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 benny&riley ð " how to save a life "

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benny&riley ð " how to save a life " Empty
MessageSujet: benny&riley ð " how to save a life "   benny&riley ð " how to save a life " EmptyMer 24 Oct - 20:29

« je ne savais pas que c'était possible, donc je n'ai rien fait. »

Dans la pénombre de la pièce, une silhouette gracile est allongée. À peine distincte, elle semble repliée sur elle-même, tel un enfant agité de sanglots irrépressibles ; et ses bras s'accrochent l'un à l'autre pour contenir cette vague à larmes immense, qui le submerge, et il se noie dans son propre chagrin – la houle l'emporte bientôt au large, on ne le revoit plus. Ce n'est pas un enfant qui se dissimule dans l'obscurité de sa chambre ; en vérité, ce n'est que Riley qui ronge son mal-être dans un sommeil agité de rêves malheureux, qui s'agglutinent à son esprit et ne lui laissent pas même le répit, ni l'échappatoire, de son inconscience.

Lorsque quelques minutes plus tard, la jeune femme s'éveille de ses tourments, elle découvre la réalité cafardeuse de son existence ; ses doigts tremblent, comme à l'accoutumée. Ces derniers temps, ses convulsions se font de plus en quotidienne et elle n'aurait su dire si cela était à cause de sa débauche désinvolte, ou s'il s'agissait seulement d'un progrès de sa maladie, qui s'élevait vers le stade supérieur. La notion de progrès à cet instant précis, lui apparaissait comme affreusement ridicule ; elle et son cynisme noir ne pouvaient s'empêcher de constater sa décrépitude. Plus le temps passait, plus son corps se roidissait, plus elle avait du mal à se mouver avec la souplesse qu'elle possédait autrefois. Un jour, ses articulations lâcheraient définitivement ; elle ne sera plus que le vestige de ce qu'elle avait été, une statue aux larmes amères s'écoulant tel un fleuve salé sur des pommettes marbrées. Une relique qui s'affaisserait dans l'ombre des autres, dans un dépotoir humain. La jeune Milton quitta sa position stationnaire et se leva avec difficulté pour se rendre vers son armoire à pharmacie ; ne prêtant aucune attention à son reflet, elle s'empara de diverses petites boîtes cylindriques orangées caractéristique et fit s'écouler dans sa main les divers cachets qu'elle avait à prendre pour vivre correctement, pour être comme tout le monde, ou du moins, pour ne plus être comme une personne atteinte du syndrome de Parkinson. Elle les avala tout ronds, comme l'aurait fait un alcoolique avec des shots, et redisposa les récipients dans un ordre précis sur l'étagère. Puis, elle passa un peu d'eau sur son visage, comme pour s'éveiller complètement et consulta l'heure ; encore une fois, il était huit heure du soir, elle avait somnolé toute la journée sous ses draps. Elle perdait la notion du jour et de la nuit ; elle vivait lorsqu'elle le pouvait, était-ce ça le plus important ? Que l'instant soit lumineux ou bien obscure, elle demeurait la même ; fuck it.

Riley traîna des pieds jusqu'à son frigidaire, dans le but évident de terminer les restes de pizza qui devaient traîner à l'intérieur ; si néanmoins, Vanille avait décidé de ne rien jeter. L'avocate avait la sale manie d'être d'une maniaquerie irréprochable ; parfois, cela effrayait Riley, qui n'était ordonnée que lorsqu'il s'agissait de pilules médicamenteuses. Un post-it attira son attention ; « essayer, c'est déjà presque réussir. B. » Elle soupira, lasse. Du con, songea-t-elle. Cet homme était venu à la galerie il y a quelques semaines ; avec de grands mots, il lui avait laissé entendre qu'il désirait travailler avec elle – et seulement elle. Comme si cela ne relevait pas même de sa propre volonté, mais que la sienne suffisait à combler l'inexistence de son enthousiasme, qui s'était profondément creusée en elle. Elle arracha le post-it de la surface lisse de son mobilier, et regarda la date. 24 octobre. Sa tête retomba en arrière, et fermant les yeux, elle compta les jours sur ses doigts ; puisque lundi, nous étions le 22 … holy fuckin' shit ! Ils avaient rendez-vous ce soir, à son domicile – puisqu'elle avait refusé de le laisser mettre les pieds ici. « Oh non, » gémit-elle, en laissant son front s'appuyer contre la fraîcheur de son frigo. Elle demeura ainsi un petit instant, hésitante entre son enclin à la procrastination et celui, plus mystérieux encore et quasiment étouffé, d'honorer le « peut-être » qu'elle lui avait alors lâché la dernière fois qu'ils s'étaient rencontrés. Il n'avait pourtant pas réussit à semer l'espoir en elle, ou du moins, Riley ne souhaitait pas nourrir cette plante vicieuse qui menaçait d'agrandir son jardin : l'espoir, c'est pour ceux qui ont du temps à perdre. Or, elle savait ce qu'elle avait à faire de ce temps si précieux. Ses mains tremblèrent de nouveau, et ses dents se carrèrent. Bon, elle irait. Mais seulement pour lui prouver son tort ; elle n'avait plus rien d'une artiste, si ce n'est la malédiction. Jamais elle ne pourrait capturer un dessin, une âme, comme elle le faisait autrefois. Sa main ne lui appartenait plus ; plus depuis des mois, et celui qui la détenait dès lors, la manipulait de telle sorte que ses créations soient affreuses, déformées, novices.

Riley enfila un sweat au-dessus de son débardeur et sans prendre la peine de s'arranger davantage quitta son studio, son matériel poussiéreux sous le bras. Le contact de sa sacoche en cuir sous le bras, lui était devenu si étranger ; comme une vieille mélodie que l'on se remémore au fil des notes. C'était désagréable, pourtant elle tint bon. Sur le chemin, elle grilla une cigarette pour se détendre, regrettant que Tony ne soit pas avec elle pour lui offrir quelque chose de plus « consistant ». Mais cela faisait des semaines qu'elle n'avait pas aperçu le Sutherland, peut-être avait-il simplement disparu, elle n'en savait rien ; peut-être qu'elle devrait s'en foutre totalement, mais une part d'elle-même n'y pouvait malheureusement pas. Une part qu'elle aurait aimé pouvoir assassiner ; son humanité. Elle arriva devant la porte du jeune écrivain avec une heure de retard et toqua vivement. Lorsque la porte s'entrouvrit, elle s'engouffra dans l’entrebâillement, ne s'embarrassant que très peu des commodités ; « Bonsoir. » dit-elle précipitamment en déposant sa sacoche sur le sol, comme brûlé à vif par ce qu'il représentait pour elle.
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