" Voilà. Vous voulez un paquet cadeau ?" Je souris à la dame d'une quarantaine d'année qui venait d'acheter une robe rouge, assez provocante et elle secoua la tête, un sourire charmeur aux lèvres. " Non, ça ira. C'est pour moi. C'est mon anniversaire de mariage. 15 ans déjà." Elle semblait heureuse dans son couple et je ne pus m'empêcher de ressentir un petit pincement au coeur. Je me demandais si à son âge, je serais aussi heureuse et épanouie dans mon couple. Je repensais sans arrêt à Maël, il me manquait terriblement et pourtant, je me devais de l'oublier. Je vivais depuis presque 5 ans avec Lowell, un homme merveilleux et j'allais devenir d'ici un an sa femme. Je me devais d'être parfaite parce qu'il était adorable. Je soupirais et me remis à ma compta. Muse était en vacances et je devais avouer que sa compagnie me manquait beaucoup. J'avais pris l'habitude de travailler avec elle, de discuter de tout et de rien et là je me sentais un peu seule. J'en profitais donc pour me mettre à jour dans ma compta, chose que je ne faisais pas assez régulièrement ! Je n'avais jamais été comptable moi, j'étais créatrice de bijoux et de vêtements, plutôt artiste qu'autre chose. La gestion de la boutique, je me débrouillais comme je pouvais et heureusement, j'avais le droit aux conseils de Lowell. La sonnette de la boutique retentit mais je ne pris pas la peine de lever la tête, murmurant un petit bonjour, prise par les chiffres qui me donnaient déjà mal au crâne. Hum excusez moi... Cette voix ... Je relevais brusquement la tête. Et il était là. Maël. J'aurais reconnu sa voix entre mille. Je le dévisageais, interdite, perplexe, me demandant ce qu'il foutait là, dans ma boutique. Savait-il d'ailleurs que c'était ma boutique ? Etait-il là pour me voir ? Un flot de questions venait de m'envahir et je ne pouvais le quitter des yeux, le coeur battant. Il était toujours aussi séduisant, aussi beau. Encore plus même avec la maturité qui s'était dessinée sur son visage. Il semblait aussi surpris que moi et j'en déduisis qu'il ne savait absolument pas qu'il allait me trouver là. Kate...heu...salut...tu vas bien ? Je mis du temps avant de pouvoir retrouver ma voix, encore trop sous le choc pour me rappeler que je savais parler. Je finis par murmurer : " Maël ... Je ... Ca va merci."Je baissais le regard un instant comme pour me reconcentrer, et relevais la tête vers lui, esquissant un sourire nerveux. " Qu'est ce que tu fais à L.A ?" Je devais avouer que j'aurais pu me montrer plus polie, lui demander de ses nouvelles mais j'étais pour l'instant trop perturbée pour me comporter en personne courtoise. Mon coeur battait à 1000 à l'heure sous son regard clair qui me dévisageait et j'avais l'impression de redevenir l'ado que j'étais la première fois que je l'avais vu.

" Et bien je suis de retour..mes parents ont eu un accident de voiture, un accident fatal...ils sont morts tous les deux, sur le coup..je suis revenu pour leur enterrement bien sûr, pour régler toutes ces choses ennuyeuses avec ma soeur et puis je me suis rendu compte à quel point la vie ici pouvait me manquer...la vie et les personnes aussi.." Je ne pouvais m'empêcher de le quitter des yeux, ayant encore du mal à réaliser qu'il se trouvait devant moi. J'avais toujours espéré le revoir et en même temps, j'avais toujours redouté ce moment. Et je comprenais mieux pourquoi. Le flot d'émotions qui m'envahissaient était tout simplement effrayant. Comme si tout se mélangeait en moi soudain. La première chose que j'avais trouvé à lui dire, c'était lui demander pourquoi il était là. Comme si ça semblait surprenant. A vrai dire, j'aurais aimé qu'il me dise qu'il était là pour moi mais je chassais vite cette idée de ma tête. A quoi je jouais ? J'étais fiancée et heureuse. Je n'avais pas le droit de penser à des choses comme ça. De toute façon, il n'était pas là pour moi, mais pour l'enterrement de ses parents. Je n'avais plus beaucoup de contacts avec Abby, on s'était perdu de vue peu à peu mais j'avais quand même appris pour ses parents. " Je suis désolée pour tes parents ... J'ai appris, j'aurais voulu t'appeler mais ..." Mais, je n'avais rien pour le faire. Je haussais les épaules et poussais un petit soupir : " Tu ... Tu vas rester alors ?" Quand il avait avoué que la ville lui manquais, ainsi que certaines personnes, j'avais senti son regard posé sur moi et j'avais compris que je faisais - peut-être - partie du lot. S'il restait ... Il finirait forcément par voir Lexie. Il comprendrait que c'était sa fille. Ça sautait aux yeux. Je me souviens du regard d'Abby lorsqu'elle était venue à la boutique un jour où ma fille était là. Elle l'avait longuement regardé, et j'avais su qu'elle avait compris. Mais, elle n'avait fait aucun commentaire. Et elle n'en avait sûrement pas parlé à Maël. " En tout cas laisse moi te dire que tu es superbe, Kate...c'est le nom de la boutique qui m'a incité à y entrer mais je ne m'attendais pas à t'y trouver !! Je cherche un cadeau pour Abby ... C'est son anniversaire la semaine prochaine, mais tu dois t'en souvenir. Je hochais la tête en souriant. Abby avait été ma meilleure amie pendant plusieurs années. Comment oublier son anniversaire ? Surtout qu'elle adorait le fêter et je me souviens encore des fêtes où elle m'entraînait. " Ttu pourrais peut être m'aider à trouver son bonheur ?" Je ris et hochais la tête. " Il vaut mieux que je t'aide. Tu as toujours été nul pour les cadeaux." Je lui lançais un regard taquin et sortit de derrière ma caisse, me dirigeant sans hésitation vers le rayon bijou. Je connaissais assez Abby pour savoir exactement ce qui lui ferait plaisir. " Cette parure là lui plairait bien, je pense." J'avais désigné du doigt une jolie parure avec un pendentif très fin, très soigné, représentant une goutte d'eau en cristal. Les boucles d'oreilles et le bracelet qui allaient avec étaient aussi fins et jolis. " Et si tu veux mettre plus, le haut là-bas, noir avec les strass." En plus, ça irait très bien avec les bijoux. Je lui lançais un regard, sentant de nouveau mon coeur s’accélérer lorsque je frôlais sans y prendre garde sa main en me retournant vers le vêtement que je lui montrais. Je me surpris moi-même d'éprouver ça, après toutes ces années...

Je n'aurais pas imaginé que cette journée serait si riche en émotion. Je n'aurais surtout pas pensé qu'elle m'apporterait Maël, là, devant moi, dans ma boutique. Le revoir était un choc et je ne savais pas si je serais capable de m'en remettre. Je devais avouer que j'avais toujours continué de penser à lui, et ce malgré mon histoire avec Lowell. Lowell avait beau être un homme parfait, il ne me rendait pas heureuse comme Maël avait su le faire. Bien sûr, notre relation avait été souvent troublée par nos disputes mais nous nous réconcilions rapidement et nous semblions inséparables. Et le revoir me montrait à quel point il m'avait manqué. En tout cas, je tentais de faire mine de ne pas être plus choquée que ça par son retour et me désolais pour la mort de ses parents. " Ho tu sais, mes parents...ça fait drôle de savoir qu'ils ne sont plus de ce monde mais pour ce que ça change pour moi...ça faisait bien longtemps que je n'avais pas eu de nouvelles d'eux. Les seules que j'avais c'était par Abby. J'ai plus de peine pour elle qui le supporte bien plus mal que moi, mais c'est comme ça..." Je hochais la tête. Mieux que personne, je savais quelles étaient ses relations avec ses parents et je savais qu'il n'avait jamais été proche. Il n'y avait aucune raison que ça ait changé depuis toutes ces années surtout qu'il n'était plus à L.A. " Oui, Abby doit être effondrée ..." J'eus un petit pincement au coeur, repensant à notre complicité passée et m'en voulant presque de ne pas être là pour l'aider. Au moins, Maël était là pour elle. Je lui demandais ensuite d'un ton prétendument détaché s'il comptait rester et il me dévisagea alors, me faisant baisser les yeux. " Oui je reste...enfin si L.A. veut toujours de moi bien sùr..tout comme ces fameuses personnes..." Il me fit un clin d'oeil et je crus me sentir rougir. Je souris, tentant de me remettre pendant qu'il ajoutait : " En tout cas Abby, elle, a besoin de moi..." Je lui souris et haussais les épaules : " Oui, elle va avoir besoin de toi. Je suis sûre qu'elle est ravie de t'avoir près d'elle. Je suis contente de te revoir moi en tout cas." Je plongeais mon regard dans le sien sentant le rythme de mon coeur s'accélérer quelque peu sous l'intensité de son regard posé sur moi.

Il me demanda ensuite de l'aider pour trouver un cadeau pour sa soeur justement en vue de son anniversaire et sans hésiter je le guidais dans les allées de mon magasin jusqu'au présentoir à bijoux, sous entendant qu'il avait un goût à revoir pour les cadeaux. Il laissa échapper un léger rire, me regardant toujours. "Hum merci, ça fait toujours plaisir à recevoir... je savais qu'elle plaisantait quand à mon mauvais goût pour les cadeaux..." Je laissais échapper un rire franc et posais spontanément ma main sur son avant-bras. " Ne t'en fais pas, je me suis jamais plaint de tes cadeaux. Abby, oui." Je ris de nouveau en me souvenant de la tête désappointée de mon ancienne meilleure amie devant le cadeau d'anniversaire de Maël pour ses 17 ans, un appareil photo. Cadeau plutôt sympa sauf qu'elle détestait prendre des photos. Enfin, bien souvent, je le conseillais. Heureusement. " Dis, je comptais faire un petit repas chez moi pour l'anniversaire d'Abby justement...elle n'a pas trop la tête à faire la fête pour le moment...tu pourrais peut être te joindre à nous ? Ca lui ferait plaisir j'en suis persuadé...et puis ça nous rappellerait le bon vieux temps..." Je me stoppais de rire, hésitant un moment avant de répondre. Je me voyais mal emmener Lowell avec moi, et encore moins Lexie. Et en même temps, j'avais très envie d'aller à ce repas. Je finis par soupirer doucement et haussais les épaules. " Ça me ferait plaisir oui. Ça sera sympa d'être tous ensemble. Comme avant ..." Je me retournais vers lui et lui sourit avant de lui montrer ce que j'envisageais comme idée pour le cadeau de Abby. Il hocha la tête, d'accord avec mes choix. " Oui c'est parfait...je prends tout..." Je souris et pris les articles pour les ramener à la caisse avec moi. " J'ignorais que j'étais une vendeuse si douée. Ou alors, tu es un client facile." Je ris de nouveau, et me rendit compte que notre complicité n'était en rien détruite comme j'aurais pu le craindre. Non. J'avais l'impression que seulement quelques jours s'étaient passés depuis notre dernière rencontre, et pourtant ...

Retrouver Maël alors que je pensais tellement à lui ces derniers temps semblait être un signe évident du destin pour me dire que je l'aimais toujours et que c'était avec lui que je devais être. Bien entendu, ma vie avait changé depuis son départ précipité. J'avais eu un enfant, sa fille à lui, et j'avais trouvé un homme qui m'aimait et me protégeait de tout. Pourtant, même s'il était adorable, Lowell n'avait jamais réussi à me rendre heureuse comme Maël avait si bien su le faire toutes ces années. Et pourtant, notre relation n'avait jamais été de tout repos. Nos caractères impulsifs et nerveux ne s'accordaient pas toujours mais nous parvenions toujours à trouver un accord sur tout. Et le voir là devant moi me montrait à quel point il m'avait manqué. Je lui avouais être contente de le revoir, prudemment, ne souhaitant pas lui montrer le vide qu'il avait laissé dans ma vie. Il me sourit et je sentis mon coeur fondre devant ce sourire charmeur, ce sourire qui savait si bien me faire craquer. Moi aussi, je suis heureux, vraiment très heureux de te retrouver Kate...tu m'as tellement manqué...tu ne peux même pas t'imaginer à quel point !! Je souris en entendant ça, heureuse malgré moi de me rendre compte qu'il ne m'avait pas oubliée même si je sais que je n'aurais pas du penser ça. Après tout, j'étais en couple et fiancée même maintenant. Je n'avais pas à me réjouir de savoir que mon grand amour ne m'avait pas oublié. Je hochais la tête faiblement, tentant de paraître détachée. Je me rappelais qu'après tout c'était lui qui était parti. Même si je l'avais quitté, on se serait sûrement remis ensemble quelques jours plus tard s'il n'était pas parti. " Oui ... Ca fait tellement longtemps qu'on ne s'est pas vu. Ca a été dur après ton départ..." Je plongeais mon regard dans le sien, rencontrant ses yeux clairs comme pour tenter de lui faire comprendre que je lui en voulais quand même un peu de m'avoir laissée comme ça.

Heureusement, il m'avait avoué entre temps être entré dans ma boutique pour trouver un cadeau pour sa soeur, Abby, et je saisis cette occasion pour l'emmener avec moi vers le présentoir de bijoux, histoire de détendre un peu l'atmosphère et éviter de parler de sujets qui fâchent. Je lui conseillais une jolie parure ainsi qu'un petit haut noir et il acquiesça. J'en avais profité pour lui rappeler qu'il était nul pour les cadeaux. Soit c'était Abby qui l'aidait pour mes cadeaux ou vice-versa. On rigola à ce souvenir, notre complicité se révélant de nouveau. Tout était simple entre nous. Ca l'avait toujours été. Heureusement que Abby était là pour m'aider aussi...enfin pas à chaque fois quand même...le pendentif que je t'avais offert et que tu portais tout le temps, celui là je l'avais acheté tout seul.... Je le regardais de nouveau, troublée qu'il se souvienne de ça et je hochais la tête. " Oui, et c'est le plus beau cadeau que tu m'aie fait." Je souris, repensant à ce collier que je n'avais pas quitté durant des années. Aujourd'hui, il reposait soigneusement rangé dans un écrin à bijoux dans un tiroir de ma table de chevet. Bien entendu, je ne le mettais plus mais je ne l'avais jamais jeté. Il avait trop de valeur à mes yeux. " Je l'ai toujours, d'ailleurs. Impossible de m'en séparer, tu me connais." Maël savait à quel point j'étais sentimentale, je l'avais toujours été. Il se moquait souvent de ma tendance à garder mes vieilles peluches et mes vieux jouets. Je ris doucement tout en allant décrocher le haut de son cintre. je connaissais la taille de Abby, pas besoin de m'informer là-dessus.

Alors qu'on parlait justement de sa soeur, il m'invita à son anniversaire et sans même réfléchir, j'acceptais. Bien entendu, je me demandais ce que j'allais pouvoir dire à Lowell. On allait toujours à des dîners ensemble et il ne comprendrait pas pourquoi je sortais sans lui. Enfin, je trouverais bien quelque chose à dire. J'avais envie de passer cette soirée chez eux, après tout ils avaient compté plus que quiconque. Autant lui que sa soeur qui était ma meilleure amie. Hum..wow...super...alors on dit 19h, samedi soir, chez moi...tiens, mon adresse et mon numéro de téléphone sont notés là.... Il me tendit sa carte de visite et lorsque je la pris, ma main frôla ses doigts et je sentis un frisson me parcourir. " Merci, je serais là à 19h alors." Je la mis rapidement dans ma poche et l'emmenais à la caisse pour qu'il paie ses achats tout en me vantant d'être une super vendeuse. Il me sourit et sortit son portefeuille. Tu es tout simplement parfaite...sympa ta boutique en tout cas !! Je souris et hochais la tête en jetant un oeil à ma boutique. J'adorais cet endroit, j'avais réussi à en faire un lieu qui me ressemblait et où je me sentais bien. Travailler ici était un plaisir. " Je suis contente qu'elle te plaise. J'ai bossé dur pour en faire ce qu'elle est aujourd'hui." Sans vouloir me vanter, la boutique marchait plutôt bien. Je le regardais sortir sa carte de son portefeuille lorsque mon regard fut attiré par une vieille photo. Je ne pus m'empêcher de regarder, curieuse, et je fus surprise lorsque je constatais que c'était notre photo. Il semblait ne pas avoir remarqué qu'elle était tombée de là, et je le regardais alors, une lueur d'étonnement dans le regard. Je désignais alors la photo du doigts et murmurais dans un souffle : " Tu as fait tomber quelque chose." Il allait la ramasser mais je posais ma main sur la photo. " Attends, j'ai envie de la revoir, ça fait tellement longtemps." On était sur la plage, le sourire aux lèvres, tendrement enlacés lui et moi. Il me dévorait du regard et moi, je riais, l'air épanoui. Un sourire se dessina sur mon visage et je lui rendis. " Ca a toujours été ma photo préférée de nous deux." Je plongeais mon regard dans le sien, n'osant pas lui demander pourquoi il conservait cette photo. Il semblait gêné et finit par me demander : Alors combien vous dois je mademoiselle la vendeuse très douée ??? Je ris et tapotais quelques chiffres sur ma caisse. " 50 dollars." Je lui tendis la machine pour qu'il mette sa carte, le coeur battant, encore intriguée par la présence de cette photo.

Retrouver Maël faisait remonter tout un tas de choses en moi. Notre première rencontre, notre premier baiser, notre première fois, notre rupture, son départ. Il avait été le seul homme que j'avais aimé à ce point, le seul qui m'ait fait souffrir aussi fort, et pourtant je sentais en moi que je continuais de l'aimer, de l'attendre. Même si je redoutais ce moment où je le retrouverais, je l'espérais aussi du plus profond de mon coeur et revoir son sourire me bouleversait. Je lui avouais d'ailleurs à demi-mots que j'avais beaucoup souffert après son départ et je vis une ombre passer dans son regard. Je le connaissais assez pour savoir qu'il s'en voulait de m'avoir fait souffrir. Son regard se fit plus tendre lorsqu'il me répondit : " Je suis désolé Kate...vraiment...ça a été très dur pour moi aussi..d'ailleurs je n'ai jamais réussi à t'oublier, ni tous ces merveilleux moments passés en ta compagnie. Aucune fille n'a réussi à te remplacer..." Je posais mon regard sur lui, surprise par cette confidence que je n'attendais pas. Ainsi, il était célibataire, ou du moins personne n'occupait une place importante dans son coeur. Même si je savais que je n'aurais pas du, je ressentis de la joie en apprenant qu'il ne m'avait pas oubliée. J'avais toujours craint de le voir retomber amoureux de quelqu'un. Je n'aurais pu le supporter. Pourtant, j'étais mal placée pour penser ça moi qui étais en couple depuis presque 6 ans maintenant avec Lowell, un homme merveilleux qui m'avait aidée à me remettre de ma rupture avec Maël. Je lui fis un sourire rempli de tendresse : " On n'oublie jamais son premier amour de toute façon. Il est toujours en nous." Façon détournée de lui dire que moi aussi, je continuais de penser à lui parfois. Je n'avais pas osé lui parler de Lowell parce que je n'avais pas envie de gâcher ce moment. Pourtant, je savais qu'un jour je le devrais.

On changea finalement de sujet et il m'avoua être ici pour acheter un cadeau à sa soeur, Abby. Je l'aiguillais, lui conseillant rapidement une jolie parure et un haut qui j'en étais persuadée lui plairait beaucoup. Après tout, Abby avait été ma plus proche amie avant et je la connaissais plus que bien. Il en profita pour m'inviter au petit dîner qu'il donnait pour l'occasion et j'acceptais sans même réfléchir, et sans même demander si je pouvais venir accompagnée. Je n'avais pas envie de venir avec Lowell car il aurait aussi fallu emmener ma Lexie, et Maël aurait fait sans aucun doute le rapprochement entre leur ressemblance - frappante - et je ne voulais pas qu'il apprenne comme ça qu'il était papa d'une fillette de presque 6 ans. Il admira ensuite ma boutique et contente de pouvoir lui parler de ça, je lui racontais rapidement que je m'étais battue pour ouvrir ce magasin qui tenait tant à mon coeur maintenant. Maël me sourit, admiratif et je souris aussi, sentant un frisson me parcourir. Il me faisait toujours autant d'effet, c'en était presque effrayant.
Et bien bravo...en même temps ça ne m'étonne pas du tout de toi, tu vas toujours au bout de ce que tu entreprends. Et j'avoue qu'elle te ressemble cette boutique..dynamique, classe, jeune, précieuse mais sans trop, tout en restant assez modeste, et surtout très accueillante...tu travailles seule ici ? Je jetais un oeil à ma boutique, toujours souriante et hochais la tête : " Merci du compliment, ça me fait plaisir d'entendre ça. Surtout venant de toi." J'avais toujours considéré l'avis de Maël comme le plus important de tous parce qu'il me connaissait par coeur et savait souvent mieux que moi ce qui était bon pour moi. Et j'avais aucun doute sur les encouragements qu'il m'aurait fourni s'il avait été là. Alors, entendre qu'il était fier de moi me remplissait de bonheur, de fierté aussi. Je finis par rajouter : " J'ai engagé une vendeuse pour m'aider il y a quelques temps maintenant, Muse. Elle est adorable. Elle n'est pas là aujourd'hui mais si tu repasses un de ces jours, tu auras sûrement l'occasion de la voir." Muse, une vendeuse mais aussi une amie. Je l'appréciais beaucoup et j'espérais qu'elle resterait un bon moment avec moi.

Je lui annonçais ensuite le prix et il sortit sa CB de son portefeuille. Une photo tomba aussi et curieuse, je ne pus m'empêcher de jeter un oeil. C'était une photo de nous, l'une de mes préférée, ma préférée d'ailleurs. Je lui fis remarquer qu'il avait fait tomber quelque chose et il allait ramasser la photo lorsque je la saisis, lui avouant que j'avais envie de la revoir. Je la contemplais un instant, nostalgique de cette période où tout me semblait facile, tracé. Maël, nous deux, un avenir ensemble. Malheureusement, les choses ne s'étaient pas passées comme ça ... Je lui rendis, et lui avouais que c'était ma préférée. Je le vis rougir et il sourit en me la prenant, y jetant un coup d'oeil aussi. Oui pour moi aussi elle reste l'une de mes préférées...c'est Abby qui nous l'avait prise avec cet appareil photos que je lui avais offert...de toute façon elle était complice dans chacun de nos délires la miss...et cette journée, je crois que je ne pourrais jamais l'oublier non plus...c'était bien avant notre rupture...et mon départ... Je hochai la tête, baissant un instant le regard, cette photo m'ayant troublée plus que je ne voulais le montrer. J'étais étonnée qu'il en conserve une dans son portefeuille mais j'étais touchée. Moi aussi, bien cachée dans un recoin de mon porte monnaie, j'en avais une de nous deux. Bien entendu, personne ne le savait. " Oui, c'était une journée magnifique. Je m'en souviens comme si c'était hier. Qu'est ce qu'on pouvait rigoler tous les trois. C'était le bon vieux temps ..." Je me sentais nostalgique et je réalisais qu'il m'avait manqué plus que je ne l'aurais pensé. Plus que je n'aurais voulu le croire. Il rangea la photo et me regarda de nouveau : Je t'en ferai une copie si tu veux... Je relevais mon regard et le posais sur lui, lui souriant avec douceur. " Oui, j'aimerais beaucoup. C'est important de garder des souvenirs comme ça, surtout lorsqu'ils s'agit des moments les plus précieux de votre vie." Puis, je tenais à tout garder de Maël puisqu'il était le père de Lexie et que je savais que la fillette commençait à se montrer curieuse sur son "vrai" papa. Je lui souris de nouveau en lui donnant le ticket de caisse. " Si on m'avait dit que j'allais te revoir aujourd'hui, je ne l'aurais pas cru... Tu m'as beaucoup manqué Maël" Je sentis mes joues rosir et je baissais le regard, presque timide et gênée de lui avouer ça. Je ne savais pas ce que j'étais en train de faire. J'aurais du lui parler de Lowell, de tout ça mais je ne m'en sentais pas capable.

C'était dingue comme même le temps qui passait pouvait parfois être réduit en miettes lorsqu'on retrouvait une personne avec qui on avait été proche. Spontanément, notre complicité semblait être revenue comme si nous nous étions quittés la veille. J'avais compris à quel point il m'avait manqué, plus que je ne l'aurais imaginé, plus que je ne l'aurais souhaité. Sa présence à mes côtés me bouleversait et je m'en voulais de ressentir ça. Je ne devais pas ... Je laissais échapper malgré moi que son départ m'avait fait du mal et je vis à sa moue qu'il culpabilisait de m'avoir laissée. Ca ne servait à rien de regretter. Ce qui était fait était fait mais je ne pouvais m'empêcher de me demander si nous serions toujours ensemble s'il n'avait pas quitté L.A.

Je m'étais par la suite engagée à venir chez lui pour fêter l'anniversaire de Abby sans même hésiter même si cela semblait peut-être être une mauvaise idée que je passe du temps avec lui. J'étais avec Lowell maintenant et même si je ne l'aimais pas comme j'avais aimé Maël, c'était lui qui m'avait aidé à me relever après sa fuite. Pourtant, je ne pris même pas la peine de mentionner que j'avais quelqu'un et encore moins de l'inviter au repas. Non, j'avais besoin de revivre un peu de mon passé en retrouvant Maël et Abby. Une fois qu'il eut choisi - ou plutôt accepter ce que j'avais choisi - le cadeau de sa soeur, on passa à la caisse pour régler. Il me complimenta alors sur ma boutique et ma réussite et touchée je le remerciais. Plus que quiconque, l'avis de Maël comptait. Ainsi, je ne pouvais qu'être touchée de voir qu'il était fier de moi. Il me sourit avec douceur : Tu n'as pas à me remercier, c'est tout naturel. Je lui rendis son sourire et hochais la tête. Je lui appris ensuite que j'avais depuis peu engagée une vendeuse, Muse et je lui dis que s'il repassait un de ces quatre, il pourrait la rencontrer. Il eut un petit sourire amusé et me fit un clin d'oeil avant de répondre : Avec une telle invitation je vais presque me sentir obligé de revenir...mais ça sera un réel plaisir tu peux me croire...surtout si ta vendeuse est jolie tu pourras me la présenter... Je laissais échapper un petit rire et haussais les épaules. " Oh oui, elle est très jolie. Aussi blonde que je suis brune. Mais on se ressemble un peu finalement à travers toutes nos différences." Nos amours impossibles par exemple nous faisaient un bon point commun. Sa petite réplique avait réveillé en moi une petite pointe de jalousie mais je souris pour cacher ça. Je n'avais pas à être jalouse. Pas après toutes ces années, alors même que je vivais avec quelqu'un. Cependant, je le connaissais assez Maël pour savoir qu'il me taquinait gentiment comme il avait l'habitude de le faire et que sa réplique était plus une plaisanterie qu'une réelle invitation à ce que je lui présente Muse. Pour ça, ça ne changeait pas et je souris en le retrouvant comme avant. C'était étrange de constater que j'étais toujours sous son charme et que son sourire me faisait toujours autant d'effets. A quoi bon mentir ? J'avais toujours des sentiments pour lui et j'en aurais toujours. Il était mon premier amour et ça, rien ne pourrait le changer.

Il sortit alors son portefeuille pour régler et une photo de nous deux tomba sur le comptoir.K Je ne pus m'empêcher de la saisir pour la regarder et une vive nostalgie me serra le coeur. Je me souvenais de chaque moment passé avec lui, du bonheur que je ressentais à chaque fois que je le voyais, des fous rires que nous avions, de tout. Je lui avouais que ces moments là étaient merveilleux et il hocha la tête, le regard brillant. Si je pouvais revenir en arrière...pour revivre tous ces merveilleux moments...mais surtout pour ne pas partir comme je l'ai fait...on a surmonté tellement de choses tous les deux...comment ai je pu être aussi bête...crois tu qu'il y ait la moindre chance....? Je pouvais sentir une pointe de tristesse dans sa voix et je baissais le regard, troublée. Ainsi lui aussi, il pensait encore à moi ? Est-ce que ça pouvait être vrai ? Il rajouta cependant bien vite : Hum excuse moi... Je secouais la tête et lui fis un petit sourire, tentant de garder une certaine maîtrise de moi-même. Si je m'écoutais à cet instant précis, j'aurais pris sa main dans la mienne, me serais blottie contre lui. " Non, ce n'est rien, tu n'as pas à t'excuser. Notre histoire a été merveilleuse, la plus belle de toutes. C'est normal qu'en revoyant cette photo, certaines émotions remontent à la surface." Je tentais de donner des explications même si je savais que la seule explication c'était que nos deux coeurs battaient encore l'un pour l'autre. Il retrouva sa contenance et me proposa de m'en faire une copie, ce que j'acceptais avec plaisir. Je te la ferai refaire et te la donnerai samedi... Je hochais la tête et lui souris en le regardant la ranger dans son portefeuille, le coeur battant. Ca me touchait de savoir qu'il avait toujours un peu de nous sur lui." Parfait." Je lui rendis le sac, et sa carte et lui avouais qu'il m'avait manqué. Je le vis alors s'approcher de moi, faire le tour du comptoir et sa main se posa alors sur mon visage comme une plume. Je fermais un instant les yeux appréciant cette caresse, la douceur de sa peau contre la mienne, ce contact qui m’électrisait toute entière. Je rouvris les yeux et il s'écarta doucement de moi tandis que je reprenais mon souffle, encore bouleversée par ce simple contact, par l'émotion fulgurante qu'il avait provoqué en moi. Excuse moi. Je secouais la tête, reprenant mes esprits et lui souris. " Arrête de t'excuser, je ne t'en veux pas. Je ne t'en veux plus." Je savais qu'il comprendrait de quoi je parlais. Son départ, la souffrance qu'il avait causé en me laissant là. Je lui pardonnais.