Les tic tac sonore de l’horloge dans le silence du matin réveillèrent Isabel, un dimanche matin d’avril. Vu le soleil qu’il faisait dehors, ce dernier devait juste venir de se lever. L’Italienne se retourna dans son lit pour faire face au réveil et elle avait raison : 8h50. Et dire qu’elle voulait faire la grasse matinée, vu la nuit qu’elle avait passée ! Isabel remonta le drap sur son corps nu. Elle avait toujours froid dès qu’elle se réveillait, malgré la douceur des journées californiennes. Elle allait donc habituellement se coller à son fiancé, Aaron, se réchauffa à son contact et resommnolait quelques heures avant qu’il se réveille à son tour, toujours surpris de la présence de la belle Italienne autour de sa taille.

Mais cette fois non. Elle savait qu’elle n’allait pas réussir à se rendormir et n’allait pas coller son corps glacé à celui d’Aaron, au risque de se réveiller. C’était dimanche matin, la maison devait encore dormir. Les filles, c’était sur. Quant au couple … Pour l’instant, elle n’avait entendu aucune dispute, tous deux devaient dormir à point fermé. Isa s’était toujours demandé comment ils pouvaient encore dormir ensemble dans le même lit. La passion était passée depuis longtemps, il n’y avait plus que de l’aigreur entre ces deux là. « J’espère qu’on ne finira jamais comme ça », pensa Isabel à chaque fois qu’elle voyait les parents Lawford se déchirer.

Isabel s’extirpa du lit et courut rapidement jusqu’au rocking chair attrapa sa nuisette qu’elle enfila et se glissa dans son épais peignoir. Elle regarda Aaron de longue minute, savourant la vue de son amour plongé dans le sommeil, seul les hauts et bas de sa poitrine lui signalant qu’il était toujours en vie. Elle se rendait compte de la chance qu’elle avait. Aaron ! Comment pourrait-elle vivre sans lui après l’avoir connu. Elle l’aimait tellement, qu’une force qui lui était inconnue, un amour qu’elle ne croyait jamais avoir la chance d’avoir. Elle allait le laisser dormir, il avait assez assurré comme ça ! Isabel sortit donc à pas de loup de la chambre, en faisant le moins de bruit possible. Elle descendit l’escalier qui menait à la salle à manger, dans le but de prendre son petit déjeuner, et préparer un plateau à apporter au lit d’Aaron. En pleine réflexion, du comment, Isabel ne vit pas que Mme Lawford était déjà perchée sur les tabourets hauts du bar. C’est en passant à coté d’elle, que l’italienne sursauta en voyant sa belle-mère.


« Amy ! Tu m’as fait peur, je pensais être la seule à être levée ! »


Elle alla dire bonjour à Amy qui lui servit une tasse de café. Contrairement à son mari, Mme Lawford avait une relation cordiale avec sa bru. Amy lui avait toujours dit qu’elle se retrouvait en Isabel. Et pour l’Italienne, Amy était un modèle de réussite en tout point, sauf du côté matrimoniale. Le jeune couple espérait bien suivre tout le contraire des parents, vivaient d’amour jusqu’à ce que la mort les sépare.


« Bien dormie ? »


Ce petit accent italien du matin, qu’elle perdait au fur et à mesure de la journée, avait toujours fait sourire Aaron, et amusait le reste de la famille, sauf Chris bien évidemment.

Il était déjà 8h et Amy était déjà levée, en fait, elle était déjà réveillé depuis 6.30. Vu la nuit qu'elle avait passé, il était compréhensible qu'elle soit déjà debout la pauvre. Elle avait passé la nuit à se chamailler une fois de plus avec Chris au sujet d'Isabel. Amy continuait de dire qu'ils ne devaient pas se mêler des histoires de cœurs de son fils malgré les circonstances, mais bien sûr, Chris faisait son con, comme toujours... En fait, le jeune couple de la maison n'était qu'un prétexte pour alimenter les disputes quotidiennes du couple.

Bref, le couple battait de l'aile et tout le monde le savait... Ayant passé une nuit plutôt agitée, pour se venger, telle une gamine, Amy avait passé à la nuit à donner des coups de pieds à son mari pendant qu'il dormait, certes, ce comportement était plus qu'immature et puéril, mais au stade où ils en étaient, ils avaient dépassés tous stades de rationalité...

Lorsque le réveil de la chambre afficha 8.15, Amy décida de sortir de son lit. Soupirant un bon coup, elle trouva ça dommage de devoir gâcher une grasse matinée qui lui était bien mérité à cause du crétin qui lui servait d'époux, pendant que le gros porc roupillait dans le lit, elle, elle se levait parce qu'elle n'avait plus sommeil et qu'elle ne pouvait plus supporter la présence de ce dernier.

Se dirigeant vers la porte, elle enfila son peignoir par dessus son pyjama, et franchit les quelques mètres qui la séparait de la cuisine pour se verser une tasse de café. C'était dans ces moments-là, lorsqu'elle buvait son café alors que toute la maison était endormie, qu'elle en profitait pour réfléchir, en fait, non, elle en profitait juste pour se dire à quel point elle avait une vrai vie de merde et que le seule chose qui pouvait la sauver, était ses enfants.

Elle fut tirer de ses lamentations mentales au moment où elle entendit des bruits de pas qui venait du couloir, ce devait être un des enfants qui venait de se réveiller, ça ne pouvait pas être son mari, il devait être bien trop occupé à rêver d'une vie meilleure où sa femme n'existerait pas... Au son que faisait les pas, Amy pu déterminer qu'il s'agissait d'Isabel, elle était bien matinale, pourtant en travaillant toute la semaine, elle aurait pensé qu'elle aurait dormi jusqu'à tard, ou du moins, qu'elle se serait levée plus tard que ça.

Lorsque sa belle fille vint la saluer, Amy pu en conclure qu'elle n'avait pas dû beaucoup dormir elle non plus, mais certainement pas pour les mêmes raisons, ses cheveux plus en bataille que d'habitude et le suçon qui était dans son cou pouvait en témoigner. C'était mignon, au moins un couple qui était vraiment un couple dans cette maison !

« On va dire que oui. C'est utile que je te pose la question ? » dit-elle en souriant.

Malgré tout ce que Chris pouvait dire au sujet de l'italienne, Amy s'en fichait, dés qu'elle la voyait avec son fils, elle savait qu'il n'y a qu'elle qui puisse le rendre heureux, et c'est tout ce qui compte, non ?

Isabel sourit et remonta machinalement le col de son peignoir. Bien qu’elle s’entende très bien avec sa belle-mère et qu’elles se faisaient des confidences, cela gênait toujours un peu l’Italienne de baiser dans la chambre à côté des parents d’Aaron. Comme elle l’avait dit, il était inutile de répondre et de s’étaler sur le sujet.

La douce sensation du liquide chaud et amer dans sa gorge réveillait peu à peu la belle Italienne. Elle n’avait pas toujours aimé le café pourtant. Trop amer, trop adulte, Isabel avait longtemps carburé au chocolat chaud, comme les enfants. Et pourtant, elle était loin d’être une enfant … Son adolescence avait pris fin le jour où le coach sportif de l’école avait mis sa main dans sa petite culotte et que quelques semaines plus tard elle était tombée enceinte. Et pourtant avec Aaron, elle se sentait revivre, comme si toutes les choses qu’elle n’avait pu vivre, elle les revivait maintenant avec l’homme qu’elle aime. Elle souriait à chaque fois qu’elle pensait à lui, comme une adolescente amoureuse. Et le diamant à ses doigts lui rappelait que c’était réciproque. Contraiement à Ethan Hokes, le garçon dont elle était amoureuse au collège, ou bien Adrian Fox, le garçon qui s’était bien foutu de sa gueule pour tirer un coup. Heureusement que tous les hommes ne leur ressemblait pas !

Longtemps, Isabel pensait également que le cas d’Amy et Chris était similaire au sien, qu’ils vivaient heureux en couple. Aaron lui avait souvent parlé de dispute, mais la belle Italienne pensait que c’était comme tous les couples, même à eux, ça leur arrivait. Mais une fois ses valises posées dans la maison des Lawford, elle avait vite vu qu’Aaron avait enjoliver les choses et que les deux parents se bouffaient littéralement la gueule dès qu’ils en trouvaient l’occasion. « Promets moi qu’on ne finira pas comme tes parents » avait dit un soir Isabel.


« Qu’est-ce que vous avez prévu pour ce dimanche ? »


C'était une belle journée ! Il fallait en profiter ! Et surtout, lorsqu'ils étaient avec les enfants, Chris et Amy faisaient l'effort de se comporter en parfait petit couple, en parents responsable et prenaient sur eux pour repousser leur dispute jusqu'au coucher.

Vu le sourire gênée qu'affichait sa belle-fille, il n'était en effet, pas nécessaire de lui poser la question. Ah, ils avaient l'air tellement heureux tous les deux que le pire qu'elle pouvait leur souhaiter c'était de finir comme eux.

«  Je sais pas trop, je pensais rester à la maison et avancer un peu sur le boulot... »

Parce que oui, il fallait préciser que depuis qu'elle ne cessait de se disputer constamment avec Chris, elle n'aimait plus faire de sorties en familles, sauf obligation. Elle savait qu'à un moment où un autre, elle et son mari finirait par se disputer et par conséquent de gâcher la journée des enfants.

«  Et toi, tu as prévu quelque chose ? Je présume que tu vas passer la journée avec Aaron.» dit-elle avec un sourire.

Et/ou Hannah avait-elle envie de rajouter. Depuis qu'elle était arrivée ici, Amy n'avait pas pu s'empêcher de remarquer la relation qu'entretenait les deux jeunes filles, c'était tellement chou de les voir toutes les deux, et même si le père Lawford voyait ça d'un mauvais oeil, elle, elle préférait l'encourager à aller vers sa fille, il y avait déjà assez de guerre familiale dans cette famille pour en rajouter.

Amenant sa tasse à sa bouche pour boire son café, elle venait de plonger dans ses pensées, imaginant ce qu'aurait été sa vie si elle n'avait pas épousé le gros cochon qui se trouvait au premier, mais malheureusement pour elle, ce qui était fait était fait, et maintenant ça faisait 24 ans, parfois elle se demandait où est-ce qu'elle trouvait la force pour supporter cette situation, mais il lui suffisait de regarder ses enfants et les voir heureux pour qu'elle sache où puiser sa force. Aujourd'hui elle peut même dire qu'Isabel contribue un peu aux rares instants de bonheur qu'elle passait en famille lorsqu'elle voyait comment elle pouvait rendre son fils heureux.

«  Je pense que je vais voir avec les filles si elles veulent faire quelque chose de la journée. Et, on verra si il faut trainer Chris avec nous ou pas... » dit-elle en revenant de sa rêverie.

Elle ferait un effort pour les filles, du moins, essaierait.