Sujet: — The Lost Art of Keeping a Secret Mar 3 Déc - 23:08
luya & billie
the lost art of keeping a secret
Début Avril 2014
Jamais Luya n’avait véritablement rit aux éclats. Ou bien ces exclamations étaient devenues des souvenirs lointains, trop floues dans son esprit pour qu’il puisse s’en rappeler avec précision. Oh bien sûr, maintenant qu’il était officiellement devenu le petit ami de Scott, les choses étaient bien différentes, mais il leur fallait malgré tout un peu de temps pour s’adopter, et même si les deux hommes se côtoyaient depuis trois ans maintenant, ils devaient encore se découvrir. Ainsi, Luya n’était pas vraiment habitué à ce genre de soirées festives, c’était relativement nouveau pour lui. Il avait déjà bu, évidemment. Il avait passé des nuits tantôt pendu au goulot de sa bouteille, tantôt perdu dans le fond de son verre. Il avait consommé bien des litres de liqueur, s'enivrant jusqu’à en devenir complètement fou, comme durant l’été de ses 17 ans où il avait tenté de matérialiser sa douleur en la rendant physique... Feel the pain and remember it ; if you can take it, if you can live with the pain, then no one will ever hurt you, no one will ever get in your way. Luya s’était leurré. Il s’était persuadé que s’il pouvait supporter tout ça, accepter la brûlure intense du verre sur sa peau diaphane, alors le reste du monde ne pourrait jamais l’atteindre, qu’aucun sentiment ne serait assez vif pour venir déchirer son pauvre petit coeur battant qui battait trop rapidement dans sa poitrine, comme un appel au secours, la plainte sourde d’un tambour qui commençait à s’épuiser douloureusement.
L’adolescence de Luya n’avait certainement pas été marquée par les fêtes données par ses petits camarades de classe. D’ailleurs, il n’avait pas franchement eu d’amis durant toute sa scolarité. Le seul qu’il ait possédé n’était qu’un abruti fini qui ne manquait pas de le trainer dans toutes ses histoires stupides et qui passait plus de temps à regarder les filles qu’à se concentrer sur ses devoirs. Et Luya n’était pas comme cela, il était loin de ressembler à celui qu’il avait cru pouvoir considérer comme un ami. Il était timide, voire peut-être même un peu trop réservé, en retrait, silencieux, observateur... Ce n’était pas pour rien qu’il avait fini par travailler la nuit. Elle l'apaisait, elle était aussi noire que lui. Et puis, elle passait inaperçue elle aussi ; après tout, qui remarquait encore le vaste manteau noir de la terre, qui restait debout suffisamment longtemps pour la contempler et voir tout ce qu’elle avait à offrir ? Oh pas grand monde au final. Quelques âmes en peine et des coeurs brisés, des criminels parfois et d’autres vagabonds qui ne cherchaient qu’à piller les étoiles. Mais Scott avait fini par le trouver, par déceler sous son air grave celui qu’il était vraiment, ce qu’il tentait de dissimuler depuis toujours. Alors tout allait mieux maintenant, pas vrai ? Il pouvait enfin se réjouir, non ?
Il était rare que les Sparks quittent la maison pour toute une nuit, particulièrement Ilene, la mère de Luya, qui s’aventurait rarement en dehors de chez elle à une heure aussi tardive. Mais apparemment, une vieille amie était de passage non loin de Los Angeles, et les deux femmes souhaitaient se retrouver pour quelques jours et profiter ensemble de chaque instant dont elles pourraient disposer. Adam quant à lui était certainement trop occupé à faire la fête dans un bar branché de la ville, ou bien simplement dans les draps d’une jeune fille dont il ne se souviendrait même pas du nom le lendemain matin... Ainsi, Luya était seul et pour une fois, il était également de repos - mais comme à chaque fois que cela arrivait, Scott était coincé à l’hôpital pour une garde nocturne. Alors il en avait profité pour passer la soirée avec Billie, n’ayant pas pu trainer avec la jeune femme depuis trop longtemps maintenant pour que cela soit davantage supportable. C’était étrange car jamais par le passé il n’avait connu quelque chose d’aussi... Est-ce qu’il y avait véritablement un ou plusieurs mots pour le décrire ? Non. En tout cas pas que Luya connaisse. Il se sentait bien avec Billie, voilà tout ce qu’il avait retenu. Ses rires ne sonnaient plus faux, il n’avait pas peur de parler, il n’avait aucune réticence à lui faire part des choses qu’il appréciait, à débattre sur divers sujets qui lui tenaient à coeur, à lui conseiller le dernier livre qu’il avait beaucoup aimé. Oh bien sûr, il avait également rougit devant Billie, à de maintes reprises. Certainement pas autant que depuis que sa relation avec Scott était devenue officielle, mais cela lui était tout de même arrivé. Il n’y pouvait rien après tout, c’était plus fort que lui. Il était toujours gêné et craignait d’être imparfait, inintéressant, ennuyeux... Bref, il était convaincu qu’il n’était pas à la hauteur et il préférait se donner un air grave, froid et distant pour tenter de berner le reste du monde et ainsi vivre à l’abris et se protéger des autres. Mais avec Billie les choses s’étaient faites naturellement et petit à petit, sans qu’il ne s’en rende compte, il s’était ouvert et l’avait laissée voir ce que peu avant elle aurait pu soupçonner. Néanmoins, Luya n’était pas encore tout à fait honnête avec le jeune femme, incapable de lui parler de lui en profondeur, comme s’il avait honte de quelque chose ou peur de la faire fuir…
Luya n’étant définitivement pas doué pour cuisiner, il avait commandé des pizzas qui furent livrées cinq minutes après l’arrivée de Billie et une fois rassasiés, les deux jeunes gens s’étaient dirigés vers le salon et Luya se sentant plutôt d’humeur légère et joyeuse, il avait ouvert une bouteille de vin blanc qui trainait dans le buffet ; ce genre de bouteille qui devait valoir plusieurs mois de salaire et que le père de Luya avait certainement ramené de l’un de ses nombreux voyages, bien des années en arrière. Il avait hésité quelques instants avant de la proposer à son amie, mais après tout, Lincoln Sparks n’était pas là pour surveiller sa cave personnelle et tant pis pour lui s’il ne retrouvait pas l’un de ses grands crus la prochaine fois qu’il voudrait bien se donner la peine de passer dans les parages. Et puis, cela faisait trop longtemps qu’il n’avait pas vu Billie, c’était l’occasion rêvée. Sortant deux verres, les deux amis trinquèrent. Les joues plus roses que d’ordinaire, et bien plus bavard aussi à cause de l’alcool, Luya avait fini par se lever pour mettre de la musique ; ou plutôt le premier truc qui lui était passé sous la main, ce qui n’était pas forcément une très bonne initiative quand on savait que la mère de Luya était une fan incontestée de Céline Dion...
Le jeune homme avait saisi la main de Billie pour l’emporter avec elle, esquissant quelques pas de danse totalement improvisés et très maladroits. Il riait aux éclats, sans trop savoir pourquoi, mais il ne s'en privait pas le moins du monde... Il s’arrêta pourtant en pleine course, comme frappé par la foudre, par une idée encore plus extraordinaire que la précédente. « Mon Dieu, tu sais ce qu’on devrait faire ? Il faudrait qu’on fasse une fontaine de chocolat. Je veux dire... On va faire fondre du chocolat et puis après... Après on va couper les fruits... Et tu vois, tu vois on va tremper les fruits dans le chocolat fondu et... Oh il faut absolument qu’on fasse ça, je refuse de vivre une seconde de plus si on ne fait pas ça. Tout de suite tout de suite tout de suite. » Luya avait un coup dans le nez, c’était certain. Sa tête tournait légèrement et il calculait le moindre de ses pas pour ne pas percuter quelque chose sur le chemin en direction de la cuisine. Il était partit tellement vite que Billie n’avait sûrement pas réussi à le suivre... De toute manière, il avait fuit trop rapidement pour se rendre compte qu’il avait laissé trainer son téléphone portable sur la table basse du salon. Il était trop loin à présent pour entendre que l’appareil s’était mis à vibrer sur le meuble en bois, émettant quelques sons aigus pour tenter d’interpeller son propriétaire, mais en vain. Luya n’avait rien entendu. Le téléphone clignotait encore, l’écran scintillant l’espace d’un instant.
Scott Perfect Winston - 1 nouveau message.
Invité
Invité
Sujet: Re: — The Lost Art of Keeping a Secret Sam 7 Déc - 19:22
luya & billie
the lost art of keeping a secret
Début Avril 2014
Billie n’avait jamais été seule. Elle était entourée. Depuis sa naissance. Déjà elle était née avec une jumelle. Ce qui n’était pas une mince affaire. Même seule elle était deux. Et dans les moment ou elle même se serait potentiellement mise en retrait, Birdie faisait le bruit à sa place. Dès leur naissance les jumelles Salinger avait été explosive ! Immanquable ! Si dans la petite enfance, on les observait souvent de loin à cause du scandale d’avoir des parents homosexuels, elles faisaient rires, sourires, on les aimait bien. Malgré tout. Elles étaient mignonne, drôle, intelligente, et forte. Elles ne pliaient pas sous les remarques désobligeantes. Au lycée, à Los Angeles, tout avait évolué. Elles n’étaient plus les filles de deux parents gays, elles étaient les séduisantes orphelines arrivées tout droit de la Nouvelle Orléans après Katrina. Et la propension tragique de leur histoire n’avait d’écho que dans leur sourire, la gentillesse et l’intelligence de Billie, la frivolité et la folie de Birdie, ainsi que dans leur petits amis Senior, alors qu’elle n’était que des petite Junior. Bien sûr ce n’est pas l’homme duquel tu tiens le bras qui t’amènes aux sommets de la gloire... Enfin en principe... Parce qu’aux lycée c’est exactement ça. Tout dépend des fréquentations que tu as, d’avec qui tu sors, qui est ta meilleure amie etc... Et au moins avec ça Billie et Birdie n’avaient jamais eu de problème... Elles étaient la meilleure amie de l’autre, pareille physiquement en tout point. Aux caractères aussi différent que complémentaire. Deux doigts d’une main, presque jamais l’une sans l’autre. Billie n’avait surement jamais autant été entourée qu’à l’adolescence. Et puis Birdie avait déménagé. Et Billie s’était entourée d’une autre manière. Elle s’était trouvée une famille d’adoption, elle s’était fiancée... Enfin... Billie était amicale. On se confiait naturellement à elle, depuis toujours.
Même aujourd’hui, lorsqu’elle suffoquait, lorsqu’elle avait l’impression d’être seule, elle ne l’était pas. Elle avait River. River qui la regardait avec ses grands yeux de bébé, et qui lui souriait... Bien sûr ce n’était pas pareille... Ce n’était pas Birdie. Ce n’était pas Reaver. Et bien sûr elle était contente. Elle l’était. Vraiment. Elle rayonnait de joie, de sourire. Comme toujours. Voir Billie pleurer était quelque chose de parfaitement indécent. Mais même dans ces moments là, il lui arrivait de se sentir seul. Elle avait perdu la famille qu’elle avait construit, et tout le monde avançait. Mais elle n’était pas seule. Elle avait Aidan, elle avait Savannah. Elle avait Charlie, elle avait Luya. Ah Luya. Il aurait été probable que si elle avait rencontré le jeune homme du temps ou Birdie était encore là, Luya ne lui aurait jamais adressé la parole. Luya aurait été terrifié par Birdie... Birdie était... Excentrique, dérangée, frivole, et surtout sans aucune limite. Birdie était drôle, mais parfois trop folle pour que quelqu’un de non averti puisse tenir le choc. D’autant plus que Luya était discret, timide, doux. Luya était charmant. Billie tenait à Luya. Il la faisait rire. Lui et ses joues rouges caractéristiques. Lui et ses mots parfois murmuré. On ne sait jamais, qu’il fasse trop de bruit. Oui sans aucun doute, Luya faisait parti des personnes que Billie préférait. Naturellement lorsqu’il lui propose de passer la soirée avec lui, elle saute dans ses chaussures, l’oreille collé au téléphone et supplie Aidan de garder River, pour la soirée, avec Julian, ils seront content... Et elle pourrait aller s’amuser.
Heureusement pour Aidan ce genre de truc n’arrivait pas si souvent, Billie avait finit par s’habitué que non, puisqu’elle était maman, elle ne pourrait plus autant sortir... Mais pour une soirée avec Luya.. Tout de même... De toute façon Aidan était adorable... Il n’aurait pas dit non . Et s’il avait quelque chose elle l’aurait probablement su... Elle serait déjà entrain de garder Julian dans le cas contraire. Aidan était donc venu récupérer River, Billie avait embrassé sa fille sur le front, Aidan sur la joue, avant de filer en douce.
Elle était arrivée rapidement chez Luya. Luya qui vivait toujours chez sa mère. En soit Billie n’avait rien à dire... Billie n’avait plus de parent, et il était probable que si on lui donnait d’avoir à nouveau ses papas, elle vivrait encore chez eux à leur qu’il est. Ca serait toujours plus simple que d’élever sa fille toute seule dans son coin. Donc oui Luya avait surement raison de se laisser choyer par sa mère encore à son âge... Même s’il était possible qu’il puisse en avoir marre, et qu’il puisse vouloir quelque chose à lui... Mais après tout était une question de moyen. Et la cité des anges n’était pas nécessairement la ville la plus abordable. Billie s’en sortait d’autant mieux qu’elle avait un revenu, certes peu stable mais relativement conséquent avec le groupe de musique, et les concerts. Et son job de stagiaire dans un cabinet d’avocat lui donnait une bonne base. Même si ce n’était que trois fois rien étant donné qu’elle bossait à mi-temps, et en stagiaire.
A peine arrivée Luya lui avait presque sauté dessus avec des pizza. Billie lui avait fait remarqué dans un sourire tendre que s’il avait voulu elle aurait pu cuisiner pour lui... Il lui aurait fallu être un peu patient, le temps que tout cuise, mais qu’elle savait y faire. Mais l’impatience de Luya s’était fait sentir dans son sourire et dans sa manière de tenir les pizzas. Ils avaient mangé. Billie optant pour la tactique du bavard pour manger deux fois moins que Luya sans qu’il ne le remarque trop. Billie n’aimait pas trop être invité aux dîners intimes.. Elle se sentait mal de montrer qu’elle avait un appétit diminué et que rien n’y faisait, elle n’arrivait presque pas à manger. Son estomac, sa gorge se fermait comme une huitre dès qu’elle insistait et rendait l’affaire particulièrement douloureuse... Sans compter les nausées qui s’en suivait si elle mangeait trop... Les pizzas ingurgité tant bien que mal, Luya se dirigea vers le salon pour ouvrir une bouteille de vin bien trop délicieuse pour eux probablement... mais puisque ça ne semblait pas le déranger, ils trinquèrent de bon coeur.
Luya tenait mal l’alcool, quelques verres, et le rose lui était monté aux joues, et à travers ses yeux et ses rires, Billie sentait les volutes de l’alcool jouer dans son cerveau.... Elle sourit. En réalité elle n’en menait pas bien large non plus... Elle avait été habitué à tenir bien mieux l’alcool que ça, mais depuis que ses nuits étaient courtes, depuis sa grossesse et la naissance de River, et son appétit diminué elle ne mettait pas les conditions en sa faveur pour avoir une descente de championne... Mais Luya était un si piètre buveur, qu’elle restait joyeusement et doucement soule lorsque Luya voyait la vie dans un rose épais. Luya finit par aller mettre de la musique, et si elle rit de l’attitude de son ami elle grinça devant le choix de musique. Alors qu’il l’attrapait pour la ramené à elle et la faire danser, elle en profita d’être proche de son oreille. «Mon petit Luya, il va falloir faire ton éducation musicale... C’est catastrophique.» Bon après forcément pour commencer elle lui offrirait l’un des albums de son groupe, par principe, et non par prétention, et puis elle lui filerait tout ce qui se faisait de mieux aujourd’hui. Après tout elle avait pas mal de CD qui lui était donné avec sa maison de disque. Dansant contre lui de la plus étrange des manière elle grinça légèrement des dents en entendant l’idée merveilleuse de son ami... Quoiqu’elle finit par rire aux éclats en l’entendant exagérer comme ce n’était pas permis... Si ça pouvait l’amuser... Qui était-elle pour lui refuser sa fontaine aux chocolats. Elle se contenterait de gouter si on estomac n’était pas d’accord pour faire plus. Luya était parti comme une furie, laissant son portable sonnant derrière lui. Billie qui était resté en retrait attrapa le téléphone pour aller l’apporter à Luya. Sans vouloir être trop curieuse, elle ne manqua pas de laisser tomber son regard sur l’écran allumé.
Scott Perfect Winston - 1 nouveau message.
Ses sourcils se soulevèrent doucement de surprise. Perfect ? C’était peut être le deuxième prénom du dit Scott... Mais non seulement c’était étrange de marquer son deuxième prénom dans son répertoire, et en plus quel idée pour des parents de prénommé leur enfant Perfect... Que ça soit en premier, deuxième ou quinzième prénom d’ailleurs... Quel arrogance. Donc non ce n’était probablement pas ça. Elle secoua sa tête... Ce n’était pas son problème. Luya faisait vraiment ce qu’il voulait, et il lui en parlait s’il voulait aussi. Elle se dirigea vers la cuisine d’un pas léger, le même sourire aux lèvres. Elle tendit amicalement le portable vers Luya. «Il sonnait, je te l’ai ramené. Au cas ou c’était important.» Elle ne dit rien quand au faite qu’elle avait vu le nom de l'émissaire du message. Elle avait peur de le gêner et ce n’était réellement pas le but... En même temps devant les joues rouges de Luya elle comprit que quel le dise ou pas, il n’en penserait pas moins... «Je suis désolé... J’ai vu qui te l’avait envoyé... Mais c’est tout... Et tu fais ce que tu veux Luya... Je t’écoute si tu veux qu’on en parle... Mais si tu ne veux pas c’est d’accord aussi. J’espère juste qu’il est aussi parfait que tu l’écris» dit-elle en souriant, passant sa main sur le bras du jeune homme dans une caresse bienveillante. Elle se doutait de ce que ça voulait dire... Mais honnêtement elle s’en foutait... Ca faisait longtemps qu’elle n’avait pas de préjugé sur ces choses là.
Invité
Invité
Sujet: Re: — The Lost Art of Keeping a Secret Mer 1 Jan - 19:41
Il était évident que si la vie avait fait en sorte que Luya et Billie se rencontrent bien plus tôt, sur les bancs du lycée sans doute ou même ailleurs, ils n’auraient jamais eu la relation qu’ils avaient à présent et ils ne se seraient jamais adressé la parole. Luya était bien trop enfermé dans son monde à l’époque pour qu’il laisse quiconque y rentrer sans être certain que cela n’allait pas le détruire au passage. Il avait tellement peur des autres qu’il passait son temps à craindre que ceux-ci puissent lui faire du mal sans vraiment être capable d’expliquer d’où cela venait. Luya savait simplement qu’il valait mieux être seul que mal accompagné, et ceux qui parlaient trop ou dont la voix portait plus que les autres étaient généralement ceux qu’il fuyait le plus. Alors oui, Birdie l’aurait effrayé. Ou plutôt, il aurait fait semblant de la juger, fronçant les sourcils et lançant des regards noirs à l’égard de la jeune femme avant de s’éloigner. Car c’était ainsi qu’il se défendait de l’intrusion des autres et pour ne pas être envahi, il préférait maudire silencieusement et partir. Il se cachait derrière ce masque là pour paraitre plus dur, pour tenter de se donner un air froid et détestable qui ne lui allait pas du tout mais qui le protégeait au moins de celles et ceux qui auraient pu avoir envie de venir l’aborder tandis qu’il travaillait sagement dans la bibliothèque lorsque son emploi du temps déjà trop chargé le lui permettait.
Mais fort heureusement, Billie n’avait jamais eu à le voir ainsi. Ou peut-être un instant simplement, lorsqu’il avait peur des autres, lorsqu’il craignait qu’on vienne les déranger. Il prenait son air grave et son visage se fermait subitement, comme s’il refusait de montrer sa faiblesse et d’accepter le fait qu’il était littéralement tétanisé à l’idée qu’on puisse venir l’aborder. Avec Billie, tout avait été différent. Il ne savait pas vraiment comment elle avait procédé, en vérité il ne cherchait même pas à comprendre ; mais une chose était néanmoins certaine : elle était parvenue à ses fins en moins de temps qu’il ne fallait pour le dire. Petit à petit, il avait laissé tomber les barricades qui l’entouraient pour qu’elle puisse ainsi découvrir son monde, son univers à lui qu’il ne partageait que très rarement, ou qu’il ne partageait tout simplement pas. Il n’y avait pas grand chose au-delà des frontières qu’il avait dressé autour de lui. Quand on voulait bien se donner la peine d’apprendre à le connaitre, on découvrait un garçon timide et réservé, soucieux de faire plaisir aux autres, toujours à l’écoute, un peu perdu dans ses pensées au point d’avoir une imagination parfois un peu trop débordante. Il était studieux, soucieux du travail bien fait et méticuleux dans toutes les tâches qu’il devait effectuer. Tout devait être parfait, sous contrôle, et si la moindre chose n’allait pas comme il l’avait prévu, il perdait immédiatement ses moyens et se retrouvait complètement désemparé, plus capable de faire autre chose que de ranger pour tenter de remettre de l’ordre dans sa vie et son esprit.
Oui, Luya était sans doute un peu bizarre, il en avait toujours eu conscience. Mais il se sentait bien avec Billie, il était à l’aise, il n’avait pas peur de lui infliger sa musique ou de lui raconter quelques anecdotes croustillantes sur son travail même si cela ne manquait pas de le faire rougir au passage. Il était absolument ravi qu’elle ait pu se libérer ce soir-là et il s’était juré qu’elle ne regretterait pas cette soirée, pas un seul instant. Ils seraient tous les deux et Luya pourrait se permettre d’être plus bavard que lorsqu’ils allaient trainer en ville ou ailleurs, dans des endroits publics où les murs avaient forcément des oreilles. Avec elle au moins, il pouvait être honnête, pas vrai ? Enfin, pas non plus sur toute la ligne, il ne fallait pas exagérer... Sa plus grande sincérité était réservée à Scott qui était la seule personne sur cette planète à tout savoir de lui. Après trois ans passés à essayer de le fuir, il s’était enfin autorisé à faire tomber le masque et depuis quelques mois maintenant, dès que le grand blond lui posait une question, il ne pouvait tout simplement pas lui mentir.
Luya n’avait pas vraiment fait attention à l’appétit de Billie, et quand bien même il aurait observé les moindres faits et gestes de la jeune femme, cela ne l’aurait pas particulièrement choqué si elle avait simplement repoussé sa pizza. Ils se retrouvèrent ensuite dans le salon pour trinquer, la discussion allant bon train et Luya incapable de rester en place avait saisi la main de Billie pour l’entrainer sur une piste de danse imaginaire tandis que Celine Dion chantait l’un de ses titres phares. Le brun connaissait les paroles par coeur et il ne manqua pas de rougir à la remarque de Billie avant de laisser échapper un petit rire gêné. Oui, c’était sans doute catastrophique mais tant pis. Il aurait pu se lancer dans un laïus interminable pour tenter de lui expliquer les raisons pour lesquelles cette chanteuse avait autant d’importance à ses yeux mais au lieu de cela, ses pensées dérivèrent rapidement sur le chocolat noir qui trainait dans un placard de la cuisine et qui ne demandait qu’à être dégusté. Ni une, ni deux, il avait quitté la pièce pour aller s’armer d’une casserole qu’il avait remplie d’eau afin de la mettre à bouillir. C’était étrange de constater qu’il était assez confiant pour toucher à des ustensiles de cuisine, lui qui d’ordinaire aurait fuit cet endroit comme la peste. L’alcool y était certainement pour beaucoup.
Luya était en train de couper une plaquette de chocolat en plusieurs morceaux pour les placer dans une autre casserole vide, un large sourire suspendu à ses lèvres fines, la mine enjouée comme s’il contemplait le plus beau des trésors, quand Billie le rejoint enfin. Elle lui tendit son téléphone en lui disant qu’il avait reçu un appel, ou un message - peu importait, c’était bien trop rare quand ce machin se mettait à faire du bruit pour ne pas que Luya cesse tout ce qu’il était en train de faire pour savoir qui avait bien pu penser à lui. L’écran s’illumina à nouveau et Luya vit apparaître le prénom. Oh. Il releva la tête vers Billie, embarrassé par cette situation. Est-ce qu’elle avait eu le temps de voir de qui il s’agissait elle aussi ou est-ce qu’il s’inquiétait tout simplement pour rien ? Le veilleur de nuit n’eut même pas besoin de lui poser la question puisqu’elle répondait déjà positivement... « Je suis désolé... J’ai vu qui te l’avait envoyé... Mais c’est tout... Et tu fais ce que tu veux Luya... Je t’écoute si tu veux qu’on en parle... Mais si tu ne veux pas c’est d’accord aussi. J’espère juste qu’il est aussi parfait que tu l’écris. »
Luya ne bougeait plus, observant la main de Billie qui passait maintenant doucement sur son bras. Mais le jeune homme ne voulait pas de sa bienveillance et presque instinctivement, il se recula subitement d’un pas pour ne plus qu’elle puisse le toucher. Il remuait la tête de gauche à droite, comme s’il essayait de dire non, comme si tout ceci n’était pas possible. « Pourquoi tu... Tu aurais pu le laisser là-bas, ce n’était pas la peine de... » Il était calme encore, mais il sentait pourtant sa respiration s’accélérer ainsi que son rythme cardiaque. Elle n’avait jamais eu à croiser son regard froid, elle l’avait directement percé à jour sans qu’il oppose aucune résistance. Mais peut-être que le moment était arrivé ? Peut-être qu’il lui avait accordé sa confiance bien trop rapidement ? Non, il ne voulait pas qu’on sache. Il ne voulait pas qu’on apprenne qu’il aimait Scott. Il n’était pas prêt, pas prêt du tout. Il reculait encore, fronçant les sourcils. « Je ne veux pas en parler d’accord. Il n’y a rien à dire de toute façon tu... Tu tires des conclusions d’un simple message d’un... Un ami voilà. C’est un ami, d’accord ? Il n’y a rien à dire de plus, je ne vois pas ce que tu veux dire je... » Il avait réussi à oublier l’eau qu’il avait mis sur le feu, le chocolat qui lui avait pourtant fait terriblement envie, et même le message de Scott qu’il n’avait toujours pas pris la peine de lire. « Je ne suis pas... Mon Dieu non, je ne suis pas du tout comme ça, tu ne peux pas dire ça juste parce que tu as vu son nom apparaitre sur l’écran. C’est un ami c’est tout. » Il ne rendait vraiment pas compte qu’il répétait les mêmes choses en boucle et que cela ne l’aidait pas du tout à être crédible, bien au contraire. Luya voulait jeter son téléphone et chasser Billie de chez lui, lui dire de déguerpir et de ne plus jamais revenir. Il ne pouvait tout simplement pas l’admettre, il n’avait pas envie. Il était quelqu’un de bien, il refusait qu’on le voit de cette manière. Il refusait de finir en Enfer pour tout ceci, juste parce qu’il aimait Scott. Son Scott. Et il avait la sensation que Billie ne pourrait jamais comprendre et surtout, que personne ne devait être au courant, pas même elle. C’était contre-nature, il valait mieux garder cela secret.
Invité
Invité
Sujet: Re: — The Lost Art of Keeping a Secret Jeu 2 Jan - 12:24
Luya était certainement un garçon comme il en existait peu. Et aux yeux de Bille c’était certainement le compliment le plus délicat qu’elle pouvait lui faire. Luya était particulier, mais c’était justement cette particularité qui le rendait si essentiel à la vie de Billie. Après tout elle était déjà suffisamment entouré comme ça, elle ne manquait guère d’ami, et trouvait toujours des gens qui voulaient remplir le rôle. Bien sûr elle ne disait pas ça pour se vanter, mais par simple constatation. Elle était sociable, et adorable, elle ne savait pas dire non, et aidait tout ce qui le lui demandait gentiment. Avec ça elle était célèbre dans son milieu - le jazz - et ça ne faisait que lui attirer les faveurs de son public. Elle était le genre de «célébrité» capable d’être ami avec tout son public, si jamais elle en avait le temps. Et encore parfois elle donnait l’impression qu’elle allait le prendre. Alors bien sûr au bout d’un moment il fallait faire des choix, et sans aucune niaiserie Billie classait ses connaissances en trois catégories, connaissance justement, ceux qu’elle appréciait si elle leur tombait dessus, mais dont elle ne prendrait pas de nouvelle. Les amis, la définition était assez clair, ça allait des cafés surprises, aux coups de téléphone ininterrompu, aux mails, aux SMS. Enfin des amis comme elle en avait beaucoup, et comme elle les entretenait avec une certaine magie. Et puis les meilleurs amis... Ce n’était pas la stupidité de l’enfance ou on tient le bras d’une autre fille en criant «c’est ma meilleure amie». Mais l’idée était là. C’était ses amis, les meilleurs, les plus importants, ceux pour qui elle lâcherait surement un partie de sa vie pour aller leur filer un coup de main s’ils étaient dans le besoin. Ceux qu’elle ne laisserait jamais tombé, ceux qu’elle considérait presque comme sa famille. Même si elle le connaissait depuis pas si longtemps que ça, Luya était de cette catégorie là. La catégorie indestructible qu’elle ne lâcherait jamais. C’était une question de principe, une question de coeur. Tout simplement.
Alors oui nécessairement elle avait fait de la place lorsque Luya lui avait proposé de passer la soirée avec lui. Elle ne voulait pas passer pour une mère indigne qui se débarrassait de sa fille dès qu’elle en avait l’occasion. Elle adorait sa fille, et s’épanouissait très bien dans son rôle de mère. Bien qu’elle se soit trouvée un peu trop jeune pour l’être, et que si ça n’avait pas été à cause d’un accident, elle ne serait probablement jamais tombée enceinte. Mais voulue ou pas voulue, River était là, et c’était très bien comme ça. Après tout c’était la seul chose qu’il lui restait de lui. River et une bague de fiançailles qu’elle portait généralement autours du cou, dissimulé sous ses vêtements. Les gens n’étaient pas à même de comprendre. Ou peut être que si. Mais il ne la regarderait qu’avec tristesse et compassion si leur regarde croisait la bague brillante à son cou, s’ils se mettaient à comprendre. Et Billie ne voulait rien de tout ça. Elle avait encaissé, non ? Elle n’y pensait même plus d’ailleurs. Elle portait la bague comme un automatisme, en vérité elle ne l’enlevait juste pas, elle n’y faisait plus attention. C’était comme une partie d’elle, quelque chose accrochée à elle comme ça, qui l’habitait sans peine. Mais aux yeux de tous c’était le signe flagrant qu’elle n’était pas passé à autre chose, qu’elle était incapable de l’oublier, qu’elle n’avait pas passé toutes les étapes du deuil. Foutaise, foutue étape aussi. Peut importe... Elle avait River, elle avait sa bague. Et ça lui allait très bien comme ça. Mais parfois. Parfois seulement, elle avait envie de profiter. De profiter du faite qu’elle est 24 ans, qu’elle est encore la vie devant elle, qu’elle n’est pas finit ses études, et qu’il n’était réellement pas le moment pour elle de s’enfermer dans un cocon familiale pas tout à fait fonctionnel. Elle voulait la belle famille, la vraie famille. Un jour. Pas pour le moment. Parce que pour le moment elle était jeune, et qu’elle sortait d’une relation qui avait durée neuf ans, et que ça ne s’oubliait pas en un claquement de doigt. Qu’elle était déjà mère, et que mine de rien ça compliquait tout, et qu’elle ne voulait rien compliquer. Alors pour le moment, elle se satisfaisait de ce qu’elle avait, et de temps en temps, elle mettait River chez Aidan dès qu’elle avait besoin d’un moment à elle, et elle vivait. Après tout, Aidan lui avait une véritable famille. Il allait se marié, il avait un fils. Il n’en aurait peut être pas d’autre, à moins d’adopté, mais alors ? Il avait une famille, une jolie famille. Et elle pourrait en profiter pour s’éclipser de temps en temps et filer chez Luya, l’espace d’une soirée, pour quelque sourire, qu’elle rire, et voir Luya bourré, au bout de quelques gorgées, et rire à gorge déployée.
Et si elle avait su qu’un foutu texto pouvait faire déraper une soirée entière ? Non probablement pas. Après tout ce n’était qu’un texto et Billie se fichait pas mal de qui ça venait... D’autant plus s’il était parfait. Enfin peut importe. Elle était Billie. Qui était-elle pour juger. Elle avait vécu et fait plus de truc horrible qu’on ne pouvait en faire en une seule vie. Elle n’avait vraiment a juger personne. Pas sûr ça en tout cas. Pas sur rien de toute façon. Et puis c’était Luya, comment pourrait-elle juger Luya. A ses yeux il était la personne la plus pure qui existe. La plus pure, la plus lumineuse et sombre. Enfin Luya brillait d’une lumière pâle et froide, opaline. Luya était beau, et Luya était juste. Luya ne ferait jamais de mal, à personne, à quoique ce soit. Pourtant là elle ne comprenait pas. Quel erreur avait-elle commise ? « Pourquoi tu... Tu aurais pu le laisser là-bas, ce n’était pas la peine de... » Bah elle ne savait pas, ça semblait être la chose logique à faire, après tout ce n’était pas parce que c’était une soirée à deux qu’il n’avait pas le droit d’utiliser son téléphone. Elle voulu répondre, mais le silence qui était tombé des lèvres de Luya l’en empêchèrent. Il recula alors qu’elle faisait un geste qui se voulait rassurant, réconfortant ou peut importe ce dont Luya avait besoin. Il reculait. Il n’en voulait pas. Il ne voulait pas d’elle. Et un instant elle cru lire qu’il ne voulait plus rien avoir à faire avec elle. Elle fronça les sourcils, avala difficilement sa salive, et recula. Recula lentement, mécaniquement, jusqu’à ce cogner contre le mur. Elle ne comprenait pas. Qu’est ce qu’il se passait au juste. Qu’est ce qu’elle avait fait de mal. Luya, please, don’t look at me like that. « Je ne veux pas en parler d’accord. Il n’y a rien à dire de toute façon tu... Tu tires des conclusions d’un simple message d’un... Un ami voilà. C’est un ami, d’accord ? Il n’y a rien à dire de plus, je ne vois pas ce que tu veux dire je... » Elle avala à nouveau difficilement sa salive. Ne se rendant pas compte que ses yeux s’était embué de larme. Il lui faisait mal. Il était froid, il était distant, il était presque violent dans son déni. Et pourquoi faisait-il ça ? Pourquoi ? Oh Luya please, don’t push me away. Ses yeux murmuraient, silencieusement, piteusement. Elle ne savait pas. Elle ne savait pas si elle se sentait plus mal pour lui ou pour elle. « Je ne suis pas... Mon Dieu non, je ne suis pas du tout comme ça, tu ne peux pas dire ça juste parce que tu as vu son nom apparaitre sur l’écran. C’est un ami c’est tout. » La froideur de son corps de son regard, tout lui indiquait qu’il ne voulait plus rien avoir à faire avec elle. Qu’elle avait perdu. Mais elle ne voulait pas perdre. Elle n’avait même pas voulu jouer. Pas avec lui. C’était Luya, c’était son meilleur ami, l’un d’entre eux en tout cas. Il n’y avait pas à jouer, il n’y avait pas à gagner, pas à perdre. Ca devait être eux deux, eux deux contre le monde quelque part, si Luya le voulait. Il savait qu’elle se battrait pour lui. Oh Luya please, don’t do this to yourself ! Ses yeux murmuraient, cherchaient à capter le regard de Luya, à l’embrasser, l’enlacer de toutes ses forces, à le garder contre lui. Pourquoi se faisait-il autant souffrir ? Pourquoi pour ça en tout cas ? Parce que s’il refusait délibérément d’avouer, ça ne faisait plus aucun doute. Billie savait. Billie comprenait. Billie s’en foutait. Qu’est ce que cela changeait au juste ? Elle voulait le serrer dans ses bras, jusqu’à l’étouffer d’amour peut être, jusqu’à ce qu’il aille mieux. Oh Luya, please, love you like i do. Ses yeux murmuraient, quand elle même était toujours immobile, incapable de former un mot sur ses lèvres, sa gorge sèche et rompue. Elle finit par luter contre elle même, contre la paralysie dans laquelle le regard de Luya l’avait mise, elle ne cherchait plus les mots, elle cherchait surtout à les dire. «Luya c’est pas grave... C’est normal...» Oh oui ce n’était pas grave, oh oui c’était normal, quoique tu penses, quoique tu ressentes, c’est normal, parce que tu le ressens, parce que le coeur ne peut jamais avoir tord. «Mes parents étaient...» il ne fallait peut être pas prononcer le mot, parce qu’il ne l’était pas, ou ne se l’avouait pas. Et ce n’était pas grave, s’il ne l’était pas, ou s’il l’était, il faisait ce qu’il voulait. «Mes papas s’aimaient... Vraiment... Enormément, et ils étaient beau, et ils étaient bon, et ils étaient juste. Et Luya... Ils étaient les plus belles personnes que j’ai jamais connue.» Elle pleurait presque, parce que l’état de Luya lui faisait mal, et parce qu’elle n’avait pas parlé de ses parents depuis... Des années, parce qu’ils lui manquaient. «Et Luya... tu es l’une des plus belles personnes que je connaisses... Et tu mérites tout l’amour du monde et toute la perfection... Et je t’en prie... On en parle pas si tu veux... Mais ne me repousse pas...» Don’t push you away, don’t push him away, not if he is the one for you. «J’ai besoin de toi.» murmura-t-elle la voix cassée dans le silence. Il était son Luya.
Invité
Invité
Sujet: Re: — The Lost Art of Keeping a Secret Jeu 2 Jan - 16:35
Luya n’avait qu’une seule amie. Aussi triste et désespéré que cela puisse paraitre, c’était pourtant la vérité, la seule chose sincère qu’il puisse avouer sans avoir honte, sans se sentir peiné. Il ne s’en cachait pas, il préférait ne pas s’embarrasser avec des dizaines de connaissances et n’être entouré que des bonnes personnes, celles qu’il aurait choisi parmi des centaines, ou plutôt des milliers d’autres. Oui Billie pouvait être fière, elle pouvait être heureuse. Non pas parce que Luya se croyait à ce point utile ou bien parce qu’il pensait valoir la peine d’être connu, bien au contraire. Mais simplement, elle devait toujours se rappeler qu’elle avait été la seule à qui Luya avait bien voulu parler sans jamais oser lui faire croire qu’il était quelqu’un d’autre. Il avait tombé le masque avec une seule personne, un seul être à qui il avait bien voulu confié les clés de son âme sans émettre la moindre résistance et c’était elle. Même pas Scott non, ce n’était pas du tout pareil avec Scott. Ils étaient ensemble, certes, il l’aimait plus que tout et il ne pouvait plus se passer de lui. Mais il avait mis trois ans, trois longues années avant de baisser sa garde et de lui laisser une véritable chance de le découvrir et de lui donner l’occasion de l’aimer. Luya avait certainement peur de cela au final, qu’on puisse croire qu’il était digne de l’amour de quelqu’un alors qu’il ne s’aimait pas lui-même... Avec Billie au moins la question ne s’était jamais posée et les choses s’étaient faites tout naturellement. Elle était la seule, il n’y avait pas de plus grande vérité, il n’y avait rien de plus juste que cela, pas de mot plus fort pour tenter de l'exprimer ou de le faire comprendre. Elle n’était pas la meilleure, elle n’était pas la pire, elle était simplement mieux que le reste de l’humanité et Luya ne la craignait pas, il ne la traitait pas comme une ennemie et il était persuadé qu’elle pourrait le rendre heureux et qu’il pourrait sourire en sa présence, quoi qu’il advienne.
Elle était la seule. Et à présent elle savait.
Luya avait reculé parce qu’il ne pouvait pas supporter cette idée. Non, elle ne devait pas savoir, elle ne devait pas le voir ainsi, elle ne devait jamais être au courant d’une telle chose. S’il avait pu, il se serait mis à genoux sur le champs, la suppliant de ne pas faire attention, lui demandant pardon, comme si elle seule pouvait effacer ses péchés et le rendre digne de la grâce de Dieu. Mais il en était tout bonnement incapable. Il avait déjà était suffisamment inattentif pour avoir laissé trainer son téléphone en vue alors qu’il était susceptible de recevoir ce genre de message... Et heureusement que Billie ne l’avait pas lu. Luya ne savait même pas ce qu’il contenait mais s’il y avait la moindre preuve, si Scott l’avait écrit noir sur blanc pour le lui envoyer ensuite, alors Luya savait qu’il n’aurait pas pu survivre et qu’il aurait tout envoyé balader sans prendre de gant, sans se préoccuper de la réaction de Billie. Mais n’était-ce pas justement ce qu’il était en train de faire ? Il parlait sans faire attention, il continuait d’essayer de s’inventer des excuses, de faire croire quelque chose qui n’était pas vrai. Il s’enterrait dans le mensonge pour tenter de le rendre vrai. Après tout, c’était humain, et à force de marteler son cerveau en répétant toujours et inlassablement la même phrase, on finissait par se convaincre aisément. Oui, Scott n’était rien de plus qu’un ami, un simple ami avec qui il s’entendait très bien... God Luya, stop lying to yourself.
Billie avait reculé tandis qu’il continuait de parler sans être capable de s’arrêter. Elle était maintenant contre le mur et Luya fronçait toujours les sourcils, la jugeant pour avoir été aussi intrusive et maladroite et... Il ne savait pas pourquoi il la maudissait subitement, il savait simplement qu’il avait eu tort. Oui, c’était sans doute cela. Il regrettait de lui avoir accordé sa confiance, d’avoir cru qu’au moins une fois dans sa vie il pouvait laisser entrer quelqu’un dans sa vie sans être détruit au passage, sans que cela ne vienne l’achever littéralement. Il s’était trompé et la réalité lui laissait maintenant un gout amer qui venait lui engourdir le bout de la langue et qui se répandait dans sa bouche comme une nuée infâme. Était-ce bien cela, le gout de la trahison ? Luya ne se rendait pas compte, il ne voyait pas les larmes qui naissaient aux coins des yeux de Billie. Peut-être refusait-il de les voir ? Sans doute, oui. Il avait retrouvé son masque, son masque dur et froid, celui qu’il portait devant de parfaits inconnus. Parce qu’il refusait qu’elle le voit au final, Luya ne souhaitait pas qu’elle puisse assister à la démonstration de ce qu’il était au plus profond de lui. S’il avait pu, si seulement il avait été capable de se mouvoir encore, il serait parti se réfugier dans un coin pour se vider de toutes les larmes qu’il retenait depuis trop longtemps, depuis qu’il étouffait à force de faire croire au monde entier qu’il n’y avait rien de plus entre Scott et lui qu’une sincère et profonde amitié.
Luya finit par se taire, les dents serrées, se retenant pour ne pas faillir, luttant pour garder le contrôle et ne pas montrer sa faiblesse. Quel crétin vraiment, pourquoi avait-il osé changé le prénom de Scott dans son répertoire ? Et puis pour quelle raison avait-il laissé trainer cet objet ? Il se haïssait et il aurait voulu se mettre à hurler, à jeter son téléphone par la fenêtre ou contre un mur, renverser tout ce qui se trouvait à sa portée, casser les vitres et détruire tout ce qui se trouvait sur son passage si seulement il en avait la force. Mais il resta immobile face à Billie, son regard planté dans le sien comme la lame aiguisée d’un couteau. Non il ne voulait pas lui faire de mal, il refusait de la blesser, mais il ne pouvait plus se permettre de rire avec elle maintenant qu’elle savait... Non, non, non, non, non, mille fois non. Elle ne savait rien du tout, pas vrai ? Elle n’avait rien compris, n'est-ce pas ? Luya devait se persuader qu’elle n’avait pas saisi un traitre mot de ce qu’il venait de dire et surtout, il priait pour qu’elle ne réussisse pas à lire entre les lignes, elle qui le connaissait tellement bien puisqu’il lui avait fait confiance. Puisqu’elle était la seule.
« Luya c’est pas grave... C’est normal... » De toutes les choses qu’elle aurait pu dire, celle-ci était sans doute la pire. Il laissa échapper un petit rire moqueur, levant les yeux au ciel comme si elle était idiote et qu’elle parlait sans savoir véritablement de quoi il s’agissait. Mais il n’eut pas le temps de dire quoi que ce soit, et de toute manière il n’avait même pas envie d’essayer de lui faire entendre raison puisqu’il n’y avait pas de problème, pas vrai ? Scott était un ami, un simple ami. Fallait-il qu’il le dise dans une autre langue pour qu’elle l'imprègne vraiment ? Billie reprenait alors la parole, et pour la première fois depuis qu’ils se connaissaient, elle évoqua ses parents, ses papas plus précisément. Luya pouvait entendre l’émotion tirailler sa voix tandis qu’elle lui confiait à quel point elle les avaient aimé et à quel point ils étaient parfaits. Ils étaient... Oh, wait... Est-ce qu’ils étaient encore de ce monde ? Le jeune homme ne prêta même pas attention aux compliments qu’elle lui fit par la suite parce qu’il était perdu. Elle venait de lui confier quelque chose qui semblait profondément douloureux pour elle et dont elle parlait difficilement, à en juger l’état dans lequel elle se trouvait. Était-elle en train de se placer dans la même position que Luya pour tenter de lui montrer qu’il n’y avait pas de honte à être vulnérable de temps à autre, et surtout pas avec elle ?
Luya baissa les yeux alors qu’elle disait avoir besoin de lui. Il refusait de la croire, et pourtant, les traits sur son visage s’étaient déjà détendus et les battements de son coeur avaient ralentis. Ces quelques mots avaient réussi à l’apaiser l’espace d’un instant. Peut-être qu’elle ne faisait pas tout ça pour l’embêter au fond, peut-être qu’elle pouvait comprendre ? Mais non, il n’y avait rien à dire, il n’y avait vraiment rien à confier puisque Scott était un ami... Juste un ami... Luya était en train de perdre pied, les yeux rivés sur le sol, son téléphone toujours blotti dans sa main comme si c’était la dernière chose à laquelle il pouvait se raccrocher à cet instant. Non il ne devait pas perdre le contrôle, elle ne devait pas le voir comme ça, ce n’était pas possible... Il était immobile et le silence s’installa pendant de longues secondes avant qu’il ne retrouve l’usage de la parole. « Arrête... Tu... Tu n’as pas besoin de moi Billie tu... » Il sentait sa gorge se nouer petit à petit, comme si tout son corps refusait qu’il parle. « Tu ne comprends pas que ce n’est pas normal, ce n’est pas normal du tout c’est même... C’est immonde Billie, c’est... » Il ne voulait plus jamais relever la tête, plus avoir à croiser son regard, jamais. Qu’elle disparaisse loin de chez lui en emportant le secret mais qu’elle ne l’oblige pas à la regarder une fois de plus. « Tes parents étaient sans doute les plus chanceux du monde et puis... Je ne les connais pas, je ne peux pas me permettre de... Toi seule sait ce qu’ils sont véritablement. Mais tu sais je… » Il déglutit avec toute la peine du monde. « Je ne crois pas que ce soit normal ou naturel, au contraire... Et je ne suis pas comme ça Billie je... C’est un ami d’accord, c’est juste un ami, il n’y a rien de plus entre… » Il avait faillit dire «lui» mais il s’était arrêté juste avant parce qu’il ne pouvait supporter l’idée d’avoir à confirmer qu’il s’agissait bien d’un homme. Et en fermant les yeux, Luya pouvait pratiquement sentir les mains de Scott sur son corps, ou ses baisers sur ses joues roses et il sentait que tout son être se mettait à trembler parce qu’il se dégoutait, il se trouvait répugnant et qu’il allait certainement disparaitre dans les flammes de l’enfer. Il était sur le point de craquer mais il ne devait pas, non. Il refusait de confirmer ce qu’elle avait tenté de lui faire dire parce qu’il ne voulait pas y penser.
Elle était la seule, oui. Mais Luya aurait voulu qu’elle n’ait jamais existé.
Dernière édition par Luya S. Sparks le Mer 15 Jan - 14:35, édité 1 fois
Invité
Invité
Sujet: Re: — The Lost Art of Keeping a Secret Jeu 2 Jan - 18:50
Billie donnait toujours l’impression de n’avoir besoin de personne. Parce qu’elle ne tolérait pas l’inverse. Parce qu’elle avait besoin de se sentir forte pour ne pas s’effondrer. Toujours. Pourtant elle était bien incapable de rester seule. Elle ne l’avait jamais été. Elle ne savait pas faire. La solitude et l’inactivité était très clairement le talon d’Achille de Billie qui pensait devenir folle dès qu’on la laissait seule avec ses pensées. Mais pour donner l’illusion elle savait donner l’illusion. Elle était présente mais entière, elle était debout et forte, souriante. Comme si rien ne l’atteignait jamais. La seule personne à l’avoir réellement vue dans des états pitoyables était Aidan... Et encore aujourd’hui encore elle jouait à celle qui n’avait pas besoin de lui. A celle qui allait bien, qui n’avait besoin de personne, puisqu’elle n’avait pas de problème. Elle allait bien. Toujours bien. Alors que bien sûr que tout ses amis étaient là pour faire la décoration. Comment pourrait-il en être autrement ?
Cependant elle avait toujours admiré Luya. Quelque part, au milieu du chemin elle était surement tombée amoureuse de lui. Pas comme elle était tombée amoureuse de Reaver. Pas pour ce genre de relation. Mais elle était amicalement tombée amoureuse de lui. Platoniquement. Sans vouloir être méchante. Il était juste... Luya. Elle avait du mal à l’expliquer. Mais la première fois qu’elle l’avait rencontré. Elle l’avait vu. Ca paraissait évident. Mais pour Luya ça ne l’était pas. Et elle avait du le sentir. Elle l’avait regardé en souriant, et elle l’avait vu. Elle avait sentit son coeur gonfler dans sa poitrine. A coté de Luya elle avait eu l’impression de toucher la solitude, le calme, la lumière et les ténèbres. Quelque part Luya c’était sa part d’ombre, c’était tout ce qu’elle n’était pas, tout ce qui la terrifiait. Et pourtant à côté de lui elle se sentait bien. Elle n’avait pas peur, elle était en sécurité. Elle n’aurait pas su dire pourquoi. Mais il était important. Il était unique, et elle avait cruellement besoin de lui. Parce qu’il savait la rassurer. Comme ça, sans rien dire, avec sa respiration calme, ses joues rouges, et sa simplicité désarmante. Parce qu’il la faisait rire, avec ses envies de chocolat, et ses remarques touchantes. Il était parfait. C’était tout. Parfait.
Mais jusque là elle n’avait pas découvert... Ca. Elle ne savait même pas ce que c’était exactement. Mais elle n’avait jamais rencontrer ce regard froid, qui lui glaçait les os, le sang, qui lui poignardait le coeur. Pourquoi faisait-il ça ? Qu’est ce qu’elle avait fait ? Elle n’avait rien voulu faire de mal... Elle n’avait pas pensé à mal... Elle n’avait pas voulu être intrusive. Et pourtant là, l’espace d’une seconde elle ne rêvait que d’une chose, ne jamais avoir ramasser ce portable, ne pas avoir vu le nom suggestif. Mais comprenait-il qu’elle s’en fichait ? Que cela n’avait pas d’importance pour elle ? Elle pensait que oui... Mais ça n’avait pas l’air de changer grand chose. Parce que c’était pour lui que ça avait de l’importance. Une importance qu’elle ne saisissait pas. Comment pouvait-on aussi pu s’accepter ? Comment ? C’était quelque chose qu’elle ne comprenait pas. Elle s’aimait. Pas démesurément, mais normalement, comme on devrait tous le faire. Luya, you’re beautiful, stunning, wonderful, don’t you get it ? Ses yeux n’arrivaient pas à lâcher les siens. Son regard froid la transperçait pourtant de part en part. Mais elle le montrait à tout le monde, elle était forte, elle ne pliait pas, elle ne reculait pas. Elle ne lâchait personne. Elle se ferait briser plutôt que d’abandonner. C’était ce qu’elle était, ce qu’elle avait toujours été. Et l’espace d’un instant, elle pensa que de toute façon elle n’avait rien à perdre. Elle voulu s’infliger une baffe mentale pour avoir eu une telle penser. Mais le regard de Luya lui faisait plus mal qu’elle ne l’escomptait, et elle n’était pas aussi forte qu’elle le disait. Et son malheur la drainait de ce faux bonheur qu’elle faisait transparaître par tout ses sourires. Et son désarrois se dessinait sur les souvenirs du sien.
Héhé look up, here come the gay’s daughters. Et ils allaient rire. Rire avec leur rire gras et haineux. Héhé they like it like that right ? Gross. Allaient-ils dire, mimant salement un mouvement de va et vient sur le postérieur d’un de leurs amis. I’m sure that they fuck you too, when they finish each other. Disaient les plus mauvais, les plus hargneux, les plus pervers. Et Birdie réagissait, violemment. Billie ne savait pas quoi faire. Elle voulait pleurer, se jeter dans les bras de Birdie, de ses papas. Do they teach you to fuck girls too ? Did you already fuck eachother ? demandait-salement les plus lubriques. Et elle n’avait pas quatorze ans. Le fantasme de la jumelle disait Birdie en rigolant, en les aguichant du regard, ou en leur balançant un coup de pied dans les couilles.
Contrairement aux apparences, elle ne s’en était jamais totalement remis. Et si elle n’était pas lesbienne, elle savait ce que c’était d’être gay. Elle l’avait été à travers ses papas. Et si eux était parfait, avec eux le monde avait été odieux. Et le monde ne devrait être odieux avec personne. Pas à cause de l’amour. Jamais.
« Arrête... Tu... Tu n’as pas besoin de moi Billie tu... » Comme surprise dans son passée, les larmes aux yeux, le coeur en miette, étalé au pied de Luya, elle releva la tête, incapable de dire s’il disait ça parce qu’il doutait de l’affection qu’elle avait pour lui, ou si c’était parce qu’il ne voulait pas qu’elle est besoin de lui, qu’il ne voulait plus d’elle. Open your eyes. Elle sentit son coeur se révolter dans sa poitrine. Ca faisait mal. Elle cria sa douleur. Une explosion. «Evidement que j’ai besoin de toi Luya ! You’re fucking perfect to me ! And don’t you dare doubt of me.» Elle l’avait poussé, presque avec toute la violence dont elle était capable. Depuis combien de temps n’avait-elle pas parler de ses papas, depuis combien de temps n’avait-elle pas été à deux doigts de s’effondrer ? Déséquilibrée par son mouvement, elle manqua de perdre l’équilibre, et se rattrapa contre le mur qu’elle venait de quitter. « Tu ne comprends pas que ce n’est pas normal, ce n’est pas normal du temps c’est même... C’est immonde Billie, c’est... » Elle releva à nouveau le regard vers lui, un regard déformée par les larmes, elle ne le distinguait qu’à moitié, elle était incapable de voir à quel point il allait mal. A quel point c’était lui qui se dégoutait. Dans l’état ou elle était, c’était une attaque contre elle qui venait de faire. Et un instant, il était comme tous ses enfants qui avaient essayé de détruire son enfance, de la faire sentir sale, et mal à cause de ses parents. « Tes parents étaient sans doute les plus chanceux du monde et puis... Je ne les connais pas, je ne peux pas me permettre de... Toi seule sait ce qu’ils sont véritablement. Mais tu sais je… » Et s’il était trop poli pour dire du mal de ses parents devant elle, ça sonnait tout comme. Etre gay était immonde, ses pères étaient gay. En quoi n’était-il pas immonde alors ? Il n’osait juste pas le dire. Parce qu’il n’y avait rien de plus insultant à dire, et que Luya n’était pas un monstre, Luya n’insultait pas. Mais elle en était sûr, il l’avait pensé. Au creux de ses larmes, Billie s’énervait. Elle s’énervait de son ami aveugle. Elle s’énervait de ses mensonges. Parce qu’il était son meilleur ami, et qu’elle avait compris. Elle avait compris ce qu’il niait, peut importe à quel point il le niait. Elle le détestait de se faire autant de mal pour des conneries. De lui faire autant de mal pour des conneries. « Je ne crois pas que ce soit normal ou naturel, au contraire... Et je ne suis pas comme ça Billie je... C’est un ami d’accord, c’est juste un ami, il n’y a rien de plus entre… » Call him friend if you want, that doesn’t change the truth ! Voulait-elle lui cracher à la figure violente, et rageuse, blessée. Mais elle savait. Elle savait que ça n’arrangerait rien. Mais comment est-ce que ça pouvait s’arranger ? Elle avait l’impression d’avoir ouvert la boite de Pandore. Et même si elle faisait semblant de reconnaître que le mensonge de Luya était la vérité, qu’est ce que cela changera. Elle savait. Et il savait qu’elle savait. Il ne la regarderait plus jamais comme avant. Il n’oserait même plus la regarder. Le seul salut résidait dans le faite que Luya lui dise tout, ou du moins le reconnaisse. Qu’il l’accepte serait un cadeau en plus. Pas pour elle. Pour lui. Il le méritait. Elle s’accrocha au mur, se redressant du mieux qu’elle pouvait. Elle essuya avec violence les larmes qui lui barrait la vue, observant alors un Luya pitoyable les yeux baissés sur le sol. «Look at me Luya !» avait-elle demandé sèchement, son coeur s’échappant en millier de morceau à travers chacun de ses mots. «I said, look at me !» Elle avait envie de lui crier dessus, de lui faire prendre conscience à quel point ses mots lui faisaient mal. Lui montrer que si elle avait le dessous des yeux noirs c’était de sa faute. Mais ce n’était probablement pas la bonne stratégie. La tout de suite ça le tuerait peut être. «Comment tu peux te permettre de juger telle ou telle personne sur la personne qu’ils aiment ? Comment quiconque peut juger quelqu’un sur la personne qu’ils aiment ? Comment est-ce qu’aimer quelqu’un peut être immonde Luya ?» Les mots restaient coincé dans sa gorge. «Comment tu peux oser parler de mes parents comme ça, alors que tu juges atrocement tout ceux comme eux ?» Elle avala difficilement sa salive, elle voulait ses parents, elle voulait Birdie, elle voulait Aidan, elle voulait Reaver, elle voulait disparaître six pieds sous terre. «Tu serais drôlement chanceux si tu aimais comme ils se sont aimés. Que ça soit un homme ou une femme. Ca n’a strictement aucune importance, tu entends, aucune importance ! On est fait pour aimer ? Comment le coeur pourrait se tromper ?» Ou alors Dieu était un putain de tordu. «How can you heart fool you ? You’ve got the purest heart i ever saw, the brightest soul i ever touch. Tu es une belle personne Luya.» Elle semblait s’être calmée, son coeur battait à tout rompre dans sa poitrine, à lui provoquer un vertige. Elle s’appuya contre le mur chancelante. Et soudainement elle regardait Luya penaude. Parce qu’elle avait crier, parce qu’elle l’avait tapé, parce qu’elle était désolé... désolée de s’être emportée. Et que maintenant elle avait peur. Peur qu’il s’énerve, peur qu’il la déteste. Peur qu’il la sorte de chez lui, qu’il ne veuille plus jamais la voir. Sans lui elle ne sait pas ce qu’elle ferait. «I’m sorry i yell at you... I...» just love you too much my friend. Mais elle n’arrivait pas à le dire. Si elle le disait et qu’il la haïssait, elle aurait trop mal. «Hurt me again, i’ll break your neck.» Ouai... C’était une déclaration d’amour comme une autre. Néanmoins elle était sincère. Elle était droite, juste et aimante, et dans les dernières minutes Luya semblait lui avoir donné mentalement tous les pires intentions du monde.
Invité
Invité
Sujet: Re: — The Lost Art of Keeping a Secret Mer 15 Jan - 15:36
Luya s’était toujours convaincu qu’il n’était pas digne de l’amour des autres, qu’il ne méritait pas cela. Après tout, pour quelle raison ferait-on attention à lui exactement ? Qu’est-ce qui pouvait éventuellement le rendre utile, nécessaire ou même visible ? Car on ne voyait pas Luya, il était simplement là, parmi la foule de tous ces gens, une petite fourmi qui continuait sa route sans qu’on se retourne sur son passage et qu'on se rende compte de tout ce qu’il avait bien pu accomplir. Il ne se plaignait pas, non, ce n’était pas son genre ; après tout, c’était bien ainsi, sans que personne ne le regarde, sans les yeux des autres sur lui pour venir l’embarrasser, le juger ou le mettre mal à l’aise. Il n’était pas contre cette idée, vraiment, même si parfois cela lui minait profondément le moral, pour ne pas dire que cela le rendait trop sombre, trop noir et qu’il était irrémédiablement attiré par les ténèbres les plus obscurs qui soient. Et la présence de Scott et de Billie dans sa vie étaient deux véritables miracles, des rayons de soleil sur son chemin sombre et lugubre qu’était celui de son existence et des songes bien trop morbides qui l'habitaient quotidiennement. Ils l’avaient sorti de là. Luya s’était ouvert à eux parce qu’ils avaient osé lui prêter toute l’attention dont il nécessitait, et pourtant... Pourtant il refusait encore d’y croire, il ne voulait pas voir que cela puisse être possible. Non, ils allaient forcément lui faire du mal un jour, ils allaient se lasser, trouver quelqu’un d’autre de plus pimpant, de plus honnête, de plus intéressant et drôle que lui, et bien sûr qu’ils allaient l’oublier et le laisser reprendre sa route sans un mot, sans même lui accorder un dernier regard. Luya ne pouvait pas prédire, mais il le sentait néanmoins, au fond de lui, dans son coeur qui se mettait à cogner bizarrement, comme s’il s’amusait parfois à sauter un battement. Il avait même la sensation de le percevoir dans le creux de son estomac, déjà vide de leur futur départ, s’habituant à cette sensation affreuse qu’ils allaient laissé derrière eux.
Il s’y était tellement attendu que Luya ne se rendait même pas compte qu’il était en train de le provoquer. Il craignait tellement cela, que Billie ne disparaisse de sa vie, qu’il prenait soin de la pousser dans ses retranchements et de la gratifier de ses regards les plus froids, afin de lui trouver une excellente raison de partir et de le laisser en plan. Luya n’attendait peut-être que cela au final ? Il espérait obtenir une preuve qu’elle était bien comme tout le monde, qu’il s’était trompé amèrement sur sa personne et qu’elle ne valait pas la peine d’être connue. Cela lui déchirait le coeur, il n’y avait pas d’autres mots pour exprimer la douleur qui se répandait doucement dans sa poitrine comme un venin, un poison qui lui engourdissait les membres et qui l’immobilisait sans qu’il puisse rien faire. Et puis après tout, c’était ainsi pas vrai ? Il s’y attendait, il s’y était toujours attendu alors forcément, elle allait fuir, c’était évident. Mais lorsqu’elle releva la tête vers lui, elle clama pourtant le contraire, lui disant qu’il était parfait et qu’elle avait véritablement besoin de lui avant de le pousser. Luya fit alors la sourde oreille, continuant son discours comme s’il n’avait pas entendu le moindre mot. Il ne voulait pas savoir cela, parce que les choses n’en étaient que plus compliquées. Elle pourrait se passer de lui, il le savait. Elle était forte et rien ne pouvait l’arrêter, vraiment ; en tout cas pas lui qui n’était rien, absolument rien, juste un chiffre de plus sur sept atroces et innombrables milliards. Un chiffre qui ne faisait aucune différence et qui serait bientôt remplacé par un autre… Alors à quoi bon ? Elle mentait de toute façon, ce n’était pas possible. Elle allait le détester pour tout ce qu’il venait de dire, et elle partirait sans demander son reste et c’était bien normal. Car qui voudrait s’attarder en sa compagnie, hein ? Qui ?
Et plus Luya parlait, plus les yeux de Billie s’emplissaient de larmes, et plus sa gorge se resserrait et se nouait. Ce devait être la colère, rien d’autre. Que de la colère. Il ne pouvait pas exister d’autres émotions à cet instant, ils étaient tous deux en train de se haïr et de se fusiller du regard. Luya tentait encore de se persuader de tout ceci, mais il n’en était rien. Au contraire, c’était tout l’inverse qui était en train d’avoir lieu ; ils s’aimaient tellement qu’ils se déchiraient et chaque mot, chaque souffle était emplis d’une douleur sans nom que ni l’un ni l’autre n’auraient pu décrire avec précision. Il n’y aurait eu que les perles qui roulaient doucement sur leurs joues pour témoigner de leur propre cruauté, seuls miroirs de la bêtise de Luya qui ne voulait pas voir, qui refusait d’accepter la vérité que Billie lui offrait pourtant comme si elle lui tendait son coeur encore battant, bien au chaud au creux de ses paumes vides et sanglantes. Here, take this, lui criait alors le regard de la jeune femme. Parce qu’il venait de la réduire en pièce, et son coeur avec elle. Et tous ces débris lui revenaient de droit, c'était à lui de les rafistoler.
Luya baissa la tête, parce qu’il ne voulait plus la regarder. Il ne voulait plus qu’elle soit là, devant lui, dans cette cuisine, comme si elle se souciait de lui. Non ce n’était pas vrai, elle n’avait pas le droit de lui faire croire une chose pareille, jamais. On ne se souciait pas de lui. Il se l’était répété cent fois, mille fois dans sa tête tandis qu’il serrait les poings pour ne pas se mettre à pleurer. Il voulait qu’elle s’en aille loin d’ici, qu’elle le laisse tranquille, lui qui était immonde, une abomination de la pire espèce. Parce que c’était écrit noir sur blanc dans le seul livre qu’il avait lu suffisamment de fois pour le connaitre par coeur. Il n’avait pas le droit d’être comme ça, le ciel le punirait. Alors il ne voulait pas que Billie tente de lui faire croire qu’il avait le droit d’être ainsi. Non, non, non… Un milliards de non. Il préférait encore… Mourir, oui. Sans aucun doute. Certains auraient pu le trouver trop dramatique et se dire qu’il exagérait, mais le monde entier ne pouvait pas savoir parce que personne n’avait la possibilité de voir l’univers comme lui, qu’il n’existait sans doute pas d’autre être humain sur cette fichue planète capable de comprendre et de ressentir de la même manière que lui. Il était inutile et abject, il possédait toutes les raisons de se soustraire doucement au reste de l’humanité. Un chiffre rapidement remplacé. Voilà tout ce qu’il était.
Et Billie allait partir, c’était certain, puisqu’il venait de faire en sorte qu’elle l’abandonne ici. Il ne resterait plus que Scott. Et quand le blond aurait disparu à son tour alors… Alors il ne valait mieux pas songer à cela à présent, car déjà les yeux de Luya commençaient à ne plus pouvoir contenir le flot de larmes qui les assaillaient. Mais Billie s’était redressée. « Look at me Luya ! » Le jeune homme ne l’écoutait plus, comme si elle était déjà partie et qu’il refusait d’avoir à entendre les derniers mots qu’elle lui laisserait avant de disparaitre. Il ne voulait pas que ceux-ci le hante une fois qu’elle serait définitivement absente. Luya refusait de se rejouer cette scène en boucle dans sa tête lorsqu’elle aurait tourné les talons et qu’elle aurait claqué la porte, en se disant qu’il aurait du faire quelque chose. Oui, sans doute. Elle s’y reprit à deux fois avant d’obtenir de lui ce qu’elle voulait, et le regard bleuté de Luya croisa celui de la jeune femme, les deux amis aussi émus l’un que l’autre de devoir se faire violence à ce point.
Et elle lui avait dit. Billie l’avait mis devant le fait accompli en lui faisant comprendre qu’aimer quelqu’un ne pouvait être une mauvaise chose, que ce n’était pas important au fond que ce soit un homme ou une femme… Et elle le complimentait de plus belle tandis que Luya reculait en faisant non de la tête, la boule dans sa gorge se déversant maintenant au coin de ses yeux, sa respiration se faisant soudainement beaucoup plus saccadée et retenue. Elle ne devait pas dire tout ça, ce n’était pas du tout prévu comme ça… Elle devait s’en aller et le fuir, lui, le monstre qu’il était. Il lui avait montré pourtant, il lui avait offert l’un de ses pires regards, son expression la plus mauvaise… Que faisait-elle encore ici, qu’est-ce qu’elle voulait à la fin ? À force de reculer, Luya se retrouva contre le plan de travail, tandis qu’elle s’excusait. Pourtant ce n’était pas à elle de le faire, et le simple fait de l’entendre être capable de lui demander pardon alors qu’il venait de la repousser de la manière la plus immonde qui soit le détruisit encore davantage. « Hurt me again, i’ll break your neck. » Oh mais il n’oserait même plus, plus jamais. Il se sentait stupide et il se maudissait tandis qu’il baissait la tête, ses larmes coulant sur ses joues sans qu’il puisse les arrêter.
Luya ne parvenait plus à tenir sur ses deux jambes et dans un dernier effort, il réussit à faire quelques pas pour venir se cacher dans un coin de la pièce, dans l’infime espace qu’il restait entre le mur et le plan de travail, repliant ses genoux contre son torse, pleurant comme si c’était la première fois de sa vie qu’il se laissait enfin aller. « We are not in love… We’re just… » La tête dissimulée dans ses bras, il ne savait plus vraiment à qui il s’adressait, si ces quelques mots étaient vraiment pour Billie ou pour le ciel qu’il implorait toutes les nuits. « I mean… » Luya ne contrôlait plus ses sanglots et chaque inspiration se transformait en une sorte de spasme incontrôlable qui faisait gonfler ses poumons et le faisait souffrir. « We are, but… » Il n’en revenait pas lui même de l’avouer à haute voix, de ne plus seulement le garder pour lui, pour eux. « Why does it have to hurt so much ? » Et cette douleur inexplicable se répandait encore dans tous ses membres tandis qu’il priait pour qu’on l’achève, pour que tout s’arrête. Enfin.
Invité
Invité
Sujet: Re: — The Lost Art of Keeping a Secret Sam 18 Jan - 18:49
Billie n’était pas particulièrement simple, pas particulièrement compliquée non plus. Ou peut être que si. Elle même n’arrivait pas toujours à se suivre... Surtout en ce moment. Mais elle était aimante. Peut être parce que son manque de famille avait creusé chez elle un manque d’affection certain, et qu’elle cherchait, par une bande d’ami qui n’en finissait de s’allonger, à combler un trou qu’elle se creusait elle même à l’intérieur du coeur. Peut être, peut être pas. Il y avait longtemps qu’elle ne réfléchissait plus trop à ces actions. Toujours utile qu’elle faisait confiance, sans grande méfiance, à quiconque semblait lui plaire. Et pour peut qu’on puisse la toucher tout à fait, elle vous donnait la plus belle place qu’on puisse trouver, et elle ne vous lâchait pas. Depuis un moment, Billie préférait aimer les autres que s’aimer elle même. Elle ne se détestait pas, elle n’y réfléchissait simplement pas. Ou plus. Si on lui demandait de parler d’elle, elle resterait dans un silence sans fond, ou alors avec un peu de chance... Elle vous évoquerait bêtement tout ce que l’on pouvait dire d’elle. On pouvait dire qu’elle était joyeuse, souriante, et une boule d’énergie. On pouvait dire qu’elle avait un rire charmant et communicatif. On pouvait dire qu’elle était brillante, et qu’avec un peu de chance et de travail, elle serait première à son examen du barreau, et peut être même qu’elle battrait des records. Elle parlait bien, écrivait bien, chantait plutôt bien, et était une musicienne hors paire. Elle était plutôt une bonne mère et adorait sa fille plus que tout. Elle pouvait raconter son histoire dans les grandes lignes, avec un sourire qu’elle ferait sonné comme triste, et légèrement mélancolique pour ne pas donné l’impression d’avoir un coeur glaciale, quand bien même elle s’efforcerait de penser à la chirurgie esthétique ratée en racontant la mort de ses pères, sa soeur, Reaver, histoire de ne pas penser à ce qu’elle dit. Elle pourrait certes dire plein de chose sur elle, des choses plus ou moins profonde, qu’elle vous balancerait à la figure plus ou moins comme elle écrit une liste de course. Billie était bavarde, mais n’aimait pas particulièrement parler d’elle. Elle aimait écouter par dessus tout. Ecouter, rire, conforter s’il le fallait, conseiller. Elle était née pour être une amie. Une petite amie, une fiancée, une femme, avait-elle longtemps pensé aussi lorsqu’elle était accrochée au bras de Reaver. Maintenant elle en savait plus trop bien de ce côté là, alors elle se contentait d’être une bonne amie. Et sans trop se vanter, elle était souvent la meilleure. Pas pour tout le monde surement. Mais pour ceux qui le voulait, qui la laissait suffisamment rentrer.
Luya avait fait ça. Et elle en avait été ravie. Luya était sa plus belle découverte après Aidan, et Savannah. Il était l’un des plus important, l’une des plus belles personnes qu’elle connaissait. Il était compliqué. Plus qu’elle elle pensait. Il faisait le difficile. Surtout à propos de lui même. Il ne s’accordait pas beaucoup d’importance. Et pourtant il respirait du silence. Et dans le silence, vous n’imaginiez pas à quel point il pouvait être sublime. Au fond, elle ne l’avait jamais vu en couple. Enfin elle ne pensait pas. Ca serait pourtant la meilleure chose qui puisse lui arriver... Quelqu’un qui ne verrait que pour lui, que part lui. Quelqu’un qui l’aimerait comme il mériterait d’être aimé. Quelqu’un qui pourrait retourner son monde, le faire battre. Surement que si elle l’avait rencontré à un autre moment, si elle avait été émotionnellement, sentimentalement accessible, elle aurait pu vouloir être s’être personne. Mais Luya méritait une belle personne à aimer. Quelqu’un qui puisse vraiment le porter. Pas quelqu’un d’aussi cassé qu’elle. Pas quelqu’un qui s’oublierait à la première occasion pour le mettre en premier. Parce qu’elle se connaissait. Même si souvent elle faisait semblant du contraire... Parce que c’était plus simple. Elle préférait s’oublier, et penser aux autres. On pouvait la trouver gentille, mais si on était lucide, si elle même était lucide elle saurait. Elle n’était pas gentille, elle était mauvaise, elle était égoïste et trainait avec les gens simplement parce qu’elle ne supportait plus de traîner avec elle même. Elle était un faire valoir pour éviter d’avoir à se dévaloriser. Elle se cachait chez les autres. Il méritait mieux. Mieux qu’un jeu qu’elle ne maîtrisait pas, un jeu dont elle ne savait même pas les règles.
Le pire c’est qu’elle pouvait être parfaite. Tout était devenu parfaitement automatique et naturel chez elle. Et ainsi elle pouvait faire la pire crasse qu’on est jamais imaginer, s’abîmer à petit feu en s’oubliant au profit des autres, sans s’en rendre compte, sans que personne ne s’en rende compte.
Pourtant là ça semblait être trop. Elle craquait. Pas parce que Luya craquait finalement. Mais parce qu’il la rejetait. Elle ne s’était jamais fait rejeté. Pas par des gens qui comptaient. Pas vraiment. Mais si elle perdait Luya, que ferait-elle ? Qu’elle image cela renverrait d’elle ? Pourrait-elle seulement le supporter. Elle avait besoin de lui. S’il l’oubliait, alors elle ne pouvait plus s’oublier. S’il la laissait, elle allait se détester, se perdre, ne jamais se retrouver. Il ne sentait pas qu’elle avait besoin de lui ? Elle ne savait pourtant pas être plus clair.
Les larmes, les cris, les gestes colériques avaient fusé. Ils étaient deux âmes cassées en berne qui se pliait sous les poids de fantôme.
Peut-on s’aimer sas se déchirer ? Ou pensait-il seulement ses regards blessant. La voulait-il réellement en dehors de sa vie ? Quitte à tenter le tout pour le tout, il saurait exactement ce qu’elle pensait. Parce qu’il était con. Elle l’adorait, mais il était con. Con de lui parle de la sorte. Con de se voir de la sorte. Con de voir les choses de la sorte. Et s’il n’entendait pas raison, qu’il arrête au moins de la regarder de la sorte.
Pendant un moment elle crut lire dans ses yeux qu’elle avait gagné. Ses membres tremblants et ses yeux bleus bercés de larme lui donnait envie de s’effondrer. Pourquoi devait-il avoir aussi mal ? Il écouta sans bronché la colère de Billie se déverser sur lui, et si elle peinait à se calmer, le silence et le regard d’un bleu humide de Luya lui brisait le coeur, lui déchirait les poumons. Elle le vit reculer. Encore et encore. Et elle n’osa pas le suivre. Elle le vit chanceler et n’osa pas le rattraper. Il s’écrasa au sol rangé sur le bord d’une étagère, elle l’observa, son regard se lovant amicalement contre lui. Pouvait-il le sentir ? Tout l’amour- l’amitié qu’elle lui portait ? Est-ce qu’il le sentait seulement ?
« We are not in love… We’re just… » La cage thoracique de Billie se souleva lourdement sous le début d’aveu de Luya. Elle sentait bien qu’il ne s’avouait pas tout. mais le simple faite qu’il est osé parler d’eux comme un nous valait tous les silences, et elle pouvait se résoudre à briser ce moment si parfait, si affreux. « I mean… » Elle sera la mâchoire, ses yeux s’emplissant à nouveau de larme. Elle tolérait mal les larmes d’autrui, et la douleur qui semblait écraser Luya à cette instant présent était presque impossible à supporter. « We are, but… » Elle souffla à nouveau, se pinçant la lèvre. Est-ce que quelqu’un pouvait le sauver de sa douleur ? Elle se rapprocha doucement de lui, ne sachant pas très bien s’il tolérerait une présence trop physique. « Why does it have to hurt so much ? » Elle se pinça à nouveau la lèvre, se la mordant presque jusqu’au sang. Elle se laissa tomber sur ses genoux, entourant de ses bras frêle la silhouette abîmée de Luya. Elle reposa sa tête contre ses bras, caressant les bras du jeune homme pour appuyer sa présence. «To make us feel alive !» dit-elle doucement, comme si elle avait déjà réfléchit à la question. La vérité c’est qu’elle y avait réfléchit, et que c’était la seule raison qui lui avait permis d’avancer, de fermer les yeux sur la question, sur la réponse, sur la douleur, et de vivre... Puisque clairement elle n’était pas morte. «But if you close your eyes, and you think of him, your love for him, it all go away, i promise. Just love, and you feel better.» Elle murmurait contre lui, comme si elle savait, comme si elle avait souffert, comme si sous ses dessous fort et tenace elle n’était que comme lui, un animal blessé qui ne savait plus comment gérer tant de souffrance, et qui la rangeait de manière systématique pour tenter de l’oublier. S’asseyant à présent contre les jambes de Luya, elle laissa retomber sa tête sur les bras de Luya, murmurant doucement. «I love you Luya, you’re my best friend.» D’une certaine manière il l’était. Il y avait bien Aidan, mais c’était son grand frère c’était différent. Et il y en avait plein d’autre, mais c’était différent. Les autres n’étaient pas Luya.
Invité
Invité
Sujet: Re: — The Lost Art of Keeping a Secret Mar 11 Mar - 20:29
Luya n’osait plus la regarder. Il n’avait plus le droit, pas vrai ? Il lui était à présent interdit de croiser le regard de quiconque puisqu’après tout, il venait d’avouer ce qu’il y avait de pire chez lui. Elle l’avait poussé dans ses retranchements, ou simplement elle l’avait conduit jusqu’aux aveux pour tenter de lui retirer l’épine du pied et faire en sorte qu’il puisse faire un pas sans avoir mal, sans être transpercé par cette vive douleur avec laquelle il vivait depuis… Depuis toujours. Car au fond Luya avait toujours su. Il pouvait nier autant qu’il le voulait, mais il avait rapidement compris que quelque chose clochait chez lui, qu’il y avait sans doute un truc qui ne tournait pas rond dans son corps ou dans sa tête pour que d’autres hommes puissent lui faire de l’effet, pour qu’il ait envie de savoir ce qu’ils pourraient lui apporter. Et depuis qu’il avait rencontré Scott et à chaque fois qu’il croisait son regard, il avait aussitôt envie de se pendre à son cou ou de se blottir au creux de ses bras rassurants pour avoir enfin l’impression d’exister pour la bonne cause, pour se sentir plus utile et vivant que jamais. Mais quand Scott n’était plus là, quand son regard rassurant ne venait plus chasser toutes ces pensées absurdes et noires de l’esprit de Luya, alors le jeune homme sombrait et se laisser porter par les eaux profondes de ses songes les plus sombres. Il ne méritait pas l’attention de Billie, encore moins celle de l’infirmier. Il était un être abject, anormal et répugnant, un espèce de monstre dégoutant dont le reflet dans le miroir lui donnait irrémédiablement la nausée. Pas étonnant que Luya prête autant d’importance à son apparence, à la façon dont il s’habillait et se coiffait, voulant toujours donné l’image du garçon parfait et bien sous tout rapport mais au fond… Il n’était rien de plus qu’un pauvre pêcheur et il n’y aurait que l’Enfer pour l’accueillir à bras ouverts.
Alors évidemment, il avait peine à relever la tête parce qu’il venait tout juste d’avouer à Billie qu’il était l’une des choses les plus immondes que la terre ait connue, et il refusait de marcher la tête haute une seule fois après un tel aveu. Certes, elle était là, contre lui, et il pouvait sentir ses caresses sur son bras et il entendait chacun de ses mots mais les sanglots ne s’arrêtaient pas pour autant. Il avait passé tellement d’années à lutter afin de garder toute cette histoire pour lui, n’évoquant jamais le prénom de Scott en public, refusant même de penser à lui, s’interdisant de l’imaginer en train de lui parler simplement parce que le son de sa voix l’enivrait plus que toute autre chose sur cette terre. Mais il voulait croire Billie, se répétant inlassablement qu’elle pouvait peut-être avoir raison, qu’elle avait sans doute plus d’expérience que lui en matière de relation, d’amour, ou même que la vie lui avait tendu bien plus de pièges qu’à lui qui se plaignait de souffrir de maux bien futiles au final. Les yeux fermés, il se concentrait sur sa voix, sur ses mains, et au fond de lui il se retenait. Il faisait tout pour ne pas relever la tête afin de s’agripper désespérément à elle pour la supplier de le guérir, de le réparer, lui qui était venu au monde en souffrant du trouble le plus infâme qui soit. Il aurait du être capable de l’aimer véritablement, de pouvoir la chérir et la choyer, l’aimer dans le vrai sens du terme en lui donnant ce qu’aucun autre ne lui offrirait jamais par la suite. Luya aurait du lui dire qu’il voulait passer le restant de ses jours avec Billie, seulement avec elle si elle promettait de lui apprendre à être normal. Dieu avait fait de lui un homme et il n’avait pas d’autre choix que de partager sa vie avec une femme, cela n’allait pas plus loin. Et maintenant que quelqu’un d’autre savait à par lui, que ce n’était plus un secret, alors c’était un peu comme s’il ne pouvait plus nier l’évidence. Il ne pouvait plus faire comme si de rien n’était et ignorer le ciel et tous les astres qui l’observaient. Il allait sans doute être contraint d’avouer tous ses pêchers pour avoir une chance de se repentir…
Luya reniflait doucement tandis que les sanglots paraissaient moins intenses après quelques minutes, avant de craquer à nouveau quand son esprit ne parvenait plus à faire abstraction de la conversation qui venait d’avoir lieu et ce qu’elle impliquait. Il voulait s’enfuir, partir loin d’ici avec Scott et abandonner tout le reste. Tant pis si c’était douloureux, au moins il aurait peut-être enfin droit au bonheur et il pourrait aimer son homme sans craindre tout le reste. Mais ce n’était pas aussi simple que cela, évidemment, rien n’était aussi facile…
Il s’était sans doute écoulé de longues minutes au cours desquelles Luya n’avait pas été en mesure de prononcer un seul mot, les yeux encore baignés de larmes, la gorge nouée et les joues rouges. Il s’en voulait terriblement d’avoir été aussi faible, de s’être montré sous son véritable jour et d’avoir avoué à Billie ce qu’il était vraiment. Mais en suivant son conseil, peut-être que ça irait mieux, pas vrai ? Alors il avait gardé ses paupières closes pour se concentrer sur Scott, sur l’amour qu’il lui portait, sur ses yeux bleus et son sourire qui le rassurait toujours, même quand tout était gris et que la vie n’avait plus franchement de goût. Il pensait à ce que le trentenaire lui dirait quand il lui ferait part de cette soirée, et sans doute serait-il fier ou bien proposerait-il de réconforter Luya pour chasser toutes ces pensées négatives ? Oui, le jeune homme devait se concentrer simplement sur le fait qu’il allait retrouver les bras de Scott et qu’il allait se coller contre son torse et qu’il ne bougerait plus, lui répétant sans cesse à quel point il l’aimait et il avait besoin de lui, se retenant de verser une larme supplémentaire juste parce qu'il était beau et qu'il l'avait enfin trouvé.
Et déjà, Luya respirait à nouveau. Billie avait raison. Plutôt que de disparaitre, il suffisait de faire en sorte que le monde s’éteigne pour qu’il ne reste plus qu’eux. Et ce n’était certainement pas prêt de changer la vie de Luya, cela ne le calmerait pas éternellement mais c’était un début, il y avait songé au moins une fois. Alors il finit par relever la tête, malgré la honte, malgré la douleur, malgré la haine qu’il avait envers lui-même, et ce simple geste suffirait largement pour la remercier. Il aurait voulu lui répondre qu’elle aussi était sa meilleure amie, qu'elle comptait plus que quiconque, mais il n’en avait pas la force, sentant déjà sa voix trembler avant même qu’il ait prononcé un seul mot ; quelque chose lui disait qu’elle pouvait le lire dans ses yeux de toute manière. Et dans un ultime effort, il essuya sa joue avec le revers de sa manche avant de murmurer les seuls mots qui pouvaient encore franchir le seuil de ses lèvres. « Don’t tell anyone. Please. »
Invité
Invité
Sujet: Re: — The Lost Art of Keeping a Secret Dim 16 Mar - 20:28
Billie était désolée. Désolé de la manière dont il se sentait. Désolé de la manière dont il n’arrivait même pas à la regarder. Elle se sentait impuissante. Terriblement impuissante. Elle voulait qu’un baiser sur son front puisse effacer toutes ses peines. Qu’un geste délicat sur ses joues lui essuie toutes ses larmes. Elle voudrait étouffer sa peine entre ses bras. Est-ce qu’elle pourrait ? Tuer sa peine dans ses bras frêles ?
Pour une fille qui avait grandit avec deux parents gays, une soeur bisexuelle, elle ne savait toujours pas gérer la chose. Elle était toujours dramatiquement impuissante. A quoi servait-elle si elle ne pouvait pas aider les autres ? Si elle ne pouvait pas panser leurs plaies ? Si ses sourires ne changeait rien ? Pourquoi faisait-elle tout ça ? A quoi ça pouvait donc servir de brasser de l’air de la sorte ? C’était inutile parce que le monde ne comprenait pas. Parce que le monde ne suivait pas. Et que le monde faisait toujours tout pour enfoncer les meilleures. Et a force, elle ne pouvait plus les relever.
Elle n’était pas assez forte. Elle n’avait jamais été assez forte. Elle n’avait pas pu sauver Birdie. Birdie qui ne lui avait même pas dit. Ni pour Luca, pas vraiment. Ni pour Wesley, ou d’autre. Qu’est-ce que Birdie lui avait dit finalement ? N’était-elle pas digne de confiance ? Ne faisait-elle pas tout pour l’être. Pourquoi les gens préférait-il souffrir seul que de souffrir sur elle ? Pourquoi ne pensait-il pas qu’elle pouvait les aider ? Peut être parce qu’elle ne pouvait pas. Peut être parce qu’elle servait effectivement à rien, et qu’elle ne pouvait rien, pour personne, et pas même pour elle.
C’était ça le sentiment d’impuissance. Un vide qui se construit au creux d’elle et qui ne la lâche pas. Le vide, le rien, l’inutilité. C’est un vent qui la traverse. Un fantôme. Elle est fantôme. Ca ne se touche pas, ça se ressens à peine. Mais pourtant c’est là, tapis, dans l’ombre. Et ça lui sert la gorge, ça lui comprime l’estomac, ça lui mouille les yeux. Et elle est désolé. Désolé d’être elle, de ne pas être assez.
Et puis soudainement l’envie est brulante, elle veut hurler. Crier cette impuissance à la face du monde. A la face du monde qui ne peut s’empêcher de faire souffrir les gens à qui elle tient. Pourquoi s’acharner sur des gens fragiles qui n’ont rien demandé ? Elle emmerde les racistes, les homophobe, les connards, les salauds. Tout ceux qui croient dicté un mode de vie sain et normal. C’est con. Terriblement con. Et ça le sera toujours.
Et puis elle hurle à Dieu. Dieu qu’elle ne connait pas. Dieu en qui elle n’a jamais vraiment cru. Mais elle sait qu’il y en a qui y croit. Elle sait que Luya y croit. Enfin il lui semble. Et alors elle l’emmerde, ce Dieu. Dieu miséricorde. Qu’on la laisse rire. Pourquoi Dieu ose-t-il faire mal de la sorte ? Pourquoi Dieu se permet-il ce genre de chose ? Pourquoi Dieu se permet-il de juger les hommes. De dire que telle ou telle chose est bien, telle ou telle chose mal.
Elle emmerde l’objectivité. Cette notion abstraite et impossible. On est pas objectif. Parce qu’on est humain. Juste humain. Et que merde. Chacun sa vie. Chacun ses peines, ses souffrances, ses conneries, ses pardons. Et que l’on devrait tous pouvoir s’aider comme ça. Sans vraiment de condition.
Elle se serre contre Luya, pose sa tête sur son bras, le caresse tendrement de ses mains rassurantes. Amitié. Elle l’aime Luya. A sa façon. A leur façon peut être un peu timide. Mais elle l’aime. Comme personne. Et Luya il est beau. Beau comme personne. Et Luya il a un coeur un or. Un coeur plus gros que lui. Un coeur qui gonfle dans sa poitrine et qui menace trop souvent d’exploser. Elle espère qu’il sait, que si jamais ça explose, elle sera là, pour en ramasser les morceaux. Elle espère qu’il sait, qu’il ne sera jamais seul. Qu’elle sera toujours là pour lui. Toujours. Qu’elle sera forte pour lui. Qu’elle le portera à bout de bras s’il le faut. Qu’il n’est pas tout seul. Surtout pas tout seul. Et qu’il n’est pas normal, mais qu’il est extraordinaire. Que de toute façon la normalité c’est une notion insupportable, et qu’être normal, c’est être triste, et inutile. Qu’il vaut beaucoup mieux que quelqu’un de normal. Que lui, il sait la faire rire, la faire sourire. Qu’il sait la faire pleurer aussi. Mais ce n’est pas le plus important. Il est Fucking amazing. Et c’est tout ce qui compte.
« Don’t tell anyone, Please »
L’idée lui est intolérable. Pas parce qu’elle voulait le crier sur les toits. Parce que ce n’est pas à elle de le dire. Mais parce qu’elle sait ce que ça implique. Parce qu’elle sait qu’il ne veut pas le dire. Parce qu’elle sait qu’il va se terrer son mensonge. Et que la prochaine personne qui découvrira la vérité n’aurait peut être pas la même chance qu’elle. Elle se fera probablement détester et se retrouvera avec un mur infranchissable en face d’elle. Mais elle n’a pas à la juger. Elle n’a rien à dire. Juste à dire oui. Oui. Toujours oui. Tout ce que tu veux. Elle se laisse tomber assise, et le serre doucement mais fermement contre elle, descendant sa tête contre sa poitrine, appuyant sa tête sur le haut de son crâne, et le berçant machinalement. « Anything for you. » murmura-t-elle d’un souffle, contre ses cheveux. Elle ferme les yeux, se laisse bercer dans le même mouvement qu’elle applique consciencieusement à Luya. « I’ll always be there for you » Always. Toujours. Et là peut être que pendant quelques secondes, blottis comme deux abrutis dans un coin de la cuisine, ils seraient invincible, infini.