Je regardais par la fenêtre depuis une heure. J’envoyais des texto, j’appelais des collègues, je préparais le départ, enfin, si je partais. Je ne savais pas encore si j’allais le faire. Qui me retenait ici ? Ma fille – mais celle-ci faisait la gueule - et elle. Mais avait-on vraiment un avenir ou on était fous d’y songer ? Je me doutais bien que personne ne nous montrait gagnant. Mais depuis quand je faisais ce qu’on ce disait ? Je finis par me lever, enfiler ma chemise et me rendre là où j’aurais du me pointer depuis un moment déjà. Une semaine. Une éternité. Elle m’avait manqué, plus que je ne l’aurais reconnu tiens. » Où tu vas p’pa ? » Je la regarde, visage fermé et je réponds sèchement. « Depuis quand ça te regardes ? Je me suis un jour occupé de ta vie ? Non. T’as toujours été libre, dommage que je n’ai cette chance. » Je claque la porte. L’ambiance est tendue. Trop tendue. Je ne supporte plus tout ça, mas je ne comprends pas. Elle devrait être contente que ce soit Billie non ? Billie ne prendrait jamais sa place. Je me grouille et manque de me prendre une caisse sur le trajet. J’arrive devant chez elle. J’hésite. Je fais quoi. Je regarde la porte pendant trois quart d’heure ? Possible. Je finis par sonner. Au moment ou elle ouvre j’ai déjà envie de repartir.. Mais ce n’est pas elle. C’est un mec ? J’avoue que là, j’ai qu’une envie, me barrer et vite. Elle est à l’intérieur, je pousse le type, je rentre. Je regarde autour de moi, je n’aime pas cet appart, je n’aime pas être là.. « On peut parler. Dans ta chambre ? » Je la suis et j’entre. Marrant, j’imaginais sa chambre ainsi. Je reste planté là, pas doué le type. Je sais obtenir des photos dans des pays en guerre et je ne sais pas gérer une fille de vingt trois ans. La honte. Je regarde autour de moi, touche un peu à tout puis m’assieds. Surtout parce que mon épaule me fait mal et que j’ai besoin de me poster. Je passe vite fait ma main dessus puis mon regard accroche le sien. « Je suis désolé pour.. Jvoulais pas que ça prenne ces proportions là. Tara s’en remettra. Elle est jalouse. Elle a toujours été ainsi, mais on a toujours été très proches aussi. Jveux pas qu’on arrête de se voir.. » Je reste assis, j’enlève ma veste, je commence à avoir chaud. Je grimace parce que j’ai encore fait un geste brusque. A croire que je suis masochiste ! Je finis par songer que la distance entre nous est bien trop importante. Je me lève, tiens mon épaule – on m’y reprendra pas deux fois – et réduis cette distance. Je suis à quelques centimètres, puis à quelques millimètres d’elle. Je touche sa joue, la caresse, puis ses lèvres, là je l’amène à moi. « Tu m’as manqué… Une semaine.. C’est long Billie.. » Et je la plaque contre mon torse, mes lèvres s’emparent des siennes, ma main agrippe sa taille. Je la serre contre moi. Si je ne le savais pas, je sis fichu, bon à jeter, irrécupérable. Le verdit est tombé, je crois être amoureux. Et merde.

La semaine avait été un véritable enfer. Elle se sentait toujours mal. Avait des bouffés de chaleur, des vertiges, des nausées. Elle avait le sentiment d'avoir la mononucléose ou un truc de la sorte. Mais si c'était le cas, Adam l'aurait surement appelé pour lui dire qu'il était malade grâce à elle et que ne c'était pas très cool. Car techniquement ils n'étaient pas encore assez proche pour pouvoir se dire à la vie, à la mort, et à tout nos microbes. Déjà qu'elle détestait quand Reaver la mettait malade. Quoique se retrouver en quarantaine dans leur studio avait quelques choses d'amusant. Voilà justement la deuxième partie de l'enfer. A chaque pensée venait se rajouter par dessus un souvenir, ou même rien qu'une évocation de Reaver. Et toutes ces histoires lui fendaient le coeur. Elle avait passé la semaine à courir dans tous Los Angeles pour trouver un médecin qui accepterait de l'ausculter sans lui poser tout un tas de questions personnelles sur son mentale. Parce qu'elle en avait rien à faire. Parce qu'elle préférait souffrir en silence. Parce qu'elle n'arrivait pas à en parler correctement de toute façon. Rien allait, et elle n'explosait pas. Enfin elle était irritable. Mais c'était surtout parce qu'elle était malade. Et que rien allait. Rien allait. Et rien irait jamais plus pendant sept long mois au minimum syndical.... On a peut être sauté une étape. Billie avait donc passé la semaine de médecin en médecin, à leur claquer la porte au nez dès la première question personnelle. Jusqu'à tomber sur le connard de Los Angeles. Le médecin sans fois ni lois, qui s'amusait à descendre ses patients pour les mettre à l'aise. Et comme rien n'allait dans la vie de Billie au lieu de s'en énerver, et de ne pas savoir quoi répondre avait été amusée par la situation, et s'était enfin laissée ausculter. Peut être n'aurait-elle pas du. Peut être n'aurait-elle jamais du mettre les pieds chez le médecin. Ne jamais savoir. Faire comme si ce genre de chose allait passer avec le temps. Parce que rien allait, et elle se retrouvait enceinte de trois mois. Enceinte de trois mois et ça ne se voyait pas. Enceinte de trois mois et elle avait déjà perdu plusieurs kilos depuis le début de la grossesse, au lieu d'en prendre. Enceinte de trois mois et elle n'avait jamais bu autant de sa vie, jamais aussi peu dormis. Autant dire que si son déni de grossesse avait duré un peu plus longtemps, elle aurait noyé son gosse dans l'alcool. Mais ce n'était pas la question. Elle se retrouvait enceinte à la pire période de sa vie. Alors que l'amour de sa vie, le père de son enfant était déjà six pieds sous terre. Et elle ne s'en sortirait pas. Et elle n'avait même pas l'alcool pour oublier. Elle n'avait pas osé en parler. Elle ne savait pas comment Aidan réagirait. Ni comment le dire à ses colocataires... De toute façon le dire c'était le rendre réel. C'était permettre à son ventre de grossir, au bébé de grandir, de naître aussi. Et Billie angoissait. Elle ne savait pas comment faire. Elle ne voulait pas y penser. Mais ça revenait sans cesse dans sa tête. Bébé. Reaver. Bébé. Reaver... Comme un vieux vinyles rayés et horrible. Elle avait bien dégagé tous l'alcool qui trainait chez elle, et un instant Savannah avait été fière d'elle. Comme si elle était une alcoolique qui cherchait à se sevrer. Si seulement. C'était plutôt qu'elle ne pouvait pas tuer l'enfant de Reaver, après avoir causé sa mort. C'était trop. Sa chambre avait enfin été sevré de semaines de décadence. Et on pouvait enfin respirer. Mais ça ne changeait pas grand chose. Elle suffoquait toujours.

Elle trainait à l'appartement. Essayant de se reposer un peu. De manger aussi. De composer. Et attendre de craquer, pour essayer d'aller mieux éventuellement. Mais ça ne semblait pas être dans les plans de Billie, qui gardait le coeur lourd, mais les yeux désespérément secs. Le cerveau fatalement vide. Tout le monde la regardait comme si elle était sur le point de péter une durite. Mais à la vérité son sourire paraissait presque vrai. S'en était même irréel. Soudainement la sonnette retentit. Le temps s'arrêta, et Josh se leva pour aller ouvrir , tandis que Billie blottit dans le canapé observait discrètement qui sa pouvait bien être. Ca ne risquait pas d'être pour elle. On ne pouvait pas dire qu'elle attendait quelqu'un ou qu'elle rêvait de recevoir quelqu'un. A moins que ça ne soit Reaver... Mais c'était tout bonnement impossible. Sauf que ce n'était pas un inconnu à la porte. Ce n'était d'ailleurs pas pour Josh ou Savannah. Quand elle aperçu Adam, elle se leva presque comme un ressort. Elle n'était pas particulièrement excitée de le voir. Elle ne savait même pas comment agir avec lui... Depuis Tara. Depuis qu'elle était enceinte. Mais c'était surtout que personne ne savait pour lui. Et que le voir dans la colocation de la jeune femme ne faisait que renforcer le faite qu'il était vraiment plus vieux qu'elle. « On peut parler. Dans ta chambre ? » Elle hocha vivement de la tête, avant de faire un sourire à Josh qui s'était fait expulser de la porte, et de rejoindre sa chambre rapidement. Elle n'était même pas présentable. Vêtue d'un short court et d'un t-shirt ample- on ne sait jamais si son bébé rattrapait d'un coup son retard de croissance et que ça se voyait- qui dévoilait successivement ses épaules ou son décolleté. Et sa chambre, bien que plus présentable qu'à l'habitude, restait un bordel de partition musicale, d'affiche de concert. Le truc qui lui rappelait qu'elle était tellement plus jeune que lui. Elle n'osait rien dire. A vrai dire si elle l'ouvrait elle risquait d'être sèche. Elle savait bien que ça ne pouvait pas continuer. Elle n'était pas qu'une jeune femme qui voulait s'amuser avec un mec plus mur. Elle était surtout une femme enceinte qui venait de perdre son fiancé. Il n'y avait pas plus brisé, et puis personne ne voudrait commencer de relation avec une femme enceinte. Surtout quand le mec en question à déjà une fille de 19 ans. Mais elle n'arrivait pas à envisager de lui dire. Alors elle préférait l'éviter. « Je suis désolé pour.. Jvoulais pas que ça prenne ces proportions là. Tara s’en remettra. Elle est jalouse. Elle a toujours été ainsi, mais on a toujours été très proches aussi. Jveux pas qu’on arrête de se voir.. » Billie eut brutalement envie de rire. Jalouse d'elle ? C'était ridicule. D'ailleurs elle put difficilement se retenir. C'était l'une des choses les plus absurdes qu'elle n'avait jamais entendu. Non seulement Tara semblait être jalouse d'une loque humaine. Mais en plus Adam s'attachait à cette même loque. Elle eut du mal à contrôler son fou rire. C'était nerveux, et plutôt injustifié. « Désolée.. C'est sorti tout seul... Mais je ne suis pas qu'une fille que tu te tape pour elle. Je suis son amie... La jalousie n'a rien avoir la dedans... Techniquement on ne touche pas au membre de la famille... » Elle n'arrivait pas à lui dire qu'elle aussi ne voulait pas arrêter de le voir. Pourtant elle le pensait. Elle était incapable de faire comme Birdie. Elle s'attachait toujours. Toujours trop. S'en était d'ailleurs ridicule. Mais elle ne savait pas faire autrement. Elle le regardait et son coeur enflait. Elle avait presque l'impression que ça l'apaisait. Mais c'était difficile à dire. C'était pourtant dingue. Ils avaient couchés une fois ensemble, elle était clairement sentimentalement indisponible, et pourtant elle s'attachait. Il faut dire qu'il avait ce quelque chose. Ce quelque chose qui faisait qu'il ne ressemblait à aucun autre qui l'avait intéressé jusque là. Ce quelque chose qui la rassurait, la réconfortait, et lui donnait l'impression que blottit dans ses bras elle pourrait passer une nuit sans cauchemar. Mais elle devait lui dire. Plus tard ça serait pire. Elle ne pourrait plus se passer de lui, et ça la briserait encore. Elle ne pouvait plus être brisée. Elle n'aimait pas le voir souffrir à cause de son épaule. Elle avait envie de s'approcher de lui. De le soulager de sa douleur, de la lui faire oublier. Pendant qu'il lui ferait oublier la sienne. Mais elle devait lui dire. Cependant ce fut lui qui se leva et s'approcha d'elle. Lui qui fit glisser ses doigts contre sa peau. Lui qui réduisit à néant toute la volonté de Billie pour lui dire la vérité. Sa présence l'enivrait plus qu'elle n'aurait du. Elle n'aimait pas ça. Parce qu'elle ne devait pas avoir le droit d'autant aimer ce contact. « Tu m’as manqué… Une semaine.. C’est long Billie.. » Pourtant contre lui, dans ses bras, ses lèvres contre les siennes, tout perdait de son importance. Elle l'embrassa en retour faisant glisser sa main droite contre sa nuque, et l'autre sur son épaule, comme pour le maintenir contre elle s'il voulait partir. «Je sais... Tu aurais pu appelé tu sais... Ca t'aurait évité de tomber sur Josh...» Ca aurait éviter à Josh de se poser des questions aussi. Elle l'embrassa doucement avant de déposer plusieurs baisé dans son cou, sur son épaule, alors que ses mains glissaient le long de son dos délicatement. Elle ne pouvait pas s'en empêcher. C'était plus fort qu'elle. « Ton épaule ne va pas mieux ?» En même temps ça ne faisait qu'une semaine. Elle ne savait pas ce qu'elle voulait. Tout finir maintenant, avant que ça ne devienne trop compliqué, trop impossible. Continué coûte que coûte jusqu'à ce que ça explose... La seule certitude qu'elle avait, c'était qu'elle était incapable de lui résister... Sinon elle n'en serait pas là. La tête chamboulée, retournée. Le coeur aussi lourd que léger.

Un fou rire, venant de sa bouche, et je me détendais un peu. Juste un peu. Parce que la suite me plut moins. Je ne comprenais pas, en quoi c’était gênant que ce soit ma fille ? Tout enfant est jaloux et possessif, ça ne voulait pas dire que je devais finir moine ! « Tu n’es pas juste une fille que je me tape Billie… » Tais toi le grand père ! Tu risques de lui dire que tu l’aimes abruti. Pour être con, ca l’était, tomber amoureux d’une gamine, presque du même âge que sa fille, qui a eut pas mal de soucis, dont un fiancé mort, ce n’est pas commun. Son baiser fut revivifiant, agréable, je revivais. Qu’elle y réponde était mon cadeau et pourtant je sentais une résistance.. Infime, minimale, mais bien présente. « Au moins il a compris, je n’ai pas honte de ce que je fais.. » J’avais eu honte, j’avais eu des réticences, mais elle avait fait voler en l’air toute mes résolutions. J’avais dépassé ça et même si savoir comme ça, sans rien qu’elle avait eut un fiancé et qu’il n’était plus était plutôt perturbant, je voulais continuer. Parce que je pouvais plus m’en passer. Elle m’embrassa de nouveau, je me mis à sourire. Ce sourire était de courte durée je le sentais, et je n’étais pas rassuré. Elle toucha ma peau, m’électrisa, puis me demanda si mon épaule allait mieux. Pour toute réponse elle eut un grognement et je levais les yeux au ciel, d’un air de dire on s’en fout sérieux.. Je finis par la rassurer tout de même. « C’est qu’une épaule, ça se remet ok ? Dis moi comment toi tu te sens.. » Je caressais son petit corps frêle, sa joue, puis reprenais le chemin de ses lèvres.. Sa main fut dans la mienne et je la serrais doucement. « Suis-moi. » Dis je en l’emmenant vers le lit, plus pour me poser qu’autre chose mais ça elle n’avait pas besoin de le savoir. Je la posais sur le lit, continuais de parcourir sa peau avec mes doigts, passer ma main dans ses cheveux. L’admirer, juste l’admirer. Je me penchais – mauvaise idée mais on fera comme si on ne vous l’avait pas dit – vers elle et continuais les baisers, j’étais accro et je le montrais, elle devait juste voir un pervers, et pas un amoureux. Parce que tout ça, pour elle, ce n’était pas sérieux..Et pourtant, pour moi ça le devenait, plus que je ne le vouais d’ailleurs. « Il faut que je t’avoue, on m’a offert une mission pour partir au Pérou.. J’ai ni dis oui ni dis non pour le moment, parce que je veux savoir ce que tu en penses. Ce serait pour trois mois. » Je savais que là, tout ferait l a différence entre nous. Entre une relation qui tend vers le sérieux, ou une relation qui n’était en tout et pour tout, qu’un simple jeu. Jeu qui est pour moi juste une façon plus évoluée de me torturer. Tout comme j’étais ravie de me montrer à Josh, dans le cas ou il faisait lui aussi partie de ses jeux. Qu’en savais-je ? Elle m’avait caché pour Reaver, peut être avait elle un harem et j’étais un des imbéciles à avoir cru, à avoir rêvé.. Je ne pouvais pas me retenir, il fallait que je le dise et tant pis si ça faisait de moi en Ted Mosby en puissance raillé par ses amis toute sa vie. « J’ai pas été honnête Billie. Je.. Je suis tombé amoureux de toi… » Et voilà, dans le genre con bête et débile, je voudrais Adam, qui me passe la corde ?

Billie était mal à l'aise. Une gamine qui ne savait plus ou mettre les pieds, qui avançait, reculait, et marchait dans toutes les directions dans l'espoir d'atteindre je ne sais quoi. Elle ne savait pas vraiment ce qu'elle voulait, ni même ce qu'elle pouvait ressentir. Elle était Bagdad, Berlin pendant la seconde guerre mondiale. « Tu n’es pas juste une fille que je me tape Billie… » C'était la moindre des choses pensa-t-elle après tout. Mais en même temps qu'était-il pour elle ? Le père de sa meilleure amie ? Un mec qu'elle s'était tapée, comme ça, lorsqu'elle allait mal ? Un crush d'étudiante, un jeu un peu gamin et interdit ? Ou juste bien plus ? Elle n'avait vraiment aucun indice de réponse. Et elle se haïssait de ne pas connaître une réponse qui devrait pourtant être simple. Elle était pourtant incapable de savoir ce qu'elle voulait de lui. Si elle s'en voulait pour la nuit passé ensemble. Si elle voulait le revoir. Le garder pour elle. « Au moins il a compris, je n’ai pas honte de ce que je fais.. » Dans l'histoire c'était plutôt elle qui avait honte. Elle s'était fait allumée par Tara, et n'avait vraiment pas hâte de se faire allumé par toutes ses connaissances. Beaucoup lui diront qu'il est trop vieux pour elle. D'autre mettront sur la table le faite que Reaver était mort il y a trop peu de temps, et qu'elle devait se laisser le temps pour tourner la page. Que c'était une connerie de s'engager dans quoique ce soit trop tôt. Mais elle ne savait pas vraiment si c'était ce que lui dirait vraiment les autres, ou si c'était les simples projections de ce qu'elle pensait dans la bouche de tous les autres. Elle se contredisait elle même, et ses geste marquaient l'opposés de ce qui se tramait dans sa tête, et pour ça elle se haïrait probablement plus tard. Tout lui disait de le repousser, que c'était une connerie, que dans sa situation, elle ne pouvait pas espérer grand chose. Que personne serait près à faire ce qu'elle voudrait dans l'état ou elle. A moins d'être complètement fou. Et elle l'imaginait plutôt rationnel... Enfin pas totalement débile en tout cas. « C’est qu’une épaule, ça se remet ok ? Dis moi comment toi tu te sens.. » Le regard de Billie se faisait fuyant. Elle ne savait pas franchement quoi répondre. Il ne voulait pas vraiment la réalité, si ? La réalité si noire. Celle qui lui faisait sentir qu'elle n'irait plus jamais bien. Que le soleil ne perlerait plus jamais à travers les nuages, et qu'elle serait à jamais grisailles et pleurs. Elle se laissa aller sous ses caresses, se blottissant contre la chaleur protectrice de son corps. « Mieux... » répondit-elle dans un murmure. Puisqu'elle ne comptait pas dire la vérité sur ce qui se tramait dans sa tête, il n'y avait pas la nécessité de s'étaler sur ses sentiments. Elle n'avait qu'à se contenter d'un faible mot positif, qui traduisait son état d'esprit présent. Car aussi niais cela puisse-t-il être, elle était légèrement mieux quand il était là. Elle était moins seule, moins faible, moins mal. « Suis-moi. » Elle ferma lascivement les yeux. Honnêtement elle n'était pas franchement d'humeur pour des câlins amélioré... Avec ce qu'elle venait d'apprendre ça lui coupait soudainement toute envie. Mais elle semblait fatiguée, et ne semblait disposer d'aucune sorte de volonté pour contrer les avances du jeune homme. Il fallait dire qu'elle aimait son regard sur ses formes, ses doigts contre sa peau, ses lèvres la faisant frissonné sous les baisers. Alors elle fermait les yeux. Et elle profitait du moment de tendresse pour gagner quelques moments de repos. Pour pouvoir garder les yeux clos sans faire de cauchemar. Elle se rapprocha de lui inconsciemment, se blottissant contre son torse, là ou elle se sentait le plus en sécurité. Si elle refusait fondamentalement de se l'avouer, elle avait besoin de lui. Il était l'une des seules lampes allumées de sa vie, peut être même la bouée de sauvetage qu'on lui lançait. Mais honnêtement. Elle ne pouvait pas. « Il faut que je t’avoue, on m’a offert une mission pour partir au Pérou.. J’ai ni dis oui ni dis non pour le moment, parce que je veux savoir ce que tu en penses. Ce serait pour trois mois. » Elle ouvrit brutalement les yeux, les relevant plus inquiet qu'elle ne l'aurait voulu vers lui. Elle n'écoutait pas suffisamment l'actualité pour savoir ce qu'il se passait au Pérou. Mais d'après ce que lui disait de nombreuse fois Tara, Adam était journaliste de guerre. Son fiancé était mort, et il lui annonçait comme un couillon qu'on lui offrait de partir au devant du danger. Mais honnêtement elle n'avait aucun droit sur sa vie. Aucun droit de lui dire quoique ce soit sur ce qu'il devrait faire. Le simple fait que ses paroles avaient subitement brisé le havre de paix qui s'était construit entre eux. Elle n'était plus en sécurité contre lui. Lui aussi pouvait disparaître demain, la laissé sans rien. Sans rien qu'un morceau de coeur déchirer et anéantit, encore. Elle serra la mâchoire, se recula légèrement de lui tandis que son corps entier se raidit d'inquiétude. Elle n'était définitivement plus à l'aise. « J’ai pas été honnête Billie. Je.. Je suis tombé amoureux de toi… » Le temps se figea brusquement, et un mur de brique s'abattu brutalement sur Billie. Elle avait vraiment entendu ce qu'elle venait d'entendre ? Elle était paralysée de surprise, de peur, d'appréhension. Comment elle avait tomber la dedans, comment elle avait pu se faire avoir une nouvelle fois, aussi rapidement après. Ce n'était juste pas faisable, elle n'était pas prête pour ça. Elle avait fait une grosse connerie. Dans sa tête les idées fusaient à dix mille à l'heure alors qu'elle restait figée sur elle même incapable de parler. Soudainement alors que son corps semblait regagner sa mobilité, elle fit un geste brusque et lâcha de but en blanc « Je suis enceinte » Deuxième mur de brique qui s'abattait sur elle. Elle n'était pas sérieuse... Elle était sensé l'annoncer avec diplomatie. Pas répondre à une déclaration par un je suis enceinte. Elle se rassit brutalement sur le lit prenant la tête dans ses mains. N'osant pas vraiment regarder Adam. Elle se dit qu'elle devait peut être plus de précision à Adam. Quoique vu que leur relation était si récente l'idée même qu'il puisse être le père ne devait même pas lui effleurer l'esprit. « Oh... Je suis désolée... Je voulais pas le dire comme ça... » Même dans l'idée de se rattraper elle était pitoyable. Les mots ne s'alignait pas vraiment dans son cerveau. Normalement elle n'aurait pas du s'excuser. Mais avec ce qu'il venait de dire, elle avait les paroles de Tara qui lui revenait à l'esprit. « Tu as déjà pensé à plus loin. Passé la première nuit romantique et la phase découverte? Tu réalises même pas les conséquences… Tu, tu pourrais, lui transmettre un truc. Une ITS, n’importe quoi. Pire, lui pondre un enfant. Ou, ou… simplement lui briser le cœur et plus jamais pouvoir remettre les pieds ici. » Soit elle était diablement intelligente, soit elle était simplement une sorcière vaudou qui gérait admirablement bien son coup. Bon elle avait merdé... L'enfant n'était pas celui d'Adam et ne risquait pas de l'être, puis qu'on ne peut pas tomber enceinte quand on l'est déjà... Ce qui est en soit une bonne nouvelle. Mais Elle avait l'impression d'écraser le coeur d'Adam avec ses faibles mains. Et elle n'arrivait pas à le supporter. Si ça continuait elle allait se rendre malade. « J'en savais rien... Je suis désolée... Je viens de l'apprendre... Ca fait trois mois... » Là tout de suite ça faisait bizarre. Normalement on apprend que l'on est enceinte bien avant les trois mois... Mais bien sûr, Billie était tellement à coté de ses pompes qu'elle ne pouvait pas s'en rendre compte... Elle se triturait les genoux, fixant le sol avec insistance, ne sachant pas très bien comment faire pour rattraper la situation. Il allait la haïr.