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 Je crois que c'est à ce genre de moment qu'il faut se serrer les coudes, non ?

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MessageSujet: Je crois que c'est à ce genre de moment qu'il faut se serrer les coudes, non ?   Je crois que c'est à ce genre de moment qu'il faut se serrer les coudes, non ? EmptyMer 30 Avr - 23:09

Le chêne massif recouvert d'un vernis brillait. On ne voyait que lui lorsque les yeux étaient à sa hauteur. Il s'imposait non seulement par sa couleur claire mais aussi par la forme qu'il avait prise en ce jour. En effet, ce bois avait été travaillé avec soin par l'artisan, il prenait la forme d'un coffre, plus exactement d'un cercueil où reposait le corps d'un être cher à Enzo. Ciara. L'italien se retrouvait à présent veuf. Les personnes présentes à l'enterrement ne signifiaient rien pour lui à part les familles respectives du couple. D'ailleurs, Enzo ne comprenait pas pourquoi les inconnus avaient pris la peine de venir, ils n'avaient pas connu sa femme. Ils ne représentaient que des PDG, des gens hauts placés qui se montraient pour faire bonne figure. L'italien avait de plus en plus de mal à s'harmoniser avec eux depuis qu'il avait épousé la demoiselle Sandrelli parce qu'il avait pris conscience que c'était ce monde hypocrite qui l'avait empêché d'être auprès de sa belle. Le jeune homme n'avait pas dit un mot depuis le décès de sa femme, à part pour annoncer la terrible nouvelle à la famille ainsi que les démarches funéraires. De toute façon, il ne voulait parler à personne. Les paysages de son pays natale l'apaisaient, lui permettait de tenir le coup pour Mila mais surtout pour lui. La pauvre petite, elle ne connaîtra jamais sa mère. A chaque fois qu'il y pensait, Enzo en tremblait, il ne pleurait pas, non, il tremblait de tout son corps ; bien entendu sans que personne ne le voit car comme toujours De Conti restait de marbre.

La messe venait à peine de se terminer qu'on commençait à porter le cercueil de sa femme qui était à présent fermer. Enzo ne le portait pas mais il avait dans ses bras son bébé qui pleurait. Elle ne savait pas ce qu'il se passait et elle ne la comprendrait pas. Le contraste entre la douceur des températures de l'Italie et le silence pesant de l'enterrement, était frappant. Au moins, Ciara serait enterrée sous un beau jour pensait Enzo. Il était évident pour ce dernier de retourner dans leur pays natale, là où ils avaient grandi, c'était un souhait incontesté du couple, ils n'en avaient même pas discuté puisque cela paraissait tout à fait normal. Toutefois, le jeune homme n'avait pas pensé qu'il le ferait aussi tôt. La procession se dirigeait vers un cimetière où reposait les membres de la famille Sandrelli. Il se situait près de la mer, un endroit reposant où résidaient sereinement les défunts, peut-être était-ce une manière pour permettre aux âmes de reposer en paix. Enzo protégeait sans cesse sa fille contre le soleil mais surtout n'arrêtait pas de lui faire des baisers sur le front. La petite avait fini par cesser les pleurs par épuisement. Ce n'était facile pour personne et surtout pour lui, il essayait de tenir le coup parce qu'il savait que ses crises finiraient par revenir, mais quand ? Il ne pouvait pas prévoir pourtant il fallait qu'il se maîtrise car il ne savait pas comment il ferait avec sa fille. En général, lorsqu'il s'enfermait, Ciara était là pour s'occuper de leur bébé, or aujourd'hui, il était seul. Il avait peur de ne pas pouvoir éduquer seul sa fille. Depuis qu'elle était morte, Enzo n'avait pas dormi, il se posait tout un tas de question, sa tête bouillonnait jusqu'à en avoir des migraines. Il devait à présent penser à Mila. L'italien ne s'était pas rendu compte mais ils étaient arrivés devant le caveau des Sandrelli. Les gens formèrent un demi-cercle derrière la famille de la défunte. On entendait des pleurs, des gens mouchés bruyamment, ils bougeaient aussi sans arrête ce qui énervait particulièrement le veuf. Ce dernier n'avait qu'une envie, crier à s'en arracher les poumons : CASSEZ-VOUS !! Il désirait seulement se retrouver pour la dernière fois seul avec elle, juste une dernière fois. Enzo revoyait le corps de Ciara allongé dans le cercueil. Son visage si paisible, comme si elle avait enfin trouver la paix. Pourtant, le jour de l'accident, elle avait souffert. La voir allongée, inerte, cela lui déchirait le cœur, une partie d'Enzo était morte. Ciara était LA femme qu'il n'avait jamais autant aimé, celle qu'il avait aimé avec un grand A. Ciara était sa moitié. Les parents Sandrelli et la sœur cadette s'approchèrent du cercueil tout en pleurant, suppliant le Dieu en qui ils croyaient de leur rendre leur fille bien-aimée. Tout le monde fit un dernier adieu à la jeune femme récemment décédée. Quand vint le tour de l'époux, ce dernier donna Mila à son frère. Il ne voulait pas que sa mère ou quelqu'un d'autre porte son enfant. Chose étonnante, il n'avait pas hésité une seule seconde. En s'approchant du coffre en chêne massif, son pouls s'accéléra. Une larme roula sur sa joue, il ne se rendait pas compte de cela, c'était la première fois qu'il pleurait depuis que Ciara était morte. Il posa sa tête sur le cercueil et à ce moment, il voulait que le temps s'arrête parce qu'il avait peur de se séparer de sa femme.  « Ti amo amore moi... » dit-il d'une faible voix. Les moments qu'il avait vécu avec elle défilait dans sa tête. Enzo avait peur de l'avenir.
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MessageSujet: Re: Je crois que c'est à ce genre de moment qu'il faut se serrer les coudes, non ?   Je crois que c'est à ce genre de moment qu'il faut se serrer les coudes, non ? EmptyVen 9 Mai - 12:35

    Il avait la tête prise dans un étau. Tout été allé très vite, il n'avait rien eu le temps de voir venir. Le temps était pourtant clair, les températures excellentes et puis le noir, total. Le sol qui se met à trembler, qui se dérobe sous nos pieds et puis le ciel qui s'effondre, soudain. La ville toute entière semblait au bord de l'explosion : les cris, les larmes et les sirènes des secours un peu partout. Chaque quartier avait eu son lot de catastrophe lors de cette nuit là. Los Angeles, plongée dans la panique, plongée dans l'horreur le temps de trois secousses qui avait détruit la population. Aidan serra sa tête entre ses mains. Derrière lui, Savannah était endormi, Julian tout contre elle. Depuis le tremblement de terre, il ne dormait plus tellement, il se réveillait au beau milieu de la nuit en hurlant. Il se tortilla, glissa une jambe sous les draps et remit son pouce en bouche. Aidan le regarda dormir, paisible, ainsi que sa fiancée. Ils étaient en vie, saint et sauf, eux. Une grimace lui tordit la bouche et il préféra sortir de la chambre. Il ne trouvait plus le sommeil non plus, lui qui avait réussi à retrouver un rythme. Il s'alluma une cigarette, regarda la fumée s'évaporer lentement. L'horloge indiquait 5h00 du matin, Savannah ne tarderait pas à se lever et préparer le petit-déjeuner pour Julian. Aidan s'avança vers le sac posé près de l'entrée, un sac de voyage pour quelques jours. Rien qu'as l'idée de l'issu de sa conception, il sentit une pointe dans sa poitrine et s'obligea à ne rien laissé passer. Savannah fini par descendre le rejoindre, passant un bras autour de sa taille, reposant sa tête contre son torse. « Il faut pas que je tarde. », lui dit-il, l'embrassant sur le front. Elle le serra encore plus fort. Il aurait aimé qu'elle vienne, qu'elle le soutienne, mais c'était juste impossible qu'elle le suive, ils le savaient tous les deux. « Appel moi quand tu as atterris. Je m'occupe de tout ici. » Il l'embrassa de nouveau, profitant de cet instant, se rendant compte de la chance qu'il avait.

    Aidan se trouvait en retrait. Plus loin, Enzo tenait sa fille contre lui, suivant la procession avec un courage peu commun. Près de lui, leur parent, le visage clos. Marie tenait le bras de son époux, dont la maladie avait rongé le corps, ainsi bien que l'âme. Adriano n'en n'avait plus longtemps, il avait gagné un sursit, mais cela ne serait plus très long. Malgré tout, il se tenait droit, s'appuyant sur une canne sculpté. Aidan tourna la tête, apercevant le visage inondé de larme de la mère de Ciara. Il se sentit mal, détourna le visage et préféra s'éloigner de quelques pas supplémentaire. Il avait vêtu un costume sombre, mais avait zappé la cravate. Il n'aimait pas être là, il ne supportait pas de devoir enterrer une amie. Parce que Ciara l'était devenue, avec le temps. Et elle serait éternellement sa belle-soeur, la mère de sa nièce. Le temps était radieux, c'était presque honteux d'être d'enterrement pour une si belle journée. Ciara aurait adoré être ici, près de cet arbre, à jouer dans l'arbre avec Mila. Il essuya une larme sur sa joue. C'était cruel, injuste, douloureux. Le cortège se rapprocha du caveau des Sandrelli et se stoppa. Le cercueil resta en suspens puis l'assemblée se plaça. Aidan se rapprocha, sentant, inconsciemment sans doute, qu'Enzo aurait besoin de lui. Autour de lui, les gens pleuraient, larmoyaient et Aidan était tendu. Il n'aimait pas être là et tous ces gens qui n'étaient pas forcément proche de la défunte, l'agaçait. Tous ces richetons présents pour faire plaisir à la famille, ces hypocrites et puis ces pleureuses italiennes qui lorgnaient sur son frère comme un bout de viande. Aidan bouillonnait. L'aîné s'approcha du cercueil et ce fut le silence. Aidan se surprit à trembler malgré les douces températures. Puis Enzo se tourna vers Aidan, lui tendant Mila. Sans hésiter, Aidan attrapa la petite, la plaça contre son torse, respirant l'odeur de ses cheveux. Derrière lui, Marie frissonna. Elle aurait probablement voulu récupérer sa petite-fille, mais Aidan la garda contre lui. Mila était encore jeune, s'il pouvait la préserver de la méchanceté des De Conti, il le ferait. « Ti amo amore moi... », murmura Enzo et Aidan passa une main fébrile sur l'épaule de son frère, la serrant quelques secondes. Il chercha à lui insuffler toute la force nécessaire, faute de mieux. Seul Aidan savait, connaissait le secret de son aîné, sur sa maladie. Ici, il était le seul pilier qu'il avait, le seul en qui il pouvait vraiment avoir confiance, étrangement.
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