Cela faisait à peine quelques jours que Thayer avait quitté l’hôpital et sa tornade rousse lui manquait déjà. Loin d’être dupe, il avait remarqué que la belle était courtisée, mais surtout complètement paumée. Lui mettait ça sur le compte de ce meilleur ami dont elle lui parlait tant qui ne faisait plus partie de ses sujets de conversations depuis maintenant près de deux semaines. Leur dispute n’avait pas dû être anodine pour qu’elle ne le cite pas une fois et prenne un air sombre quand le jeune homme tentait d’évoquer son nom. Le fait est qu’il avait toutes ses chances pour gagner son cœur et qu’il ne comptait pas rester sur le banc de touche. Seulement voilà, il n’avait pas tant que ça confiance en lui depuis son réveil. N’était-il pas qu’un patient à ses yeux ? Un mec qui – bien que capable de marcher avec des béquilles à présent – pourrait ne pas retrouver toutes ses fonctions motrices, mais aussi quelqu’un n’ayant aucun souvenir de son enfance et adolescence. Un homme sans racine, sans repère si ce n’est ses amis proches et cette lumière dorée venant de l’interne la plus sexy de l’hôpital. La perdre maintenant reviendrait à presque tout perdre et il ne le désirait pas. Cependant, aussi paumé était-il, cela ne l’empêcherait pas de se donner à fond. Il avait toujours été comme ça quand il était amoureux, certes il lui arrivait de garder sa fierté, mais il n’hésitait pas à la raccrocher au fond du placard si cela pouvait lui permettre de conquérir l’élue de son cœur. A une autre époque, il avait aussi été ce garçon amoureux pour la première fois peu sûr de lui, mais prêt à toutes les folies pour l’être aimé, oui mais cette période était enfermée dans une partie inaccessible de son cerveau, bien décidée à ne pas en sortir. Allongé sur son lit, il sursauta quand il sentit son portable vibrer sur son ventre. « Rejoins-moi sur le toit de l’hôpital dans trois heures. Lou. » Ecarquillant les yeux de surprise, il sauta du lit et… s’éclata méchamment par terre. Grognant, il réussit à se lever tant bien que mal et se changea le mieux qu’il pu tout en se tenant dans un équilibre précoce. Habillé d’un jean, une chemise blanche et des chaussures de ville noires, il se passa un peu de gel dans les cheveux avant d’entamer une danse évocatrice – un air de Barry White en tête. Son rituel terminé, il débarqua en béquilles dans la chambre de son colocataire. « Gros ! Je suis présentable ? » Le regard de Jackson s’était fait noir dès le premier mot, prenant une voix haut perchée il répondit du tac au tac « T’inquiète Brittany tu es paaaaaaaâaaaarfaite ! », phrase qui fut habilement conclue par un claquement de porte au nez de Thay. Ok, peut être pas la meilleure idée que de venir se pointer devant lui en mode adolescenteenvivantsonpremieramouravecleprincecharmant. Bref, il avait à faire et il était temps de s’activer.

Jonah ne dormait presque plus depuis qu’il avait compris que Lou avait tout découvert. La limite entre la raison et la folie peu être très mince et dans le cas du jeune homme elle venait tout simplement de disparaitre. Son amie de toujours lui avait tourné le dos, refusant de le voir ou de lui parler. Le pire avait été de lire la peur dans ses yeux quand elle lui avait demandé de quitter l’appartement. Assis dans la chambre qu’occupait sa vraie mère dans le coma, il se basculait d’avant en arrière comme s’il cherchait lui-même à se bercer. Entre ses bras croisés contre sa poitrine se trouvait un objet qu’on ne pouvait pas voir, mais qu’il semblait ne pas vouloir lâcher comme s’il représentait sa seule possibilité de survie. Fou de douleur de voir sa vie s’échapper entre ses doigts, il avait décidé d’agir et de… finir le travail. Cela passerait par cette mère qui n’avait jamais mérité la pitié qu’il avait eue à son égard, de toute manière n’était-elle pas qu’un légume à présent. Il se leva, sa démence naissante pouvant se lire dans son regard et débrancha sa mère d’un geste brusque. Lorsqu’un long bip retentit, il se mit à rire comme un malade – attirant sur lui des regards intrigués. Cela faisait maintenant près de deux heures qu’il avait envoyé un message à Thayer Weston en lui faisant croire qu’il venait de Lou. Pirater son téléphone avait été un jeu d’enfant et il se délectait des évènements à venir. Rageur que Parker se soit réveillé avant qu’il n’ait pu agir, il tenait à commencer par la menace la plus dangereuse à ses yeux. Quand il l’avait renversé, il n’aurait jamais imaginé qu’il se rapprocherait ainsi de sa meilleure amie, qu’il développerait des sentiments pour elle et aurait une chance de la faire chavirée. Non, il n’avait pas le droit de la lui voler… il n’en avait aucun droit. Prenant une infirmière par le bras, il se pencha vers elle pour que seule elle l’entende « préviens Lou-Ann Abbott qu’elle est attendue sur le toit dans une heure. » son regard fut assez dur pour que la demoiselle ne discute pas les ordres. Oui, il fallait que la jolie rousse soit aux premières loges pour voir son prince charmant être déchu sous ses yeux.

Cela faisait une heure et demie que Thayer – avec l’aide de son fan club d’infirmières – s’acharnait à rendre le toit de l’hôpital l’endroit le plus romantique de la ville. Ballons, guirlandes, table avec goûter aux chandelles qui comptait toutes les sucreries et gâteaux que préférait sa douce. Bref, il avait mis le paquet et on entendait un marvin gaye en fond sonore, quitte à faire kitch autant y aller à fond et il était sûr que ça la ferait bien marrer au moins. Le sol était couvert de pétales de roses, une idée loin d’être brillante parce qu’ils passaient leur temps à s’envoler et le jeune homme ressemblait de plus en plus à une décoration lui-même avec les pétales multicolores sur ses vêtements et dans ses cheveux. Quand il eut enfin terminé – et renvoyé avec un grand sourire les infirmières – il se posa sur la chaise, se rasseyant et se relevant une bonne dizaine de fois, manquant de tomber à chaque fois pas toujours à l’aise sur ses béquilles. Finalement, il tenta de prendre une pose de crooner ridicule en l’attendant. Sentant une crampe monter dans sa fesse droite, il fut heureux d’entendre s’ouvrir la porte menant au toit. Il s’empressa alors de mettre une rose entre ses dents « Gne fou attendais mademoishelle Abbott » Avant de faire des gros yeux, essayez de parler normalement avec une plante pleine de piques dans la bouche. Quand il leva les yeux, il en lâcha sa rose de surprise. Devant lui ne se tenait pas une jolie rousse, mais son meilleur ami. Etonné, il décida tout de même de sourire et s’approcha en clopinant vers lui. « C’est Lou qui t’envoie ? » Montrant son travail avec le même air qu’un gamin ayant pour la première fois fait popo tout seul, il continua « j’ai décidé de sortir le grand jeu… espérons que ça marche ! » A ce moment, l’objet que Jonah sortit de son pantalon lui fit perdre sa voix. Des gouttes de sueurs commençaient déjà à perler sur son front et au niveau de son cou. « Je… déconne pas… qu’est-ce que tu fou mec ? »

Jonah était monté d’un pas décidé sur le toit, croisant un groupe d’infirmières complètement excitées au passage. A croire qu’elles revenaient d’un pique nique entre copines. Décidant de les ignorer, il ouvrit à la volée la porte menant à sa destination et aperçut l’homme qu’il cherchait au milieu d’une scène à vomir d’une comédie romantique. Situation lui confirmant qu’il avait eu raison de s’occuper du problème aussi tôt. Quand il s’était approché de lui avec son sourire de débile, un rictus mauvais s’était dessiné sur les lèvres du médecin. L’autre était tellement dans sa bulle qu’il ne s’en aperçut même pas. Il était temps de mettre les choses au clair quand à la raison de sa venue ici. Sortant un flingue de son pantalon, il le pointa sur Thayer sans l’ombre d’une hésitation, sa démence se lisant sur tout son visage. « Ce que je fais ? Je fais en sorte que ce qui m’appartient ne me soit pas volé, voilà tout. » Un Sourire avait accompagné cette phrase dit avec un calme parfait détonnant avec le regard rageur qu’il lançait au jeune Weston. Le bout du pistolet était armé d’un silencieux, toutefois histoire de s’amuser un peu Jonah fit éclater un ballon juste à côté de la tête de Thay qui manqua de tomber sous le choc, il tremblait le pauvre petit. Un rire sortit de sa gorge, « on va s’amuser un peu tous les deux, mais pour que le spectacle commence j’attends encore une invitée. »

Le regard de Thay passa d’une peur naissance à une terreur non contenue. De qui parlait-il ? Non… non… il était bien trop proche de Lou pour lui infliger ça, mais était-il vraiment lui-même ? C’était quoi cette merde ? Pourquoi se retrouvait-il dans cette situation ? Cette après-midi aurait dû être tout autre. Entendant le bruit de la porte du toit, il hurla à qui voulait l’entendre « Cours ! Sors tout de suite ! Va prévenir la police, mais surtout ne t’approche pas ! » Trop tard, Lou était entrée et maintenant tous trois se trouvaient dans une situation qui ne pourrait avoir d’issue heureuse. Un drame digne d’amour gloire et beauté sous fond de Marvin Gaye, quelle belle merde !

Lou-Ann avait enfin réussit à s’endormir au petit matin. Deklan lui avait laissé une clé de l’appart, l’invitant à rester aussi longtemps qu’elle le voulait et la rouquine avait hoché lentement de la tête, acceptant l’offre, épuisée par sa nuit blanche, par ses doutes et ses craintes, par sa vie en général. Il faudrait qu’elle se sorte de toute cette histoire indemne, qu’elle recommence à 0, qu’elle reparle à Ash, qu’elle s’assure que tout le monde soit en bon état, et enfin, à ce moment-là, elle s’autoriserait quelques heures de repos. Mais Morphée pensait autrement et dès l’instant où Dek verrouilla la porte, la belle s’écroula littéralement sur le canapé, la tête appuyée sur l’accoudoir, le corps recroquevillé et meurtri. Le ventilateur fixé au plafond produisait des sifflements constants qui l’aidèrent à plonger dans un sommeil profond, à se laisser tomber librement dans les rêves et sa respiration devint régulière, calme. Ses paupières s’agitaient légèrement et quelques minutes plus tard, la belle était bel et bien endormie.

Ses parents la fixaient intensément depuis trop de temps et Lou-Ann se triturait les mains, incapable de dire quoique ce soit. Ils étaient là, immobiles, déçus, plongeant leurs regards enflammés dans le sien, la réprimandant de leurs prunelles et restant muets, stoïques. Elle, elle fuyait, elle courait pour revenir se poster devant eux, elle tombait pour se relever à leurs genoux. Elle les implorait, ils ne bougeaient pas. Un éclat de rire la fit sursauter et Lou dû user de toutes ses forces pour tourner la tête derrière elle. Jonah se tenait là, gesticulant agressivement, riant comme un gamin, s’avançant vers elle, lui caressant les cheveux avant de passer à travers sa silhouette en devenant une fumée opaque et se rematérialisant ensuite derrière ses parents. Puis, sans un mot, riant toujours, il leur coupa la tête d’un coup de couteau agile. Joey apparût alors, passant devant les corps sanglants de M. et Mme Abbott, ramassant soigneusement les crânes, les déposant dans un sac de sport. Lou arriva à pousser un long cri, déchirant, qui fut interrompu par Jonah courant vers elle les mains pleines de sang, et Parker qui surgit, son appareil-photo à la main, immortalisant cette scène de meurtre irréelle.

Jonah fixait les cernes que son manque de sommeil avait occasionnées sur son visage blanc et livide. Le reflet que le miroir de la salle de bain lui renvoyait le dégoûtait et il avait décidé de remédier à son état de cadavre ambulant pour faire de cette journée la plus belle qu’il avait vécu depuis longtemps. Armé de son rasoir, il s’appliqua à se faire la barbe le plus longuement et le plus savamment possible, s’attardant à chaque poil, se scrutant de près pour s’assurer un rasage à la perfection. Portant ses mains à son visage, il entama ensuite de s’humecter les joues, les lèvres, le cou, avant de passer une serviette et de terminer le travail à l'aide d'un après-rasage. Fier de lui, il se sourit, une lueur étrange et mesquine parcouru son regard au même moment, puis quitta la pièce pour trottiner vers sa prochaine destination.

Chantonnant, Watson se faufila dans la chambre de Lou-Ann, celle que la jeune fille avait quitté abruptement quelques heures plus tôt pour se réfugier Dieu-sait-où et ouvrit la lumière. Le jeune homme fit quelques pas de danse, concluant par le fait même sa chanson, puis commença à ranger distraitement les divers objets qui traînaient dans la chambre de la belle. Une pile de livres de médecine, des assiettes sales, une bouteille de vin déjà entamée… Il entreprit même de plier les vêtements sales qui traînaient sur le sol et de les déposer savamment sur son lit, avant de poser son regard sur un cadre qui ornait la table de chevet de la belle. Une photo, d’elle et de lui. Un cliché qui avait été croqué quelques années plus tôt, alors qu’il était venu la rejoindre durant un contrat qu’elle terminait à New York. Comme des cons, ils étaient montés en haut de l’Empire State Building et avaient interprêté la scène de King Kong, celle où Lou jouait le singe et lui la blonde en détresse. Un petit chinois les avait photographié au passage et ils avaient gardé bien précieusement ce souvenir loufoque, où ils éclataient de rire. Doucement, Jonah apporta le cadre à ses lèvres et déposa un long baiser sur le visage de son amie. Il avait déjà hâte de la revoir.

Lou-Ann se réveilla en sursaut, le visage moite, les mains tremblantes. Un coup d’œil autour d’elle la fit paniquer un peu plus, avant qu’elle ne se rende compte qu’elle était chez Deklan, le grand frère d'Ash, celui qui l’avait occupé toute la nuit pour qu’elle ne devienne pas folle à tourner en rond en attendant un signe de vie de la blonde. Le souffle court, la rouquine se leva d’un bond, inquiète. Comme si elle sentait une présence, elle prit un temps fou à parcourir l’appartement sur la pointe des pieds, à regarder dans les placards et derrière les rideaux, à ouvrir toutes les lumières et à s’allonger sous le lit pour s’assurer qu’elle était bien seule. Là et seulement là, Lou en profita pour aller prendre une longue douche bouillante, se réveillant bien comme il fallait, nettoyant son esprit des images traumatisantes qu’elle venait de voir en rêve. Puis elle sortit de la salle de bain, une serviette autour du corps, les cheveux humides, et regagna la chambre de Deklan pour enfiler ses vêtements de la veille. Un coup de brosse plus tard, elle s’installait dans le grand lit du Monaghan, un sac de chips et une bouteille d’eau dans une main, son portable dans l’autre. Sans l’espérer, la belle reçu enfin le texto qu’elle attendait depuis hier, la confirmation qu’Ash était toujours en vie. « Suis ok. J’ai passé la nuit avec Jay. Faut qu’on se parle mais ça va. Toi? ». Abbott souffla enfin, se laissant choir, avalant quelques croustilles au passage même si elle n’avait pas faim du tout et se surprit à sourire, un peu, rassurée, un peu.

Il faisait beau, il faisait chaud, et Los Angeles n’avait jamais parût être une aussi belle ville aux yeux de Jonah qu’en cette journée. Un sourire difforme lui ornait le visage, il remonta de son index ses lunettes de soleil sur son nez et inspira l’air pollué mais chaleureux du centre-ville avant de s’engouffrer dans une petite boutique, en bordure de l’océan. Charmeur, il ne se fit pas prier pour faire rigoler la caissière, lui faisant les yeux doux, la complimentant sans vergogne avant qu’elle ne lui donne ce qu’il était venu chercher à la base. Puis, sans plus de cérémonies, il lui baisa la main et lui confirma qu’elle venait de faire de lui l’homme le plus heureux de la ville, avant de faire tilter la sonnette de la porte et de quitter l’établissement aussi vite et aussi mystérieusement qu’il y était entré. Un arrêt rapide au Starbucks du coin pour aller se chercher son café favori et le Watson était prêt à continuer sa course. Devant lui se dressait une vraie belle journée comme il ne s’en faisait plus, ça il en était certain.

Les yeux de la belle s’étaient refermés entre temps, elle qui venait d’être momentanément rassurée par le signe de vie d’Ashleigh. Mais elle ne resta pas endormie longtemps et bien vite, son portable se mit à vibrer, la forçant à se réveiller en sursaut. « Lou? C’est Audrina! Écoute y’a Jonah qui voulait que je t’appelle pour te dire qu’il t’attendait sur le toit dans 1h. Ça avait l’air urgent… ». Le sang de Lou se glaça dans ses veines, un goût amer et ferreux lui emplit la bouche. « Je sais pas ce que vous manigancez mais si on vous trouve en train de baiser sur le toit t’es fichue ma belle. » Abbott feigna un rire peu convaincu, confirmant qu’elle viendrait, avant de raccrocher, haletante. Si seulement Audrina savait, elle ne blaguerait pas avec ça. La rouquine se retrouva de nouveau à trembler comme une feuille, à être frigorifiée, à craindre le pire. Puis elle se ressaisit, s’installant sur le lit de Dek bien droite. Et si elle le laissait poireauter? Et si elle ne se présentait pas comme convenu, qu’elle ne lui donnait pas ce qu’il voulait? Elle lui avait très clairement dit de ne plus s’approcher d’elle, de sortir de sa vie. Si elle allait le rejoindre, c’était un peu comme lui donner la victoire non? Lou n’allait pas le laisser gagner sur ce coup-là et elle ferait mine d’avoir eu autre chose à faire, d’avoir complètement oublié le message d’Audrina ou une connerie du genre. Mais la sensation de malaise s’amplifiait. Son ventre se serrait toujours. Lou commença à réaliser que Jonah était dangereux. Qu’il s’était attaqué à Parker, à ses parents, à qui maintenant? Si elle n’allait pas le voir, il ferait peut-être quelque chose de pire encore pour se venger. À contre-cœur, la rouquine de leva donc d’un trait, décidée à terminer cette histoire une bonne fois pour toutes. Son meilleur ami était mort, elle s’assurerait que ce ne soit que lui qui monte au ciel. Deal with it.

Jonah avait la photo d’eux qu’il avait observée si longuement tout à l’heure entre les doigts, fixant la moue rieuse de Lou pour se donner des forces. Enfermé dans les toilettes, il savait que ce qui allait suivre serait le début de la fin.

Lou passa la porte de l’hôpital, se faisant accoster par des infirmières amusées au passage. Elles lui demandèrent depuis quand c’était officiel avec Thay’, s’ils l’avaient déjà fait, ou alors s’il mettait tous ces efforts afin de l’avoir pour la première fois dans son lit. Abbott ne comprenait rien, hocha distraitement de la tête, ignorant les gloussements déjà lointains des filles et poursuivit sa route.

Jonah monta les escaliers 4 par 4, déterminé. Plus rien ne pouvait l’empêcher de faire ce qu'il voulait maintenant, il est si près du but.

Lou-Ann monta faiblement les escaliers, stressée, pensive. Elle trébucha, accrocha sa veste de cuir partout, respirait fort, sentait l’adrénaline parcourir son corps et ses veines, et son estomac se serrer dans un étau.

« Cours ! Sors tout de suite ! Va prévenir la police, mais surtout ne t’approche pas ! »

La voix de Thayer résonna encore et encore dans la tête de Lou. D’énormes frissons parcourèrent son corps et elle s’immobilisa dans la cage d'escaliers, une migraine foudroyante lui lascinant le crâne. Sans penser à rien, elle sprinta les derniers centimètres qui restaient et déboucha sur le toit, sur une scène qu’elle n’aurait même pas imaginée dans ses pires cauchemars. Jonah. Un fusil. Thayer. La rouquine entendit la porte de métal se refermer lourdement derrière elle, ravala sa salive, détailla les alentours et retint un haut le cœur. Jonah avait-il orchestré tout ceci pour rendre la scène encore plus douloureuse? Faisant quelques pas vers son meilleur ami d’antan, Lou fronça les sourcils, pesant ses mots. Les roses, la musique, la vue sur la ville. On aurait dit la scène de Buffy où Angelus laisse Jenny Calendar morte assassinée dans le lit de Giles.

« C’est une blague?! » osa-t-elle, balayant le toit des yeux, avant de lever un regard implorant vers Jonah, espérant qu’il lâche tout et propose in extremis de faire la paix.

« C'est ce dont ça a l’air ? » rétorqua le brunet hystérique, resserrant sa poigne sur son arme.

« Dans Halo, un fusil c’est bien. Ici, c’est moins sympa pour faire bonne impression. » tenta la rouquine, se disant qu’un peu d’humour détendrait peut-être la situation.

Les secondes se multipliait, le silence plânait, et la belle lâcha le regard de Jonah pour se tourner vers Thayer. Complètement perdue, elle luttait entre la crise de nerfs, la crise de larmes ou les éclats de rire forcés, et se contenta de respirer très profondément, en se disant que tout ceci n’était pas vrai, que ce n’était qu'un rêve. Là tout de suite, Abbott était complètement terrorisée.

« Je vous ai fait venir tous les deux pour une raison bien précise. » commença Jonah, souriant de toutes ses dents à Thayer, avant de reluquer Lou-Ann de la tête aux pieds. « Et si on commençait?»