Meeting between the devil and condemned

« Mais puisque j'vous dis que j'suis pas une p*te ! », répéta une énième fois Indianna. Depuis plus d'un quart d'heure, le flic à la moustache brune la tenait pour responsable de l'attroupement qui c'était provoqué dans la rue. Un groupe d'étudiant était venu fêter la fin de leurs examens et, allait savoir pourquoi, Indianna c'était retrouvé parmi eux. Le quartier était pourtant bien réputé, enfin c'était le cas avant que la population étudiante, victime d'une bourse d'étude de moins en moins onéreuse, investisse dans les studios pas cher du coin. Le quartier c'était donc rajeunis, au grand désarrois de sa population embourgeoisé. « Alors expliquez moi ce que vous faisiez à moitié nue, à cette heure-ci, dans ce quartier ? », lui redemanda l'agent Dawson avec un fort accent canadien. Indianna coula un regard sur sa tenue : vêtue d'un short en jean plutôt moulant et d'une veste en cuir cintrée, elle avait plus l'air d'une étudiante éméchée que d'une touriste, certes, mais pas d'une prostituée tout de même. Pourtant, elle n'avait pas but, pas une seule goutte. Indie ne buvait pas, c'était l'un des seuls péchés de ce monde qu'elle n'avait pas consommé. « Vous voulez pas que je vous le note plutôt ? Ça m'évitera de toujours répondre à la même question », s' impatienta-elle. Pour le moment, elle avait réussi à esquiver les menottes, mais au vu du regard de mépris que lui lança l'agent, elle n'allait pas tarder à se faire embarquer au poste. « Ne jouez pas trop la maligne mademoiselle. Vous savez que le racolage peut vous couter très cher ? C'est interdit dans cet état ... » En vérité, Indie s'en foutait totalement de ce qu'il pouvait bien lui raconter. Elle savait ce qu'elle était, mais surtout ce qu'elle n'était pas et faire le trottoir ne faisait pas partie de ces attributions.De plus, elle ne comprenait pas vraiment pourquoi elle était la seule à être arrêté alors que toutes ces greluches d'étudiantes avaient échappés au flair de l'agent. En fait si, elle savait. Elle sentait le regard pervers de l'inspecteur se poser fréquemment sur ses jambes bronzées ainsi que sur sa poitrine généreuse. Elle l'aurait volontiers traité de gros porc si la possibilité de finir la soirée au poste était écarté. Elle aurait pu sortir quelques noms, elle s'en sortait toujours ainsi. Elle avait assez longtemps fréquenté la police et son milieu pour avoir des dossiers sur la plupart des gros bras du coin, mais ce Dawson lui était inconnu et il ne semblait pas être enclin à accepter les pots de vin. Elle allait devoir ruser.

Mais le portable professionnel de cet abrutis sonna, lui laissant quelques secondes de répit. « Attendez moi-là. », ordonna-t-il en s'écartant d'elle tout en la gardant en joue. Il semblait fixer quelqu'un au loin mais l'obscurité l'empêché de distinguer quoi que ce soit. En raccrochant, Dawson avait l'air contrarié et revint vers elle. « C'est bon pour cette fois, vous pouvez vous en allez. », dit-il , visiblement à contre coeur. Indianna avait bien envie de demander pourquoi, mais elle était trop heureuse de s'en sortir une fois de plus. Sans demander son reste, elle tourna les talons et remonta la pente la menant aux beaux quartiers. Les étudiants étaient un peu plus loin, isolés, même s'ils n'étaient guère discrets. « Hey, Indou ! », claironna un jeune homme qui avait bien du mal à tenir sur ses jambes. Indianna le reconnu aussitôt. C'était Lay, un étudiant en droit qui c'était entiché d'elle, mais qui n'arrivait toujours pas à retenir son prénom. « Viens boire un verre avec nous, allez ! » Lay était mignon mais incroyablement crédule. Il pensait sincèrement qu'Indie l'appréciait lui et toute sa clique d'attardés. Lay n'imaginait pas une seule seconde qu'Indianna c'était tout simplement joué de lui pour arriver à ses fins. Fréquenter une bande de jeune n'avait aucun intérêt pour elle, sinon s'occuper des missions de son mystérieux patron. Sa cible semblait s'être entretenu avec l'un des étudiants mais sans son nom, Indianna avait fait choux blanc. Il lui fallait un nom et quelques informations qui lui permettrait de gagner son fric à la fin du mois. « Dégage Lay. », dit-elle assez froidement, ne cherchant même pas à se montrer polit. Elle avait jouée le jeu, mais le résultat ne lui convenait pas, c'était pas la peine d'en faire des tonnes pour expliquer clairement son mécontentement.

Indie fini par suivre les rues touristiques de Santa Monica. Si elle ne se trompait pas, sa cible devait être dans le coin. Elle connaissait ses habitudes, même s'il lui donnait du fil à retordre. Un bruit attira son attention et elle se retourna brusquement. La nuit était tombée depuis bien longtemps et elle n'y voyait rien. Pourtant, elle était presque certaine que quelqu'un se trouvait là, quelque part. Son métier l'avait rendu quelque peu parano, même si prendre des risques ne lui faisait plus peur. Par sureté, elle accéléra le pas. Mains dans les poches, elle traversa la route sans prévenir, se faisant presque écrasé par une voiture. Elle jeta un regard derrière elle et discerna vaguement une silhouette se camouflant dans un coin. Cet abrutis de Jay, peut-être ? Quoi qu'il en soit, elle n'avait pas le temps de vérifier. Un coup d'oeil à sa montre et elle se mit à trottiner vers sa destination. Finalement, elle se retrouva devant le Shutters on the Beach, un hôtel renommé en ville, bien qu'accesible à une large partie de la population. Indianna évita superbement le regard outré qui lui lançait le portier, puis le bagagiste. Elle était vêtue assez simplement, certes, mais ce genre de remarques silencieuses ne la touchaient pas, il lui en fallait beaucoup plus. Elle passa devant l'accueil sans rien dire et sentit de nouveau quelqu'un qui la suivait. Mais cette fois-ci, elle n'était plus très sur qu'il s'agisse d'un débutant. Finalement, elle se retrouva dans le jardin d'hiver, désert à cette heure-ci et faiblement éclairé par des décorations ici et là. Elle sursauta lorsque la porte d'accès se referma brutalement, plongeant la pièce dans un noir absolu.

Meeting between the devil and condemned

Santa Monica. Vingt heures. Travis suivait depuis un moment une femme. Une jeune femme très spéciale. Elle s’appelait Indianna Evy-Clyde Reagan. En regardant son nom entièrement, le blond s’était demandé qui pouvait donner des noms pareils ! Néanmoins, outre le fait qu’il fouille dans le passé de cette inconnue, une raison valable le poussait à agir ainsi : elle le suivait. Ce n’était que quelques semaines après avoir infiltré le réseau du trafique de drogue que Travis avait remarqué qu’on le traquait. Aujourd’hui, il voulait savoir pourquoi cette Indianna le surveillait comme ça. Rien que d’y penser l’irritait car si elle continuait à le coller l’arrière train, les malfrats le soupçonnerait de quelque chose et en aucun cas, il voulait trahir sa couverture. Elle mettait donc sa couverture en péril ! Pour l’instant, tout se passait pour le mieux, il avait réussi à intégrer le gang sans aucun souci. Enfin presque. Avant d’être accepté, certains l’avaient battu jusqu’au sang mais la volonté de faire tomber tous ces imbéciles était tellement forte qu’il avait résisté face à eux. Impressionnés, ils pensaient tous que Hawkins souhaitait retourner dans le business. Ce n’était pas vraiment son objectif premier disons, il ne désirait qu’une seule chose pour le moment. Venger son frère Kévin.
Le casier d’Indianna était déjà assez long et ce soir encore, il avait fallu qu’elle attrape des problèmes avec la police. L’agent Dawson que le blond avait croisé quelques heures plutôt avait l’air de mater le superbe corps de cette femme et n’était pas prêt à la laisser partir ; ce qui dérangeait Travis car il avait besoin de la suivre elle aussi. « Quel imbécile ce Dawson ! » dit-il en grognant. Il prit son téléphone et appela le policier qui interrogeait la jeune femme en mini short. « Dawson…oui c’est Travis. Je suis derrière toi, mais on s’en fou, c’est pas important. Par contre, ce qui est vital pour moi c’est que tu libères cette fille par…non non, Dawson, je m’en contre fiche, c’est pour une enquête alors tu la relâches et je ne vais pas te le redire dix milles fois à moins que tu veuilles qu’on règle ça devant Miller…non, tu voudrais éviter ça ?! C’est bien ce que je me disais…ouais merci vieux. » dit-il avant de raccrocher ; c’était d’une voix calme et assurée que Travis avait manipulé le policier. « Pfff crétin ! » ex-taulard, le blond avait dû prouver aux policiers qu’on pouvait lui faire confiance malgré son casier judiciaire. Certes, il avait été dealer de drogue, avait agressé des gens mais aujourd’hui, il n’était plus vraiment le même. Sa vengeance faisait en sorte de le tenir droit pour l’instant. Mais jusqu’à quand ? Le jeune homme avait toujours été attiré par les vices, il serait facile pour lui de retourner dans ces travers !

Après avoir libéré Indianna à contre cœur, l’agent de police partit aussitôt. Elle alla en directions de la fête que ces étudiants naïfs, avaient organisée sans pour autant les rejoindre. La jeune femme continua sa route. Avec ses habits, il était évident qu’un mec comme celui qui s’approchait d’elle, vienne l’accoster. Et encore là, ça passait mais si son short avait été plus court que celui qu’elle portait, elle passerait sans aucun doute pour une prostituée. Cette pensée se traduisit par un roulement des yeux de la part de Travis. Il attendit que ce crétin qui l’avait abordé la laisse tranquille. La demoiselle Reagan semblait avoir du caractère car ce fut avec froideur qu’elle renvoya balader le mec qui tenait à peine sur ses jambes ; ce qui fit sourire le flic qui la suivait. Reagan marcha encore et encore, longeant les rues de Santa Monica. « Merde, elle veut me faire faire le tour de LA ou quoi ! …qui est-ce qui m’a dit de la suivre ce soir ! » rechigna le jeune homme. Pourtant, sans trop se plaindre, il continua ce qu’il était en train de faire.

Quelle coïncidence, Indianna se dirigeait vers le Shutters On the Beach, l’endroit où Travis devait rencontrer un dealer. Il n’en croyait pas ses yeux, elle était venue l’observer une fois de plus. Il regrettait soudainement d’avoir laissé Dawson partir. La jeune femme rentra dans l’hôtel. Le mec qu’il attendait n’étant pas encore arrivé, Travis la suivit au pas sans se faire repérer tout de même. Sans savoir où il se dirigeait, il finit par atterrir devant un jardin d’hiver. Personne à l’horizon alors il en profita pour y entrer en claquant la porte derrière lui bruyamment afin de marquer sa présence et il éteignit le peu de lumière qu’il y avait. Indianna était déjà à l’intérieur. Marcher à l’intérieur discrètement pour se rapprocher d’elle était l’objectif de Travis. Il serait difficile pour lui de ne faire aucun bruit à cause des plantes accrochées, posées un peu partout. Seulement, au bout de quelques secondes, il finit par trouver la jeune femme grâce à sa respiration. Ils avaient eu le temps de se rapprocher de la porte d’entrée mais ce fut avec brutalité que Travis la plaqua contre le mur en vitrine. « Qu’est-ce que tu me veux Reagan ? Hein, qu’est-ce que tu attends de moi ? » dit-il sous un ton menaçant. Il alluma la lumière de la serre. Son visage n’était qu’à quelques centimètres du sien. Travis attendait des explications de sa part et elle avait intérêt à lui dire la vérité.

Meeting between the devil and condemned

C'était plutôt sympa comme job en réalité. Indianna n'avait jamais été qualifié, en quoi que ce soit. Elle aurait pu être qualifié de « bac moins 8 », ou quelque chose d'approchant. Les études, c'était pas vraiment quelque de commun pour elle, c'était même plutôt abstrait. Il lui arrivait souvent de trainer vers l'université, ne serait que pour jeter un regard mitigé à cette faune étudiante toujours de plus en plus nombreuse. Que trouvaient-ils comme réponse dans ces amphithéâtres ? Quelles genre d'envies pouvaient pousser des jeunes à rester figer dans ces lieux à emmagasiner des informations qu'ils oublieront si tôt franchit la porte ?! Indianna était dépassé par tout ça, ce besoin d'apprendre toujours plus dans l'espoir d'obtenir un diplôme qui ne donnerait pas forcément accès à un emploi. Elle, elle c'était toujours débrouillée toute seule, sans rien demander. Elle avait abandonné le lycée très tôt et c'était mise à travailler pour payer les factures et faire vivre sa famille. Cependant, elle n'avait jamais manqué de lacunes et ne se trouvait pas plus bête que la plupart des gens. Son éducation c'était faite sur le tard, apprenant sur le terrain ce qui était réellement nécessaire. Pourtant, elle avait poussé ses petits frères à étudier, eux, se privant pour le bien, les obligeant à construire ce qu'elle avait dû abandonner, par sacrifice. Après ça, cependant, elle c'était occupé d'elle-même et depuis lors, était vouée à sa propre vie, celle des autres restant inintéressant à ces yeux. Aujourd'hui, elle gagnait plutôt bien sa vie et ça, sans aucun diplôme, aucun papier froissé oublié au fond d'un tirroir. Elle avait plutôt bien roulé sa bosse depuis des années, aucumulant plusieurs boulots, des plus mesquins aux plus incroyables et n'en retirait aucune honte. Elle méprisait ces gosses de riches sortant des salles de classe avec leur costume trois pièces et montant dans leur cabriolet. Cette jeunesse californienne blindée aux as prenant tout le reste de la population pour des moins que rien. Elle méprisait leurs airs suffisant, leurs cartes de crédit à plafond illimités et leurs diplômes obtenu non pas à la note, mais au pot de vin versé en fin d'année.

Mains dans les poches, elle arpentait sans honte les couloirs de cet hôtel classieux. Certes, elle n'avait pas le chic des lieux, elle n'était pas une riche héritière venue profiter des magasins de luxe, ni une escorte payée une fortune pour passer la nuit avec un fortuné profitant de la vue dans sa chambre hors de prix. Mais Indianna n'avait peur de rien et encore moins des regards outrés de la population de l'hôtel. Ils pouvaient bien penser d'elle ce qu'ils voulaient, elle, elle savait qui elle était et elle était plutôt fière de son train de vie malgré une enfance chaotique et un passé plus que troublé. En débarquant dans le jardin d'hiver, elle se sentit tout de suite en terrain hostile. Malgré l'ambiance apaisante des lieux, un léger vent de panique la submergea. Au fil des ans, Indianna avait développée un sixième sens pour les coups fourrés. Le problème, c'est qu'elle finissait toujours par dénicher le problème une fois qu'il était posé, sans possibilité de retour. Ce coup-ci ne semblait pas faire exception aux autres situations rocambolesques qu'elle avait connu dans sa vie. Les lumières se turent subitement et un petit vent vint balayer la pièce. Indianna sortit les mains de ses poches, cherchant le mur afin de retrouver son chemin. Elle avait un bon sens de l'orientation et elle avait connu pire situation que celle-ci. Très vite, elle sentit une présence près d'elle, mais elle était incapable de reconnaître l'étranger.Alors qu'elle cherchait à retrouver l'extincteur, une main se plaqua brutalement contre sa gorge et lui coupa la respiration durant une fraction de seconde. Son premier réflexe fut de la repousser mais l'agresseur masqué tenait bon. Alors qu'elle allait lui envoyer un coup bien placé, la lumière revint et un visage s'éclaira tout prêt d'elle. « Qu'est-ce que tu me veux Reagan ? Hein, qu'est-ce que tu attends de moi ? ». Sans même le voir, Indianna l'aurait reconnu à sa voix. Travis Hawkins, soit la proie qu'elle traquait depuis des mois. Elle l'avait tellement espionné qu'elle avait intégré tous ces faits et gestes, y comprit son grain de voix, une voix rauque et masculine à ne pas s'y tromper. Finalement, il desserra sa gorge dans l'espoir qu'elle réponde, mais gardait un point de contrôle sur elle, certainement pour éviter qu'elle lui file entre les doigts. Contre toute attente, Indianna lui souria, un sourire mesquin remplit de mépris et de provocation. Toute autre femme aurait joué profil bas en de telles circonstances. Travis n'avait rien d'un enfant de coeur et pour ça, Indianna en connaissait un rayon. Il était assez terrifiant vu comme ça et une fille normale aurait craché le morceau sans demander son reste. Seulement Indie n'était pas une fille normale. Par beaucoup d'aspects, elle était un vrai « bonhomme », un garçon manqué qui c'était faite toute seule. Hormis son allure très féminine, Indianna pouvait parfaitement s'incruster dans un groupe d'homme et intégrer leurs vices et habitudes. « Tu as l'air de tout savoir Hawkins, tu peux peut-être répondre à cette question tout seul, non ? », lui répondit-elle sans ciller. Provocante, c'était ce qui résumait le mieux Indianna dans ce genre de circonstances. En vérité, elle devait gagner du temps afin de laisser Travis sur le carreau, ce qui ne serait pas trop difficile pour elle. Elle avait réussit à détourner les soupçons de trafiquants de drogues autrefois, d'un bataillon de flics et même d'un mafieux, alors un mec comme Travis ne devrait pas lui prendre trop de temps. Mais le fait été qu'elle en savait assez sur Travis pour savoir qu'il était aussi rapide qu'une anguille. En réalité, il représentait un vrai challenge pour une traqueuse comme elle. « Tu comptes me garder captive longtemps ? J'ai un tas de gens à voir. », dit-elle de son sourire le plus mauvais. Elle était affreusement agaçante dans ce genre de cas et elle pouvait ainsi tester la patiente de sa proie favorite. Leur proximité aurait pu être gênante si Travis n'avait pas été beau garçon, mais force était de constater qu'il avait un charme fou. Indianna se trouvait qu'as quelques centimètres de son visage, son haleine se mélangeant presque à la sienne. Plaquée au mur, la situation aurait pu être toute autre, mais Indianna n'était pas du genre à rêvasser. Elle devait rester concentrer et prendre la fuite. Elle en savait assez long sur ce Hawkins pour ne pas tenter le diable. Vu sa corpulence, il aurait vite fait de la balancer par-dessus son épaule et de la jeter du haut d'un pont, l'un deux se trouvant justement derrière l'hôtel. Indianna était futée cependant et avait assez étudiée les lieux pour en connaître ses moindres recoins, justement dans l'hypothèse que son « contrat » vienne à lui faire des surprises. Mais le pire se trouvait juste à quelques mètres derrière Travis. Le jardin d'hiver était constituée d'une mare artificielle, joliment présentée certes, mais assez grande pour y noyer quelqu'un. D'ordinaire, Indianna n'était pas paranoïaque, même si au vu de son « métier », elle aurait dû se montrer plus prudente. Mais cette mare l'angoissait car, à proximité d'elle, mais également plongée dans la pénombre pour le moment. Travis l'ignorait sûrement, mais Indianna était paniquée à l'idée de finir la tête dans l'eau, elle préférait se faire hacher menu plutôt que de plonger ne serai-ce qu'une narine dans cette étendue d'eau angoissante.

Meeting between the devil and condemned

Suivre Reagan n’était pas son job, mais ce soir, il n’avait pas d’autre choix que de la traquer elle à son tour. Normalement, il était flic et travaillait sous couverture en tant que dealer. D’ailleurs au lieu de se rendre à son rendez-vous avec un mec qu’il devait rencontrer, il pourchassait la jeune femme. Dire qu’il avait mieux à faire, cependant, Indianna devint très vite son centre d’intérêt car elle devenait un danger pour lui ; elle risquait de mettre à jour sa couverture. Ce qui était la dernière chose que Travis désirait. Ce flic de Dawson cherchait désespérément à garder la jeune femme dans le but de la mater, à croire qu’il n’a pas couché avec sa femme depuis des lustres. Le pauvre, il faisait pitié au blond. Contrairement au policier, le jeune homme changeait de filles à chaque fois, elles défilaient dans son lit une par une et jamais sans s’en lasser, Hawkins profitait d’elles, de leurs corps, pour ensuite les jeter. D’une certaine manière, cette tactique avait été efficace pour lui permettre d’oublier Callie, la seule femme qu’il avait véritablement aimée car durant plusieurs années, il s’était apitoyé sur son sort, il se faisait souffrir en regardant tous les jours une photo où le couple y figurait. Depuis qu’il était sorti de prison, il n’avait pas regardé cette photo. Comme Dereck, son meilleur ami, l’avait dit, c’était du passé même si parfois Travis apercevait dans ses rêves, le visage de Callie. Cela prouvait qu’il n’avait pas complètement oublié la jeune femme ; elle était son premier amour et en général, le premier amour est toujours difficile à oublier. Il devrait donc faire avec. Ce qui expliquait son comportement avec les femmes, pour lui, ce n’était qu’une histoire de c*l. Et ça le resterait. Hawkins ne voulait plus de relation sérieuse.

Travis priait pour qu’il n’attrape pas des problèmes avec ses partenaires car la dernière fois, qu’ils s’étaient revus, leurs retrouvailles ne s’étaient pas très bien passées. Le jeune homme avait fini au sol, souffrant de partout. C’était Scott, cet inconnu, infirmier qui lui était venu en aide. Sans l’amener à l’hôpital, il l’avait soigné et remis sur pieds. Ne sachant pas comment le remercier, le jeune flic avait simplement dit merci et avait laissé l’infirmier. Mais avant que chacun ne reprenne leur routine, Scott lui avait laissé son numéro au cas où Hawkins aurait à nouveau ce genre de problèmes. Ce dernier ne comprenait pas la réaction de l’infirmier or, il n’en dit pas plus et prit le bout de papier, où était inscrit les chiffres. Ils ne se connaissaient guère et pourtant, cet homme l’avait aidé. Travis lui en était reconnaissant. Fallait avouer que le blond comptait sur très peu de personnes. Il pouvait les compter avec les doigts de la main. Et pour le moment, il avait l’air de faire confiance à Dereck son meilleur ami et Scott Winston, l’infirmier. Avant d’aller en prison, il aurait bien dit Callie mais maintenant, ce n’était plus le cas. Elle l’avait mis aux oubliettes. Et la dernière personne serait probablement son frère Kévin, il était mort et c’était de sa faute, Travis en était conscient, il s’en voulait, et avait l’impression d’avoir trahi son grand frère. L’ex taulard aurait donné sa vie pour sauver Kévin or, il était trop tard. Voilà pourquoi, il consacrait son temps à piéger ceux qui avaient assassiné son frère. Il les poursuivrait jusqu’au dernier. Hawkins en avait fait la promesse et il la tiendrait.

Comment Travis avait-il fait pour se retrouver nez à nez avec Indianna ? Il la tenait, une main autour du cou de la jeune femme, faisant pression pour l’empêcher de bouger. La pourchasser devenait irritant et c’était avec rage qu’il était entré dans l’hôtel car il avait compris qu’elle était venue l’espionner. Les rôles étaient à présent inversés. Ayant marre de se faire traquer, peur que sa couverture soit révélée au grand jour, Travis voulait savoir pourquoi elle faisait ça ? Que lui voulait-elle ? Mais au lieu d’avoir une réponse claire où la peur se faisait ressentir, le jeune homme eut droit à une réponse arrogante de la part de cette Indianna. Elle osait l’affronter du regard. Tenir tête à Travis n’était pas forcément la meilleure chose à faire parce qu’il pouvait devenir très violent. Cependant, il n’avait pas été libéré de prison pour ça, non, il devait avant tout venger son frère. Comme il ne disait rien, elle enchaîna, et une fois de plus, elle fut provocante ce qui irrita le flic. Elle le faisait exprès ! Mais Hawkins, lui, n’était pas d’humeur à rigoler. « Dans ce cas, pour qui tu travailles ? » dit-il sur un air enragé. Lorsqu’il lui parlait, leurs visages n’étaient séparés que de quelques centimètres. Certes, cela pouvait être gênant pour certains mais à cet instant, ce n’était pas sur ce détail que le blond se concentrait non, il regardait droit dans les yeux Reagan, puis ses lèvres, attendant impatiemment une réponse de sa part. Mais comme elle n’avait pas l’air de se décider, il serra à nouveau son coup, lui faisant comprendre qu’il était capable d’en faire plus. Peut être qu’il n’avait tué personne, mais il restait quand même dangereux. Toutefois, ce fut en suivant le regard de sa prisonnière qu’il comprit ce qu’il devait faire. Elle jeta à plusieurs reprises un regard sur une mare artificielle dans le jardin d’hiver. « Ah tu veux peut être prendre un bain ?! » s’écria-t-il, cette fois ci avec un sourire malicieux. Il l’attrapa par les cheveux avec force et l’emmena près de cette mare. Indianna avait à présent le visage au dessus de l’eau. « Quoi mademoiselle a peur de l’eau ?! Si tu ne veux pas finir la tête sous l’eau, réponds à ma question. Pour qui travailles-tu ? Les p*tes de ton genre qui me suivent, ça, je n’en veux pas. Tu m’as compris ? » or à peine eut-il fini sa phrase que Reagan se libéra. « Arrgh, p*tin !! » il venait de recevoir un coup dans les parties intimes, rien de plus douloureux qu’un coup pareil. Néanmoins, il essaya de se relever rapidement. Elle ne devait pas lui échapper.

Meeting between the devil and condemned

Malgré la situation, Indianna n'avait pas peur. Il lui en fallait beaucoup plus pour frémir. Du haut de son mètre soixante-trois, Indianna était une femme téméraire qui avait une force plutôt impressionnante pour son gabarit. Pourtant, en regardant la génétique, elle se demandait vraiment de qui elle tenait cette caractéristique. Sa mère, Dolores, était plus petite qu'elle et se portait bien, comme on disait dans le jargon. Il faut dire que les litres d'alcool qu'elle ingurgitait chaque jours c'étaient accumulés dans les parties les moins saillantes de son anatomie. Dolores aurait pu être une belle femme si l'alcool n'avait pas creusé un fossé en elle, rongeant son visage et son âme comme un poison. D'une même façon, elle avait le teint plus clair bien que légèrement buriné face à la population britannique. Si Indie avait la peau foncé et les cheveux aussi noir que l'ébène, Dolores elle, avait les cheveux châtains et les yeux clairs. Sa mère était une faible, une femme incapable de se défendre ni même de tenir debout plus de cinq minutes devant une adversaire. Son tempérament était constamment contourné par son alcoolisme et son incompétence. Aucun de ses frères ne lui ressemblaient vraiment non plus. Chacun portait son propre trait de caractère, distribué par leurs géniteurs inconnus. Indianna était de loin la plus mal assortis de cette tribue. Métisse, elle détonnait largement face à ses frères blancs, même si cela n'avait jamais fait de différence dans son coeur. Indianna tenait de son père, c'était un constat plus que logique quand on l'observait, mais dans son cas, cela ne pouvait se résoudre avec un simple test ADN. Son père était un inconnu. Aussi sûr qu'elle n'était pas anglaise pure souche, son père devait avoir la même peau halé que la sienne, une couleur de peau qu'elle arborait depuis toujours sans en connaître la source. Ce qui était sûr, c'est qu'elle ne tenait presque rien de ce qui lui avait servit de mère. Combative, indépendante, elle n'était femme que par elle-même et aujourd'hui encore, son éducation de la rue allait la sortir d'une impasse.

« Dans ce cas, pour qui tu travailles ? », demanda-t-il sèchement en pressant son coup d'une poigne de fer. Indianna déglutit difficilement mais sans montrer aucun signes de stress. La prison lui avait apprit quelques petits rudiments de survie il fallait croire. Enfermée dans une prison de femme pendant plus de six mois, Indianna avait bien dut apprendre à se défendre. Si au début elle avait plus encaissé qu'autre chose, elle s'était vite rattrapée et avait favorisé l'attaque à la défense. Si elle avait souvent été la seule black à Londres, elle c'était retrouvée vite entouré d'une population afro-américaine dans les cellules. Bien qu'elle n'est jamais mis sa couleur en avant, sans la rejeté pour autant, son réseau c'était uniquement basé sur ce critère. D'un côté, les révoltées criant à la discrimination, ces afro-américaine fatigués de subir les assauts des blanc-becs et d'une autre côté, ces américaines issus du débarquement anglais encaissant leurs insultes constantes. Dans ce bordel ambiant, Indie avait vite su trouver sa place et apprit à jouer des poings. Et ce n'était pas une vulgaire pression sur sa gorge qui allait la faire angoissé, elle pouvait même contenir sa respiration un sacré moment avant de perdre connaissance. Malgré tout, Travis insista encore plus, son visage se déformant sous la rage. « Laisse tomber Hawkins, mes informations valent trop cher pour ton simple salaire de flic. », ricana-t-elle faiblement. Tous les deux savaient bien que cela cachait beaucoup plus, cependant, Indianna n'était pas prête à lâcher toutes ces cartes. Cette nouvelle provocation agaça Hawkins qui, cette fois-ci, enfonça ses doigts contre sa gorge. Indianna chercha à se débattre, sentant l'air se faire de plus en plus rare dans ses poumons. « Ah tu veux peut être prendre un bain ?! » Ce coup-ci, Indianna perdit tout sang froid. Son regard avait été trop long à se détacher de la flaque noir dans le dos de son geôlier. Indianna marqua son premier impair en lui dévoilant ce qu'il n'aurait pas vu si elle avait été plus discrète. Elle n'eut pas le temps de chercher une solution que Travis l'as trainait déjà derrière lui, lui déchirant presque le crane en la tenant fermement par les cheveux. « Lâche moi bordel ! », réussi-t-elle a articuler mais trop tard. Travis la tenait fermement, son visage à seulement quelques centimètres au-dessus du basin improvisé. Indianna pouvait voir son reflet miroiter à la surface et y lisait même sa propre panique. Elle ne finirait pas noyer, ça, jamais ! L'eau ondulait sous elle comme une menace silencieuse. Travis appuya un peu plus son visage contre la surface si bien que le bout de son nez plongea dans le liquide. « Quoi mademoiselle a peur de l'eau ?! Si tu ne veux pas finir la tête sous l'eau, réponds à ma question. Pour qui travailles-tu ? Les p*tes de ton genre qui me suivent, ça, je n'en veux pas. Tu m'as compris ? » D'ordinaire, Indianna n'aurait pas accepté d'être traité de la sorte et aurait fait passer un sale quart d'heure à l'enfoiré qui lui aurait manqué de respect comme ça. Elle s'était assez battu pour ne pas être considéré comme une prostituée, ne serait-ce qu'une heure plus tôt devant cet abrutis de flic. Mais là, c'était une toute autre situation. Sa peur panique de l'eau l'avait presque totalement paralysé, seul son regard terrorisé réussissait encore à briller à la surface. Elle ne supportait pas d'être une victime de Travis, de n'importe qui en fait. Hawkins la dominait carrément et c'était inconcevable pour elle. De plus, si elle ne réussissait pas à combattre sa peur, elle ne tarderait pas à finir noyer, tout comme Aden. A cette seule pensée, quelque chose sembla rallumer son corps éteint. D'un geste vif, Indianna releva le menton et mordit de toutes ces forces dans le poignet de Travis, sentant le goût métallique du sang entrer en contact avec sa langue. « Arrgh, p*tin !! », beugla t'il et Indianna en profita pour jouer son meilleur coup, un coup de pied bien placé entre les jambes de cet enfoiré. Travis tomba à genoux tandis qu'Indie c'était déjà relevé et fuyait à toute jambe vers la sortie.

Elle traversa le hall de l'hôtel à grandes enjambés faisant le chemin inverse. Elle devait trouver une solution et vite. Elle n'eut pas besoin de jeter un regard derrière elle pour savoir que Travis était déjà à sa poursuite. Elle songea rapidement à ce qui se présentait à elle. Si elle fuyait à pied, elle ne tarderait pas à s'essouffler et Travis finirait par la rattraper à un moment ou un autre, malgré une endurance plus que respectueuse. Elle ne pouvait pas prendre le risque de se cacher et de se retrouver coincé dans l'hypothèse où il mettrait de nouveau la main sur elle ; ce coup-la, il ne prendrait pas le risque de la laisser filer de nouveau. Appeler la police était totalement exclue dans son cas : Travis faisait partit de leur groupe et Indianna avait un casier trop chargé pour qu'il la prenne au sérieux. Soudain, la solution la plus envisageable lui apparut sous l'aspect d'un taxi jaune stationné devant l'hôtel. Indianna accéléra, poussa la jeune femme qui voulait s'y engouffrer et se jeta à l'intérieur. « Roulez ! », hurla-t-elle assez fermement pour que le chauffeur n'insiste pas plus. Travis l'avait rejoint sur le parking, mais le taxi avait déjà démarré en trombe tandis que la jeune femme insultait la métisse. Elle se retrouvait plongé au beau milieu d'un film dont elle avait vu le scénario une bonne centaine de fois, sauf que là, cela n'avait rien d'un simple tour, c'était sa vie qui était en jeu. Elle ne pouvait joindre personne, pour la simple et bonne raison que peu de personne ne savait comment elle gagnait sa vie et qui plus est, elle ne prendrait pas le risque de jouer la vie de ses proches. Seul Jason aurait pût lui être utile, le seul à connaître son petit secret mais pas sûr qu'il accepte de nouveau d'être mêlé à ces plans foireux. « Je vais où ? », demanda la chauffeur, venant troubler les pensées agitées de sa passagère. Indianna jeta un regard à la route. Un bouchon énorme se profilait à l'horizon. Si elle l'empruntait, Travis serait sur ses talons en une fraction de seconde. Un regard par derrière et Indianna constata ce qu'elle craignait, un autre taxi leur filait au train et vu de son allure, il semblait très pressé. Cet enfoiré ne la lâcherait pas de si tôt. Il fallait vraiment qu'elle demande une augmentation, pensa t'elle amèrement en voyant son issu de secours se rétrécir à vu d'oeil.