. Un immeuble qui frôlait l'écroulement, des habitants en panique, un poteau électrique... Merde ! J'étais venu pour la tirer de là, pas pour l'enfoncer dans le danger. « J'vais te sortir de là saine et sauve, par la peau du cul s'il le faut. » Et non, je n'arrivais pas non plus à garder un ton calme rien que pour ces mots de rien du tout. J'étais à deux doigts de la secouer comme un cocotier. Je pouvais comprendre son agacement, mais merde, je n'avais surtout pas besoin de l'Isla rebelle right now ! « Et ça m'aiderait à rester zen si tu évitais de me coller une crise cardiaque, c'est tout ! » Je manquais probablement de tact, mais on verrait ça après, quand on sera sortis de ce merdier, car j'y croyais encore. Car je refusais de croire que ce type était mort pour rien. Et sa répartie aurait pu me faire sourire dans un autre contexte. Rambo... Bah merci, j'me trouvais bien plus cool et plus sexy que Stallone ! « Surveilles-les bien alors, Adrian. » Ouais, j'étais plutôt du genre Rocky que Rambo. Et le combattant déterminé, qui surprend tout le monde mais qui perd quand même... Ça me collerait parfaitement à la peau ce soir. Je lui lançai un regard partagé quant à cette claque sur les fesses avant de porter mon attention sur Esteban et de lui donner des directives. Guys, je donnais des directives, bordel de merde. Est-ce que ça me vaudrait la possibilité d'ajouter « leader né » dans mes qualités lors d'un entretien d'embauche ? Mouais, j'en doutais, à voir.

Puis j'avais réussi, je ne savais trop comment, à récupérer Milly, à éviter ce poteau électrique de merde et à rejoindre les autres. Il paraît que l'adrénaline vous fait faire des choses impossibles jusque là... Bah cela semblait se confirmer avec moi. D'où je risquais ma peau pour d'autres ? D'où je sauvais des ados en détresse ? Et d'où je trouvais le moyen de ne pas crever en route ? Merde, et Ash n'était même pas là pour admirer le spectacle. Elle n'aurait jamais cette image de son frère, ne se découvrirait pas un nouveau respect. 'Chier. Mais bon, j'osais espérer qu'Isla pourrait confirmer ma version des faits lorsque je la relaterai à la blonde, que ça y donnerait du poids. Bien que j'imaginais qu'à l'heure actuelle ma frangine trouvait le moyen de colmater une brèche, de désencastrer une vieille de sa caisse et de donner naissance à des triplés. Et ce, sans se défaire de sa coiffure de Barbie intrépide, aka GI Jane, et de son self-control. Je passerai pour le pas doué dans tous les cas, je le savais. So unfair. Mais sur le coup, ce qui me préoccupait le plus était l'état de santé d'Isla plutôt que la victoire, ô combien écrasante, qu'aura ma sœur. Je fus étonné mais pas mécontent de sa réaction à elle, de sa façon d'accueillir mon retour. Qui n'en aurait pas été heureux cela dit ? C'était à ce moment, dans les films, que le mec sort une tirade des plus banales, héroïco-romantique avant de renverser la nana en arrière et de l'embrasser tel le chevalier qui l'aurait sortie des griffes d'un putain de dragon. Seulement on n'avait pas le temps pour ces conneries, hé. Entre la jambe d'Esteban qui pissait le sang et la porte qui s'était refermée, scellant davantage notre sort... J'étais tenté de montrer mon plus beau doigt au ciel, dans un geste rageur, mais je n'avais pas que ça à foutre en vrai, et me contentai donc de l'imaginer très très fort. La lampe, le rebord, et je m'activai comme un illuminé à attirer l'attention de gens qui étaient à coup sûr trop occupés pour ne serait-ce que lever les yeux vers le toit branlant. Mais peu m'importait. Je ne ferai pas le poids face à cette porte, j'étais pas con au point de croire le contraire. Alors, ouais, je gesticulai, m'époumonai tel un pompom-boy sous caféine. Parce que je ne me voyais pas rester là à attendre les bras ballants.

Je manquai de sursauter à l'arrivée de la brunette dans mon dos. « God damn it, Isla ! » On en revenait à l'idée de crise cardiaque qui pourrait m'atteindre plus tôt que je ne le pensais jusqu'alors. Et là, non, honnêtement ce serait con, surtout après l'éventration du toit de l'immeuble et la chute du poteau. J'avais échappé à pas mal de choses jusqu'à présent, il était hors de question qu'une petite frayeur ait raison de moi. Je laissai retomber mes bras, portai une main à mon cœur qui menaçait de sortir de ma poitrine. Un sourire d'excuse, qui devait plutôt me donner un air constipé, prit place sur mes lèvres en voyant sa mine déjà pas franchement joyeuse. « Oh. » Les secours. Bien. Même si, pour l'heure, j'en avais presque oublié en quoi ils pouvaient consister. Comme si cela faisait des dizaines d'années qu'on était coincé dans cet immeuble, sur ce toit. Comme si nous étions dans une foutue faille spatio-temporelle qui altérait ma perception de la réalité. J'acquiesçai de la tête, clignai des yeux. « En même temps 'sont juste en bas. S'ils nous font poireauter trois plombes pour traverser la rue, je ne leur enverrai pas de panier de remerciements, pas le moindre petit... » que je soufflai avant que ses lèvres ne se posent sur les miennes et me coupent ainsi la chique. Alors ça, je ne l'avais pas vu venir. Surtout pas après la façon dont je m'étais adressé à elle plus tôt. Je me serais plutôt attendu à ce qu'elle se montre revêche, têtue, le menton levé en guise de défi... A croire que Ash n'avait pas trop déteint sur elle au final. Ou qu'on avait encore ce quelque chose qui nous poussait inconsciemment à nous adapter un brin à l'autre, à ne pas le rejeter involontairement. Allelujah. J'accueillis ce baiser avec joie. Un peu de répit dans ce monde chaotique. Les yeux clos, j'en aurais presque oublié notre situation. J'arrimai mes mains à ses hanches, la pressai davantage contre moi, me disant que j'aurais sûrement beaucoup de mal à lâcher lorsque ce baiser se terminerait. Cela me renvoya à celui que je lui avais donné à l'appartement de Ash, quand je lui avais avoué que non, être un pote ne m'irait jamais avant de foutre le camp en quatrième vitesse, peu désireux d'en accepter les conséquences. On n'en avait pas reparlé, on était retourné dans notre routine d'évitement... Puis il y avait eu ce putain de tremblement de terre. Hé, fallait bien lui trouver un bon côté. Je fronçai les sourcils lorsqu'elle se répandit en remerciements. Hein ? C'était vraiment le jour et la nuit comparé à l'échange que nous avions eu tout à l'heure. Je dégageai mon front du sien et lui relevait le menton. « Bah... j'allais pas te laisser crever, Ash ne s'en serait jamais remise tout ça... Et j'ai bien compris que si j'veux te sauver, faut que je prenne tout le package qui va avec. Même l'autre gros con. » Quoi ? Comment ça j'étais à côté de la plaque ? On était en prise avec pas mal d'émotions, totalement perdus et je ne me sentais pas prêt à sortir les violons, pas là. Il fallait rester concentré un minimum, ne pas se laisser aller. Sans quoi je perdrai toute volonté de bouger.

« DEKLAN ! » Esteban nous tira de notre bulle et je manquai de lâcher un juron. Non mais merde, on n'avait pas le droit à deux bonnes secondes ? Souffler et nous retrouver était trop demander ? Merde ! Je lâchai malgré tout un profond soupir las avant de tourner la tête dans sa direction. « J'ai une hache de secours ! » Ah parce que j'avais une tête de bûcheron maintenant ? C'était nouveau ça. D'un autre côté, je pouvais comprendre qu'avec sa jambe bousillée il ne se sentait pas de le faire... Mais ça me faisait chier quand même. C'était qui qui allait encore s'y coller ? C'était bibi. Malgré le geste que me fit Isla, j'attendis qu'elle ait jeter un œil à la rue pour lui prendre la main et de l'entraîner avec moi jusqu'à cette maudite porte. Il était désormais hors de question qu'elle soit à plus d'un mètre de ma personne. No way. J'en avais marre de me retrouver avec l'estomac dans les chaussettes de crainte qu'il lui arrive un truc quand elle n'était pas à portée de vue. Là, au moins, je pouvais jouer le surprotecteur bien collant, bien étouffant à souhait. Arrivés à leur hauteur, Isla se laissa aller à un regain d'enthousiasme. Pour ma part, je restai pessimiste. Une hache, okay, mais je devais en faire quoi au juste ? Ils s'attendaient vraiment à ce que je vienne à bout de la porte avec ça ? On partait dans un délire de David contre Goliath. Je lançai un regard circonspect à l'outil qu'Esteban me tendait. J'en avais jamais tenu de ma vie, pas même pour aider les parents un dimanche matin en coupant du bois à côté de la remise. Non, rien du genre, j'avais plutôt été du style à ronfler jusqu'à ce que le repas soit sur la table. Ouh, hiberner sous ma couette, ça c'était un plan qui m'aurait vraiment branché. Pas celui de prendre le risque de me couper un doigt ou pire. La dextérité des Monaghan ou comment être tenté de prendre une carte de fidélité dans un hosto. L'adolescente se racla la gorge pour me tirer de mes pensés et je relevai les yeux sur tous, qui me regardaient. 'Chier, je ne pouvais pas y échapper plus longtemps. Je relâchai la main d'Isla avec peine et pris l'engin dans mes paluches, pas franchement ravi. Je ne savais même pas la manier, merde ! « Sinon, personne n'aurait pris l'option cambriolage au lycée, par hasard ? Non ? Bon. » J'aurais essayé. Quand faut y aller, hein...

J'assurai ma prise sur la hache et leur fis signe de s'écarter. Il ne manquerait plus que j'explose la tête de quelqu'un. « Little pigs, little pigs, let me come in... » Que je murmurai doucement, me faisant l'effet d'un Jack Torrance sans le talent de Nicholson. Je fis quelques moulinets pour échauffer mes poignets, puis amenai la hache en arrière avant de l'abattre lourdement sur la porte. Je n'avais pas prévu que le choc se répercuterait jusque dans mes bras, voire mon corps entier, aussi je me retins de tomber d'un pas en arrière. En même temps, comment j'aurais pu le prévoir, hein ? HEIN ? DAMN ! Je manquai de lâcher l'outil et ça me prit plusieurs secondes pour encaisser cette étrange sensation. Au moins, maintenant, je savais à quoi m'en tenir. Et cette porte qui me narguait, que légèrement cabossée. This is bullshit. « Ça va être du gâteau. Oui, oui. » Que je tentai de me convaincre moi-même avant de réitérer l'assaut sur la porte, me concentrant sur les bords de la poignée. Encore et encore. Mes mains commençaient à me brûler, je sentais la sueur perler sur mon front et mon bras blesser râlait encore plus que moi, si c'était possible. Je décidai de faire une pause, le temps de récupérer un peu, de reprendre mon souffle. Je me passai une main sur le visage, m'étirai. « Allez les filles, un peu d'encouragement ne serait pas de refus. Montrez-moi ce que vous savez faire. » J'adressai un clin d’œil à Isla, me souvenant parfaitement de ses talents de cheerleader lors des rencontres sportives. On était jeunes, on était cons, pleins de vie, insouciants... Heureux. Cachés, mais heureux. Puis elle avait mis fin à cette idylle et je n'avais plus jamais ressenti ce même bonheur simple. Je repris les coups de hache dans un reniflement, y mettant toutes les colères que j'avais pu éprouver au cours de ces dernières années. La mort de M.G., celle subite de Sean, le fait d'avoir été pris pour un parfait crétin dans un boulot qui ne m'avait jamais vraiment plu, le split de mon précédent band... sans oublier le départ d'Isla. Je ne m'étais jamais autorisé à exprimer ma rage, ma peine, car ce n'était pas dans notre sang, du moins c'était ce qu'on se disait avec Ash. Non, on blaguait, on changeait de sujet, on passait pour des tordus, mais on continuait notre chemin. Avec l'âge, on commençait à nous ramollir, à ouvrir notre gueule, ce qui en surprenait plus d'un, mais ça restait exceptionnel...

La porte commença enfin à céder. La hache traversa l'acier sous nos yeux et Milly laissa échapper un cri de joie. « YAY ! » Esteban me colla une grande tape dans le dos du genre ''GG'' et je ne pus réprimer un sourire de satisfaction. Bordel de merde, on allait y arriver ! Reboosté, j'achevai le trou, le faisant suffisamment grand pour qu'on y passe une main, qu'on se libère de ce piège, et posai la hache le long du mur. Je me frottai les mains endolories, lançai de grands sourires aux autres, puis m'agenouillai devant la porte, mon visage au niveau de mon œuvre. Ouais, MON œuvre. Encore un truc à ajouter sur ma liste d'exploits pour Ashleigh. « Heeere's Johnny ! » J'y glissai ma main et actionnai la poignée. Je me relevai rapidement, guilleret, ouvris la porte en grand et la maintins ainsi, venant signe aux autres de s'y engouffrer. Les filles passèrent devant tandis que je donnai un coup de main à Esteban en passant son bras autour de ma nuque. On entama la descente des marches, prudemment. Ce n'était pas le moment de se casser la gueule, surtout qu'il avait assez morflé selon moi. Cela nous prit plus de temps que l'ascension des escaliers mais on finit par arriver à notre point départ où les filles nous attendaient déjà. Milly racontait d'une voix surexcitée notre aventure à qui voulait l'entendre, des sourires naissaient sur les lèvres alors que le big boss se contenta d'un mouvement de tête vague, le visage fermé. Vieux con. Je laissai Esteban aux soins d'infirmières qui s'improvisaient et rejoignis Isla, passant une main dans son dos et collant un baiser sur ses cheveux trempés. « On n'a plus qu'à attendre sagement en espérant que rien d'autre ne nous tombe sur la gueule. »


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MessageSujet: Re: INTRIGUE - The Big One – DEKLAN & ISLA   INTRIGUE - The Big One – DEKLAN & ISLA EmptyMer 16 Juil - 4:57


THE SHOCK HIT ELEVEN, GOT LOST IN YOUR EYES.
isla et deklan.


Je le sentis sursauter lorsque je déposai la main sur son épaule. C’était normal, en somme. Être à deux doigts d’être transpercé par un poteau électrique, avoir vu un mec tomber de 3 étages devant ses yeux, et être descendu pour constater sa mort subite, ça émèche un homme. Une femme aussi, si ça peut vous rassurer sur l’essence non-sexiste de ce commentaire. Mais j’avais d’autres choses à battre, voilà. J’avais réussi à remettre le doigt sur un brin d’espoir, une petite touche d’optimisme qui malgré l’aliénation de mes voisins semblait vouloir rester. J’avais parlé aux secours, je leur avais dit exactement ce qui se passait et on m’avait rassuré. Probablement que la dame avait fichu mon nom tout en bas d’une liste d’attente qui se perdrait entre les crises qui les bombarderaient jusqu’au petit matin, mais au moins, j’avais l’impression d’avoir fait quelque chose. Limite, j’étais débarrassée. J’avais remis notre situation entre les mains des bonnes personnes et attendre me semblait maintenant être la solution la plus logique. On avait maintenant quelque chose qui serait là rien que pour nous, au bout du tunnel. Un scénario plausible, une issue de secours. C’était tout ce dont j’avais besoin pour reprendre mes esprits, mon essence. Avancer, éviter le sur place, éviter l’impression d’être la conne qui risque sa vie à courir sur un toit en pleine autodestruction devant son crush de gamine qui lui reproche d’agir en idiote. Il avait pas utilisé ces mots-là, mais c’était ce qu’il avait voulu dire, probablement. J’étais pas la demoiselle en détresse, je l’avais jamais vraiment été, et m’avait seulement suffit de quelques minutes isolée pour reprendre le contrôle. Pour sentir ma poitrine moins oppressée, mon souffle moins court, mes yeux plus brillants. Alors ouais, je comprenais son stress. Son besoin de passer à l’action, d’être seul aussi… mais de l’avoir vu détaler sous mes yeux une fois de plus m’avait filé un mauvais pressentiment. On se fuyait depuis tellement longtemps déjà que s’il arrivait qu’une des tentatives à la final destination fonctionne, l’issue de tout ça n’aurait plus de sens. Alors j’étais retournée le voir. Je l’avais surpris. Je l’avais remercié, enfin. Et surtout, je l’avais embrassé.

C’était un mélange de tout ce qui me grugeait depuis qu’il était débarqué dans le couloir, trop d’heures déjà plus tôt, qui m’avait poussé à coller mes lèvres aux siennes. De ma frustration de le voir vouloir me contrôler, me dire quoi faire, me protéger. De mon envie d'en faire qu’à ma tête pour lui prouver que je n’avais besoin de rien ni personne. De ma peur étouffante de l’avoir presque vu crever plus de fois que mon p’tit cœur pouvait le prendre. Et de cette sensation qui me réchauffait dès qu’il posait sa main dans mon dos, dès que je voyais qu’au fond, il ne voulait pas m’emmerder, mais me montrer à sa façon que ce qui s’était passé à Noël, ce qui s’était dit, ne changeait en rien le fait qu’on tenait à l’un et à l’autre. Je me suis emportée hen? C’est qu’après ce fameux baiser, j’eus besoin de quelques secondes avant de reprendre mes esprits. Pour relativiser, pour faire le point. Fuck it. On passerait à la réflexion une autre fois, quand y’aurait personne à l’autre bout d’un toit qui nous salue avec une hache à bout de bras, le sourire aux lèvres. J’vous ait dit que d’écouter des films d’horreur avant de rester prisonnière dans son immeuble en pleine catastrophe naturelle, c’était pas ma meilleure idée, right? Parce que là, je gagnais la palme de la connerie.

Les sirènes dans la rue me semblaient de plus en plus proches, et malgré le scepticisme constant du gallois, je gardais la tête froide, fixée sur les paroles de la dame. Des gens sur place, le plus vite possible. Je me rattachais à ces quelques mots, et à la main de Deklan, qui me guida jusqu’à la porte extérieure de l’immeuble. Je frissonnais, mes vêtements étaient collés à mon corps, détrempés, mais je me répétais encore et toujours notre salvation. Le rhume du lendemain m’apparaissait presque comme une récompense. Alors ouais, les secours pouvaient prendre tout le temps qu’ils voulaient, j’y croyais. Milly se blottit contre moi et je passai un bras autour de ses épaules, ne lâchant pas le gallois des yeux alors qu’il acceptait la lourde tâche de défoncer une porte en acier à coups d’hache. Qu’est-ce qu’on aurait pu faire d'autre, si ce n’était mourir d’hypothermie ici? De toutes les morts que j’aurais l’occasion de voir ce soir et aux infos le lendemain, celle-là m’apparaissaient plutôt dérisoire. Les morts. Je me figeai et Milly me lança tout de suite un regard inquiet. « Ça va? » Je glissai vite ma main dans la poche de mon jeans, mon portable abîmé s’y trouvant encore par miracle, avant d’hocher distraitement de la tête. « Mes tantes. » que je m’excusai, catégorique, prenant un peu de recul pour téléphoner à Lavender et Rosa. Ce foutu réseau qui m’avait valu les jurons de Deklan servirait au moins à m’assurer que ma famille était encore saine et sauve... C’est Rosa qui décrocha au bout de 3 sonneries, essouflée. « C’est moi! » que j’haletai, les larmes aux yeux. « Tu vas bien? Vous allez bien? » Ma tante me confirma que la maison familiale tenait le coup, mais qu’elle et Lavender se retrouveraient déplacées dans une école de quartier le temps que la tempête se calme, par mesure de précaution. Elle me donna vaguement l’adresse que je notai mentalement, le plus alerte possible, avant de compléter d’un « Et ne t’avise pas de mourir Hamilton, sinon tu seras privée de dessert! » qui m’arracha un éclat de rire. Ma famille. J’inspirai, rassurée, avant de tendre le portable à Milly. « Pas besoin, toute ma famille est ici. » qu’elle souffla, ce qui piqua direct ma curiosité. Mais c’est Deklan qui repris du service, attirant notre attention, alors qu’un peu d’encouragements l’aideraient visiblement à finaliser notre libération.

« Alleeeeeeeeez Cougars! » que je scandai, accompagnant ma chansonnette de deux ou trois mouvements de cheerleader qui m’étaient revenus à l’esprit. Un T affirmé avec les bras élancés à la hauteur des épaules, un V bien haut au-dessus de ma tête, et même un petit saut additionné d’un cri de victoire. S’il arrivait pas à sortir son instinct du guerrier avec ça... « Bon, t’as qu’à t’imaginer que la hache c’est comme le ballon de foot’ et c’est parti pour la gloire hen. » Quelques coups plus tard et la porte cédait sous nos encouragements, et surtout sous les coups de notre bûcheron de service. Milly applaudit pour la peine, alors qu’Esteban nous faisait déjà signe de rentrer, lui qui supportait apparemment plutôt mal la douleur à sa jambe à force d’être resté trop longtemps debout.

« Qu’est-ce que tu fichais avec eux?! » qu’éclata le grand chef à tout le monde et personne, dès qu’on tourna le coin pour rejoindre la rimbabelle d’alarmistes. Il avait au préalable envoyé un regard noir à Deklan, chose que le gallois préféra ignorer, m'entraîne plus loin. Fichez-nous patience tous, on a fait notre part du marché, maintenant on a droit au repos du guerrier, que j’eus envie de lâcher, mais je me retins. « Il m’a sauvé la vie… » que j’entendis Milly murmurer, alors que l’autre bourru faisait les cents pas autour d’elle. « J’étais fou d’inquiétude, tu le sais ça?! T’aurais pu au moins me dire que… » Il se stoppa, remarquant du sang sur le t-shirt de l’adolescente. « T’es blessée? » Milly fit un pas en arrière comme pour se protéger, avant que la main de l’homme ne s’empare de son chandail et la tire ainsi vers lui. « L’enfant de… » Plus vite que je m’en rendis compte, et le vieux grognon nous retrouvait, les yeux injectés de sang, la gueule postillonnante. « C’est une adolescente! Elle aurait pu crever! Que toi et ta bimbo vous courriez à votre perte c’est une chose, mais que tu la fiches en danger ça je… » « Papa! » Milly se ficha entre Deklan et son père, implorante. « C’est lui, ta famille? » que je lâchai, surprise mais surtout inquiète pour elle. Mince, avec ça comme père, pas étonnant qu’on ne l’ai pas vu souvent errer dans les environs, il devait être du genre strict et pesant… « J’aurais dû savoir que si elle risquait sa vie, c’était ta faute! » Et là, je sais pas ce qui me pris, mais je me fichai entre Dek et l’autre frustré, me disant que même s’il m’avait appelé bimbo, y’avait peut-être une chance qu’il ait le moindrement de savoir vivre pour ne pas cogner une fille dans sa trajectoire. Mais il s’en ficha bien évidemment, nous poussant Milly et moi d’un côté pour avoir Deklan bien en face. « Papa arrête!! » qu’hurlait la gamine, alors que tout le monde nous entourait déjà. Des chuchotements encore, de la panique surtout. Fichez des inconnus tous ensemble dans un espace clos et même pas une heure plus tard ils se remettront tous en question. Deux heures ensuite, et ils commenceront à se juger, à se lancer des remarques acerbes aux uns et aux autres, pour finir, trois heures plus tard, par s’éclater la tronche. Une étude de société comme je les aimais bien, lorsque c’était pas mon favori qui passait en mode cible d’un fou furieux qui voyait rouge. « Le feu! LE FEU! »

Et puis quoi encore. Merde.

C’eut au moins le mérite de stopper le grand chef dans son élan, assez longtemps pour que Milly revienne se poster devant lui à tenter de le raisonner avec insistance, et que pour ma part je file vite fait bien fait avec Deklan à l’écart. Du feu, donc? Après la terre qui tremble, l’eau et l’air qui se déchainent et l’électricité qui menace de nous griller vifs, c’est vrai qu’il manquait le feu à notre tableau des éléments hen. Je luttais entre l’envie d’éclater de rire parce que vraiment c’était la cerise sur le sundae – OH que j’aurais eu envie de manger le plus gros des sundaes là tout de suite – ou de pleurer parce qu’on aurait probablement droit à une autre panique générale si la fumée commençait à embrouiller la vue de tout le monde. J’en profitai tout de même pour hausser la tête et tenter de repérer la cause de ce feu au beau milieu des décombres, tout de même étonnée de notre malchance de voir un tel problème se déclencher dans une immeuble à moitié inondé. Alors savoir, la poisse quand elle s’acharne, elle trouve tous les moyens de mener à bien son plan. Bref, le temps que je comprenne ce qui se passait que déjà, les bourdonnements paniqués reprenaient de plus belle, les gens commençant à se diriger vers les escaliers, ou ce qu’il en restait, avec hâte. Ce qui semblait être une sortie dans le respect, l’agitement, mais respectueux quoi, pris bientôt des allures de folies mal contrôlées et je fus projetée bien vite de tous les côtés sous les allées et venues des voisins qui pensaient à sauver leur peau en premier quitte à sacrifier celle des autres. Deklan fut ramassé d’un sens et moi dans l’autre, je l’avais toujours dans mon champ de vision, sachant qu’à un moment ou un autre il disparaitrait encore, mais dans l’instant, j’avais simplement envie de ficher des coups de coude dans les côtes de quiconque me poussait encore. Je finis de peine et de misère par me faufiler vers les escaliers moi aussi, m’accrochant à la rampe pour éviter de me ramasser les marches en plein visage, et c’est là que je la vis, par-dessus mon épaule, pendant que je tentais une énième fois de repérer le blond. La proprio. Celle à qui je devais une somme faramineuse d’argent, mais qui ne m’avait jamais expulsé de l’immeuble, préférant me faire vivre son règne de la terreur à la place. Elle, donc. Faible, chambranlante, demandant de l’aide de sa voix nasillarde. Tendant la main pour attraper le bras d’un de ceux qui filait plus bas, titubant dangereusement près des escaliers, se disant peut-être qu’une bonne âme la rattraperait au passage. Je fis même demi-tour, me portant automatiquement volontaire, me disant presque que si je l’aidais j’arriverais à négocier un remboursement à la baisse de mes dettes, lorsque l’horreur se produisit.

À force de valser trop près des escaliers et de recevoir comme dans mon cas un traitement de faveur des habitants fous à lier devant un autre risque de mourir dans l’immédiat, elle tomba. Pas dans le style j’ai perdu l’équilibre mais j’ai réussi à me rattraper vite fait sans grand embarras. Non. La chute, la vraie. Elle commença par tanguer vers l’avant, puis, emportée par d’autres derrière elle, se fraya un chemin entre nous tous en dévalant quatre par quatre le colimaçon. Les hurlements de panique, les cris de douleurs de la pauvre femme et les exclamations pressées de tous se mêlèrent en une grande cacophonie qui m’arracha les tympans, jusqu’à ce qu’on ait droit à un silence de mort. Le bouchon des idiots d’en haut venait d'éclater au deuxième étage, et déjà les gens se rassemblaient autour du corps inerte de la vieille femme meurtrie. J’osai pousser ceux qui me bouchaient la vue, lançant un « Elle a besoin d’air, fichez le camp! » bien senti, avant d’arriver à sa hauteur. À la lueur de la lune et des quelques lumières de sécurité qui illuminaient le couloir, je n’eus pas besoin de beaucoup de temps pour constater le malheur. Elle était tremblante, vivante, mais paniquée. Qui ne l’aurait pas été? que je me demandai, me penchant à sa hauteur, prenant sa main, lui caressant le front. « Ça va aller, ça va aller… » que je ne faisais que répéter encore et encore, comme coupable, comme repentante, comme si j’avais pu tout guérir de mes douces paroles, & hurler à ceux et celles qui m’entouraient d’agir en gens civilisés, que l’enfer ne leur en serait que plus clément. Son souffle était faible, sa main molasse, mais je ne perdais pas espoir puisqu’au final, elle respirait toujours. Elle… « Mon… cœur… » Un long râle de sa part vint me glacer le sang, avant que sa main gauche ne soit secouée de spasmes. Quelques convulsions finirent le travail, et bien vite, elle s’immobilisa sèchement, sous mes yeux. Quoi? QUOI?!

« Elle était cardiaque… » me souffla un mec dans la foule attroupée autour d’elle et de moi et je passai près, très près, trop près, de lui hurler que ce n’était pas une raison d’agir en animaux. Non, non, non… Deux morts. Deux morts. Deux morts. « Le feu!!! » les gens recommencèrent à s’agiter autour de moi à peine quelques minutes plus tard, me laissant toujours au sol, toujours sous le choc, la main de la dame dans la mienne. Comme est-ce que j’allais l’annoncer à Jaime? Comment est-ce que sa famille le prendrait? Comment est-ce que… Des bras m’entourèrent la taille et me soulevèrent de terre mais je n’en eus même pas conscience, le regard scotché sur elle. Sur sa main, froide, presque déjà bleue, qui lâchait la mienne alors qu’on me tirait par derrière. Deux autres mecs arrivèrent sur l'entrefaite, se penchant sur la dame, me cachant la vue. « Et elle? Qu'est-ce qui va arriver avec elle?... » je laissai ma question planer, volante, sentant ma gorge se resserrer sur elle-même. J'aurais voulu décrire ce sentiment autrement que je n'aurais pas pu.

« De l’eau, je veux de l’eau… » ce qui était ironique comme demande, vue que j’étais trempée de la tête aux pieds.

Blanche, faible, je me laissai porter jusqu’à ce qui me semblait être un appartement, ou une conciergerie, ou le hall d’entrée, ou j’m’en contrefichais. J’avais la gorge sèche, sablonneuse, étouffante. J’arrivais plus à faire entrer d’air, je sentais mes poumons se serrer, s’émietter, se tordre. Et on me tendit un verre, plutôt une bouteille, que je pris le temps de tâtonner des doigts avant de porter à mes lèvres. Je fermai les yeux, penchant la tête vers l’arrière, assoiffée, asphyxiée. Deux morts.  L’envie de ne dépendre de personne. Le besoin de ne pas être en détresse. Le liquide me brûlait la gorge mais je ne lâchais, m’abreuvant comme si ma vie en dépendait. Elle en dépendait.

On me retira bien vite la bouteille des doigts, me faisant sursauter, avant que les mêmes bras qui m’avaient déplacé plus tôt m’enlacent. J’aurais voulu me détacher, j’aurais voulu courir loin, crier, mais rien. Rien ne se passa. Je laissai tomber ma tête vers l’avant, rassurée momentanément, avant de me remettre à paniquer. Et Deklan, où était-il? Le temps que mon cerveau reparte en vrille que je levai les yeux et vit que tout ce temps, c’était lui qui était là.

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MessageSujet: Re: INTRIGUE - The Big One – DEKLAN & ISLA   INTRIGUE - The Big One – DEKLAN & ISLA EmptyLun 28 Juil - 20:02


THE SHOCK HIT ELEVEN, GOT LOST IN YOUR EYES.
isla et deklan.


Alors là, je n'en croyais pas mes oreilles. On était redescendus sains et saufs, les secours étaient en chemin, mais non, non ! L'autre con trouvait le moyen de faire chier son monde une fois encore ! « Qu’est-ce que tu fichais avec eux?! » Et vas-y que je gueule sur une pauvre gamine, probablement à cause d'un manque de confiance en moi que je masque sous de la pure connerie. Je fis de mon mieux pour l'ignorer, pour ne pas rentrer dans son jeu, mais de le voir insister, attraper Milly de cette manière... La gamine lui tenait tête, prenait ma défense, mais il persistait dans son délire. Allant jusqu'à insulter Isla. « C’est une adolescente! Elle aurait pu crever! Que toi et ta bimbo vous courriez à votre perte c’est une chose, mais que tu la fiches en danger ça je… » Je serrais les mâchoires, fermais les poings. Non, je ne lui ferai pas ce plaisir ! J'étais parfaitement capable de rester zen, oui, j'y croyais. Mais c'était sans compter sur Isla qui s'interposa. Putain mais merde ! Je donnais l'impression d'être en si grand danger face à ce connard ? Non. Connard qui la poussa en prime ! Son of a bitch ! Mais je n'eus même pas le temps de lui sauter à la gorge qu'une autre saloperie nous tombait dessus. « Le feu! LE FEU! » Je continuais de fusiller l'autre con du regard pendant qu'Isla m'entraînait plus loin. Non, non ! J'avais envie de lui demander de me laisser quelques secondes, de m'attendre, mais je savais que ce serait trop demander vu la nouvelle urgence. Je passai un bras autour de ses épaules et la suivis docilement, non sans jeter un regard en arrière. Je plaignais sérieusement Milly. Avec un abruti pareil comme père... Ce n'était peut-être pas plus mal que je n'ai pas connu le mien. Ça devait aussi être un enfoiré de toute manière, pour ne pas chercher à me voir ne serait-ce qu'une fois. Parce que, ouais, j'étais certain qu'Eileen avait signaler ses grossesses aux géniteurs, pour essayer de les piéger certainement, mais on n'avait pas vu un seul gars se pointer à Pwllheli. Mais au moins, on n'avait pas été élevé par un sale type comme celui-là...

Je fus emmerdé dans mes ruminements quand ils cédèrent une fois encore à la panique. Merde quoi, on se serait cru dans le Roi Lion, avec le troupeau qui écrase Mufasa ! Ce n'était pas comme si on craignait déjà suffisamment pour notre peau, hein. J'eus beau tenter d'accrocher le bras d'Isla, ils réussirent à nous séparer. Bande de cons ! Et avec la taille de la demoiselle, difficile de la garder à l’œil. Voilà, nice, j'étais au bord de la panique à mon tour. Le tremblement de terre ? Ok, c'est Los Angeles après tout. Le toit éventré ? Ça fait juste un gros gros courant d'air. Le poteau ? On était déjà dans le noir... Mais là, non. Franchement, merde ! J'avais pas fait tout ce chemin et supporter ces embûches à la con pour ça ! Des humains flippés, un escalier et une Isla de perdue, ça sentait mauvais. Vraiment mauvais. Mais, alors que je tentais une percée parmi les hystériques, monsieur le grand-chef passa à côté de moi. Et pas le moindre signe de sa fille ni de sa femme. Ouah, décidément, ce type était un exemple de savoir vivre. Je le chopai brusquement par le col, le tirai en arrière et le plaquai sans douceur au mur. Je collai pratiquement mon visage au sien, au point où j'en eus les yeux qui piquaient avec son haleine. Il avait les yeux écarquillés et fuyants, il aurait clairement préféré être déjà en bas des escaliers à se planquer comme le trouillard qu'il était. « T'es vraiment puant, tu le sais ça ? Touche encore une seule fois à Isla et je... » Ouais, bon, je plongeai tête baissée dans la fureur. Je pointai un doigt menaçant sous son nez, tentant d'éviter au mieux une parole que je pourrai regretter. Ce qui se solda par mon poing rencontrant le mur à défaut de prendre sa gueule pour cible. « Sous-merde. » Que je lui crachai au visage avant de me glisser parmi les habitants dans les marches lorsque j'entendis des cris. Isla ! Oui, je délaissai sans broncher le lâche, mes pensées aussitôt tournées vers celle qui faisait battre mon cœur. Et si, pendant que j'exprimais mon besoin de jouer les mâles dominants, il lui était arrivé quelque chose ? J'avais déjà suffisamment de choses sur la conscience pour la soirée...

Je dus y aller de mes coudes pour me créer un passage au travers des spectateurs morbides. Ces crevards étaient comme fasciné par ce qui venait de se produire sous leurs yeux et pas un n'aurait la présence d'esprit de lever le petit doigt. Pas un, sauf elle évidemment. Isla était penchée sur le corps d'une femme. Bordel, une de plus. Non, vraiment, dès qu'on trouverait le moyen de foutre le camp de cet endroit, il était hors de question que j'y remette les pieds ! Je sentais d'avance que je ne pourrai jamais rayer cette nuit de ma mémoire, que ça me hanterait toujours, surtout au moment où je m'y attendrai le moins. Great. Alors que les badauds se souvinrent l'existence du feu qui les avait fait courir, elle restait accrochée à la femme comme si elle ne pouvait s'en détacher. Je parcourus les marches qui nous séparaient encore et la soulevai du sol, étonné par son absence de réaction. « Isla... » Que je murmurai dans le vide. J'aurais pu lui faire une déclaration enflammée ou encore faire des claquettes que ça aurait eu autant d'effets, c'est à dire aucun. Elle était totalement focalisée sur le corps de la vieille femme, au point qu'elle ne semblait pas s’apercevoir de ma présence. J'aurais pu m'en vexer si la situation n'avait pas été aussi dramatique. Heureusement on vînt à ma rescousse et on l’obstrua la vue. Je fis un signe de tête pour les remercier alors que j'emportai Isla plus loin. Où ? Je ne savais pas encore, mais il fallait que je l'éloigne de là. De l'eau, elle voulait de l'eau... Bon, un immeuble, plein d'appartements, ça ne devrait pas être sorcier. Avec toute cette panique, y'aurait bien un ou deux glandus qui auraient oublié de fermer leur porte, non ? Je nous sortis de la cage d'escalier pour m'engouffrer dans un couloir, testant les portes sur notre passage. Enfin, une non verrouillé ! Je nous fis entrer et l'aidai à s’asseoir sur une chaise avant de fouiller la cuisine. Isla restait muette, ça devenait vraiment inquiétant. « Tu n'veux pas plutôt quelque chose de plus fort ? » Un bon tord-boyaux, qui pourrait lui remettre les idées en place... Ou au moins calmer ses nerfs, l'assommer un bon coup. Je pris son silence pour un non et me contentai de sortir une bouteille d'eau du frigo.

Elle se jeta pratiquement dessus et me donna l'impression de vouloir se noyer dans la bouteille. Je la laissai faire quelques secondes avant de la lui retirer des mains et de la prendre dans mes bras. « On va s'en sortir. » Que je lui murmurai tout en caressant ses cheveux alors qu'elle levait enfin les yeux. « Ils vont venir nous tirer de là. » D'ailleurs, ce serait sympa qu'ils se magnent le cul ! Je ne savais pas ce qu'il en était du feu, mais je n'avais franchement pas envie de griller ici. Qu'on aille pas me faire croire que nous n'étions pas dans une situation d'urgence, que notre cas n'était pas une priorité. Okay, quand Isla les avait eu au téléphone, les flammes ne s'étaient pas encore pointées, mais on avait déjà eu pas mal de saloperie, merde. Je prolongeai l'étreinte, peu désireux de la laisser me filer entre les doigts une nouvelle fois. Pourtant il y avait urgence. Rester cloîtré dans un appart' alors qu'un incendie se prépare... En même temps, quelles étaient les options ? Se coincer sur le toit sous la pluie et attendre que la peur nous pousse à nous jeter dans le vide ? Se jeter sur la porte d'entrée bloquée par un putain d'arbre ? Magnifique, pas vrai ? Je poussai un soupir las, ressentant soudainement une grosse fatigue s'emparer de mon corps. Je me décollai enfin de la jeune femme, plongeant mes yeux dans les siens. « On va aller rejoindre les autres. » Non pas que leur compagnie me manquait. Ils étaient hystériques, insupportables, mais rester groupé était toujours une bonne chose. Cela faciliterait le travail des secours, ils ne perdraient pas leur temps à nous chercher d'appartement en appartement. Je tendis la main à Isla, mêlai mes doigts aux siens et l'entraînai à nouveau dans le couloir, d'un pas plus mesuré. Et à peine on franchissait la porte que Milly manqua de nous rentrer dedans. « ILS SONT ARRIVÉS, ILS SONT A LA PORTE ! » Hallelujah ! Enfin la lumière au bout du tunnel ! Milly repartit en trombe et je la suivis avec plus d'entrain, ma main toujours dans celle d'Isla.

« Tu crois que, si je tombe dans les bras du premier pompier qui passe, ça sera mal perçu ? » Je tentais l'humour, mais le cœur n'y était pas. J'avais sérieusement hâte de voir des casques débarquer cela dit et de respirer de l'air frais sans avoir à monter sur ce foutu toit, sans que la mort ne nous guette dans l'ombre. Je passai un bras autour des épaules d'Isla alors qu'on se rapprochait de la foule agglutinée près de la porte. J'aperçus Esteban dans la masse de têtes échevelées. « C'est vrai ce que Milly nous a dit ? 'Sont enfin là ? » Il ne manquerait plus qu'on ait été victime d'un trop plein d'enthousiasme de l'adolescente. Une fausse joie serait de trop. « Ouais ! Ils sont en train de dégager la porte ! » Qu'il me répondit, en me collant une grande tape sur l'épaule, tout sourire. Sourire que je lui répondis, comme si on venait de m'enlever un poids des épaules. L'idée de les savoir là, tout près... Ça devenait concret. Sortir d'ici n'était plus un mince espoir, mais bien une possibilité. J'entendais en effet les machines qui s'affairaient de l'autre côté, une voix lancer des ordres. Quelle douce mélodie à mes oreilles. Je collai un baiser sur les cheveux d'Isla. « Qu'est-ce que je te disais ! » Enfin on pouvait laisser tomber notre héroïsme de pacotille et laisser le boulot aux professionnels. Enfin je pouvais me poser dans un coin et attendre sagement comme les autres sans qu'une hystérique ne me fixe de ses yeux fous et  suppliants. Ouais, je pouvais enfin rendre mon tablier, ou plutôt ma cape et les collants. Je pourrais peut-être même me permettre de céder enfin à la panique, de pleurer dans le giron d'Isla pendant qu'on y était ! Qui sait, ça pourrait s'avérer plaisant. Voilà, la tension retombait tellement que j'en étais à avoir des idées déplacées. Les murmures qui nous entouraient se faisaient moins inquiets, plus excités, des sourires se peignaient sur les visages, les larmes se tarissaient... Le big boss entra dans mon champ de vision et fuit mes prunelles. Bien, au moins il semblait calmé et il allait enfin lâcher du leste.

« ECARTEZ-VOUS ! » Que nous hurla un type qui avait jusqu'à présent l'oreille collée à la porte. Tous s’exécutèrent avant qu'un énorme craquement ne se fasse entendre et que le sol ne vibre une fois de plus sous nos pieds, alors que de la poussière tombait du plafond. Cependant ce fut plus bref. Je fixai la porte, aux aguets et manquai d'applaudir lorsqu'elle s'ouvrit enfin, laissant place à une armada d'uniformes. « Sortez dans le calme, une équipe se chargera de vous et... » Bien entendu, les tarés se précipitèrent à l'extérieur, trop impatients pour laisser le gars terminer sa phrase. L'être humain dans toute sa gloire. J'attendis que les plus pressés – et accessoirement les plus dangereux – se soient enfin barrés avant d'amorcer notre sortie, Isla toujours sous mon bras. Je n'avais pas été aussi content de me glisser sous la pluie, c'était même agréable et me colla un grand sourire niais. Voilà, on était dehors ! Je lançai un regard par-dessus mon épaule, probablement le dernier que je poserai sur le bâtiment. Il me paraissait plus sinistre qu'à mon arrivée, mes yeux ayant fini par s'habituer à l'obscurité et m'offrant les moindres détails, la moindre pierre. Avec la porte béante, on aurait dit une gueule qui n'attendait qu'à nous avaler avec délectation. Une bourrasque de vent me glaça le sang, déclenchant un claquement de dents, crispant mes muscles. Ouais, c'était pas non plus comme si je m'étais attendu à être accueillit pas un rayon de soleil réconfortant... Une femme, une ambulancière probablement, nous fit signe de la suivre et nous tendit des couvertures alors qu'un homme plus patibulaire nous désigna un bus scolaire qui stationnait le long de la route.  « On va vous conduire en lieu sûr. » Bah, j'étais prêt à les suivre n'importe où du moment qu'on s'éloignait de cette rue. Je laissai Isla passer devant moi et grimpai les marches du véhicule à mon tour, la suivant dans l'allée, mes yeux se posant sur les visages fatigués des autres. Les enfants étaient là, agrippés à une femme mais bien vivants. Milly nous adressa un léger sourire, accablée elle aussi par la fatigue probablement. Je me laissai tomber mollement sur la banquette à côté d'Isla. « J'espère qu'on pourra prendre une douche bien chaude... et que les lits ne seront pas trop pourris... »

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MessageSujet: Re: INTRIGUE - The Big One – DEKLAN & ISLA   INTRIGUE - The Big One – DEKLAN & ISLA EmptyLun 18 Aoû - 20:30


THE SHOCK HIT ELEVEN, GOT LOST IN YOUR EYES.
isla et deklan.


Elle. Sa main, ses yeux, sa peau, froide. Je l’évitais, pas plus tard que la semaine dernière. Que le mois dernier, aussi. J’étais passée maître dans l’art de changer de couloir lorsque j’entendais le bruit distinctif de ses talons hauts cirés trop grands, de sa canne qui traînait au sol. Elle avait cette façon de me regarder, de me dévisager, de me faire passer pour la grande conne irresponsable, celle qui croit que de passer la journée en pyjama devant son ordinateur pourra être payant un jour. Celle qui a 30 ans n’a pas d’enfants, pas plus de mari, et surtout aucun actif à son nom. Aucune économie. Que des dettes – principalement liées à son habitation – et des souvenirs de voyage. Mais ça, ça n’avait aucune valeur. À ses yeux.

Ses yeux vides, de vie. Son souffle, faible, presqu’absent.

Ce même souffle qui avait une consonance plus exaspérée la dernière fois où mon chemin avait malencontreusement croisé le sien. Dans un immeuble que je connaissais maintenant par cœur pour y avoir vécu durant 3 années, j’avais réussi à m’égarer à la suite d’une soirée un peu trop arrosée avec Ash, perdant le fil, perdant pied aussi. On s’était mis en tête de ne payer absolument aucun verre de la soirée, juste pour voir si on était encore capable malgré le cheveu blanc que j’avais trouvé, me narguant derrière mon oreille, quelques heures plus tôt. Résultat : les battements de cils et les éclats de rire niais avaient permis à nos consommations de se multiplier encore et encore aux dépends de pauvres candidats parfois même trop bourrés pour aligner quelques mots intelligents l’un devant l’autre. Notre victoire avait un délicieux goût de houblon et de shots de rhum ambré, qu’on avait accumulés sans aucune culpabilité. Jusqu’à ce qu’on se lève, titubant, s’accrochant l’une à l’autre alors que Jackson nous regardait, le sourcil levé. On avait éclaté de rire, et éclaté quelques coupes au passage, avant de finir par s’extirper du bar de peine et de misère et sillonner les quelques pas qui nous séparaient de mon appartement. On avait crié peut-être un peu trop fort dans les escaliers ensuite, croisant Jaime au passage qui revenait du studio de radio, et qui nous avait escorté jusqu’à ma porte. J’avais voulu le remercier d’un high five et j’avais manqué le tir, donnant un coup de poing un peu trop amusé dans le mur derrière nous. Résultat, la proprio avait mis le nez hors de son logis et avait soupiré. Fort, exaspérée, me prouvant encore une fois que j’avais raté ma vie à ses yeux.

Elle soupirait encore. Sauf que là, c’était tout l’air qui restait en elle qui s’échappait.

Des bras m’enlacèrent alors que je fronçais les sourcils, m’attendant à ce qu’elle revienne des morts pour me signifier que 6 mois de loyer en retard était inacceptable et que j’étais évictée du building dans la seconde, mais rien. Juste un râle, puis plus rien. Le silence. Je reconnu le mec du 2ième et ce qui me semblait être le concierge de remplacement qui se penchèrent sur elle, me cachant la suite. Drôle d’impression qui s’en suivit, comme si ma tête, mon corps, ressentaient tout au ralenti, subissant, observant, le temps que ma respiration reprenne un rythme normal. Je faisais ma forte, la fille calme qui monte sur un toit en lambeaux rien que pour prendre de l’air, qui protège des gamins, qui tient la main d’une femme qui vient juste de mourir sous ses yeux, mais au fond, j’étais trouillarde. La pire trouillarde que vous auriez pu connaître, rien qu’à voir le gabarit des fois où une situation – ou une personne, ahem – m’avait donné envie de prendre mes jambes à mon cou et on avait le profil parfait. La fuite de l’esprit maintenant, qui survolait ce qui se passait dans cet immeuble glacial, d’outre-tombe, alors qu’on me transportait vers mon salut, vers de l’eau que je réclamais à demie-voix. L’important, c’était que j’avais besoin de ce répit, de ne rien avoir à faire, de ne rien pouvoir contrôler. J’en avais besoin pour assimiler, pour comprendre, pour concentrer toute mon énergie ailleurs que sur les tremblements qui me traversaient. Deklan. Ses mains entourèrent les miennes alors qu’il m’aidait à porter la bouteille à mes lèvres. Qu’est-ce qu’il fichait encore ici, vraiment? Après être tombé sur le grand chef, un pur idiot en clair, après avoir vu un mec crever, après m’avoir pété un câble sur le toit, après m’avoir ramassé à travers le chaos des escaliers, après m’avoir vu paniquer et perdre la carte…. Qu’est-ce qu’il pouvait bien y gagner? Je veux dire, mis à part des cauchemars et un rhume, il était probablement tout sauf fier de son idée de débarquer en plein milieu de la nuit et de jouer au super-héros pour moi, j’aurais pu le parier. Mais pourtant, il restait. Il avait eu droit à un baiser, à quelques remerciements, à une occasion ou deux de jouer aux hommes forts, mais sinon, c’était impossible qu’à ce stade-ci il trouve une bonne raison de motiver sa présence, mis à part le fait qu’on était bloqués. Et le voilà quand même qui m’enlaçait, comme si je n’étais pas la cause de toutes les merdes qui lui tombaient sur la tête depuis le début, comme si c’était rien, comme si mes yeux rougis et mes lèvres bleutées avaient le moindrement une chance d’être un gage de réussite. Je merdais tout, avec lui. Depuis toujours, et là, j’avais diablement excellé.

« Merci… » que je tentai, encore, comme si ça sonnait faux. De l’entendre positiver, de sentir ses doigts caresser doucement l’arrière de ma tête, de sentir qu’il ne me lâchait pas, qu’il ne me lâchait plus, palliait pour beaucoup. Ça ne réglait rien, mais au moins ça faisait du bien. Un bien fou. Peut-être un peu trop justement, et je préférai casser l’ambiance d’un « Si tu te mets à voir le positif de la chose, je sais pas si je dois me réjouir ou être alarmée. » que je ponctuai d’un petit rire, juste parce que. C’était les rôles inversés et même si habituellement je me serais régalée de le voir jouer dans l’optimisme, tout ce que je voulais maintenant c’était arrêter de réfléchir, arrêter tout, me poser, fermer les yeux et attendre. La Isla hyperactive qui pétille prenait une pause, de tout. Et c’est en bloquant le reste, les pensées qui dérivaient entre lui, entre la proprio, entre mon appartement et mes possessions complètement détruites et entre ma vie qui jouait à me lancer des ultimatums depuis le début de la soirée que je glissai mes doigts entre ceux du gallois, emboitant le pas lorsqu’il proposa de rejoindre les autres. J’avais plus la force de rien de toute façon, autant faire comme ça et profiter de l’engouement des voisins pour cacher mon manque de vie, d’intérêt, de motivation.

Engouement. Les murmures autour de nous commençaient à être de plus en plus bruyants, couvrant bien vite la pluie et les craquements insistants de l’immeuble – ce qui me fit bien plaisir. Mais encore, il fallu attendre que Milly pousse un cri de victoire suivi de l’annonce que les secours étaient là pour que je comprenne ce qui se passait vraiment. Un coup d’œil à Deklan plus tard et ça y était, je ressentais que des couleurs ponctuaient à nouveau mes joues, qu’une vague de chaleur parcourait mon corps. Mince, ça faisait du bien ça, un peu d’espoir! Esteban passa son bras autour de mes épaules avant de couronner le dos du Monaghan d’une claque de la victoire et nous entraîna avec lui vers la nuée d’autres gens tout aussi pressés de ficher le camp. On nous poussait dans le dos, dans les côtes, on nous pilait sur les pieds et on me tira même les cheveux à un moment, mais j’aurais pas pu m’en foutre plus. C’était de ça dont j’avais besoin, d’air, de liberté, de rien d’autre que ce que les pompiers nous promettaient là tout de suite : une sortie. « Je suis pas contre, ça peut peut-être nous permettre d’avoir un siège VIP dans l’autobus de secours… » que je blaguai, voyant que les pompiers semblaient faire plus d’effet à Deklan qu’à moi-même. Parce que personnellement, je préférais et de loin les musiciens un peu paûmés que les grands sauveurs qui jouent les héros en soutifs chaque année dans des calendriers bien huilés. Un coup d’œil au grand blond et un autre au pompier moustachu qui nous faisait signe d’avancer vers la porte défoncée me le confirma de suite. M’enfin, je m’égare, hen. Le grand patron nous laissa passer devant lui après avoir baissé la tête, ce que je compris à peine, avant de voir le regard noir que Deklan lui filait, puis agrippai de ma main libre le poignet de Milly pour l’ajouter à notre petite cohorte. Esteban et elle ne se firent pas prier pour se ruer vers les couvertures que les secours distribuaient à la sortie de l’immeuble alors que pour ma part, je me contentai des bras du gallois pour encore quelques secondes.

La pluie, encore. Sentir les gouttes d’eau couler sur mon visage et le vent le revivifier me fit l’effet d’un réveil après un long, un horrible rêve. Du genre que dès qu’on ouvre les yeux, on sent encore exactement les odeurs qui nous entouraient, on voit encore les regards de ceux qui nous effrayaient. Je n’osai même pas tourner la tête pour tenter de discerner le building que je connaissais à travers les débris. Parce que l’idée qui me restait encore en tête en était une belle, celle où j’avais tourné le coin après une journée complète à rouler à L.A. à la recherche de l’endroit parfait, et où l’immeuble s‘était imposé avec sa terrasse sur le toit qui donnait sur la ville, sa proximité avec le Barking, et sa porte toute jaune, couverte de peinture fraîche qui sentait bon le renouveau. Je passai devant Deklan, prenant place dans l’autobus, et gardai encore les yeux fixés devant moi, dénotant au passage que tous les visages familiers qui m’avaient côtoyée cette nuit étaient sains et saufs, avec nous. La couverture bien enroulée autour de mes épaules, je laissai ma tête s’appuyer sur la fenêtre du véhicule, fermant doucement les paupières, épuisée, tellement. J’ignore encore combien de temps j’ai passé à somnoler dans l’autobus, mais à mon réveil, il était immobile, le moteur éteint, les derniers survivants se pressant de le quitter. Deklan était resté près de moi, attendant probablement que je me réveille, ou alors s’étant assoupi lui aussi, et je lui fis signe du menton de regarder par-dessus mon épaule. « Le soleil se lève. » que je trouvai à dire, voyant les premiers éclats de lumière pointer au loin, sur la ville. La pluie semblait s’être calmé aussi, ce qui laissa une drôle d’ambiance douce, presque légère, lorsque je passai finalement le nez dehors. Comme si j'avais tout imaginé.

Deux ambulanciers et un pompier nous escortèrent à l’intérieur de l’édifice que je remarquai à peine au départ, les mains serrant toujours de chaque côté de mes épaules la couverture qui commençait à être imbibée d’eau vu l’état détrempé de mes vêtements. Peu importe, je me faufilai à travers les autres rescapés, et réalisai bien vite qu’il n’y avait pas que les gens vivant dans mon immeuble qui avaient été rassemblés ici. Près d’une centaine de personnes déambulaient dans les couloirs, passant une porte puis une autre, finissant toujours par tourner vers la gauche, vers ce que j’imaginais être la cafétéria, ou peut-être même le gymnase. Ah non, le gymnase étaient plutôt vers la droite si je me souvenais bien, pour donner sur le terrain de foot… Je m’immobilisai sec, bloquant le flot derrière moi et occasionnant quelques soupirs et questions tirées par la tête de ceux que je venais de stopper dans ma réflexion. Mais, mais… « Deklan? » que j’appelai, faisant bien attention de n’avoir aucune note de panique au bout des lèvres, vu la quantité de stress à laquelle il avait été exposé ce soir. « T’as vu où on se trouve? » Je le vis me rejoindre à travers la foule et pointai tout autour de moi les murs, les classes, la déco, les coupes gagnantes aussi, des divers match de sport que les équipes du collège avaient remportés à travers les années. « De tous les lycées, c’est celui-là où ils ont choisi de nous ficher! »

L’espace d’un instant, il n’y avait rien d’autre que le cours d’anglais de Mme Kelly. Ou la classe d’art du terrible McMahon. Ou les potages infects de la cafèt’ qui avaient toujours la même couleur, mais jamais les mêmes ingrédients. Ou les entraînements de cheerleading à des heures pas possible le week-end. Ou les devoirs de français, inventés pour la plupart, laissant à Deklan et moi l’occasion de passer un peu de temps seuls entre les rayons de la bibliothèque. Ou les mercredis soirs, où je me faufilais dans l'auditorium avec Ash, pour regarder le groupe de Dek & Leo pratiquer leurs dernières compos. Ou… je me rendis compte que je fixais au loin depuis un peu trop longtemps, tournant la tête vers le gallois qui devait passer en mode souvenir lui aussi. Et merde. Il n'y avait pas que ça, pas que ce retour bidon en arrière, pas que ces images qui prenaient lentement mais surement la place des horreurs auxquelles on avait été exposées ce soir. Arès tout ce que je m’étais promis. Après ce passage-là, notre premier, au lycée, après le désastre de Noël, après le malaise qu’on a entretenu jusqu’à aujourd’hui, après mes lèvres qui avaient attirés les siennes, je répétais encore et toujours les mêmes erreurs. Y’avait une raison pour laquelle je voulais toujours prendre l’air depuis le début de cette St-Valentin particulièrement à chier. Pour fuir le plan de merde dans lequel j’étais en train de me ficher, avec toute la classe qui me restait.

Distraite, j’acceptai avec plaisir une seconde couverture, troquant la mienne en même temps, et fit quelques pas derrière moi, mon corps voulant partir, le reste prêt à rester. Prêt à donner le coup de grâce, celui que je regretterais encore demain matin, celui qui viendrait tout faire exploser, celui qui engendrerait tous les autres. J’avais l’habitude, au final.

« Encore un peu d’énergie pour un petit sprint? » l’envie de brûler les règles, celles de courir dans les couloirs de mon ancien lycée mais aussi de jouer avec le feu me donna un regain d’énergie, suffisant pour que je me mette à jogger sur place. Tout de suite, l’activité physique aussi maigre soit-elle m'aidait à me réchauffer un brin. Et puis de toute façon, le mal était déjà fait et l'envie de me changer les idées gagnait en force dans ma tête. « Le dernier aux vestiaires devra faire le devoir de maths de l’autre! » éclatant de rire devant ce pari bidon, je pris de l’avance et commençai déjà à courir vers les fameux vestiaires.

C’était là où tout avait commencé, au cas où vous vous demandiez. Instinctivement, c'était aussi là où j'avais envie d'être après toutes les horreurs qu'on avait vécues cette nuit.

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MessageSujet: Re: INTRIGUE - The Big One – DEKLAN & ISLA   INTRIGUE - The Big One – DEKLAN & ISLA EmptyDim 31 Aoû - 2:32


THE SHOCK HIT ELEVEN, GOT LOST IN YOUR EYES.
isla et deklan.


La route avait été cahoteuse et c'était assez impressionnant de voir défiler les rues par la vitre de l'auto-bus. Un véritable cataclysme s'était abattu sur Los Angeles, maintenant qu'on était dehors je pouvais en prendre pleinement conscience. Une partie de moi ne pouvait s'empêcher de penser que les impôts allaient être plus élevés cette année et que j'allais certainement devoir me serrer la ceinture pour les lâcher. A nous aussi le bruits des travaux permanents dès que les ouvriers se mettront à l’œuvre, comme si les klaxons n'étaient pas suffisamment chiants lorsqu'on comptait sur une grasse matinée. Mais pour l'instant, un simple somme, de courte durée ou non, serait déjà le bienvenu. Ouais, dormir. J'avais comme l'impression que cela ne m'était pas arrivé depuis des semaines tellement cette putain de St Valentin m'avait crevé. Je posai un regard sur Isla, endormie, tandis que je luttai contre le sommeil. Non, pas question, je fermerai les yeux une fois qu'on serait à destination, sur un matelas. J'aurai assez de courbatures comme ça hein. On s'arrêta plusieurs fois en chemin, pour combler les sièges vacants, pour recueillir d'autres survivants nouvellement SDF. Les visages restaient sombres, fatigués, les gens silencieux. Comme si plus personne n'avait la force de parler. Parfois des murmures, mais ils restaient discrets, presque inaudibles. C'est dans un silence quasi total – si ce n'était le ronronnement bruyant du moteur de ce vieux bus jaune – qu'on circulait entre les cadavres de bagnoles et les bâtiments ébranlés. J'ignore combien de temps ça nous prit, j'avais complètement perdu la notion du temps, toujours est-il que c'est Isla qui me fit remarquer le lever du jour à son réveil. « Le monde continue donc de tourner... Bien. » C'est que j'avais fini par avoir un doute dans ce putain d'immeuble. J'avais joué les braves, fais preuve de sarcasme, comme souvent, mais à un moment j'avais bien cru qu'on ne s'en sortirait pas. Je me laissai subjuguer par le spectacle qui s'offrait à nous. D'ordinaire je n'y aurais pas porté attention, planqué dans mon lit, rideaux fermés. Mais là je devais bien admettre que c'était beau, bordel. Et ce, même si on ne voyait qu'un vague rayon de soleil percer à travers les épais nuages.

La descente du bus fut plus rapide que l'entrée, les gens bien trop pressés de laisser tout ça derrière eux pour perdre une seconde de plus dans le véhicule. Évidemment, Isla avec sa petite taille passait facilement dans la foule, se glissant avec agilité malgré le fait qu'elle était encore toute ensommeillée. Tandis qu'avec ma carrure – même si j'avais perdu un brin en muscles depuis l'université – j'en chiais un peu plus, me prenant les coudes dans les côtes entre autre. Et ça ne manqua pas, elle me glissa entre les doigts. Merde. Merde, merde et MERDE ! Je ne me sentais pas la force d'une course poursuite en cet instant. Je la perdis d'autant plus de vue lorsque mon regard se posa sur l'établissement qui nous faisait face. Holy fuck ! Alors là, c'était la cerise sur le gâteau. On était sauf et on avait le droit en prime à un petit voyage dans le temps ! Je repris mon chemin, suivant la troupe de paumés et entrai dans le lycée. Le lycée... Ça restait une bonne période de ma vie. C'était avant que je devienne un véritable branleur. A cette époque, j'étais une vraie vedette, les filles tentaient de me charmer dans l'espoir d'avoir un date avec le quaterback de l'équipe, on m'invitait à toutes les soirées parce que ça faisait bien sur papier. Ouais, la bon vieux temps. Maintenant, je n'étais plus personne. Si ce n'était ce mec perdu, sans emploi, qui se retrouvait parfois à vendre des vieux vinyles pour joindre les deux bouts. Dans le couloir, je collai mes mains sur la vitrine des trophées. Ouais, celui-là, bien mis en avant, c'était moi. Et l'autre à côté aussi... Il y avait même encore mon portrait ! A croire que personne n'avait battu mon record en fin de compte. J'étais peut-être encore quelqu'un ici. Je relevai la tête en entendant la voix d'Isla et la rejoigni. « Ouep. Faut croire que c'est le destin. » J'étais bien arrivé là parce que j'étais venu en aide à mon amour de lycée, donc ouais, il y avait une logique dans cette histoire. « Ça vaut toutes les pizzas du monde, non ? » Ce n'était pas comme si nous avions souvent l'occasion de remettre les pieds ici, parmi tous ces souvenirs.

L'alignement de casiers le long des murs semblait même irréel. A bien y réfléchir, tout me paraissait plus petit. Pourtant, pour ce que j'en savais, je n'avais pas eu de nouvelles poussées de croissance depuis le bahut. Mais cela devait être dû au fait d'avoir vu le monde qui se trouvait au-delà de ces portes. Le campus de l'université, Los Angeles dans toute sa grandeur etc, cela faisait relativiser. Ce lieu avait été comme une prison de laquelle j'avais cru que je ne sortirai jamais. Un enfer de tortures perpétuelles, avec ces devoirs, ces dissertations sur des bouquins dont les auteurs étaient morts depuis longtemps et qui ne valaient rien, à mes yeux, lorsqu'ils étaient adaptés au cinéma. Ouais, j'avais cru devoir y rester pour toujours, mais par je ne sais quel miracle je m'en étais sorti aux examens. Une chance de cocu. Bien que j'aime à croire que je ne l'étais pas, cocu. J'arquai un sourcil face à la proposition surprenante de la brune. Wut ?! Minute, on venait de crapahuter dans son immeuble, d'échapper à un toit, à une électrocution, à un incendie... Et elle voulait courir ? Damn ! « Écoute, j'sais pas si... » Mais elle était déjà partie, évidemment. Je troquai ma couverture contre une nouvelle et trottinai sans grand enthousiasme à sa suite. Je ne comptais pas gagner, anyway. J'entendais son rire résonner, redonnant ainsi un peu de gaieté et de légèreté à la situation. Je m'attardai devant le bureau du coatch. Est-ce que c'était encore ce bon vieux Callaghan, d'ailleurs ? Un coup d’œil à la plaque sur la porte m'indiquait que oui, il n'était pas encore mort cet enfoiré ! Dans le genre sadique, il se posait là l'ancien sergent de l'armée. Peut-être qu'avec le temps il se montrait plus coulant avec les gars, je l'espérais pour eux en tout cas. La porte n'était pas verrouillée et je glissais la tête dans l'embrasure. Et si j'osai ? Qui dit même coach, dit mêmes habitudes, non ?

Je débarquai quelques minutes plus tard dans les vestiaires avec, dans les bras, des serviettes propres ainsi que des survêtements aux couleurs du lycée. « Ça a du bon de connaître l'endroit. » Que je dis, grand sourire aux lèvres. Avant qu'elle n'ait le temps de poser la moindre question, je l'entraînai vers les douches. Je vérifiai, ouvris un robinet, et constatai avec joie que l'eau chaude n'était pas qu'un souvenir elle aussi. « Autant en profiter avant que d'autres n'aient la même idée... » Je retirai mon t-shirt, le laissai tomber mollement au sol et plongeai mon regard dans celui d'Isla. « Tu crois que j'ai pas compris pourquoi tu m'as traîné ici ? » Bien sûr que je m'en souvenais. J'étais tout tremblant, alors. Noué par le stress, par la peur d'un refus ou d'un mouvement de recul de sa part. Puis j'avais eu l'agréable surprise que ce ne soit pas le cas, qu'elle me le rende. Notre premier baiser. Je me penchai d'ailleurs vers elle pour en échanger un nouveau. Bien loin de l'ado sans assurance. Même si on se montra aussi empressés qu'à l'époque. Comme sous le coup d'une urgence, on se déshabilla avant de se glisser sous l'eau chaude. Nos bouches s'étaient retrouvées pour ne plus vraiment se quitter, nos corps s'étaient mélangés. Nous étions dans une bulle d'intimité, complètement coupés des autres, du reste du monde. Il n'y avait plus que nous, bien vivants, et au diable si c'était une connerie. Nous avions mérité ce break.

C'est réchauffés, dans nos vêtements secs volés, qu'on rejoignit les autres, dans ce campement de fortune. Je tentais vainement de dissimulé un petit sourire, par respect pour le malheur des autres, alors qu'on nous attribuait des couchettes. Je les collai l'une à l'autre et on s'installa aussi confortablement que possible sous les couvertures, pressés l'un contre l'autre. Là, enfin, je fermai les yeux, oubliant sans soucis aucun les pleurs des enfants en bas âge encore sous le choc de la soirée. Non, cette St Valentin n'avait pas été si mal.

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