| Sujet: Alekxian - Ils s'inquiètent. M'enfin, seulement elle, mais c'est tout comme. Jeu 5 Juil - 13:16 | |
| Lou-Ann se sentait suivie.
Et attention, il n’y avait rien de paranoïaque là-dedans, m’enfin plus maintenant parce qu’au début ça aurait pu facilement passer pour de la folie passagère. Et connaissant la rouquine, ç’aurait été plus que plausible. Mais là elle le savait pertinemment.
Quelques semaines plus tôt, Lou avait remarqué durant sa tournée de routine à l’hôpital que des pas se calquaient aux siens. Se cla-quoi? Ben en fait elle faisait sa ronde de médocs et saluait tous ses patients pour finalement trottiner d’une chambre à l’autre, d’une couloir à l’autre, un écouteur d’iPod bien enfoncé dans son oreille gauche et ses mains enfouies dans les poches de sa veste d’hôpital. Jusque là, tout va bien. Mais en esquissant un mouvement de danse au début d’une chanson de Michael Jackson, elle s’était lamentablement empêtrée les pieds dans son charriots. Et là de bizarres de pas derrière elle s’étaient empêtrés à leur tour. Comme si la personne derrière ne s’attendait pas à ce qu’elle s’arrête si –maladroitement – abruptement. Méfiante parce qu’elle avait jadis été une fan finie des NCIS & qu’elle les avait tous regardé en boucle avec Jaxson, la rouquine avait subtilement regardé par-dessus son épaule, pour trouver derrière elle un couloir vide. Elle avait quand même réduit au minimum le volume de son écouteur et était restée attentive aux pas derrière elle, qui lentement mais sûrement recommencèrent à être présents. Et à chaque coup d’œil derrière elle, toujours rien.
Lou-Ann avait d’abord cru qu’il s’agissait de Jonah. C’était en plein son genre de se faufiler un peu partout et secrètement dans l’hôpital et de la pourchasser. Il adorait jouer aux espions avec des tonnes de secrets – la preuve : lui qui paie le loyer en cachette durant plus de 6 mois! – et ne se gênait pas pour lui faire les pires sursauts de l’univers. Mais quand elle était sortie un soir avec lui au cinéma, la même situation s’était reproduite. J’veux dire, on oublie les bruits de pas, simplement le fait d’être suivie. D’abord par quelqu’un alors qu’elle était allée avec son copain retirer de précieux dollars au guichet bancaire à l’entrée du cinéma, puis ensuite quand elle avait quitté la salle entre deux scènes d’explosions pour visiter les toilettes. Cette même sensation d’être regardé, observée, suivie. Comme si quelqu’un était tapissé dans le noir et ne la lâchait pas des yeux. Elle avait frissonné, mais n’en avait parlé à personne. Pas assez incriminant pour aller se plaindre aux flics et encore moins pour en jacasser à son frère ou à son coloc, tous les deux se serviraient bien de cette histoire pour se moquer encore un peu d’elle. Nah, on oublie.
La veille, un truc encore plus bizarre était arrivé. Et c’est là qu’elle s’était rendue compte que ce n’était pas de la folie de penser qu’on la suivait. Au supermarché, rien de classe mhm!, elle remplissait patiemment son panier de biscuits et autres gâteries quand le même frisson lui avait traversé la colonne vertébrale. Habituée de maintenant regarder derrière elle, elle leva les yeux et croisa le regard de quelqu’un, à l’autre bout de l’allée de la superette, qui ne s’attendait visiblement pas à être vu. Ce fut si rapide que la rouquine ne se souvient maintenant plus de rien, seulement de la silhouette qui ne traîna pas et qui sortit en trombe du magasin. Merde. En panique, elle avait appelé Ash, sa copine flic, et lui avait tout déballé. La belle blonde avait rassuré du mieux qu’elle pouvait la pauvre Abbott avant de lui promettre qu’elle ferait de son mieux pour s’assurer qu’on ne la suivait plus. Comment? Lou s’en contrefichait. Elle était seulement satisfaite de savoir que ça allait s’arrêter.
Mais pas aujourd’hui.
Profitant de quelques heures de libres qu’elle avait entre les cours & l’internat, Lou avait décidé de sortir se balader au soleil et de travailler sur son bronzage en enfilant une jolie robe d’été à fleurs. Encore un peu paranoïaque, elle avait préféré choisir l’endroit le plus populeux de la ville, en revanche rempli de touristes, et se sentant le mieux du monde dans ce giga bain de foule. Comme si elle réglait son problème d’intrusion dans sa bulle par une énorme vague de nouveaux intrus qui gobaient son oxygène.
Pourtant, ce ne fût pas bien long avant que la sensation revienne au galop. Et puis quoi encore?
« Z’allez finir par me laisser tranquille? » s’exclama-t-elle, à tout le monde et à personne à la fois, et quelques chinois s’arrêtèrent pour la dévisage, avant de la prendre en photo.
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