Sujet: every night is another story (lumen) Dim 12 Aoû - 18:41
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@ TUMBLR It's a damn cold night, trying to figure out this life. Won't you take me by the hand, take me somewhere new. feat. lumen [url=http://]♫[/url]
Thomas s'adossa au dossier inconfortable de sa chaise métallique avant de s'étirer lentement sous le regard attentif d'Oliver Parks — un collègue affecté à DC chargé de prendre en notes ses déclarations. La pression perpétuelle occasionnée par l'année écoulée s'évaporait progressivement depuis leur retour aux États-Unis, laissant une étrange impression d'engourdissement sur ses épaules endolories. Lumen et lui étaient finalement rentrés à Washington quelques heures plus tôt afin de procéder à un rapport précis de leur mission à San Juanito. Les détails de celle-ci ne leur avaient été révélés qu'après leur départ de Los Angeles, dix mois auparavant. Ainsi, les deux coéquipiers avaient dû infiltrer un groupe affilié au réseau néo-orléanais localisé sur l'île en prétendant être un couple d'escrocs à la recherche d'une protection influente en échange de leurs multiples services. L'entreprise n'avait pas été simple à mener et le couple qu'ils avaient représenté avait failli se laisser surprendre à plusieurs reprises par des oreilles indiscrètes. Toutefois, la suspicion qu'ils suscitèrent ne provînt pas d'une quelconque remise en question vis-à-vis de leurs aptitudes, mais de leur manque de proximité l'un envers l'autre. Un tiers connaissant leur véritable identité l'aurait estimée naturelle — après tout, ils ne se connaissaient alors que depuis quelques mois et étaient loin de partager ce genre de rapports. En revanche, à San Juanito, elle ne collait pas à leur relation fictive. Dès lors, ils avaient dû mettre leur réserve de côté et se résoudre à une intimité propre aux véritables couples — qu'ils ne se seraient sans doute pas risqué à braver en Californie — et à multiplier les démonstrations d'affections mesurées, l'un envers l'autre. Lumen s'était révélée particulièrement souple et secourable sur ce domaine-là. À plusieurs reprises, la jeune femme avait discerné le trouble que son collègue éprouvait en vue de la situation et de ses pensées encore tournées vers Savannah. Elle avait eu les gestes et les mots adéquats pour le soutenir et l'apaiser aussi discrètement que le leur permettaient leur position, s'attirant la reconnaissance tacite de l'anglais. « Fatigué ? hasarda Oliver avec indulgence, après avoir terminé de rédiger la phrase que Thomas venait de lui dicter. - Quel était ton premier indice ? » répliqua l'intéressé en se frottant le visage. Il passa une paume sur son menton où s'épanouissait une barbe de quelques jours relativement structurée. L'ex-militaire pouvait se vanter de détenir une résistance étonnante à la fatigue, en revanche il était complètement impuissant contre les dernières heures d'avion qu'ils avaient dû supporter, encadrés d'un couple de petits vieux aigris râlant contre le service des hôtesses débordées et, d'une petite troupe de gamins chahutant bruyamment sous le regard passif de leurs parents. Elles l'avaient littéralement achevé et peu lui importait que la soirée fût à peine entamée. « Va te reposer, on reprendra tout ça demain après-midi. » décréta Parks, en refermant prestement le classeur qu'il avait devant les yeux et en lui faisant signe de sortir avant qu'il ne change d'avis. Thomas ne se fit pas prier et bientôt, il traversait les rues de la capitale afin de rejoindre sa chambre d'hôtel louée par le Bureau, quelques rues plus loin.
Thomas s'éveilla quelques heures plus tard, aux environs de vingt-deux heures, perturbé par une sensation insolite. Sa main tâtonna machinalement la place à son côté et son cœur rata un battement en la découvrant vide et étonnamment froide. La sensation se mua instantanément en l'écrasante certitude qu'est la solitude. Il se redressa subitement, les cheveux en bataille et la mine encore ensommeillée. L'ex-militaire déglutit en se frottant distraitement le visage, retrouvant position sur ses genoux. Il s'était assoupi immédiatement sans même prendre la peine de se dévêtir, complètement assommée par la fatigue. Toutefois, il savait qu'à présent il serait incapable de rejoindre les bras de Morphée. Il n'avait plus l'habitude de s'endormir sans personne près de lui. C'était peut-être ridicule, mais il s'était accoutumé à la présence même amicale de Lumen à ses côtés après le coucher du soleil, au cours des derniers mois. Celle-ci s'était révélée apaisante, bienfaitrice et même curative. Thomas émit un profond soupir, cherchant à expulser cette impression si inconfortable — vainement. Quelques minutes passèrent, sans qu'il ne parvienne à retrouver l'engourdissement du sommeil. Ridicule, songea-t-il avec désappointement. Il ne valait pas mieux qu'un gosse de dix ans effrayé par l'ombre sous la porte de son placard. L'anglais consulta brièvement le cadran de son réveil. Lumen n'était pas une véritable couche-tôt — elle était même souvent la dernière à s'endormir et la première à s'éveiller. Il doutait de véritablement la déranger s'il venait à lui rendre une visite aussi tardive. Il hésita quelques instants supplémentaires avant de quitter son lit pour se contempler brièvement dans le miroir. Une nouvelle fois, il passa ses doigts sur la barbe qui lui dévorait le menton, lui donnant un air qu'il estimait hagard. Il se détourna un instant de son reflet pour s'emparer d'un rasoir et s'activa avec détermination. Une dizaine de minutes plus tard, le londonien se retrouva devant la porte de la chambre de sa coéquipière. Il savait qu'elle aussi avait eu le droit à une location et s'était renseigné à l'accueil pour en découvrir le numéro et l'étage. Les joues imberbes, une nouvelle chemise sur le dos, il avait une mine plus engageante et civilisée, c'était certain. Il cogna trois fois contre le battant à l'aide de la bouteille de vin qu'il avait récupéré auprès du service de restauration — s'il venait l'importuner si tard, autant ne pas le faire les mains vides. Il patienta durant quelques instants et s'apprêtait à tourner les talons, lorsque la porte s'ouvrit sur la jeune femme. « Je te réveille ? s'enquit-il. Je n'arrivais pas à dormir, alors je suis passé prendre une bouteille pour fêter notre retour et profiter éhontément de ta compagnie. ajouta-t-il avec un sourire qu'il réservait généralement à la jeune femme. Je peux entrer ?. ».
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Sujet: Re: every night is another story (lumen) Mer 15 Aoû - 23:26
Thomas et Lumen: Every night is another story
Lumen marchait dans les rues de Washington, sans but apparent. En fait tout ce qu'elle voulait c'était se vider la tête. En effet les dix derniers mois avait été plutôt intenses. Elle avait été affecté à une enquête à San Juanito en compagnie de Thomas Henley, son collègue et aussi celui qui, depuis son arrivée au FBI, avait été son mentor. Ils avaient dû pendant tout ce temps se faire passer pour un jeune couple d'escrocs dans le but d'infiltrer le réseau Néo-Orléanais responsable de plusieurs crimes. Il avait fallu faire preuve de prudence pour n'éveiller aucun soupçon. Au départ ça n'avait pas été très facile. Devenir soudainement la petite amie d'une personne que l'on côtoie au bureau avait entraîné quelques moments de gêne. Surtout en tenant compte de leur précédente enquête, durant laquelle Lumen s'était vue contrainte d'abattre un criminel. C'était la toute première fois qu'elle tuait quelqu'un. Certes, c'était un malfrat qui de toute évidence aurait mal terminé sa vie, mais cela n'avait pas laissé la jeune femme indifférente. Pendant un certain temps elle s'était sentie mal, regrettant sans pour autant regretter vraiment, compte tenu des circonstances. Et puis le fait qu'elle n'ait pas obéis aux ordres de son coéquipier. Il lui en avait un peu voulu lui disant qu'elle avait mis sa vie en danger et que si elle n'avait pas été la première à presser la gâchette, c'est elle qui aujourd'hui reposerait au fond d'un trou. Après ça, Thomas et Lumen n'avaient plus tellement mentionné cette mission. En fait la jeune femme avait voulu éviter le sujet, au moins le temps qu'elle réfléchisse à ses actes et qu'elle apprenne à vivre avec. Mais leur mission à San Juanito étant des plus importantes, elle avait fait de son mieux, agissant comme si Thomas et elle sortaient ensemble depuis plusieurs années. Comme un vrai couple quoi. Évidemment quelques fois, notamment quand ils se retrouvaient seuls, ils se permettaient de lâcher leurs rôles. C'est là que la jeune femme avait appris à connaître davantage son partenaire et avait su le réconforter quand il en avait eu besoin. Être à l'écoute était probablement l'une de ses plus grandes qualités. Elle soupçonnait ses études de psychologie d'avoir approfondie cette qualité qu'elle possédait déjà. A présent qu'ils avaient terminé leur mission, ils avaient dû se rendre à Washington pour effectuer un rapport complet et détaillé. Ils devaient passer chacun leur tour. D'ailleurs Thomas devait en ce moment même se trouver au siège en train de faire son rapport. Lumen, quant à elle, devrait s'y rendre demain après-midi. Elle passa devant un fast food et décida de commander de quoi grignoter un peu. Un hamburger, des frites ainsi qu'une boisson devrait faire l'affaire. Elle n'était pas vraiment d'humeur à prendre une salade aujourd'hui. Ensuite elle retourna dans sa chambre d'hôtel, celle qui lui avait été réservée par le bureau. La chambre n'était pas très grande, mais il y avait tout de même la place pour un lit, une petite table, un meuble où était disposé un petit téléviseur, ainsi qu'un placard. Juste à côté se trouvait la salle de bain, une petite pièce qui rassemblait le minimum: Une douche, des toilettes et un lavabo. La jeune femme était maintenant habituée aux chambres d'hôtel. Depuis son départ de Los Angeles, elle et Thomas n'avaient pour ainsi dire vécu que dans des chambres d'hôtels. Son appartement californien lui manquait, oui, mais elle savait qu'elle le retrouverait d'ici peu. Elle s'installa sur son lit, sortit son repas du sac en papier et commença à manger. Le silence régnait dans sa chambre. Elle décida donc d'allumer la télé, histoire d'avoir un fond sonore. Une fois son repas terminé, elle glissa les boîtes vides dans le sac et le déposa dans un coin. Elle enleva ses vêtements pour mettre une tenue plus décontractée, autrement dit un t-shirt et un boxer. Elle revint s'allonger sur son lit et, les yeux fixés sur le petit écran devant elle, finit par s'assoupir. Elle rouvrit les yeux à peine trois quarts d'heure plus tard, réveillée par le son d'une sirène qui retentissait dans un épisode des Experts qui passait à la télé. Elle l'éteignit, essaya de se rendormir, en vain. Elle se sentait seule. Elle avait pris l'habitude de s'endormir aux côtés de Thomas durant toute la durée de leur mission, du coup elle ressentait une sensation de vide maintenant qu'il n'était plus près d'elle. Elle se leva, alla ouvrir la fenêtre en grand pour faire entrer un peu d'air et décida d'écouter de la musique pour passer le temps. Son iPod en route, elle mit ses écouteurs et, tout en se perdant dans le rythme d'une chanson des Stones, elle pensa à Thomas. Était-il rentré ? Devait-elle l'appeler pour prendre des nouvelles ? Mais finalement elle n'en fit rien. Ils venaient tout juste de revenir de San Juanito, peut-être que le jeune homme avait besoin de se retrouver seul. Elle entreprit de fredonner les paroles quand soudain elle crut entendre un bruit. Elle mit son iPod sur ‘pause‘. Rien. Mais avant qu'elle n'ait pu appuyer sur la touche 'play' elle entendit un coup à la porte. Elle n'avait donc pas rêvé. Elle fronça les sourcils. Qui cela pouvait être à cette heure-ci ? Elle enleva ses écouteurs, se leva, regarda à travers le judas et fut surprise de voir la silhouette de Thomas. Quand elle ouvrit la porte il était sur le point de partir, puis revint vers elle. « Je te réveille ? Je n'arrivais pas à dormir, alors je suis passé prendre une bouteille pour fêter notre retour et profiter éhontément de ta compagnie. » dit-il. Lumen se trouvait désormais bien ridicule avec son t-shirt chat où était écrit en gros ’MEOOOW’ et son boxer Hello Kitty. « Thomas ! Non non, je ne dormais pas. » lâcha t-elle en tirant sur le bas de son t-shirt. Elle se racla la gorge, un peu gênée. « Je peux entrer ? » demanda le jeune homme qui se tenait toujours sur le palier. La jeune femme s’écarta de la porte et répondit: « Oui bien sûr, entre. Je ne m’attendais pas à te voir. » dit-elle comme pour se discréditer du fait qu’elle porte une tenue pas très sortable et représentant exclusivement des chats. Thomas, lui, était toujours aussi classe. Elle remarqua même qu’il s’était rasé.
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Sujet: Re: every night is another story (lumen) Ven 17 Aoû - 18:34
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Thomas était sur le point de se raviser après avoir consulté sa montre plus itérativement durant la dernière minute écoulée qu'au cours de la journée entière. Il lança un coup d'oeil autour de lui avec patience, comme s'il s'attendait à voir surgir un agent de service singulièrement communicatif lui annonçait qu'il ne dérangerait personne s'il choisissait d'entrer de lui-même dans cette chambre. N'importe quoi, songea-t-il, amusé par le caractère insolite de la chose. Il était relativement tard et il pouvait aisément comprendre que Lumen se soit assoupie — d'autant plus après la journée harassante qu'ils venaient de passer entre les heures d'avion, le Bureau et le reste. Ils discuteraient demain matin. Rien ne pressait réellement et il serait égoïste de tirer sa coéquipière du sommeil sous prétexte que lui-même était incapable de s'immerger de nouveau dedans. Peut-être pourrait-il l'emmener dans l'un de ces multiples cafés qui bordaient les avenues de la capitale, pour prendre un petit déjeuner digne de ce nom, loin de la pression perpétuelle qu'ils avaient dû réguler et supporter au cours des dix derniers mois. Le retour à la vie civile et à ses anciennes habitudes était toujours une expérience qui mêlait le confortable à l'inconfortable. Il l'avait vécu de nombreuses fois dans le passé, que ce soit au cours de sa carrière militaire qu'en tant que fédéral. Il était inutile qu'ils se réhabituent à un climat sans danger, chacun de leur côté. Il tournait les talons relativement satisfait de cette alternative, lorsque le battant s'ouvrit sur son occupante. Thomas se fendit d'un sourire courtois et revint lentement sur ses pas, tout en notant d'un simple regard, la tenue décontractée de la jeune femme et pour le moins attendrissante. Il s'empressa d'exposer le prétexte qu'il s'était déniché pour justifier une visite aussi tardive, tout en lui présentant bouteille de vin et verres à pied, d'une voix suffisamment placide pour lui faire comprendre qu'il ne s'offusquerait pas si elle préférait remettre ça à plus tard. « C'est mignon, ajouta-t-il en désignant les petits chats qui s'étendaient sur son t-shirt. Loin de lui l'idée de se moquer d'elle, mais il n'aurait certainement pas laisser filer cette occasion de lancer une remarque taquine, aussi peu voilée soit-elle. Par ailleurs il préférait la mettre à l'aise d'emblée de cette manière, sans accorder d'attention trop appuyée à ces longues jambes fines et nues, de sorte à ce qu'elle ne ressente pas le besoin de se cacher dans un trou de souris avant l'heure. Par ailleurs, après avoir passé près d'une année à interpréter les couples passionnés, ils s'étaient déjà vu l'un comme l'autre dans des tenues au moins si peu couverte que celle-ci. Il n'y avait aucun embarras à avoir — mais il savait d'expérience que la pudeur féminine était influencée par les messages que la gente masculine pouvait envoyer. En conclusion, il lui suffisait de la regarder dans le blanc de yeux - out-. « Oui bien sûr, entre. Je ne m’attendais pas à te voir. » déclara-t-elle tout en s'écartant légèrement pour qu'il puisse franchir le seuil de la porte sans avoir à la bousculer. « Je n'avais pas précisément prévu de me montrer non plus, confia-t-il avec sincérité. Toutefois, je me suis rappelé que nous avions une espèce de rituel, mes équipiers et moi, lorsqu'on revenait d'Irak. Dès qu'on rentrait à la maison — et après avoir pris une bonne douche — on prenait un verre tous ensemble. Et comme tu es mon équipière, tu mérites la coutume, autant que ces têtes rases. ». Il s'avança pour déposer les verres sur le petit bureau qui meublait la pièce et entreprit de coincer la bouteille sous son coude, avant de redresser la tête : « Tu veux que je me tourne, le temps que tu enfiles quelque chose de plus ... plus ... ». Il agita vaguement sa main libre sans parvenir à mettre le doigt sur le mot adéquat. Elle sembla toutefois comprendre sa pensée, mettant fin à sa pénurie de langage. Thomas lui tourna le dos avec un sourire, avant de tirer sur le décapsuleur qu'il avait préalablement installé. Le bouchon de liège émit un "pop" sonore, puis il lui servit une généreuse quantité jusqu'à mi-verre avant de s'occuper de fournir lui-même. Il s'empara des deux coupes et en tendit une à la jeune femme : « Tu peux faire un toast. » sourit-il, en trinquant doucement. Thomas s'assied tranquillement sur le lit, les chambres n'étant pas équipées en multiples en chaises et planta son regard dans celui de la jeune femme : « Alors, contente de rentrer, hein ? Tes parents et tes proches doivent être ravis. commença-t-il ignorant tout de la relation qu'elle pouvait entretenir avec sa famille ou qui que ce soit d'autre. Des projets ? Un petit ami, peut-être ? » poursuivit-il, désireux d'apprendre à connaître les détails de sa vie qu'ils n'avaient pas eu le loisir de partager entre l'équipe de mafieux et l'éventuelle présence d'un système de surveillance dans leurs quartiers. Il avait assimilé des choses à son propos, bien évidemment. Il savait comment elle pouvait réagir confrontée à X situation ; quels étaient les points les plus flagrants et les plus subtiles de sa personnalité ; et de manière plus générale, il connaissait la personne qu'elle était à l'heure actuelle. Mais, il ne pouvait s'empêcher de ressentir une touche de curiosité pour tout le reste. Son beggels favoris ; sa ville d'origine. Des choses que des connaissances ordinaires pouvaient apprendre progressivement, lors des premiers mois de relation. Ce qu'ils n'avaient pas eu l'opportunité de faire.
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Sujet: Re: every night is another story (lumen) Sam 18 Aoû - 22:44
Lumen avait entreprit d'écouter un peu de musique sur son iPod histoire de faire passer le temps et espérait aussi que la mélodie aurait don de l'endormir ou ne serait-ce que de l'assoupir. Mais quelques minutes plus tard elle entendit quelqu'un frapper à sa porte. Elle se demanda tout d'abord qui cela pouvait être, puis voyant par le judas qu'il s'agissait de son collègue, Thomas Henley, elle ouvrit la porte. Il était d'ailleurs sur le point de partir quand il revint sur ses pas, remarquant que la porte s'était ouverte. Il lui expliqua qu'il n'arrivait pas à dormir et que du coup il avait décidé de fêter leur retour de mission. Il montra la bouteille de vin qu'il tenait dans une main et les deux coupes dans l'autre. La jeune femme s'empressa de lui répondre qu'elle ne dormait pas -ce qui était vrai. Un peu de compagnie lui ferait certainement du bien. « C'est mignon. » ajouta Thomas en désignant ce qui lui servait de pyjamas. La demoiselle afficha un sourire gênée et sentit ses joues s’empourprer. Ils s'étaient déjà vu l'un et l'autre dans une tenue légère, mais à chaque fois la jeune femme s'était arrangée pour ne pas sortir son t-shirt chat et son boxer Hello Kitty. Juste histoire de ne pas passer pour une enfant devant son coéquipier. Elle l'autorisa à entrer et ajouta qu'elle ne s'attendait pas à le voir. Cependant elle était contente qu’il soit là. Sa compagnie lui avait manqué depuis leur retour. « Je n'avais pas précisément prévu de me montrer non plus. Toutefois, je me suis rappelé que nous avions une espèce de rituel, mes équipiers et moi, lorsqu'on revenait d'Irak. Dès qu'on rentrait à la maison — et après avoir pris une bonne douche — on prenait un verre tous ensemble. Et comme tu es mon équipière, tu mérites la coutume, autant que ces têtes rases. » expliqua t-il en entrant dans la chambre. Lumen sourit et referma la porte derrière elle. « Quel privilège ! » s’exclama t-elle tandis que le jeune homme déposait les coupes sur le petit bureau. « Je trouve que c’est une très bonne idée. » ajouta t-elle ensuite. Un bon verre de vin ne pourrait lui faire que du bien après avoir été soumis à une cadence quelque peu soutenue ces derniers mois. « Tu veux que je me tourne, le temps que tu enfiles quelque chose de plus ... plus ... » demanda Thomas sans parvenir à terminer sa phrase. Lumen sourit: « De plus décent ? » Pendant qu’il décapsulait la bouteille et versait la boisson dans chacune des coupes, la jeune femme enfila son jean par dessus son boxer et passa un débardeur uni, qui dans tous les cas était bien plus approprié que son t-shirt. Le jeune homme vint lui tendre une coupe et lui proposa de porter un toast. La coupe dans la main, Lumen s’assit sur son lit et fit mine de réfléchir avant de répondre: « A notre mission officiellement terminée. Et à tout ce que nous avons accompli ensemble. » dit-elle en faisant doucement cogner son verre contre celui de son collègue. Thomas vint s’assoire près d’elle sur le lit, et, plongeant ses yeux clairs dans les siens, demanda: « Alors, contente de rentrer, hein ? Tes parents et tes proches doivent être ravis. » Si elle était contente de rentrer ? Oui, bien sûr. Los Angeles lui avait quand même manqué. Si ses parents en étaient ravis ? ça elle n’en avait aucune idée et s’en fichait complètement. Cela fait plusieurs années maintenant qu’elle n’a plus aucun contact avec eux. Ils ne savent même pas qu’elle est entrée au FBI. L’unique contact qu’elle garde est avec son frère Alexander et plus rarement son autre frère Daniel. Pour ce qui est de son plus jeune frère, Aaron, elle n’a plus aucune nouvelle de lui non plus. Elle ne sait même pas ce que devient sa famille. Ou du moins si on peut toujours appeler ça une famille. Alex avait été viré de la maison à cause de ses problèmes de drogue et avait éviter la prison de justesse. Daniel en avait eu marre de la situation déplorable de cette famille et avait décidé de son plein gré de quitter la maison. Aaron, lui, était resté. Il était bien trop jeune à l’époque pour comprendre ce qui se passait. Quant à Lumen... C’est quelque chose dont elle évite de parler. Tout ce qu’il y a à savoir c’est qu’elle ne souhaite plus jamais revoir ses parents de sa vie. « Des projets ? Un petit ami, peut-être ? » Oubliant presque les questions de Thomas, la jeune femme sortit de ses pensées et répondit: « Très contente ! Pour ce qui est de mes parents... je... enfin nous ne sommes plus en contact depuis un certain temps. J'ai juste des nouvelles de deux de mes frères de temps en temps.» Elle but une gorgée de sa boisson. « Et je n’ai pas de petit ami. » ajouta t-elle simplement. Thomas voulait apparemment en apprendre un peu plus sur elle et, pour l’instant, cela ne la dérangeait pas. Après tout le temps qu’ils avaient passé ensemble c’était une étape logique. Elle aussi voulait en apprendre un peu plus sur lui. Jusqu’à maintenant elle n’avait jamais osé lui demander, le voyant comme son collègue. « Et toi alors ? Une femme doit forcément t’attendre à Los Angeles. » demanda t-elle comme si c’était une évidence. Quelques mois auparavant, elle n’aurait jamais osé le questionner sur sa vie privée. Mais aujourd’hui c’était différent. Oui, elle avait demandé ça comme une évidence, car elle s’attendait forcément à ce qu’il lui dise qu’il avait une femme voire même qu’il était marié. Un homme comme lui, célibataire ? Cela ne pouvait être possible.
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Sujet: Re: every night is another story (lumen) Mer 3 Oct - 17:22
L'atmosphère s'était progressivement adoucie et bientôt, elle fût paisible. Il eût un léger frisson en se remémorant la solitude de sa propre chambre, qui lui était subitement apparue froide et inhospitalière. Thomas ne doutait pas un seul instant qu'un changement d'ambiance aussi radical soit dû à la présence de Lumen. Celle-ci suffisait à illuminer la pièce d'un doux halo chaleureux et réconfortant auquel il s'était habité au cours des dix derniers mois. L'ex-colonel s'étonnait toujours de cette déconcertante faculté qu'il détenait presque inconsciemment, d'abandonner certaines habitudes pourtant fermement ancrées dans son quotidien, pour en acquérir de nouvelles. Une aptitude d'adaptation qu'il avait aiguisée au cours de sa carrière militaire et fédérale, pour ne pas se briser face aux épreuves qu'il avait traversées. Il ne pouvait pas imaginer la personne qu'il était dix ans plus tôt, se tenir à la place qu'il occupait aujourd'hui sans avoir concédé aux quelques modifications comportementales et mentales qui constituaient l'homme qu'il était devenu. Thomas circula tranquillement dans la chambre, installant verres et bouteille de vin sur le bureau. Lumen et lui avaient partagé une chambre similaire, quoique plus étroite, au cours de leur mission à San Juanito. En conséquence, il n'avait strictement aucune raison de se sentir déplacé, ni de freiner ses aises. « Je trouve que c’est une très bonne idée. » approuva-t-elle, ce qui tira un sourire au militaire. « Nous n'avions pas beaucoup de moyens de décompresser là-bas -- comme nous, à SJ. Alors, autant profiter de ces instants-là. » ajouta-t-il, d'humeur particulièrement bavarde. Il se sentait beaucoup mieux et cela jouait sans aucun doute sur ses dispositions. Il lui proposa de se tourner quelques instants afin qu'elle puisse enfiler quelque chose par-dessus ses longues jambes nues : « ... De plus décent ? » compléta-t-elle avec un sourire. Le fédéral réprima difficilement un éclat de rire en s'exécutant : « Seulement si tu te trouves indécente ! » répliqua-t-il, en contemplant distraitement le décor urbain à travers les rideaux de la petite fenêtre qui lui faisait face. Une vue imprenable sur le parking, songea-t-il avec une touche d'amusement. Il s'empara de leurs deux coupes de vins et s'approcha de la jeune femme plus couverte et, lui laissa l'honneur de porter un toast, en s'asseyant avec elle sur le lit. « À notre mission officiellement terminée. Et à tout ce que nous avons accompli ensemble. » proféra-t-elle après un court instant de réflexion. Thomas approuva d'un hochement de tête et laissa le cristal de leurs deux verres émette un clinquement clair, lorsqu'ils trinquèrent. Il porta celui-ci à ses lèvres et dégusta patiemment les saveurs qui titillèrent son palais expérimenté. Il eût un haussement de sourcils appréciatif en contemplant le breuvage d'un coup d'oeil intéressé, avant de reporter son attention sur Lumen. Ils n'avaient jamais vraiment discuté de leurs passés respectifs et, l'occasion était toute trouvée selon lui. Thomas s'était sincèrement attaché à la jeune femme au cours des derniers mois qu'ils avaient partagé quotidiennement. Il aurait été incapable de mettre une étiquette explicite sur les sentiments qu'il pouvait éprouver vis-à-vis d'elle, mais il était certain d'une chose : il ne pourrait le découvrir qu'en apprenant à la connaître plus personnellement et hors du cadre professionnel. « Très contente ! Pour ce qui est de mes parents... je... enfin nous ne sommes plus en contact depuis un certain temps. J'ai juste des nouvelles de deux de mes frères de temps en temps. » lui apprit-elle. Thomas enregistra précieusement l'information en scrutant son visage avec douceur et compréhension. Il était très bien placé pour savoir que les relations qui unissaient les enfants à leurs parents n'étaient pas toujours très simples à gérer. Lui-même entretenait des rapports difficiles avec sa mère et, vouait une admiration sans bornes à son père disparu. « Qu'est-ce qui s'est passé ? l'interrogea-t-il doucement. Tu n'es pas obligée de me le dire, si ça te gêne, ajouta-t-il, pour ne pas brusquer les choses. Ils n'étaient pas obligés d'aborder les sujets les plus épineux aussi tôt. « Et je n’ai pas de petit ami. ». Thomas arqua un sourcil, sincèrement surpris de cette réponse. Il aurait pensé qu'une jeune femme aussi intéressante et séduisante que Lumen aurait déjà un homme dans sa vie. « Vraiment ? What a shame, répondit-il en s'appuyant plus confortablement sur son coude. Avec le métier qu'on fait, ce n'est pas toujours facile de faire de nouvelles rencontres. » ajouta-t-il, en grimaçant légèrement. C'était plus ou moins évident et presque déprimant à bien y regarder. Les seuls rendez-vous qu'il était parvenu à décrocher depuis son retour de Tijuana l'année précédente, étaient strictement professionnels. Ses relations étaient très limitées -- à ses collègues notamment, avec lesquels il passait près de dix heures par jour. Et la majorité de ses rencontres s'effectuaient au travers du Bureau. Rien de très romantique. « Il y avait bien une fille, l'année dernière, lui confia-t-il en se fendant d'un mince sourire. Mais, nous n'avons jamais été ensemble. Aujourd'hui, je suis complètement célibataire et libre comme l'air ! affirma-t-il, enjoué. Il but une nouvelle gorgée de vin et savoura l'instant à sa juste valeur. Il demeura silencieux durant quelques secondes en triturant distraitement les bords de son verre, avant de reprendre la parole. « Tu sais, je me suis rendu compte ce matin qu'on ne connaissait pratiquement rien de l'autre, commença-t-il en baissant les yeux sur son verre, pensif. Il redressa le menton pour planter ses prunelles océaniques dans les yeux brillants de la jeune femme. Je trouve ça assez ... anormal, pour deux personnes qui travaillent ensemble depuis plus d'un an maintenant. Il marqua une nouvelle pause et lui adressa un sourire doux : - Tu connais le jeu des 20 questions ? Il se défît machinalement de ses chaussures pour se mettre en tailleur sur le lit, avec enthousiasme. - Oh, ne me regarde pas comme ça ! Je suis certain que tu y as déjà joué, s'esclaffa-t-il. Donc, 20 questions l'un à l'autre, pour rattraper les étapes qu'on a manquées. Partante ? ». La discussion quittait les sentiers du sérieux auxquels ils étaient habitués, mais c'était loin d'importuner Thomas. Il souhaitait seulement se détendre en bonne compagnie et apprendre de nouvelles choses au propos de sa partenaire. « Je commence ! Hum ... Pourquoi as-tu décidé de te lancer dans le FBI ? Pourquoi ne pas t'être limitée au cursus de psychologie basique ? » l'interrogea-t-il avec un intérêt non feint.
Dernière édition par Thomas F. Henley le Jeu 24 Jan - 15:41, édité 1 fois
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Sujet: Re: every night is another story (lumen) Sam 27 Oct - 22:14
L’humeur de Lumen venait de changer rien qu’en voyant son collègue sur le pas de sa porte. Si quelques minutes plus tôt elle s’était sentie frustrée de ne pas pouvoir trouver le sommeil, elle était à présent de meilleure humeur. Le simple fait de revoir Thomas avait réussi à lui remonter le moral. Il faut dire qu’elle avait prit l’habitude de cohabiter avec lui pendant toute la durée de leur mission à San Juanito, sans jamais qu’ils ne soient séparés. Alors se retrouver seule d’un seul coup l’avait quelque peu perturbée. Ce soir, en tout cas, ils étaient hors du cadre professionnel et hors de leurs personnages crées tout spécialement pour la mission. Finalement, avaient-ils déjà passé du temps en étant juste eux-mêmes ? Lumen en doutait. Cela dit, l’occasion semblait tout juste se présenter. Thomas avait amené une bouteille de vin ainsi que deux coupes. Le temps qu’il serve les deux verres, il proposa à la jeune femme de se retourner histoire de changer de tenue si elle le souhaitait. Elle s’empressa de compléter la phrase du jeune homme qui était restée en suspend. « Seulement si tu te trouves indécente ! » s’exclama Thomas, le dos tourné à elle. La jeune femme rigola et répondit, tout en enfilant un jean et un débardeur: « Disons qu’un pyjamas avec des chatons ce n’est pas très approprié face à l’élégance incontestable de ta tenue -je dirais même de ton allure. » répondit elle en le toisant. Elle avait d’ailleurs remarqué qu’il s’était rasé, ce qui eut don de la faire sourire. Thomas vint s’asseoir près d’elle sur le lit en lui tendant une coupe de vin. Lumen porta alors un toast à leur mission à présent achevée, puis leurs deux verres tintèrent l’un contre l’autre. La jeune femme but une gorgée en tachant de déguster la boisson au goût particulièrement agréable. Ils commencèrent ensuite à parler. Thomas lui demanda si elle était contente de pouvoir enfin rentrer chez elle. En effet, elle était contente car mine de rien, son petit confort californien lui manquait beaucoup. Cependant, elle ne retrouverait pas ses parents. De toute façon ils habitaient à New York et elle n’avait plus aucun contact avec eux, ce qu’elle expliqua à son collègue: « Qu'est-ce qui s'est passé ? » demanda alors ce dernier, qui ne faisait pas seulement preuve de politesse, mais semblait véritablement intéressé. Cela réconforta la jeune femme qui se demandait quand avait été la dernière fois où quelqu’un avait semblé intéressé par ses histoires familiales -mis à part sa psy, bien sûr. Thomas s’empressa d’ajouter qu’elle n’était pas obligée de lui répondre. Au fond d’elle, jamais elle ne s’était sentie autant en confiance qu’en ce moment même. Thomas, sur qui elle connaissait finalement peu de choses, lui inspirait cette confiance. Elle ne savait pas l’expliquer. Elle le ressentait, c’est tout. Elle but une autre gorgée de vin et répondit: « J’avais des parents très croyants. Quand j’étais petite je suivais le mouvement: les sorties à la messe, les prières... Mais arrivée à l’adolescence, je n’avais qu’une envie: avoir mes propres opinions. Du coup, je faisais tout pour les enrager. C’était pas bien méchant, mais mes frères en rajoutaient souvent une couche. Puis un jour, la famille a complètement implosée. Ça a commencé avec les problèmes de mon deuxième frère qui a fini par se faire virer de la maison... et le reste. En gros, j‘ai décidé qu‘il était mieux pour moi de ne plus les revoir. » Lumen était pleinement consciente qu’elle évitait l’évènement le plus traumatisant de sa jeunesse, celui à cause duquel ses parents l’avaient mise dehors elle aussi. Mais pour l’instant elle ne voulait pas en parler. Et puis elle ne voulait pas plomber l’ambiance. Elle donna une réponse négative à son collègue lorsque celui-ci lui demanda si elle avait un petit ami. Elle fut amusée autant que flattée en voyant sa réaction surprise. S’attendait-il à ce qu’elle ait quelqu’un dans sa vie ? « Vraiment ? What a shame. » répondit-il alors. Lumen sentit ses joues s’empourprer et, d’un geste machinal, porta son verre de vin à ses lèvres histoire de se détourner quelques secondes du regard profond de Thomas dans le sien. Faire des rencontres quand on travaillait dans ce milieu-là, c’était probablement bien plus compliqué que ce que l’on imaginait, Thomas avait raison. Ce dernier confia ensuite qu’il y avait bien eu une fille mais qu’ils ne s’étaient jamais mis ensemble et qu’aujourd’hui, il était libre comme l’air. La jeune femme rigola en voyant sa mine enjouée. « Je m’attendais pourtant à ce qu’un homme comme toi soit sans cesse entouré de filles. » plaisanta t-elle. Il reprit la parole quelques secondes plus tard: « Tu sais, je me suis rendu compte ce matin qu'on ne connaissait pratiquement rien de l'autre. » La jeune femme hocha la tête. Elle s’était fait exactement la même réflexion. Que Thomas s’en rende compte également lui fit plus plaisir que ce qu’elle imaginait. Surtout qu’ils travaillaient ensemble depuis plus d’un an maintenant. Il demanda presque immédiatement si elle connaissait le jeu des vingt questions. La demoiselle le regarda d’un air surpris. Elle connaissait en effet ce jeu pour y avoir jouer lors de soirées chez des amis quand elle était plus jeune. « Bien sûr que j’y ai déjà joué. Okay, je suis partante. » répondit-elle, trouvant l’idée plutôt bonne. Pour la première fois ils avaient l’opportunité d’en apprendre un peu plus l’un sur l’autre et de parler de choses qui sortaient du cadre professionnel. Lumen avait hâte d’en savoir un peu plus sur lui. Il avait toujours été un peu mystérieux. Elle réfléchissait déjà aux questions qu’elle pourrait lui poser, quand celui-ci décida de commencer. La jeune femme but la dernière gorgée de son vin, alla poser la coupe sur la petite table et revint s’installer confortablement sur le lit, face à Thomas. Elle ramena une mèche de cheveux derrière son oreille et écouta sa question. « Pourquoi as-tu décidé de te lancer dans le FBI ? Pourquoi ne pas t'être limitée au cursus de psychologie basique ? » En voilà une bonne question ! La parcours de Lumen avait un peu -beaucoup- été influencé par ce qui lui était arrivé quand elle avait seize ans. Elle n’avait jamais mentionné son kidnapping à quiconque depuis qu’elle était ici, pas même à Thomas. Tout à l’heure encore, elle avait contourné ce passage de sa vie quand elle avait rapidement évoqué ses problèmes familiaux. Était-il temps pour elle d’en parler ? Elle avait assez de recul aujourd’hui, mais y repenser lui procurait toujours une sensation de malaise. Elle réfléchit un instant, puis répondit: « Et bien, j’ai toujours voulu aider les autres. Cependant, j’avais l’impression que la psycho ne m’apportait pas assez, que j’avais besoin de faire plus. Alors après avoir terminé mes études de psychologie, j’ai décidé de tenter la criminelle. Et puis j’ai réalisé que c’était ce à quoi j’étais destinée. J’ai... » Elle marqua une pause. Elle savait qu’elle pouvait avoir confiance en Thomas, qu’il n’était pas un pauvre idiot de flic comme certains de ses collègues qui n’avaient jamais montré ne serait-ce qu’une once de sympathie envers elle. Il avait été son mentor depuis son arrivée au Bureau Fédéral de Los Angeles. Elle baissa le regard sur ses mains. « Je n’en parle jamais à personne, mais... il s’est passé quelque chose de grave quand j’avais seize ans. » Elle releva la tête et vit que le regard du jeune homme était plongé dans le sien. Il écoutait avec attention et avec cette marque de concentration qu’elle avait déjà remarqué tout à l’heure. Il ne disait rien, la laissait seulement parler. « J’ai été... kidnappée. Je sortais de chez une amie du voisinage, un peu après minuit. Il faisait sombre et... j’ai entendu des bruits, comme si quelqu’un me suivait. Puis je me suis réveillée dans un endroit qui m’était inconnu. » Elle passait les détails car sinon il y en aurait pour toute la nuit. Elle n’était même pas sûre d’être capable de relater tous les faits de toute façon. Elle sentait la tension s’emparer de tout son corps. Ce qu’elle venait de dire représentait énormément de choses pour elle. Elle essayait de fuir à présent le regard de Thomas. Elle ne devait pas craquer, pas maintenant. « Je te passe les détails, mais tout ça pour dire que cet élément de ma vie a eu une grande influence sur mes choix professionnels. Et que c’est la raison pour laquelle je ne suis plus en contact avec mes parents. Ils ont décidé de me virer de la maison parce que, d’après eux, si j’avais respecté leur couvre feu, tout cela ne serait jamais arrivé. » Elle sentait sa gorge se serrer et luttait intérieurement contre ses émotions. Pour la première fois depuis des années, elle en avait parlé. Elle venait, par la même occasion, de plomber l’ambiance joyeuse que Thomas avait amené ici. Mais au fond d’elle, elle ressentait un certain soulagement. Elle releva la tête et, prenant un air dégagé histoire de ne pas laisser cette ambiance pesante, elle alla chercher la bouteille de vin et resservit Thomas. Puis, elle laissa un filet de liquide se déverser dans sa coupe. Elle reposa la bouteille sur la table et revint s'asseoir sur le lit. « C'est à mon tour ! » dit-elle après avoir but une gorgée de vin. Elle réfléchit un instant et posa sa question: « Pourquoi as-tu décidé de quitter l'armée ? »
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Sujet: Re: every night is another story (lumen) Mer 6 Mar - 23:32
Thomas laissa échapper un soupir inaudible — apaisé et finalement, détendu. La présence seule de Lumen suffisait à chasser les vestiges du souvenir glacé d'angoisse qui, une dizaine de minutes plus tôt, s'était emparée de lui. Pourtant, il savait que cette nuit serait sans doute la dernière d'une longue série. Il n'aurait désormais plus aucun prétexte à invoquer pour s'assoupir à ses côtés. Et, lui-même, ne pourrait plus compter sur sa partenaire pour garder un oeil protecteur sur ses sommeils les plus agités. Cet aspect solitaire de son avenir proche le laissait anxieux. Lumen s'était révélée particulièrement secourable au cours des dix derniers mois ; plus qu'elle-même ne saurait en juger, à vrai dire. En dépit de leur manque de familiarité l'un envers l'autre, elle était à la fois parvenue à travailler avec les moyens du bord et à le ménager à l'abri des oreilles importunes. En somme, elle était en grande partie responsable du succès de cette mission. Sans elle, Thomas doutait sérieusement d'être parvenu à s'en tirer indemne. En réalité, la personne qu'il était dix mois plus tôt n'était pas prête à retourner sur le terrain. Il avait dupé tout le monde — lui-même, en premier. Pourquoi avait-il accepté l'assignation à San Juanito ? La précipitation. Le manque de réflexion, sans aucun doute. Mais aussi, le besoin irrépressible de quitter Los Angeles dans les plus brefs délais et, de vivre la vie d'un autre pourvu qu'elle se distingue suffisamment de la sienne. Les mauvaises raisons, stupide n'est-ce pas ? Il s'était comporté comme le dernier des novices qu'il réprimande en se laissant bêtement mener par ses propres émotions. Et pourtant, il avait servi dans l'armée américaine, où chaque soldat apprend que se détacher de ces choses-là est avant toute autre chose, une question de survie. Mais qui réussissait réellement à se montrer infaillible, en tout temps ? L'opportunité d'en apprendre davantage l'un sur l'autre se présentait enfin à eux. Depuis son entrée dans la vie active, Thomas s'était entouré d'un certain nombre de partenaires. Maxine, lorsqu'ils servaient encore en Irak. Puis Scarlett, durant sa convalescence. Et enfin, Lumen. Cette dernière se détachait des précédentes en plusieurs points. Ils ne se connaissaient pas. Ils avaient développé leur complicité sur une relation professionnelle et rien d'autre. Ils n'en demeuraient pas moins proches, d'une certaine manière. Ils avaient traversé les étapes d'une relation sociale à l'envers. Et malgré les mois passés à dormir l'un auprès de l'autre, ils s'ignoraient encore foncièrement. Il ne lui en confiait pas moins sa confiance lorsqu'il s'agissait de surveiller ses arrières et, vis-vers-ça.
Il débrida doucement la curiosité que lui inspirait la jeune femme. Il savait que de pareilles confidences n'étaient pas foncièrement nécessaires au sein d'une relation professionnelle ; toutefois, pour l'avoir vécu à plusieurs reprises, il était convaincu qu'un rapport approfondi entre deux coéquipiers pouvait optimiser leur travail sur le terrain. Et puis, il aurait l'utilité d'une amie comme Lumen, c'était évident. Il grimaça légèrement lorsqu'elle lui fît part du catholicisme qui régnait sous son toit lorsqu'elle était adolescente. Il avait fréquenté un musulman lorsqu'il était plus jeune. Un garçon adorable nommé Anwar, un peu étrange dans ses manières, mais franchement adorable. Ses parents lui avaient apporté l'enfer sur terre lorsqu'il avait été question de le marier à une femme de même milieu religieux. Anwar avait été obligé de rompre avec sa petite amie de l'époque –une blonde, blanche aux yeux bleus qui avait très mal vécu cette histoire. Thomas pouvait imaginer, au moins à moitié, l'ambiance dans laquelle elle avait été plongée durant les années où tout adolescent est censé se déchaîner afin de se préserver d'une crise de la quarantaine trop évènementielle. « C'est assez radical, commenta-t-il doucement. Mais, je peux comprendre. J'ai moi-même une relation assez ... conflictuelle avec ma mère ». Il se fendit d'un mince sourire, l'air de dire 'c'est ainsi, rien à faire' avant de plonger à nouveau le nez dans sa coupe. « Je m'attendais pourtant à ce qu'un homme comme toi soit sans cesse entouré de filles » plaisanta-t-elle et, un gloussement discret lui échappa. « Je ne dis pas ne plus recevoir de propositions, mais les femmes aiment les hommes présents, disponibles. Ce qui n'est pas sincèrement dans mes cordes. Ça ne l'a jamais vraiment été ». Et pourtant, il avait été marié dans le passé. Quinn Jones. Il se souvenait encore de la cérémonie, très peu formelle, qui s'était tenue à Las Vegas. Elle avait été présentée par un Elvis à la perruque peu convaincante. Il était jeune, vingt-et-un ans, s'était laissé emporter par le tempérament déluré de sa fiancée. Il n'avait pas regretté. Après tout, il avait passé trois belles années de mariage par la suite. Cependant, il avait été très absent également. Engagé dans l'armée américaine, il n'était pas rare qu'il dût empiler plusieurs mois de service à l'étranger. Et Quinn n'était pas aussi patiente qu'elle aurait souhaitée l'être. Ni aussi fidèle.
Ils se laissèrent bientôt tenter par un jeu de questions-réponses. Thomas n'avait plus participé à ce genre d'activité depuis de nombreuses années et l'idée d'y prendre de nouveau part, même quelques instants, lui inspirait un sentiment d'enthousiasme inattendu. Il s'empressa de poser sa première question avec une curiosité et un intérêt non-dissimulé. Lumen était jeune. Elle avait encore de nombreuses années avant d'avoir à se confronter à la réalité des choses et, d'avoir à choisir une carrière concrète et lucrative. Or, elle possédait déjà un bureau chez les fédéraux. À vingt-six ans, elle avait déjà participé à une mission de couverture de plusieurs mois ; elle avait abattu un homme de sang-froid et, dès ses premières semaines d'activité, avaient mené ses dossiers à bon terme. Mais les femmes se faisaient rares au Bureau. Bien qu'il exècre cette manifestation de sexisme dont ses collègues tiraient parfois avantage, le fait était qu'il ne s'agissait pas d'une carrière 'de femmes'. Qu'est-ce qui pouvait l'avoir poussée à s'investir autant, dans une profession aussi peu prompt à la vie de famille ? Pourquoi ne pas s'en tenir à des études de psychologie ? Honnêtement, elle l'avait surpris. Dans le meilleur sens du terme. Cette efficacité, cette implication et ces intuitions plus que pertinentes ... C'était, en partie, ce qui l'avait poussé à l'accepter comme partenaire sur le long terme. Il avait le même âge qu'elle aujourd'hui, lorsqu'il avait commencé à travailler au FBI. Et il savait qu'il était impossible de faire ses preuves si personne n'acceptait d'en offrir l'occasion. Il avait passé plusieurs longues semaines à s'occuper de la paperasse avant que le directeur de service de ne le prenne finalement sous son aile et lui cède un véritable dossier. Il hocha doucement le menton face aux explications qu'elle débitait lentement. Et pourtant, il pouvait presque sentir une retenue dans le ton qu'elle employait. Il attendit patiemment la suite sans chercher à la brusquer. Il fronça légèrement les sourcils lorsque le ton de la jeune femme s'aggrava, mais il ne pipa mot. Il se contenta de planter ses pupilles océaniques dans les siennes et, d'attendre, encore. La patience était la vertu du confident, il l'avait appris au fil des ans. Lui, qui avait été un impatient impertinent durant de nombreuses années par le passé. Un air grave se dessina progressivement sur ses traits tandis qu'elle lui relatait les faits véritables du traumatisme qu'elle avait vécu, à l'adolescence. Thomas ne manquait certainement pas de tact. Toutefois, il ne réussit pas à réprimer le 'oh' empli d'effroi qui s'échappa de ses lèvres entrouvertes. Il avait témoigné de scènes particulièrement traumatisantes en Irak. Cependant, il ne pouvait guère imaginer le sentiment de terreur qui avait dû assaillir l'adolescente de seize ans qu'elle était à l'époque. Pire, la réaction de ses parents ! Il ne parvenait pas à croire pareil discours. « Les parents peuvent se montrer irrationnels lorsqu'ils ont peur » argumenta-t-il sans toutefois chercher à défendre leurs positions. Ce qu'ils avaient commis était impardonnable. Comment était-elle parvenue à relever la tête et à continuer d'avancer ? Ça lui échappait complètement ! « Je suis désolé que ça te soit arrivé, poursuivit-il d'un ton plus bas. Il n'y était pour rien, mais il éprouvait une compassion grandissante à l'égard de la jeune femme et il n'aurait pas réussit à l'exprimer autrement. « Pour ce que ça vaut, je pense que beaucoup de parents se vanteraient fièrement d'avoir une fille comme toi – et si après toutes ces années, tes parents n'ont toujours pas réussit à en venir à cette même conclusion, c'est être – pardonne-moi l'expression – borné, doublé de stupidité. Il marqua une courte pause et déposa son verre au pied du lit, avant de presser doucement son épaule, témoignant son soutien : « Pour ma part, je suis vraiment ravi de t'avoir rencontré. Et fière, de la femme que tu es devenue. ». Il n'était certainement pas obligé de débiter un discours pareil. Mais il pensait chacun de ces mots avec force. Il tenait par ailleurs à ce qu'au moins une personne lui dise les choses.
« C'est à mon tour ! Pourquoi as-tu décidé de quitter l'armée ? » lui demanda-t-elle quelques minutes plus tard, après qu'ils se furent servi une nouvelle coupe de vin. « Ah, l'armée, soupira-t-il un sourire mince aux lèvres. Il hésita durant quelques instants, s'accorda un délai supplémentaire en buvant une gorgée de vin, avant de se décider. Après tout, elle aussi avait partagé un épisode difficile de son existence. Avec honnêteté, et sans broncher un seul instant face à cette nouvelle forme d'intimité qu'il lui proposait. Il n'avait pas le droit de faire marche arrière maintenant. Je n'ai pas exactement décidé de quitter l'Armée, à vrai dire, reprit-il en sélectionnant lentement ses mots. J'ai été blessé à la cuisse en Irak et – ». Il s'interrompit, détourna momentanément les yeux vers le plafond avant de se redresser complètement et de lui faire face : « Pour dire les choses dans l'ordre, j'étais dans une équipe d'intervention. Et, un bleu a paniqué au milieu de tire-croisés. Alors, j'ai décidé de lui courir après, parce qu'il devait avoir à peine dix-neuf ans. On l'appelait tous 'ptiot', 'gringalet', ou le 'bleuet' parce qu'il parlait comme un gamin avec des étoiles dans les yeux. Et il a été atteint à la poitrine par plusieurs projectiles. J'étais blessé à la jambe moi-même et je ne pouvais strictement rien faire pour lui. L'assistance médicale se tenait à plusieurs heures de marche et, ils n'auraient rien pu faire dans l'immédiat, ses poumons étaient ... » Il eût un geste vague. Il savait qu'il s’embarrassait de détails. « Il ne pouvait plus respirer correctement en clair et, j'ai, j'ai dû l'abattre pour qu'il n'agonise pas inutilement ». Il marqua une longue pause, à peine perturber par la chaîne de télévision perceptible à travers la cloison. Il entendit un léger ronflement s'élever depuis la chambre voisine avant de se reconcentrer : J'ai été rapatrié. J'ai dû être opéré pour ma jambe et comme je n'étais plus en état physique de servir sur le terrain, on m'a donné ma retraite. J'ai dû accéder à un suivi psychologique avant de pouvoir postuler au FBI et, voilà ». Il sourit, mais le cœur n'y était pas vraiment. C'était loin derrière lui à présent, mais le visage du petit Bleu hantait souvent ses nuits, encore aujourd'hui, sans que quiconque ne le soupçonne. « Ça te dérangerait, qu'on s'étendent seulement quelques instants ? fît-il en clignant légèrement des yeux. Il s'allongea sur le dos en contemplant le plafond d'un air légèrement absent tandis qu'elle s'installait à ses côtés, coude-à-coude. Il sourit, apaisé. Et le silence les accompagna, sans que l'ambiance ne s'alourdisse le moins du monde. Et les minutes passèrent par dizaines. Et ils s'endormirent.