18h26, Samedi. Aidan venait de sortir de la douche. D'ordinaire, à cette heure-là, il est déjà au travail, il y es même depuis des heures puisqu'il y vit presque, fuyant les frasques de sa fiancée non désirée. Mais ce soir, il est à la bourre. Un jambe dans son jean, puis l'autre, Aidan se brusqua et manqua de s'étaler sur le sol de sa chambre. A côté de lui, Sandrelli, son chien non désiré également et portant le nom de sa fiancée, semblait très amusé par la situation. Aidan lui jeta un regard de reproche avant de s'activer et de passer une chemise. Il avait oublié quelque chose, mais quoi ? Tournant sur lui même, il constate que son porte-feuille a disparu. Inquiet, il se met à chercher sous le lit, puis dans la salle de bain, dans la cuisine, même le frigo, sans résultats. C'est alors qu'il se rappelle l'avoir utilisé lors de son diner avec sa cousine Tanya, la veille. Il avait payé l'addition, était monté dans la voiture de Tanya et...Et comme un con il avait du le laisser à l'intérieur. Dans un pays comme les États-Unis, sortir sans ses papiers d'identité est relativement grave et dangereux, surtout dans une ville comme Los Angeles où la police ait partout, même là ou vous ne vous y attendez pas ! Aidan attrapa son portable au vol, ses clés de voiture et quitta la villa. Heureusement pour lui, Ciara devait être à l’hôpital car il ne l'entendit pas hurler ni foutre le bordel à l'intérieur de la Villa qu'ils partageaient. Une fois au volant, Aidan tenta de joindre sa cousine sur son portable, en vain. Il lui laissa néanmoins un message vocal en espérant qu'elle ne tarde pas à lui répondre. Un peu plus tard, il arriva devant la Suite 700. Comme il fallait s'y attendre, la salle était déjà bien remplie mais ses employés avaient sut gérer le chose. Aidan s'enferma donc la remise et composa le numéro fixe de Tanya. Si elle ne répondait pas à son portable, elle pourrait peut être répondre sur son téléphone fixe.

Au bout de trois sonneries, quelqu'un décrocha et Aidan s'empressa de parler :
« Tanya c'est Aidan. Tu vas bien ? », et alors qu'il allait lui laissé le temps de répondre, histoire d'être polie avant d'en savoir plus pour son porte-feuille, une voix féminine lui répondit.

C'était emmerdant d'avoir oublié son porte-feuille tout de même ! Pendant un an et demi, Aidan avait été incarcéré, privé de liberté, privé de droit de vote, d'intégration et tout un tas d'autre choses. Récupérer des papiers d'identité, même une simple carte ID, était revitalisant, car cela voulait dire qu'il était revenu parmi les autres, parmi ceux qui peuvent sortir en tout liberté profiter du beau temps. Alors qu'il était debout dans le remise, jetant un coup d'oeil à la salle qui se remplissait encore et encore, il se dit que si Tanya avait effectivement son porte-feuille, elle l'aurait sans doute déjà prévenu. Mais quand cette idée commença à germer dans sa tête, une voix avait déjà répondu. « Euhm, Tanyah n'est pas là, je peux lui laisser un message ? », Aidan tiqua. Il connaisait assez Tanya pour savoir qu'elle n'avait pas ce timbre de voix. Celui de son interlocutrice était plus prononcé, plus dure et pourtant, dans le fond, une certaine nostalgie ressurgit... Et avant qu'elle ne dise ses mots, Aidan avait compris. « C'est Savannah au bout du fil ... », au moins il était fixé. Tremblant, Aidan retira le portable de son oreille, comme si Savannah pouvait traverser les ondes et se retrouver avec lui, dans cette remise. Il mit quelque secondes à reprendre pied, laissant un silence de mort entre eux. Il entendait son souffle à travers le combiné, il ressentait presque la gêne qu'elle devait avoir en cet instant.

« Où est Tanya ? », tant de questions se bousculaient dans sa tête. Il ne comprenait pas le rapport entre sa cousine italienne et son ex revenu d'entre les morts. Los Angeles était une grande ville, d'accord, mais de là à regrouper ces deux même personnes, c'était un peu dur à encaisser. Il avait tellement envie de raccrocher, envie d'en terminer avec tout ça parce que la douleur de son retour était encore trop brûlante, trop vive. « Tu a décidé de te rapprocher de ma cousine pour détruire ma vie, c'est ça ? Que ce que tu compte lui dire sur moi, hein ? Que je suis un salaud de t'avoir rejeté alors que tu revenais après 4 ans d'exil ? Tu vas bientôt me mettre Birdie à dos aussi ? », lui qui pensait que ça serait dur de lui parler, il en était venu à bout. Aidan fini par s'asseoir sur un carton, guettant une réponse qui tardait à venir. « Répond Savannah ! », hurler semblait plus facile que de comprendre et c'était bien plus facile à gérer.

Qu'avait-il fait au ciel pour se retrouver dans ce genre de situation ? Pourquoi avait-il fallut que Savannah se trouve être la colocataire de Tanya ? Pourquoi le sort s'acharnait-il sur lui ? Aidan n'était pas quelqu'un qui se plaignait mais plutôt qui encaissait sans rien dire. Mais pour le coup, il était furieux, furieux parce que leur cohabitation remettait tout en question ,parce que cela allait tout compliquée, comme çi cela n’était pas assez compliqué comme ça. Jeremy ? C'est qui celui-là ? Pensa rageusement Aidan. Il avait tendance à surprotéger sa petite famille, c'est à dire Birdie, Charlie et Tanya. Il aimait savoir qui elles fréquentaient pour ne pas être surprit, comme maintenant par exemple. Aidan perdit vite son sang froid. Le silence que laissait planer enragea Aidan un cran au dessus et il lui hurla de répondre. Très vite, la jeune femme s’exécuta et lui balança son venin. Aidan crispa sa main sur le combiné.

« Tu te crois drôle ? Ta finis ? Pourquoi a t'il fallut que de toutes les collocations possible tu réponde à celle de Tanya ? », il n'espérait pas vraiment de réponse, c'était plutôt une question purement théorique. Il se rendait compte que tout son corps était tendu et qu'il allait par tarder à défoncer le carton sous lui. Il se leva rapidement, faisant les cents pas dans le petit local du Pub.

« Pour ce qui est de Birdie, je ne compte pas la mêler à notre situation. Je ne désire pas qu'elle prenne mon parti, parce que cela signifierait que nous sommes en guerre et nous ne le sommes pas. N'est-ce pas ? », demanda t'elle d'une voix blanche mais qui en disait long sur la tension qui émanait d'elle. Aidan pouvait presque discerner son visage, les mimiques de celui-çi, sa lêvre supérieur tremblante légèrement, son autre main tirant un peu trop fort sur ses long cheveux... « Tu compte m'entendre dire un truc précis ? Parce que je ne sais pas ce que nous somme Savannah pour être franc. Je ne sais pas ce que tu attend de moi », un leger silence s'installa et Aidan s'aretta, fixant le sol de la remise. « Une chose est sur : laisse Birdie en dehors de tout ça. Et Tanya n'as pas à savoir, je n'ai pas envie de voir mes amis me tourner le dos sous prétexte que je suis un salopard qui se comporte mal avec les femmes ». Il ne parlait pas que de Savannah, mais aussi de Ciara. Il était curieux de savoir ce que Birdie et Savannah c'étaient dit, de savoir de quelle façon cette dernière avait expliqué son "absence" et si Birdie lui avait tout raconté concernant Billy...

Qu'étaient-il l'un pour l'autre à présent ? Ils avaient formé un couple, c'étaient aimés et avant qu'ils n'aient eut le temps de se déchirer comme tous les autres couples au bord du gouffre, Savannah était « morte ». Aidan avait l’impression d'avoir de la fièvre, une fièvre brûlante, comme le second jour d'une grosse grippe. Il n'avait pas était malade depuis des lustres mais la sensation qui émanait de lui disait tout le contraire. Savannah semblait provoquer chez lui une explosion d'émotions en tout genre. « Moins de haine », souffla t'elle pour répondre à sa question. Sur un plan purement théorique, c'était possible, mais qu'en était-il dans la pratique ? Etre plus gentil reviendrait à pardonner et ça, Aidan n'y était pas prêt. Il n'avait pas envie de passer l'éponge sur la douleur et l'absence qu'avait provoquer son départ ni à accepter qu'elle revienne et bouleverse sa vie comme elle le faisait si bien depuis son interruption surprise à la suite 700 quelques semaines plus tôt.

« Je n'ai pas la prétention d'avoir recherché la compagnie de Tanyah, encore moins maintenant que je sais qu'elle t'ait apparenté. Tu as une piètre image de moi. Tu crois vraiment que je te considère comme un salaud doublé d'un goujat ? Laisse moi vite te détromper, je ne le pense pas », termina t'elle avec un note d’agressivité dans la voix. Aidan connais ait bien cet air là, il pouvait deviner son air blasé et cette vexation si caractéristique de la Melle.Monroe. Aidan afficha un sourire malgré lui, plus pour l'ambiance qui venait de se créer que de la dernière phrase qu'elle avait prononcé. Malgré l'interdiction de fumer ici, qu'il avait lui même instauré, Aidan tira le paquet de cigarette de sa poche arrière et tout en calant son portable contre son oreille, en sortit une. Savannah semblait lui laissé le temps de répondre, puisque un énième silence s'instaura entre les deux anciens conjoints. « Ah bon ? Me voilà rassuré. C'est bizarre parce qu'avant, je savais quelle opinion tu avais de moi, j'avais la prétention de te connaitre par coeur », dit-il en allumant sa cigarette et en tirant sur la première latte. « Mais maintenant je ne sais plus ce que tu pense et je crois que je m'en fou », dit-il, plus par défis pour lui même que comme réalité prouvé. Simple provocation, un besoin de se prouver qu'il tenait moins à elle qu'avant, qu'il pouvait lui parler sans ressentir un picotement dans la poitrine.


« Et sinon, ce message ? », demanda t'elle pour changer de sujet, visiblement. Elle semblait à cran et avait certainement envie d'en finir Pourtant, elle attendit patiemment qu'Aidan lui réponde. Il se doutait bien que si elle avait vraiment voulu se débarrasser de lui, elle aurait raccrocher, se moquant bien de passer le message à sa colocataire. « Oh je vois, tu a certainement mieux à faire... Tu pourra demander à Tanya si elle a récupérer mon porte-feuille ? », demanda t'il sèchement. Dans le fond, il espérait qu'elle ne raccroche pas tout de suite, qu'elle reste à l'autre bout de fil. Il semblait avoir encore besoin d'elle, mais si cela n'avait rien de rationnel. « Avant de raccrocher... », commença t'il, sans vraiment savoir ce qu'il faisait. « Il y en a eu un autre ? Enfin je veux dire, pendant ces 4 ans, il y a eu quelqu'un ? », demanda t'il simplement, tirant une nouvelle latte, plus longue cette fois-çi, tapant nerveusement du pied contre le carton lui servant de chaise.

La cigarette se consumait joyeusement entre les doigts d'Aidan. La fumée montait rapidement la pièce, heureusement pour lui, elle était dénué de détecteur de fumée. « Ce n'est pas parce que tu prétends t'en foutre complètement, que je me dois de faire de même envers toi », lui répondit-elle. Aidan souffla sa fumée par le nez, celle-çi s'infiltrant par la petite ouverture qui servait de fenêtre. L'intonation de sa voix lui faisait comprendre qu'elle était sincère et qu'elle disait vrai. Aidan soupira pour lui même. Elle prétendait encore avoir des nouvelles de lui, elle disait ne pas se foutre de lui et de sa vie. Il l'avait piqué au vif, mais cela ne lui fit pas plus de plaisir que ça et il se contenta de répondre à sa question suivante, préférant ignorer cette partie là pour le moment.

« Bien sûr », l'entendit-elle lui répondre. Au moins, cet appel lui avait permis de pouvoir récupérer son porte-feuille incessamment sous peu, du moins si Savannah faisait bien passer le message. Mais elle était quelqu'un de fiable, du moins avant et il avait envie de croire que cette partie d'elle était toujours d'actualité. La voix de son ex c'était soudainement tu, laissant une vague de silence. Pourtant, il entendait toujours son souffle, ce qui signifiait qu'elle n'avait pas raccroché. Prenant une autre latte, il se donna du courage en posant sa dernière question. La réponse ne tarda pas : « Tu oublis que tu es censé t'en foutre. Si ce que je te dis reste dans le vent, autant me taire. », dit-elle d'une voix blanche mais qu'Aidan sentait contrôlé. Un sourire étrange s'afficha sur le visage de notre jeune italien. Il leva la tête au plafond, crachant sa dernière latte de fumée en l'air, sentant son propre souffle retombé. D'un geste rapide, il écrasa le mégot de son talon, restant assis sur sa chaise de fortune. Il c'était attendu à ce genre de réponse et il était amusé car Savannah avait réagit exactement de la manière qu'il avait pensé. « Bien. Je ne vais pas t'obliger à me répondre... », il laissa sa phrase en suspens quelque secondes avant d'ajouter : « Tu m'as répondu, d'une certaine façon », dit-il avec les yeux brillant d'une étrange manière. Aidan se leva, s'étirant, s'adossant au mur le plus proche, guettant la moindre réaction de la part de son ex.

Le silence. Un silence presque terrifiant. Et puis soudain, le bruit d'un éclair s’écrasant à quelques mètres de là. Le tonnerre ensuite et puis de nouveau le silence. Assis sur la terrasse de sa villa, Aidan regardait la mer se déchaîner, pousser en rouleaux contre les récifs. Il s'imaginait presque parmi elle, se faisant rejeter brutalement contre les coraux, sentant son coeur s'emballer dans sa poitrine et puis d'un coup : le calme. Un calme apaisant, une fin en quelque sorte. Sa jambe brisé était posé sur une chaise en face, un bloc de glace posé sur le genoux. en fin de journée, la douleur lancinante reprenait son rôle, handicapant Aidan. Mais sinon, ça allait. Sa hanche lui faisait mal mais c'était gérable comparé aux premières semaines. Un second éclair zébra le ciel, éclairant violemment la terrasse le temps d'une seconde. Quel étrange spectacle ! La pluie ne cessait de tomber, rendant l'atmosphère lourd et écrasant. Aidan attrapa la bouteille de scotche et se resservit un verre. D’après son médecin, l'alcool était à bannir dans son état. Aidan balayait ça d'un rêver de main, ajoutant ce petit conseil à tous les autres qu'il n'avait jamais suivit. Et comme pour souligner ce geste, il attrapa une cigarette qu'il alluma dans la foulée. Le cliché du mec paumé que la vie à laissé de côté. Typique. ♫ I can take the rain on the roof of this empty house ♪ , Aidan tourna la tête vers son portable. Celui-çi se mit à vibrer, chancelant dangereusement sur la chaise à ses côtés. Il n'avait pas envie de parler, il voulait être seul, s'isoler dans cette bulle qui lui tenait compagnie depuis un moment déjà. ♫ That don't bother me , I can take a few tears now ... ♪, A tous les coups, c'était encore une mauvaise nouvelle, pas la peine de décrocher. Un nouveau regard vers le mobile qui continué de chanter, rompant la tranquillité de son propriétaire. ♫ ... And then and just let them out , I'm not afraid ... ♪, un soupire et Aidan étendis son bras afin d'attraper l'appareil. Le prénom de Savannah clignotait alors sur l'écran. Nerveux, Aidan décida de décrocher, plaquant la portable contre son oreille. « Allô ? », fini t'il par dire.

« C'est Savannah. »dit-elle après une seconde qui parut un éternité. Aidan soupira légèrement, mais pas assez pour qu'elle l'entende. Bien sur que c'était elle, qui d'autre ? Son portable avait reconnu son numéro et sans cela, Aidan l'aurait reconnu, ne serai-ce qu'avec cette respiration lente et mesurée qu'elle eut lorsqu'il décrocha. Entendre sa voix avait quelque chose de rassurant, c'était même une sorte d’euphorie, si on excluait les derniers évènements. Il avait été privé de sa voix durant quatre ans, là, au moins, il pouvait l'entendre parler, même si ce qu'elle allait lui dire n'avait rien de réjouissant. « J'ai reçu une visite inattendue au bar hier... », commença t'elle. Aidan tira une autre latte de sa cigarette, attendant patiemment la suite. Bien sur, il se doutait que cela n'était en rien une bonne nouvelle mais pour le moment, il ne pouvait qu'attendre qu'elle poursuive. « Ton frère est aussi agréable que tu me l'avais décrit. Il m'a confié certaines choses. Des choses que je n'ai pas pu croire, parce qu'elle ne venait pas de ta bouche Aidan. », le ton de sa voix était sec mais parsemé de sanglots qu'elle essayait de contenir. Aidan se redressa brusquement, ignorant superbement la protestation de sa hanche meurtris. Enzo était passé la voir ? Une colère sourde gronda en lui et il abattit son poing sur la table, écumant de rage. « Savie c'est quoi cette ... Que ce qu'il ta dis ? », cela ne servait à rien de vouloir éviter ce qui allait très vite se produire. Savannah semblait tendue, il percevait clairement la nervosité dans sa voix et c'était insupportable pour Aidan. Il devait savoir même si il avait déjà une petite idée que la question. « Un enfant Aidan … Un enfant de Charlie ! Est-ce qu'il a menti ? ». La nouvelle tomba comme un éclair en pleine tempête, surprenant et assourdissant. Aidan fixa les vagues, désirant s'y jeter dedans plutôt que d'endurer ce qui allait suivre. Il se resservit un verre et laissa le breuvage brûler sa gorge. « Non ... », commença t'il. Il pouvait imaginer le visage de Savannah en cet instant et cela lui donnait envie d'abattre son frère sur le champs. « Je ne sais pas comment t'expliquer Savie ... Ce n'était pas prévu ... J'ai voulu l'aider et une fois que j'ai compris mon erreur elle était enceinte ... », articula t'il, crachant chaque mot comme du venin.

Avoir un enfant avait toujours était difficilement concevable pour Aidan. Devenir père, c'était effrayant, c'était angoissant et pourtant, d'une certaine façon, c’était magique. Pour le moment, Aidan trouvait ça abstrait car le bébé était encore bien au chaud dans le ventre de sa mère, mère qui ne parlait plus à Aidan depuis leur dernière discussion à son sujet. Si il c'était imaginé père, rien qu'une fois, c'était en pensait que la mère serait Savannah. Parce que son enfant aurait prit ses yeux, son sourire ... Tout ce qui lui faisait mal maintenant qu'il y repensait. « Tu peux m'expliquer ce qui était prévu dans ce cas ? Je suis paumée Aidan. Complètement paumée. Qu'est-ce qui m'empêche d'aller « aider » quelqu'un dis-moi... », lui dit-elle, un rire nerveux parcourant le téléphone. Que pouvait-il lui dire de plus ? Qu'il s'en voulait ? Que tout cela n'était pas prévu et qu'il regretté ? Depuis qu'elle était revenu, Aidan se sentait perdre pied à chaque seconde. Elle représentait sa faille, ses faiblesses et elle était toujours ici, en ville, à le hanter. « Je ne sais pas trop ce que tu veux entre Savie ... Je n'avais pas prévu de devenir père et encore moins que ce soit Charlie la mère, tu le sais bien ... », tentait-il de se racheter ? Peut être bien. Il voulait la rassurer, mais comment quand lui même se sentait dépassé ? Il avait manqué de mourir, il avait crut partir mais ce qu'il devait affronter était bien pire que de rester allongé dans un lit. Au moins, endormis, il ne ressentait plus rien. « Après tout ça fait quatre ans que j'ai joué l'égoïste, serait peut-être temps de me faire généreuse ! ». Un élancement dans le poitrine fit son apparition. Cela n'avait rien à voir avec l'accident, mais c'était tout aussi douloureux. Il ne c'était jamais sentit aussi loin de Savannah qu'en cet instant. Il n'avait qu'une moité sur terre, il en était convaincu et en cet instant, il avait l’impression qu'elle venait de disparaître. « Ne me fais pas payer ta disparition Savannah ! Tu me reproche d'avoir avancé, c'est bien ça ? Tu pense que ça a été facile toutes ces années sans toi ? J'ai détesté ce moment où je t'ai dis adieu sur le pas de ta porte mais je t'ai aussi dis que c'était compliqué ! Je ne peux pas faire comme si ces quatre dernières années n'avait pas existé, tu comprend ?! », dit-il en arossant ces paroles d'une rasade d'alcool. C'était brûlant, revigorant et pourtant, cela n'avait pas le même gout qu’autrefois, quand il avait Savannah sur son dos à lui rappeler que l'alcool l'avait conduit à faire des erreurs dans le passé. Le passé ... Ça le bouffait, chaque jours. Ça les bouffait tous les deux ! C'était horrible de l'entendre pleurer à l'autre bout de fil et ne savoir quoi faire d'autre que de crier sa rage, parce que ça faisait mal de comprendre que plus rien ne serait jamais comme avant ...

« Le pire tu sais ce que c'est ? C'est que j'en suis pas capable. La seule personne que j'ai toujours voulu c'est toi et personne d'autre. Et aujourd'hui, il y a de l'orage, je suis seule, comme toujours, avec une bouteille d'alcool et je suis en train de te faire culpabiliser. Bordel Aidan … quel est mon rôle dans cette histoire ? S'il n'y a plus rien … Qu'est-ce que je fiche ici ? » . Aidan s'autorisa le temps de la réfléxion. En vérité, il luttait pour ne pas craquer, pour ne pas la supplier de venir le rejoindre. Lui demander de tout oublier, de l'embrasser comme au premier jour, lui faire l'amour, là, dehors, lui promettre ce qu'elle voulait juste pour pouvoir la garder près de lui. Il voulait être égoïste ! « Je ne sais pas Savie ... Je ne sais pas ! Tu veux me faire croire que tu es resté ici simplement pour moi ? Je t'ai dis que j'allais me marier pourtant ... Te voir devient insupportable parce que je ne t'aurai plus jamais, parce qu'as chaque fois que tu verra un bébé, tu pensera à celui qu'on aurait put avoir si la vie n'avait pas été aussi dégueulasse avec nous. Je t'aime toujours, et je sais que ce sera toujours le cas ... », dit-il en lâchant un sanglot. Pourquoi ? Pourquoi ne pouvait-il pas tout simplement la retrouver et vivre ce qu'il avait à vivre avec elle ? Lui dire qu'il aimait n'arrangeait en rien la situation. Ils étaient prisonniers d'un amour qui les faisaient souffrir à chaque minutes de chaque jours. « Crois le ou non, mais il n'y a rien entre Charlie et moi. Elle voulait devenir maman et je l'ai aidé. Le bébé vas arrivé et je vais être père, je ne peux pas changer le cours du temps Savie ... Sinon j'aurais déjà changé pas mal de chose ... »

Et si ... Et si la vie n'avait pas été si compliqué, et si Savannah n'avait jamais disparu durant tout ce temps, et si Aidan avait refusé d'épouser Ciara ... Et si ... Ces quatre dernières années avaient bien existées, elles avaient été les plus douloureuses de la vie d'Aidan, les plus longues et les plus cruelles. Il n'y avait pas eut un jour où Aidan n'avait pas pensé à elle, n'avait pas frémit devant son visage à jamais disparu. Un jour où il n'avait pas fait un détour vers le cimetière, cherchant à chaque fois la force de pénétrer dans ces lieux pour ce recueillir. Et trouvant à chaque fois une lâcheté peu commune qui l’empêchait de voir le prénom de sa bien aimé gravé sur le marbre. Tout avait existé, leur amour comme leur désillusion. Il ne reniait rien, cependant. « Je ne te reproche pas d'avoir avancé ! Je te reproche de lui avoir donné l'occasion de me faire du mal ! Tu aurais réagis comment toi, si Jackson était venu cogner à ta porte avec un grand sourire pour t'apprendre que je vais être mère ? ». Aidan soupira. La boule au ventre, il aurait aimé se sentir insensible en ce moment, lui dire que cela l'importait peu. Mais non, cela lui aurait bouffé les tripes, l'aurait détruit encore plus qu'il ne l'était. Imaginer Savannah mère, porter l'enfant d'un autre, voir son bonheur rayonnant en serait écoeurant ! Visiblement, la jeune Monroe en voulait à Charlie. Si seulement elle savait ... Ce petit coup de main était entrain d'éloigner Aidan de tout ce à quoi il tenait. « Je ne sais pas, ce n'est pas le cas de toute façon. Et toi, tu aurai réagis comment si je revenais après quatre ans d'absence alors que tu m'avais enterré ? Désolé de t'imposer ça Savie, mais accuser Charlie n'y changera rien ... ». Il s'en voulait de parler à nouveau de ça mais c'était plus fort que lui. Il était toujours bouffé par son retour, bouffé par ce qu'on lui avait fait subir autrefois en l'obligeant à pleurer une femme encore vivante. « Oui, je comprends. ». Comprenait-elle que sa propre vie le dépassait ? Qu'il tentait chaque jours de comprendre pourquoi il était en vie ? Pourquoi tout lui semblait pâle et froid ?

La question du mariage tomba, plombant l'atmosphère d'un cran supplémentaire. La pluie battait toujours son plein et Aidan se fit à frisonner. Bientôt, il ressentit les premiers frissons mais ne bougea pas, cherchant à créer le mal, à ressentir la douleur plutôt que de subir la lâcheté de tout son être. « Oui, tu me l'as dis. Je pouvais avoir l'égoïsme de priver une femme d'un mari, mais je ne pense pas être suffisamment ingrate pour arracher son père à un enfant. », lâcha t'elle, cinglante. Il se rappela douloureusement leurs retrouvailles, son apparition au Pub, à la fois magnifique et débousollante. Les émotions qui se succédaient dans son corps, l'ébullition de ses sentiments, ce mot mariage qui tombait comme une lame éguisé sur une proie fraîche. La violence d'Aidan, les sursauts de Savannah. Et cette dernière menace, celle de tout faire pour briser cette promesse, celle de le récupérer. « Je t'aime aussi, toujours. Depuis la première fois que je t'ai vu. », murmura t'elle, en écho à sa propre phrase, à sa propre confession. Douloureuse, craintive ... Aidan serra fort la bouteille à sa portée, se faisant violence pour ne pas sauter dans sa voiture et a rejoindre. Se faisant violence pour ne pas tout abandonner, pour lui dire combien elle lui manquait, combien sa vie serait belle à ses côtés. Et si ... Il se remémora leur dernière étreinte, cet échange sur le pas de la porte. Ses mains enserrant sa taille, ses lèvres cherchant avidement les siennes, cette éternelle sensation de bien être et cette chaleur dans le corps. Éphémère mais unique, cette sensation de l'avoir trouvé puis perdu, notre autre moitié. « Mais ce n'est pas suffisant, n'est-ce pas ? ». Elle n'attendait pas de réponse, ils la connaissaient tous les deux. Pourtant un faible écho résonna, un sanglot : « Non Savie ... Ca ne suffit plus.», répondit-il, serrant encore plus fort la bouteille, sentant ses nerfs résister, sentant la raideur dans sa nuque et cette violence inhumaine l'envahir. « C'est bon Aidan. Je te crois. », comme pour freiner cette errance. Il aurait voulu faire plus, il aurait voulu tout changer. Inutile. Incapable. Foutu. Un léger silence s'installa durant lequel Aidan tenta de retrouver ses esprits, de passer outre ces dernières révélations. Mais la voix de Savannah se rappela à lui : « Ça sera une jolie poupée ou un petit soldat ? ». Un sanglot étouffé traversa la gorge d'Aidan et il recula la combiné. Il sentait les larmes brouiller sa vue mais plus que tout, il ressentait la couleur de celle qu'il aimé, il sentait sa détermination à aller de l'avant sans chercher à cacher ses failles. « Un garçon. », répondit-il simplement. Un garçon ... Un bébé qu'il aurait put avoir avec elle si la vie le leur avait permis. Si Jackson ne s'en était pas mêlé, si ...