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 BENNY&TARA - « even if it's a lie, say it will be alright, and i shall believe »

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MessageSujet: BENNY&TARA - « even if it's a lie, say it will be alright, and i shall believe »   BENNY&TARA - « even if it's a lie, say it will be alright, and i shall believe » EmptyMar 18 Sep - 23:57

BENNY&TARA - « even if it's a lie, say it will be alright, and i shall believe » Tumblr_m86eypYAVd1rxa1s3o2_500

BENNY&TARA

« come to me now and lay your hands over me. even if it's a lie, say it will be alright and i shall believe. that i only come home when i'm so all alone, but i do believe, that not everything is gonna be the way you think it ought to be. it seems like every time i try to make it right, it all comes down on me. please say honestly you won't give up on me and I shall believe. open the door and show me your face tonight. i know it's true, no one heals me like you and you hold the key. »


Douze jours. Le frisson du souvenir tremble dans mon souffle. J’ouvre les yeux, épuisée à ne rien faire, à survivre. Mes poings se callent sous ma tête, le poids de mes pensées et de ma vie qui m’enfoncent contre le matelas. Son matelas, son lit, je m’incruste contre lui. L’odeur s’estompe, ce petit arôme personnel n’est présent qu’entre mes deux oreilles, dans une mémoire déchirée, décousue. Il ne reste plus que moi, moi et mes parfums qui engouffrent les siens dans l’oubli. Mes doigts frôlent le couvre-lit, pour en provoquer les fragrances antérieures. Mes genoux se replient contre moi, petit réflexe de protection, pour ne pas détruire sa trace, sa marque. La maison craque, le plancher se plaint. Je dresse les yeux, un espoir naïf scintillant en moi, jusqu’à engouffrer une bouffée d’air sans pensée suicidaire. La porte s’ouvre, petit faisceau de lumière qui m’atteint, qui me rejoint.

Je crois encore. Encore et toujours. Qu’il est parti, mais pas trop loin, pas trop longtemps. Dans un pays en guerre, à être journaliste, sans faille et sans tracas. Mais l’espoir me gruge, la solitude m’est trop connue. Et sa guerre est désormais dans mon crâne, à se battre pour m’accrocher à la réalité, alors que l’espoir est si tentant. Petit pays imaginaire, monde fictif qui m’apporterait plus que le réel. Plus que la douleur du vide, des paroles jamais dites, des moments volés. Je ferme les yeux une seconde qui s’éternise. J’ai vu que ce n’était pas lui, que c’était Benny. Encore là, toujours là. Mais pas pour toujours, pas pour longtemps. Parce qu’il a pris rendez-vous avec la mort. Peut-être qu’il finira par rencontrer mon père dans l’autre monde. Dans l’après, paradis auquel je ne crois pas. Mais la mort sans suite, sans continuité m’est insupportable. Alors j’imagine un monde serein, où on n’a pas conscience d’être, mais où le bonheur est palpable, envisageable. Pour soi, et pour les autres. Mes paupières closes, dans une noirceur sans souvenir, je murmure des mots, de ma voix rouillée, qui n’arrive plus - tout comme moi – à être comme avant.


    TARA – « Ça fait deux semaines, t’es pas obligé de venir à tous les jours. »

J’voudrais lui faire croire que ça va, que je remonte la pente. Mais je suis encore au bord du précipice, à sentir le vide sans le remplir. J’ose pas affronter son regard, j’ose pas exister. Le lit tremble, et tout revient à la tranquillité. Benny est couché à mes côtés, sans avoir rien dit, sans avoir rien fait. J’accepte enfin sa présence, pour maintenant, pour l’instant qu’il peut m’offrir, même éphémère. J’ai la gorge nouée, la bouche asséchée. Je pourrais pleurer, encore, un peu plus, pour taire un chagrin qui ne s’efface pas. Mais ça ne change rien, qu’un inconfort supplémentaire. Et agir sans résultat, faiblir sans renforcement, ça me gonfle la poitrine de rage. J’expire bruyamment, les poumons rocailleux.

    TARA – « Tu sais le pire quand je m’endors, c'est que je me réveille et c’est comme de réapprendre encore et encore, qu’il est mort. Qu’il reviendra pas, jamais. Et quand j’suis réveillée, j’comprends pas pourquoi il est plus là. Ni qu'est-ce que moi j'fais encore ici... »

Je suis restée ancrée à lui, à son âme qui m’écoute, à son âme qui me comprend, qui m’accepte, qui m’assimile. Benny connaît le deuil, il a déjà le sien. Il a connu la guerre avant la paix, la mort avant la vie. J’ai plus rien à dire, maintenant. Répéter des phrases sans logique, sans réponse, jour après jour. Douze jours avec des incertitudes, des doutes et des haines. J’ai prié, pleuré, hurlé et ignoré. Je cherche autre chose, sans savoir quoi. L'inconnu qui m'apparaît pleins de promesses, rien de parfait, mais quelque chose de mieux, assurément.

    TARA – « J’voudrais juste arrêter d’y penser. Oublier, juste tout oublier… »

Incluant le sida et ses conséquences futures. Incluant la vie et sa finale sans succès. Je glisse mes doigts contre le visage de Benny, petit contact qui me plonge dans le vivant, dans la réalité. J’avais oublié, habituée à chevaucher des rêves qui semblent si vrais, à subir le monde réel qui m’apparaît si faux. Mon index frôle son menton, surface rugueuse et soyeuse, d’un contraste alarmant. J’voudrais qu’il rie et m’entraîne avec lui dans un bonheur aléatoire. Mais il n’y a qu’une ambiance mortuaire entre nous deux, qu’une intensité macabre. Et dans le silence qui nous réunit, dans nos souffles qui se mêlent, mes réflexions me détruisent. Je ne veux plus penser, je ne veux plus de ces conversations personnelles qui se déroulent en moi, sur les comment, sur les pourquoi. La mort, simplement. Qu’on oublie, qu’on balaie de la main, qu’on passe à autre chose. Je me décale vers lui, contre lui, vers une chaleur que je connais, mais que j’ignore. Mon nez frôle le sien, à l’ombre de sa silhouette, plus éclairée, pourtant, que dans la pénombre de mon existence des derniers jours. Je fixe ses yeux figés, son corps fixe qui n’ose rien, qui n’attend rien. J’attrape ses lèvres un instant, ma main s’enroulant autour de sa nuque fraîche. J’aspire son souffle entre mes lèvres entrouvertes. Je l’aspire de tout mon vivant, d’une volonté méconnue, je l’engloutis dans mon besoin d’être en vie, sans malheur.

J'abandonne son étreinte, ou la mienne plutôt; l'évènement que j'ai provoqué, que j'ai imposé. Qu'un dilemme supplémentaire. Mais la réflexion m'est plus pénible, parce que pour une fois, agir fait plus de sens. Je déglutis silencieusement. J'sais pas ce que je lui dois, un pardon - de profiter d'une occasion sinistre pour un amour autrefois si pur, si innocent. Un amour qu'on ternit en le souillant de nos envies humaines d'être, d'aimer et d'appartenir. Mais le rationnel se confond à mon coeur qui martèle ma cage thoracique, comme une révélation que j'ignore. Que j'ai besoin d'ignorer, parce que le deuil talonne ma vie, talonne un « nous » sans avenir et emplit de restrictions.
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MessageSujet: Re: BENNY&TARA - « even if it's a lie, say it will be alright, and i shall believe »   BENNY&TARA - « even if it's a lie, say it will be alright, and i shall believe » EmptyJeu 20 Sep - 2:48

Je passe une main dans mes cheveux et je soupire, les pieds campés sur le porche qui mène à la maison de Tara. Je sais qu'elle est là, mais je sais aussi qu'il n'y est pas et qu'il n'y sera plus jamais. J'ignore comment lui dire qu'elle finira par aller mieux et je désespère de prononcer un jour ce genre de discours parce que je suis bien le premier à m'être jeté dans la drogue pour oublier. Ça ne sert à rien de lui mentir; elle est déjà au courant et sa tristesse n'en serait que plus grande lorsqu'elle finirait par comprendre que ma confiance s'effrite, que je ne la crois pas capable d'affronter la vérité, celle-là même qui souffle sur nos têtes en glapissant d'horreur. Je piétine le béton, je fronce le nez. Tant pis puisque j'ai la clé. Tara me l'a remise - ou plutôt, je la lui ai prise - à la mort de son père et il ne s'est pas déroulé un seul jour sans que je vienne la voir pour la distraire et tenter de la faire sourire. Elle veut récupérer sa clé, mon passe-droit à ce chagrin qui s'abat sur elle, mais je la fourre dans la poche de mon jeans et je refuse de la lui donner, tout bêtement incapable de la laisser vivre son deuil en solitaire. Je devrais l'emmener au bar, la faire sortir, la faire danser même, mais je n'ai pas vraiment envie de la partager avec des inconnus qui ne comprendront jamais rien. Je ne veux pas qu'elle se jette dans la gueule du loup alors je me contente de venir la voir.

Je soupire alors que mes pas se font lourds sur le bois qui craque à mon passage. La porte, refermée derrière moi, est déjà loin, mais je sais où la trouver et je me faufile jusqu'à la chambre qu'elle occupe, ouvrant timidement la porte en la voyant repliée en boule sur le lit. « Ça fait deux semaines, t’es pas obligé de venir à tous les jours. » Je hausse les épaules, tranquille, avant de m'approcher du lit. En une légère secousse, je m'y laisse tomber et mes doigts caressent la courbe de son épaule, pour l'apaiser. Bien sûr que je viens tous les jours. J'ai peur qu'elle fasse une connerie, qu'un jour, j'arrive trop tard et qu'elle ne soit plus là. Elle est jeune, Tara, laissée à elle-même. À son âge, j'avais fait l'armée, mais c'était tellement plus facile. Tu obéis et tu tâches de ne pas te faire tuer. Tu survis. Je voyais les gens mourir autour de moi, c'est vrai, mais j'avais une bonne raison de rester en vie. J'avais quelqu'un, en rentrant. Et bien je peux être son quelqu'un, si elle veut. Son quelqu'un qui la retient et qui l'attend.

« Tu sais le pire quand je m’endors, c'est que je me réveille et c’est comme de réapprendre encore et encore, qu’il est mort. Qu’il reviendra pas, jamais. Et quand j’suis réveillée, j’comprends pas pourquoi il est plus là. Ni qu'est-ce que moi j'fais encore ici... » Putain. Les idées noires qui me terrifient font aussi vibrer son âme et j'ai peur. J'ai peur parce que je la connais, parce que je sais à quel point elle peut faire preuve d'hypersensibilité, à quel point ce départ a pu la chambouler. Mes doigts insistent, font pression sur ce petit bout de femme. « T'es encore ici parce qu'il aurait pas voulu que tu prennes sa place. T'es encore ici parce que je te laisserai pas partir. » Mon regard se fait grave et mes sourcils se froncent lorsque j'effleure la peau douce de sa mâchoire. « J’voudrais juste arrêter d’y penser. Oublier, juste tout oublier… » Je comprends. Mon regard vert se pose au creux du sien et je frissonne au contact de ses doigts sur ma peau. J'esquisse un mouvement de recul, habitude brusquement réfrénée lorsque je prends conscience de la stupidité de mon geste. Tara a besoin de moi. Mes doigts relâchent son épaule, glissent le long de son bras telles des larmes qui se perdent sur la joue d'un malheureux. Je frémis et je l'attire contre moi d'une légère pression au creux de ses reins lorsqu'elle se rapproche. Pourtant, je demeure immobile, incertain, lorsque ses prunelles captent les miennes et que son nez frôle le miens, trop près. Beaucoup trop près. Je veux la repousser, lui dire que c'est mal, que je ne peux plus jouer à ça, mais je la laisse faire. Je la laisse faire et je réponds même à son baiser, l'une de mes mains glisse sous le bas de son tee-shirt pour toucher sa peau, pour la serrer davantage contre moi. Nos souffles s'entremêlent et ma main glisse dans ses cheveux avec douceur, ma jambe emprisonne la sienne. Je me hais. Je me hais. Je me hais.

Et puis elle s'éloigne.

Je la sens qui disparait, qui s'abandonne à la peur, au chagrin. Inconscient, je caresse sa joue, je replace une mèche de ses cheveux derrière son visage. Et je l'embrasse. Encore. Cette fois, je me soulève un peu et mon torse effleure sa poitrine, mes lèvres explorent son cou. Je perds pied et elle est la seule à pouvoir me ramener. Ou peut-être pas. Je sens le désir qui m'envahit, l'envie d'elle qui me brûle et je panique. Je la repousse. « Putain. » Ma respiration s'est accélérée, le souffle me manque. Elle incarne tout ce que je ne serai jamais et j'ignore comment lui révéler sur moi tout ce qu'elle ne sait pas, mais qu'elle devine. Elle est au courant, pour la drogue, mais pas pour la descente aux enfers qui s'est jouée après mon retour d'Irak. Je sais bien qu'elle s'en doute, qu'elle se fait ses scénarios, mais je m'efforce de lui montrer qui je suis maintenant et non pas celui que j'ai pu être. Je me sens mal, tout à coup. « Ça change rien. » Je murmure, me redresse sur le bord du lit sans la regarder.
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MessageSujet: Re: BENNY&TARA - « even if it's a lie, say it will be alright, and i shall believe »   BENNY&TARA - « even if it's a lie, say it will be alright, and i shall believe » EmptyVen 21 Sep - 23:35

    BENNY - « T'es encore ici parce qu'il aurait pas voulu que tu prennes sa place. T'es encore ici parce que je te laisserai pas partir. »

C’est un poème qui rend le drame plus beau, mais pas moins bouleversant. Je sursaute à son contact. La réalité me semblait si loin, inatteignable. Je frémis sans un son à ses doigts qui redressent mon visage. Je vénère ma liberté en le laissant me prendre, me recueillir. Je m’offre, à ses bras, à ses lèvres, à sa chair. Le contact de sa bouche est fiévreux, ma tête se perd dans les fantaisies du toucher. Je palpite à ses côtés, deux notes qui vibrent d’une même mélodie qui balance nos corps. Je me détache de lui, pour mieux m’y ancré. Les secondes s’écoulent, mes tripes se compriment, petite douleur aïgue au creux du ventre. Une douleur d’envie, de bonheur démesuré. La distance est une plaine où tout se fait écho. À se regarder dans les yeux, se voir à nu avec si peu de gêne. Je crie sans un mot, mon besoin, ma demande. Je le veux lui. Encore. Sa main se perd dans mes cheveux, son souffle recapture le mien. Chacun son tour, respectivement.

J’attire son corps contre moi, contre mes hanches qui se redressent, s’emboîtent contre son bassin. L’appel du corps que nos baisers provoquent. Ma main se referme contre l’encolure de son gilet; un poing qui se crispe contre un bout de tissu sans vie, mes jointures qui craquent sous la pression. Le dos de mes phalanges qui communiquent à la fraîcheur de sa peau. L’intensité se glisse contre mon cou, recoin vulnérable qui me glace la nuque. Mon corps est un contraste de froideur sourde et de chaleur suffocante. Je descends mes mains contre lui, sans limite, sans barrière. Je frôle la ceinture dans un tintement bref, mais tout s’arrête. La terre tourne, mais c’est moi qui tourbillonne dans le chaos de l’abandon. Mon dos se calle contre le lit, ma poitrine se soulevant irrégulièrement. Je respire mal, un surplus d’émotion qui entrave ma gorge nouée.


    BENNY - « Putain. »

J’attends la suite, comme si ce n’était qu’une pause momentanée, une interruption. Mais ça n’est pas que ça, c’est la logique qui nous remet sous le nez la conscience qui nous rend si contrôlés. Il s’éloigne, physiquement, psychologiquement. Il m’échappe, glisse entre mes doigts que je tends mentalement. Tout de moi est amorphe, déstabilisé. Son dos courbé, sa tête découragée entre ses épaules découpées. C'est un timbre défaitiste qui surplombe mes oreilles bourdonnantes. Mon esprit est d'accord, mon corps ne l'est pas.

    BENNY - « Ça change rien. »
    TARA – « À cause du sida? »

C’est un silence qui répond pour lui, pour nous. Ma voix est dédaigneuse, tourmentée d’amertume. On vit pour mieux mourir. On alterne entre les regrets et les remords, sans jamais apprécier les erreurs et les conséquences. Des vagues qui amènent le bonheur. Je fixe le plafond, si terne et irrégulier. Je déglutis, à ravaler les paroles qui se bousculent en moi. Au cauchemar qui se fait discours entre mes oreilles. Ma phrase débute en murmure, petit souffle qui s’interpose à ma respiration accélérée. C’est son regard de pitié, ce regret de ne pas faire mieux, de ne pas être mieux qui précipite la suite. Qui laisse les phrases faire leurs chemins jusqu’à l’aube de mes dents serrées et se cracher sur l’atmosphère qui nous réunit et nous distance.

    TARA – « J’étouffe Benny! Vous m’étouffez tous avec vos protections. Je suis au milieu de tout le monde et je cherche mon air, et il n’y a que des gens qui veulent aider, qui se regroupent autour de moi et bouffent tout l’oxygène. À vouloir me protéger tu me détruis, Ben! Arrête de vouloir sauver ma vie, parce que t’as tué la tienne! »

Je me suis redressée, par la pulsion de mon discours, de mon argumentaire figé. J’voudrais vivre et faire mes choix. Être une victime de la vie, parce que j’ai vécu, pas parce que les autres l’ont fait pour moi. Mon envie, mon vide tremblant qui palpite se décalque dans mes mots hachés, presque violents. Ça n’est pas pour Benny, pas uniquement, pas tout le temps. Je reste dans son dos, à fixer l’arque de sa mâchoire qui se crispe sans un son. J’voudrais étendre la main pour accrocher la sienne, m’y rattacher. Avec ce bien-être qu’on avait avant. Avant de s’oser à plus, avant de faire chavirer le bateau et de délier la tempête. Mais c’est sa décision, sa vie, ses choix. Je me mordille la lèvre inférieure, petites bribes de souvenirs physiques de l’instant passé qui me coupe le souffle. Je tire le couvre-lit entre mon index et mon majeur, formant des plis concentriques. La furie s’estompe, s’efface. Mais pas le désir. Désir d’être avec lui, d’une manière ou d’une autre. Mon impulsivité projette la suite, phrase pondérée qui n’a rien d’agressif, rien de provocant. Une honnêteté qui miroite mon âme. Rien de plus, rien de moins.

    TARA – « C’est dangereux, et alors? Vivre est dangereux, je choisis quand même la vie. »

La peur me glace sur place. Parce que l’éventualité de l’avenir est chargée. Benny pourrait dire non, à moi, à nous. Parce que le sida ne pardonne pas. Parce que l’amour n’y est pas. J’hoche la tête de droite à gauche dans ma réflexion. Refus catégorique. L’amour est là, sa forme est mystérieuse – amicale, fraternelle ou fusionnelle - mais bien présent. Mon cœur se débat, à tourner les raisons valables qui mènent à un non. Les risques qui découleraient à un oui. Noir sur blanc, la certitude qu’on choisit entre le regret et le remord. Puisque la vie est imparfaite, humaine, tout comme nous.
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MessageSujet: Re: BENNY&TARA - « even if it's a lie, say it will be alright, and i shall believe »   BENNY&TARA - « even if it's a lie, say it will be alright, and i shall believe » EmptyLun 1 Oct - 2:02

Je la sens qui se redresse, qui frôle mes hanches des siennes et je me mords la lèvre, fiévreux d'un désir qui m'est désormais interdit. J'ai envie d'elle comme c'est même pas possible, à la voir saisir mon tee-shirt de la sorte, à sentir contre mon cou sa respiration précipitée. Mon corps se dresse contre le sien, j'embrasse la courbe de sa mâchoire, son cou, le haut de son épaule. Elle joue avec ma ceinture et elle fait naître en moi un feu ardent qui ne demande plus qu'à prendre d'assaut ce petit quelque chose qui nous unit. Mais la mort me guette et claque la langue en un sourire moqueur. C'est fini, pour toi, tu le sais bien, semble-t-elle décréter en me narguant. J'ai peur. J'ai peur et j'ai mal parce que la maladie m'emprisonne. Je sais qu'elle s'en fiche, qu'elle est peut-être prête à prendre le risque, mais pas moi. Je ne risquerai jamais sa vie, surtout pas comme ça. Je la repousse un peu trop violemment sans doute et je la vois s'effondrer contre le lit, frêle silhouette qui peine à retrouver son souffle. J'aurais aimé lui épargner mes commentaires défaitistes, mais je ne m'en sens pas la force. Parce que je sais que je ne parviendrai pas à la repousser si elle m'embrasse encore. Si ses doigts parcourent ma peau. Alors je m'éloigne pour ne pas la mettre en danger, mais cette attitude me déchire, me brise le coeur.

Ça change rien, que je dis. Ça change rien parce que même si je l'ai embrassée, même si j'étais à deux doigts de commettre l’irréparable, ça ne se reproduira plus. « À cause du sida? » Quoi d'autre ? J'ai envie de hurler, de lui dire qu'elle ne peut pas comprendre et qu'elle ne comprendra jamais. Qu'elle ne sait pas ce que ça fait, de vivre en sachant qu'on est condamné. Oui, à cause du sida. À cause de cette merde qui me ronge les veines, qui me détruit de l'intérieur. Ce petit virus qu'on ne voit pas, mais qui peut vous foutre une vie en l'air. « J’étouffe Benny! Vous m’étouffez tous avec vos protections. Je suis au milieu de tout le monde et je cherche mon air, et il n’y a que des gens qui veulent aider, qui se regroupent autour de moi et bouffent tout l’oxygène. À vouloir me protéger tu me détruis, Ben! Arrête de vouloir sauver ma vie, parce que t’as tué la tienne! » Ses mots me happent de plein fouet, font frémir mon dos alors que j'enfouis ma tête dans le creux de mes paumes. Je me crispe et je ferme les yeux. J'aimerais qu'il y ait un dilemme. Que je me demande, comme tout être normalement constitué, si elle est faite pour moi, si je ne commets pas la plus grosse bêtise de ma courte existence. Mais il n'y aura jamais de dilemme parce que le choix est déjà tout tracé pour moi. Peu importe ce qu'elle choisit, elle, mais je la protégerai quand même, coûte que coûte. À la vie à la mort. « Tu as raison. » Je laisse tomber en un souffle. Tara est une grande fille et même si elle affirme n'avoir besoin de personne, je veillerai sur elle de loin. Parce que je lui dois bien ça, à Adam. une larme de rage coule le long de ma joue et je la rattrape violemment du revers de la main, étirant mon visage de mes paumes afin d'en chasser les signes de nervosité.

« C’est dangereux, et alors? Vivre est dangereux, je choisis quand même la vie. » Je me retourne brusquement pour la regarder. Elle semble un peu calmée et ses joues rosies par sa colère passée m'attirent, me hantent. Doucement, j'attrape sa main et j'y entrelace mes doigts. Les battements de mon coeur s'accélèrent de nouveau et je m'approche jusqu'à effleurer ses lèvres des miennes en un baiser délicat. Je pose mon regard azuré dans le sien et je sens mon coeur qui s'emballe, ma volonté qui s'effrite. « Si tu choisis la vie, tu ne me choisis pas moi. » Je ne veux pas la blesser inutilement, mais je refuse encore plus de lui donner de faux espoirs, de lui dire que ça pourra marcher, un jour. « Je ne supporterais pas de te le transmettre. » Et pourtant, mes doigts agrippent le bas de son tee-shirt, le remontent un peu alors que mes lèvres parcourent l'épiderme de son cou. Doucement, je parsème la peau de son bras de baisers, j'embrasse son ventre en repoussant du nez le tissu qui m'exaspère. Je tente de la faire rire en chatouillant un peu ses côtes, je m'en veux.

J'ai demandé, pourtant. J'ai demandé le risque que j'avais d'infecter quelqu'un à ce stade-ci de la maladie. On m'a répondu qu'il y aurait toujours un risque, que je devrais vivre avec. Et mourir avec, aussi. Mes doigts glissent sur ses flancs alors que je capture à nouveau ses lèvres, saisi d'un nouvel élan de désir. Tout mon être s'enflamme, se consume. Retirez-moi l'oxygène, putain ! Que ça s'arrête. Que je respire. Délicatement, je frôle à nouveau la courbe de son menton, la douceur de ses lèvres. Ma langue se fraye un chemin jusqu'à la sienne, que je taquine alors que mon thorax se presse contre sa poitrine, que mes mains remontent plus effrontément le tee-shirt de la jeune fille jusqu'à le passer par-dessus sa tête, éloignant nos lèvres l'espace de quelques seconde, comme une éternité. Je ne sais pas ce que je fais. Je sais pas non plus ce que j'ai fais.
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BENNY&TARA - « even if it's a lie, say it will be alright, and i shall believe » Empty
MessageSujet: Re: BENNY&TARA - « even if it's a lie, say it will be alright, and i shall believe »   BENNY&TARA - « even if it's a lie, say it will be alright, and i shall believe » EmptySam 6 Oct - 2:48

    BENNY – « Tu as raison. »

Je retiens un « je sais » arrogant. J’voudrais que le monde comprenne qu’on ne vit qu’une seule fois, qu’un battement de cœur avant la crise cardiaque. On réfléchit trop. L’être humain et sa conscience. Notre plus grande force. Notre plus grande faiblesse. J’expire bruyamment, découragée, exténuée. Deux dans notre déchirure, Benny et moi. Deux à détester le malheur de l’existence, mais à refuser les bonheurs qui enchaînent nos corps, briment nos désirs. Son visage se redresse, se pose sur moi. Je rapetisse contre le matelas, je redeviens la gamine que je suis. Dans la perplexité de la vie, avec des pourquoi qui entraînent d’autres questions et des réponses incomplètes. Il me rattrape dans ma déchéance, dans ma chute lente vers l’isolement. Et je ne fixe que ses doigts qui prennent place entre les miens - positions naturelles - d’un réconfort brûlant, surdimensionné. Sa voix, qui se rapproche, j’accueille son baiser furtif, trop bref. Petite torture qui résonne comme une douleur sourde dans mon cœur qui se débat; pour vivre un peu plus.

    BENNY – « Si tu choisis la vie, tu ne me choisis pas moi. »

Mes doigts se crispent contre les siens, petite pression qui nous traverse comme une onde. Ça me déstabilise, de voir les choses comme ça; tout noir, comme une condamnation totale. J’entrouvre les lèvres, deux secondes d’analyse qui s’étouffent dans ma gorge. Trouver les mots et le courage de les articuler m’empêche de répliquer du tact-au-tact. Je serre les dents et fixe Benny. Au creux de ses pupilles dilatées, la terreur assombrit son âme, détériore sa liberté d'exister. Nos corps s’attendent, se veulent. Mais les conséquences gonflent au creux de mon ventre, comme un malaise qui contrebalance l’envie.

    TARA – « Choisir la vie ça m’assure de rien. Parce que la mort choisit au hasard, qu’on le veuille ou non. Vouloir vivre, c’est pas suffisant. Faut vivre - là, maintenant – et c’est tout, parce que y’a rien de garanti pour demain. »

Ma voix est chevrotante, instable. Pas parce que j’en doute – je crois au présent, pas à la promesse mensongère en un avenir serein. Mais je sais que ça n’efface pas le reste, pas le doute, pas la colère, pas la honte. Alors ce n’est qu’un sifflement qui se termine sur un silence pesant de répliques muettes. J’ai l’intérieur qui brûle, qui se consume. La bouche sèche, le désespoir de la vie qui me regagne. Papa n’est plus là. On a eu beaucoup, mais jamais assez. Je voudrais pleurer de nouveau. Pour Adam Matthews, pour ce qu’il en reste dans ma mémoire – image parfaite mais qui s’estompe avec le temps. Pour Benny surtout, pour le souvenir qu’il sera un jour. Je reste paralysée, à mes pensées, à ses paroles.

    BENNY – « Je ne supporterais pas de te le transmettre. »

Je plisse le front, j’hoche la tête de haut en bas. Je ne supporterais pas de le laisser partir non plus. Des sacrifices qui dictent nos choix. Son emprise surgit, comme une réalité qui contredit notre discussion. Le cœur contre l’esprit. Je tremble sous la fraîcheur de ses doigts, Je voudrais encastrer son corps contre le mien, m’y perdre sans craindre de m’égarer. Parce qu’il ne me reste que lui, et qu’on ne se perd pas dans le connu. Ses lèvres tracent une route sinueuse contre mon bras qui se fige de sensations. Tout est exponentiel, nos respirations se chantent presque un opéra. Je chavire dans la béatitude, là où le doute s’évade trop loin derrière les vapes de bonheur passagères. Mon corps s’arque, vers lui, vers ses touchers fébriles. Je caresse la racine de ses cheveux, là où la température est agréable, à l’aube de sa nuque soyeuse.

Je l’attire vers ma bouche entrouverte, pour le respirer, l’avaler, le savourer. Des sourires se cachent entre nos baisers, comme un débordement de joie qui s’extériorise malgré nous. Comme des enfants. Encore innocents, mais submergés de vices qui nous empêchent la monotonie d’une vie sans sensation, sans couleur. Mes coudes se referment derrière son cou, et je m’y attache un instant, soudé par nos lèvres qui n’osent pas un mot. On ne reviendra pas au stade des dilemmes, on est trop loin du quai, à même les vagues d’un océan engouffrant. Nos vêtements sont des barrières à repousser, des découvertes qui se succèdent. Mon gilet nous sépare un instant, termine mollement contre les lattes du plancher. Mes joues s’empourprent, peut-être à cause de la fièvre qu’il provoque en moi. Peut-être à cause de la timidité d’être si peu expérimentée. Être dans ses bras est un doux mélange de réconfort et de craintes.

Je soulève son gilet, centimètre par centimètre. Sans être capable de rompre l’étreinte pour nous en débarrasser. Une seconde de sevrage me semble impossible. Chair contre chair, c’est tout ce qui compte. Nos abdomens qui se soulèvent d’un souffle concordant. Mes mains pressent son dos contre moi, le bout des doigts qui glisse sur ses vertèbres. Le temps est éternel, mais tout va trop vite. Ses bras agrippent le gilet et le retourne par-dessus sa tête. Je reste là, à observer en silence, à subir un rêve surréaliste. Plongée dans un monde parallèle. Je glisse mes ongles contre ses muscles définis, petits grafignes invisibles qui veulent plus. Je me redresse, avide de sa saveur sucrée, de cet arôme qui palpite dans mon système. Overdose de bonheur, je suis une junkie, de lui. De ce qu’il est, de ce qu’il fait. Je m’agenouille à califourchon contre lui, sans savoir comment on en est arrivé là. À se laisser entraîner dans les dédales de nos envies. La bretelle de mon soutien-gorge s’abandonne contre mon épaule et nos regards perdus se croisent et se retrouvent. J’ai tout vu dans ses yeux; le combat qui déchire son être, qui restreint ses gestes, qui brise son envie. Mais j’veux pas replonger dans l’avant, dans les paroles réfléchies qui ne mènent à rien. J’ai besoin de le garder avec moi, dans un présent qui nous appartient.


    TARA – « Oublie Benny. Juste un instant, pour moi. Embrasse-moi… »


Je sais qu’il ne peut pas, ni l’oublier ni l’accepter. Moi non plus. Une certitude dans notre folie de doutes. Je tremble, à anticiper la suite. Peu importe sa finale. Trembler d’envie, trembler de peur. Mes paumes attendent contre sa poitrine, bloquées malgré moi. J’attends son consentement et ses lèvres. Avec l’impatience d’une enfant, sans maturité et sans compromis. Je ne sais plus si c’est son cœur ou le mien qui se fait écho dans toutes les parcelles de mon corps, mais le rythme est affolant.
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MessageSujet: Re: BENNY&TARA - « even if it's a lie, say it will be alright, and i shall believe »   BENNY&TARA - « even if it's a lie, say it will be alright, and i shall believe » EmptyVen 19 Oct - 21:19

« Choisir la vie ça m’assure de rien. Parce que la mort choisit au hasard, qu’on le veuille ou non. Vouloir vivre, c’est pas suffisant. Faut vivre - là, maintenant – et c’est tout, parce que y’a rien de garanti pour demain. » Brusquement, je m'en veux. Je m'en veux de la sentir aussi audacieuse, aussi fiévreuse, parce que je sais qu'elle aura du mal à s'arrêter, après. Et je n'aurai jamais la force d'aller jusqu'au bout. Son corps qui s'arque contre le miens provoque des frissons le long de ma colonne vertébrale et mes mains se nichent dans le creux de ses reins pour l'attirer davantage contre moi, pour la sentir frémir sous mes caresses. J'aurais aimé lui offrir tout ce que je possède, lui promettre de belles choses et lui dire que tout allait finir par s'arranger, mais je suis trop mal placé pour parler d'avenir. Je ne mourrai pas du sida, on me l'a souvent répété, mais je mourrai d'une pneumonie, d'une grippe. Parce que mon système immunitaire n'aura plus aucun moyen de défense, parce qu'il va abandonner la partie avant même d'avoir essayé. Mais je sais que je ne me laisserai pas faire. Je n'accepterai pas la pitié gravée sur le regard des gens lorsqu'ils viendront me voir, cloué aux draps blancs d'un lit d'hôpital. Je vais mourir avant, c'est une certitude. Une promesse. Je ne l'ai dis à personne, mais c'est la seule chose dont je suis absolument certain. Je ne mourrai pas comme le font les patients du centre, à attendre leur heure, à l'espérer même.

J'embrasse la courbe de son cou, ses lèvres. Je me presse contre elle alors que ses bras entourent mon cou, qu'elle m'attire contre elle jusqu'à ce que mon corps s'enflamme d'un désir que je ne peux désormais plus réfréner. Mes doigts glissent le long de ses flancs, je retire le vêtement qui me dérange et je le laisse glisser au sol. Lorsque je reviens contre elle, je me délecte de ses joues roses, de sa timidité qui m'émeut. Mes mains effleurent son ventre, mes lèvres emprisonnent les siennes puis s'en détachent afin d'embrasser la peau de son cou, de son épaule. Mon regard croise le sien à la recherche d'un consentement, d'un accord silencieux, et je descend jusqu'à frôler du bout des lèvres le haut de sa poitrine. Elle est belle quand elle rougit. Elle est belle tout court. Je la laisse faire lorsqu'elle agrippe mon tee-shirt, mais je ne me montre pas très coopératif. Mes lèvres s'abreuvent des siennes et je peine à lui laisser ne serait-ce que deux secondes de répit. J'ai chaud. Je m'écarte un peu afin de retirer le vêtement et je l'abandonne sur le sol de la chambre, capturant de nouveau ses lèvres alors que mon torse se plaque contre sa poitrine, que mon corps épouse le sien. Je sens ses ongles contre ma peau et mon souffle s'accélère. J'ai envie d'elle. Je me redresse complètement alors qu'elle se relève et j'effleure la peau offerte du bout des doigts. Comme un songe, je vois la bretelle de son soutien-gorge qui dérape, l'ombre d'un sein qui se dessine. Je frôle la courbe de ses lèvres avant de laisser ma langue tracer un sillon humide jusqu'au galbe de sa poitrine, jusqu'à ce que le tissu du sous-vêtement fasse barrière.

Je n'ai pas le droit de faire ça et je m'éloigne un peu, j'abandonne la course de mes doigts sur les jambes de la jeune femme pour la repousser un peu et je secoue imperceptiblement la tête, lui intimant de tout arrêter, de me repousser avant qu'il ne soit trop tard. Je n'ai même pas de préservatif. Et c'est peut-être mieux comme ça. La tentation est moins grande. le risque nul. Je ne veux pas me contenter d'un faible risque, je ne veux pas l'exposer à ça. C'est tout.

« Oublie Benny. Juste un instant, pour moi. Embrasse-moi… » « Tara ... » J'en ai envie. Mon corps tremble sous ses doigts alors qu'elle semble me retenir, qu'elle a peur, elle aussi. Mon coeur s'affole et je déglutis malgré moi, je fronce les sourcils et je sens mon corps qui dit oui. Ma tête qui dit non. J'ai envie de l'embrasser jusqu'à ce que mon souffle s'éteigne, mais ces baisers font naître en moi un désir que je ne pourrai jamais assouvir. Je veux davantage et je ne sais pas comment lui dire que je ne peux pas, que ce ne serait pas volontaire, mais que c'est bel et bien le hasard qui décide ? J'effleure ses lèvres et je l'attire contre moi, glisse ma main au sein de ses mèches brunes. « On ne peut pas, Tara. Je n'ai pas ce qu'il faut et j'aurais trop peur de te faire du mal. » Mes doigts la serrent contre moi et je ferme les yeux, encore étourdi de ce moment passé, de cette étreinte charnelle qui s'estompe. À mes yeux, c'est impossible qu'elle puisse glisser au creux de ma main un petit emballage plastique, qu'elle puisse me dire que ce n'est pas grave parce qu'elle en a, elle. Tara représente ce que je ne serai jamais. L'espoir. La douceur. L'avenir. Lentement, je la repousse et je me relève du lit d'un pas maladroit. Je la regarde avec un sourire en coin et je demande : « Je peux te faire des crêpes, si t'as faim. »
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MessageSujet: Re: BENNY&TARA - « even if it's a lie, say it will be alright, and i shall believe »   BENNY&TARA - « even if it's a lie, say it will be alright, and i shall believe » EmptyDim 21 Oct - 18:09

    BENNY – « Tara… »

Le vide m’engouffre, la tristesse dans mon prénom est une déception. Je le fixe encore, plus longtemps. Mais l’étincelle a disparu, la douleur resurgit. J’ai envie de hurler, de m’enfuir en courant. Mais je reste paralysée, parce que rien n’apaisera la lourdeur qui pèse sur ma poitrine. Je reprends mon souffle, son contact si chaud, mais si distant me noue la gorge. Ses lèvres frôlent les miennes dans un adieu solennel, un toucher impersonnel. Tout ou rien. Ses doigts s’osent dans mes cheveux; je me sens comme une enfant que je ne veux plus être. J’écoute mais je ne veux pas entendre, pas savoir, pas comprendre. Ses mots martèlent mon crâne, et je les assimile avec distance. Tout est déjà clair, dénudé de conclusion positive. Pas besoin de mots pour mettre un terme à l’aventure. Pas besoin de paroles pour expliquer les actions qui ne sont plus.

    BENNY – « On ne peut pas, Tara. Je n’ai pas ce qu’il faut et j’aurais trop peur de te faire du mal. »
    TARA – « Oh… »

Des condoms. Je déglutis, à ravaler ma honte, ma rage. La colère gronde en moi, les poings serrés sur mes cuisses repliées. Je n’en ai pas non plus. La pilule, c’est mon moyen contraceptif. Pour les rares occasions où mon caractère et mes ambitions ne font pas fuir les hommes. Pour jamais, pratiquement. Pour les deux partenaires qui ont partagé ma vie sexuelle, mon vécu limité. Ma bouche reste happée en un « o » qui inonde mon esprit. Des larmes me piquent la gorge, les yeux brillants de désastre. Comme une rêve brisé, un souhait déchu. Je fixe son corps qui s’éloigne, qui n’est déjà plus là, plus vraiment. Je lève sur lui des yeux emplis de perplexité.

    BENNY – « Je peux te faire des crêpes, si t’as faim. »

J’ai même pas la force de hocher la tête, d’articuler un « non » fébrile. J’ai pas faim. Pas pour ça. Je replie mes jambes contre ma poitrine à moitié dénudée, l’échine parcourue de frissons qui secouent mon corps de sanglots silencieux. Je ne pleure pas, pas encore. Mais mon cœur est en deuil, à se vider de son sang au creux de ma poitrine. Chaque respiration est pénible, comme une grafigne de l’intérieur, un mal sourd qui me torpille de questionnement et de sensations déplaisantes. Je lève mes yeux vers lui, vers son regard qui me fuit. Je ne le ramènerai pas, il est seul sur sa rive. La mort flottant lourdement sur ses épaules. Mon continent est rassurant, mais le ravin est à distance égale entre nous deux, peu importe la quiétude de la rive. Mon souffle articule malgré moi. Qu’un murmure qui nous fige dans nos distances de protection. Mais on ne se protège pas, on se mutile d’une solitude inhumaine. Lui, plus que moi. Peut-être par culpabilité, un châtiment à ses erreurs fatales.

    TARA – « Tu as déjà, eum, tu sais, depuis que t’as appris? »

Je plisse le front à l’évasion de ma question, à ma timidité d’aborder le sujet, de faire renaître les frissons de bonheur qui électrisaient mon corps sous ses doigts soyeux. Je baisse le regard sur mes mains nouées, sur le malaise de mon intrusion, dans sa vie, dans ses envies. J’voudrais qu’on ait droit à tout ça, aux touchers interdits, aux plaisirs charnels. Que la mort flottante compense par un droit au bonheur éphémère, à la possibilité de voir l’extase au creux de ses iris dépravés, d’être la raison de cette joie momentanée. J’ai envie de retrouver mon cocon et d’abandonner la réalité. Plonger dans le rêve, bien loin. Mais il n’y aura plus d’Adam de vivant au creux de mes songes éveillés, que les mains expérimentées de Benny contre ma poitrine. Et la pensée me fait chanceler. Je me redresse, d’un courage qui propulse les mots hors de ma mâchoire crispée. Des phrases qui se catapultent entre les quatre murs, qui se succèdent sans un silence nécessaire à chaque ponctuation. Parce que c’est maintenant ou jamais, sur mon petit nuage d’assurance qui menace de s’effondrer.

    TARA – « Je sais ce qui te terrorise, parce que moi aussi j’ai peur, okay Benny. Mais je… Tu sais comme moi, que y’a d’autres moyens. Tu te souviens, quand on est allée à la pièce de théâtre de la classe d’Helen, la scène finale; le baiser. Les enfants qui glissaient une feuille de plastique entre leurs lèvres, « parce que s’embrasser c’était trop ew, à leur âge »… Je, j’ai une idée sans risque. Dis-moi seulement, est-ce que tu me fais confiance? »

Ma respiration tremble, avec l’évidence de ma peur qui se décalque dans mon visage perdu. Je replace une mèche de cheveux derrière mon oreille, pour entendre sa réponse derrière mon souffle qui résonne à mes tympans. L’air est lourd, je m’enfonce contre le matelas, les joues écarlates. De tant le désirer, de contourner les règles pour sentir de nouveaux ses lèvres contre mon épiderme brûlant. Et dans le silence qui grandit entre nous, dans le délai qui nous fige dans l’espace, mon cerveau fait naître une idée qui glace le sang dans mes veines. Le mal me contorsionne les tripes, et sans oser le regarder, avec un doute grandissant au creux de mon esprit, je balbutie avec incertitude une énième question. La question primordiale, la question qui déclenchera tout le reste ou me tuera sur place d’un deuil de plus. J’entrouvre les lèvres, la bouche sèche, le palet râpe. Je propulse mon interrogation, ma voix qui hurle presque, une voix si enfantine, tellement craintive. Je flanche, à devoir compter les secondes avant qu’une réponse me plonge d’un côté ou de l’autre. Bonheur ou malheur. Plaisir ou douleur.

    TARA – « Est-ce… est-ce que t’en as envie? »
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