Septembre 2015 Sa dette envers Dimitri ne cessait de s’allonger. Si elle ne l’avait pas recroisée en Avril dernier elle aurait peut être pu continuer à ignorer tranquillement que Dimitri l’avait surement sauvée d’une vie en prison. Mais maintenant la possibilité de déni paraissait de plus en plus folle. Bien sûr lors de leur dernier interview elle n’avait pas risqué grand chose. Mais il l’avait laissé partir. Il lui avait à nouveau évité de devoir tirer des ficelles, et de faire exploser quelque précieux lien qui pourrait surement lui être utile à l’avenir. Il l’avait aidé, encore, malgré tout ce qu’elle avait fait, et la haine qu’il éprouvait à son égard. Il l’avait aidé, et elle, elle avait paniquée. Non, elle n’avait pas paniqué, elle avait faiblit. Elle l’avait regardé dans les yeux, et elle avait été incapable de réagir. Enfin de réagir convenablement. Et elle n’avait jamais été muette et paralysée devant quiconque. En réalité elle n’avait jamais ressentit ça pour quiconque. Même lorsqu’ils étaient ensemble, jamais elle ne s’était sentie aussi faible, et dépendante. Elle aurait voulu que ses mots s’adoucissent, que ces gestes se fassent tendre et passionné. Elle aurait rêvé de retrouver la flamme qu’elle avait éteint à grand coup de charter. Mais elle avait secoué la tête, et elle avait oublié. Elle avait fait semblant. Parce que ça ne sortait pas de sa tête. Et c’était particulièrement ridicule. Elle avait l’impression d’être un de ses gamins diabétiques qui voulaient absolument s’empiffrer d’un énorme gâteau au chocolat… En même temps l’idée même de s’enticher à nouveau d’un mec qui était à des lieux de vouloir d’elle, mais qui restait encore probablement fasciné par sa stature pouvait être un jeu terriblement amusant. Un jeu dangereux qui lui brûlerait surement les ailes…. Mais c’était certainement ce qui rendait le jeu aussi attrayant.
Albane avait tout de même passé quelques temps à essayer de lutter contre son instinct le plus primaire. Non parce que c’était le plus raisonnable, mais parce qu’elle avait du pain sur la planche dans d’autre domaine, et parce que la frustration augmenter le plaisir du jeu. Tout n’était donc que tactique, et sentiment. Parce que s’il y avait quelque chose de plus important que la manipulation à des fins égoïstes pour Albane, c’était bien l’envie étrange de vouloir vivre une relation amoureuse épique et exceptionnelle qui entrerait dans la légende. Bon peut être que même ça, c’était un peu égoïste… Mais on est ce qu’on est, et sur beaucoup d’autre aspect, Albane était quelqu’un de particulièrement généreux… Peut être à des fins égoïstes aussi… Mais qui ne l’est pas un peu dans sa vie ? On pouvait être bon et intéressé. Ce n’était pas une si grosse tare que ça. Enfin, pendant qu’elle était dans son coin, Albane échafaudait des plans sur la comète pour reconquérir Dimitri… Enfin du moins pour essayer quelque chose. Le fait qu’elle ne trouva rien de vraiment concluant la retarda énormément dans son processus. Si bien qu’elle ne comptait même plus le nombre de mois qu’elle avait laissé passer entre les deux entrevues. Elle avait beau être consciente que le temps ne jouait pas du tout en sa faveur, son esprit fantasque se complaisait dans un rêve éveillé et brûlant.
Clairement, elle ne tournait plus tout à fait rond. Elle avait détesté se retrouver aussi bloquée devant lui, elle ne s’était jamais retrouvé aussi faible. C’était handicapant, et ce n’était pas réellement son genre. Mais peut être qu’il avait chatouillé sa culpabilité. Peut être avait-il réveillé autre chose, et que peu soucieuse de savoir ce qui pourrait lui arriver, peu intéressée par son propre bien être, elle prenait le risque de foncer tête baissée et de voir ce qui adviendrait. Elle s’était donc habillée simplement. Elle ne voulait pas donné l’impression d’y avoir mis trop d’effort, elle savait être naturelle, et si elle savait que la robe la mettait parfaitement en valeur, elle n’avait rien d’excentrique. Elle avait laissé ses cheveux détachés et c’était légèrement maquillée. Etre naturelle sans être brouillon était tout un exercice, et à force des années Albane avait su le peaufiner avec une certaine perfection. Sans chercher à revenir sur sa décision, elle avait foncé sans regardé derrière elle jusqu’à l’adresse prétendue de Dimitri. Elle se connaissait, si elle restait là à hésiter une seule seconde elle était encore capable de repousser l’entrevue. Et puisqu’il était d’abord question de s’excuser, il serait étrange qu’elle débarque vraiment trop longtemps après que le méfaits eut été accomplie.
Sur le pas de l’immeuble elle ne faisait déjà pas la fière. Elle réussit à se glisser dans l’immeuble à la suite de quelqu’un. Elle savait que si elle devait prendre le risque de sonner à l’interphone il ne la laisserait probablement jamais rentrée. Elle trouva sa porte d’entrée, et hésita un instant à faire demi tour assez rapidement, avant de frapper un grand coup pour s’empêcher de repartir. Elle respira un grand coup, et s’agita momentanément dans tous les sens pour se redonner une consistance. Elle était Albane Bonaparte et elle avait plus de contenance que n’importe qu’elle femme sur cette terre, et il était hors de question qu’elle se laisse aller soit disant parce que ses hormones dansaient probablement la roumba dans sa tête. Lorsque Dimitri ouvrit la porte elle sentit son estomac se tordre prêt à l’essorage, avant de se maudire elle même dans sa tête. Elle leva les yeux vers Dimitri, avant de sourire.
« Salut ! » Oui c’était une question de politesse de dire bonjour. Mais étrangement dans ce genre de situation elle aurait l’impression que ça serait mal venue. Elle s’attendait presque à recevoir un agressif - qu’est ce que tu fais là, dégage - ou quelque chose dans le même sentiment.
« Je peux rentrer ? Je voulais te parler… J’aimerais autant ne pas le faire sur le pas de ta porte. » ajouta-t-elle avec une voix qui avait déjà perdu en confiance. Devant l’armoire à glace qu’il pouvait être, infaillible et visiblement fidèle à la haine qu’il éprouvait pour elle, elle se sentait déjà perdre petit à petit les moyens. Elle soupira, inspirant profondément.
« Je veux juste m’excuser pour tout, et te remercier Dimitri. » Elle était sincère, pas d’entourloupe, pas de jeu tordu. Enfin peut être qu’elle jouait encore, elle ne savait pas réellement faire autrement. Mais si jeu il y avait encore, ce n’était plus qu’un jeu de séduction un brin désespéré.
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