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 maybe we're both just chasing ghosts

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MessageSujet: maybe we're both just chasing ghosts    maybe we're both just chasing ghosts  EmptyMar 19 Nov - 11:24


 
ashleigh l. monaghan & parker h. bernstein
maybe we're both just chasing ghosts

Sale temps pour la famille. Entre mon vieux qui se découvre un cancer du poumon, ma frangine qui se fait virer après avoir couché avec son patron alors que sa femme testait la nouvelle caméra ultra-discrète de la société de surveillance qu'elle dirige, moi qui patauge à un tel point que je suis allé leur rendre visite et que je sais tout ça, voilà que Jay fait des siennes à son tour et se voit forcer d'abandonner la dinde de Thanksgiving pour retrouver la Guinness de la St-Patrick. Je l'avais à peine entrevu, à mon retour sur le sol américain, après la fin de l'été et le désastre mexicain qui l'avait rythmé, et j'avais trop la tête ailleurs et surtout trop besoin de rester dans l'ombre pour vraiment prêter attention aux ennuis qu'il semblait avoir. De toute manière, je ne suis pas certain que se tourner vers moi aurait pu lui apporter autre chose que du pire, d'assombrir un peu plus encore ce qui l'a poussé à m'envoyer un message, alors que je débarquais tout juste en Caroline du Nord – bordel, j'étais vraiment désespéré -, m'informant qu'il quittait Los Angeles et retournait sur la terre d'ivrognes de ses ancêtres et, dans une moindre mesure, des miens, aussi, d'ailleurs. Ce n'était pas pour me réjouir, mais pas pour m'abattre non plus – boire à l'œil parce que le barman est mon cousin était sympa, mais je me débrouillais bien dans la catastrophe qu'était ma vie depuis plus de dix ans, famille ou pas, et puis, lui, au contraire de Derek à qui il ressemblait terriblement, il ne s'était pas fait éclaté la tête par un sombre inconnu du Moyen-Orient. L'affaire était réglée, plus de Jason pour m'abreuver les week-ends… et les jours de semaine, plus non plus pour rouler des yeux face à mes conneries mais me filer un coup de main quand même, et voilà, je ferai avec.
 
L'affaire était réglée, c'était vite dit ;  de retour chez moi, à Santa Monica – ouais, j'étais désespéré, mais je préférais encore aller me dénoncer aux autorités mexicaines pour l'effusion de drogue et de sang restée sans suite du mois d'août et croupir à Santa Marta les vingt prochaines années que de supporter le foyer familial un jour de plus, je n'avais pas eu deux jours à attendre pour qu'un coup de fil me tire du lit à quatorze heures. "Si vous ne venez pas récupérer les affaires de votre ami d'ici la fin de la semaine, je donne le tout pour les sans-abris !" Le temps d'émerger des vappes des excès payants de la veille et de faire accepter à ma pauvre ouïe la voix chevrotante et nasale, j'ai repassé en revue la – brève – liste de mes amis et, après avoir imaginé la possibilité d'avoir à retrouver l'horrible MST qui braille et bave qui doit traîner quelque part chez Jackson, j'en suis arrivé à la conclusion que, si je ne me bougeais rapidement le train, une vague de clochards en vestes de cuir et pantalons de motard allait bientôt frapper L.A. Une douche, la fin d'un paquet de clopes et une bonne trotte plus tard, à défaut de retrouver où j'ai bien pu garer ma caisse, je débarquais déjà devant l'immeuble de mon cousin. Grimpant les quatre marches qui me mèneront à la porte d'entrée, je vois les rideaux du plain-pied de la vieille propriétaire trembler et le temps que j'entre dans le hall, elle est déjà debout là, sur ses deux pieds de troll emmitouflés dans ses chaussons qui l'ont mené là étonnamment vite, comme si cela avait paru évident que je viendrais sur-le-champ.  Je préfère ne pas briser son impression flatteuse qu'elle m'a mis la pression et m'a effrayé de sa voix faiblichonne et file directement à l'étage, un bonjour à moitié mâché plus tard, histoire de ne pas avoir à supporter son haleine de vieille plus que de raison, même si la vérité est ailleurs : mon escapade estivale m'a coûté non seulement Cody – je serre ma main sur la clé attrapée à la volée – mais aussi un bon paquet de contrats et de la patience de ceux qui me les faisaient encore signer, avant, si bien que je me retrouvais avec seulement deux ou trois shootings pour les prochains mois, et aujourd'hui,  je préférais encore venir nettoyer le bordel que Jason a laissé derrière lui que d'avoir à commencer à retoucher les ignobles mannequins qu'on m'a foutu dans les pattes.
 
 
Je n'ai pas encore eu le temps de trouver la moindre photo d'une brune en tenue d'Ève - Ève, la furie du strip-club sur Hollywood, qu'on ne se méprène pas - planquée sous le lit ou réserve de bières secrètes sous une des lattes du plancher de la remise que j'entends déjà la porte de l'appartement se rouvrir. Elle grince, presque autant que le vieux tas d'os que la propriétaire a apparemment décidé de faire grimper les escaliers pour le ramener ici, histoire d'être pénible jusqu'au bout dans son délire d'autoritarisme. Lâchant un soupir et la bouffée de la clope coincée entre mes lèvres qui l'accompagne, je n'y jette pas même un regard, qui, de toute manière, m'aurait forcé à sortir de la pièce où je viens d'ouvrir la porte de la grande armoire à glace qui s'y trouve, relique de l'alimentation basée exclusivement sur du surgelés de Jason, commune à n'importe quel type qui vit seul. Coup de bol, s'il n'a pas vidé son tiroir des chaussettes que je n'ai préféré ne pas toucher, me rappellant qu'il traversait une phase de célibat aux dernières nouvelles et que je n'ai pas trouvé le moindre numéro d'une des pouffes que j'ai bien pu lui envoyer sur son frigidaire, il a en revanche pris la peine de liquider ses plats pré-cuits tout seul, puisque l'appareil s'avère vide. Arrachant la cigarette de mes lèvres pour y laisser un sourire amer s'y former, impulsif, j'élève ma voix un instant plus tard, alors que je n'entends pas les pantoufles de l'autre râcler le sol comme je m'y attendais.  « Au lieu d'me surveiller, pourriez pas venir m'aider ? J'arriverai pas à désencaster  votre clébard du congélo tout seul. » Son clébard, l'horrible roquet disparu quelques mois plus tôt, un beau matin de mars, alors qu'elle l'avait  juste laissé sortir faire son affaire et que je m'affairais à changer le poste de mon autoradio sur le compte-rendu du match des Dodgers de la veille. Comment je le sais ? Encore une histoire que je laisserai dans l'ombre.
 


Dernière édition par Parker H. Bernstein le Mer 20 Nov - 12:31, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: maybe we're both just chasing ghosts    maybe we're both just chasing ghosts  EmptyMer 20 Nov - 0:00


Parker & Ashleigh
maybe we're both just chasing ghosts
Les yeux perdus sur le rivage, je tentais vainement de faire abstraction du bruit qui m'entourait. J'aurais préféré de loin profiter du son des vagues s'échouant sur le sable et s'écrasant sur les rochers. Mais au lieu de ça j'avais le plaisir d'entendre des gamins chahuter ou encore cette greluche s'extasier dans les bras de son homme devant la beauté du paysage, de leur chance d'en profiter et à tirer des plans sur la comète quant à leur avenir. Connasse. Ouais, bon, j'étais jalouse. Mais juste parce qu'elle avait quelqu'un et certainement pas à cause du morceau qu'elle se payait. Ce type avait l'air d'avoir été bercé trop près du mur avec cette bouche ouverte, et surtout il ne nous rendait par service en laissant sa nana dire autant de niaiseries. Ce qui montrait que soit elle portait la culotte, soit il faisait partie de la catégorie des romantiques. Dans les deux cas ça me filait la gerbe. Non pas que je dise qu'il me fallait un parfait connard masochiste, non, juste un mec capable de me tenir tête. Ce que je pensais avoir trouvé.

Je lançais un regard noir à mon portable posé sur le sable devant moi. Depuis quelques jours j'étais presque parvenue à passer à autre chose, à tirer un trait sur Jay. Ou du moins à ne pas être assaillie par cette sensation d'étouffement qui m'avait prise à la gorge lorsque j'avais compris qu'il était parti. D'accord on s'était une nouvelle fois pris le bec, mais de là à quitter L.A., c'était exagéré non ? Surtout qu'il n'avait pas eu le cran de me l'annoncer en face. Non, je l'avais su par un foutu texto où il s'était contenté de me dire qu'il m'attirerait des ennuis s'il restait plus longtemps et que c'était mieux pour tout le monde et blablabla. Et voilà que quelques semaines plus tard on me remet au pied du mur. Mathilda... ? Margarita ? Tequila ? Peu importe son prénom je n'ai jamais été foutu de le retenir. Enfin bref, l'emmerdeuse et ô combien odorante propriétaire de Jay demandait à ce qu'on débarrasse les affaires de l'irlandais de l'appartement. Plaquée et conviée à faire le ménage, si ce n'était pas beau ça !

C'était suite à cet appel que j'avais quitté mon appartement pour me précipité à la plage. Un besoin d'air pressant. Puis je m'étais lancée dans une petite introspection, assise dans le sable. Je perdais le contrôle de ma vie depuis un moment maintenant, je me laissais submerger par mes émotions. Je me montrais plus agressive que d'ordinaire, ce qui n'était pas peu dire. Si bien que mon patron avait du surenchérir dans les sanctions, et désormais j'étais mise à pied pour une semaine. Toute une semaine loin du bureau. S'il fut un temps où cela m'aurait réjoui, ce n'était plus le cas. Mon travail était la seule chose qui me permettait de me lever le matin. Bien que j'avais perdu toute foi en mon job, je restais douée pour ça à défaut de l'être pour les relations de couple. Et voilà qu'on m'en avait privé – temporairement. Il était temps que je me ressaisisse. En parlant de ça... Je n'allais pas être une de ces ex revanchardes qui ne vit que pour pourrir l'autre.

Je me levai, ramassai mes affaires, remis mes sandales – hey, vacances forcées, mais vacances tout de même – et regagnai mon home sweet home. Là je pris un sac-à-dos, aussi appelé ''kit post-rupture'' que mon frangin m'avait concocté – ouais je sais, c'est un amour quand il le veut bien – et que j'avais refusé d'ouvrir jusque là, m'étant préparé au pire venant de lui (compil' de chansons pleurnichardes, guimauve,...?). S'il y avait un bon moment pour découvrir ce qu'il contenait, ce serait sûrement aujourd'hui. Je descendis ensuite jusqu'à ma voiture et fus soulagée de constater que non, je n'avais pas trouvé le temps ni le courage d'aller jeter les cartons vides qui m'avaient servi pour mon déménagement il y avait peu de temps. Je pris alors la direction de l'appartement où j'avais passé tant de nuits, le cœur lourd.

La distance ne fut pas longue à parcourir, à la base ce n'était pas pour rien que j'avais choisi ce coin-là de Los Angeles. Bon, il y avait ça et le Barking. Quoi de mieux que d'aller passer sa soirée dans un bar tout en sachant qu'on pouvait parfaitement rentrer à pieds ? Le coin n'était pas sûr la nuit, il avait même mauvaise réputation, mais saoule j'étais encore plus intrépide qu'à l'accoutumée. Moins d'un miles plus loin et j'étais arrivée à destination. Je restai un moment sur le trottoir et toisai l'immeuble. Pour une fois que je n'étais pas ravie de me trouver là... Chargée de mes sacs et de quelques cartons, je gravis les marches et parvins devant la porte de la proprio. Alors que je m'apprêtai à sonner, la porte s'ouvrit à la volée. Putain mais c'est qu'elle me guettait?! Le regard étréci, elle me détailla de la tête aux pieds. « Vous. » Un court silence s'installa. Je n'étais pas spécialement heureuse de la voir non plus. « L'autre type y est déjà. Le brun malpoli. » Et elle me ferma sa porte au nez.

« Morue. »

Je m'éloignai, sentant ses yeux de taupes dans mon dos. Du peu que je la connaissais, elle devait être collée à son judas. Nonobstant, la vieille avait attisé ma curiosité. Quelqu'un d'autre m'avait devancé. Sourcils froncés, je pénétrais dans l'appartement. Peu importait où je posais mon regard, des souvenirs remontaient à la surface. Des bons, ce qui rendait la chose plus brutale. Les choses n'avaient pas vraiment changé de place depuis mon dernier passage, pourtant l'endroit en lui-même semblait différent. Vide sans l'être réellement. Je sentis une odeur de cigarette et perçu du bruit en provenance de la cuisine où je me dirigeai. Qu'elle ne fut pas ma surprise en tombant sur lui. Je n'avais nul besoin de voir son visage pour le reconnaître, sa dégaine le trahissait. J'arquai un sourcil.

« Et comment Fluffy aurait atterri dans le frigo au juste ? » Je posai mon attirail dans un coin de la pièce et allai m'accouder à ce qui se rapprochait d'un îlot de cuisine. « Il n'y aurait pas une bière coincée sous sa carcasse ? »

Poussez moi dans l'appart' d'un irlandais et je vous réclamerais du houblon sur le champ. J'évaluai le travail qui nous attendait. Le bon côté avec Jay, c'est qu'il avait toujours été minimaliste côté déco, ce serait toujours ça de moins à embarquer. Je reportais mon attention sur Parker, tout de même un peu surprise. Qui aurait pu croire qu'il était du genre à rendre service alors qu'il devait lui rester un bon pourcentage de la population féminine de Los Angeles à explorer.
Oh!Darling
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MessageSujet: Re: maybe we're both just chasing ghosts    maybe we're both just chasing ghosts  EmptyJeu 28 Nov - 12:37


 
ashleigh l. monaghan & parker h. bernstein
maybe we're both just chasing ghosts

 
Le fait de me ramener ici dans l'idée de venir empaqueter ce que mon Raiponce de cousin avait laissé derrière, dans la précipitation, avait le mérite de soulever plusieurs questions à mon esprit. Et si c'était à moi que ça arrivait ? Si je devais déguerpir en vitesse, un de ces jours, pour une raison ou une autre - faut dire que ma palette de justification est passablement large - et que je laissais mon appartement tel quel, qui viendrait s'en occuper ? Je n'avais pas de numéro de téléphone griffonné sur un post-it collé au frigo, moi, je n'avais même pas de frigo digne de ce nom, pour dire. Pas que je m'inquiète du devenir de mes affaires personnelles si je ne pouvais m'en charger ; les seules choses auxquelles j'accordais vraiment de l'importance tenaient aisément dans mes poches, et, d'ailleurs, ne les quittaient pratiquement jamais. Mes papiers, même si le nom sous lequel je me présentais peut-être un peu trop souvent en différait; deux ou trois souvenirs, une photo pliée en quatre, la plaque militaire de mon stupide frangin, un film qui date d'il y a quelques années en arrière, l'époque des favelas et de… merde, c'était quoi déjà, son nom, à elle ? mais que je n'ai encore jamais pris le temps de développer, que, de toute manière, trop allergique au sentimentalisme, je n'oserais pas laisser à vue de qui que ce soit. Non, ce qui me posait vraiment problème, c'était l'hypothèse qu'un parfait inconnu se voit affubler de la tâche de vider mon appartement et qu'il y trouve quelque chose, dont j'ignore la nature, mais qui, j'en suis certain, ne serait pas forcément tout à mon honneur. Je n'étais pas assez con pour avoir l'idée de laisser traîner des trucs compromettants sur la table de mon salon; par contre, j'étais souvent bien assez bourré pour aller les cacher dans un coin, derrière un meuble, sous un  tapis et ne plus en avoir l'ombre d'un souvenir le lendemain, et comme je n'ai pas la crinière d'un Mister Clean et la tronche de la Fée du Logis, allez savoir ce qui peut bien y traîner depuis des années.
 
Je me fais tiré de mes songes de pauvre petit gars qui n'aura jamais quelqu'un pour nettoyer son bordel derrière lui – ou qui n'aura jamais personne tout court, aussi – par l'autre fossile qui débarque pour assouvir ses pulsions de contrôle sur moi. Je m'étonnais déjà qu'elle ne soit pas aussi grinçante que je me l'imaginais, n'entendant pas ses pattes cagneuses boiter lourdement sur le parquet, quand sa voix s'élève, en réponse à la mienne, et non pas sur son ton outré de vieille aigrie qui n'a jamais connu d'autre amour que celui de son cabot malodorant tel que je le fantasmais déjà. Le temps que je me retourne pour voir quel bijou de  technologie d'électropharinx lui confère une voix autant agréable qu'inadaptée à sa face de rat qui connaît bien les roues d'un trois tonnes cinq, elle se fait entendre, à nouveau, et c'est en fait la blonde de mon cousin que je découvre mendier pour une autre blonde. Un regard de bas en haut et un sourire prononcé plus tard, laissant la réflexion que, subir ses pulsions à elle, j'aurais rien contre, faire son bonhomme de chemin dans ma tête, je fais mine de reporter mon attention sur le frigidaire. « Vaut mieux pas que tu saches, t'as sûrement dû piocher de la bouffe là-dedans et t'as peut-être l'estomac un brin trop délicat. Puis bon, j'ai pas envie de me faire foutre en taule pour un roquet inattentif… Je marque une pause, lâche un sourire et reprends, plus discrètement.  … Les menottes, je dis pas. »Un dernier regard sur le néant de l'armoire à glace, j'en referme la porte et m'y adosse, les yeux à nouveau rivés sur Ashleigh, décidant que le quota ironique de la réponse à sa première question a atteint son point limite. « Pas de bière au radar à première vue, non, désolé. Mais bon, connaissant l'artiste, il doit bien avoir planqué un back-up de ses précieuses mousseuses quelque part. » J'approche de l'îlot pour écraser ma clope dans le cendrier abandonné-là – merde, l'enflure, je me souviens que c'est moi qui l'avais fauché pour son dernier Noël sur le shooting Harley Davidson – et je repars dans mon analyse des lieux, sans plus accorder d'attention à la flic un brin trop vêtue à mon goût.
 
Faut dire qu'en verbalisant son envie de houblon, elle avait ravivé un peu plus encore la mienne, et puis, ce n'était pas franchement surprenant que la proprio l'ait aussi rameutée. Pas trop logique de la part de la vieille de nous faire venir tous les deux, mais bon, ses deux neurones ont dû palpiter un peu trop quand elle a dû monter ici pour constater que les lieux étaient loin d'être prêts à se voir rebailer. Et puis, maintenant que j'ai déjà fait l'effort de quitter mes catacombes et me ramener ici, je ne vais pas rebrousser chemin et un brin d'aide ne sera pas de refus, surtout si elle se présente moulée autour d'un morceau de gonzesse qui a le mérite de faire remonter un souvenir ou deux pas trop désagréables à mon esprit… Sauf que mes yeux butent sur les paquetages entreposés dans un coin de la cuisine, nouveaux venus, et que j'ai vite fait de froisser la mine que je laisse virevolter à nouveau vers elle.  « T'étais pas obligée de ramener encore plus de bordel qu'il y en a déjà ! » Ton claquant, mais pas trop non plus, plutôt teinté de lassitude que d'un agacement pur et dur. En fin de compte, ce n'était pas sa décision de se voir fourrée d'œstrogènes à la con qui lui donnent envie d'endosser le tablier de Conchita et de se ramener avec un attirail de plumeaux à la première occasion qu'on lui tend. Lâchant un semblant de soupir, je laisse mes prunelles s'échapper une fois de plus tandis que je continue sur ma lancée, un brin plus mesuré. « Il a dû embarquer tout ce à quoi il tenait la moindre, le reste se suffira d'un sac en plastique, tu dois bien le savoir. » Ouais, bon, je sous-entends peut-être grassement que tous ceux qu'il a laissés derrière lui n'ont pas tant d'importance que ça à ses yeux non plus et la vise donc de plein fouet, mais bon, ce n'est qu'après coup que je m'en rends compte, involontaire, et comme je suis déjà sur le chemin d'une inspection express de tout l'attirail posé là, je ne prends pas la peine de foutre du coton là dedans pour son pauvre petit amour propre de laissée-pour-compte – est-ce que j'en aurais seulement eu l'intention ? Destination rejointe, je laisse traîner un regard circonspect sur les quelques cartons qui se courent après – bon, peut-être qu'elle n'est pas aussi stupide que ses semblables, finalement, c'est vrai que ça sera plus pratique à transporter – et m'arrête sur le sac posé à côté. Un tâtement du pied qui m'indique qu'il est bien rempli plus tard, je m'en saisis, sans plus de cérémonie, tout juste un "tu permets" grossièrement grommelé et parfaitement rhétorique puisque j'ai déjà le nez fourré dedans quand il s'échappe de mes lèvres. Terrible bookmaker que j'aurais fait, j'ouvre les paris; des gants à frous-frous roses, trois flacons de sent-bon, de l'eau de javel spéciale mains délicates, de l'anti-moisissures, mouches, mites, rats, cafards parfum colchique des prés sous le soleil couchant de la Californie des années folles ? Raté. Mais c'est un mal pour un bien; un sourire en coin qui se glisse sur mes lèvres et un sourcil qui se hausse, je relève la tête vers la jeune femme et extirpe une jolie petite bouteille qui fleure bon le Mexique de son sac. « Tradition galloise ? » Posant le Saint Graal sur la surface de l'îlot dont je me suis approché à nouveau, un brin naïf – hé, paraît qu'on ne touche pas au sac d'une demoiselle, chenapan que je suis – sans prendre la peine de me soucier du fait qu'elle pourrait la réserver pour une autre occasion, je continue d'inspecter le contenu du sac, un brin plus suspicieux quand je constate que la trouvaille suivante s'avère être une énorme boîte de mouchoirs. Tiens, vraiment galloise, la tradition, ou juste celle d'une pleurnicharde sur le point de se révéler ?
 
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MessageSujet: Re: maybe we're both just chasing ghosts    maybe we're both just chasing ghosts  EmptySam 30 Nov - 0:37


Parker & Ashleigh
maybe we're both just chasing ghosts

Bernstein qui se préoccupait de ma petite personne ? J'affichais un court instant une mine perplexe pour vite me raviser. Il devait plutôt avoir peur que mon repas de midi ne se répande sur ses godasses.

« Quand j'étais gamine, Dek' me faisait parfois à manger... » Un savant mélange de... en fait je n'ai jamais tenu à le savoir. Le goût en disait long. Beaucoup d'épice pour masquer l'arrière goût de brûlé. « Crois-moi. Ça te forge le caractère et blinde ton estomac. » Ce qui pouvait expliquer pourquoi je pouvais supporter sans trop broncher les cocktails explosifs de fin de soirée, aussi surnommé cercueil, composés de fins de bouteilles. « Et aux dernières nouvelles on ne coffre pas encore les gens pour un chien, peu importe la tune que le proprio a dépensé à l'animalerie. » Les prisons étaient suffisamment pleine à craquer comme ça. « Mais, si tu ne te montres pas très coopératif aujourd'hui, ça peut toujours se faire pour les menottes. »

Ouais, bon, je sais. Ce n'était pas spécialement une bonne idée de jouer le jeu des sous-entendus salaces avec lui, dans l'appartement de son cousin qui n'était autre que mon ex. Mais hey, au cours des dernières années c'était quasiment le seul genre d'échange verbal qu'on avait. Comme s'il avait pris un malin plaisir à essayer de me déstabiliser sous les yeux de Jay. Cependant ce n'était jamais allé trop loin de par la présence de l'irlandais ronchon. Pour ma part cela m'avait fait rire plus qu'autre chose – que voulez-vous, il paraît que je ne suis pas normale – car après tout ce n'était pas comme si, en découvrant qu'ils étaient de la même famille, j'avais caché à Jay cette partie de ma vie où je m'étais laissée aller à mes pulsions les plus lubriques avec Parker. Par contre, je devais admettre que le fait de me retrouver seule dans la même pièce que lui me mettait un brin mal à l'aise. Ce n'était pas arrivé depuis... depuis qu'on avait arrêter notre échange de bon procédé. Je ne voyais pas comment appeler cela autrement. Et le simple fait d'y réfléchir me ramenait en mémoire des images qui auraient fait rougir plus d'un mais qui aurait surtout fait sortir mon protecteur de grand-frère de ses gonds (d'ailleurs cela restait un sujet de conversation sensible, surtout depuis qu'il connaissait le phénomène).
Une planque de bières ? Il n'y avait pas à dire, jamais je n'arriverais à comprendre les mecs. Était-ce aussi en cas de chasse que mon abruti de frangin laissait traîner des restes de pizza dans sa chambre ? Une sorte d'instinct primitif et animal de conservation qui les pousseraient à enfreindre les règles d'hygiène... Brrr ! Mes yeux se baladèrent le long des placards de la cuisine lorsqu'il confirma mes pires craintes.

« T'as regardé sous l'évier ? »

Non. Mon foie ne réclamait pas le moins du monde du boulot. Ce n'était qu'une illusion, qu'une machination diabolique de mon esprit pour tenter de noyer ses sombres pensées et de supporter ce qui m'attendait dans les méandres d'une brune corsée. Ou d'une blonde pétillante. Je ne comptais pas faire ma difficile. Et le voilà qui râlait. Magnifique ! Comme si ce n'était pas déjà suffisamment pénible de devoir remettre les pieds ici pour faire le sale boulot, il allait me falloir subir sa mauvaise humeur ? Toute gêne mal placée disparut aussitôt, laissant place à un visage fermé accompagné d'un ton sec et cinglant.

« Si t'es pas content, je serais ravie de te laisser te démerder tout seul. »

Cela me donnerait qui plus est une bonne excuse pour me barrer, je pourrais toujours chouiner comme quoi j'avais eu de bonnes intentions que le photographe avait sapé. Ma parole contre la sienne, je gagnerais à coup sur. Cependant ce serait lâche. Et même si Jay avait tiré un trait sur un ''nous'' plus qu'envisageable sans en affronter les conséquences, je ne laisserais pas la vioque faire main-basse sur ce qui pourrait avoir un tant soit peu de valeur ici, ni Parker l'affronter seule. Parce qu'elle viendra. A un moment ou à un autre, machin pointera le bout de son nez, avec sa foutue curiosité malsaine, et qui sait comment il l'accueillera. Faudrait pas qu'elle termine dans le frigo déchargé de Fluffy. Et comme s'il voulait vraiment que je débarrasse le plancher, voilà qu'il laisser entendre que je ne valais rien avant de s'autoriser à fouiller dans mes affaires. Je le regardais, médusée, hésitant entre me lever et lui foutre un bon coup à l'entre-jambe ou simplement partir avec dignité. Mouais, la dernière solution était peu probable me connaissant. Nonobstant, avant que mon cerveau n'ait eu le temps de trancher, il sortait déjà une trouvaille du mystérieux sac. Cette bouteille permettait de nouvelles perspectives embuées d'alcool. Juste ce que j'espérais et ce qui coupait court à toute envie de meurtre.

« Tradition Deklanesque plutôt. »

J'écarquillais les yeux en voyant la seconde découverte. Whaaat?! Autant la tequila je pouvais comprendre. Mais les mouchoirs... Était-ce sa manière de me faire comprendre que j'étais une foutue pleurnicharde ? J'étais pourtant la moins sensible des Monaghan ! A tel point que notre chère mère m'avait un jour balancé à la gueule que j'avais un cœur de pierre, tout ça parce que je ne m'étais pas apitoyée sur le sort de notre voisine lorsque son mari l'avait quitté – et au passage c'était bien mérité pour cette grosse vache tyrannique. Et là, sortant de nulle part, j'eus une autre idée de l'utilité qu'en avait mon frère après rupture. J'eus l'envie de me remplir le crâne de Javel pour me sortir cette image horrible de la tête. C'était comme de s'imaginer ses parents nus passant à l'acte. Yeurk ! Je filais mettre mon nez à mon tour dans ce sac, craignant le pire quant à ce qu'il contenait. Au fond, un bref éclat attira mon regard. Je plongeais ma main et sortis l'objet à la lumière du jour. Un vieil étui à cigarettes cabossé que Dek' avait gagné dans une fête foraine. Je me mordis la lèvre. Je savais très bien ce qu'il contenait. Je savais que ça m'était interdit, les tests de dépistages étant assez courant au boulot... mais ça faisait tellement longtemps que je m'en privais et que je lorgnais dessus en soirée. Je glissais l’étui dans la poche arrière de mon pantalon, décidant de reporter ce conflit intérieur à plus tard. Je jetais un nouveau coup d’œil au contenu du sac, mais rien d'autre ne m'interpella, il n'y avait rien de vraiment compromettant.

« Bon, on ne va pas y passer l'après midi. » J'allais prendre deux cartons que je posais à côté de la bouteille. « Jay t'as donné des consignes ou pas ? » Je dardais innocemment mes prunelles dans les siennes. Une façon détournée comme une autre d'apprendre si oui ou non ils étaient toujours en contact. « Est-ce qu'on entrepose quelque part ou est-ce qu'on vend le tout pour lui envoyer ensuite l'argent ? »

Je faisais de mon mieux pour qu'aucun ressentiment ne transperce dans mes mots. Nerveusement je glissais ma main dans la poche contenant mon paquet de clope – et non dans l'autre, je résisterais ! – ,en pris une et l'allumais avant d'en tirer une longue taffe. Coinçant l'instrument fétiche du cancer du poumon entre mes dents, je m'attachais les cheveux de mes mains libres avant de replonger mes yeux dans les siens attendant qu'il me réponde.

Oh!Darling
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MessageSujet: Re: maybe we're both just chasing ghosts    maybe we're both just chasing ghosts  EmptyDim 1 Déc - 1:58


 
ashleigh l. monaghan & parker h. bernstein
maybe we're both just chasing ghosts

Les menottes, les menottes. Elle m'a entendu, mieux, elle pioche judicieusement les termes dans son champs lexical de flicarde et mes lèvres s'alignent à quelques degrés de plus. Une amorce de joute verbale. Tiens, la dernière commençait à dater. Je n'y réponds rien. Je n'ai rien à y répondre. Ce n'était qu'un échange de mots, comme d'autres parleraient météo, avec un petit rien tatillon, provocateur en plus. Tout dans la suggestion, même si les sourcils faisaient vite pour se hausser, quand une oreille encore dans la découverte s'avérait traîner dans le coin. Il suffisait qu'elle revienne une fois, deux fois, et puis, elle se lassait, ne le remarquait même plus. Faut dire qu'on faisait dans le subtil, même si le mot est grand, un verre de trop dans le nez. Les échanges restaient futiles, en tout cas. Sans importance. Sans vocation réelle, sinon celui d'échanger deux mots, zeste de politesse, question de paraître un brin conscient de l'existence de l'autre en présence de ceux qui pouvaient nous relier - Jay, entre autre. Même si c'était fait en commentant les aptitudes de l'autre à optimiser l'espace d'une banquette arrière ou à se resaper fissa à l'approche des pas lourds d'un videur suspicieux, le tout bien plus enjolivé que ça. De quoi on aurait bien pu causer, hé ? Elle m'avait fait passer du bon temps pour autre chose que ses connaissances en cumulonimbus, et j'osais croire en la réciproque, alors, je ne me voyais pas faire semblant du contraire et prétendre que je ne me suis jamais intéressé à autre chose que ses miches. Et puis, si Jason avait seulement voulu un jour me le reprocher, ben, merde. Il n'avait qu'à jeter son dévolu ailleurs, là où je n'étais pas encore allé, sur qui je n'étais pas encore allé. D'accord, les chances de se planter n'étaient pas négligeables, mais il devait bien rester encore deux ou trois fraîches inconnues, vierges de mes mains et mes pulsions de l'époque, un brin trop dévorantes - d'accord, rayez le "de l'époque".

Donc, non, je n'y réponds rien. Je laisse refléter un sourire, à peine, et puis, il disparaît et mes pensées sont déjà ailleurs. Mon regard aussi. Les bières. Ces foutus bières. Elle m'aiguille vers l'évier, mais c'est une mauvaise pioche, j'ai déjà vérifié. Non, pas l'ombre d'un goulot à couvrir d'amour, définitivement. La planque de Jason se l'était jouée besace de Mary Poppins tellement de fois, pourtant. En rade de clopes, de capotes, d'adoucissant pour mon linge délicat, suffisait que je me ramène ici, la bouche en coeur, pour que l'Irlandais m'ouvre la porte, ronchonne, vise un tiroir et en sorte de quoi combler ma requête et lui filer le sésame pour retourner se coucher, me laissant à mes conneries, rarement diurnes. Je m'étais fichu de sa gueule tellement de fois, aussi. Passant en revue tous les sobriquets que ma cervelle crâmée par trop de choses pouvait bien lui trouver. Bree, la rousse de Wysteria Lane, 'voyez ? Celui-là, il l'avait moyennement apprécié, allez savoir pourquoi. Pour une fois que je piochais une parfaite petite femme au foyer dans une série tout public  plutôt que dans le dernier gonzo fraîchement livré par la vallée de San Fernando ! Fallait qu'il trouve le moyen pour me péter une durite là-dessus quand même, l'ingrat. Et je n'ai jamais eu la raison. Je n'ai jamais cherché à la connaître, faut dire. J'ai supposé que c'était le trop plein, de tout ce qu'il accumulait, de tout ce qu'il me laissait passer, d'habitude, bonne âme qu'il était. Ou alors, qu'il avait juste mal pris la teinte de la crinière, tiens, mais c'était moins plausible. Vu d'où venait la souche de ce côté-là de la famille, une intolérance à l'orange criard aurait été bien trop handicapante. Et puis, il me connaissait un brin, et même si je mettais ma main à couper qu'il aurait tout fait pour s'y soustraire, il était bien forcé d'avoir une vue générale sur mes introspections sur le marché des greluches, alors, il l'aurait pris comme un compliment. Les rouquemottes, c'était loin de me déplaire. Rien qu'à analyser les cinq dernières années de ma chienne de vie, les statistiques faisaient foi. Des plus marquantes, il y avait eu Lou, évidemment - cette tarée s'était volatisée, tiens, maintenant que j'y pense - qu'il avait eu le loisir de voir collée à mes baskets, un brin trop longtemps... Et puis Jo, dans la même foulée, qui- merde. Terrain miné. Jo, le Mexique. Et Cody.   

Je m'empresse de faire valdinguer mes pensées ailleurs, n'importe où, sur n'importe quoi, et c'est sur les affaires de la galloise que mes prunelles se plantent, voilées, perdues. Ni une, ni deux, ma remarque agacée s'élève dans les airs et la réplique de la blonde ne tarde pas plus pour venir la frapper. « Vu ton attirail de compétition, j'suis pas sûr que tu vois vraiment ça comme la corvée à laquelle moi, je m'attends. Alors, j'voudrais pas te siffler ce plaisir.  » Je n'attends pas qu'elle me foute sur le peloton d'exécution pour me fusiller de deux ou trois paroles acerbes, j'ai déjà viré sur le sac et la bouteille que j'en sors, l'air de rien. Histoire qu'elle se trouve un autre motif pour s'énerver contre moi que celui de ma simple présence. Je fiche un sourire sur tout ça, bien qu'un brin honnête, au fond, parce que, ouais, elle se trimballe quand même une bouteille de jus d'agaves au beau milieu de l'après-midi. Je tente le coup avec l'exotisme de ses origines, elle me corrige avec l'alias de son frangin. Ah, celui-là. Je me rappelais épisodiquement de son existence, et avec Jay parti et Jacks en train de pouponner sa fissure de capote, je ne crois pas qu'on ira vers le beau. Trop con. Je me console en songeant que je pourrai finalement lui balancer à la tronche un truc ou deux sur sa charmante petite sœur, tiens, alors que celle-ci s'est approchée et fourre à son tour son nez dans son sac, visiblement dans la découverte, et que je ne peux que laisser courir mon regard sur elle, maintenant que le sien n'est plus en train de me scruter. Ça pourrait être marrant, qui sait ? enfin, pour ça, faudrait déjà que je sorte de ma tanière, déjà, pour d'autres raisons que pour venir nettoyer ce foutu bordel.

Ce bordel, voilà qu'elle rebondit dessus, alors que j'avais à peine commencé à lorgner sur ce morceau de blonde qui me laissait une drôle d'impression de déjà-vu et d'inédit à la fois, affairée à planquer un je ne sais quoi dans sa poche - je n'y prête pas attention, faut avouer que mon esprit n'a jamais été trop vif ou important quand elle était dans les parages. Le temps que je fasse vriller mes yeux à hauteur des siens, elle est déjà partie puis revenue avec deux des cartons, qui finissent posés à côté de la bouteille. Je ravale un soupir. Bon. J'avais oublié à quel point les gens normaux pouvaient être chiants, mais je me résigne. Vivre en marge des moeurs les plus basiques, ces derniers mois, avait pu être trippant, je ne peux dire le contraire, mais je dois aussi reconnaître que la chute, au final, était rude. Alors, autant la jouer tranquille, maintenant, et me plier au plan d'Ashleigh, une fois n'est pas coutume. Plan qu'elle n'a pas. Je hausse un sourcil en le constatant, remonte mon regard et croise le sien lorsqu'elle me demande si son cher petit Ken m'a laissé des consignes.  Vraiment ? Je ne mets trois plombes à comprendre que son ton, qui se veut détaché, ne l'est pas tant que ça. Oh, pauvre flicaille. Forcée de me quémander des nouvelles de son joli, gentil petit blondinet, à moi ? C'en devenait presque poignant. Je pose ma main sur un des cartons, tranquillement, dévisageant la jeune femme comme si je cherchais à analyser sa situation. En vrai, je veux juste voir si son air implacable a une faille, quelque part, ou si elle n'est pas si perturbée que ça, malgré tout. La clope qu'elle glisse à ses lèvres me fait sourire, doucement, sourire que je tourne vers le sol, tâchant de le rendre discret. J'allais la jouer sympa, sur ce coup. « À quoi ça servirait, qu'on aille entreposer son merdier ailleurs ? » Ou peut-être bien que non, en fait. « C'est pas comme s'il allait seulement revenir un jour... Il ne t'a rien dit ? » Je redresse les yeux vers elle, électriques, souris, distinctement, puis me saisis d'un de ces cartons et me tire direction le salon. « On vend. » Je dis ça, mais je n'en sais pas vraiment plus; je me plais pourtant à le lui faire croire. Jason ne semblait pas vraiment avoir ses affaires à la tête de ses priorités, les quelques fois où nous avions échangés deux mots, depuis son retour au bercail, aussi, j'assumais qu'il se fichait bien de ces deux chaises et quatre coussins qui se courent après. Le seuil de la cuisine à peine passé, ma voix laisse tomber ses connotations claquantes, comme si de rien n'était, comme si je ne venais pas de faire de mon mieux pour me montrer... Naturel, en soulignant l'estime visiblement bien faible que pouvait lui porter mon cousin. « Tu crois qu'on peut foutre tout ce qu'on trouvera dans un méga-lot sur eBay ? » J'attrape un bouquin, abandonné là, sur la commode - merde, il déconnait pas, alors, quand il disait étudier, le bougre ? - et me laisse déjà m'écraser sur le canapé du salon, comme si de rien n'était. « J'ai déjà un peu la flemme, alors, si en plus faudra, genre, libeller chacune de ses différentes sextapes une à une... »

 
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MessageSujet: Re: maybe we're both just chasing ghosts    maybe we're both just chasing ghosts  EmptyLun 2 Déc - 2:38


Parker & Ashleigh
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Il ne reviendrait pas... Je ne relevai pas cette pique verbale et me contentai de soutenir son regard. Parce que ça lui ferait bien trop plaisir. Et parce que cela me semblait inutile de répondre. Tous savaient que Jay et moi avions des soucis côté communication, d'où nos engueulades à répétition et notre séparation. Je n'avais toujours pas saisi le vrai problème qui se cachait derrière. Il avait fait le premier pas, m'avait fait renoncer à mon ''vœu de célibat'' pour au final garder notre liaison secrète et, sous prétexte que sa vie était bordélique et qu'il avait une toxico qui ne le lâchait pas, il s'était attendu à ce que j'accepte la situation sans broncher. Ça m'avait profondément gonflé et je ne m'étais pas gênée pour le lui faire savoir. Son ex ? Je pouvais la gérer, je l'avais d'ailleurs gérée avec mes poings. Quant à son passé... On avait tous des cadavres dans les placards. Alors non, je ne m'étais pas laissée faire, et non, je ne le regrettais pas. D'une certaine façon, cela prouvait simplement que ça n'aurait pas collé avec mon motard. J'aurais juste préférée une fin moins Drama. J'observai mon ancien partenaire de jeu sortir, fier comme un paon, de la pièce carton en main avant que mon regard ne se pose fatalement sur la tequila. L'après midi allait être long... Je posais ma cigarette dans le cendrier et pris sous l'évier un sac poubelle dans lequel j'enfournai rapidement bouffe et condiments qui traînaient misérablement dans les placards. La vaisselle ne me prit pas plus de temps à mettre en carton – au diable le papier bulle ou autre protection ! – , Jay étant un adepte du minimalisme et peu enclin à recevoir des gens. Seule la collection de verres était impressionnante. Il y avait des avantages à être barman. Mais je décidai de la laisser à sa place pour le moment, envisageant de la garder. Pas en tant que souvenirs étrange d'un ex, mais plutôt comme réserve pour jeune femme maladroite qui ne peut passer un mois sans en casser un...

Je récupérai ma clope, envisageant de continuer sur ma lancée lorsque j'entendis Parker parler d'e-Bay. Et de sexe-tape, of course ! Le contraire eût été étonnant. Un sourire amusé apparut sur mes lèvres. Je commençais à prendre goût à ses piques aujourd'hui, car en fin de compte cela me changeait de cette vague de pitié et de compassion qui venait s'écraser sur ma tronche avec les autres. Je délaissai la cuisine pour rejoindre le salon. Je ne fus pas vraiment surprise de le retrouver avachi dans le canapé. « Oh je t'en prie ! La seule fois où j'ai eu le malheur de suggérer l'utilisation d'une caméra, Jay a rougi comme une vierge effarouchée. » Sous l'effet d'une bonne bouteille de Jack Daniel's j'étais prête à toutes les folies, mais sa réaction m'avait alors fait douter. Avais-je un réel problème de perversion ? Ou était-il simplement plus coincé que ce que j'avais pu imaginer ? Au fil des mois j'avais opté pour la seconde solution lorsque j'avais constaté que, hormis quelques ébats dans des lieux publics, il faisait preuve d'une étrange pudeur. Chose qui m'était généralement inconnue, d'autant plus en présence de Parker. Ce mec en avait vu bien plus que mon gynéco, alors je me disais qu'il pouvait encaisser ce détail sur ma vie sexuelle sans en être perturbé. « Les seules qu'on risquerait de trouver seraient de toi. Je crois savoir que tu t'es lancé dans les films amateurs. » Cette fois c'est un sourire moqueur que j'affichais. Un court instant. Je plaignais la victime. Déjà que Parker n'était pas du genre délicat pour ce qui était de briser les illusions des jeunes femmes, alors devoir supporter une humiliation pareille... D'un autre côté, elle aurait du faire plus attention et certainement pas lui faire confiance. « Je n'ai pas envie de m'emmerder avec internet. On pourrait aller dans un dépôt-vente pour le plus gros. A la limite garder ses cuirs pour e-Bay... Mais on refile ses autres fripes à une asso' qui se chargera de les trier. » Tout était bon pour se coltiner le moins possible les souvenirs d'une relation ratée. « Et je crois qu'il louait l'appart' meublé, donc... »

Soit je me trompais et il avait un goût quelque peu efféminé vu le motif fleuri du fauteuil qui trônait dans un coin de la pièce. Je fis quelque pas en direction d'une étagère sur laquelle reposait un cadre photo. Instant figé d'une journée passée ensemble sur la jetée de Santa Monica. C'est à ce moment que je perçu un bruit de serrure. Et merde. La voilà. J'écrasai brutalement ma clope dans le cendrier du salon et me précipitai contre la porte d'entrée alors qu'elle s'entrouvrait. On tambourina de l'autre côté. Après avoir pris une profonde inspiration, je me décalai sur le côté et ouvrait suffisamment la porte pour voir l'horrible faciès de la bonne femme. « Vous en avez encore pour longtemps ? » Ma mâchoire se contracta tandis que je me forçai à sourire aimablement. « Rome ne s'est pas faite en un jour. » Ce qui, vous l'admettrez, est un poil plus poli que le ''j't'en pose des questions vieille peau ?!'' que j'avais en tête. « Ouais, eh bien activez-vous. J'ai besoin qu'il soit libéré au plus vite... » Elle commençait à s'éloigner avec sa mine renfrognée. « Une minute... » Elle pivota, le regard mauvais. « On s'arrange comment pour la caution ? Par chèque ? » Comme je m'y étais attendu, on aurait dit que je venais de la frapper dans l'estomac. Machin s'étrangla sur place. « La... La caution ? » J'écarquillai les yeux, feignant l'étonnement. « Mais oui, vous savez bien : l'argent que Jason vous a donné en entrant dans le logement, et que vous avez encaissé dans l'heure. » « Il a foutu le camp sans prévenir. Il n'aura rien ! » Elle parti en trombe se cacher dans sa piaule miteuse et claqua sa porte. Je fronçai les sourcils tout en refermant derrière moi. Il fallait dire que c'était prévisible, que les circonstances l'expliquaient, mais ça me bouffait de lui laisser le pognon. Elle qui avait toujours eu le chic de venir nous emmerder les lendemains de soirée alors qu'on voulait simplement mettre à profit notre solitude... Contrariée je retournai au salon et lâchai dans un murmure haineux : « Elle mériterait qu'on le lui pourrisse son foutu appart' ! » et le petit diable qui avait pris place sur mon épaule droite était du même avis.

Je pris le carton abandonné par Parker et m'agenouillai devant la collection de DVD et de CD de l'irlandais. Tel un automate, je les rangeai, jetant de temps à autre un œil aux titres. « Si jamais il y en a qui sont à toi, c'est le moment où jamais de les récupérer. » Je tombai d'ailleurs sur le best of de Cream que j'avais prêté. Eric Clapton et ses doigts magiques... Je glissai le CD dans la chaîne hi-fi et lançai le neuvième morceau ''Tale Of Brave Ulysses''. L'une de mes préférées et la chanson la plus à même de calmer mes envies de saccage... et de déclencher une envie tout aussi répréhensible. Ma poche arrière me démangeait. Probablement parce que mon cerveau associait la mélodie au souvenir de mon premier joint. Oh et puis merde! Pourquoi continuerais-je à me montrer exemplaire au juste ? Mes chances de reprendre du service étaient minces, et pas seulement à cause de mes supérieurs. Je me voilais la face quant à l'amertume que je ressentais à avoir été mise au repos. Les collègues ne me manquaient pas le moins du monde, ni le boulot en règle générales. Ce qui me foutait les boules c'était qu'il allait me falloir faire face à la réalité : je n'y avais plus ma place. Et donc que j'avance. Mais pas aujourd'hui. Ça, c'était certain. Il était clair également que j'aurais beau mettre toute l'énergie du monde, ce ''déménagement'' serait un calvaire. Le bon petit soldat que j'étais allait donc se prendre une pause ! Je glissai donc une main dans la poche et en extirpai l'étui. Ce fut presque avec émerveillement que j'en sorti une roulée et que j'en humais l'odeur. J'allai me laisser tomber à mon tour sur le sofa avant de l'allumer et de tirer dessus, gardant la fumée emprisonnée dans mes poumons plusieurs secondes avant de la recracher. Je réitérai en envoyant chier intérieurement tous ceux qui avaient pu m'énerver au cours des dernières années. « Tu vas bouger ton cul un de ces quatre ou tu vas rester là à me regarder faire tout le boulot ? » lâchai-je tout en lui tendant le joint. Ouais, dans le genre ''je t'engueule mais je t'incite à ne rien faire''... Je ne suis pas chiante comme nana...
Oh!Darling
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MessageSujet: Re: maybe we're both just chasing ghosts    maybe we're both just chasing ghosts  EmptyDim 15 Déc - 16:21


 
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Je me laisse tomber dans le canapé déglingué et je crèverais plus que jamais pour une bière. Ouais, une bière, un paquet de chips bien grasse et un match de baseball. Enfin, pas vraiment. Parce que j'en ai rien à foutre d'un Beckett ou d'un Ramirez qui court comme une tafiole après sa baballe, bien moulé dans son petit pantalon blanc et que, merde, je fais attention à ma ligne, moi, figurez-vous. Sûrement le côté autrichien qui prend le pas sur l'américain - il l'a toujours pris, d'ailleurs, connerie d'accent à la Schwarzenneger à l'appui. Faudrait quand même pas que je ne rentre plus dans mon costume traditionnel de petit Tyrolien pour les fêtes de Noël... Non, dans le fond, je n'ai besoin que d'un goulot et d'un peu d'houblon fermenté, ou n'importe quoi qui s'y rapporte, mais c'est pour dresser le tableau. Celui de l'homme, du vrai, qui se gratte Maurice et Hippolyte par dessous son caleçon et qui se marre en sentant ses doigts après, qui fout des miettes partout et râle sans bouger son cul de son fauteuil de cuir parce qu'une gonzesse quelconque se ramène dans la minute avec un aspirateur qui polluera les commentaires de la partie mythique des Dodgers de 83. C'était pas leur faute, finalement. Elles n'étaient destinées qu'à cela. Génétiquement, biologiquement programmées à recevoir des robots ménagers pour leur anniversaire - enfin, si quelqu'un dans ce monde se casse encore le cul à se souvenir de cette date pour n'importe laquelle d'entre elles - et à hyperventiler à chaque sortie du nouveau produit nettoie-chiottes révolutionnaire. Et  c'est donc bien pour ça je me suis laissé tenter par le moelleux divan de mon cousin et que je ne compte pas en ressortir d'aussitôt. Parce qu'Ashleigh était l'une d'entre elles. Savant mélange d'oestrogènes, d'émotions à la con et d'amour du ménage, saupoudré d'un intérêt agaçant pour le bavardage et les crises de nerfs mensuelles. Alors, ouais, non, j'allais pas me casser les miches à ripoliner le merdier de l'autre irlandais, déjà que ça n'aurait pas été bien brillant si j'avais été seul, si elle était là. Fallait bien qu'elle serve à quelque chose.

Une remarque sur les possibles séances de contorsion filmées de ces deux Princesses Raiponce plus tard et je me rappelle qu'elle a au moins un autre usage, con que je suis. Sourire en coin, je me laisse remonter une poignée d'années en arrière, quand les temps étaient bien plus surfaits et bien moins textilisés qu'en ce moment-même. Les yeux dans le vague et pourtant fixés à des images classées confidentielles, je laisse une réplique s'échapper sans y penser - merde, j'ai mieux que des mots en tête, là - en réponse à la sienne. « Ouais, 'scuse moi. J'ai oublié de t'en envoyer une copie dédicassée. » C'est con, quand même, comme une simple caméra posée-là, entre deux livres, et une innocente vidéo postée sur un site web pouvait faire de vous une petite célébrité en quelques heures. D'accord, l'action n'avait pas forcément été la plus classe de celles que j'avais pu entreprendre tout au long de ma sympathique petite existence, une minorité des commentaires reçus ne manquaient pas de me le rappeler - enfin, de ceux que j'avais réussi à déchiffrer, 'paraît que c'est pas facile d'avoir une syntaxe et un orthographe corrects quand on ne tape que d'une main. Mais ça ne m'empêchait pas de sentir ma tête prendre du volume, et pour une fois, pas au sens littéral du terme après que quelqu'un s'y soit assoupli les phalanges, et même si elle demeurait désespérément vide, la sensation s'avérait plutôt plaisante. Et puis, merde, l'autre cruche aurait pu s'en douter, aussi. Est-ce que j'ai vraiment une gueule à lire des bouquins ?  Pas le temps de rosir davantage de plaisir et de nourrir mon narcissisme un peu plus encore, ma blonde coéquipière rebondit sur ma première proposition avant que j'aie l'occasion d'en formuler une autre quant à un possible geste commercial pour me faire pardonner de mon oubli, comme, j'sais pas, lui proposer un caméo dans le futur volet de ma quête de la Sainte Syphilis. Evidemment, sa gonzessitude la force à considérer mon idée comme merdique et elle en lance une autre qui me laisse perplexe. Un dépôt-vente ? Mon sens du commerce hérité du paternel se froisse. Comment espérait-elle se faire un brin de thunes en foutant ces trois bricoles sur l'étagère d'un type qui se prendra un confortable pourcentage ? Je vais planter mes iris assombries sur son dos et l'observe, figée un instant, les mains sur un cadre de bois, et songe qu'elle n'a peut-être simplement pas la même vision des choses quant au devenir des affaires de son cher et tendre petit fuyard et le profit qu'on pourrait en tirer. Je ravalerais presque un sanglot, presque, mais je n'en prends pas le temps; on frappe à la porte et la blonde abandonne la photo là où elle l'a trouvé pour se précipiter dans l'entrée, bonne petite ménagère qu'elle est, et mes yeux se sont déjà raccroché à l'objet et mes pensées ont repris bon train. Merde, comment est-ce qu'elle comptait enjoliver le truc, insinuer la rareté de l'encadrement made in China et encaisser le fric de trois acheteurs différents pour un seul et même cadre si c'est ailleurs que sur Internet  ? Elle semble tellement peu sensible aux merveilles sur lesquelles le web et ses petites arnaques nous ouvrent des portes que j'aurais presque envie d'aller me faire une tisane et de retrouver mon lit douillet, mes mots fléchés terminés.

En parlant de ça, voilà que ça sent le sapin et que je laisse filer ma séance d'aérobic cérébrale en lâchant du regard le fameux cadre. Un coup d'oeil par-dessus mon épaule et une oreille qui se tend, j'intercepte la fin de la conversation entre l'autre gouine à cabot et la poupée Barbie version Uther Pendragon et c'est avec un sourire fiché au coin des lèvres que je vois cette dernière revenir dans mon champ de vision, un claquement de porte plus tard. « Bah qu'est-ce qui se passe ? Elle voulait nous proposer une pause thé et petits gâteaux et tu as enfin décidé de faire attention à ta ligne ? » Remarque qui ne m'empêche pas de continuer à la scruter alors qu'elle s'agenouille devant moi, déjà affairée à ranger un je ne sais quoi supplémentaire face à elle - mauvaise direction Ash, mauvaise direction. Je lâche un petit soupir à sa remarque, me renfonçant de plus belle dans mon assise. « Si tu vois passer Titanic, fais-moi signe, je le cherche depuis si longtemps que je suis au bord de la crise de nerfs, t'imagines même pas. » Je laisse ma tête partir en arrière et je ferme les yeux un instant, repensant à l'un des fantômes roux de mon passé et cet horrible soirée où j'avais dû me coltiner une actrice trop grosse, un protagoniste pas assez armé  et surtout, sutout!, une crise de larmes merdique à cause d'un foutu navire qui pourrissait pourtant depuis longtemps déjà au fond de l'Atlantique nord. Je suis à deux doigts de partir en hyperventilation à ce souvenir et aux images qui se succèdent derrière mes yeux clos quand une note, puis deux puis trois les balaient loin du bal. Ça me dit quelque chose, vite fait, la voix se laisse reconnaître et mes traits se détendent un peu, préférant les souvenirs à quoi ça peut bien me renvoyer à ceux qui peuplaient ma caboche étroite un peu plus tôt. Potables. Et puis, mieux vaut entendre ça que Miss Plumeau qui agitent les boîtes de CDs là tout près. « T'es pas obligée de me faire partager ta daube, j'te signale. » Bah oui, c'est pas drôle, sinon - un sourire de nouveau croché aux lèvres, je ne me rends presque compte que maintenant que j'ai une envie soudaine de ne rien faire, sinon l'emmerder. Et puis, de toute manière, je crois me souvenir qu'elle a un caractère suffisamment merdique pour être certain que ma phrase partira dans le vent et que, donc, la musique ne s'arrêtera pas aussi net. Les yeux toujours fermés, un fin fumet vient changer la donne lorsqu'il me parvient, m'attendant à sentir la combustion d'une banale et morne cigarette, j'hausse un sourcil quand mes pupilles retrouvent leur liberté et vont se planter sur le joint que la flic blonde vient coincer entre ses lèvres, à mes côtés. « Ouais, non, tout compte fait, je retire ce que je viens de dire.  » Rattrapage in extremis, mais toutefois pas nécessaire puisqu'elle me tendait déjà son précieux petit joyau, comme si de rien était. Faut dire qu'elle ne devait même plus faire attention à ce que je pouvais bien raconter comme connerie, à force, ils s'immunisaient tous. J'attrape la gourmandise que me tend mon jouet cassé en miettes et tire à mon tour une bouffée odorante, sans la lâcher du regard, le regard un brin amusé. « Réserve fédérale ? Je me suis toujours demandé ce que ton poulailler et toi faisiez de tout ce dont vous dépouilliez les honnêtes gens. » Je relâche la fumée et détache mon regard de la jeune femme pour le tourner vers le nuage qui s'envole paisiblement, sans but - ouais, j'ai jamais réussi à faire ne serait-ce que le moindre rond, what a shame. Par contre, repassez dans quinze ou vingt minutes et je vous y trouverai des licornes.

Je vrille mes yeux sur elle pour répondre à sa question, souriant. « Si tu parles de ce job-là, je suis ton homme. » Je lui rends l'objet du délit et me redresse un peu, de quoi venir m'appuyer sur mes jambes et balayer la pièce d'un bref coup d'oeil. « Et pour l'autre... Pas de caution, pas de Jason sur le retour et on diverge lourdement sur les méthodes à employer. Pourquoi on s'emmerderait à le vider, ce taudis ? Elle mériterait qu'on le lui pourrisse, son foutu appart' ! »  La fin de ma réplique se fait sur un ton bien trop haut pour coller à ma chère petite image de mec pur et dur, mais l'accent que j'y mets et la mimique qui s'en suit, volontairement moqueurs, suffisent à palier à la moindre atteinte à ma petite personne. Nouveau sourire, nouveau regard vers la galloise, je reprends son joint en main et me lève dans la foulée pour filer un peu plus loin - ouais, j'ai soudain un peu peur de voir de me voir siffler mon privilège sur l'os qu'on se partage.  Je croise leur tête, à tous les deux, figées sur le papier glacé. « Je propose que tu ailles chercher un dernier caleçon souvenir dans son tiroir et qu'après ça, tu suives un peu tes envies, tiens.  » Le cadre photo en main, je me retourne vers elle, la mine volontairement chaleureuse. « Parce qu'en habit de soubrette, je dis pas, mais là, tes pulsions de rangement, il n'y a rien de plus coupe-faim.  » Le regard avec lequel je la couve brièvement aura vite fait de lui faire saisir de quelle faim je peux lui parler; trois papillonnements de cils plus tard et je viens claquer le cadre contre le coin du meuble sur lequel je me suis appuyé, un sourire simplement amusé aux lèvres, alliant mon geste au sens que je souhaitais donner à mes paroles. Qu'elle fiche le bordel ! Et puis, si elle n'en avait vraiment pas envie, en fin de compte... Et bien, elle n'aurait qu'à nettoyer ce que je viens de faire, la gentille fille. Le verre se brise, comme je m'y attendais, et j'en attrape un morceau de la taille souhaitée, avant de laisser le reste tomber sur la surface de l'étagère, tapotant le feu joli cadre-photo, fabrication artisanale, feuilles d'or et incrustations de poils de nez de grizzli qui aurait pourtant pu faire fureur sur Internet, j'en reste convaincu. J'en extirpe vite fait la photo, même si ce n'est que le verre qui m'intéressait; pour ainsi dire au chômage, moins aimé que jamais et plus amoureux du pognon que du métier en lui-même ou pas, je restais photographe, quand même, et l'image pourrait représenter le cul de mon cousin comme la seule et unique relique de son abruti de frangin - pas de chance pour la famille, de ce côté-là, non plus - le résultat resterait le même. Je tire une nouvelle bouffée sur le joint, plus longue, plus mordante, avant de me rapprocher d'elle pour le lui rendre et lui glisser la photo par la même... et planter mon bout de verre dans le canapé, juste un peu plus loin, sans plus de délicatesse. M'asseyant sur mes talons, devant elle, je balance mon arme du moment un peu plus loin et sors une poignée du rembourrage des coussins, que je viens brandir juste entre nous, tout sourire. « Tu crois que ça pourrait correspondre à la teinte "Fluffy a joué au flipper sous les roues de ma caisse ?" »
 
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MessageSujet: Re: maybe we're both just chasing ghosts    maybe we're both just chasing ghosts  EmptyMar 17 Déc - 0:29


Parker & Ashleigh
maybe we're both just chasing ghosts


J'arquai un sourcil à sa remarque sur ma ligne. Vraiment ? Il en était réduit à cette pique clichée ? Il n'avait rien d'autre en réserve pour m'agacer ? Eh bien c'était raté. « Si tu te bases sur les nanas squelettiques qui doivent défiler devant ton objectif, forcément ... » Avais-je répondu avant de m'activer. Je ne m'étais jamais affamée pour une histoire de chiffres inacceptables sur une balance, sans oublier que dans ma branche valait mieux avoir un minimum de force et donc éviter de faire du 34 fillette. Aussi ce genre d'attaque marchait rarement sur moi. Sa réponse suivante m'extirpa un rire amusé. « Je savais que t'étais un incorrigible romantique au fond. » Le film par excellence qui me faisait grincer des dents. Qui m'avait valu des prises de bec avec mes amies à sa sortie au cinéma. Parce que j'avais osé traiter cette Rose sainte ni-touche de grognasse nombriliste, car selon moi il y avait suffisamment de place sur cette foutue planche en bois pour deux, qu'elle s'était juste montrée trop conne et le gars pas assez insistant. Sans oublier la partie ou la vioque casse couille, qui déménage sa maison entière sur un navire je vous le rappelle, jette un collier inestimable à la flotte avec son petit hoquet innocent que je ne trouvais nullement mignon, au lieu de le laisser en héritage à sa petite fille et assurer ainsi le confort de sa petite famille pour des générations. Égoïste, jusqu'à la fin. Bref, vous l'aurez compris, j'avais détesté. Et j'avais encore moins compris pourquoi elles m'avaient traînée par les cheveux pour aller le voir une seconde fois dans les salles obscures. Seconde fois où je ne m'étais pas gênée pour piquer un petit roupillon.

Une fois encore, il trouva le moyen de se plaindre lorsque je mis la musique en route. « Non, je n'y suis pas obligée. Je prends juste un malin plaisir à te faire râler. » Je dardais rapidement mes prunelles dans les siennes, un grand sourire par lequel je lui montrai toutes mes dents sur le visage, avant de me replonger dans ce que je faisais.  Et apparemment, le simple fait que je respirais le même air que lui donnerait le même résultat. Une fois dans le canapé, je repliai une jambe sous moi, savourai la fumée qui m'embrouillerait l'esprit, me laissai bercer par la musique. Cela me fit sourire lorsqu'il réalisa ce que je lui tendais. Encore que je m'étais attendue à une réaction plus outrée de sa part. « C'est ma prime de Noël. Les patrons ont enfin compris que c'était le meilleur moyen de nous pousser à donner le meilleur de nous même. Et puis admets que ce serait stupide de réellement foutre ça dans un hangar pour qu'au final ça parte à la destruction. » D'une main je dissimulai mon profil droit, comme si quelqu'un pouvait nous épier de l'autre côté de la fenêtre, et dis à voix plus basse, telle une conspiratrice :« C'est un mythe urbain comme un autre. Le bloody Mary des petits camés. » Je ris toute seule à cette blague, commençant à ressentir les effets de ce que mes poumons encaissaient. Et puis dans le fond, ça ne m'étonnerait pas d'apprendre un jour qu'il y avait anguille sous roche du côté des ''preuves'' récupérées par les stup. Depuis le temps, cela devait représenter une quantité pharaonique, difficile à entreposer au même endroit, à dissimuler au voisinage... et à contrôler. Il y avait des pourris partout, pour en avoir côtoyer je pouvais l'affirmer. Alors un dérapage ne devait pas être in-envisageable. De l'argent facile pour celui qui galérait à boucler les fins de mois sous le coup d'une hypothèque ou d'un prêt quelconque... Pensive, j'observai en silence mon compagnon d'infortune.

Damn, de la Mary-Jane et le voilà tout guilleret. Aussi efficace qu'un su-sucre avec une brave bête. (HJ : viens là que j'te pa-pate :p) Il me le repassa et je tirai deux trois taffes dessus avant qu'il ne vienne me le reprendre des mains. Sa mauvaise imitation de moi – du moins était-ce ce que je présumai vu que c'était les paroles qui m'avaient échappé peu de minutes plus tôt – me fit rouler des yeux. Allons bon, dans quel délire était-il en train de partir... « Pour que Jay ait un peu de tunes, tu te souviens ? Si jamais il est vraiment dans les emmerdes, il ne crachera pas dessus... » Mais il ne m'écoutait déjà plus et avait traversé la pièce. Je le regardai, médusée, se saisir du souvenir qui m'avait interpellée avant l'intervention de la vielle. J'ignorai ce qu'il avait en tête, mais cela n'annonçait rien de bon pour moi. Du moins était-ce ce que je ressentis. Mon regard allait et venait du cadre au visage pour une fois avenant de Parker. Ma main s'était crispée sur l'accoudoir du canapé, mes ongles plantés dedans. « Qu'est-ce que j'irais foutre avec l'un de ses caleçons ? » lâchai-je dans une voix que j'aurais voulu plus sèche. Non pas que cette idée ait pu se faire un chemin dans ma tête. Mon cœur avait seulement eu un raté l'espace d'un dixième de seconde lorsqu'il brisa le cadre. Cela n'avait pas de valeur sur papier, je le concédais, mais à mes yeux c'était une toute autre histoire. Une preuve que je n'avais pas totalement rêvé ce couple, qu'il avait existé avant d'imploser. Une preuve que j'avais été heureuse avec l'irlandais avant que sa peur non fondée ne lui fasse traverser l'Atlantique en quatrième vitesse.

Ce petit diable qui n'était pas plus tard que tout à l'heure sur mon épaule à me murmurer d'envoyer chier la propriétaire de façon plus explicite venait de s'incarner en Parker. Ce qui était plus sexy et plus tentant, vous en conviendrez. Ce mec était à lui tout seul le serpent du jardin d'Eden, le carré de chocolat sous le nez de la boulimique, la bouteille de whisky qui s'offre à l'alcoolique sobre depuis 10 ans... Je comprenais très bien pourquoi Jacks le suivait aussi souvent dans ses mauvais plans et pourquoi les nanas écartaient les cuisses. Je n'y avais pas beaucoup réfléchi jusqu'à présent, persuadée que j'étais immunisée contre sa gueule de playboy et son sourire colgate, étant personnellement à l'initiative de notre première coucherie. Alors qu'en réalité c'était parce qu'il n'avait jamais fait usage de ses charmes sur moi. Et ce n'était pas avec ce que je venais d'allumer plus tôt que ma conscience intérieure allait se la jouer à la Margaret Thatcher. Un signal d'alerte s'alluma dans un coin de mon cerveau mais le son en était déjà atténué, pas suffisamment perceptible pour que j'en tienne réellement compte. Je le regardai, immobile, éparpiller ce qui était advenu du verre et revenir dans ma direction. Je tendis mollement la main, récupérai le joint et la photo. Je restai un instant à la contempler, mon esprit se remémorant les rires que nous avions partagé... Puis je sursautai lorsqu'il éventra le canapé. Nom d'un chien ! « Que... ?! » Je posai la photographie sur l'accoudoir et tirai nerveusement sur le joint. Ce n'était décidément pas ce que j'avais pu envisager pour ce déménagement ! Même les pires scénarios que j'avais vaguement envisagé en découvrant la présence de Parker n'incluaient pas ce qui venait de se produire sous mes yeux. Ce qui me surprit le plus dans tout ça fut ma réaction. Je savais que j'aurais du m'énerver, lui gueuler dessus, lui faire comprendre que ce n'était pas des choses qui se faisaient... au lieu de cela, j'en ris ! D'un rire franc, enfantin. D'un rire qui me libéra, je ne sais trop comment, d'un poids qui me pesait sur la conscience. Je plaquai une main sur ma bouche, pour me faire taire, pour l'étouffer, mais les soubresauts étaient toujours bien présents en témoignage de la joie que m'avait procuré son geste. Doucement mon rire se transforma en un sourire timide. Je me mordillai la lèvre, les yeux sur la main de Parker et son contenu. Je tirai une nouvelle taffe sur la roulée, prenant le temps de trier ce qui se bousculait dans mon crâne. Cette façon dont il venait de me susurrer innocemment de croquer la pomme... Le coup de grâce venait d'être donné. Il m'était impossible à présent d'ignorer combien je voulais, en effet, saccager l'endroit. Me revenaient en mémoire les mois de cassages de pieds de cette vieille femme aigrie, les sous-entendus immondes qu'elle avait pu faire sur mon passage, les aboiements de son sale cabot à six heures du matins... Une accumulation de trop plein.

Je me penchai vers lui et me saisis du rembourrage qu'il me montrait si fièrement. Je fis mine de l'observer de plus près et affichai une moue dubitative. « Je ne sais pas... il manque comme une touche de marron-rouge nan ? » Ainsi donc je venais d'apprendre le fin mot de l'histoire concernant le sort de Fluffy. Il aurait du apparaître dans la rubrique des chiens écrasés. Je ne risquais donc vraiment plus de le croiser dans le couloir lorsque je sortirais, ce qui était une bonne nouvelle ! Je dépliai ma jambe, repassai la roulée à Parker, puis me relevai pour commencer à faire les cent pas. Un ongle glissé entre mes dents qui s'activaient dessus, je tentai de tirer quelque chose de constructif de mes pensées. Mes yeux farfouillaient furieusement la pièce, la soif de vengeance devenant dévorante au creux de mon estomac. Une lutte intérieure s'installait gentiment. Entre la fille devenue irréprochable – ou presque – avec les années, et l'ado catastrophique que j'avais été. Bousiller la voiture du frangin contre un arbre pendant une sortie nocturne formellement interdite en semaine était une chose. Dégrader les biens d’autrui alors qu'on est encore enregistré comme faisant partie des forces de l'ordre en était une autre...

Sur une impulsion, je fonçai dans la cuisine, fouillai mon sac à main et en sortis mon portable. Mes doigts survolaient les touches à une vitesse folle tandis que je glissai une main dans le sac poubelle que j'avais entamé pour en ressortir un sachet de farine.  Je revins au salon, les yeux collé à l'écran du petit appareil et le sachet sous le bras. « On ne touche pas aux affaires de Jay. Aux plus chères du moins. On en tire du pognon. Autant qu'on peut. Pour ça je te fais confiance, tu te démerderas mieux que moi. » Car il devait certainement mieux gérer ces choses-là. Avec son boulot il devait en avoir largement plus que ce que mon salaire de fonctionnaire me rapportait. Et avec sa façon de vivre il devait savoir jouer de ces billets verts, alors que pour moi ça n'avait pas plus de sens que ceux d'un Monopoly. Je suivais la société, payais ce qu'on me demandait, mettais sagement de côté sous l'influence des publicitaires, mais au final je n'étais qu'un mouton, je n'y réfléchissais pas une seconde... Je finalisai le texto puis l'envoyai à mon frangin.  « Sauf si vraiment tu tiens à te la jouer Rock-star dans une suite 4 étoiles. » Je haussai les épaules. Je n'avais pas réellement envie de me prendre la tête sur ce sujet. Cela aurait juste sympa de notre part de penser à celui qui nous avait laissé dans notre misère... Oui, je me rendais parfaitement compte de l'absurdité de la situation. Mais une part de moi se refusait à lui faire un coup pareil ou du moins luttait encore contre l'autre, bec et ongle. Et commençait à faiblir. « Le reste en revanche... » Je levai mes yeux du téléphone pour les planter dans ceux de Parker, un sourire en coin sur les lèvres.  « Je connais quelques petits trucs qui pourrait faire vivre un Enfer à la proprio. Si elle garde la caution, autant que ce soit pour des travaux. » La réponse de Deklan ne se fit pas attendre et la petite sonnerie l'indiquant se fit entendre. Évidemment il n'allait pas coopérer facilement, il allait jouer les ânes bâtés. Je lui expliquai rapidement dans un second message que c'était important qu'il m'apporte ce que je lui demandai aussi vite que possible, que c'était pour Jay. Bon... Je savais que ce n'était pas très intelligible, mais c'était Deklan. Il ne chercherait pas midi à 14h, surtout si c'était pour un de ses potes, même parti du pays. Nouvelle sonnerie. Voilà, il abdiquait même s'il pestait encore. Je posai mon téléphone et la farine dans un coin, satisfaite. Maintenant il ne me restait plus qu'à attendre qu'il débarque avec le ''colis'' et à m'attaquer au reste. Ce n'était pas les idées qui me manquait, le tout étant de déterminer lesquelles étaient réalisables et lesquelles n'étaient pas trop à risque. Il ne manquerait plus qu'on foute le feu à l'immeuble ou autre incident du genre...

« Tellement de possibilités s'offrent à nous que je ne sais pas par où commencer... » Dis-je rêveusement.  J'étais retournée à mon carton, ne tenant plus en place, perdue dans mes pensées et y engouffrai machinalement cd et dvd sans plus aucune cérémonie. J'étais tel un gamin enfermé seul dans un magasin de jouet. Je ne savais plus où donner de la tête et m'agitai dans tous les sens sans aucune logique. « Boucher les canalisations. Saloper les murs. Bousiller les meubles. Faire sauter les plombs... » listai-je à voix haute, mon accent revenant au galop sous l'agitation. En un rien de temps, le carton fut plein. Je me relevai, désormais privée de cette diversion qui s'était offerte à moi, pour me planter devant Parker. « Bon, après, faut voir si on a du matos pour ça... » Et à disposition si possible. Comment expliquer à la Big Brother de l'immeuble l'utilité du cric qui se trouvait dans mon coffre pour le ménage ? A moins que... Une idée vint illuminer de malice mon regard. J'attrapai le visage de Parker entre mes mains « Je sais ce qu'il nous faut ! » Je trottai comme un cabri jusqu'à la chambre, ouvrai le placard et en extirpai une batte de Base-ball. Je revins sur mes pas, la brandissant comme un trophée et l'agitai sous le nez de Bernstein. Dans la seconde, je la levai au dessus de ma tête pour l'abattre lourdement sur la table de salon qui ne résista pas des masses. Je réitérai l'action deux-trois fois pour finir d'exploser la table basse. Je repris doucement ma respiration, après m'être autant agitée qu'un Speedy Gonzales sous amphet', et me passai une main sur le front pour le dégager des quelques mèches qui s'étaient échappées de l’élastique sous l'effort. J'observai mon ''travail'' et la batte glissa de mes mains pour atterrir sur le sol. Je n'en revenais pas de l'avoir fait. Des émotions contradictoires se bousculaient dans ma tête, mais c'est le plaisir qui prit le pas sur les autres. Je partis dans un grand éclat de rire et sautillai sur place en frappant des mains. C'est alors que ma tête me tourna. Trop d'émotion, trop de fumette... ? Toujours était-il que je manquai de tomber et que je rattrapai à lui. Mon rire s'atténua alors que je plongeai mes yeux dans les siens. La promiscuité de nos corps et les souvenirs de notre liaison passée me mirent le fard aux joues. Je m'écartai aussitôt et me raclai la gorge. « A qui le tour ? La télé ? La chaîne ? Ou la cuisine Ikéa ? » Demandai-je d'une voix un peu trop enjouée pour être honnête. Il fallait au plus vite que je m'occupe de nouveau les mains, pour que mon esprit ne prenne pas une autre voie qui serait malvenue étant données les circonstances. Jay... souviens-toi que t'es chez Jay. Que c'est le cousin de Jay. JAY ! Me morigénai-je intérieurement.
Oh!Darling
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MessageSujet: Re: maybe we're both just chasing ghosts    maybe we're both just chasing ghosts  EmptyDim 29 Déc - 1:24


 
ashleigh l. monaghan & parker h. bernstein
maybe we're both just chasing ghosts

 
L'effet est radical. Presque un peu embarassant. Une petite bouffée, une autre, et me voilà déjà souriant, sans mauvaise intention, faux sentiment qui modèlent le coin de mes lèvres, à mettre sous un scellé épais tout ce qui pouvait bien meubler mes pensées pour simplement ne plus songer qu'à un élan de créativité et et au faux cadavre de clébard qui en résulte. Je n'en étais pourtant pas à ma première fois. Je n'avais jamais de première fois. La morsure du rhum sur ma langue un soir où mon vieux avait lâché son bureau, la brûlure de la nicotine dans ma gorge derrière l'école entre deux retenues, la gaucherie de ma main sous la jupe de Mindy Dawson sous les gradins après la victoire des RiverDogs, le vertige d'une roulée trimballée de mains en mains aux 16 ans de Derek. Tout ça était loin, tellement loin et j'en avais vu d'autres, tellement d'autres, que je ne me rappelais plus du goût de la canne à sucre fermentée, de la pression sur mes poumons assiégés, de son souffle faussement court ou du scintillement nouveau des lumières sur le chemin tremblant du retour. Alors, bordel, pourquoi est-ce que je me sentais l'âme d'une pucelle qui glousse au premier regard trop appuyé sur le chantier de ses hormones ? J'étais juste lamentable. Ou alors, c'était le mélange. Celui de l'herbe, d'elle et d'un manque de volonté remarquable. Et aussi un peu du whisky qui m'a servi à me défaire du goût du dentifrice sur mes papilles, plus tôt. Le mauvais côté d'avoir immigré du côté de Chinatown; l'eau courante a un arrière goût de teckel et la prochaine boutique à eau de source est cernée par quatre distilleries clandestines et un revendeur agréé de Blandet Skotche et comme j'ai la hanche trop fragile pour marcher trop loin et la fibre trop écolo pour sortir ma voiture pour si peu, et bien, je suis bien forcé d'aller au plus près. Vous voyez le tableau.

Marron-rouge, il n'en faut pas plus pour redonner un coup de jus à mes pensées, mêlée désordonnée de souvenirs plus ou moins véridiques et d'une touche de fantaisie qui ne fait que rajouter un peu de brillance à mes prunelles trop sombres. Je laisse mon sourire s'élargir, déjà ravi de ne pas avoir à jongler avec une blonde tornade réveillée par mon petit vandalisme et sa conscience trop imposante, après que j'aie douté un instant, alors que je laissais naviguer un regard inquisiteur bien qu'enfumé entre ma rapine et les traits figés de la flic dans une mine stupéfaite, appréhendant déjà un cri outré et une morale bien taillée. Ce n'est pas que ça m'aurait fait sourciller pour un sou, mais, hé, c'est tellement plus drôle de la voir empoigner cette boule de ouate et laine et deviner le genre d'images qui se bousculent dans sa tête pour piocher la teinte exacte qu'elle oralise ensuite ! Je la regarde triturer la matière et puis je reprends le joint, satisfait de l'échange. Elle se redresse et je me relâche, sans prendre la peine de grimper sur le canapé pour ça, mon dos appuyé sur le rebord et mes jambes étendues à même le sol suffisant largement. Tirant lourdement sur la roulée, je cligne des yeux une fois ou deux, suis avec un brin de peine ses déplacements trop désordonnés - ce qui se trame dans ma tête lui sauve la mise, pas plus clair ou rangé. Je préfère donc laisser ma nuque partir en arrière et la plaquer confortablement sur le coussin éventré, yeux rivés au plafond, me rattrapant sur ce qu'elle dit. Un sourire s'esquisse sur mes lèvres pincées sur le délicieux petit cône en l'entendant s'enflammer, me sentant l'âme d'un vieux barbu un matin de Noël qui s'affaire à rendre heureuse une petite tête blonde avec un gros sac plein de surprises - et non, je ne parle pas du Père Noël. Je reporte toute mon attention sur elle alors qu'elle énumère ce qu'on ne doit pas toucher, restreignant pour la peine mon enthousiasme... Alors que le sien ne semble que grandir peu à peu. Je me relève quand je la vois trafiquer à nouveau dans les affaires de l'Irlandais, de plus en plus suspicieux, peinant désormais à suivre le fil de ses idées alors que c'était la seule chose à laquelle je pouvais encore me crocher une poignée de secondes plus tôt. À peine debout et mon équilibre pas tout à fait intact recouvré, la voilà qui a de nouveau changé de place et qui - merde - se retrouve juste devant moi. Pas le temps de lui offrir un air froncé en réponse à ses mains qui se posent sur mon visage alors que, bordel, c'est bien le seul endroit où je ne le supporterai pas - elle a déjà disparu de mon champs de vision et je me contente de tirer sur la roulée à nouveau, plus lentement, cette fois-ci, m'efforçant d'accorder un brin de répit à ma capacité de discernement. J'ai bien anticipé la chose, puisque je la vois revenir avec une batte de baseball et que je parviens à ne pas psychoser quant à l'utilisation qu'elle s'apprête à en faire - je me tends, tout juste. Et puis... et puis, elle pète sa durite et une première planche de la table du salon. Je reste impassible un instant, avant de plisser lentement les yeux et l'observant s'acharner sur le pauvre petit meuble avec un entrain que je ne lui aurais pas soupçonné. Je ne peux m'empêcher de sourire au suivant, en partie aidé par l'image à laquelle son petit ballet me renvoie et aussi un peu la fumée qui nous embrouille, visiblement, tous les deux : un Release the Kraken se forme silencieusement sur mes lèvres et j'entends déjà la bande son de Clash of the Titans prendre le pas sur le Clapton qui flotte encore dans la pièce. Non mécontent de voir quelle bête j'ai fait sortir de sa mince carrure - tiens, ça sent même un peu le réchauffé au fur et à mesure que son souffle se fait plus bruyant -, je reste en revanche un peu en retrait, déjà parce que je n'ai que moyennement envie de pointer une nouvelle fois à l'hôpital parce que ma mâchoire à rencontrer une batte, que ça parte d'un acte volontaire ou non, et aussi parce que l'état dans lequel finit le meuble semble me laisser perplexe. J'allais mettre des mots sur ce qui se trame dans ma tête, au moment où elle laisse tomber la batte par terre et que je fais suivre la cendre du joint dans la foulée, mais elle me coupe dans mon élan... En laissant le sien la jeter contre moi. Haussant d'abord un sourcil, songeant que j'ai bien fait de me recentrer plus tôt, je baisse les yeux ensuite, juste à temps pour la voir rougir lamentablement - et ça me décroche un sourire qui veut tout dire, que je me garde bien de limiter. « Hey, j'vais commencer à croire que tu veux me faire passer un message. Fallait pas me droguer si tu espérais que je le capterais comme ça, par contre. »


Sa proximité n'a rien de désagréable. Vous me direz, n'importe quelle promiscuité me plaît, tant que l'autre n'a pas à s'épiler le torse pour porter un col en V ou n'est pas obligée de se huiler les miches pour enfin glisser dans une gaine applati-graisses, conditions qu'elle remplit haut-la-main - du moins elle les remplissait, allez savoir ce que lui a refilé comme cadeaux les années qui sont passées et la ménopause qui se rapproche. Pourtant, mes traits se peignent d'un film froid et il n'y a plus l'ombre d'un sourire pour égayer un peu ma tronche de type qui en a trop vu et veut trop en voir encore, alors qu'elle a déjà rebondi plus loin et me débite la liste de ses prochaines victimes trop vite pour moi. Mouvement tactique; j'ai désormais une idée très claire de comment j'ai envie de voir cette journée se terminer, parachevée par ce contact aussi rapproché que bref, et, d'expérience, je sais que le moins charmant je me montre, le plus vite elles se désapent. Alors pourquoi est-ce que je la jouerais autrement ? « Hey, Jowenko, elle était de combien la caution ? Trois briques ? » Mouvement tactique... et instant de stress.  Pas ce stress que dégueulent les magazines ovairés sur leurs couvertures avec leurs mille et une solution pour le combattre, non, le stress, le vrai. Celui de se retrouver avec des emmerdes au cul, pour dégradation grave du bien d'autrui ou peu importe comment ils appellent ça, parce que la situation aurait pris des proportions que l'autre morue n'aurait pu réparer avec les quelques billets verts qu'elle avait décidé de garder pour elle. « Non parce que, sinon, faudrait peut-être la jouer un peu plus fin. » Il y a quelques temps, ça ne m'aurait pas dérangé. Pas la moindre. J'aurais applaudi la performance, relevé son allusion au fait que je pourrais me la jouer rockstar et, justement, j'aurais été bon joueur et l'aurait suivi dans son trop plein d'enthousiasme. Mais ces quelques temps passés, me voilà à redouter l'hypothèse de me faire remarquer et de voir l'une de ces emmerdes chercher un peu plus loin que le bout de son nez et filer sur un chemin que je m'efforçais de condamner. L'ironie là-dedans, c'est que je me rapproche de l'une d'elles, précisément, pour lui rendre le joint partagé. La vrille de mon regard dans le sien, j'en profite aussi pour oraliser le fil rouge de mes pensées. « Si tu bousilles tout l'appartement comme ça, la vieille va  comprendre ce qui se trame avant même qu'on ait foutu le camp. Et déjà qu'elle est sûrement dans son droit en gardant la caution de Jay, si elle se retrouve avec le triple de dommages... » Je laisse ma phrase en suspens, soudain frappé par mes propres paroles et l'ennui que je m'auto-confère - juste à temps, encore une poignée de mots et je me retrouvais à dévaler l'escalier et à fondre en larmes en m'excusant dans les bras de la cadavérique logeuse. Assailli par un sentiment ridicule d'être ridicule, je m'empresse de laisser Goethe affirmer son emprise sur mon accent pour mieux me justifier. « J'crains un peu la psychose américaine, le tableau de la pauvre petite dame et des deux odieux étrangers qui mettent à sac son meublé fleuri, j'avoue.  » Un étranger et demi, pour être exact, mais, pour le coup, j'oublie mon passeport bleu au profit du mauve, quitte à trahir mes convictions les plus fortes. « Et plaider la cause de l'accident pour ça, comment te dire. » Je marque un nouveau temps d'arrêt - plus serein quant à mon image, ce coup-ci - mes yeux déblayant le ramassis de petit bois qui fut autrefois l'agréable pose pieds, bières et sachets de nourriture aussi malsaine que savoureuse de l'autre protagoniste de mon arbre généalogique un brin complexe à analyser, comme si je cherchais une fin à cette phrase qui n'en aurait pourtant pas nécessairement besoin... Et puis je laisse mon regard courir sur la blonde, encore, toujours. « Quoique, j'crois que tu sais aussi bien que moi qu'il y a bien une explication qui s'avérerait plausible.  » Sourire appuyé, prunelles assorties. Je ne joue pas sur les mots quand je pioche mon verbe, je revis bien la scène, j'entends bien le craquement sourd du bois trop sec sous nos corps trop moites, mais je suis parfaitement incapable de me décider sur les reflets dorés ou carmins de la chevelure de l'autre destructrice de l'instant. Mais bon, l'estime bien ciblée que je lui porte me laisse penser que, même si je me goure de paires de pattes à l'équerre, elle comprendra l'allusion sans problème. « Faudrait juste qu'on soigne un peu la mise en scène. Genre, en balançant ton t-shirt là et ton jean par ici. » Je détaille mon plan en traçant mon chemin jusqu'à la cuisine, à mon tour, désinvolte, le ton presque ennuyé; arrivé là, je ne traîne plus le pas, cette fois-ci, et vire directement vers le plan de travail. J'attrape la bouteille posée-là et à laquelle je n'avais, au fond, probablement pas cessé de penser. Deux verres trop grands qui traînent à côté embarqués par la même, je fais déjà sauter le scellé du goulot quand je retraverse le seuil du séjour. Ce n'est pas comme si j'allais me gêner maintenant, alors que je ne l'ai pas fait plus tôt. Et puis, surtout, paraît que j'ai la mauvaise habitude de penser que tout m'appartient, une fois que je l'ai touché. Je lève un regard vers elle et je me souris à moi-même. « Comme va falloir visiblement que je t'encadre, tu peux me dire ce que tu comptes faire de la farine ? » Je gicle un dernier bout de verre de la commode pour y poser les deux pintes et le sirop mexicain s'écoule sans plus attendre. « Sauf si ça implique que tu causes glaçage ou fourrage. À moins qu'il soit question de bretzels, là j'peux te dire que je serai... » Je m'interromps, tout sourire, comme frappé en plein vol. Les deux verres sûrement trop remplis - c'est seulement la faute à ma capacité de concentration réduite par l'herbe, promis juré - en main, je pivote vers elle et reprends ma phrase. « Oublie ce que j'ai dit, tu peux parler autant que tu veux de fourrages. » Et je descends mon verre sans attendre qu'elle ait saisi le sien. Faut croire que j'en ai vraiment, vraiment besoin.

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MessageSujet: Re: maybe we're both just chasing ghosts    maybe we're both just chasing ghosts  EmptySam 4 Jan - 5:20


Parker & Ashleigh
maybe we're both just chasing ghosts


Merde ! J'avais espéré lui avoir grillé suffisamment les neurones pour qu'il se contente de me repousser sans délicatesse quand j'étais tombée sur lui. Qu'il se la joue Parker des mauvais jours, quoi. « Ne va pas te faire de film ! » Répondis-je d'un ton sec, reculant d'un pas de plus, croisant mes bras sur ma poitrine et affichant une mine sévère. Il ne manquerait plus que ça ! J'étais bien déterminée à étouffer ça dans l’œuf, ou du moins il le fallait. Si les allusions à nos parties de jambes en l'air ne m'avaient jamais perturbées jusqu'à présent, là c'était une autre paire de manche. J'étais célibataire depuis plusieurs semaines, et je m'étais habituée à une certaine partie de la vie de couple. Les rapports sexuels fréquents pour ceux qui ne l'auraient pas deviné. Avant Jay, j'avais eu le temps de m'habituer à une certaine abstinence. On fait avec ce qu'on a comme on dit, et là, en l’occurrence, avec rien. J'avais appris à vivre avec. Ou sans, plutôt. Mais depuis notre rupture, je n'avais pas eu le temps de m'y faire. J'éprouvais un manque. Alors, me retrouver coincée avec Parker, dont je connaissais déjà les prouesses... Je n'irais pas jusqu'à dire que ses performances avaient, à l'époque, bouleversé ma vie, mais ce serait mentir que de le nier en bloc. Bref, difficile de rester de marbre ! Pourtant il le faudrait bien. Parce que, vu ses liens avec Jason, ce serait vraiment, vraiment mal que de jouer à ça. Et si cela arrivait aux oreilles de mon entourage, j'étais bonne pour l'oscar de la plus grande garce de tous les temps, car ils y verraient ce qui n'aurait pas lieu d'être. Mon argumentaire était assez efficace, ma résolution se renforçait et ma conscience hochait fièrement de la tête.

C'est alors qu'une chose étonnante arriva. Parker se la joua moralisateur, ou ce qui s'en rapprochait, en me faisant comprendre que j'y allais un peu fort. Alors ça, c'était la meilleure. Je m'étais attendue à plusieurs réactions possibles de sa part, mais certainement pas à celle-là. Mais je notais sa créativité concernant le surnom... Tout ça pour une foutue table. Je soupirai bruyamment. « Roh ça va ! Je sais que je n'ai aucune conscience de la valeur des choses... » Il faudrait pour ça que je daigne y prêter attention. « ... mais ne va pas me faire croire que cette table valait plus que 20 dollars. » Et encore. Vu la chose, elle avait du la trouver dans ces ventes aux enchères de gardes-meubles abandonnés. Dans le genre 5 dollars le lot de vieilleries. Peut-être que le canapé et le fauteuil allaient avec. Ou dans une déchetterie, allez savoir. A sa place j'en aurais fait du bois de chauffage, mais pingre comme elle était cela devait être du luxe à ses yeux et elle devait s'estimer généreuse envers ses locataires. Un peu plus fin, un peu plus fin... Il remettait une couche. Mais c'était quoi son problème bon sang ? Non parce que ça ne tournait pas rond. J'étais le flic de l'histoire, et lui le fouteur de merde ! Je haussai les sourcils et ouvris grand les yeux. Je ne savais pas s'il fallait en rire ou en pleurer. Et depuis quand il connaissait la finesse ? Oui, non, il savait se montrer très subtile à sa façon, je le savais.

Je récupérai le joint qu'il me passa et tirai une nouvelle bouffée. Et voilà que la table passait à l'appart entier ! Je savais que j'étais impressionnante quand je m'y mettais, mais de là à laisser croire que ma hargne irait jusque là... Il y avait un monde. J'écartai les bras et lançai un regard au plafond, en supplique silencieuse.  Le sermon allait durer encore longtemps ? Il n'était pas vraiment intéressant en pasteur Camden des bas fonds. J'appréhendais la leçon de morale à la guitare. Par chance, il n'y en avait pas dans le coin. Bon, ok, il était vrai que si on se faisait prendre avant d'avoir terminé, ce serait chiant. Qu'elle nous piquerait une crise de nerfs. Et que je ne serais pas en état pour rester zen et aussi gentille qu'à mon habitude. Encore que, ça pourrait être drôle. Du moins, pour moi. Jusqu'à ce que je réalise ce que j'aurais fait. Tsss. « Bon, t'as fini Jiminy ? » Je lâchai le pétard et l'écrasai avec la semelle de ma sandale. Il était pourtant possible qu'il reste quelque chose à en tirer, cependant je m'en étais lassée. Et au pire, j'en avais d'autre à m'attendre. Et pour répondre à ma question, non. Il évoquait maintenant une psychose. Ok. On dirait bien qu'il était en plein mauvais trip le coco, il nous sortait les grands mots. Encore que, elle était capable de nous décrire de cette façon. Je la soupçonnais un brin raciste en tous genres. J'ouvris quand même la bouche en protestation. « J'suis plus qu'en règle. Comme s'ils allaient mettre une étrangère à faire régner la loi... » J'étais on ne pouvait plus américaine depuis que Sean avait signé les papiers nous reconnaissant comme étant ses propres marmots. Et malgré ma volonté à conserver mon accent - allant jusqu'à l'exagérer à l'occasion – et à vanter mes origines, je savais combien cette nationalité était importante. Parce que, même si mon pays et ses verts pâturages me manquaient, je m'imaginais mal quitter le sol américain. Parce que je m'étais construit une vie ici, que j'y avais mes amis, mes repères. Donc, ouais, on pouvait dire que je m'étais habitée à cette ''identité''. Et qu'elle me protégerait sans soucis de l'ire de cette bonne femme. Qu'elle ait de bonnes raisons de se plaindre ou non. Et puis je ne serais jamais d'accord par principe. Point. « Et qu'elle appelle mes collègues. Ça me ferait bien marrer. J'te la jouerais à la Leeloo Dallas multipass et en un rien de temps ils feront demi tour. » Pas parce qu'ils me tenaient en estime ou qu'ils m'appréciaient, mais parce qu'ils savaient pertinemment que me coffrer pour du mobilier détériorer serait synonyme de torture pour eux. Je ne savais que trop bien être insupportable, c'était comme une seconde nature. Et pour avoir été bon nombre de fois du bon côté des barreaux, je savais ce qui tapait sur les nerfs de tout officier de garde si besoin. Encore que le simple trajet en voiture pourrait s'avérer amusant. Ou même l'entrée dans la voiture.

L'accident ? Moui, mon emportement ne trouverait certainement pas d'explication crédible. Une simple chutte, due à ma maladresse, n'aurait jamais eu ce genre de résultat. Je n'étais pas suffisamment lourde contrairement à ce que Parker pouvait croire. Même avec de l'élan. A moins que... Il en vînt à la même idée que moi. Les grands esprits se rencontrent ? Nan, ça serait plutôt ''les esprits pervers''. Hum. Bon, on revenait sur un terrain connu ! Il se retournait vers la provocation et laissait tomber le côté chiant que je ne lui connaissais pas jusqu'à présent. Mais ça ne devrait pas te réjouir ! SHAME ON YOU! Roh ta gueule Sandra Dee. Laisse les grandes personnes parler entre elles, veux-tu ? Ma voix de la raison commençait à me taper sérieusement sur les nerfs. Parce que la conversation d'avec l'autrichien commençait à prendre une tournure intéressante, qui faisait sourire malicieusement la garce de Rizzo qui était en moi. La nana en manque revînt aux aguets. Un seau d'eau froide ne parviendrait pas à la calmer apparemment. Elle bouscula même si violemment miss morale pour la jarter hors de son chemin qu'elle la mit presque KO.

« Pourquoi je serais la seule à enlever mes fringues au juste ? » Demandai-je tandis qu'il quittait la pièce. Un sourire amusé planait sur ma bouche, à l’abri de tout regard de sa part. Parce qu'il ne faudrait pas non plus qu'il sache que j'approuvais son délire. Non, il voulait se la jouer désagréable avec sa mine de « j'ai tout vu dans ma vie de débauche, j'suis blasé », ça je l'avais bien compris. Et il me semblait même l'avoir déjà vu faire ce petit manège à une ou deux greluches. Et, bien que ça m'amusait à l'heure actuelle, ce n'était pas mon truc. Je n'étais pas à catégoriser comme facile. Ça, plusieurs pourraient vous le confirmer. J'étais même franchement difficile. Du genre à ne pas capter quand un mec veut attirer mon attention. A ne pas comprendre les invitations masquées sous des phrases trop réfléchies. Et encore moins à faciliter la tâche quand je saisissais où ils voulaient en venir. Cream commençait à être rébarbatif. Je retournai à la chaîne, en sortis le CD  que je remis dans son boitier pour en piocher un autre dans le carton. The Full Monty. Pourquoi pas, après tout... Je glissais le disque dans l'appareil et lançai la musique. Le premier morceau était naze, je passai. Le second déjà plus amusant mais le passai au bout de quelques secondes. Le troisième... Bah tiens ! Lui qui voulait que je me déshabille. Si ça pouvait lui faire croire de là où il était que je m'y mettais, ha !

Le voilà qui revînt, bouteille en main. MA bouteille. Bon, d'accord, ce n'était pas comme si j'avais pas compris qu'il allait me falloir la partager celle-là aussi. J'étais trop bonne. Je dardai mes prunelles sur lui, commençai à me déhancher au rythme de la musique, sur la voix de Tom Jones... Puis m'arrêtai pour changer de nouveau de morceau. « Si tu crois que je vais me désaper pour si peu... Et puis ça ne sera jamais suffisamment crédible. » ajoutai-je lorsqu'il me fit de nouveau face. Je plissai les yeux avant de reporter mon attention sur la chaîne et passer jusqu'à Wilson Pickett. « Madame la mégère sait très bien que je suis du genre à faire part de mon plaisir à tout le voisinage. » C'était nul. C'était même plus que nul comme répartie. Minable, vraiment. Mais voilà ce que ça donnait quand je relâchais la pression à coup de substance illicite. Je devrais même en avoir honte, et pourquoi pas m'en excuser, mais au lieu de ça j’enchéris. « Et j'suis pas du genre à simuler. » Et ça allait de mal en pis. La Ash sobre se serait fait un plaisir de me foutre un grand coup de pied au cul. Voir de m'assommer. Mais elle devait se contenter de pester et de me fusiller du regard, coincée au fin fond de mon cerveau, bâillonnée et ligotée avec une sorte de liane fournie de feuilles à sept pales. « Mais tu l'sais ça. » Un sourire satisfait sur les lèvres, je portai mon regard sur les verres. Oui, j'avais soif aussi. Même si je me doutai que ça ne ferait qu'empirer mon comportement. Bah... Je me rapprochai de mon tentateur.

La farine ? Je clignai des yeux, comme si je venais de me prendre un coup. Parce que je n'en avais pas la moindre idée. J'en avais même oublié jusqu'à son existence pour tout dire. Je me tournai vers le paquet, espérant que sa vue déclencherait un souvenir ou la moindre explication quant à sa présence sur l'étagère, mais il n'y eut aucun déclic. J'avais beau creuser, tout ce que j'obtenais était une foutue page 404. Comme s'il n'y avait jamais eu de raison à ce que l'emporte de la cuisine jusqu'ici. Gosh ! L'herbe tapait plus que ce que j'imaginais. J'en étais déjà à plonger dans l'illogisme... ou dans les trous de mémoire. Mais qu'est-ce qui m'était passé par la tête, merde ?! Une bouffé d'angoisse s'empara de moi, car je me faisais peur toute seule. Si ce genre de chose m'arrivait pour un truc aussi bénin, qu'est-ce qu'il en serait de cette provocation mutuelle ? Je ne répondrais donc plus de rien ? Horreur et damnation ! Et le pire ? C'est que ça ne me faisait pas si peur que ça. Ça me donnerait presque l'excuse parfaite ! ET je pourrais même mettre tous les reproches qu'on me sortirait sur le dos de Deklan ! Oh, que c'était beau ! Je m'applaudis intérieurement à cette idée et manquai presque d'éclater de rire. Je haussai des épaules, avouant une faiblesse. Et il rebondit sur sa question pour replacer d'autre sous-entendus salaces - que je fus la première à saisir apparemment – pour bien insister dessus. Quant à moi j'allais superbement passer à côté pour la peine. « J'sais plus. »

La batterie se fit entendre dans les enceintes. Je souris. Grand classique de Gary Glitter. Un de mes moments préférés du film dont était tirée cette bande originale. Je me saisis de mon verre et repartis dans des déhanchements, cette fois simplement poussée par la musique qui m'entourait. Si vous me voyez danser un jour, c'est que je ne suis plus vraiment moi même. Certaines nanas se contentent de glousser bêtement, et bien moi je me trémousse pour un rien. A chacun ses signes révélateurs. « Mais y'a sûrement un truc à faire avec. Une idée de génie qui m'aura échappé. » Je bus d'une traite ma chope. La quantité ne m'effraya pas. Au point où j'en étais... Je pris la bouteille et remplis de nouveau le récipient. « Bon. Très bien ''Mr je fais dans la dentelle''. Vu que je suis gauche... » Je le regardai en fronçant le nez de mépris. « Une idée ou une tradition à me faire partager Amadeus ? » Les quelques souvenirs que j'avais pu conserver des cours de musiques qu'on m'avait donné me laisser dans l'idée qu'ils venaient du même pays... Enfin, il me semblait. Je m'étais toujours particulièrement montrée mauvaise en géographie. Et il fallait dire que notre ancien gouverneur aurait été un choix bien trop facile... Encore que je pouvais toujours piocher dans ses rôles ô combien intellectuels. « Une symphonie précise en tête ? » Encore que là, c'était mal trouvé de ma part en choisissant Mozart. Car je verrais plutôt de quoi danser un boogie-woogie, un zouk ou un tango. Mais est-ce qu'ils avaient seulement ça au pays des Bernsteiniens ? Je me rapprochai de lui, enivrée par ce mélange qui s'emparait de moi, d'autant plus que Donna Summer prenait les commandes avec son Hot Stuff. Je me montrai aguicheuse, comme ces allumeuses de boite de nuit, venant onduler mon corps sous ses yeux. Bien que je me doutais que je n'étais pas dans le meilleur état qui soit pour ''allumer'', mais franchement, je m'en moquai. Je bus une autre gorgée, l'alcool brûlant mon gosier et me désinhibant d'avantage. Fallait dire que j'en étais à me dandiner sur du disco, ça voulait tout dire !

Je posai négligemment ma chope à côté de la bouteille et partis bouger mon corps un peu plus loin, tournant autour de la table de salon que j'avais mis en morceau. « Génie du mal comme tu es, tu dois bien avoir un tour ou deux en réserve. » déclarai-je à l'intention de Parker tandis qu'on passait à un We are Family bien moins émoustillant. La sonnerie de mon portable parvint presque à me sortir de ma transe discoyenne – oui, j'inventais des mots – mais j'allais tranquillement le prendre. Ah bah, le frangin. Je décrochai et mis sur haut parleur. « Ouais, c'est moi. Franchement, je galère un peu avec ce que tu m'as demandé de trouver mais... Je... C'est quoi ce que j'entends ? » « On s'fait une boum avec la vieille. Tu m'croiras jamais, mais elle arrive encore à faire le grand écart... Et je crois bien que Parker a une touche avec elle ! » Je me marrai toute seule, en évitant soigneusement le regard de l'intéressé. Ce serait un coup à me gâcher mon plaisir. « Parker ?... T'es avec Bernstein là ?! » « Non, avec le joueur de NBA... » J'avais horreur des questions cons auxquelles les gens connaissaient déjà la réponse. Deklan raccrocha sans ajouter un mot. Je fronçai les sourcils un instant avant de hausser les épaules et de reposer le portable. « Je crois qu'il ne t'apprécie pas beaucoup... » Je repartie dans mes mouvement lascifs de danse, pas plus perturbée que ça. « A tous les coups ça va le pousser à bouger son cul plus vite. »

Oh!Darling
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MessageSujet: Re: maybe we're both just chasing ghosts    maybe we're both just chasing ghosts  EmptyLun 6 Jan - 2:00


 
ashleigh l. monaghan & parker h. bernstein
maybe we're both just chasing ghosts

 
Je n’attendais pas une autre réaction de sa part. Evidemment, qu’elle se prenne à mon jeu et qu’elle arrache ses vêtements dans un excès de bestialité remarquable pour tester ma résistance aux drogues douces tout juste évoquée aurait pu être fun. Mais ça aurait été trop simple. Trop facile.  Et tellement trop habituel. Des filles du genre, j'en voyais passer dix à la douzaine, essentiellement sous la lentille de mon objectif avant qu'elles ne disparaissent sous mes draps. Sans vantardise. Elles étaient seulement toujours plus jeunes, toujours plus nombreuses, toujours plus avides de reconnaissance et il suffisait souvent de leur faire miroiter volontairement ou non le numéro d'un directeur artistique de la dernière marque à la mode pour qu'elles soient déjà à poil le temps que j'aie refermé la porte du studio derrière elle. Ah, le monde de la mode. Je n'avais sûrement pas la gueule de l'emploi et pourtant, je doute que j'aurais pu trouver mieux. C'était futile, superficiel, basé exclusivement sur des critères physiques et rudement bien payé pour, au final, pas grand chose. Le pied. D'accord, il y avait bien eu quelques années de galère là-derrière. Disons plutôt quelques mois. Mais ça en avait valu la peine, et puis,  ce n'est pas comme si j'avais un jour apprécié un quotidien calme, monotone. Si j'avais un peu moins ouvert ma gueule plus jeune, si j'avais accordé un peu plus d'attention aux risques avant de les prendre, je ne serais sûrement pas là où je suis aujourd'hui. Je n'irais pas jusqu'à dire que je bosserais avec mon père, le pont en or, l'évident cliché qui embaume chaque gosse d'entrepreneur de réussite - non, là, ce n'était pas une question d'impulsivité ou d'inquiétudes quant à l'avenir, c'était mon code génétique qui ne m'avait pas laissé supporter cette gueule de con rien qu'un jour de ma vie, alors, emprunter son chemin, plutôt aller crever au fond du Gange. Mais j'aurais peut-être eu un chemin de vie un peu moins instable. Un job moins mirobolant. Du genre, je sais pas, à livrer des pizzas ou finir en prof de sport, tiens. Je m'étais toujours imaginé en prof de sport. Ce n'était pourtant pas franchement dithyrambique, ni même né d'un amour inconditionnel pour le sport - pour ça, fallait avoir un brin d'esprit d'équipe, et, breaking news, ma tolérance à l'existence des autres on ne peut plus limitée ne datait pas d'hier.  Peut-être bien que ça m'était venu de Derek, avec son rang de petite étoile du ballon, qu'il soit brun, orange ou noir et blanc, son éloge panégyrique pour cette vieille pédale de coach de notre lycée, Beckett, et son haleine de rat qu'il vrillait systématiquement sur ma tronche quand du grabuge se faisait dans les vestiaires sans même plus prendre la peine d'estimer mon pourcentage de culpabilité,  et mon admiration presque maladive de ses moindres faits et gestes. Ou alors, c'était juste pour emmerder mon paternel, encore, peu importe si cela aurait eu des incidences sur les quarante années suivantes de ma vie - enfin, quarante, en théorie, parce que je ne suis pas sûr que je n'aurais pas loucher sur la corde de grimpe et un noeud coulissant bien avant. Le précieux autrichien, le pédant sang bleu, le fier héritier d'un patrimoine de connards de son genre qui se sont succédé de génération en génération  qui voit son propre fils se barrer dans un meublé à deux rues du manoir familial et qui passe sa journée à sucer du sifflet et à décoller son survêtement brillant de son cul de prof de sport dans une minable école de  Caroline du Sud. C'était probable, aussi, mais je finis par me dire que ce n'était que mes hormones de jeune adolescent qui m'avait fait fantasmer sur les pauvres godiches de ma fournée, pas foutues d'escalader un mur de grimpe sans se mettre à piailler si bien que Beckett se voyait obligé de venir les aider à redescendre et dont les mains s'attardaient un poil trop sur leur mini short, sans que ça ne semble choquer personne. Ouais, totalement, c'était ça qui m'aurait fait faire de l'oeil à cette voie-là si je ne m'étais pas barré trop tôt, et, au fond, on pouvait aussi faire le parallèle avec les motivations qui m'avaient conduites à finir photographe. Mes songes, qui s'égaraient, probablement aidées par la sensation de flotter conférée par les odeurs de l'encens qui tourne depuis tout à l'heure, finissent par se regrouper et je reporte mon attention sur la blonde qui rechigne à se laisser prendre si facilement, m'activant à refaire le cheminement de mes pensées dans le sens inverses. Ouais, ça aurait été fun, mais un brin de résistance n'était pas là pour me déplaire non plus. Et puis, ce n'est pas comme si je ne savais pas parfaitement qu'elle finirait par se laisser tringler d'ici à ce que je fiche le camp d'ici.

Je pars donc sur un autre sujet, laissant encore la marinade imprégner sa viande - des fois qu'elle serait déjà rassie, mieux valait prendre les choses une à la fois. Je change de cap et tape dans cette morale qui semble tant détonner avec chaque parcelle de mon être, mais qui, au moment où je la vois soupirer lourdement, me ravit plus que tout.  « Ouais, je doute même que tu ne te fasses pas couillonner avec 20 dollars, mais elle est vicieuse, la ménopausée. »  J'en parle comme si je jouais au bridge le samedi avec elle depuis dix ans et que j'en repartais sans mon falzar à chaque coup, alors que je la connais à peine. Mes passages dans le coin s'avéraient en fait limités, du moins tant que la lumière du jour lui aurait encore permis de me coincer entre ses deux rideaux, et, même, je m'attardais rarement devant ses géraniums ou dans la cage d'escalier pour lui faire la causette pendant trois plombes. Mais ça se devinait. Ça se lisait sur ses traits, sa pauvre tronche hurlait à qui voulait bien l'entendre - ou non - à quel point le temps l'avait aigri et quel pied elle prenait en emmerdant le monde jusqu'au bout. Ou alors, c'est juste parce qu'on pouvait faire le rapprochement entre elle et moi sur ce dernier point qu'il me semblait si bien la connaître. Ce constat pas forcément flatteur, je ne m'y attarde pas, préférant tabler dans les différences que les similitudes; j'étais bien plus fourbe et elle était bien plus vieille. Vieille, surannée, amère. Vieille, seule et malheureuse. C’est cette version là qui ressortirait quand elle déciderait de sortir l'artillerie lourde pour nous faire payer, au sens propre tout comme au littéral, pour la table bois estampillée Louis XVI, retrouvée en miettes au beau milieu du salon de son charmant et chaleureux meublé, charitablement loué à un prix défiant toute concurrence à de pauvres petits jeunes ingrats. La veuve esseulée, ça faisait toujours son petit effet - même si je ne serais pas trop partant à mettre ma main à couper qu'un type ait bien voulu seulement lui passer entre les cuisses un jour.

Requinqué par le film dont les crédits s'ouvrent  déjà dans ma tête et l'estomac laissant planer la menace d'une remontée express, j'empresse de continuer sur ma lancée de bon râleur avant qu'une paire de jarretelle plaquée sur une jolie peau d'orange ne fasse une apparition fortuite sur le grand écran de ma tête un brin trop masochiste. « Alors autant jouer la sûreté, si tu veux bien ! » Ou qu'elle ne le veuille pas, d'ailleurs ; mais ceci impliquerait que je me casserais vite fait de là, marquant tout de même un temps d'arrêt au palier du dessous pour prévenir la vieille que l'autre tarée était en train de mettre à sac son meublé, ce qui, en soit, ne me dérangerait pas tant que ça... Mais j'ai encore les yeux qui lorgnent sur ses miches pendant qu'elle nous fait sa petite scène de la fille excédée et, merde, ça commence à travailler sévère dans mon imagination, alors, je ne voudrais pas me retrouver contré de la frustrer si vilement. J'enchaîne sur psychose, le ton un peu moins chiant tout de même, sans que je sache si c'est parce que je me suis entendu moi-même ou si c'est seulement parce que mon regard continue son analyse pertinente sur le buffet de l'autre, ma lèvre finissant coincée entre mes dents à la fin de ma réplique. Elle ne s'y attarde pas ; elle rejoint l'autre dans un large sourire lorsque la voix d'Ashleigh se finit sur une protestation qui m'arrache de mon préliminaire solitaire et à peine dissimulé et me fais vriller mes prunelles à hauteur de son - ô bien moins palpitant - visage. Régner la loi. Je ne pensais que sourire; je finis par rigoler, plutôt ricaner, franchement. Je la vois un Stetson vissé sur la tête, la main tremblante au-dessus d'un colt sur sa hanche, la chique solidement arrimée à ses molaires, à faire cliqueter ses éperons de rouille sur les flancs de son poney rose bonbon à la crinière arc-en-ciel. « Ah ouais, c'est vrai, c'est que t'es la justicière des temps modernes, ça m'avait échappé. Faut dire que sans le donut et le calepin à la main... » Un cliché, un, et pourtant j'y mets toute ma franchise pour combler les lacunes de mon sarcasme. Mon estime pour la flicaille n'avait jamais filé du bon coton, mais alors, si, en plus, on essayait de me faire avaler qu'elle, la gonzesse blonde pas foutue de tenir sur ses deux pieds d'elle-même, au manque certain de  constance dans ses réactions, la table m'en tiendra preuve, servait à faire régner autre chose qu'une constante demie raide autour d'elle... Elle poursuit dans son trip et cette fois-ci mon sourire se limite aux coins de mes lèvres, assorti au regard taché d'un machisme certain et d'une condescendance à laquelle elle ne pouvait couper que je lève vers le plafond. Ses références ont le mérite de me décrocher un brin d'amusement, aussi, vite obnubilé par le fait que, ouais, elle pourrait peut-être se la tirer sans souci, mais ça ne serait pas mon cas. Je ne souligne pas ce point, au cas où ça pourrait encore lui implanter l'idée dans la tête si la situation venait à se dérouler et ça, je n'en avais, vraiment pas envie. Je préfère la relancer sur quelque chose d'un peu plus salace pour y palier, et je file vers la cuisine, l'esprit qui travaille à nouveau sur un autre but que n'échanger que quelques piques et remarques déplaisantes.

« Parce que je sais que je saurais rester professionnel, tandis que toi... » Sourire appuyé, je suis de retour de ma quête et la bouteille est déjà dévissée. La musique a changé, entre temps, et lorsque je finis de remplir les verres, je repose les yeux sur elle pour la voir commencer à se dandiner. Je pourrais soupirer ou me foutre d'elle, une phrase piochée dans ma réserve remarquable pour le peu de vocabulaire que je me donnais la peine d'user en temps normal. Mais je me contente de la regarder, décidant que ce n'est pas si mal que ça, surtout sur ce tempo-là. Trop bête, il change l'instant suivant ; et là, la trompette me fait lever les yeux au ciel, parce qu'il n'y avait plus rien de lascif et que, du coup, elle s'éloigne du droit chemin. Elle rattrape toutefois le coup, une seconde plus tard, en mentionnant ses habitudes une fois les pattes écartes. Lourdement. Je me contente de sourire, cette fois-ci, alors que la logique des choses voudrait que je ricoche sur-le-champs et plonge avec elle dans un nouvel échange de répliques subtiles - ou pas du tout - qui savaient si bien mettre le reste des personnes présentes mal à l'aise. Peut-être que c'est parce que, justement, il n'y a personne pour y assister aujourd'hui, que je ne réponds pas, tiens. Lassé. Sans la motivation de voir le visage de Jay jongler entre le livide et le cramoisi, ni celui de Jackson qui se fronce dans un air qui me démangera de titiller jusqu'à ce que je me prenne un poing dans la tronche. Ou alors... ou alors, j'emmagasine, je souris, et je laisse la marinade prendre un peu plus, encore. Qui sait. Je ne lui laisse pas le temps de se poser la question ; j'ai enchaîné sur la farine et, même si je me fichais un peu de la réponse dès le départ, le fait qu'elle l'ait oublié me fait hausser un sourcil. Bon, ben, peut-être bien que je n'aurai pas à m'inquiéter d'aller un peu vite ou de la pousser dans des retranchements qui ne semblaient pas la tenter si facilement un peu plus tôt. Si elle ne se souvient déjà plus de ce qu'elle comptait faire du paquet de farine... Le reste de notre entrevue ne devrait pas y échapper non plus, ou, du moins, devrait perdre une clarté bien assez suffisante. Quoique... Il y a bien des choses qu'elle ne pourrait pas oublier - hé, toujours sans vantardise, hein. J'insiste. 

Le partisan à la théorie du complot, le criquet, le Stetson, la rousse, un peu trop de personnages commencent à se bousculer, quitte à faire voguer le plancher ; pour ne pas arranger notre cas, voilà qu'elle en ajoute encore un, ponctuant sa réplique. Je fronce le nez au surnom. Amadeus. Bon, non, on ne pouvait pas dire qu'elle faisait preuve d'un franc esprit de conquête, en s'élançant dans des contrées inexplorées, sans la trace d'une rangers sur le blanc manteau qui les recouvrent ou un mégot balancé-là, troublant une immaculée quiétude. Des allusions, sur mes origines, j'en avais vu passer. Des vertes et des pas mûres. Encore que, la grande majorité du temps, je me retrouvais à bouffer de la choucroute sur une base journalière et à planquer des currywurst entre les bretelles et la chemise de mon saillant costume bavarois, alors que, bordel, mais regardez mes jambes, j'étais tellement mieux dans les courtes chaussettes du tyrolien ! Mais, bon, fallait probablement pas trop en demander au reste du monde. Allemand, autrichien, l'accent devait être aussi ressemblant aux oreilles d'un étranger qu'il me semblait différent aux miennes, mais tant qu'on ne m'affublait pas d'une étiquette d'hollandais, ça m'allait - et encore, je crois que leur quartier rouge et leurs jolies petites échoppes aux jolis pots de fleurs pourraient me faire de l'oeil si je passais par-là, une fois. Je souligne toutefois qu'elle a su viser juste avec l'artiste, là où d'autres n'auraient fait que grommeler quelques choses sur mon compatriote de Mister Univers et films de merde. Particulièrement juste - j'avais passé les treize premières années de ma vie entouré de statues, fontaines et tableaux à l'effigie du petit prodige de Salzburg... Mozart, pas moi. Mais bon, ça, je ne le lui ferai pas savoir, le coup du Parker râleur était savamment calculé pour l'agacer juste ce qu'il faut ; celui du Parker historien pourrait s'avérer fatal. Et puis, je n'ai pas non plus envie de m'attarder sur le compositeur fétiche de ma mère... Par principe, déjà, et surtout, parce je suis moyennement ravi à l'idée de songer à cette vieille gourde à vinasse alors qu'Ashleigh continue de danser, déshinibée, juste là.

Tiens, d'ailleurs. Je quitte l'Autriche, ses statues et ses musiciens. Et mes pensées, quelqu'elles soient, simplement. Mode lorgnage réactivé. Et avec son consentement, ce coup-ci. Je ne sais pas si c'est plus ou moins grisant comme ça ; je m'en fous, je préfère crocher mon regard aux mouvements de ses hanches qui se sont rapprochées de moi et laisser mon sang prendre une direction principale ailleurs que vers ma tête. Ça dure comme ça rien qu'un instant, dans le silence, et ça me suffit pour voir défiler tout un tas de symphonies que j'aurais bien à lui proposer, ouais. Mais, à nouveau, je les garde pour moi et, quand je décroche finalement du va-et-vient hypnotisant de l'autre cruche, c'est une autre réponse que je viens former sur mes lèvres, aidé par la ventilation que j'ai remarquée là-derrière, au mur. « Je ne voudrais pas prendre le risque de ternir cette si belle image que tu viens de faire de moi en sortant quelque chose, comme ça, sans prendre le temps d'y réfléchir...   » Surtout que, ouais, je n'ai plus trop l'envie de réfléchir à ce genre de truc. Ni même la capacité. « ... mais je me dis qu'un kilo ou deux de farine planqués derrière la grille jusqu'au jour où elle daignera mettre exceptionnellement la ventilation en marche, visites obligent, pourrait être un bon début. » Oui, ce n'était pas brillant, mais je me surprends à sourire légèrement, malgré tout, en songeant à sa vieille gueule enfarinée qui clopinerait dans tous les sens sur la moquette épaisse et blanchie en se demandant d'où vient ce nuage blanc sorti de nulle part. Et puis, mon idée ricoche encore ailleurs. « À moins que ça n'arrive le jour où elle est forcée de repeindre les murs, la fibre artistique de Jason ne lui convenant pas, et qu'elle finira bien par aérer la pièce... » À nouveau, ça ne vole pas haut, mais je suis déjà à me demander si le cousin ne planquait pas un ou deux pots de peinture quelque part, histoire de d'installer le guet-apens. Et puis, de toute manière, elle n'aura pas le temps de réagir, pas tout de suite, du moins ; une sonnerie vient prendre la relève alors que ma voix s'est à peine éteinte et je la vois qui file chercher son téléphone.

Je serais resté rêveur, les yeux fixés sur la grille de la ventilation, si je n'avais pas entendu un bip sonore, suivi aussitôt par la montée d'une nouvelle voix dans les airs. Abandonnant mes rêves d'artiste en tournant la tête vers la blonde, je fronce les sourcils jusqu'à ce que je comprenne de qui il s'agit ; elle m'a toutefois grillé avant, puisque c'est la prononciation crade de son micéphallé de frangin que j'entends répéter mon prénom, visiblement peu enthousiaste - un sourire brillant se forme sur mes lèvres. Après Wolfgang, c'est Tony qui se fait la malle du répertoire de la galloise, et je conserve mon sourire, après un instant de réflexion - oui, c'était déjà plus crédible. Pas que je sois plus capable de jouer du ballon qu'à l'époque; non, j'ai juste fait le rapprochement entre son Eva Longoria et les quelques mannequins que je voyais passer, de temps à autre, suffisamment petites pour que je m'en souvienne - à croire que se mettre à genoux devant les bonnes personnes suffisaient à gonfler un peu le nombre de centimètres sur son CV... Si, par contre, il y a corrélation entre ce qu'elles manipulent et ce qu'on leur ajoute, là, le mystère demeura. Mais ce n'est pas l'essentiel, là. Non, l'essentiel, c'est que j'entends l'autre raccrocher et que ça me ravigote encore un peu plus, de savoir que, maintenant, il est au courant que sa frangine est là, avec moi. Et qu'il a dû flairer quelque chose - enfin, ouais, peut-être que je fonde de trop grands espoirs quant à sa capacité de réflexion, mais je me plais à le penser. Et puis, au pire, ça me donnera toujours du matos à sortir, la prochaine fois qu'il sera dans le coin et que je laisserai, inopinément, échapper quelques détails croustillants sur une partie de grince ressorts entre la galloise et moi sur le canapé, là-bas. Tiens, d'ailleurs. Faudrait peut-être que j'y revienne, à ça, et que je cesse de me disperser de la sorte. Un nouveau verre de Tequila vidé, rempli sans que je m'en rende compte, je pose la chope sur la commode et embarque la bouteille avec moi lorsque je traverse les quelques mètres qui me séparent de l'autre greluche, qui s'agite maintenant sur du disco.

La bouteille posée à portée de main, je souris lorsqu'elle me fait remarquer que son frère ne semble pas me porter dans son coeur ; ça, il ne fallait pas forcément être devin pour s'en rendre compte, et ça me faisait ni chaud, ni froid. Enfin, si, un peu chaud quand même ; cette tête de con venait, sans s'en rendre compte, de me donner le dernier coup de pouce qui me déciderait à remettre à plus tard tout ce que j'ai pu emmagasiné comme pensées et répliques, quant à sa frangine et quant à comment je comptais finir ma journée. Je me rapproche encore un peu de la blonde qui fait face au mur et  je me penche vers elle, me souriant à moi-même, pour changer de changer de chanson, ma main se posant naturellement dans le bas de son dos, dans la continuité du geste. Le temps de trouver quelque chose qui me convienne - je serais bien retourné sur l'éloquence de Tom Jones ou même la batterie de Gary Glitter, tiens, mais je n'avais aucune envie de risquer de réentendre ce qui a séparé ces chansons de ce qui passe maintenant -, je m'attarde là, tout proche, assez pour que je me laisse enivré, le temps de quelques secondes, par son parfum, savant mélange de citron et du résidus salé de l'air marin... Et de daube et de Tequila. Ouais, enfin, elle aurait pu sentir le Chanel ou le pschit de sent-bon des chiottes, l'effet n'aura pas vraiment différé. Je faisais dans l'un peu plus primaire, en matière de sens, et, à moins qu'une forte odeur de putréfaction me gueule que le morceau avait passé sa date de péremption, je m'en tamponnais largement. Mais, bon, elle était là, et elle sentait bon la Californie, exactement telle que je la voyais, et ça n'avait rien de désagréable. « Halt's Maul, du Blödmann.. » Ouais, bon, fallait pas croire que ça allait attendrir ma hargne contre le disco non plus et que j'allais me montrer plus poli quand je m'adresserais à ... la chaîne stéréo et la grognasse qui amorçait un What a feeling pour lui signaler que je n'en voulais pas, mais, peu importe, j'ai parlé vite, à voix basse et en allemand, alors, elle n'aura pas saisi le sens, et, même, je ne pense pas que ça l'aurait hérissé. L'essentiel, c'est que j'ai lâché mes intonations rocailleuses là, tout près de son oreille. L'air de rien.

J'arrive finalement à trouver un truc un brin plus correct, et je me redresse un instant plus tard, après m'être assuré que je n'allais pas me faire couillonner, CD de merde. Mais, non, The Stripper s'élève et je laisse glisser ma main sur sa taille pour guider son balancier sur un rythme plus lascif, comme si je ne faisais que relancer mon métronome... La pression calculée de mes doigts  noyant toutefois toute impression mécanique. Du disco. Faut pas abuser. Bon, ce morceau-là ne cassait pas de briques non plus, disons que ce n'est pas avec ça qu'elle tapisserait ses dessous de vert dans les règles de l'art sur une scène moderne de l'art de l'effeuillage, mais c'est toujours mieux qu'un putain de morceau de disco, par principe, et puis, ça rentrait plus dans l'ambiance pour laquelle je m'affaire à préparer le terrain. Je me rapproche à nouveau, sans prendre l'excuse de la musique... Mais celle du frangin. High five, Dek'. « Tu l'as chargé de ramener quoi ? » Ma main toujours sur sa taille, l'autre la rejoint et je la fais se retourner vers moi, un sourire parfaitement mesuré aux lèvres - l'avantage, d'avoir tout en tête avec une longueur d'avance, c'est que j'enchaîne mes coups sans attendre et que je limite donc le champ de révolte. Ça, plus le fait que je semble passer du coq à l'âne, l'air de rien, lui imposant un mouvement qui ne laisse planer aucun doute quant à l'effet qu'il peut me faire pour ensuite rebondir la conversation téléphonique qu'elle vient d'avoir. Mais le terme est juste; je semble passer du coq à l'âne, parce qu'au fond, tout est relié et suit une ligne stratégique qui n'en est pas à son coup d'essai. Reste juste à espérer qu'elle soit trop stone pour ne pas s'en rendre compte si vite, la connaissant un brin révolté contre ce genre de petit manège, et puis, quant à moi, que je ne le sois pas trop pour ne pas oublier le sourire à cet instant-là ou les mains qui s'attardent encore sur ses hanches alors qu'elles n'ont, théoriquement plus rien à y faire au suivant. « Parce que, si ça risque de prendre un peu de temps encore... » Je fais aussi attention à rester bien statique, outre mes doigts qui suivent ses mouvements à elle, innocents; faudrait pas croire que je fais tout ça parce que j'ai envie de danser. Peut-être bien que ça aurait été propice, ça faisait toujours son petit effet, ça aussi - j'étais génétiquement programmé à faire valser une Sissi, après tout. Mais ça me fait stupidement penser à Lou et j'ai moyennement envie de retomber, par un moyen ou un autre, de près ou de loin, dans l'engrenage du "petite danse, gros instant d'affection et puis mise au lit la plus pieuse du monde pour la discussion la plus casse-couilles du monde avec la chieuse la plus bavarde du monde". Ouais, je préfère ne pas prendre le risque... même si j'ai bien conscience qu'elle n'est pas comme elle- Enfin, je l'espère - pas pour moi, pour Jay. Je m'apprête à laisser courir un regard circulaire sur la pièce, à la recherche de l'endroit où mon cousin serait en fait planqué, dans ce cas en figure, après avoir prétendu être reparti au pays seulement pour échapper aux griffes de sa blonde... Mais je me ressaisis, in extremis, et reporte toute mon attention sur celle-ci et ce que j'ai à lui dire, maudissant les relents de plante verte qui dissipent encore un peu trop mes pensées, d'autant plus que l'aigreur de leur pote la mexicaine leur portait maintenant aussi main forte. « Y'a un truc qui me chiffonne, depuis toute à l'heure. J'arrive plus vraiment à me rappeler de tes vocalises... Ça partait dans les aigus ? Trémolo sur la fin ? » Fils de violoniste à la renommée internationale, et j'ai probablement le vocabulaire musical le plus merdique du monde, mais je m'en tape. Royalement. Et elle aussi, enfin - je l'espère. Je mise sur les yeux de cockers, dernier atout, même si je les compromets par une brillance un peu trop rieuse, parce que, hé, j'ai beau ne pas accorder beaucoup plus d'estime à sa cervelle qu'à celle de son frangin, j'ose quand même espérer qu'elle saisira la pointe d'humour. « Ça me perturbe, t'imagines même pas. »



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MessageSujet: Re: maybe we're both just chasing ghosts    maybe we're both just chasing ghosts  EmptyMar 28 Jan - 14:27


maybe we're both just chasing ghosts
Parker & Ash


Elle était vicieuse... Moui, c'était un qualificatif qui lui correspondait assez bien. Ménopausée, encore plus. D'ailleurs, c'était à se demander depuis combien de temps car elle agissait encore comme si cela venait de lui tomber dessus. Vous savez, elle était toujours irritable, prête à mordre, ne parlait qu'en ronchonnant... Il m'était arrivée de l'entendre pleurer à travers les cloisons – un bruit désagréable au possible, qui agressait les tympans – sur la disparition de son petit toutou. Le plus dérangeant avait été la fois où j'étais tombée nez à nez avec elle dans le couloir alors qu'elle n'était vêtue que de sa chemise de nuit old school, en sueur, rougeaude, alors que pour une fois la fraîcheur matinale nous avait fait l'honneur de sa présence. HO-RRI-BLE. Bref, elle faisait la représentante idéale des symptômes. Comparée à elle, ma mère s'en était sortie comme un chef. Et pourtant... « C'est à se demander si elle ne te foutrait pas un peu la trouille. » J'admettais qu'elle avait une tronche à filer des cauchemars aux plus endurcis, mais je restais étonnée que Parker s'inquiète autant. Ça cassait de plus en plus l'image du type insouciant que je me faisais de lui avant aujourd'hui. Cela le rendait plus complexe, difficile à cerner. Je ne pouvais m'empêcher de me dire ''plus humain'' mais ce serait un peu horrible de penser ça, non ? Cela sous-entendait que je ne le voyais pas comme tel jusqu'à présent. Ce qui était faux. J'en étais simplement venue à me dire qu'il était plus insensible que la normale, qu'il vivait dans un monde à lui où tout n'était que calculé, sans émotion... S'il craignait la réaction de la vieille, cela prouvait le contraire. Je ne comprenais toujours pas pourquoi. Elle hurlerait après nous, nous menacerait peut-être de son vieux parapluie jaune citron avant de sortir la phrase fatidique : ''j'appelle les flics''. Et après ? On risquait tout au plus de nous faire taper sur les doigts et de devoir rédiger un chèque, non ? Voir quelques TIG, m'enfin... Il n'y avait pas mort d'homme. La prison n'était pas une réelle menace selon moi. A moins qu'il ait un passif écœurant avec la vioc'. Tout était possible avec des gars dans le genre de Parker, pas vrai ? Mouais, j'allais sûrement un peu loin dans mes réflexions et des images perturbantes – de la mauvaise manière s'entend – commençait à naître dans ma tête. Yeurk. Je fronçais le nez. Non, elle ne correspondait pas à ses proies habituelles, il n'avait pas l'air d'être du style à flasher sur les grand-mères. De ce que j'en savais du moins. Mais il fallait dire que c'était bien la première fois qu'on échangeait autant de mots aussi je réalisais que j'ignorais tout de lui. Si ce n'était son anatomie, l'expression de son visage lorsqu'... Je m'égarais une fois de plus !

Mon job lui avait ''échappé'' ? Pourtant lorsque j'étais arrivée, il avait insinué l'usage d'un autre accessoire de l'équipement... « Il paraît que je dois faire attention à ma ligne, donc... » répondis-je agacée. D'une part, parce que je savais très bien que les gens ne me prenaient pas le moins du monde au sérieux lorsque je parlais de mon métier. Déjà parce que j'étais une femme, et que c'était un boulot d'homme. J'en avais plus que marre de ces idées de machistes à la con et d'y être confrontée. Parce que, le pire dans tout ça, c'est que j'en rencontrais même dans le boulot. C'était d'ailleurs les pires. Ceux qui ne perdaient jamais une occasion de sortir une réplique débile et avilissante. Le coup des menottes entre autre, avec leur regard libidineux et leur sourire satisfait que je me retenais toujours avec difficulté de le leur faire ravaler. Parce que, pour eux, une nana n'était pas assez forte pour faire ce travail, parce qu'on était trop sensible soit disant. J'vous en foutrais de la sensibilité ! En attendant, eux, ils bavaient comme des décérébrés devant une suspecte au décolleté bien fourni, alors qu'un mec incroyablement canon ne saurait me détourner de mon interrogatoire. Ensuite, je n'avais pas le ''profil'' selon les autres. Parce que j'étais trop hargneuse et que je le cachais mal. Ah, et que ma blondeur poussait soit disant les gens à ne pas me prendre au sérieux. Parce qu'apparemment une blonde est forcément conne voyez-vous. Enfin, on m'avait même reproché de trop tourner l'Amérique en dérision. Mais était-ce réellement de ma faute ? Ces amerloques se débrouillaient très bien pour se ridiculiser seuls. Entre la télé-réalité et les batifolages de leurs politiciens... Certes, ce pays m'avait accueilli à bras ouvert – ouais, enfin je n'avais pas eu de difficultés grâce à mon ''père'' – mais je restais celte. Et un brin chauvine. Personne n'est parfait, et certainement pas moi. « Et puis le calepin c'est désuet. » Malheureusement non, la technologie restait mal vue au boulot. Officier, on doit encore taper nos rapports à la machine à écrire la majeure partie du temps, alors les tablettes tactiles ou autre... Comme si la police avait un petit côté Amish. Je ne sus pas comment prendre sa réplique suivante lorsqu'il revint de la cuisine. Mon cerveau était trop embrouillé pour la décoder, probablement. Qu'entendait-il par professionnel dans un tel acte ? Laissait-il entendre que si j'enlevais mes fringues j'irais plus loin ? Non, rien à faire, je ne voyais pas la saloperie cachée, ou refusai-je de la voir. Et j'étais bien trop occupée à danser pour me focaliser sur la question.

Puis il répondit à ma question. Avec une sorte de modestie. De plus en plus étonnant. Je m'étais attendue à le voir bomber le torse avant d'étaler le plan qu'il aurait échafaudé, mais non. Et... Oh putain ! Je fis de mon mieux pour masquer ma surprise, il ne manquerait plus qu'il prenne d'avantage la grosse tête, mais à tous les coups je devais avoir les yeux un minimum écarquillés et mes lèvres devaient former un petit ''o'' que j'espérais discret. Je tournai la tête vers l'aération et imaginai déjà la scène. La proprio, le visage blafard, enfariné, fulminante de rage. Un chapelet de jurons plus colorés les uns que les autres s'échapperaient de sa bouche. De l'écume viendrait se déposer aux coins de ses lèvres amincies par les années et maquillées d'un rouge à lèvre bon-marché. Ses yeux se révulseraient et sa voix se terminerait dans un gargouillement inintelligible... Son idée était juste fantastique ! Mon esprit n'était pas allé jusque là. Ouais, je commençais à retrouver les bribes de ce qu'avait été la mienne. Il était plutôt question de mélange farine/eau, dans les canalisations, histoire de les boucher... Mais la sienne était bien meilleure. Surtout qu'elle impliquerait que la bonne femme y participe contre son grès. Diaboliquement génial ! Pourquoi n'arrivais-je jamais à élaborer des trucs pareil ?! Cela m'aurait été tellement utile à l'époque du lycée, au lieu de cela je m'étais faite prendre à plusieurs reprises pour mes ''farces'' mal appréciées. Les colles étaient loin de m'être inconnues, j'avais presque réussi à avoir une place attitrée. Tsss. « Qu'est-ce que je disais ! Génie du mal. » Je plissai les yeux alors que je les plongeais dans les siens. « T'as du en faire voir des vertes et des pas mures à tes parents... »

C'est alors que mon portable s'était fait entendre et que j'avais échangé quelques paroles avec le frangin avant qu'il ne me raccroche au nez à l'évocation de Parker. Je n'en étais pas franchement étonnée, je savais pertinemment qu'il n'était pas son plus grand fan. Quand Deklan avait fait le lien entre la liaison torride que j'avais eu à la sortie de l'université et l'autrichien, son sang n'avait fait qu'un tour. Personnellement, je ne voyais pas où était le problème, surtout qu'il n'y en avait pas eu à l'époque. Ce n'était pas comme si Bernstein m'avait brisé le cœur ou malmenée. J'étais alors pleinement consciente de ce à quoi je devais m'attendre et ne m'étais nullement bercée d'illusions. J'en avais même été à l'initiative. Donc, non. Je ne comprenais pas que mon frère en fasse tout un fromage. A moins que Parker ne s'amuse, à l'occasion, d'évoquer cette époque devant lui. Ce qui était fort possible. Et là... Je devais admettre que ça me plaisait beaucoup d'avoir un tel moyen de faire paniquer Dek'. Et que ce n'était certainement pas innocemment que j'avais mentionné sa présence au téléphone. Je voyais déjà mon frère se précipiter dans sa voiture, avec dans l'idée de devoir me sauver ou autre bêtise du genre. Fallait bien qu'il ait le sentiment de pouvoir me protéger de quelque chose de temps à autre. C'était mon devoir de petite sœur que de lui laisser croire que j'avais besoin de lui. Ou du moins de le torturer. L'amour vache, vous savez.

Alors que je me déhanchais, inspirée et les yeux clos, je sentis sa main se poser sur moi mais n'eus aucun mouvement de recul. Probablement parce que j'étais trop à l'ouest pour réagir sur le coup et qu'une fois que j'avais saisi ce qui arrivait, cela aurait été trop tard et inutile. Surtout que ce n'était pas désagréable et un brin familier. J'associai son geste à une suite d'autres qui appartenaient à nos souvenirs communs et cette fois je m'évadais dans le passé. J'ouvris mes paupières et repérai la bouteille dont je me saisis avant de boire au goulot. Au diable les bonnes manières, et puis mon verre me paraissait trop éloigné, je n'avais nullement envie de bouger. J'aurais peut-être due me sentir coupable de ne pas m'extraire à ce contact, mais ce n'était pas le cas. J'étais comme déconnectée de la ''triste'' réalité qui m'attendait hors de cet appartement. La solitude qui me pesait parfois dans mon nouvel appartement, les ennuis au travail, la reconnexion laborieuse d'avec Isla, mon nouveau voisin étrange et trop présent... J'estimais que ce soit disant déménagement, ou je ne sais quoi, était un break idéal. Même si l'endroit ne l'était pas forcément. Hum. Je fus sortie de ma réflexion lorsque Parker s'exclama dans une langue étrangère près de moi. Vraiment près de moi. Je frissonnais à ses mots et fixait sa bouche un instant. Certaines femmes s’émoustillent à des mots doux susurrés à leur oreille, d'autres devant des abdos bien dessinés et huilés, moi c'était lorsque j'entendais un accent qui sortait de l'ordinaire. Parce que je saturais de celui des américains, même s'il se diversifiait en fonction de l’État. Parce que cela me rappelait toujours que je n'étais pas d'ici, que j'avais évolué dans un autre décor et que cela me manquait. Que ces rues si semblables, si bien dessinées me sortaient par les yeux et me faisaient regretter les landes où j'avais pris, enfant, l'habitude de gambader. J'avais parfois le sentiment de suffoquer à Los Angeles, aussi je m'accrochais à tout ce qui m'évoquait le monde qui existait en dehors. Et puis son accent avait un côté exotique. Même si ce n'était pas forcément le terme qui collait le mieux à l'allemand. Ouais, il me semblait que c'était ça. Merci Rammstein. Et surtout, merci Till Lindemann. La voix de Parker n'était certes pas aussi grave mais elle n'en eut pas moins d'effets.

Toujours était-il qu'il manqua de me couper dans mon élan en changeant de chanson. Heureusement, il avait opté pour une musique qui restait dans le ton. Qui l'était même plus. Les cuivres étaient enivrant. A moins que je ne devais cette sensation qu'à la tequila ingurgitée. Le morceau avait quelque chose d'ancien mais d'intemporel. C'était très glamour. Certainement le genre de musique qui accompagnait Dita Von Teese dans ses effeuillages où la vulgarité ne trouve pas sa place. J'avais toujours admiré les goûts vestimentaires rétro de cette femme, à défaut de comprendre son choix en matière d'homme. Marilyn Manson ? REALLY ?! Je ne savais pas comment ce mec – ouais enfin... ce truc – parvenait à mettre toutes ces femmes dans son lit et encore moins à les garder. L'argent ne devait pas être la raison, Dita V.T et Evan Rachel Wood devaient en avoir assez de leur côté... A moins que son service trois pièces soit à ce point impressionnant qu'il en ferait oublier le bonhomme ? Bref, j'avais été rassurée lorsque Dita s'était détournée de lui pour se consacrer à sa carrière. Non pas que voir une femme se déshabiller m'intéresse réellement, mais elle avait une de ces classes ! Alors que moi... Bon, il fallait dire que lors de ce jeu de l'été, je n'avais pas été au mieux de ma forme pour ma ''performance'' de strip-teaseuse. Je n'avais d'ailleurs pas remporté la partie, mais hey, je me remettais à peine d'une blessure par balle. Et à voir les billets que j'avais pu remporter pour la bonne cause, je n'avais pas été trop mal. Mais pas aussi élégante. Les dernières barrières s'affaissaient. Mes déhanchements suivirent la pression de sa main contre mon corps et mon état d'esprit, se firent plus langoureux, plus évocateurs, plus explicites. Je bus une nouvelle gorgée d'alcool alors que je sentais la distance qui nous séparait s'amoindrir. Des paroles sortirent à nouveau de ses lèvres, mais celles-là je pus les comprendre.

Cependant il ne me laissa pas vraiment le temps de réfléchir à sa question et me retourna vers lui. Il avait de la chance que mon estomac supporte la tequila. Sans ça... Alors que je fouillais dans mon esprit, je réalisai que j'avais un nouveau trou de mémoire. Nouveaux clignements d'yeux. Ça commençait à devenir embarrassant ! Mais désormais, je savais que l'alcool et le joint n'étaient pas les seuls responsables. La présence de ses mains sur mes hanches et notre promiscuité parasitaient mes pensées. « Je... Je me suis dit qu'entre autre un rat crevé caché dans l'appart' pourrait la faire tourner en bourrique, donc... » Balbutiai-je, mes prunelles rivées sur sa bouche. C'était le seul souvenir de ce que j'avais pu réclamer à Deklan. Au pire, s'il tenait vraiment à le savoir, le message que j'avais envoyé devait être enregistré dans mon téléphone, donc... Mes idées se faisaient de moins en moins cohérentes, mais je m'en moquais. La mission « pourrissons la vie de la vieille » me passait largement au dessus de la tête depuis plusieurs minutes, mes priorités avaient changé. Après mes pulsions dévastatrices, d'autres avaient pris largement le dessus. Ma conscience n'était plus en état de protester. Pas seulement à cause de ce qui me brouillait l'esprit, non, mais aussi parce qu'elle était actuellement en train de baver devant le brun. Il avait réussi à l'hypnotiser, bien qu'elle était en retrait. Je sentais mon pouls s’accélérer dans ma poitrine. Surtout après son insinuation sur le temps qu'il nous restait avant de voir mon frère débarquer. Merde, ouais, ça compliquait la chose. Si j'avais seulement imaginé que cela prendrait une telle tournure – parce que oui, j'étais naïve et je surestimais ma volonté faut croire – jamais je ne lui aurais demandé de se pointer ici. Étrangement, cela rajoutait à mon excitation. Entre ça et le goût de l'interdit... Parce que, ouais, normalement je ne devrais même pas y penser. Encore une fois, à cause de son lien de parenté avec Jason. Après notre rupture, cela ne se faisait pas. Cela faisait-il de moi quelqu'un de malsain ? Enfin, plus que d'ordinaire s'entend. Ou alors était-ce simplement dans la nature humaine ? Car j'estimais que l'être humain était malsain de nature. Qu'on était la pire espèce sur Terre. Et bizarrement, nous étions celle qui jugeait le plus. Cela tirait d'une certaine logique.

Puis il ressortit les détails concernant mes gémissements. Tiens donc, j'avais trouvé cela étrange aussi qu'il ne saisisse pas la balle au vol tout à l'heure. Mais maintenant, je comprenais mieux. Il avait simplement attendu pour que ça ait plus d'impact. Parce que ça en avait. Je déglutis à l'idée de ceux qu'il pourrait me faire pousser puis me ravisait à sa dernière phrase. Je clignai à nouveau des paupières, mais plus pour la même raison. Mes neurones daignaient enfin faire leur travail, ce qui était plutôt contrariant à l'instant. Car je venais de réaliser qu'il se jouait de moi, comme de celles qui passaient entre ses mains. Je me faisais manipuler en beauté, comme une débutante ! Et depuis le début apparemment ! Fuck ! Je serais incapable de dire à quel moment il avait commencé son petit jeu. Il était tellement doué que c'en était imperceptible, même aux yeux d'une enquêtrice chevronnée telle que moi. Mon regard s’étrécît avant de plonger dans le sien. Ce qui était embattant, c'est que je n'avais pas envie de faire demi-tour maintenant. On pourrait même dire que j'en étais au point de non-retour. Je pestai intérieurement, m'engueulai moi-même. D'une certaine manière, Parker avait déjà gagné dans son petit manège, il m'avait amenée à vouloir la même chose que lui. Et mon ego ne l'acceptait pas. Je ne m'attendais pas à avoir le dernier mot, surtout que les mots ne m'intéressaient plus vraiment là, mais je ne me laisserais pas faire si rapidement. Après quelques secondes de lutte intérieure, un sourire mutin plana sur mes lèvres. « Heureusement pour toi, j'vais pas me mettre à bouder pour cet oubli. Avec tout ce qui passe dans ton lit, y'a de quoi ne plus s'y retrouver... et puis, ça fait un bout de temps maintenant. » Pour ne pas dire plusieurs années. Et je n'avais jamais eu la prétention de me croire inoubliable.

Je ne pouvais pas non plus me vanter de l'avoir zappé. Parce que, contrairement à lui, je n'avais pas collectionné les conquêtes. Il n'y avait eu que deux autres hommes depuis Parker. Ce qui était on ne pouvait plus raisonnable pour une jeune femme de mon âge. Voir terriblement sage... On pourrait pourtant croire que, vu mon tempérament, j'étais du genre a aimer les rapprochements physiques. Cependant, mon caractère m'en empêchait. Je me montrais difficile. Voir chiante, m'enfin. Il paraît que cela faisait mon charme. Je fis volte-face et vins coller mon dos contre son corps, reposant ses mains sur mes hanches et recommençant mes mouvements. Venant frotter ostensiblement mon corps au sien. Il n'y avait pas de raison que je sois la seule au bord du précipice, merde. « Je suis celle qui les pousse, pas celle qui les entend. Je n'en sais rien. » dis-je aussi innocemment que je le pus. Et aux dernières nouvelles il n'y avait aucun enregistrement. Ce serait arrivé à mes oreilles autrement. Du moins, je l’espérais. Le seul qui aurait pu me faire un coup du genre subissait mon approche plus directe, et j'avais toujours fait attention. Dans le genre paranoïaque qui fouille discrètement une pièce du regard à l’affût de la moindre caméra ou du plus petit micro. Je ne tenais pas franchement à devenir célèbre de la plus mauvaise manière qui soit. Je n'avais pas l'âme d'une Paris Hilton, ni le compte en banque qui allait avec. Et une mauvaise réputation de ce genre m'aurait grillée dans les forces de l'ordre. Je me laissais doucement glisser, suivant le mouvement de balancier éloquent, puis remontais. Si mes proches me voyaient, ils ne me reconnaîtraient pas. Pour vous faire une idée... Ceux qui avaient suivi la série « Buffy contre les vampires » pouvaient s'imaginer la scène. L'épisode où la blonde se comporte en parfaite connasse et chauffe son meilleur ami avant de le laisser en plan, lorsqu'elle est en pleine phrase de rébellion/garce. La différence entre cette blonde et moi étant que je ne comptais pas me barrer sans profiter du résultat. Ce serait aussi frustrant pour lui que pour moi logiquement. Je lui fis de nouveau face, plongeai mes yeux dans les siens, passai mes bras autour de sa nuque tandis que mon bassin persistait dans ses ondulations. La musique toucha à sa fin pour enchaîner sur la dernière chanson de l'album. Avec ce son de clavier que je n'appréciais que moyennement... Cela me fit penser à un débat animé que j'avais pu avoir avec l'un des musiciens de mon frère. Nous avions des divergences d'opinions quant aux instrus qui devaient composer un band. Lui était plutôt clavier, et moi basse. Même si je ne jouais ni de l'un ni de l'autre. J'associais toujours les claviers aux années 80. Pourquoi ? Je n'en savais rien. Toujours était-il que généralement cela me faisait changer de musique rapidement. Là, je ferais une exception. Car le tempo restait correct pour l'occasion. Et que j'étais surtout concentrée sur l'autrichien et non sur ce qui sortait des enceintes. Le fait que je ne comprenne rien aux paroles devait y jouer. « Je commence à me demander si t'es complètement remis de ton amnésie... » Ou alors, il estimait que, comme j'avais pris de la bouteille depuis nos derniers ébats, je devais aimer les approches moins franches du collier. C'était fort dommage...

Je laissai mes bras retomber le long de mon corps et m'écartai. Je repris la bouteille en main, bus une nouvelle gorgée – pour me donner le courage de repousser l'inévitable – et partis chercher mon paquet de cigarettes dans la cuisine, détachant mes cheveux en chemin, libérant ma crinière blonde. « Mon frangin ne raffole pas spécialement des rats, donc ça pourrait lui demander des efforts pour en attraper un mort. Mais, apparemment, le fait de te savoir avec moi a eu l'air de le motiver à s'activer. Alors, à moins qu'il ne soit pris d'une soudaine inspiration pour une chanson, il ne va pas mettre une heure à arriver. » Dis-je en revenant au salon, bouteille toujours en ma possession. Une nouvelle goulée glissa le long de mon œsophage avant de terminer sa course dans mon estomac, brûlant tout sur son passage. Je posai la tequila sur l'étagère avant de sortir une clope du paquet pour venir la tapoter sur l'emballage. « Donc, si tu pouvais éviter de tourner autour du pot... » Cela nous ferait gagner un temps précieux. Je vins poser ma main sur son bras et me penchai pour lui susurrer à l'oreille : « Après tout, c'est comme ça que ça fonctionnait, non ? » Je glissai la cigarette entre mes lèvres, dardant mes prunelles dans les siennes. « Sauf si j'ai mal compris tes intentions et que tu ne cherches qu'à m'emmerder. » lâchai-je en haussant les épaules avant d'allumer ma blonde. J'en tirai une profonde bouffée puis recrachai la fumée. J'espérai donner le change. Paraître plus décontractée que je ne l'étais en réalité. Car à vrai dire, je prenais sur moi pour ne pas me jeter à son cou et lui arracher ses vêtements. Je préférais finir sous une douche froide que de me montrer faible. S'il n'avait pas fait son malin, cela aurait été tellement plus simple. Mais voilà, il avait réussi à me braquer. Il lui faudrait faire mieux que ça.

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MessageSujet: Re: maybe we're both just chasing ghosts    maybe we're both just chasing ghosts  EmptyDim 16 Fév - 2:23


 
ashleigh l. monaghan & parker h. bernstein
maybe we're both just chasing ghosts

 
Tiens, corde sensible. Elle reprend sur un ton froid la réplique que je lui ai lancée plus tôt – enfin, c'est ce que j'en déduis. Il faut dire que je n'étais pas très rigoureux, côté décompte et suivi des saloperies qui pouvaient s'échapper de mes lèvres, encore moins lorsque cela volait dans une catégorie aussi simpliste.   Ce n'est pas comme si  il s'agissait de petites perles, d'exceptions dans mon langage qui se voudrait fleuri et bienveillant, et, non, je n'allais pas prendre note de tout ce que je formulais à haute voix. Il y a une dizaine d'années, encore, je n'aurais rien eu à dire contre, car, justement, je ne disais rien; sans tomber dans un silence à toute épreuve pour autant, le moi de cette époque s'avérait bien plus calme. Quoique calme n'était pas vraiment le mot – disons plutôt désintéressé de tout, à un niveau qui défiait l'entendement. Des autres, du monde qui m'entourait, de moi-même. La période s'y prêtait bien, pas vraiment pour réjouir n'importe qui pour autant. Le trimbalage de mon refroidi de frangin réglé, mon sac sur une épaule et celui du monde entier sur l'autre, j'avais lâché toute attache en quittant ce douillet foyer familial de merde. N'ayant plus l'Haleine de Bourbon pour me balbutier des mots sans queue ni tête ça et là ou la voix dégoûtée de l'autre moitié de mes gênes pour soulever à quel point il s'en voudrait jusqu'à sa mort d'avoir désapé son américaine de femme, ce soir de juillet 1984, je m'étais retrouvé seul, bien seul, et, grand bien me fasse, les chauffeurs de camion et tout autres gaillards susceptibles de ramasser un jeune à la tronche expressément raide qui tend le bras au bord d'une route n'avaient, généralement, pas grand-chose à dire. Les mois passant, les kilomètres passant, j'avais débarqué à Los Angeles suivant l'idée d'un barbu – pas plus causant - croisé à l'arrière d'un pick-up d'un cowboy des temps modernes et lâché à l'arrière de celui d'un flic, un peu plus tôt. Là, j'avais vite saisi qu'il n'y avait pas meilleur moyen de se faire une place dans la Cité que de retourner la tête de ses Anges et j'avais repris mes bonnes vieilles habitudes, acérées par tout ce temps où je me contentais de ne formuler immondices en tout genre qu'entre mes deux oreilles. Aussi, je n'avais donc plus vraiment conscience, aujourd'hui, que ce que je pouvais bien dire risquait d'être mal reçu, tant cela en était devenu une habitude. Et puis, là… À sa place, je n'aurais probablement même pas sourcillé. Avec notre passif, elle aurait du se douter, d'une manière sans équivoque, que mes paroles n'étaient là que pour l'emmerder, en surface, sans véritable fond. Elle aurait pris vingt kilos, aurait perdu une jambe dans un accident de jet ski et trois dents dans un autre de matelas, je ne dis pas, mais ce n'est visiblement pas le cas – à moins que je ne doive déjà me préparer à hurler à l'aide lorsque gaine, prothèse et dentier sauteront en même temps que le bouton de son jean, d'ici un moment ou un autre. Mais, tant pis; après tout, et au risque de me répéter, son ADN d'amoindrie flanqué dans un wonderbra la forçait probablement à prendre la mouche là où ce n'était pas nécessaire.

Je me contente donc d'enchaîner sur les plans que j'ai pu échafaudés de mon propre côté quant au devenir de l'appartement, que l'on avait décidé mauvais, sans plus me soucier de sa sensibilité – ouais, enfin, la bonne blague, c'est que je m'en fichais comme de l'an quarante. Je préfère débiter les maigres pistes sur lesquelles nous pourrions nous lancer pour l'Opération Casse-Burnes de la Vieille, même si le cœur n'y est plus vraiment, en tout honnêteté, mon attention dirigée vers des contrées plus agréables que celles que me propose la propriétaire des lieux. Cela semble pourtant lui suffire; elle réitère le titre dont elle m'a affublé et se risque même à un pronostic quant à ce qu’ont pu endurer mes parents. Si elle savait… et bien, elle serait probablement déçue et ne me regarderait pas avec cette tronche d’asticot qu’elle arbore, sûrement sans en avoir conscience. Si je ne clamerai pas pour autant avoir été un facile, loin de là  - grand bien leur fasse, pauvre petit couple de cons - je n'avais jamais trouvé un grand intérêt dans de petits sales coups du genre. Je voyais plus grand, plus fin, moins ciblé. Du moment qu'on cherche à créer des emmerdes, tant qu'à faire, autant le faire à grande échelle. Je lui fais toutefois fi de la précision, déjà, parce que ça ne la regarde pas et que je n'ai aucune envie de lui faire la conversation sur mon houleuse enfance, et aussi parce que son frangin vient nous interrompre d'un coup de téléphone bien placé : voilà une occasion de clore le débat quant à nos idées respectives de mise à sac discrète de l'appartement que je ne manque pas, en me rapprochant d'elle, décidé à rebondir dans les règles de l'art sur un autre thème bien moins gourmand en réflexion.

Suivant ces mêmes règles, je reviens, malgré ce que voudrait une logique simple, sur une question concernant l’autre gallois, alors que nos corps se sont pourtant remarquablement rapprochés et que l’attention que je portais à ses mouvements de moins en moins innocent ne laissait planer aucun doute quant à ce que j’imaginais, ce que nous imaginions pour la suite. Ce n’était pas là pour autant un faux pas, encore moins une tentative de dérobée de dernière minute – y avait-il seulement un abruti à qui cela passerait par la tête ? Non. Il s’agissait simplement d’une étape d’un plan bien calculé, bien roulé, maintes et maintes répété et pas moins approuvé. Pousser franchement la chose, puis faire un pas en arrière, discrètement, une petite ruse pour mieux replonger ensuite. À en juger par les balbutiements qui viennent perturber sa réponse quant à ce qu’elle avait chargé son frère de lui dégotter, je vois qu’elle n’est pas tant hermétique à ce genre de méthodes qu’elle avait pu le clamer aux prémices de la liaison qui nous avait réuni par le passé – déclaration silencieuse, exprimée par des regards qui se lèvent au ciel suivis de près par quelques ensembles de soupirs pour lesquels qu’il n’avait pas fallu batailler bien longtemps. Je retiens un sourire trop railleur, égocentré pour ne pas risquer de ternir celui qui a déjà pris place sur mes lèvres, dans la continuité des choses, rigoureux comme je suis dans ce domaine – il faut bien compenser mon manque de sérieux général et marqué au fer rouge quoi que je fasse quelque part. Toutefois, je ne peux pas nier que cette rigueur n’est pas au meilleur de sa forme en ce moment : l’alcool faisant lentement mais sûrement son chemin au travers de mes artères et veines et la dope pesant de son corrosif poids sur ma faculté d’ordonner mes songes et autres réflexes divers, je dévoile, un peu trop vite, et un peu trop oralement, l’arrière pensée qui a bel et bien dicté mes pensées. Même si elle devait bien s’en douter, là, quelque part derrière son air de mollusque à qui on promet l’étendue d’un océan. Peu importe – j’ai déjà rebondi ailleurs, peut-être parce que je ne m’en rends même plus compte, peut-être parce que, justement, je m’en rends compte et que je me dis que m’emmerder à prendre quatre chemins ne servait plus à rien. Je repars donc quelques minutes en arrière, pioche l’anecdote sur les gémissements qu’elle pouvait bien fournir et je reviens là-dessus, mon plus bel air innocent peint sur mes traits dans un dernier effort de tromperie – même si, dans ce secteur-là, je ne peux dignement plus parler d’effort depuis pas mal de temps. Et là, c’est le drame. Adieu la lèvre qui tremblote et les yeux qui papillonnent entre ma bouche, mon regard, Ashleigh revient à elle, l’Ashleigh que j’avais connu au départ, la blonde qui ne sourcillait pas face aux tentatives habituelles de charme mode lobotomie – enfin, c’est comme ça que je visualisais la chose, puisque jusqu’à aujourd’hui, je n’avais jamais eu à tenter la chose. Enfin, c’est le drame… c’est vite dit. Je l’imaginais froncer les sourcils, reprendre une notion d’espace personnel un peu moins outrageuse et tituber un peu plus loin, mais non. Faut croire que je prévoyais mal les choses et que la phase paranoïaque de l’herbe magique consumée au frais du musicien de fond de chiottes en devenir prenait gentiment ses droits sur ma personne. Ou alors, qu’elle avait juste trop bu, elle aussi. Quoi qu’il en soit, je ne me démonte pas face au sourire qu’elle arbore, à sa réplique suivante non plus. Je sens la pique, en surface, mais je ne peux que répondre à son sourire, franchement. Sa constatation quant à l’agenda chargé de mon plumard ne se veut pas forcément la plus délicate, mais je ne peux pas contester et, surtout, je n’en ai pas la moindre envie. « C’est sympa de ta part. Depuis le temps que je me dis que je devrais mettre mon registre à jour… Merde, j’apprécie, vraiment. » Ce que j’apprécie surtout, c’est ce qui suit.

Son bassin qui se rapproche à nouveau, sensiblement. Ses mouvements, toujours plus lascifs, plus lents, plus pointus qui reprennent de plus belle, là où je pensais les voir s’arrêter. Je laisse mes mains se poser là où elle les met sans y faire attention, conscient qu’elle y va cette fois-ci de son propre chef, même si je n’avais pas eu à forcer grand chose plus tôt ; la savoir à l’origine de cette presque initiative a quelque chose d’agréable, de captivant, d’intéressant. Pour une fois. Je la laisse donc faire, je la regarde faire, d’un regard attentif, détaché, qui, cependant, se perd bien vite ailleurs, alors qu’elle accentue son petit manège. Je suis l’échine souple, plonge sur la courbure de ses reins, laisse mes doigts courir là où elle les a reposés, s’immiscer furtivement entre le tissu de son haut et sa peau au gré de ses gestes. Elle reprend la parole mais je l’ignore. J’ai plus intéressant à faire, comme me perdre dans le flot de pensées qui m’envahissent, les yeux crochés  ses courbes. Et puis, elle se retourne, à nouveau, sans que cela influence la direction adoptée et validée par mes prunelles qui s’égarent, mon sang réchauffé d’un degré ou deux. Ce n’est que lorsque la musique vient s’éteindre que je lui laisse un créneau, comme si celle-ci m’avait bercé jusque là et que je reprenais un peu pied à la dernière note, juste ce qu’il fallait pour que, cette fois-ci, ses paroles se fassent plus claires.

Je redresse la tête et cligne des yeux, l’écoute. Cherche à ordonner mes pensées, faire le point sur le mot que je sens s’épeler entre mes deux oreilles, puissant, criant et pourtant écraser par le poids du tout autre genre d’images qui s’y étaient imposées un peu plus tôt. Et puis, elle s’échappe de mon champ de vision, entraîne avec elles quelques-unes de ces dernières et j’entends finalement le mot que je cherchais résonner dans ma tête.

Connasse.

Je n’écoute pas ce que sa voix laisse monter dans l’air, je préfère faire volte-face à mon tour, sourcils froncés et visage fermé, même si ce n’est pour faire face qu’au reste de la pièce que je la devine avoir quitté. J’ai bien intercepté les premiers mots ; cependant, l’entendre revenir sur son con de frère n’est pas là pour me captiver, encore moins pour me faire rebondir ailleurs. Non, je m’en tiens au sobriquet. qui a jailli à mon esprit, sorti de nulle part, juste au moment où, en toute logique, plus rien de ce genre n’aurait dû apparaître avant un bon moment. Mais il l’avait fait, il avait bravé les scénarii qui s’y accumulaient déjà, percé l’épaisse brume qui revenait dans ma tête, doublé les envies primaires qui m’animaient. Citer mon amnésie lui avait été d’un sacré soutien, pour le coup. S’il y avait un sujet qu’il ne valait mieux pas aborder et dont elle pouvait savoir quelque chose, c’était bien celui-là. Question de principe. Et d’honneur et de fierté, odieusement attaqués et encore à vif, à ce jour. Ce n’était pas tant l’amnésie qui me posait problème ; c’était tout ce qu’elle englobait et ce qui, à ce jour, n’avait pas été résolu. J’avais pourtant recouvré la mémoire, mes facultés, je m’en tirais, comme toujours, comme si de rien n’était – seulement, au fond, je crevais d’envie de retrouver ces deux ou trois enfoirés et de régler mes comptes, proprement. Mais cela ne s’était, au final, jamais fait et, désormais, avec Jason qui n’était plus là et surtout une préoccupation un peu plus sombre qui rythmait chacun de mes réveils, couchers, soupirs, je n’y pensais plus autant que j’avais pu le faire quelques moins auparavant. Cela n’impliquait toutefois pas que j’avais tiré un trait là-dessus ; aussi, l’entendre revenir sur ce moment de ma vie en soulignant les dégâts qu’il avait pu laisser sur ma tête pas si dure que ça, finalement, avait eu le don de m’agacer…

Rien qu’un peu. La frustration de la sentir s’éloigner, elle et ses courbes délicates, vacillantes, faisant le reste.

Mon regard repart sur sa plastique, ses mouvements et ses jambes trop longues lorsqu’elle revient dans la pièce et j’ai déjà oublié le point Amnésie de ma liste. Je n’en perds pas mon air froid pour autant ; à nouveau, elle y participe, activement, attisant la flamme qu’elle a allumée plus tôt. Tourner autour du pot. Putain. Elle n’allait pas m’expliquer comment faire, maintenant ? Son regard se durcit encore un peu plus alors qu’elle se rapproche, relâchant la bouteille qu’elle a emportée plus tôt au profit d’une cigarette. Je reste de marbre face à toutes les répliques qu’elle enchaîne, je l’observe sans un mot, sans une réaction à sa main qui se pose sur mon bras même si j’en sens les contours qui irradie sur ma peau. Je laisse passer un ange, deux, trois, je ne sais pas, je n’ai pas la tête à faire l’inventaire d’un quelconque paradis maintenant, alors que je me prépare à plonger de l’autre côté. Plus sombre, plus brûlant. Et terriblement plus attirant. Ma main attrape la bouteille sur l’étagère, à mon tour, et mon regard se détache finalement du sien, le temps d’avaler une gorgée, une dernière, qui dégèle mes traits pour les crisper, contrecoup d’un liquide trop amer avalé trop vite. Je reste interdit, un instant encore, avant de revisser la bouteille, de la reposer avec précaution sur la tablette de bois et de plaquer  mes mains sur les hanches de la blonde pour la pousser contre le mur, là derrière.  « T’as peut-être bien raison. Je ne me souvenais pas que t’étais aussi soûlante que ça. » Je replante mes prunelles dans  les siennes, à nouveau bien proches, et me saisis de sa cigarette pour simplement l’écraser là, à côté de la bouteille, sur le bois vernis qui, de toute façon, n’est plus à ça près. « À l’ouvrir autant, à débiter des conneries. Tu vois ? » Ma main gauche, jusque là toujours solidement arrimée à sa hanche, finit par filer vers le haut et dessiner ses côtes, sans délicatesse aucune, avant d’atterrir dans son cou, alors que la droite n’a plus d’autre choix que de prendre la direction inverse ; je m’attarde au bouton de son jean, baisse un regard pour le relever presque immédiatement. « Mes intentions risquent de changer si tu ne fermes pas ta gueule pour un petit moment, alors, à toi de voir. » Je laisse couler une seconde, avant que ma main ne s’immisce simplement contre la peau de la blonde, dont je me remémore, finalement, les détails les plus subtils. Un sourire en coin, je reprends, un ton plus bas.  « Quoique quelque chose me dit que c'est déjà du tout vu. »
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MessageSujet: Re: maybe we're both just chasing ghosts    maybe we're both just chasing ghosts  EmptyMar 4 Mar - 4:14


maybe we're both just chasing ghosts
Parker & Ash


Bon, ce n'était peut-être pas une bonne idée d'évoquer son passage à l'hôpital. Du moins, c'était ce que j'en déduisais en voyant son regard. Mauvaise pioche. Bah... Il ne s'était pas gêné plus tôt pour appuyer là où ça faisait mal, sur le fait que j'étais une laissée pour compte, je ne voyais pas pourquoi je me mettrais à avoir des remords de mon côté. Son amnésie... J'aurais bien voulu pouvoir assister à ça. Je me souvenais très bien de trouver un Jay contrarié parce que son cousin débloquait et malgré ce qu'il avait pu me décrire de la situation, j'avais eu toutes les peines du monde pour me faire une idée des dégâts causés. Certes, c'était fréquemment utilisé, voir trop utilisé dans les feuilletons pour ménagère de 45 ans où ils usaient également le truc du jumeau maléfique, mais j'avais du mal à replacer ça dans la vraie vie. C'était tellement difficile à concevoir pour une personne comme moi qui n'a jamais pu profiter de l'excuse d'un trou noir de soirée trop arrosée. Ok, je l'avais peut-être prétendu à l'occasion pour éviter des conversations pénibles, comme après cette fête grecque à l'université, où j'avais dérapé avec une fille de ma sororité après un pari qui se voulait au départ enfantin, juste idiot, mais sous les effluves... Hum. Je feignis l'innocence face à son expression et m'éloignai peu désireuse d'insister sur le sujet. Peut-être qu'un jour, s'il nous arrivait d'engager une réelle conversation, et surtout s'il arrêtait de me prendre pour une cruche lui parlerais-je de ce que j'avais découvert sur son agression. Son cousin n'avait pas eu besoin de me demander de me pencher sur cette histoire, le simple fait que Lou y était impliquée à son insu avait été une motivation suffisante. Les autorités ne pouvaient rien. Pas de preuve concrète qui tiendrait la route devant un tribunal, ils savaient ce qu'ils faisaient, avaient couvert leurs traces et tout le monde l'avait dans l'os. Mais je savais qui ils étaient, même si cela ne me servait à rien. Je dégageai ces pensées de mon esprit, me disant que je les ressortirais à un moment plus opportun, ou jamais et je partis dans la cuisine pour en revenir avec mes cigarettes. Puis j'avais rejoué la carte de la provocation, à mon niveau du moins.

Intérieurement je jubilais, amusée par ma propre connerie, par mon comportement de nana échaudée et puérile. C'était comme un retour dans le passé, une bouffée d'air frais dans mon quotidien empli de prises de tête. La Ashleigh écrasée sous le poids des responsabilités avait définitivement fait place à cette fille en quête de sensations et d'amusements. Cela impliquait, certes, une sorte de lutte de pouvoir mais peut-être était-ce cela qui était à ce point grisant. Je frissonnai lorsque mon dos entra en contact avec le mur. Le contraste entre la matière, fraîche malgré la température ambiante, et ma peau me fit gémir. Soûlante... Oui, un point pour lui. Il était vrai que je me montrais étonnamment bavarde et chieuse. Malgré l'alcool et la dope, je me sentais nerveuse et, comme toujours lorsque cela m'arrivait, j'ouvrais ma gueule. La manière dont il s'adressait à moi aurait du provoquer un élan de rage en moi, je devrais même probablement le repousser, l'envoyer chier, mais je n'étais plus que désir à l'état pur. J'avais autant envie de le gifler que de l'attirer à moi. Je relevai le menton, plongeai mon regard dans le sien qui se faisait plus sombre. J'ignorais s'il fallait mettre ça sur le dos ce qu'on avait pu ingurgiter ou fumer, si ses pupilles étaient simplement dilatées par ces substances ou si, comme moi, il était dévoré par l'envie, par la même bataille interne qui se jouait dans ma tête. Je ne bronchai pas lorsqu'il me retira ma cigarette – ce n'était pas comme si le besoin de nicotine était réellement présent – et ne détournai pas les yeux.  Ses mains se détachèrent de mes hanches, m'explorèrent. Si mon visage luttait pour rester impassible, ma peau s'électrisait. Chaque muscle qui me composait se tendit, mon ventre se liquéfia. Mon corps répondait bien trop vivement à cette approche. Le traître. Je serrais les dents pour seule réponse à cette nouvelle remarque acerbe, ne voulant pas briser ce qui s'installait en me laissant aller à une nouvelle joute verbale. Ma susceptibilité devrait attendre, un temps pour chaque chose... « Si par connerie t'entends le fait de te rappeler qu'on va avoir de la visite... » Bon, à croire que c'était plus fort que moi. Cependant, au point où on en était, je le voyais vraiment mal foutre le camp. A moins qu'il n'ait une nana de secours dans son répertoire, prête à répondre au moindre claquement de doigts. Ou encore un misérable kleenex dans la poche. Anyway. J'avais beau tanguer, j'en avais mâté des plus coriaces, il ne s'échapperait pas aussi facilement.

Je fis courir mes doigts sur son t-shirt avant de venir me saisir de la ceinture de son pantalon et de le rapprocher davantage de moi. Son petit air satisfait avait le don de m'exaspérer, cependant, la façon dont cette confiance en soi émanait par chaque pore de sa peau avait un effet apaisant sur moi. Cet homme était de ceux qui obtiennent tout ce qu'ils veulent. La tension palpable entre nos deux corps n'était nullement due au besoin de prouver quoi que ce soit à l'autre, contrairement aux derniers rapport que j'avais eu avec Jay. Ce n'était pas une lutte pour l'autre, simplement une réponse à un besoin primaire. Je pouvais me laisser aller, les répercussions seraient sans importances. Je pouvais être moi-même, sans m'inquiéter de ce qu'il en penserait, cela avait comme un goût de liberté. Mes mains remontèrent sur son ventre, sous le tissu et je savourais le contact de sa peau sous mes paumes. Elles firent le tour de son bassin pour venir se glisser sur ses reins. Mon cœur sauta dans ma poitrine sous ses mains inquisitrices, mon souffle se fit plus rauque. « Tu parles trop, toi aussi. » J'attirai brusquement sa bouche contre la mienne. Ses lèvres étaient comme dans mon souvenir, aussi parfaites qu'elles en avaient l'air, fermes mais douces à la fois. J'attrapai sa lèvre inférieure entre mes dents, la mordillant doucement tandis que mes mains exploraient sa peau, caressaient ses hanches et son ventre. Je me saisis du tissu qui les recouvrait et le remontai, faisant passer son t-shirt au-dessus de sa tête avant de le laisser tomber au sol.

Tout ceci avait un léger goût de déjà vu, des images me revenaient en tête, mais c'était également comme une redécouverte de son corps. Si les années étaient connues pour être odieuses envers la gente féminine, les hommes avaient généralement beaucoup de chance. Je notais que, malgré le nombre de fois où je le voyais attablé au Barking, il n'avait pas cette bouée caractéristique des buveurs de bière, son corps semblait même plus développé, plus musclé qu'à l'époque. Rêveuse, je redessinai du bout des doigts l'encre qui marquait sa peau avant que, de mes lèvres, je vienne caresser et embrasser son cou puis sa clavicule. Mes mains reprirent le chemin de sa ceinture et l'ouvrirent, mes doigts jouant avec la boucle. Ma respiration se faisait plus saccadée, mon souffle plus chaud. L'attirance était toujours là malgré le temps passé, indéniable, et pour le coup je me demandais bien comment j'avais pu ne pas replonger plus tôt avec Parker dans ce vice si agréable. Oui, non, la raison était simple mais s'était désormais barrée. Mes lèvres, avides, repartirent en quête des siennes tandis que de mon corps je le poussai en travers de la pièce jusqu'à ce qu'il tombe dans le canapé. « Je préfère ça à la table de salon... » dis-je dans un souffle, allusion au scénario qu'il avait évoqué plus tôt pour justifier l'état du meuble, alors que je me débarrassai de mes sandales avant de venir prendre place sur ses genoux. Un bref instant mon cerveau me signala que nous n'avions pas fermé la porte d'entrée à clé, aussi n'importe qui pouvait faire irruption à n'importe quel moment. J'aurais du m'en soucier, voir me précipiter pour régler ce détail, mais étrangement je m'en moquais. Je trouvais même cela grisant. Oui, mon comportement m'horrifiait quelque peu, mais hé, j'avais d'autres chats à fouetter. J'ôtai mon haut et le jetai plus loin. Je me penchai sur lui, glissant mes doigts dans ses cheveux bruns, venant coller ma bouche à la sienne dans un baiser plus inquisiteur, plus fiévreux.

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MessageSujet: Re: maybe we're both just chasing ghosts    maybe we're both just chasing ghosts  EmptyDim 16 Mar - 23:43



ashleigh l. monaghan & parker h. bernstein
maybe we're both just chasing ghosts


Elle était un péché à elle toute seule. Peu importe ce que je pouvais en dire, provocateur, acerbe, caustique, elle n'avait pas grand chose à envier à n'importe qui d'autre. Physiquement parlant, du moins - le reste devrait m'intéresser rien qu'un minimum pour que je me laisse faire la comparaison. Et ce n'était pas le cas. Du tout. Les yeux accrochés à ses mouvements voluptueux, il ne me vient pas à l'esprit de lui demander ce qu'elle voulait faire comme job quand elle était gosse ou si elle avait déjà vu Lenny Kravitz en concert. Qu'est-ce que j'en aurais à foutre ? Limite, si elle se révélait être l'une de ces groupies au string facile et qu'elle partait dans les détails scabreux d'un backstage à l'abri des regards indiscrets, je ne dis pas, mais j'ai conscience du faible pourcentage de probabilité que j'ai là. Alors, autant ne pas courir le risque de tomber à côté, de la voir se lancer dans une frénésie verbale et sentir toutes mes envies se jeter du haut d'une falaise lemming way, condamné à reprendre le tissage de la corde qui me servira à aller décorer un arbre de mon corps, un jour ou l'autre. J’avais abandonné ce projet-là il y a plusieurs années, en me voyant débarrassé  et de Lou-Ann, et de l’obligation de déconnecter mon cerveau, quelques minutes, quelques heures,   Je ne sais pas si cela aurait seulement été de son genre - faudrait que je m'y intéresse la moindre, j'vous dis ; en revanche, je serai intransigeant quant à ce  qu'elle a d'autre à me proposer. Mes sources se faisaient certes un peu vieilles, confuses, peut-être même un peu altérées, enjolivées par le jeune homme succinct et aux exigences rudimentaires que j'étais alors, mais je ne demeurais pas moins convaincu qu'elle avait quelques ressources pour elle. Sa peau désirable, sa silhouette fine, ses courbes galbées, ses lèvres enivrantes… Tiens, les voilà qui se posent sur les miennes alors que je retombais dans ces souvenirs qui, cette fois, ne pouvaient plus prétendre au titre de parasites. Je sens son corps se rapprocher du mien, ou plutôt l’inverse ; sa main s’est agrippée au cuir qui enserre mes hanches et j’ai abdiqué sous sa pression, non sans un contentement certain, même si j’accumule quelques secondes de retard entre la réalité, l’instant présent, et ceux que je ressasse dans ce coin de ma mémoire qui, non, ne s’est pas vu définitivement écrasé par un coup ou deux bien – mal – placés. Si je parle trop, je pense trop, aussi. Et ce n’est pas vraiment normal, pas maintenant. Pas comme ça. Pas avec l’herbe qui embaume la pièce, pas avec son corps qui s’appuie délicieusement contre le mien, pas avec la Tequila qui épice ses baisers et ceux-ci qui se font plus pressants. Je baisse les armes, en charge d'autres ; ma main, crochée à son cou, file sur sa nuque puis remonte dans ses cheveux relâchés, m'assurant d'une prise ferme au cas où son baiser se révélerait trop tranchant - ou pas assez ? L'autre quitte aussi sa planque initiale et je laisse mes doigts effleurer son ventre en vitesse avant qu'ils ne finissent leur course sur sa hanche et ne s'arriment solidement dans sa peau, au fur et à mesure que je sens les siens faire leur chemin, plus consciencieux, sur la mienne. Merde.

Mon t-shirt atterrit par terre et je vrille mes prunelles sur elle, son visage, ses traits, ses réactions. Je ne cherche pas à y comprendre ou à y découvrir quoique ce soit - non. Je la revois se mordre la lèvre, rosir après un souffle prononcé, batailler avec une mèche de cheveux qui se colle sur son front, sa joue, ses yeux se fermer avec force puis se rouvrir sur le vague. Nouvel enchevêtrement de souvenirs - mais cette fois-ci, je ne me reprends pas. Non, je laisse les images défiler à la même mesure que je me laisse pousser vers le canapé, sur lequel j'atterris, sans résistance: mon regard qui ne la quitte pas tandis qu'elle se défait à son tour de l'étoffe qui nous encombrait, j'ai l'intime conviction que, d'ici un temps relativement court, la frontière entre ces images du passé et le présent ne sera plus de mise. Elle revient contre moi et je verrouille mes bras autour de sa taille, m'assurant de ne pas laisser un centimètre carré de sa peau narguer de loin la mienne, tandis qu'un fin sourire reprend ses droits sur mon visage à la remarque qu'elle vient de lâcher. Je lui - me - laisse le temps d'un nouveau baiser avant de répliquer, profitant de l'ardeur nouvelle de celui-là, me délectant de la violence douce de ses lèvres qui se font une place entre les miennes. Et puis, je fais courir mes doigts le long de sa colonne et les entremêle à nouveau à ses mèches, pour mieux la dégager, juste ce qu'il faut. « Ça, c’est parce que tu as toujours été barbante. » Ma répartie pourrait sembler tranchante, peu délicate; mais j'y ai mis les formes. Enfin, disons que ma voix s'est faite plus discrète, plus soufflante - sans que j'y sois pour grand chose, je l'admets - et puis, je souris à nouveau, effaçant tout ce qui aurait encore pu sembler froid sur mes traits. Froid. Non. J'ai putain chaud. « À moins que ce ne soit que le Fluffy synthétique qui ne t'ait attirée comme un aimant ?  » Fluffy. Je l'aurais presque oublié, celui-là, mais non. J'aurais sûrement du, mais, non. Je lâche ses prunelles éclatées pour diriger les miennes vers la déchirure du canapé, là, juste à côté de nous, et le rembourrage qui s'en échappe et que j'ai effleuré lorsqu'elle m'a fait délicieusement m'enfoncer dans le vieux cuir du meuble. J'attire tacitement son regard, mais, changement de plan de dernière minute ou simple preuve d'impatience, je ne lui laisse pas le temps de suivre le mouvement que je viens caler mes mains derrière ses genoux et que je la bascule plutôt sur les coussins, m'assurant de la laisser à proximité du petit vandalisme qui semble désormais appartenir à une autre époque. « Je me disais bien que t'avais tiré une sale tronche quand j'ai mentionné le triste sort de la version vivante, tout à l'heure. 'Fin, vivante... » Mes yeux quittent finalement le rembourrage et tous les sous-entendus que j'y ai mis; je ne les fais pas passer par les siens, préférant ne pas m'embarrasser d'une halte inutile alors que je plonge déjà mon visage dans son cou. Pour un instant, je me laisse n'être que lèvres et dents, explorant la peau de sa mâchoire, sa gorge, sa poitrine. Puis, mes mains reviennent dans le jeu et je lâche l'arrière de ses jambes pour les glisser entre celles-ci, les écarter ce qu'il faut pour me laisser un peu plus d'espace pour mieux coller mon corps au sien, cette place que je n'ai plus vraiment envie de quitter, pas tout de suite - pas du tout. Et pourtant, je m'écarte à nouveau, lorsque mes doigts sont déjà remontés sur ses côtes, alors que ma bouche a pris le sens inverse et que j'aligne désormais les baisers furtifs, électriques, le long de son abdomen : son jean me coupe dans mon élan et j'ai vite fait de me redresser. Putain, pourquoi est-ce qu'elle porte encore ce truc ?

« Désolé... Si j'avais su que t'avais un truc pour le clébard, j'aurais gardé le fin mot de l'histoire pour moi, tu penses bien. » J'insiste sur la fin de ma phrase, quand mes dernières paroles n'avaient résonné que vaguement, comme si elles s'échappaient d'elles-même, sans que je semble m'en rendre compte - ce qui n'est pas si faux que ça. Mais, là, je détache mes syllabes, je me donne même la peine de remonter à hauteur du sien un regard brillant. Par l'amusement, le cynisme. Par l'envie, aussi, un peu. Beaucoup. Et par l'énervement, jusqu'à ce que je sente la foutue fermeture de son pantalon céder sous mes mains fébriles. Chose faite, je m'empresse de perdre tout intérêt pour sa jolie tronche de cake défoncée et je reporte mon attention sur sa taille, ses jambes que je découvre sans faire durer le plaisir; je m'arrache même de la force d'attraction qui semble dicter à ma peau de rester collée à la sienne pour m'échapper d'entre ses jambes, entraînant son pantalon qui atterrit plus loin dans la foulée. De là, je prends une seconde ou deux pour parcourir mon terrain de jeu d'un regard qui se veut plus clair, plus analytique, plus réfléchi. Je me dis que c'est peine perdue quand je sens que je me mords la lèvre un peu trop fort et que je ne peux pas m'empêcher de revenir au plus près d'elle. Je reviens à ses lèvres, rapidement, avidement; mes mains repartent à l'assaut de ses flancs, dévalent sa silhouette, m'entraînent dans la poursuite. Mes lèvres ne semblent pas vouloir se lasser de sa poitrine encore bien trop vêtue, pas plus que son ventre, surtout pas maintenant que plus rien ou presque ne me fait barrière... Mais je ne vais pas plus loin, non. Je m'éloigne, une nouvelle fois, même. Merde. Je bouge trop. Mais j'ai trop de choses à voir, trop de choses dans le sang et plus assez de neurones en état de marche correct. Enfin... ça ne veut pas dire pour autant que j'en ai fini de parler, de me foutre gentiment d'elle pour mieux tourner la situation à mon avantage. Tourner; c'est elle qui tourne, sous la pression de mes paumes sur ses cuisses, ses hanches. Et, aux vues de la facilité que j'ai à l'allonger sur le ventre, elle non plus, ne doit plus vraiment fonctionner correctement. « J'ai jamais été trop bon en biologie, mais j'crois que l'affaire canine se passe comme ça. » Cette fois-ci, ce n'est plus qu'un murmure, comme si je ne m'adressais qu'à moi. C'est peut-être le cas. Oui, Ash, je parle trop. Mais en revenant sur elle, en collant mon torse à son dos, en posant mes lèvres avides sur son épaule et en laissant l'une de mes mains se frayer un chemin sous elle, là où je n'étais pas allé, un instant plus tôt et en étouffant un sourire dans son cou, j'ose me dire que j'ai une défense solide, au cas où elle trouverait encore à râler. Alors, je reprends, encore plus doucement, plus discrètement. Plus sérieusement. « Ça t'aiderait à surmonter ta perte ? J'te garantis pas que je suis prêt à aboyer, par contre... j'ferai déjà de mon mieux pour remuer la queue. » Nouveau sourire, bref; je préfère laisser mes crocs s'en aller à la rencontre de sa nuque, et je finis par me taire.


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MessageSujet: Re: maybe we're both just chasing ghosts    maybe we're both just chasing ghosts  EmptyJeu 17 Avr - 21:06


maybe we're both just chasing ghosts
Parker & Ash


Je plissai les yeux, surprise par le ton qu'il employait. On était bien loin de nos échanges précédents, ça ne puait pas le sarcasme, cela ne semblait pas être une pique... J'avais toujours eu du mal à me faire une idée de lui. Je savais qu'il pouvait être le plus gros connard du monde, qu'il savait toujours appuyer où ça faisait mal, mais j'avais connu une autre facette quelques années plus tôt, celle que je redécouvrais aujourd'hui. Lorsque le désir prenait le pas sur le reste, lorsque les barrières s'amenuisaient, où rien d'autre que le plaisir partagé n'avait sa place, n'avait son intérêt. Parfois c'était à se demander s'il n'était pas une sorte de roulette russe, impossible de savoir à quel gars on aurait à faire, de quelle humeur il serait. Si on allait se retrouver face au Bernstein irritable qui vous enverrait bouler, ou encore face au joueur, à celui qui essayait de tester vos limites. Et j'admettais que je n'avais jamais vraiment cherché à voir plus loin, me limitant au stricte minimum quand on était amené à nous voir, m'adaptant à l'ambiance générale. Fallait dire que malgré ma nature curieuse, je ne l'étais pas spécialement pour les gens, je me contentais de la facette qu'ils voulaient offrir sur le moment. Et pour être honnête, je ne me voyais pas non plus partir dans une analyse de l'autrichien en cet instant. « Barbante est mon second prénom. » Me contentai-je de répliquer, un sourire planant sur mon visage. Je ris à sa question suivante, celle concernant le chien, puis admirai le canapé éventré, me disant intérieurement que ça me semblait remonter à plus loin que juste quelques heures mais qu'en même temps ce geste, cette étincelle qui avait fait exploser le baril de poudre que j'étais alors, pouvait avoir eu lieu dans la minute précédente. Je perdais toute notion de temps et je ne savais pas si c'était dû aux substances ou à ce qui se déroulait là, maintenant. Le temps... Je n'en eus pas pour répondre que j'étais déjà allongée, à sa merci. Un petit cri de surprise m'échappa avant de se prolonger en rire de gorge. Un de ces rires déformés par la position nouvellement adoptée, rire qui s'étouffa tandis que mes yeux se fixaient sur le rembourrage qui débordait encore de la déchirure. Je plongeai mes doigts à l'intérieur, mon esprit un brin perdu dans la brume enivrante, et en retirai un autre morceau, jouant avec de mes doigts avant de le lancer en l'air, le suivant de mes prunelles. « Pauvre Fluffy. » Je pris une mine faussement attristée lorsqu'il évoqua la mort de l'animal, bien que je me doutais que personne n'en profiterait et certainement pas lui dont le visage était bien trop proche soudainement, mon cerveau n'ayant eu la décence de m'avertir de ce déplacement probablement trop rapide pour qu'il l'enregistre vu la manière dont je l'avais noyé. Je fermai les yeux, me délectant de ces contacts, me concentrant sur les sensations que cela provoquait et sur ce qu'elles apportaient à mon corps. J'arrivais à peine à les contenir tandis qu'elles se déchaînaient en moi. Je devais être rouge à présent, je me sentais brûlante, en feu, j'alternais vagues de chaleur et frissons, mes mains s'agrippaient aux coussins du canapé. Je haletais bruyamment alors que mes hanches ondulaient à nouveau, par réflexe, venant à sa rencontre. Mon corps entier se cabrait sous ses caresses expertes.

Une complainte s'évada par mes lèvres entrouvertes lorsqu'il m'écarta les jambes pour venir épouser mon corps qui se tordait de désir. Plus rien n'était réel, plus rien ne comptait si ce n'était sa peau sur la mienne, ses mains baladeuses, ses lèvres dévorantes. Mon pouls explosait le compteur, mon cœur battait à tout rompre, je le sentais à chaque battement dans ma poitrine, à mes oreilles. Un tempo digne de ces tubes de l'été au combien fatiguant sur lesquelles les bimbos décolorées se plaisaient à se trémousser. Je glissai mes doigts dans ses cheveux, parcourrai son dos de mes mains, sentant ses muscles rouler sous sa peau. Je me retenais difficilement d'y planter mes ongles et décidai qu'il valait mieux les enfoncer une nouvelle fois dans le canapé qui, lui, ne broncherait pas vu qu'il n'était plus à ça près. Je grognais faiblement de frustration lorsque je le sentis s'éloigner, mes bras se tendant en vain pour le retenir, le garder près de moi, seulement c'était inéluctable, pour pouvoir approfondir ce corps à corps endiablé. Je me passai les mains sur le visage, le dégageant des quelques mèches folles qui le barraient, tentai de reprendre le contrôle sur ma respiration de marathonienne en fin de course avant de me soutenir de mes coudes. Je l'observai se débattre avec mon jean, ne pouvant détourner mon regard de ses mains. « On avait un lien très fort, nos petites habitudes. » Répondis-je, amusée de voir qu'il insistait autant avec cette histoire de chien écrasé, pour ce que j'en avais compris. C'est Deklan qui sera ravi de l'apprendre à moins, qu'au contraire, il soit déçu de ne pas avoir pu se charger de son cas lui-même. « Quand je passais devant sa porte, il grognait, aboyait... Quand on se croisait dans le couloir, je le menaçais de ma godasse... » Une fois j'avais d'ailleurs fait plus que le menacer, ce qui m'avait valu les remontrance de sa patronne et les menaces de coup de fil à la protection des animaux. Ce à quoi j'avais répondu que la fourrière se ferait un plaisir d'accueillir son paillasson sur pattes et de lui administrer une bonne petite injection salvatrice pour l'humanité. Inutile de préciser que ça n'avait pas arrangé nos rapports de voisinage à temps partiel... Enfin, pour le temps qu'aura duré ma relation avec l'irlandais. « Une véritable histoire d'amour. J'en suis anéantie. » Mon pantalon céda enfin, pour mon plus grand plaisir, et je soulevai ma taille pour qu'il me dépouille de mon jean avant de me détailler de ses prunelles sombres. De mon côté, j'étais comme hypnotisée par sa bouche et surtout par la façon dont ses dents mordaient sa lèvre inférieure. J'aurais bien aimé m'en charger à sa place et cette distance entre nous devenait insoutenable. Par chance pour moi, cela sembla l'emmerder tout autant et nos bouches se scellèrent à nouveau bien que brièvement. Il me coupait le souffle à tant parcourir mon corps, me donnant la sensation d'être partout à la fois, me faisant perdre pied.

Je poussai un nouveau grognement à le voir encore s'écarter. Quoi ? Non ! C'était comme arracher une sucette des mains d'un enfant, ça ne se faisait pas ! Mon corps en demandait plus, beaucoup plus, maintenant, tout de suite. C'était comme un besoin pressant, comme si ma vie en dépendait. J'avais faim de ça, de lui. Sans son corps contre le mien, je me sentais incomplète, suffocante. Sans doute était-ce pour cela qui je me laissai faire, que je suivis le mouvement de ses mains sur moi et me retournai. Je me faisais l'effet d'une marionnette mais n'en éprouvais aucune gêne car, étrangement peut-être, je lui faisais pleinement confiance pour l'heure. Pour l'avoir expérimenté par le passé, je savais que j'étais entre deux mains rompues à cette discipline' et que je n'avais rien à craindre, malgré son caractère de merde, jusqu'à preuve du contraire. S'il m'avait proposé un cachet quelconque, là, je ne dis pas, j'aurais refusé de but en blanc, mais dans ce domaine charnel, j'y allais les yeux fermés. Façon de parler évidemment, car je gardais les yeux bien ouverts même si je ne pouvais plus profiter de la vue de son torse dénudé. Je fus prise d'un rire silencieux quant à sa remarque. Il avait trouvé une sorte de fil rouge à cet échange verbal et j'en aimais la tournure bien que j'aurais du m'en offusquer. La féministe en moi se serait outrée d'une telle comparaison, aurait pris les armes ou à défaut la parole, car cela n'impliquait-il pas que je sois chienne ? Mais je n'avais pas la tête à me la prendre justement, j'étais bien plus préoccupée par ce qui se déroulait dans mon dos et bien ailleurs encore. Mon gémissement se fit plus fort, libérateur. Je penchai la tête de côté, dégageant ma nuque, la lui offrant et laissait cette fois échapper un rire sonore à sa dernière phrase. « C'est vraiment très attentionné de ta part. » Sous l'emprise du désir ma voix était tellement éraillée que je la reconnaissais à peine. Elle ne sonnait pas faux, non, seulement étrangère. Mais n'était-ce pas là ce qui se passait ? Cette soirée ne me ressemblait pas, ou plutôt ne me ressemblait plus. Je n'arrivais pas à savoir si je m'en réjouissais ou si cela me taraudait. Si cela me hanterait une fois que je redescendrais de ce nuage, si j'allais m'en brûler les ailes ou si, au contraire, je pourrais m'en souvenir avec le sourire... « 'Puis comme ça, je n'aurais pas à supporter ta tronche de grincheux de première... » A défaut de me montrer sauvage dans les gestes, je pouvais toujours tenter de l'être dans la parole. Mais je n'y arrivais plus et cela devait s'entendre, il y avait peu de conviction dans ces paroles cependant l'intention était là, comme lui plus tôt. A croire qu'il n'y avait rien de tel que le désir charnel pour ramollir les esprits. Tant que ça restait les esprits...

« Et ne t'inquiète pas. Je ferais probablement assez de bruit pour deux. ». Poussant sur mes bras je nous redressai, gardant mon dos collé à lui, me délectant de le sentir sur chaque parcelle de mon échine. Je glissai une main entre nous et la remontait le long de ma colonne jusqu'à ce que mes doigts atteignent les agrafes de mon soutient-gorge. Ce bout de tissu me semblait de trop, sa présence m'en devenait insupportable, opprimante. J'étais aux prises avec un sentiment d'urgence, entre la menace du frangin ou encore celle de la proprio qui devait roder dans les parages, avec l'impatience aussi qui me dévorait insidieusement. Aussi, d'un geste habile je l'ouvris puis fis glisser les bretelles avant de le laisser tomber au sol. J'inspirais profondément, ainsi débarrassée de cette entrave bien qu'il en restait une. Notre posture m'empêchait d'y remédier et comme je refusais de remettre de la distance entre nous, je ferais avec. Pour l'instant du moins. Je repassai une main dans mon dos, venant cette fois caresser son entre-jambe avant que mes doigts enfiévrés ne prennent la direction du bouton de son jean et ne le défassent maladroitement. Je me félicitais intérieurement de m'être débarrassée de la ceinture plus tôt vu les conditions. Je fis coulisser la fermeture éclair et fis glisser son pantalon et son sous-vêtement le long de ses cuisses, le libérant de ces enveloppes encombrantes. Je repris mes caresses, plus directes, toutes timidités ou gênes qu'il y aurait pu avoir envolées, me cabrai, renversai la tête en arrière et passai les doigts de ma main libre dans ses cheveux, une nouvelle fois, les y perdant, m'y agrippant. L'image fugace de Jackson avec Ella dans les bras me vînt en tête, tel un signal d'alarme on ne peut plus efficace. Un Jackson aux yeux cernés, empêtré dans les couches culottes, Ella pleurant de fatigue et de faim dans les bras. No. Way. Je m'immobilisai. « C'est là que je joue la nana terre à terre mais...  » Je me voyais mal gérer une grossesse non désirée dans l'état actuel des choses. Bon, ok, je n'aurais pas à beaucoup réfléchir, c'était vite vu si cela m'arrivait prochainement. Célibataire avec un boulot à risque, une vie nocturne un peu trop animée, j'étais loin d'être l'image qu'on se faisait de la future mère idéale. Et contrairement à la mienne de mère, je n'étais pas croyante et n'aurais aucun soucis de morale. Mais là n'était pas le seul problème. Qui savait où il avait pu traîner toutes ces années et le nombre de MST qu'il avait dû collectionner ? Avec son palmarès, je n'osais l'imaginer et ne le voulais vraiment pas au risque de voir mon désir coupé dans son élan. Je m'en inquiétais suffisamment pour reprendre pieds, rien qu'une seconde, avant qu'on ne se laisse trop emporter. Encore que, avec la façon dont il menait sa vie, il devait avoir l'un de ces précieux petits emballages dans une poche, non ? « ... t'as ce qu'il faut ? » Lâchai-je dans un souffle. Dans le pire des cas, pour connaître les lieux, je savais où trouver le sésame si tant est que Jay ne s'en soit pas embarrassé lors de son départ précipité. Au vu de ce qu'il avait laissé derrière lui... Les yeux ouverts, dans le vague, dans l'attente d'une réponse de sa part, j'étais prête à partir au quart de tour, à foncer vers la table de nuit et à revenir en quatrième vitesse pour prolonger nos cabrioles.

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MessageSujet: Re: maybe we're both just chasing ghosts    maybe we're both just chasing ghosts  EmptyDim 4 Mai - 0:58


ashleigh l. monaghan & parker h. bernstein
maybe we're both just chasing ghosts


C'était marrant de constater à quel point le temps pouvait prendre des dimensions différentes, en fonction de ce qui l'occupe. Combien de minutes, d'heures s'étaient écoulées depuis que j'avais garé ma caisse là devant, que j'avais fait une courbette à ma sauce à l'autre débris du dessous et que j'avais passé le pas de la porte de l'appartement qui avait abrité mon cousin ? J'ai encore l'impression d'être à farfouiller dans les placards de sa piaule à la recherche de quoi me dégriser en préambule de la tâche de vider le bordel qu'il avait laissé en plan derrière dont m'avait affubler son aigre propriétaire et, en même temps, je suis à des années lumière de là. Comme quoi, il suffisait d'une clope magique, d'un peu de sirop mexicain et d'une blonde pas trop difficile à regarder pour vous foutre en l'air une timeline scrupuleusement suivie. Je n'étais pas un adepte des fils rouges bien pensés et des longues réflexions quant au déroulement d'une journée, mais j'avais pris l'habitude de rester vigilant quant à la l'heure qui tourne. L'âge qui monte en embarquant un brin de sagesse dans ses bagages ? Sûrement pas. Enfin, si - le moi de dix ans plus tôt n'aurait jamais autant galéré à faire sauter un jean que je viens de le faire, damn it. Un battement de paupière et l'étoffe aurait giclé à travers la pièce, démoumouttant la vieille du dessous par tant de vitesse et d'adresse, même à travers le plancher de bois qui  nous séparait. Ouais, enfin, figure de style, et puis, je me console en me disant que d'autres choses auraient giclé plus rapidement, aussi. Chiotte, voilà que je m'égare, chargé de toute ma poésie, de surcroît. La notion du temps, donc. Je restais d'habitude axé sur celle-ci parce que, justement, j'avais pris conscience que tout s'enchaînait vite, très, trop vite, et que si je comptais sur ma bonne étoile - ouais, enfin, elle choisissait son champ d'action, la connasse - pour continuer mon petit train de vie en donnant le minimum de ma personne, il fallait que je sache précisément où m'attarder et où il ne le fallait pas. J'aurais pu passer une semaine de plus dans le lit de la saloperie d'hippie qui m'avait accueillie chez elle à mon arrivée à LA ; je serais alors passé à côté du tout premier contrat photo qu'un type avait eu l'insouciance de me servir et, qui sait, je n'en serais peut-être pas là où j'en suis aujourd'hui. J'aurais aussi pu arriver en retard au premier cours de mon assistanat, me voir renvoyé avant même d'entrer dans la salle de classe et il n'y aurait pas eu de Delilah - je sens un frisson naître au bas de mon échine en m'imaginant alors, une Lou-Ann avec encore moins de neurones fonctionnelles encore agrippée à mes pattes, à geindre parce qu'elle aurait réussi, une épingle dans une main et une boîte de capotes dans l'autre, à me pondre un horrible marmot, qu'elle l'aurait appelé Jiminy Cricket et qu'elle aurait retracé toute ma biographie pour mieux nous ramener chez mes vieux, nous faire nous installer dans l'aile est de leur baraque avec leur bénédiction et qu'on aurait tous formés une belle famille de trouffions bienheureux. Nouvel égarement. J'entends la voix de la blonde quand je cligne des yeux, luttant contre une montée de bille inévitable en imaginant le brunch dominical plurigénérationnel auquel j'ai échappé de ça!, crois l'entendre causer de notre cher et regretté clébard Fluffy mais je n'y prête pas attention. Non, je reviens à ma lancée philosophique, frappé, une nouvelle fois, par l'absence qui vient de monopoliser mon attention. Voilà précisément où je voulais en venir; si j'aimais garder une vue d'ensemble sur ce que je faisais, quand je le faisais, il y avait, parfois, quelques exceptions du genre, où tout un tas de choses semblent se dérouler en moins de temps qu'il en faut pour que je refasse les connectiques de ma petite tête de con. Ces trous noirs. Ces vilains, vilains trous noirs, souvent épicés à une daube ou tout un cocktail, allongés par le premier alcool qui a rencontré mes prunelles sur un fond de violon poignant par tant d'émotion, suivi de près par un tas d'autres de ses camarades qui, là, n'ont plus tant d'intérêt; la recette était toujours la même, le résultat, après cuisson et/ou macération, quant à lui, différait en fonction de ces dernières étapes,  allant de la simple bouche pâteuse à la panique absolue quant à la localisation où je pouvais bien me réveiller, en passant par le sévère maux de tête pas copain copain avec quoi que ce soit, lumière, bruit, mouvement. Là, par exemple, la version soft du trou noir se déroulait en ce moment même; si je n'arriverais pas à quantifier le temps écoulé depuis que je suis arrivé ici même si je le voulais, je pouvais malgré tout détailler sans le moindre obstacle les différentes scènes qui nous avaient conduit jusque là. Même si je le voulais... L'usage de la condition prend tout son sens lorsque la peau de la blonde revient au plus proche de la mienne et que je reprends mes esprits, crochant mon regard aux tours de mains qui scellent le sort de ce qu'il lui restait comme dernier bout d'étoffe sur le dos pour ne pas m'égarer plus loin. Ouais, j'avais mieux à faire que flatter le Nobel de physique par ma tirade sans queue ni tête quant au temps et tous ses mystères et surtout l'attaque corrosive du joint de la flic sur ma personne; je m'y attèle de ce pas en lâchant mes songes pour replonger dans l'instant présent.

« Le grincheux se permet de remettre en doute tes... » Je coupe ma phrase en plein vol lorsque je sens sa main s'aventurer sur mon propre jean, je l'explose comme un pigeon un matin de juillet chez les rednecks quand je constate, feulement maîtrisé à l'appui, qu'elle a plus de maîtrise en matière de braguette & autres fermetures que j'ai pu en faire preuve plus tôt. Bon, faut dire que ça devait être bien plus aisé chez moi que chez elle, déjà parce que je suis intimement convaincu que bien plus de gonzesses se sont attaquées à ce  morceau de mon habillement avant elle et lui ont ouvert la voie que de types sont allés assouplir l'étoffe de son côté à elle, et ça même s'il sortait tout juste d'un rayon quelconque, ensuite, parce que, ok, c'est bien beau de mouler ses miches dans une coupe au corps, mais ça ne nous simplifiait pas la tâche, et puis, de leurs côtés, elles ne seront jamais confrontées à l'obstacle du skinny trop serré - bon, aux vues de l'état actuel des choses, je ne me plaindrai pas quant à ce dictat de la mode, non, loin de là. Bon. Je décide de mettre fin à la révolution qui s'engrangeait déjà en moi, je décide aussi que le temps de la parole est révolu et je me contente d'avorter ma réplique par un fin sourire qu'elle ne verra pas, primo parce qu'elle n'a pas jugé nécessaire de s'opposer au mouvement, trop contente de ne plus avoir à me faire face, dixit, deuzio parce que j'ai préféré aller réguler mon souffle dans le creux de son cou pendant qu'elle s'affaire à faire bon usage de ses dix doigts. Si cinq d'entre eux vont dans la - délicieuse - continuité des choses, les autres restant se sont glissés dans mes cheveux et je comprends, sans trop savoir comment, si l'on prend en compte ma capacité de réflexion fortement réduite, que la position ne doit pas être des plus aisées à tenir pour elle, non sans remercier la cambrure qu'elle a adoptée. Aussi, puisant dans ma bonté, je m'empresse de laisser mes mains retrouver son ventre puis sa poitrine, prenant le relais sur le morceau de dentelle qui n'est plus qu'amas au sol, voisin des débris de notre...

Shut up. Je ravale ma salive, mon sourire et tout ce qui s'en suit pour juste me concentrer sur le dessin de sa nuque du bout des lèvres et de son corps du bout des doigts. Jouant des gestes pour plus ou moins la cambrer selon l'envie et pour chercher la réplique à mon propre rythme cardiaque qui s'agace, je ne réagis que mollement à sa voix qui s'élève à nouveau, n'écoutant que d'une oreille bien peu intéressée tout ce qui pourrait comporter trop de syllabes à mon goût, à cet instant. Pourtant, j'ai vite fait d'avorter, à mon tour, les belles initiatives de mes pattes lorsqu'elle lâche la fin de sa réplique et que, bon, finalement, j'ai réussi à crocher en cours de route, non sans me préparer, dès lors, à râler quant à son amour de la parole. Ah, ben, oui. Forcément. LA question. Je me redresse un peu, amorçant un soupir, trop plongé dans l'action pour revenir comme ça, l'air de rien, dans le côté plus organisationnel du truc. Je préfère le détourner en une remarque bien crasseuse, histoire de rester dans le thème et de me laisser quelques secondes de plus pour refroidir ma tête. « T'as plus le doigté suffisant pour te faire ta propre opinion sur le sujet ? » Ce qu'il faut, ce qu'il faut... La notion était sujette à l'interprétation que l'on voulait. « Me disais qu'il y allait bien finir par avoir une merde dans le moteur.   » Bon, les chiens, les bagnoles, j'étais créatif ce soir. Qu'est-ce qui m'y prêtait le plus, l'herbe magique, la situation ou la compère idéale ? Peu importe. Je me suis déjà dégagé de sa prise d'un geste de la tête presque agacé et j'ai repris mes mains vers moi, après, cerise sur le gâteau, l'avoir déséquilibrée juste ce qu'il faut pour que j'affiche un dernier sourire railleur en la voyant pencher dangereusement. Rubber up. Qu'est-ce qu'elles étaient pénibles, toutes, à piailler sur l'équipement alors qu'on sait très bien qu'elles en ont vu de toutes les couleurs avant. C'était pas comme si c'était si... Merde. Je freeze, non plus parce que je l'entends miauler deux ou trois conneries, mais parce que ma main, enfoncée dans la poche de mon jean, brasse du vide - ouais, m'en fous bien de la consigne de stockage qui interdit formellement ce genre de planque. J'étais plus dans la consommation que dans la collection, de toute manière, et puis, même, si le bout de plastique s'avérait défaillant par cette insouciance de ma part, il ferait quand même effet placebo le temps que j'aie disparu du champ de vision de l'autre lésée. Enfin, on s'en fout; pour discuter de ma rigueur quant aux consignes d'utilisation, encore faudrait-il que je mette la main sur quelque chose, et, là, non. C'est le néant. Je fronce subitement les sourcils, perdant l'air rieur qui animait alors mes traits jusque là pour me replonger dans un flashback express de ces dernières vingt-quatre heures. Canapé, mur, chaîne hifi, table basse, recanapé, cuisine, escalier, vieille, bagnole, maison, pieux, Barki... Damn. La fausse (non mais, oh) rousse qui carburait au gin ! Je ferme les yeux et m'insulte vite fait, voilà que je faillais dans ce domaine ? Faut croire que l'été m'avait vraiment salement amoché.

Et puis, non, l'heure n'était pas aux reproches. Pas dirigés contre moi, s'entend; j'avais quitté mon appartement pour me ramener ici et rien qu'ici, je n'aurais donc du croisé que le vieille morue du dessous et, aux dernières nouvelles, non, ce n'était pas elle qui allait me faire penser à réviser l'inventaire de mes poches. Toujours prêt, la devise avait ses limites. Et puis merde, pourquoi est-ce que ça serait toujours à nous autres, pauvres types, de financer le morceau de latex alors que, on est bien d'accord, il n'y avait que ces saloperies d'oestrogènées qui y couraient après ? J'étouffe, une nouvelle, un vent de révolte qui s'élève en moi lorsque je reporte mon regard sur la blonde et que mes yeux s'attardent sur tout, sauf son visage. Ouais, bon... Ce n'était pas le moment. Vraiment, vraiment pas. « Tu vas rire, mais... » À nouveau, ma phrase n'aura pas de fin, du moins, pas orale; un sourire, en revanche, se colle sur mes lèvres et la ponctuera, tandis que je lui ferai comprendre d'un haussement d'épaule que non, bordel, je n'ai pas ce qu'il faut.  « Mais j'suis sûr que ton sac de survie avait encore bien d'autres ressources inexploitées, hein ? » Pas si sûr que ça - j'avais un peu de peine à imaginer Deklan, puisqu'il en était le créateur si je me fie à que j'avais entendu plus tôt, saupoudrer le tout d'une pluie de condoms multicolores lorsqu'on connait la tronche qu'il pouvait tirer dès qu'on abordait tringlages de sa frangine entre potes autour d'une bière. D'ailleurs, je le raye directement de la liste que je m'affairais déjà à établir dans ma tête de solutions au problème qui venait de alourdir l'ambiance. J'ai comme le sentiment qu'il ne ferait pas preuve d'une envie à toute épreuve de me rendre un service en faisant une halte au supermarché du coin avant de venir ici et de nous dépanner comme le bon petit gars qu'il pourrait être, s'il donnait un peu du sien. Dommage. Note pour plus tard, soigner mes relations avec les frères des prochains canons que je croiserai. Bon, et bien, il ne me restait plus qu'à trouver un semblant de boyau de mouton, old school, ou alors à la faire picoler davantage, jusqu'à ce qu'elle ait oublié, pour de bon, toute notion de safe sex qui pouvait brouiller son esprit en ce moment-même. Un regard circulaire sur la pièce, je perds un peu confiance quant aux ressources de ce bon vieux Jay en matière d'exotisme de la capote et décide de reporter mon attention sur la blonde. « Tu crois que la momie pourrait nous dépanner ? » Je vrille mes pupilles dans les siennes, les traits soudain bien sérieux mais le regard terriblement rieur. Bah, autant prendre les choses à la rigolade, et puis, au pire, j'ai vu qu'il restait encore un bon fond dans notre bouteille conjointe. Ma dernière solution s'avérait amplement jouable. « Des fois qu'on ait été des mauvaises langues... on pourrait être surpris. »
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MessageSujet: Re: maybe we're both just chasing ghosts    maybe we're both just chasing ghosts  EmptyJeu 5 Juin - 18:14


maybe we're both just chasing ghosts
Parker & Ash


De remettre en doute mes... ? Oh gosh ! Allai-je pouvoir me vanter de lui avoir cloué le bec ? Je souris, victorieuse et notai cette information dans un coin de mon cerveau. Sait-on jamais, peut-être aurai-je l'utilité de ce stratagème à l'avenir. Si tant est que ma mémoire ne me joue pas de tour et qu'elle daigne enregistrer l'information. Tout était envisageable, si ça se trouvait demain j'allais me réveiller dans une suite à Vegas, avec un tigre dans la salle de bain... Et pourquoi pas avec un visage estampillé ou une dent en moins. Non, c'était faux, je ne regardais pas trop la télé depuis qu'on m'avait suspendue. Non. Les trous de mémoire et gueules de bois mémorables m'étaient inconnus jusqu'à présent, mais il y avait des débuts à tout. Ne serait-ce que ce moment, ce qui se produisait, ne collait pas à la personne que j'étais devenue. D'où je me serais livrée à une telle liberté, à un tel laisser-aller ? Mais le poids de la culpabilité et des responsabilités ne m'atteignaient plus désormais, noyés dans la daube et l'alcool. Je me sentais revivre en quelques sortes, malgré que ma tête soit comme plongée dans du coton. Je retrouvais le sourire, je ne me sentais plus obligée de forcer les zygomatiques ou de prétendre que, ouais, la vie était cool, que tout était super génial. La vie n'était qu'une grosse salope qui nous préparait un lot de merdes dès notre venue au monde. Je n'étais pas des plus à plaindre, mais j'avais vu des horreurs qui ne quitteraient jamais mon esprit, qui persisteraient à peupler mes rêves... Mais là, non, je n'en avais strictement rien à faire. Alors même si Parker était doué pour taper sur le système des gens, non, je ne me laisserai pas détourner de mon but, je ne ferai pas cas de ce qui sortira de sa bouche... Et puis, je savais comment le faire taire maintenant à ce qu'il semblait. Ma main ne cessait d'ailleurs ses caresses, me procurant un sentiment de puissance sur l'autrichien, bien que temporaire car la présence des siennes sur mon corps me faisait perdre tout envie de le faire plier à mon bon vouloir, préférant de loin me perdre dans cette étreinte peu conventionnelle. Du moins, jusqu'à ce que je pose la question.

J'attendis, haletante, et ne fus pas franchement surprise par sa réplique. Il ne perdait pas son mordant au moins, c'était déjà ça de pris. Était-ce donc mes capacités qu'il avait voulu remettre en doute plus tôt ? Je ne voyais pas en quoi mon doigté aurait pu influer sur ma question, fallait dire que je ne ''voyais'' plus grand chose dans mon état. Oh, si, ça y était, enfin... Je pensai voir où il voulait en venir. Ha. Ha. « .Oh, de ce côté-là y'a ce qu'il faut même si dans mes souvenirs c'était bien plus impressionnant. » Ah, je n'avais pas non plus perdu de mon répondant. Je fronçai les sourcils en sentant sa tête se soustraire à ma main. Crap ! Déjà que mon équilibre était devenu précaire, si en plus tout appui foutait le camp... Je me rattrapai in extremis au dossier du canapé avant de venir m'y adosser. Je me passai une main dans les cheveux alors que mes yeux l'observaient fouiller ses poches avant de se river à son corps qui manquait déjà au mien. Je me retenais de venir établir un nouveau contact, ne serait-ce que par celui de ma main sur son bras, me disant qu'il semblait déjà assez ronchon sans que je ne vienne me coller dans ses pattes. J'écarquillais légèrement les yeux – ce n'était déjà pas franchement évident de les garder ouverts, alors les ouvrir davantage... – devant son expression. Ce n'était pas bon signe, mais alors pas du tout. Pourtant, à le voir enfouir les mains dans son pantalon, déterminé, je pensai que la solution à notre problème était là, toute proche. Mais non. Non. Non, je ne pensais pas que ça allait me faire marrer. Non, pas là, pas dans cette situation. Je râlai d'ailleurs, devinant ce qui allait suivre. Mais, mieux valait maintenant que plus tard. Bon, j'avais apparemment surestimé son organisation. Ou sous-estimé ses activités. Anyway. Dans les deux cas, nous étions face à un coitus interruptus... Voire pire, car c'était carrément étouffé dans l’œuf. Stoïque face à son apparente décontraction, je me passai une main derrière la nuque tandis que je plantai mes prunelles dans les siennes. Dans le sac, bah voyons ! Oui, certainement. Mon frangin était tout à fait du genre à vouloir me jeter dans les bras d'un mec avec préservatif en prime, ça lui ressemblait parfaitement, lui qui refusait parfois d'admettre que j'étais une adulte et que je pouvais faire ce que bon me semblait. Il m'avait fallu user de ruses pour obtenir de la bière en soirée avant d'atteindre mes vingt-et-un ans alors qu'il ne s'était pas gêné dès notre arrivée à Los Angeles. Vous voyez la logique et l'hypocrisie du grand frère hein. Alors ne serait-ce que l'imaginer glissant consciencieusement un étui dans le sac me fit abandonner mon apathie et éclater de rire. « Deklan y aura sûrement ajouté un calepin avec tous les noms de ses potes célibataires aussi, oui. Au cas où je veuille me changer les idées. » Autant y aller à fond dans le délire. Surtout qu'il me reprochait suffisamment comme ça de piocher dans ses amis. Hé, oh ! Pour infos, j'ai connu Jackson avant lui. Et il se passait déjà quelque chose entre Jay et moi avant qu'ils se décident à être pote selon moi. Bon, Leo ok, même si au départ c'était juste un jeu pour emmerder Dek'. Jeu qui nous avait rattrapés et dépassés. Mais qu'il arrête sa paranoïa, j'avais bien d'autres critères que ça, après je n'y étais pour rien si on traînait avec les mêmes personnes. « Quelqu'un devrait mettre en place un système de livraison pour ces choses-là...  S.O.S. Condoms. Il se ferait un fric fou. » Au lieu de nous bourrer le mou avec leur connerie d'une boisson gratuite pour la commande d'une pizza, pourquoi pas la remplacer par une capote, hein ? J'veux dire, c'est rarement les boissons qui manquent dans les placards, merde ! Alors qu'un service spécialisé trouverait certainement une clientèle à l'heure des sorties de bars et de boîtes de nuits déjà. Oui, bon, aux États-Unis c'était probablement trop demander, ''incitation à la débauche'', les parents crieraient au scandale, Sarah Palin lâcherait ses sbires... Puritanisme de merde.

Je plissai les yeux lorsqu'il lança l'hypothèse que la vieille pourrait nous sortir d'affaire. Je me doutai, à son regard, que c'était sur le ton de la plaisanterie – du moins je l'espérais – mais cela n'en restait pas moins surprenant. Quand il n'était pas question du clébard, on parlait de la propriétaire des lieux. Well... « ... tu ne veux pas l'inviter à rejoindre notre petite sauterie pendant que t'y es ? » Je tentai de garder une apparence sérieuse, tout comme lui, mais un éclat de rire en eut raison. Imaginer la propriétaire, entre nous, sur le canapé éventré, en tenue légère... Non, impossible de rester impassible face à cette image. Quand je retrouvai enfin mon calme, je pris une longue inspiration avant de claquer mes mains sur mes cuisses. « Je pense que je peux sauver le coup. Et donc nous éviter de jouer aux archéologues... » Je me levai, m'étirai un bon coup avant de prendre calmement la direction de la chambre. Si, plus tôt, j'avais eu en tête d'y aller en courant, je préférai désormais prendre mon temps devant l'étourdissement que le simple fait d’ôter mes fesses de ce foutu canapé avait déclenché. Slowly... Il ne manquerait plus que je me vautre et que je me blesse – that's so me. Là, oui, ça serait la fin de nos ébats. « Mon instinct de flic, tout ça, j'devrais pouvoir trouver la planque de l'irlandais... » Ouais, je racontais des conneries et encore, ça pourrait être pire avec tout ce qui me passait par la tête, j'en filtrais la majeure partie. Je gardais pour moi les théories fumantes concernant l'extinction des dinosaures, l'assassinat de Kennedy, le premier pas de l'homme sur la Lune, de pourquoi les Schtroumpfs sont bleus ou encore concernant LA question de qui était arrivé en premier entre l’œuf ou la poule. Je marchai la tête haute, le buste droit... et la main droite caressant les mûrs histoire de ne pas perdre mon chemin – je vous l'assure, les gens font toujours ça dans les labyrinthes, je l'avais vu à la télévision. Bon, okay, l'appartement n'était pas suffisamment grand pour qu'on s'y perde – mais hé, si vous aviez ingéré les mêmes substances que moi, vous en seriez moins sûrs – mais c'était sans compter sur mon équilibre précaire. Une fois la porte de la chambre passée, je filai vers la table de chevet sans lancer le moindre regard autour de moi de peur de sombrer dans les méandres de souvenirs heureux et donc douloureux. Pas le temps de bader, de m’apitoyer sur mon triste sort de galloise plaquée sans explication aucune. Non. Le départ précipité de Jay m'avait suffisamment bousillé le moral et là j'avais un moyen de tourner la page, de garder une image bien plus amusante et divertissante de cet endroit. Cet appart ne serait plus seulement celui où un ex aurait habité, mais également celui où j'aurais remis les ''conneries'' avec l'autrichien. Ce qui, en passant devant, devrait me coller un sourire amusé sur le visage et non l'envie de jouer les pleurnicheuses lamentables. L'autrichien. Parker ! Oui, oui, c'est pour ça que j'étais dans cette pièce, pour ça aussi que je devais me dépêcher. J'ouvris le tiroir et le fouillai avec empressement avant d'enfin mettre la main sur ce que j'étais venue chercher. J'allais refermer le meuble lorsque mon regard se posa sur un cadre photo posé dessus. Je reniflai de mépris avant de l'envoyer valser du revers de la main. Encore un souvenir qu'il avait laissé derrière lui, j'en ferai donc autant de mon côté. Je repoussai le tiroir et ressorti de la pièce sans un dernier regard.

En revenant dans le salon où flottait encore la fumée de la roulée que nous avions partagée, j'agitai l'étui argenté, triomphante – hé, je venais quasiment de trouver le St Graal tout de même – avant de le jeter à Parker et d'empoigner son pantalon qui, je ne savais trop pourquoi, était toujours sur lui. J'étais encore fébrile, mais mes gestes se faisaient sûrs. Je tirai sur le tissus sans vraiment de délicatesse, le fis glisser avec le reste sous son corps, le long de ses cuisses, de ses genoux... J'achevai de le déshabiller, ses derniers vêtements rejoignant les autres au sol, et le détaillai du regard, satisfaite. « C'est bien mieux comme ça... » Je me redressai avant de me débarrasser du dernier bout de dentelle qui me couvrait, tentant de refréner le refrain de ''Girls just want to have fun'' qui me trottait dans la tête. Malgré son entrain, Cyndi Lauper risquait d'être de trop dans cette pièce, so... Anyway, lorsque mes yeux se reportèrent sur lui, sur son corps, mes pensées, loufoques ou non, furent toutes parasitées. Je déglutis tandis que mes dents entamaient ma lèvre et que je reprenais place sur ses jambes. « On en était où ? » Ma bouche retrouva vite le chemin de la sienne alors que mes mains ne parvenaient plus à se détacher de son corps, remontant dans ses cheveux. Plus les secondes filaient et plus je me montrais pressante, mes baisers plus insistants. Agrippée à lui, je me laissai volontairement tomber sur l'assise du canapé, l’entraînant dans ma chute, lui venant peser de tout son poids sur moi. Je me laissai aller à lui dévorer le cou pendant que mes mains glissèrent le long de son dos, sentant ses muscles rouler sous sa peau. « A moins, bien sûr, que tu ne penses encore que j'suis trop rouillée... » que je lui soufflai dans l'oreille avant de lui en mordiller le lobe. A croire, qu'au fond, j'avais pris sa pique un peu trop sérieusement et que je doutai moi-même de mes capacités. Ou simplement que je ne pouvais abandonner notre joute verbale, celle qui nous avait menés jusque là.

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MessageSujet: Re: maybe we're both just chasing ghosts    maybe we're both just chasing ghosts  EmptySam 5 Juil - 3:55


ashleigh l. monaghan & parker h. bernstein
maybe we're both just chasing ghosts


Bon, ok - ça craint. Chuter à cet instant, merde ! Trois plombes qu'on se chauffait, plus ou moins directement, plus ou moins consciemment, et on allait mettre un coup de frein net là-dedans juste parce que ma poche est vide, désespérément vide ?  Tous sarcasmes, blagues et envolées lyriques à deux balles mis à part, confronté à la réalité de la chose, je me sens un peu con. Ce n'était pas comme si j'étais le genre de mec qui n'a jamais besoin de sortir un de ces jolis petits morceaux de latex de sa poche ou celui qui a un planning précis des stocks qu'il doit entretenir parce qu'il connait avec exactitude les plages horaires du mois où il en aura l'usage. Non, moi, je l'ai déjà dit mais j'insiste : j'étais de ceux qui vivaient sous le motto emprunté aux scouts. Des scouts où on ne fait pas que planter des marschmallows sur les bâtons pendant les soirées au coin du feu et où Lord Robert Baden-Powell est tout fringuant en porte-jarretelles et nipple clamps à froufrous, mais des scouts quand même. Toujours prêts ! ouais, ... et ben non. J'aurais presque honte de moi. Presque, parce que fallait pas pousser non plus, rien ne m'avait mis sur la piste que quelqu'un d'autre se pointerait à l'appartement de l'Irlandais (sinon, parole de scout, je serais encore en train de roupiller bien tranquille chez moi, à rêver bouteille de Jack's fluo et de corps plus très frais) et la mission n'était pas franchement de celles qui aguichaient ma libido. En toute logique, je n'aurais du que croiser le jambon largement au-delà de sa date de péremption du dessous et, même si je glisse mes yeux sur Ashleigh lorsqu'elle me questionne à son sujet et sa possible participation à notre séance d'aérobic sans les collants roses pétants et sans les headbands so funky et que, peut-être, avec deux ou trois grammes en plus dans le sang, j'aurais pu trouver ça excitant, ce n'est pas elle qui m'aurait fait me précipiter vers la première pharmacie du coin, prendre autant de boîtes de préservatifs que mes bras me le permettaient et mettre un uppercut à la grognasse engrossée à la caisse pour prendre sa place et régler mes achats au plus vite. « Une autre fois, peut-être ? » Un regard sur la pièce m'indique clairement qu'il n'y aura pas d'autre fois, sauf si ça se passait au tribunal, après que la vieille nous ait dénoncés... ou à ses obsèques - bah, peut-être qu'elle y tient vraiment très, très fort, à sa piaule miteuse ? Je ponctue ma réponse d'un sourire, bien plus maigre que l'éclat de rire qui parcoure la galloise, mais, hé, c'est déjà un foutu miracle que j'interagisse de la sorte, surtout quand je suis dans une telle embûche.

Mes yeux reviennent sur la blonde quand elle m'annonce qu'elle peut nous sauver la mise. Elle a dit autre chose encore, avant, aussi, mais bon, il aurait fallu que je l'écoute pour que je réagisse, et j'étais bien plus intéressé par moi-même et mes songes vagabondantes que je ne le serai jamais par sa gueule. Elle se lève et, alors qu'elle me présente son plan de secours, je me retiens de lui faire remarquer que... « S'il y a une planque, votre feu sexualité ne va pas me faire rougir... » Ouais, bon, je ne me retiens pas. En même temps, je lui ai croque-mitaine du dessous pour palier à ma terrible faute de jeu, alors, c'est pas comme si on était à ça près. « Ou alors, tu peux troquer ton instinct de flic contre celui de la numéro... trois, quatre ? T'avais quelle place sur la liste de passage, Ashleigh ? Jay m'a sifflé mon droit de regard dessus il y a pas mal de temps déjà. » En la suivant d'un oeil hautement plus attentif, cette fois, tandis qu'elle s'échappe vers la chambre à coucher, et en observant le balancier délicieux de ses... ses cheveux, ouais, voilà, je comprends soudain que le cousin avait peut-être une raison de ne plus vouloir que je m'implique dans son planning gonzesses et que je lui organise son agenda chaque premier dimanche du mois, powerpoint et pie charts détaillées à l'appui. La blonde hors de portée de vue, je passe une main rapide sur mon visage en me redressant un peu dans mon assise et je chasse ce sentiment d'injustice quant aux privilèges de coach personnels que le barman m'avaient retirés sans la moindre vergogne. Même si ce n'est pas fameux, je tente de rassembler un peu mes pensées et de les cadrer un minimum, balayant le séjour d'un coup d'oeil distrait en attendant qu'elle revienne. Deux cartons qui se courent après, une pile de DVD qui a du s'étaler sur le sol sans qu'on s'en rende compte et une table basse ruinée sous un excès d'enthousiasme  - comme déménageurs, on repassera. J'avais pourtant le souvenir d'avoir rempli des camions et des camions du bordel qu'une poignée de merdeux s'estimaient trop bien pour s'en soucier d'eux-mêmes, quand ils passaient de leurs lugubres six pièces en campagne pour des fabuleux bijoux de l'architecture sur la côte, il y a pas mal d'années de ça, avant que je n'arrive à Los Angeles. Ok, j'étais payé pour ça à l'époque, et c'était un bon moyen de se glisser une cuiller en argent dans la poche par-ci et une alliance oubliée par-là pour arrondir les fins de mois cannabissées, la donne était toute autre, mais, bon. Le coéquipier n'était pas le même, non plus, et quand un bruit sourd me fait redresser la tête et la tourner en direction de la chambre d'où je vois ressortir mon bras droit du jour, je me dis que c'est peut-être ça qui fait toute la différence.

Détaillant la silhouette de la blonde, je n'y vois pas l'encre hasardeuse qui noircissait la peau de Jack, mon ami d'alors, sa carrure s'avère moins menaçante, la ligne de son cou et de son menton n'avait rien de celle du grizzli à qui j'avais du expliquer, maintes et maintes fois, la signification du mot rasoir, en vain. Non, elle n'était pas lui, formellement, rigoureusement non, et oui, je tiens là la raison pour laquelle nous aurons échoué lamentablement dans notre tâche commune pour contenter la propriétaire des lieux, j'en suis désormais certain. Mon regard rentame une descente en toute hâte le long de ses courbes tandis qu'elle se débarrasse pour nous deux des derniers vêtements qui nous encombraient, et, loin de me morfondre quant à cet échec fraîchement déclaré, je me laisse piquer par quelques images qui me reviennent en tête et qui me rappellent que nous avions un autre terrain connu en poche pour compenser nos maigres capacités, un rouleau de scotch et du  papier-bulle dans les pattes. Compenser ? C'était plus que ça, c'était au-delà de ça - on avait mis combien de temps avant de se retrouver à poil ? Parlant de ça, je reviens dans l'action, quitte le banc de touche où je me suis posé pendant qu'elle prospectait pour le précieux sésame qu'elle m'a lancé et auquel je fais finalement attention, mes doigts s'affairant à déchirer l'emballage. Dans la foulée, je me promets de ne plus songer barbu, ni scout, parce que si je sais parfaitement que la daube et le désaltérant aux frais de son frangin m'ont un brin entamé, je suis aussi pleinement informé de ma sexualité et, non, la pilosité virile d'un baroudeur ou celle juvénile d'un petit mec en short court ne pourront prétendre à aucune place, la plus minime qu'elle soit, dans le fil de mes pensées pendant ce qu'on s'apprête à faire. D'ailleurs, je ne traîne pas pour nous débarrasser, enfin, de l'obstacle qui nous avait mis sur la touche plus tôt, et, sitôt fait, je relève les yeux sur elle, paré à l'abordage... quoi ?! J'oublie que j'ai la gueule de travers quand son corps se rapproche ostensiblement du mien et que je sens la chaleur qui émane de sa peau venir flatter la mienne. Ce coup-ci, je n'ai pas besoin de poser une interdiction de trois paragraphes d'inclure un pirate à mes prochaines réflexions ; mes doigts s'enfoncent dans sa peau, cerclent ses hanches, elle m'embrasse et je sais que la porte s'est verrouillée, ne laissant plus rien venir perturber les sensations qui s'enflamment en moi.

« On causait mécanique. » Question conne, réponse honnête. Plus ou moins - d'un point de vue littéral, ou disons naïf, c'était précisément ce que nous faisions avant qu'elle ne fasse trébucher sur la quête du condom perdu. Et si j'avais pourtant un souvenir différent d'elle, ses derniers commentaires, sans intérêt ni utilité, résonnant comme les phrases bateau du premier film du cul pour gonzesses - pardon, téléfilm érotico-sentimental -  pourraient me laisser penser que sa saloperie d'oestrogène l'avait emporté sur sa jugeote et qu'elle pouvait le prendre au premier degré. Mais, non, je n'y pense pas, d'abord, j'viens de le dire, car j'ai troqué mes élans de philosophe contre d'autres, bien plus primitifs et tellement plus appropriés, et ensuite, parce qu'à peine nous a-t-elle fait basculer sur le canapé, elle réplique et rebondit avec brio sur nos provocations des derrières minutes, acides et imagées, et prouve qu'elle sait tenir son rôle dans notre échange entendu. Je ne réponds rien, pas tout de suite ; un sourire se pointe aux coins de ma bouche mais il disparait de son champ de vision aussi vite qu'il y est apparu quand je la pose contre la sienne. Pas de méprise - il n'y a rien de délicat ou de bien pensant, non, le baiser s'émancipe de tout ce qui pourrait s'apparenter de près ou de loin à une once de douceur, il est franc, pressant, poussé à la frontière de la brusquerie par une urgence qui ne laisse plus planer aucun doute quant à sa présence. Au fond, il se sert à rien, sinon à parer l'inévitable, à étouffer le souffle un peu trop audible à mon goût qui se serait fait la malle de mes lèvres si elles n'avaient pas été occupées à peser sur les siennes alors que, finalement, je me glisse en elle. J'avais prévu le coup, sûrement conscient que je n'avais pas la tête assez froide pour prétendre à l'air impassible et le cryptage parfait de mes émotions que mériterait notre situation, parce qu'on s'était chauffé un poil trop, parce que j'avais une dose certaine d'alcool dans le sang, parce que je sentais encore le fumet délicat des quelques herbes aromatiques qui se sont embrasées plus tôt flotter dans l'air, coller à mon palais, caresser ses lèvres. D'ailleurs, cette ultime distance entre nos deux corps franchie et mon inavouable réaction inavouée par la bonne grâce de ce baiser, j'ai bien vite fait d'y mettre un terme et je me dégage vaguement, préférant de ramener mes pensées, mes forces sur ce qui m'intéresse plutôt que sur sa tronche de fausse effarouchée. Le ton est donné, il l'avait toujours été, et il ne changera pas; aussi, c'est sans cérémonie que je prends appui sur l'une de mes mains pour me redresser et rétablir une distance raisonnable entre nos deux corps, pour mieux laisser à nos bassins l'occasion de combler cet espace. L'autre, de mes mains, elle revient sur la hanche qu'elle avait quittée pour le moelleux de canapé quand sa flic de proprio m'avait renversé avec elle, elle s'y attarde, une seconde ou deux, pressant la peau, l'os comme si je tenais à assurer une prise pourtant déjà concrète et sans équivoque sur son corps. Et puis, ma paume abandonne sa taille et se faufile sur sa jambe, son genou qu'elle relève, sa cuisse où elle finit sa course course, sans que je révise en rien la vigueur du contact; c'était pas une flatterie, une promenade de santé sur son derme velouté, juste comme ça, pour ses beaux yeux - je cherche juste à prendre plus loin, plus fort, et ça nécessite quelques manoeuvres de sa part. Et ça, merde, j'ai pas le temps de lui demander, storyboard et argumentation dans le package, alors autant forcer mes doigts contre sa peau et la modeler comme je l'entends, quitte à ce que ça picote. Les risques du métier ?

... Par contre, (parce que, ouais, faut pas croire que si peu allait suffire à me couper le sifflet), pour rebondir sur sa dernière réplique, enfin, l'audible, disons, là, je trouve le temps, et je le prends. Avec une poignée de minutes de retard et deux ou trois années-lumière d'écart, mais, hé - c'est ça qu'on veut. « Ouais, bon. » Mes lèvres quittent la base de son cou où mes dents s'étaient égarées et je redresse un visage étonnamment lisse et serein à la hauteur du sien, alors que je n'ai en rien interrompu la querelle de nos bassins. Il y a peut-être la fine pellicule de sueur qui s'est propagée sur ma peau qui pourrait me trahir, mais, hé, fait chaud, vachement chaud. Non coupable. « Rouillée, non. Mais...  y'a comme un grincement. » Ma bouche vient frôler la sienne et je concède de ne pas y étouffer le soupir qui accompagne l'intrusion un peu plus abrupte dans son intimité soigneusement agendée, histoire de prouver la véracité des derniers mots que je lui ai soufflés. « Ouais, juste comme ça. T'entends ? » Probablement pas - c'est bien elle qui a dit qu'elle était celle qui poussait les gémissements, pas celle qui les entendait ? Gémissement, grincement, dans notre cas de figure, c'était du pareil au même.  « Après... » Je profite de ces quelques secondes de battement pour relâcher sa jambe et recreuser l'écart entre nos deux corps, plus franchement cette fois-ci, puisque je regagne mon équilibre et me redresse pour mieux glisser mes mains sur sa taille et la faire se retourner, comme à l'initial. Fluffy, si tu nous regardes... « Je dois admettre que je m'y connais plus en carrosserie qu'autre chose. » Je souligne le sens que portent mes mots en soulignant les courbes de sa poitrine d'une main de l'autre; de l'autre je dégage sa nuque de ses cheveux, glisse mes doigts dedans, les entremêlent à ses mèches et tirent lentement dessus, pour qu'elle me regarde... « Nous faudrait l'avis d'un pro. » ... pour que je puisse la regarder, pour que je puisse voir l'agacement se peindre sur ses traits, pour que je puisse deviner à quel point je la saoule et, en même temps, à quel point elle ne pourra plus s'y soustraire. Chose faite, j'écrase un sourire sur son épaule que j'embrasse, furtivement, avant que je ne rapatrie mains et regards sur sa chute de reins, pour mieux y regagner mes droits... et placer une dernière réplique, inévitable, nécessaire et tellement de mise que, celle-ci, je la lâche pas dans un murmure teinté d'ironie mais d'une voix claire, audible, et on ne peut plus naturelle.

« On passe un coup de fil à Jackson ? »


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MessageSujet: Re: maybe we're both just chasing ghosts    maybe we're both just chasing ghosts  EmptyMer 16 Juil - 2:20


maybe we're both just chasing ghosts
Parker & Ash


Connard... Levant les yeux au ciel, je me contentai de lui montrer mon majeur, alors que je me l'éloignais quand il laissa entendre que j'aurais pu ne pas être la seule dans le lit de Jay. D'accord, vers la fin cela avait été plutôt explosif, on s'était beaucoup engueulés avant de rompre, mais jamais à cause d'autres nanas. Bon, si, il y avait eu Sarah, mais pas dans ce sens-là. Après avoir vu son ex en personne et qu'on en soit venues aux mains, non, jamais je n'aurais pu croire qu'il aurait remis ça avec elle, pas franchement de risque. Déjà parce que, pour ce que j'en avais compris, leur relation avait été douloureuse, ensuite parce qu'elle était loin d'être charmante, autant de par son physique – dans le genre junkie cadavérique, elle s'était posée là – que de par sa personnalité. Non, le soucis Sarah avait été autre. Et ses fans au Barking ne m'avaient jamais inquiétées avec leurs tentatives pathétiques pour attirer ses faveurs, allant du battement de cils exagéré aux rires forcés quand l'irlandais sortait ses blagues, même les plus nazes. Parker avait beaucoup de chance que je ne sois plus en état d'être susceptible, sans quoi j'aurais pu changer de cap, récupérer mes fringues avant de claquer la porte, c'était tout à fait mon genre, lorsque j'étais sobre. Cela ne me détourna pourtant pas de ma ''mission'' et je partis en quête du St préservatif. Quête que j'accomplis avec succès – j'avais fait preuve d'une efficacité redoutable si l'on prenait en compte mon état, je n'étais pas tombée une seule fois, hé – puis j'étais revenue triomphante au salon. Enfin on allait pouvoir passer aux choses sérieuses et, avec un peu de chance, oublier la proprio. Une image persistante d'elle était imprimé dans mon cerveau et ça n'aidait pas à rester dans l'ambiance. Même Fluffy passait mieux... Une fois nos deux corps totalement dénudés – enfin – j'avais repris là où l'on s'était arrêtés, mettant derrière nous l'incident de la capote oubliée et nous avais fait basculer. Lui laissant ainsi reprendre le dessus, au cas où son ego de mâle ne se sente menacé. J'étais vraiment trop bonne.

Mécanique... Ah, oui, c'est vrai. La métaphore sexuelle originale du moment. Ce qui nous évitait au moins de tomber dans d'autres sujets moins palpitants tel que la taxidermie ou la gérontologie. Mécanique. Clé à molette, bleu de travail, cambouis sur les mains... Oui, là on pouvait rester dans un registre adéquat pour les films interdits aux mineurs. Du moment qu'on évitait la panne, ça m'allait parfaitement. Mes yeux s'égarèrent sur mon partenaire, sur ses cheveux ébouriffés, sur les tendons de son cou jusqu'à ce que nos bouches se scellent à nouveau et que nos corps s’emboîtent telles les pièces d'un puzzles. Cette comparaison était des plus clichées, mais c'est la seule qui me vînt à l'esprit en cet instant. Mon cerveau étant trop brumeux pour que je parvienne à trouver une image plus élaborée ou ne serait-ce qu'une pensée rationnelle. Je n'arrivai même pas à être horrifiée par la longue plainte qui s'échappa de mes lèvres lorsqu'il changea de posture. Et puis, je l'avais prévenu que j'étais particulièrement démonstrative de toute manière. Je me laissais complètement aller, obéissais à ses ordres silencieux, reprenant le rôle de marionnette entre ses mains, voyant notre corps à corps comme une danse durant laquelle je me laissais guider. C'était bien l'une des rares occasions où je me laissais faire, d'ailleurs. Les maigres protestations qu'il m'arrivait de pousser jusqu'à présent n'étaient là que pour la forme, elles manquaient de volonté, et je pouvais toujours tenter de mettre ça sur le dos de ce qu'on avait consommé, ce serait mentir. C'était lui. Ça avait toujours été le cas, à bien y réfléchir. Je veux dire, il avait été le seul vers qui j'étais allée, sur un coup de tête, pour m'amuser. M'amuser. Et il s'était montré tellement doué pour me changer les idées que j'en avais redemandé, encore et encore. Parce que cela m'avait semblé si naturel, pas un poil d'hypocrisie, de mensonge, cela avait été vrai, dès le début, sans chichis. Alors, que ça se reproduise en cet instant n'était pas franchement surprenant, à croire qu'il avait vraiment comme un pouvoir sur moi, celui de me relâcher, d'abaisser mes défenses de galloise hargneuse. A contrario, il avait le chic pour m'agacer. Car je ne m'étais pas attendue à ce qu'il réplique une fois de plus, pas maintenant.

Et puis le stoïcisme apparent de son faciès, parlons-en. A croire qu'il était en pleine lecture d'un bouquin barbant ou devant un documentaire sur la reproduction des phasmes. Cela ne m'étonnerait pas d'apprendre qu'il avait bousillé des filles en leur apportant un manque énorme de confiance en elles, à ne plus vouloir croiser le regard d'un homme ou sortir de leur domicile. Un grincement... Ce que c'était flatteur, n'est-ce pas ? Ma plainte se fit plus forte, plus aiguë, ce qui court-circuita toutes réponses agressives qui me passaient à l'esprit quelques dixièmes de seconde plus tôt. Mon corps l'emportait une fois encore sur ma raison, je ne pouvais rester de marbre comme il savait si bien le faire. Et ces mots... Ces mots lui ressemblaient, du pur salaud, acide au possible. Une attitude qu'il se donnait tant de mal à conserver, et ce même si la situation ne s'y prêtait plus le moins du monde. « C'est fou, tu ne sais jamais quand il faut fermer ta gueule... » Remarque que je ne pus qu'accompagner d'un léger rire incrédule et amusé au fond, mine de rien. Il avait eu ce qu'il voulait, non ? Ou bien était-ce un mal nécessaire au bon fonctionnement de sa libido ? Nouveau pas de danse que je suivis aveuglément pour me retrouver sur les genoux, prenant appui sur mes mains. Je fronçai les sourcils lorsque, par sa poigne, il tourna ma tête dans sa direction. Ce n'était pas un geste innocent et certainement pas pour échanger un baiser tendre ou passionné. Ma carrosserie, un pro, non, ça sentait la remarque puante. Je ne détournai pas mon regard quand il relâcha son emprise sur mes cheveux, ma tête toujours dirigée vers lui, j'étais on ne pouvait plus suspicieuse. Même les coups de reins qui reprirent ne purent me défaire de ce mauvais feeling. Et... Bingo. Really ?! Cela ne lui suffisait plus d'évoquer Jay, voilà qu'il sortait la carte Jacks ? Autant, son cousin, ce n'avait été qu'une façon comme une autre de nous chercher, du moins selon moi. Mais là, tabler dans les exs alors qu'on était en plein ébat... Uh ! C'en était tellement absurde qu'au lieu de réellement me foutre en rogne cela m'extirpa un rire franc, cette fois, entrecoupé de gémissements, tandis que je renversai ma tête en arrière. « Oui, bien sûr ! Et pendant qu'on y est, après, j'appellerai Lou. » C'était bien la seule que je devais connaître qui avait donné dans l'autrichien, elle aussi.  Pourtant, des exs, il ne devait pas en manquer. Encore aurait-il fallu qu'elles puissent être cataloguées comme telles. « Pour savoir si tu te montrais aussi chiant avec elle, ou si j'ai droit à un traitement de faveur. »

Il répondit, bien entendu, et notre joute verbale persista, cependant elle était désormais confinée au second plan dans mon cerveau, les mots ne me marquaient plus. J'ignorais même si mes répliques étaient à la hauteur, si je trouvais suffisamment de jugeote pour rester au niveau. Non pas que ça avait une réelle incidence dans les faits, mais je ne voulais pas donner l'image de la nana affaiblie et soumise par ses coups de bassin. Tout ce que je savais était que sa voix grave me faisait tressaillir à chaque parole qu'il prononçait, je la sentais résonner jusque dans mes entrailles, comme si elle me traversait de part en part. Ses gestes, sa manière de se mouvoir en moi, étaient loin d'être délicats mais efficaces, Parker ne me ménageait pas. Il ne l'avait jamais fait et il n'y avait aucune raison pour que cela change après tout. Par moment c'en était presque douloureux mais j'en demandais davantage, accentuais moi-même les mouvements en poussant sur mes bras. C'était diaboliquement agréable. Cela faisait tellement longtemps que mon corps n'avait pas été aussi déchaîné, je comptais bien faire au mieux pour que cela reste mémorable. Ses hanches frappaient contre mes cuisses au rythme des bruits rauques de nos respirations. Là encore j'aurais été incapable d'évaluer le temps écoulé, seul comptait mon plaisir. Ouais, le mien, j'étais d'humeur égoïste et cela m'étonnerait qu'il en soit autre de son côté. Je décidai même à un moment de prendre les rênes, l'obligeant à se rasseoir pour reprendre position sur ses genoux, pour avoir plus d'influence sur le tempo que nos corps enfiévrés adoptaient. J'agrippai ses cheveux, plongeant mes yeux dans les siens, le défiant de faire une nouvelle fois preuve d'un ennuis mortel car je ne serai plus dupe, son corps le trahissait clairement à présent, puis je guidai sa bouche jusqu'à la mienne, mêlant nos langues au rythme de nos hanches. Mon dos s'arquait et ma tête se renversait tandis que j'accélérai les mouvements de mon corps. Une chaleur envahit ma colonne vertébrale, s'enroula dans mes hanches avant de terminer sa course entre mes jambes. Désorientée, je me laissai aller contre lui tandis qu'il prit la relève, tel le dernier porteur de témoin dans la ligne droite avant l'arrivée – d'où me sortait cette analogie ? Mystère ! – et qu'il céda à son tour face à l'orgasme. A bout de souffle, les cheveux collés sur ma nuque, je collai l'espace de quelques secondes mon front à celui de Parker avant de bien vite me relever sur mes jambes flageolantes, lui flattant vaguement l'épaule au passage. La tendresse pré- ou post-coïtale n'était pas de mise après tout.

C'est évidemment au moment où je tournais le dos à l'autrichien pour ramasser ma culotte que la porte d'entrée se rappela à notre bon souvenir. Mon corps se figea, tout comme le sang dans mes veines, tandis que je retins mon souffle, les yeux grands ouverts. 'Chier ! J'avais fini par oublier le pourquoi de l'urgence de notre corps à corps. Le frangin ! Je me dépêchai d'enfiler le bout de dentelles et mon haut. « What the... » 'Tain, pour une fois qu'il se montrait rapide, c'était bien ma veine. Forcément, lui qui s'était peut-être attendu et convaincu à nous trouver le nez dans les cartons, il y avait de quoi être paumé. Je n'osais imaginer le rendu de la scène qu'on offrait. Je me redressai avec autant de dignité que je le pus. Et puis merde, ce n'était pas la mer à boire non plus !  « Putain, mais vous jouez à quoi ? » Pour toute réponse, Parker lui adressa un sourire fier et défoncé – surtout défoncé si vous voulez mon avis – alors que je pouffai devant l'expression perplexe de Deklan dont les yeux allaient de l'autrichien à moi avec effroi. « Tu veux un dessin peut-être ? » Que je demandai sarcastique tout en revêtant mon pantalon. « Et puis, hein, ça va ! J'ai vu pire quand je débarquais dans ta piaule d'étudiant attardé ! » J'en avais encore l'envie de vomir. Tout le monde parlait généralement du traumatisme de découvrir ses parents en plein acte... Mais le frère ce n'était pas mieux. Mais alors pas du tout ! Et ça avait de quoi être rebutée par les étudiants mâles aussi. Il y en avait qui regardaient trop les American Pie ! Ou les sites interdits aux mineurs... Son visage virait au cramoisi, c'en était presque beau. Je ramassai, comme si de rien n'était, mon paquet de cigarettes et m'en allumai une. « Bon, t'as ce que j'ai demandé au moins ? » On n'allait pas non plus débattre cent mille ans des événements qui avaient eu lieu dans cette pièce ! Mais ce n'était à première vue pas du goût de Deklan qui lâcha les sacs plastiques qu'il avait dans les mains. Ou bien était-ce les gestes – sûrement très poétiques – que devait faire Parker dans mon dos... Possible aussi. C'est alors que mon frère poussa un cri de rage avant de se jeter sur le brun, le poing prêt à être dégainé.

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