Sujet: tara & kaylee ㄨ just another night. Mer 9 Mai - 1:33
L’appartement est silencieux, comme c’est particulièrement rare qu’il le soit. Je ne sais pas si c’est parce que Jayce n’est toujours pas revenu de travailler ou si parce qu’il lui est finalement parvenu une conscience par la poste et qu’il a décidé de faire attention au volume qui l’entoure, mais je me surprends à me demander s’il est là ou non. Sauf que je reste concentrée au reflet du miroir sur lequel je semble m’attardée depuis les dernières minutes, un nombre bien trop élevé à mon goût. Je n’étais pas de ce genre de filles à passer des heures et des heures pour me préparer à sortir, loin d’être exigeante sur le moindre des détails de mon apparence, mais comme toute femme qui se respecte, j’aimais bien sortir sans avoir l’air d’avoir tout juste terminé de courir le marathon. Alors je m’appliquais, pour le peu que je mettais sur mon visage, et particulièrement sur mes cheveux, et cette simple activité semblait m’avoir coupé du reste du monde, du moins, temporairement. Présentement concentrée sur une mèche de cheveux rebelle, je n’avais pas entendu la porte de la salle de bain s’ouvrir. Avant même que je n’ai le temps de voir son reflet dans le miroir, Jayce me faisait sursauter d’une question. « Où tu vas? » La surprise ne créa aucun cri, mais je ne pouvais dénier que j’avais légèrement sauté sur place, clairement peu alerte au moment où son être avait décidé de rejoindre le mien dans cet espace restreint qu’était notre salle de bain commune. « Bordel ne m’fais plus jamais ça. » Un sourire en coin était apparu sur le visage de mon meilleur ami et je m’étais retournée vers le miroir, toujours concentrée à terminer ce que j’avais commencer. « Mais vraiment, tu vas où? Qu’est-ce que tu fais ce soir? » J’avais froncé des sourcils, mains toujours occupés à démêler mes cheveux alors que je ne comprenais pas d’où venait cette fascination soudaine de Jayce à connaître le moindre de mes faits et gestes. Certes, on avait toujours été proche et connaître l’horaire de l’autre semblait toujours venir, naturellement du moins. Je ne comprenais pas le rush du moment, mais bon, c’est pas comme s’il fallait vraiment s’attarder à chaque détail avec un homme. « Allo la police, quel crime est-ce que j’ai commis encore? » J’avais retourné mon regard vers le jeune homme qui gardait toujours son air sérieux alors que je lui faisais les yeux doux. Pourtant, je sentais bien que mon humour n’était pas ce que Jayce cherchait au moment et je baissais de nouveau le regard avant de répondre finalement à sa dite question. « J’sors au pub ce soir, avec une amie. » « Une amie? T’es certaine? » Oh boy. Et soudainement, j’ai l’impression que je comprends d’où il sort avec ces questions et son interrogatoire. Et rapidement, je réalise que peut-être, ce n’avait pas été ma meilleure idée de lui parler de ma dernière « fréquentation », si tel titre pouvait s’appliquer pour Jackson. « Tu m’niaises là? J’sors avec Tara, et même si je sortais vraiment pour aller voir Jackson, ça t’regarde pas. » Je sors de la salle de bain, passe trop près de Jayce mais ne me laisse pas déstabiliser par le long soupir qui sort de ses lèvres. Je sais qu’il me suit, mais j’lui donnerais pas la chance de me faire la morale plus longtemps. J’enfile mes escarpins, attrape une veste qui traîne sur le divan, me fichant royalement de savoir si elle concorde à ce que je porte et m’approche de la porte alors que la voix de mon meilleur ami m’atteint une dernière fois. « T’es pas comme ça. » Peut-être, peut-être pas. Mais là, oui.
Le trajet jusqu’au pub où j’ai donné rendez-vous à Tara se fait rapidement. Je l’aurais normalement fait en autobus, mais la soirée est fraiche et la frustration contre Jayce habitant encore mon corps, j’étais venue à la conclusion qu’une petite marche pour mieux commencer la soirée était probablement requise et une meilleure idée. J’étais finalement arrivée à destination et la soirée étant encore jeune, l’on pouvait facilement remarqué que le pub était encore assez calme. Connaissant toutefois l’endroit, je savais que d’ici une heure, la place serait bien plus achalandée et l’ambiance sympathique et joviale serait à son comble, me permettant d’oublier qu’à quelques centaines de mètres de là, j’avais un meilleur ami qui jouait le rôle d’un père ou d’un protecteur dont je n’avais absolument pas besoin. J’avais décidé de tout oublier les pieds une fois dans la bâtisse et sans perdre plus de temps, j’avais rapidement repérée ma jeune amie accotée contre le bar. Je l’avais rejointe rapidement, pas vraiment surprise d’apercevoir une bière à moitié entamée devant la jeune Matthews. « Tu m’as même pas attendu, franchement. » Je lui avais offert un énorme sourire avant de prendre place à côté d’elle, d’attraper la bière qu’elle allait ramener à ses lèvres avant de la faire changer de trajectoire et d’en caller le restant en une seule gorgée, sentant le liquide maintenant tiède chauffer mon intérieur en entier. Sous les yeux surpris de mon amie, j’avais finalement redéposée la bouteille maintenant vide devant elle avant d’appeler le barmaid. « Deux fois la même chose s’teplait. » Les bières ne prennent pas de temps à arriver, mais cette fois, je ne me presse pas non plus à tout voir. Au lieu de quoi, je me retourne vers Tara, la bouteille à la main, prête pour une autre bonne soirée.
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Sujet: Re: tara & kaylee ㄨ just another night. Ven 11 Mai - 1:16
Je fixe le néant, à défaut de croiser des regards qui se cherchent, puis se fuient. Mes coudes appuyés au bar, j’arrache l’étiquette de ma bouteille, en petites boules de papier qui roulent entre mes doigts. J’alterne les gorgées, écoute ma respiration entre les chansons que crachent le jukebox de la pièce. Ça a un côté vieillot, un son particulier. Quelque chose qui me chatouille les oreilles et m’oblige à sourire. J’ai déjà choisi une chanson, glissé la monnaie et appuyé sur un bouton usé. Alors j’attends. Kaylee et ma chanson. J’expire à la voir arriver, les yeux fixés sur elle. Sur un visage connu et apprécié. Sur ses yeux pétillants et ses joues rosies. Sur son rire silencieux qui habite son visage en permanence. Je devrais lui faire un signe, mais elle m’aperçoit dans la foule, alors je reste là, immobile contre un comptoir collant.
KAYLEE - « Tu m’as même pas attendu, franchement. »
Je lève les yeux au ciel, en soupirant. C’est pas de ma faute, si elle n’est pas à l’heure. Je retiens le commentaire, parce qu’elle est là maintenant, et que dans un sens, l’attente a value la peine. Mes doigts s’enroulent contre ma bouteille, une énième gorgée pour détendre mes muscles nerveux. Mais je n’y arrive pas, la gorgée me fuit, glisse entre les lèvres parfaites de Kaylee. Engouffrant les dernières vagues de ce liquide particulier, la tête penchée vers l’arrière. J’oublie que c’est mon amie, j’oublie qui je suis, qui elle est. Et je fixe son cou dénudé, sa chevelure perdue contre ses épaules. Mes yeux clignent, quelques fois avant que je détourne le regard et reprenne un certain contrôle sur mon être. Le désespoir me gagne, d’être aussi stupide et pitoyable. Je cherche comment combler le vide qui me plonge dans mes pensées et ouvre les lèvres en projetant une phrase. Hurlée, rugie à quelques centimètres de son visage, pour surplomber le son environnant, la cacophonie habituelle des lieux.
TARA – « Bah je savais que tu te rattraperais vite, tu vois. »
Je ris sincèrement, appuyant mes avant-bras contre le bar, un dernier papier déchiqueté dans les mains. Je redeviens moi-même, sans la complexité de la situation, sans le drame ridicule que je fais planer sur mon existence. Les nouvelles bières finissent par arriver, claquements secs sur la surface reluisante. Je fixe la condensation qui perdure sur le verre de la bouteille, la soif me gagne de nouveau. Parce que j’ai beau avoir repris mon aisance, gagné le contrôle de mes pulsions pré pubères, je sais que la roue tourne, les emmerdes et les illusions reviennent éperdument à un certain point. Alors j’amène la bouteille à ma bouche asséchée, à mes papilles salivantes. Je remercie Kaylee du regard, abandonne un billet vert contre le bar, pour payer la boisson et le barman, un prix astronomique, non justifié. Mais j’oublie bien vite toutes ses histoires d’économie et je finis par me retrouver sur mes jambes, dos au bar. Kaylee me suit, on aboutit à un table perdue, chargée de consommations vides, pourtant déserte de consommateurs pleins.
TARA – « Tu faisais quoi anyway? Ça doit faire vingt minutes que jm’emmerde au bar, comme une solitaire qui attend qu’on l’aborde. Si tu savais les cas désespéré que j’ai vu… »
J’offre un regard à Kaylee avant d’observer la population des lieux, les différentes tranches d’âge et les catégories de gens. Je fais une grimace dans le vide, sans raison particulière et reporte enfin mon attention sur ma partenaire de soirée. À l’aspect beaucoup plus réconfortant. J’hésite une seconde, à entamer le sujet, à m’introduire sans préavis dans sa vie privée. Mais ça n’est pas moi, l’hésitation, la peur de décevoir, ni même la crainte d’être intrusive. Alors je lâche mon prochain commentaire, comme ça. Sans vraiment m’y attarder plus qu’il ne le faut. Sans me soucier de la suite des évènements ou des répliques qui viendront. J’y glisse humour et sarcasme. Une intonation qui change tout. Ça et l’amusement des mes yeux expressifs.
TARA – « Parlant de cas désespéré, t’as revu Jackson? »
Jackson, qu’un nom quelques fois évoqué. Qu’une personne que je connais sans connaître. Que je juge gratuitement. Pas parce que je le déteste, pas parce que je lui en veux personnellement. Simplement parce que. Parce que Kaylee mérite mieux, tellement mieux. Alors je le déteste de se croire à la hauteur, de jouer un rôle sans importance dans sa vie, mais d’en faire partie tout de même. Je rêverais peut-être d’être à sa place, quelque part, enfoui en moi. Mais ça n’est pas vraiment la cause de mon tracas. J’ai pour défi de trouver l’amour de Kaylee, l’homme parfait. Ça n’existe pas, un homme sans défaut. Mais j’suppose que la logique veut qu’il y est un homme parfait pour elle, quelque part, sur cette terre. Ma théorie, aussi enfantine et irréaliste soit-elle, me force à croire que lorsque je lui aurai trouvé le prince charmant, je me la sortirai enfin de la tête. Elle et ses courbes formidables. Elle et son esprit vif et rocambolesque. Elle et ce petit je-ne-sais-quoi qui la complète et la rend différente – spéciale. Elle ne formule pas encore de réponse, mais je reste attentive à ses gestes. Mon regard dans le sien, j’hausse les épaules en parlant encore. Je n’aime pas le silence, même si la pièce créé du bruit, je n’entends que sa voix qui ne répond pas.
TARA – « Et j’ai pas vraiment le droit de donner mon avis, mais sérieusement, j’comprends pas c’que tu lui trouves… »