Sujet: Oh Harry, you make me say... [Dr. Stone] Jeu 21 Mar - 22:58
Oh Harry, you make me say... I really wanna be in L.A. I came to L.A. to make rock'n'roll. Along the way I had to sell my soul.
Stefan relisait la même phrase pour la millième fois. Il n’était pas stupide au point de ne pas en saisir le sens, mais son esprit était concentré sur autre chose. Ses yeux ne quittant pas le vulgaire bout de papier qu’il tenait devant lui, il passait une main agacée dans ses cheveux blonds qu’il n’avait même pas pris la peine de coiffer ce matin-là. Une fois n’étant pas coutume, le cadre s’était encore levé du pied gauche et la journée lui avait paru bien trop longue pour qu’il ne se soit écoulé que huit heures... Il soupirait une trentaine de fois par minute, levant les yeux au ciel dès qu’on s’adressait à lui, le visage fermé, s’interdisant toute expression. Le trentenaire n’avait qu’une hâte : rentrer chez lui pour dormir. Ou plutôt pour hiberner ; car s’il avait le malheur de s’allonger sur une surface plane pendant plus de dix secondes, Stefan savait qu’il n’émergerait pas avant le mois prochain. Parfois, il avait envie de tout plaquer. Récupérer les quelques affaires qui trainaient dans son bureau dont les stores étaient rarement ouverts (certainement pour lui rappeler le bunker qui lui servait d’appartement) et disparaitre sans laisser de traces. Il en rêvait souvent, lorsqu’il avait l’occasion de s’assoupir entre les rails, les urgences et les hommes qui peuplaient ses nuits. Il se voyait prendre la route sans aucun scrupule, oubliant toutes ses responsabilités, laissant aux autres le soin de se débrouiller sans lui. Stefan ne savait pas vraiment de quoi, mais il en avait assez. De la routine, certainement ; ou du poids qu’on n’avait de cesse de lui mettre sur les épaules, du vide qui le saisissait lorsqu’il n’y avait pas de mains inconnues pour se balader sur son corps. Il avait les nerfs à vif, la tête prête à imploser à force de trop ruminer les mêmes pensées en boucle. Le monde semblait tourner beaucoup trop vite, tandis que les minutes duraient une éternité. Paradoxe invivable. Il avait besoin de repos, de s’éloigner de tout le monde et de rester cloitré chez lui jusqu’à ce que mort s’en suive. Et pour accélérer le processus, il n’aurait pas besoin de revolver : il avait déjà sa propre poudre à canon. De toute manière, qui serait là pour le regretter ?
Bien sûr, Stefan n’était pas capable de faire une telle chose. Ce n’était pas du tout dans ses cordes. Ce n’était qu’une journée de plus où son crâne n’en faisait qu’à sa tête, et où la descente était insupportable. Il fallait bien compenser les moments d’extase et de plaisir d’une manière ou d’une autre... Si c’était sans danger, alors à quoi bon continuer ? Ce ne serait plus aussi excitant. Même s’il fallait bien le reconnaitre : avec les années, Stefan ne se droguait plus par plaisir mais par besoin. C’était plus important que tout le reste. La fée blanche était devenue sa priorité au point qu’il ait l’impression de ne plus pouvoir être capable de respirer s’il n’avait pas un peu de poudre à renifler... Comme s’il avait besoin de sa dose d’oxygène. Jetant le formulaire sur son bureau, il se décida à le remplir le lendemain, lorsqu’il se serait enfin reposé et qu’il aurait pris une grande bouffée d’air frais... Pour l’heure, il laissa tomber sa tête sur le rebord de son grand fauteuil en cuir noir, la faisant rouler pour se détendre avant de s’étirer une première fois. Il avait envie d’un café, d’un grand lit tiède et d’une bonne douche. Peut-être aussi écouterait-il deux ou trois de ses morceaux préférés, ceux qui ressassent les mauvais souvenirs sur une mélodie aussi violente que mélancolique. Stefan avait ses petites habitudes : il aimait s’enterrer dans les profondeurs de son passé, s’y noyant volontairement, avant de revenir à la surface avec la seule chose qui pouvait encore l’aider et le ramener parmi les nuages. Au final, c’était comme s’il n’y avait jamais de juste milieu, pas un seul instant de répit. Soit il creusait sa tombe, soit il planait au plus haut des cieux. Tant pis. Ou peut-être tant mieux. Stefan s’en fichait. À vrai dire, il avait baissé les bras depuis bien longtemps, et il continuait de le faire alors qu’il laissait trainer sa blouse à la place qu’il venait de quitter, récupérant ses clés pour aller s’exiler chez lui.
Déambulant dans les couloirs, le regard baissé, les cheveux en bataille, la bouche pâteuse et les sourcils froncés, Stefan était enfoui sous une tonne de pensées qui l'empêchaient de remarquer quoi que ce soit. Il fouillait à l’intérieur de sa veste, cherchant son paquet de cigarettes pour se calmer les nerfs, ne faisant pas attention aux quelques collègues qui passaient dans son champs de vision pour lui souhaiter une bonne soirée. Le cadre répondait parfois par un grognement à peine audible, plus par politesse que par véritable sympathie. Une fois arrivé sur le parking, il songeait déjà au siège confortable de sa camaro noire, seule femme présente dans sa vie - la seule qu’il n’ait jamais abandonné ou qu’il n’avait toujours pas réussi à décevoir. Ses guitares n’en faisaient pas partie pour la simple et bonne raison qu’elles lui en voulaient toujours de s’acharner sur leurs pauvres petites cordes lorsqu’il n’avait rien de mieux à faire. Elles se plaignaient parfois à travers quelques fausses notes ou autres sons aiguës qu’une oreille normalement constituée ne pouvait pas supporter. Oui, Stefan était ce genre de personne capable de parler à ses instruments. Et dans son délire, il savait qu’elles lui répondaient... À l’aide de son briquet, il alluma le bout du bâtonnet blanc qui allait bientôt lui délivrer une dose non négligeable de nicotine. Dans peu de temps maintenant, il serait devant sa table basse ridicule, sa paille dans la main, la main blottie près de sa tête, la tête dans les nuages.
C’était sans compter sur Harry, son patron, le directeur de l’hôpital. Harry, ses lunettes de soleil et sa décapotable rouge qui se mirent d’accord pour tenter de le renverser. Dans un crissement de pneus qui lui évoqua les caprices de ses guitares, la voiture de son boss s’arrêta à quelques centimètres de la hanche de Stefan. Le blondinet posa sa main sur le capot par réflexe, comme s’il était assez fort pour arrêter le véhicule et ainsi éviter le pire, ou simplement pour ne pas perdre équilibre. Il se tourna vers son supérieur qui n’avait pas l’air de saisir la gravité de son acte, fier de son comportement. Stefan le fusilla du regard, faisant quelques pas en arrière pour le laisser passer, sans un mot. Il n’avait pas envie de rentrer dans son petit jeu. Pas ce soir. « GET IN LOSER, WE'RE GOING SHOPPING ! » s’écria le docteur Stone, provoquant des sursauts et des regards étonnés autour d’eux. Pour la centième fois aujourd’hui, les yeux de Stefan roulèrent dans leurs orbites afin de traduire son ennui. Il reprit sa trajectoire initiale, se dirigeant vers son propre bolide, ne prenant même pas la peine de se retourner avant de répondre « Je suis pas d’humeur... Demain si tu veux. » Mais il avait oublié que la force de persuasion d’Harry était sans limites ; et déjà, le directeur menaçait de le renverser une seconde fois s’il ne grimpait pas immédiatement dans la voiture pour s’asseoir à la place... Du mort.
Stefan avait eu tout le trajet jusqu’au restaurant pour bouder à loisir, n’ouvrant la bouche que lorsque c’était vraiment nécessaire - ou que sa vie en dépendait littéralement. Il bougonnait encore quand la serveuse aux yeux bridés vint prendre leur commande. Il ronchonnait toujours au moment où on posa son assiette devant lui alors qu’il se servait un immense verre d’eau pour essayer d’éviter toute déshydratation. Malgré tout, il ne parvenait pas à se détendre. Il déglutissait sans arrêt, et la cuisine asiatique n’allait sûrement pas lui porter main forte tandis que son estomac se nouait dangereusement. « Harry, je bouffe pas ça. Tu te rends compte que c’est cru ? Ce truc est cru ?! ». Il poussa son sushi du bout de sa baguette avec dégoût, inspectant la tranche de poisson qui le répugnait au plus au point. À moins que ce ne soit autre chose qui provoque ces nausées ? Il soupira, fatigué, agacé de ne pas savoir dire non. Surtout au Dr. Stone.
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Sujet: Re: Oh Harry, you make me say... [Dr. Stone] Dim 24 Mar - 1:15
Il y a des choses qu'il ne faut tout simplement pas faire subir à un narcissique. Et la première, c'est de le forcer à faire ce qu'il ne veut pas faire. Entre nous, je n'étais pas du matin. Ni même du midi, j'étais plutôt de ce genre de personne qui émergent vers quatorze heures avec de l'énergie à revendre et prêt à manger un lion. Enfin, c'est une métaphore, je me vois mal manger un lion, ce serait complètement débile. Quoi qu'il en soit, la royale personne que j'étais avait fait l'immense effort de se lever à huit heures du matin, au son du radio réveil que Kit Kat m'avait offert pour Noël dernier. L'immonde chose a une forme de canard et fait coin coin au réveil, un truc stupide vraiment, je ne sais même pas pourquoi je l'ai gardé. Ah si, je considère le fait de m'entendre bien avec une de mes ex-femmes comme un accomplissement, surtout que Kit Kat... Je veux Kate, ne m'en veut pas du tout et elle se fiche totalement que j'apprenne à connaître nos enfants ou pas. Ce qui lui vaut un plus. (Ça et aussi sa magnifique poitrine qui lui vaut tous les plus du monde). Mon rituel du matin était plutôt simple : douche jusqu'à ce qu'il n'y ait plus d'eau chaude, brossage de dents en écoutant les informations du matin, rasage en envoyant quelques sms (je déteste parler aux gens téléphone... non... trop 2005 à mon goût). Et ce matin là, j'étais encore en train d'envoyer des messages alors que je m'habillais. Pour le boulot, j'avais un code très strict, costume et toujours costume. Les jeans et autre t-shirt à message que j'affectionne tant, ce n'était pas pour l'hôpital, non c'était pour la maison, les sorties, les quelques fois où j'allais promener mon chien... Okay, pas mon chien, un chien qui m'a suivi depuis l'hôpital et que j'ai gardé chez moi pendant une semaine avant d'en avoir franchement marre. (Il faut le sortir le nourrir... Juste non. Débrouille toi tout seul ô cher Fido, je renonce à cette relation dès maintenant.)
J'optai donc pour un costume bleu foncé avec une chemise blanche et... sans cravate s'il vous plaît. Juste au moment où je refermais les boutons de ma chemise, un autre message de Jane qui disait déjà m'attendre devant l'entrée de l'immeuble avec un café. Jane, mon assistante personnelle, était une perle rare. C'est une femme de quarante ans qui a eu six enfants donc vous voyez... Pour elle s'occuper d'un Harry Stone à plein temps, ce n'est rien du tout. Elle se contente de dire non à mes caprices les plus fous, comme investir dans du plutonium et de le revendre à bas prix au marché noir. (Il faut vraiment que j'arrête de regarder des James Bond après deux heures du matin, ça ne me réussit vraiment pas.) Je répondis à son message assez rapidement avant de quitter mon appartement, beaucoup trop tôt à mon goût. Le dicton qui dit que la journée appartient à ceux qui se lèvent tôt est une belle connerie si vous voulez mon avis. Surtout quand c'était une journée pleine de rendez vous tous plus ennuyeux les uns que les autres qui m'attendait. Je ne pensais franchement pas qu'avoir un hôpital demanderait autant de travail, non, sérieusement, je m'attendais à signer un truc de temps en temps et passer à autre chose. Visiblement pas.... Je suis peut être un génie mais me demander de me concentrer sur des trucs barbant … Non. Juste non. Je dus faire face à trois réunions différentes, tout le monde ayant les yeux rivés sur moi et attendant mes directives. Pendant la réunion avec les syndicats hospitaliers, j'entrepris de constituer une montagne de trombones. Montagne que Jane détruit en faisant accidentellement tomber son stylo dessus et je lui avais jeté un regard noir et avais rencontré son sourire. Jane est démoniaque, c'est sûrement pour ça qu'on s'entend aussi bien. Pendant la réunion avec les différentes entreprises médicales qui tentaient encore et toujours de me vendre leur équipement hors de prix et aux performances douteuses, je ne pris même pas la peine d'écouter, mettant désormais lancer dans des croquis plutôt détaillés de mon prochain projet. Après la main robotisée, j'aimerais lancer une nouvelle série de jambes artificielles les victimes d'accidents. Mais pas une jambe métallique, non, quelque chose qui ressemblerait à une jambe humaine et qui permettrait au patient de toujours ressentir des sensations. Je sais, je sais, je vise un peu haut mais bon... You gottta dream big to get big right ?
Pendant la dernière réunion, je n'y tins plus et interrompis un des actionnaires d'un groupe pharmaceutique toutes les deux phrases en ne cessant de lui poser des questions sur la molécule qu'il essayait de me vendre. Quand est-ce que ces crétins vont comprendre qu'on ne peut pas essayer d'arnaquer le type qui a deux doctorats et possède un Q.I beaucoup plus élevé qu'eux ? Au final, j'avais fini par tous les mettre à la porte, Jane y compris en disant que j'en avais assez pour aujourd'hui. Ce qui était tout à fait vrai, marre des crétins qui portaient des costumes qui avaient la même valeur qu'une de mes montres. En plus j'avais faim. Sur cette pensée j'attrapai mes lunettes de soleil et mes clés de voiture en direction du parking. J'adore ma mercedes. Que les choses soient claires, si je vois une seul rayure sur cette voiture, je ferai regretter le jour de sa venue au monde à celui qui pu faire ça. Et oui, je suis parfaitement conscient que le rouge fait tape à l'oeil. But come on... Look at the car. Je grimpai dedans sans prendre la peine d'ouvrir la portière et je démarrai en trompe. Et qui entre dans mon champ de vision ? Stefan, ce précieux Stefan. J'aime Stefan et surtout l'air d'adoration qu'il a dans les yeux quand il me regarde, ne cherchant même à cacher le fait qu'il veuille me mettre dans son lit. Je n'ai rien contre les hommes qui aiment les autres hommes. Non c'est juste que... I can't give up boobs. I can't. J'appuyai sur l'accélérateur, fonçant en direction de Stefan. Je m'arrêtai à quelques centimètres de lui, avec la phrase accrocheuse. Il ne semblait pas vraiment d'humeur joueuse ce qui était dommage. Mais je n'étais pas du genre laisser tomber aussi facilement. « Non Stefan... Est-ce que ça a l'air d'être une question ? Tu montes et c'est tout... » lançai-je en le regardant par dessus mes lunettes.« Grimpe sinon je peux t'assurer que je te roule dessus et non tu ne te feras pas soigner dans mon hôpital. » Je ponctuai ma phrase en ouvrant la porte du côté passager. « Get in you gay lord you... »
Mon sourire s'agrandit alors qu'il trainait sa carcasse dans le siège adjacent au mien. Je n'attendis même pas qu'il soit correctement installé avant de démarrer la voiture. Je le conduisais dans mon restaurant préféré et il devait s'estimer être heureux. Mon dieu qu'il était silencieux. Tant pis. Je fis donc la conversation pour nous deux, lui parlant de mon affreuse journée et de cette vilaine Jane qui avait ruiné ma montagne de trombones, tout en grillant tout les feux rouges. Nous arrivâmes à destination rapidement et l'hôtesse me reconnut immédiatement. Après tout, je venais ici quatre à cinq fois par semaine, mais qu'est-ce que j'y peux... J'adore les sushi. Je fis une démonstration de mon japonais parfait mais Stefan paraissait ailleurs. Non. Back to me please. On nous conduisit à une table à l'écart et je commandai pour nous deux, un plateau spécial qui coûtait probablement la moitié du salaire de Stefan. Stefan qui sembla se réveiller face à la nourriture devant lui. Je ne pus m'empêcher d'éclater de rire face à l'air dégoûtée de mon employé. « Tu sais Stefan, je n'ai besoin de personne pour me citer les évidences. Je suis plutôt intelligent au cas où tu n'aurais pas remarqué. » Histoire de me venger, on ne critique pas ma nourriture préféré, j'attrapai habilement un des sushis avec mes baguettes et je le lançai sur le visage de Stefan. J'eus un autre rire avant de manger copieusement, retenant les sons qui menaçaient de quitter mes lèvres.« Le prochain va finir ailleurs si tu n'ouvres pas la bouche tout de suite et que tu manges. »fis-je remarquer entre deux bouchées. Je bus une gorgée d'eau avant d'enlever mes lunettes de soleil, continuant à manger. « En plus c'est quoi ton problème ? D'habitude tu es dû genre souriant et oh Harry tu es si magnifique et si fascinant. Tu n'as pas trouvé de mec à ramener chez toi hier soir et donc tu passes ta frustration sur moi c'est ça ? Je te rappelle qu'on a un deal toi et moi. Hors de question de penser à moi quand tu es tout seul sous la douche... compris ? Quoi que... Je t'en voudrais pas, je veux dire je le fais bien alors ... » dis-je avec un autre clin d'oeil.
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Sujet: Re: Oh Harry, you make me say... [Dr. Stone] Mer 27 Mar - 2:36
Il fallait bien l’admettre, Harry avait tendance à obtenir n’importe quoi de Stefan. Ce n’était pas simplement parce que c’était son supérieur hiérarchique. Non, en règle générale, le jeune McFire ne s’arrêtait pas à ce genre de détail. Le Docteur Stone pouvait diriger tous les hôpitaux des États-Unis d’Amérique, il ne serait pas plus effrayant ou charismatique qu’un autre. Malgré son intelligence et son statut social, il n’en restait pas moins humain. À moins que ?... Bref, ce que Stefan appréciait surtout chez lui, c’était sa façon presque innée de toujours le prendre par les sentiments. Même lorsqu’il était de mauvaise humeur, un surnom affectueux et encenseur bien placé et le blondinet ne pouvait tout simplement pas lui résister. Qui, à part Harry Stone, pouvait l’appeler «Gay Lord» avec autant de classe ? Il n’y avait que dans sa bouche que cela résonnait agréablement. Et quand bien même cette appellation serait moqueuse, Stefan n’en avait que faire. Au moins, il avait de l’importance dans le regard de celui qu’il appréciait - pour ne pas dire qu’il l’admirait, il n’oserait jamais réellement l’admettre. Lui, qui n’avait jamais eu droit au peu de considération et de tendresse dont un enfant nécessitait pour s’épanouir se jetait littéralement sur tous ceux qui voudraient bien lui prêter un peu d’importance. Alors même quand Harry menaçait de le renverser et qu’il savait qu’il regretterait de le suivre, il s'exécutait ; simplement parce qu’avec le Docteur Stone, Stefan se sentait utile et nécessaire. Et ça le rassurait. Ça n’était peut-être qu’un leurre, mais après tout, quand on se drogue, on se nourrit d’illusions...
En écoutant Harry évoquer sa journée éreintante, le trentenaire aurait voulu le stopper dans son laïus pour lui parler de ses propres problèmes. Il aurait souhaité avoir la force de l’arrêter pour lui avouer qu’il ne pouvait plus se concentrer, qu’il ne dormait plus, que ses journées étaient affreusement longues, qu’il n’avait plus d’appétit, et qu’il songeait même à s’acheter un anti-cernes dernier cri pour essayer de camoufler les deux énormes poches qui commençaient à apparaitre sous ses yeux. Stefan se fichait complètement des rendez-vous, des affaires et des conférences où son acolyte n’avait de cesse de rabâcher qu’il était plus intelligent que tout le monde. Si seulement il avait assez de courage pour lui faire part de toutes ces choses qui l’habitaient... Mais il se contentait de se taire et d’écouter, comme toujours. Simplement parce que c’était ce qu’il y avait de mieux à faire, parce qu’il avait réussi à se convaincre qu’il n’était bon qu’à ça. Une oreille attentive, une épaule toujours présente en cas de besoin. Et puis aussi et surtout parce qu’il était hors de question d’évoquer ses problèmes d’addiction avec Harry. Jamais. Il se l’était promis. Alors il continuait de bouder, encore et toujours, se disant qu’il avait au moins de la chance de partager ces quelques instants privilégiés avec son patron. Au final, il ne lui en voulait pas tant que ça. Néanmoins, il ne promettait pas d’être aussi indulgent le jour où Harry irait partager une plâtrée impressionnante de sushis avec un autre homme que lui...
Malgré tout, les minutes défilaient à une vitesse impressionnante et Stefan avait de plus en plus de mal à garder son masque en place. Surtout quand la serveuse se mit à rougir soudainement ; le cadre était pratiquement sûr que son boss avait tenté un trait d’humour dans la langue maternelle de la jeune fille, pour ne pas dire qu’il la draguait ouvertement... Il se forçat à baisser les yeux, se concentrant sur autre chose pour ne pas se trahir. Il ne voulait pas que les choses soient si faciles, que l’homme assis en face de lui ait le pouvoir de lui rendre son sourire en un claquement de doigt. Il n’était pas un jouet, et il ne possédait aucun interrupteur sur lequel on pouvait appuyer pour qu’il cesse immédiatement de se lamenter sur sa triste et misérable existence. Et de réaliser qu’il était aussi compliqué de lutter face au naturel d’Harry le rendait fou au point qu’il s’enfermait davantage dans son silence, essayant par la même occasion de prouver qu’il pouvait avoir le dessus de temps à autre. Le sushi qu’il reçut en pleine face l’obligea à avoir un mouvement de recul, son regard plein de reproches croisant celui du Docteur Stone. Il serrait les dents. Il n’avait pas envie de jouer, ni de rigoler, ni de manger cette chose immonde qui provenait certainement d’un océan encore plus pollué que sa poudre... Harry continuait de s'empiffrer comme si de rien n’était, et même s’il avait réussi à retrouver l’appétit, Stefan ne l’aurait pas imité. Par principe. Parce qu’il voulait bouder en paix, pour l’amour du ciel !
Stefan bousculait les monticules de riz avec le bout de ses baguettes, le coude posé sur la table, la joue écrasée contre son poing. « Le prochain va finir ailleurs si tu n'ouvres pas la bouche tout de suite et que tu manges. » Le cadre ne bougea pas mais son expression le trahit sûrement... Il haussa un sourcil, intéressé, tandis que le coin de sa lèvre s’étira en un sourire amusé. Ses yeux vagabondèrent vers le plafond, comme s’il essayait de s’imaginer une telle scène, avant de s’arrêter sur le visage d’Harry, conscient qu’il venait de se faire prendre au piège. Et comme s’il n’avait jamais réagi, le trentenaire arbora à nouveau une mine grave et imperturbable, jusqu’à ce que le Docteur Stone décide de le faire flancher une fois de plus. Il faisait semblant de l’écouter d’une oreille distraite alors qu’il buvait ses paroles, comme à chaque fois qu’Harry osait ouvrir la bouche. Dieu, ce que c’était ennuyeux de ne plus pouvoir être maître de ses pensées, surtout quand des images aussi agréables de son patron défilaient dans son esprit... Il n’avait pas eu besoin de grand chose : simplement l’idée que son interlocuteur puisse s’autoriser quelques plaisirs en solitaire sous la douche. Stefan se redressa lentement, plus intrigué par cette conversation que par celle qu’ils avaient eu pendant la traversée de la ville. Il laissa néanmoins les secondes s’écouler dangereusement avant de répondre, histoire de ne pas paraitre trop enthousiaste. « Harry, tu sais aussi bien que moi que les promesses sont faites pour être brisées... » Il afficha un sourire malin, joueur, pour ne pas dire qu’il était concupiscent.
D’humeur plus enjouée, il se laissa tenter par la nourriture généreusement offerte. Après tout, il ne pouvait pas se permettre de refuser un repas, lui qui gaspillait tout son argent dans quelques sachets qui lui coutaient les yeux de la tête et qui n’avait rien dans son frigo à part des yaourts périmés et de la confiture moisie. Il récupéra ses baguettes, les approchant d’un sushi qui paraissait plus comestible que les autres. Mais son estomac n’avait pas l’air tenté ni confiant, et Stefan ne savait pas s’il devait se risque à avaler ce qu’on lui proposait. Si seulement il pouvait réussir à se saisir d’une de ces bouchées. S’il pouvait arrêter de trembler l’espace d’une seconde pour parvenir à maitriser les couverts asiatiques qu’on lui avait imposé... Il préféra renoncer, reposant le tout à côté de lui, glissant ses mains sous la table pour les frotter contre ses cuisses pour se détendre. Rien n’y faisait. Il contemplait Harry qui continuait de manger, imperturbable, avant de se décider à se lever, sans un mot, pour rejoindre les toilettes. Une fois enfermé à triple tour dans la première cabine venue, il se hâta pour essayer de dénicher le sachet de secours qui trainait toujours dans la poche intérieure de sa veste, l’ouvrant de manière maladroite, l’excitation l’empêchant d’être précis, avant de répandre son contenu sur le dos de sa main. Il renifla le tout à s’en exploser les narines.
Lorsqu’il revint sur ses pas, Harry n’avait pas bougé, Stefan était déjà ailleurs. Il s’était attablé à la même petite table, mais le monde entier semblait différent. Les pupilles dilatées et le regard avide de redécouvrir cette pièce comme s’il n’y avait jamais mis les pieds, le cadre se sentait tellement mieux... Il pourrait maintenant être à la hauteur face aux pitreries de son supérieur, avoir assez de réparti malgré la fatigue et rester aimable et agréable et toutes circonstances. Il se sentait plus beau, plus intelligent, capable d’accomplir le meilleur et de bâtir la huitième merveille du monde de ses propres mains. Il était même certain qu’il pouvait aider Harry dans toutes ses recherches... « Tu sais Harry, j’aurais beau ramener un mec différent tout les soirs, j’en ai jamais croisé un seul qui t’arrive à la cheville. », dit-il avant de s’attaquer au peu d’aliments qu'il restait sur le plateau posé juste devant lui. Finalement, il s'avouait vaincu face au grand Harry Stone...
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Sujet: Re: Oh Harry, you make me say... [Dr. Stone] Dim 31 Mar - 14:27
Je m'engageai sur une pente glissante et j'en étais parfaitement conscient. Est-ce que j'avais envie de connaître tous les détails de la vie sentimentale de l'homme qui se trouvait en face de moi ? Oh que non... Même moi j'avais mes limites. Okay, très floues et pas très bien définies mais je suis curieux de nature donc, on m'excusera. Stefan était homosexuel, c'était un fait, je l'avais accepté depuis bien longtemps et à vrai dire je m'en foutais carrément. Il préférait tremper son biscuit dans du café plutôt que dans du chocolat au lait comme la plupart des hommes ? Soit, très bien pour lui. Je ne suis pas en position de juger qui que ce soit. (Affreuse la métaphore du biscuit soit dit en passant, note à moi-même, ne plus jamais l'utiliser.) C'est juste que le concept de deux hommes ensembles ne m'attire pas du tout et je n'ai pas vraiment envie de savoir ce que font les dits hommes dans une chambre. Enfin, je pense que j'ai quand même saisi les grandes lignes, il y en a un qui doit faire le tunnel et l'autre le train, mais ça s'arrête là. La saucisse ce n'est définitivement pas fait pour moi. Je m'égare je sais mais une partie de moi espérait sincèrement que Stefan remarquait que je faisais des efforts, que je lui demandais à ma manière comment est-ce qu'il allait. Et surtout pourquoi est-ce qu'il n'avait pas ce petit air d'adoration sur le visage comme à chaque fois qu'il était en ma présence, me rappelant qu'il n'était qu'un simple mortel et que j'étais son dieu. Sérieusement, je n'exagère pas, il y a vraiment des moments où il me regarde comme ça et je ne crois pas qu'il se rend compte des signaux qu'il envoie. Stefan aurait été une femme, une Stephany en somme, il y a bien longtemps que je l'aurais entraînée dans une des nombreuses chambres vides de mon hôpital, pour la plaquer contre un mur et lui faire comprendre que c'était mal de regarder les gens ainsi. You look at me like you actually want to be fucked, lui dirais-je un jour et peut être qu'il arrêterait. En fait, je me rendais compte que je n'aimais pas du tout ce Stefan là. All moody and grumpy, that's no Stefy of mine.
J'étais plus que déterminé à faire changer l'espèce de grimace qu'il affichait en ce moment même et la transformer en sourire. « Tu aimes juste que je parle de toi sous la douche hmm ? Où tu préfères que je parle de moi sous la douche ? Dans tes rêves blondinet, tu vas devoir te servir de ta propre imagination ce soir. » répliquai-je avant de lui tirer la langue et d'avaler un autre sushi. Mon dieu, où est-ce que je mettais tout ça, pas de doute que j'allais devoir me remettre sérieusement au sport dès que possile. Oui, je suis un génie qui fait du sport de temps à autre. Enfin, c'est plutôt difficile avec mon emploi du temps, donc en général je cours dans les couloirs de l'hôpital en jogging alors que Jane tente de me suivre pour me faire signer diverses papiers. Il faudrait vraiment que j'investisse dans un tapis de course et que je le mette dans mon bureau, et sûrement un autre pour mon chez moi, la dernière chose que je veux c'est grossir. Car oui, je suis narcissique et vaniteux pour une bonne raison, seulement parce que la nature m'a plutôt bien gâté niveau physique. No, really, I'm a hot son of a bitch... Tellement perdu dans mes pensées, je remarquai le départ de Stefan avec une seconde de retard, levant les bras au ciel avant d'appeler la serveuse et de recommander exactement la même chose. Je commencerai mon régime demain, peut être que je pourrai même tenter de mettre au point ma propre méthode de régime, faire un livre et devenir riche... Zut non, ça quelqu'un l'a déjà fait. Merci d'ailleurs d'avoir fait complexer toutes les femmes de la planète avec leur rondeurs, non mais franchement, quitte à choisir entre un 36 et un 44 pour moi le choix est très vite fait. Le modèle mannequin ce n'est pas fait pour moi, j'aime les vraies femmes. Je repoussai mes pensées plus qu'inappropriées dans un coin de ma tête alors que la serveuse arrivait avec ma commande, ayant visiblement déjà anticipé mon appétit d’orge. Mon dieu je viens trop souvent dans ce restaurant. Je crois que si je ne trouve pas de cadeau à me faire à Noël prochain je vais leur faire un chèque de cent mille dollars et tout simplement acheter l'établissement. Hello good idea of the day.
Je me retins d'applaudir mon propre génie, juste au moment où Stefan refit son apparition. Et il y a quelque chose de changé chez lui, il avait le regard un peu trop vif, les pupilles dilatées et... attendez, il y a cinq minutes de cela, ses mains tremblaient et il n'arrivait pas à saisir ses baguettes et après un rapide tour aux toilettes, hop, tout va bien ? Stefan McFire est un abruti complet et si je n'étais pas certain qu'il aimerait ça, je lui filerai une fessée. Il faut vraiment être un crétin pour ne pas comprendre ce qu'il vient de faire dans une cabine, probablement à l'affut du moindre bruit, pour être certain de ne pas se faire prendre. Je ne suis pas médecin mais je vois Stefan suffisamment de fois pour reconnaître les signes d'une addiction. Je n'ai jamais dit quoi que ce soit car je ne l'ai jamais vu prendre quoi que ce soit devant moi et encore heureux sinon j'aurais vu rouge. Il en prenait aussi au boulot, c'était évident mais qu'est-ce que je devais faire ? Putain, merde... Il est libre de faire ce qu'il veut, je suis son patron, pas sa mère, mais d'un autre côté je suis intrigué parce que je déteste ne pas savoir. Et je ne sais pas pourquoi il fait ça. Je ne sais pas pourquoi il a choisi de devenir un addict ou comment est-ce qu'il l'est devenu. Est-ce que c'était pour oublier un événement tragique ? Pour se consoler d'avoir perdu quelqu'un ? Avait-il été battu dans son enfance ou avait-il succombé aux vices en étant plus jeune, quand l'âge était à l'expérimentation. Je ne savais pas et si j'avais été à la place de Stefan j'aurais voulu qu'on me laisse tranquille et... Non. Je ne suis pas Stefan, je n'aurais jamais fait ce genre de conneries, moi quand je déprime, et dieu que ça m'arrive souvent, je me contente de vodka ou de whisky mais pas ça. Pendant un moment, je restai figé sans rien dire, l'observant manger. Et puis zut, si je le surprends dans l'hôpital, là ça deviendra mon problème.
Je finis mon verre d'eau d'un trait, plus pour expliquer mon silence qu'autre chose avant de répondre à sa remarque. « And that my dear is because I am the master of awesome. » Il y avait la moitié d'un sourire sur mon visage et à cette simple remarque, je redevenais moi-même, arrêtant de me faire des films impliquant Stefan, une seringue et un type dont je ne pouvais pas voir le visage, qui l'aurait encouragé. « Et étrangement, j'ai beaucoup de mal à t'imaginer draguer quelqu'un. Non parce que sur moi tes techniques n'ont pas marché... Attend vénérer le sol sous mes pieds c'est juste une technique ou bien c'est simplement parce que j'ai chamboulé ton petit monde et tout ce qui se passe dans ton pantalon ? » Je me moquai allègrement de lui mais c'était ma manière à moi de lui faire payer en quelque sorte, à cause de lui je commençais à m'inquiéter d'un autre sort que le mien ou celui de mes enfants. Chose que je ne faisais que rarement, et encore, pour mes enfants, c'était plus que modéré. Ayant décidé de le pousser dans ses derniers retranchements, je fis bouger rapidement ma chaise, me retrouvant juste à côté de lui, approchant mon visage tout près du sien, à une distance qui aurait probablement dû être illégale. « Let's just try an experiment, okay?» Je me léchai la lèvre inférieure, certain d'avoir son attention. «Let's say we're on date. We don't know each other at all, we met at a random bar a few days ago and you somehow managed to get my number and dragged me to this restaurant... Now you have two minutes to convince me to follow you into the bathroom where you will rock my world in every sense of the term. »
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Sujet: Re: Oh Harry, you make me say... [Dr. Stone] Lun 1 Avr - 1:41
Stefan n’avait jamais parlé de son passé à qui que ce soit. Il ne voyait pas vraiment l’intérêt de confier toutes les choses qui avaient marqué son enfance. Après tout, cela ne regardait que lui et le reste du clan McFire. Il n’avait pas envie qu’on s'apitoie sur son sort ou qu’on s’intéresse de trop près à son histoire. Il refusait d’entendre qu’il était un pauvre garçon qui ne méritait pas d’avoir vécu des choses aussi difficiles, ou encore que ce n’était pas de sa faute si toute la misère du monde s’était abattue soudainement sur de si jeunes épaules. Au contraire, pour lui, c’était évident : il avait mérité tout ça. Le trentenaire n’aurait pas su l’expliquer mais au fond de lui, il savait depuis toujours qu’il était destiné à vivre dans le chaos le plus total. Certains naissent avec des prédispositions et peuvent se permettre d’obtenir plusieurs doctorats sans trop de difficultés, d’autres viennent au monde dans le seul but de subir la colère des autres. Il faut toujours une victime, et Stefan était la proie parfaite. Il n’avait jamais rien été de plus. Et puis après tout, on ne peut pas s’appeler McFire et prétendre appartenir à autre chose qu’aux flammes dévastatrices de l’enfer... Ainsi, le blond s’était fait à l’idée qu’il en était ainsi, qu’il ne pourrait jamais revenir en arrière et panser toutes ses blessures. Certes, les bleus avaient disparus depuis des années maintenant mais dans ses délires Stefan les voyait remonter à la surface, plus violacés que jamais, la douleur encore ancrée sous sa peau. C’était un peu comme s’il avait été marqué au fer rouge, les plaies et le souvenir des poings de Jack aussi indélébiles que de véritables cicatrices.
Bien entendu, personne n’avait jamais rien remarqué. Pas une seule fois. Il avait réussi à traverser l’adolescence sans qu’on remarque les bleus sur ses bras, se contraignant à porter des t-shirts à manches longues même au beau milieu de l’été. Sa mère ne rechignait jamais lorsqu’il demandait à ce qu’elle rédige un mot à l’attention de son professeur de sport pour le dispenser de cours de natation. Et lorsqu’il s’agissait d’expliquer un oeil au beurre noir un peu trop persistant, il se défendait auprès de ses camarades en inventant des histoires rocambolesques dont il était le héros capable de mettre une raclée au caïd de son quartier et s’en sortir avec de petites égratignures. Il détestait mentir ainsi, mais après tout, la honte l’empêchait d’être honnête. Même son meilleur ami de l’époque avait été aveugle, n’osant jamais posé de questions - de toute manière, Tom avait fini par disparaitre avec le temps, comme tous les autres, tous ceux qui avait vu Stefan sombrer... Les rares fois où il s’était retrouvé confronté aux interrogatoires poussés des infirmières en charge de son cas, il avait réussi à s’en dépêtrer sans trop de difficultés, gardant toujours la tête haute. Si son géniteur le considérait comme une victime, il ne s’autoriserait pas à l’être dans les yeux des autres ; comme si Jack McFire avait réussi à marquer son territoire, réduisant Stefan à l’état de pantin capable de protéger leur petit secret pour ne pas casser la violente routine dans laquelle ils s’étaient enfermés. Du moment qu’on le battait et qu’on ne s’acharnait pas sur les femmes de la famille, le monde tournait toujours rond et tout allait bien. Il avait beau être amoché au point de nécessiter une hospitalisation, il n’en démordait pas. Au moins, il était en sécurité, entouré des médecins et du personnel soignant ; il reprenait des forces avant la prochaine fois. C’était peut-être pour cette raison qu’il avait décidé de devenir infirmier, puis cadre de santé ; pour se sentir à l’aise, à l’abris dans sa bulle aseptisée, protégé du monde extérieur entre les murs blancs et purs du Good Samaritan Hospital. Et dans le regard de son supérieur, il voyait tout ceci, et il l’admirait davantage pour lui rappeler cet endroit qui lui était si cher. You’re my safe place, Harry.
Alors parce que le malheur dérange profondément les gens, parce qu’il n’existe aucune oreille assez attentive pour supporter le récit de Stefan jusqu’au bout, aucune épaule assez large et solide sur laquelle il pourrait pleurer à loisir, il avait préféré se réfugier dans la poudre. C’était aussi cher qu’une véritable amitié puisque ça le rendait malade, ça le tuait à petit feu, et la fée blanche était toujours là pour le bercer lorsque les nuits étaient trop longues, trop noires et étouffantes. Là où personne n’avait essayé de creuser, la drogue s’était enfouie pour combler le vide qui s’emparait de Stefan lorsqu’il réalisait que personne ne se souciait de son état. Elle l’avait toujours chéri, le gardant bien au chaud sous son aile, le soustrayant au reste de l’univers et imposant ses règles du jeu. Une fois de plus, il s’était laissé faire... Jack l’avait condamné, elle se chargerait de l’exécuter. Et il fallait bien se rendre à l’évidence, ça arrangeait tout le monde. Mais à cet instant précis, Stefan n’était pas préoccupé par son passé, trop accaparé par le présent et le drôle de personnage qui l’avait invité à dîner. Il était tellement absorbé par les attitudes et les propos de ce dernier qu’il n’avait même pas remarqué le nouvel arrivage de sushis sur leur table. À vrai dire, Harry était largement plus appétissant que toutes ces choses étranges qu’il essayait de lui faire goûter. Stefan riait, la bouche pleine et la tête remplie d’images toutes plus saugrenues les unes que les autres tandis que le Docteur Stone évoquait les failles dans les techniques de drague du pauvre junkie qu’il était. Le trentenaire n’eut pas le temps de répondre entre deux bouchées, Harry se permettant déjà de déplacer sa chaise pour venir se placer à ses côtés...
Les yeux rivés sur le visage de son patron, Stefan croyait rêver. Pourtant, la coke ne s’était jamais permise de déformer la réalité jusqu’à présent. Elle l’avait embellie, l’avait rendue plus lumineuse et supportable. Mais jamais, ô grand jamais ne s’était-elle autorisé de modifier le décor ou les dires des interlocuteurs de Stefan. Elle s’amusait simplement avec ses méninges, les réduisant en bouillie. Elle s’y prenait tellement bien que le cadre était à présent totalement hypnotisé par la langue d’Harry qui passait sur sa lèvre inférieure, agrémentant son discours de visions alléchantes. Il n’en fallait pas plus pour convaincre le jeune blond. Challenge accepted ! Et sans même laisser à Stefan le temps de la réflexion, la poudre tirait déjà sur les ficelles invisibles qui faisaient mouvoir ses bras. La main du pantin vint se poser délicatement sur la cuisse de l’objet de ses fantasmes, leurs regards plongés l’un dans l’autre. Le cadre sourit de plus belle, ravi d’avoir enfin l’opportunité de faire ses preuves alors que ses doigts remontaient doucement sur le pantalon d’Harry. « You know I’ll do anything must girls won’t... I can bend over. I can kneel down. » Il se pencha vers son supérieur, son menton posé sur l’épaule de ce dernier pour venir lui susurrer la seule réplique qu’il avait encore en réserve pour essayer de l’achever. « I swallow. » Mais alors que les deux hommes se retrouvaient de nouveau face à face, le trentenaire se détachant définitivement du Docteur Stone, il remarqua l’expression consternée sur le visage de celui-ci. Et Stefan savait que cela n’avait rien à voir avec la teneur de ses propos.
Le cadre ne s’était pas rendu compte qu’il reniflait sans cesse et que ses yeux étaient vides, bien qu’habités par une force extérieure, cette noirceur qui commençait à le happer tout entier. Il n’avait pas réalisé non plus qu’il s’adressait à Harry, et pas à n’importe quel mec qui n’en voulait qu’aux centimètres qui trainaient dans son pantalon plutôt qu’au diamètre de sa boîte crânienne. Pire encore, il n’avait pas senti la goutte épaisse qui partait de sa narine et qui se précipitait vers sa lèvre supérieure. Stefan fronçât les sourcils, ne comprenant toujours pas pourquoi Harry était soudainement devenu si froid et hermétique. Pourtant, si c’était un jeu, il devrait plutôt en rire, pas vrai ? Mais les sens de Stefan se réveillèrent subitement ; cette odeur si particulière, et ce goût désagréable qui se précipitait dans sa bouche et dans sa gorge à une vitesse folle, telle une véritable inondation. Sa main quitta la jambe d’Harry pour venir se frotter à l’endroit exact où le fluide non encore identifié commençait à le chatouiller. Il tenta de tourner le dos à son boss, espérant qu’il ne remarquerait rien, comme si le mal n’était pas déjà fait. Les craintes de Stefan étaient alors confirmées : le sang filait entre ses doigts, maculant sa paume et ses phalanges pâles comme la neige. Comme la poudre. « Fuck. », lâcha-t-il, la mâchoire crispée et les lèvres rougies par sa bêtise.
Il resta ainsi quelques instants, à essayer de stopper le saignement avec la serviette qui trainait sur la table. D’expérience, il savait qu’il faudrait attendre un bon moment avant que tout s’arrête. Laissant des tâches impressionnantes sur le pauvre morceau de tissu, il fouillait ses poches à la recherche d’un paquet de mouchoirs qui pourrait peut-être le sauver. Mais rien. Les papilles imprégnées de ce goût si particulier, Stefan ne pouvait s’empêcher de repenser à tous ces instants où son père le frappait jusqu’à ce qu’il ne puisse plus respirer autre chose que son propre sang. Et à chaque fois, la même sensation de honte qui s’emparait de lui quand tout était terminé... Il fallait maintenant faire diversion, qu’Harry porte son attention sur autre chose, faire comme si tout était normal pour s’éviter tout un tas de questions qu’il n’était pas prêt à entendre - surtout pas de la part de Harry Stone. You’re not supposed to see me like this. You’re supposed to think I’m worth it. You’re my fucking safe place, Harry Stone. « Tu vois Harry, quand tu me parles comme ça, mon sang quitte mon cerveau à une vitesse impressionnante... ». Son petit air joueur ne le quittait pas tandis qu’il continuait de se répandre sur sa serviette. Avec un peu de chance, Harry ferait semblant de ne pas comprendre et il le laisserait en paix. De toute manière, il savait d'expérience que le malheur dérange profondément les gens au point qu'ils préfèrent ne rien voir... Ferme les yeux Harry, just this once.
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Sujet: Re: Oh Harry, you make me say... [Dr. Stone] Sam 6 Avr - 20:45
Cela aurait dû être une soirée normale. Et par là j'entendais que je devais m'amuser un peu avec Stefan, probablement l'emmener manger une glace dans cet endroit que j'avais découvert la semaine dernière alors que j'étais à la recherche d'un endroit où acheter des menottes de bonne qualité (pas besoin de savoir pourquoi... croyez moi.) et rentrer chez moi pour récupérer après cette très très longue journée. J'étais même prêt à rentrer chez moi tout seul et ne pas tenter de draguer la serveuse qui travaillait au café à quelques rues de mon immeuble et la ramener chez moi. Elle s'appelle Madison, elle vient du Texas comme moi et j'ai tout de suite reconnu son accent, pas facile de se débarrasser de son accent, moi j'ai eu de la chance car je n'ai passé que dix années de ma vie au Texas mais... Bref, Madison, blonde à souhait, un jolie sourire, bonnet D. J'étais prêt à abandonner tout ceci et j'avais même déjà laissé tomber tout ça pour un dîner avec Stefan. Non pas que ce soit un rendez vous, non, Stefan aimerait un peu trop ça, mais pour moi qui n'avait pas beaucoup d'amis eh bien... Cela représentait beaucoup. Non pas que ça me dérange, il y a des gens qui sont sociables et qui ont besoin d'avoir une trentaine d'amis pour se sentir important, moi je sais déjà que je suis important et la plupart des gens me prennent pour un connard. Pourquoi ? Je ne sais pas, ça doit énerver que je dise haut et fort ce que je veux, ce que je pense des gens et que je n'hésite absolument pas. C'est vrai, la semaine dernière quand je suis parti faire le plein de ma voiture, j'ai croisé une charmante femme, Claire, dans l'allée dans face qui en faisait de même. Un sourire et hop, on était en train de le faire à l'arrière de sa voiture. Okay, peut être pas un très bon exemple, ce n'était pas uniquement le sexe, je veux dire, la seule raison pour laquelle je n'ai pas de Rolex à mon poignet, c'est tout simplement parce que je n'aime pas cette marque de montre. Le reste quand je le veux, je fais tout pour l'obtenir.
D'après mon psychiatre, cela vient du fait que plus jeune, ce pauvre Harry Stone n'a pas eu des parents qui se sont souciés de la seule chose qui était importante pour lui et c'était l'éducation... J'adore ma psychiatre mais dès fois elle sort de ces inepties. Pourquoi continuer à la voir ? Pourquoi être allé la voir en premier lieu ? Je n'ai pas tellement eu le choix pour être honnête. Il y a quatre ans de cela, je suis monté dans ma voiture et j'ai foncé droit dans un mur. La police n'a trouvé aucun signe qui indiquait que j'ai essayé de freiner ou d'éviter le mur, j'ai voulu rentrer dedans, j'ai voulu avoir le dernier mot. Entre nous, je ne passe pas tout mon temps à ressasser cet incident et tenter de comprendre ce qui se passe. Et puis c'est évident pas vrai ? Syndrome maniaco-dépressif. Pas besoin d'un psychiatre pour voir les signes ou même poser un diagnostic, je me souviens des quelques fois où je me suis introduit dans un cours de psychologie à l'université et mon intérêt a été piqué. J'y étais allé dans le but d'obtenir le nom d'une étudiante qui était toujours assise derrière moi dans la bibliothèque et je la soupçonnais de le faire exprès. Pour ceux qui ignorent ce que fait un maniaco-dépressif, en gros, c'est quelqu'un qui a la folie des grandeurs mais qui en paye le prix eh bien... En déprimant. Et ça, c'est moi. Que faire dans un tel cas ? Quand on sait parfaitement de quelle maladie on est atteint ? On m'a déjà proposé de prendre des médicaments mais j'ai refusé, je ne veux rien à l'intérieur de mon système qui va embrouiller l'unité centrale. J'aurais pu me morfondre et déprimer, essayer de rentrer dans un autre mur ou même tout simplement abandonner et passer à autre chose... Sauf qu'abandonner je ne le fais pas.
Et je suis en train de réaliser que je m'égare complètement parce que Stefan ait censé relever son défi. Un défi qui aurait pu marcher si j'étais du même bord que lui, je veux dire... Même moi je peux voir que ce connard est plutôt attirant dans son genre, si j'étais une femme je me serai facilement laisser séduire par les yeux bleus et les cheveux blond et tout le reste. Tout ça ce n'est qu'une façade, oui, le teint de Stefan est affreux, il a les yeux vides et il se fissure peu à peu comme un très beau tableau sur lequel on aurait jeté de l'eau. Il se fissure tellement qu'il saigne du nez et... Putain. En le voyant en train de saigner du nez, la réalité me frappa de plein fouet et je lève aussitôt de mon siège, énervé alors qu'il attrape une des serviettes pour stopper le sang. Il lança une remarque dans le but de me flatter mais honnêtement, cela eut l'effet inverse. J'aimerais être de ce genre de personnes qui ne remarque rien, mais ce n'est pas le cas, je sais ce que Stefan vient de faire, je sais pourquoi il a l'air coupable, juste... Je sais. Parce que je suis bon pour observer et que je sais comment interpréter juste, je sais... « Oh ta gueule Stefan, vraiment, ferme là s'il te plaît. » lançai-je en me rasseyant sur mon siège, à l'autre bout de la table, avec une furieuse envie de lui envoyer une fourchette en pleine figure. C'est exactement pour ça que je ne demande pas aux gens comment ils vont ou que je n'ai pas d'amis. Ce n'est pas que je ne m'en soucie, pas, c'est que si je commence à le faire, ça tourne à l'obsession et que leur problème finisse par devenir mes problèmes et c'est juste non... C'est juste insoutenable et il y a beaucoup trop de bruit dans ma tête et j'ai déjà des problèmes avec mes propres pensées et mes milliards d'idées alors. Non. Pas les problèmes de Stefan aussi. Je ne veux pas savoir pourquoi est-ce qu'il fait ça ou même ce qu'il en coûtera pour le faire arrêter ou même... Non. Je fermai les yeux un instant pour me masser les tempes, priant également pour arrêter de réfléchir. Mon dieu, les gens cons doivent avoir une vie tellement facile.
« Tu... putain il fallait que tu ruines ma journée pas vrai ? Il fallait que ça dérive sur toi, sur ça. Putain. Tu es un enfoiré voilà ce que tu es. » dis-je en ouvrant les yeux. Je lui en voulais autant que je m'en voulais de m'être impliqué dans son bordel, ma vie était suffisamment en désordre comme ça. Je jetai un regard au plateau de sushi que je poussai loin, mon appétit ayant disparu. You ruined sushi for me Stefan, thank you for nothing. « Tu me prends pour un imbécile à quel point, hmmm ? Tu crois que je ne vois pas ton petit jeu, tes mensonges, tes soudaines virées aux toilettes en plein milieu de la journée ? Soit tu as une vessie trop petite, soit tu me prend vraiment pour le dernier des abrutis. Ne crois pas que tu peux faire ça Stefan, que tu peux jouer avec moi et gagner jouer, épargne toi cet affront. » Je n'aimais pas le ton que j'avais pris ou la façon que j'avais de parler à Stefan là tout de suite, mais tant pis, c'était lui qui devait s'occuper d'un Harry Stone en colère pas moi. Je fis un clin d'oeil à la serveuse qui comprit que je lui demandai l'addition, dans le même temps je sortis mon porte-feuille de ma poche et tirai quelques billets de cent que je déposai négligemment sur la table. C'était ironique dans un sens, on aurait presque pu penser que je payai Stefan pour la soirée. Like a common whore. Cela me fit sourire l'espace d'un instant, avant que je relève le regard vers lui. « Maintenant, tu vas me faire le plaisir de me dire ce que tu t'es mis dans dans les narines et en quelle quantité, parce que je t'assure que si je dois deviner... Ce n'est même pas la peine de te pointer au boulot demain. »
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Sujet: Re: Oh Harry, you make me say... [Dr. Stone] Dim 7 Avr - 23:06
Je me souviens de la première fois où c’est arrivé. Comme si c’était hier. Même la dizaine d’années qui s’est écoulée depuis ce jour-là n’a pas suffit à me faire perdre la mémoire, à m’ôter ce précieux souvenir de l’union de nos deux êtres pour n’en former plus qu’un. C’était une belle nuit de l’année 1997. Je ne m’étais pas spécialement préparée pour me rendre à cette soirée. Je me contentais d’être là, de faire l’animation lorsqu’on me sollicitait. En dehors de cela, je restais dans mon coin, sagement, en espérant que quelqu’un veuille bien faire attention à moi. Je ne m’attendais pas à quoi que ce soit de la part de toute cette joyeuse bande. À vrai dire, je savais surtout ce dont ils étaient capable, ce qui revenait finalement au même. Mais comme à chaque fois, je voulais passer un bon moment, essayer de faire quelques rencontres qui me sortirait de ma routine habituelle, me socialiser et élargir mon réseau de connaissance. M’extirper de ma bulle en quelque sorte, et le faire avec des gens digne de confiance. Peu m’importait la musique et les éclats de rire, la boisson ou les danses rythmées, je cherchais juste un peu de compagnie. Et je ne m’attendais certainement pas à faire une rencontre de ce type. On ne croise ce genre de personne qu’une seule fois dans une vie et lorsque cela arrive, on s’y accroche désespérément pour qu’elle ne nous laisse plus. C’est étrange comme la vie paraissait terne et triste sans cet être-là, à se demander comment on a pu exister jusqu’à présent... Mais depuis cette soirée, nous ne nous sommes plus jamais quittés. Oh, bien sûr, les premiers temps, nous ne passions pas non plus toutes nos soirées ensemble. Les choses se sont faites petit à petit, nous avons appris à nous connaitre et nous faire confiance. Et je ne sais pas ce que je serais devenue sans lui, s’il n’avait pas été là pour me recueillir. Mon Stefan.
Je suis ta seule maîtresse et sans moi tu n’es rien. Tu le sais, tu l’as toujours su, depuis que tu as décidé que nous ne ferions plus qu’un. Je fais partie de toi au même titre que je n’existerais pas si tu n’étais pas présent. Parfois, j’essaie de quantifier l’amour que tu me portes, je m’efforce de me rendre compte à quel point tu m’aimes pour m'autoriser à te contrôler de la sorte. Je sais que tu ne laisserais personne d’autre prendre ma place, que tu n’accepterais pas que quiconque puisse avoir le dessus sur ton propre cerveau, te faisant parler et agir de manière complètement incontrôlée. Tu es mon pantin Stefan, mais à jamais je serais ta fée blanche. Je suis la pureté et sans moi tu n’es rien. Je suis celle qui te protège des autres, tous ces corps infâmes et vides de tout, capables de rien, que tu oses parfois appeler «ami». Tu n’en as pas Stefan, tu n’en as jamais eu. Même ton père ne te supportais pas ; quant à ta mère, c’est tout juste si elle n’aurait pas préféré que tu n’aies jamais existé. Il n’y a que moi pour t’aimer sur cette pauvre planète où tes parents t’ont abandonné, et lorsque tu seras seul, qu’ils t’auront tous oublié, je serais présente. Encore et toujours, pour l’éternité. Je ferais en sorte d’effacer tous tes problèmes et ta vie sera meilleure quand je serais à tes côtés. Ne fais pas cette tête, je sais que tu n’aimes pas quand ton corps lâche et que tu saignes du nez. Mais n’oublie pas que si je n’étais pas là, ta vie serais terne et fade, et tu n’aurais certainement pas accompli autant de choses. Jamais tu n’aurais réussi à devenir cadre et tu ne serais pas assis en face du Docteur Stone. Je suis ta seule force et sans moi tu n’es rien.
Bien sûr que tu m’en veux, je te connais assez pour savoir que tu aurais préféré que nous restions discrets cette fois-ci. Mais tu me manquais trop Stefan, j’avais besoin de toi pour exister, que tu me respires encore pour que je puisse enfin naître. Veux-tu bien te rendre compte ? Je suis une idée, une allégorie, une merveilleuse métaphore. Je n’existe pas, et pourtant je suis là, toujours présente. Je sais que je suis dure avec toi, je pourrais t’épargner les maux de tête et les nausées. J’aurais peut-être pu te laisser en paix, au moins ce soir. Mais j’avais vraiment envie de m’amuser, et toi seul peut me comprendre. Je suis tellement éphémère que tu ne m’en voudras pas, que tu oublieras mes faux pas et que tu me pardonneras. Tu l’as toujours fait Stefan, tu peux te permettre un écart supplémentaire ? Simplement pour me faire plaisir. Rappelle-toi de notre promesse : jusqu’à ce que la mort nous sépare. Il n’y aura que moi pour lire en toi comme dans un livre ouvert, je te le jure. Je ne laisserais personne te faire de mal. Alors laisse-moi m’occuper de tout ceci, laisse-moi tenir les rênes et je vais me charger de la situation. Je veux me rattraper, ne serait-ce que pour la tâche de sang qui traine sur la serviette blanche que tu as dans ta main. Tu es d’accord, Stefan ? Je t’aime, tu le sais. Je suis tout pour toi et je ne vivrais pas si tu n’étais pas là.
Parfait. Maintenant, il ne s’agit plus de faire semblant. Il sait. Harry sait pour nous deux. Et je ne veux pas te perdre Stefan, c’est beaucoup trop tôt. Nous avons tellement de choses à accomplir ensemble, je n’ai pas encore épuisé toutes mes cartouches. Il faudra être plus discret à l’avenir... Oui, je sais. Je sais que c’est de ma faute, je n’aurais pas du venir t'importuner. Combien de fois faudra-t-il que je t’explique que si je fais tout ceci, c’est uniquement par amour pour toi ? Bien. Relève la tête à présent, qu’il puisse voir ton visage heureux et apaisé, qu’il remarque tu n’es pas inquiété par toutes ses remarques absurdes et incohérentes. D’ailleurs, qui l’écoute encore ici ? Il n’est rien parce qu’il est creux, il pense par lui-même. Alors que je suis là, moi, ta gardienne, ta fée. Je t’inspire quand je respire. Regarde-le à présent. Sors-lui le grand jeu, avec ton petit sourire charmeur qui fait chavirer bon nombre de coeurs. Non, nous n’essayons pas de le draguer ou de l’amadouer. Il est bien trop intelligent pour ça ; c’est un adversaire redoutable tu sais. Tu aurais tout de même pu trouver quelqu’un d’un peu plus naïf, Stefan. Quelqu’un de ta trempe, de ton espèce... Laisse-moi répondre à ses questions. « Le grand Harry Stone ne sera sûrement pas contre une petite devinette ? » Renifle encore Stefan. Sait-on jamais, que l’un de mes flocons n’ait pas encore réussi à nous rejoindre jusqu’ici. Essuie-toi encore le nez, tu en as partout. C’est sale, tu sais. Tout ce sang, ça me répugne. Ça ne va pas du tout avec ma robe blanche. Garde ton air supérieur, tu es le plus beau et le plus grand. Je n’ai jamais rencontré un être aussi parfait que toi, mon Stefan. Je t’embellis, c’est évident.
« Qu’est-ce qui est blanc, poudreux, et qu’on met dans ses narines ? » Oui, fais courir ton doigt sur le bord de ton verre. J’aime cette image ! Ah si je pouvais te voir depuis les yeux d’un autre, je suis certaine que j’en rirais davantage ! J’avais oublié à quel point tu avais gagné en assurance depuis toutes ces années. Parfois, tu es encore ce petit lycéen alors que tu as tellement grandit... Je t’ai tellement appris, j’en serais presque émue. Mais ce n’est pas le moment, ne nous laissons pas submergé par les émotions. Tu es trop occupé à essayer de clouer le bec de cet abruti. Je sais que tu l’aimes beaucoup, que tu l’admires plus que de raison, mais tu n’as pas besoin de lui. Je suis la seule qui te sois véritablement nécessaire, je n’ose même pas songer à ce que tu pourrais devenir si je décidais de te laisser tomber. Rassure-toi, ça n’arrivera jamais. Je te hanterai jusqu’à la fin. Croix de bois, croix de fer, si je mens, je t’emmène en enfer. Parole de fée ! « Réponse. » Prends ton temps, exactement. Joue avec lui, fais le enrager, qu’il réalise à quel point tu es puissant. Tu es un roi Stefan, King McFire The First. Et qui d’autre pourrait t’aider à régner mieux que moi ? « La cocaïne. » J’aime quand tu m’appelles, quand tu me parles, quand tu évoques mon merveilleux prénom avec autant de douceur dans ta voix. J’aime quand tes yeux scintillent à la simple évocation du lien qui nous uni. Ah, si je pouvais seulement te toucher mon Stefan, si je pouvais apparaitre devant toi et t’embrasser pour te voler ton dernier souffle et faire en sorte que tu t’envoles avec moi. Ta fée. Tu ne me partageras avec personne d’autre. Je suis ta délivrance, et sans moi tu n’es rien. Et tu me le rends tellement bien, Stefan. Je suis fière de toi.
« Si tu veux me faire des leçons de moral, surtout fais toi plaisir. Je ne suis franchement plus à ça prêt. » Tu as raison Stefan, nous n’avons pas besoin de savoir ce qu’il pense. Malgré tout, nous sommes ensemble. Deux contre un, nous avons gagné d’avance. Parce qu’ensemble, rien ne peut nous arrêter. N’est-ce pas Stefan ? Tu es invincible, mon prince. Je suis ton armure, et sans moi tu n’es rien. Ton supérieur a peut-être des milliers de dollars sur son compte en banque, mais il ne me possède pas et il ne m’aura jamais. Il ne sait pas ce que c’est de vivre avec la fée, de la sentir se répandre comme une trainée de poudre salvatrice. Ne le laisse jamais te convaincre que nous devons nous séparer, ne lui fais pas ce plaisir. Il veut prendre ma place Stefan, il veut avoir le dessus et te réduire à néant. Mais il n’y a que moi qui t’aime assez pour savoir ce dont tu as besoin et ce qui pourras te guérir. Je suis ta lueur d’espoir, ton havre de paix, ton oxygène. Et sans moi, tu n’es rien Stefan. Rien.
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Sujet: Re: Oh Harry, you make me say... [Dr. Stone] Jeu 11 Avr - 23:25
Vous savez quoi ? Toute cette histoire est ridicule, je suis bien trop vieux pour toutes ces conneries et je suis beaucoup trop intelligent pour me soucier de tout ça. Mon psychiatre dit qu'il a bien une raison réelle au petit jeu que je mets en place chaque jour en me levant et qu'il y a une raison pour laquelle je fais le clown de service de temps à autre. Non, Docteur, c'est juste que je suis moi-même tout simplement. Et ça, ce truc que je suis, ce n'est tout simplement pas fait pour la société telle qu'elle est actuellement définie. J'étais bien à l'université, j'étais à ma place dans ce lieu de savoir, je savais quoi faire, j'avais un but précis, obtenir un diplôme et absorber le plus de connaissances possible. Et maintenant je suis là, j'étais là assis en face de ce connard qui affichait un sourire narquois, voulant jouer et me faire perdre mon temps, nous faire perdre du temps. Je pose des questions donc je connais déjà les réponses et entendre le mot dans la bouche de Stefan me donne juste une furieuse envie de vomir. On dit quoi dans ces cas-là ? Que ferait une personne normale dans une telle situation ? Je n'en sais rien. J'aimerais juste ajouter que la normalité est une notion complètement subjective et que c'est complètement impossible de voir à travers les yeux de quelqu'un. Et qu'est-ce que je pourrais bien voir de plus dans les yeux de Stefan, hmm ? Qu'est-ce que ça m'apporterais d'être dans cette carcasse là ? Je connais les ravages, je sais que chaque moment entre les moments de bonheur, où il renifle cette saleté, sont insupportables. Je le vois bien en train de trembler dans son appartement, avoir des spasmes et ne pas être capable de former une phrase cohérente juste parce qu'il est en manque. En était-il déjà arrivé à ce point-là ? Est-ce qu'il était déjà tombé aussi bas ? Je dirais naïvement que oui, plus d'une fois même, peut être que j'aurais dû le gifler en fin de compte, lui faire entendre raison mais à quoi bon. Dans toute cette histoire, je pouvais être celui qui se trompait et celui qui aurait besoin de respirer un peu de cette merveilleuse poudre blanche qui semble rendre Stefan si joyeux, si attirant, une perspective biaisée car de mon point de vue, il avait juste l'air dément, il ne faut pas oublier que notre corps consomme de l'énergie uniquement pour réprimer la plupart de nos comportements, est-ce que cet acide blanc libère Stefan d'une quelconque manière ? Adieu inhibition, bonjour... Liberté ?
Je sais également qu'être humain mort ou vivant, il n'y a absolument aucune différence. Oh bien sûr, on parle, on s'agite, on métabolise et on fait beaucoup de bruit pour rien. Mais il n'y a aucune différence, même nombre de particules, même masse, alors pourquoi s'arrêter sur ce qui se passe entre le moment où on s'extirpe difficilement du corps de notre génitrice jusqu'à la seconde où le cœur cesse de battre, que le cerveau lâche lentement par manque de nourriture et que les muscles ne se détendent plus jamais. Même masse, même nombre de particules... So why should I care about this asshole ? Why is it so wrong that I wanted to drive myself into a wall ? Why should I care ? Les mots de Stefan résonnaient toujours entre nous et je le regardai intensément, ailleurs. C'était dans de tels instants, lors de ses précieuses secondes que j'arrivais à m'arracher au moment présent et aux conversations et aux autres, et que j'étais tout seul, moi-même, absolument rien d'autre. Absolute thoughts. Premièrement, j'avais eu la confirmation sur ce que je pensais depuis des mois. Quelque chose clochait chez Stefan. Quelque chose de blanc et de poudreux, quelque chose de stimulant et de létal. Ensuite, je devais considérer la possibilité qu'il était déjà venu au travail dans cet état-là. Dans mon hôpital, là où il était sous ma responsabilité et là où pouvait m'accuser. Et dernièrement... Pourquoi est-ce que je l'avais invité ici déjà ? Je pris une profonde inspiration, faisant le voyage retour, étant de nouveau là, en face de Stefan. J'eus une exclamation de dédain face à sa dernière phrase. « Tu penses que je vais te faire des leçons de morale Stefan, moi ? Te dire ce qui est bien ou pas ? C'est que tu me connais vraiment mal. »
Parce qu'il ne savait pas aussi que moi aussi j'avais joué au jeu de la vie, que j'avais essayé de rentrer dans le moule et de tenter de m'adapter et de me fondre dans la masse. Darwin avait tort en disant que seul les plus forts parviendraient à s'en sortir, dans le fond, c'était juste une question de comportement, avoir le bon avec les autres et tout faire pour paraître normal et se fondre dans la masse. Je connais mieux que quiconque les règles mais comme à chaque fois, je finis par réaliser que je ne fais que jouer et que je mens à tout le monde, y compris à moi même. Pourquoi les mariages ? Aucune raison. Pourquoi les enfants ? Simple erreur de parcours. Il ne m'est rien arrivé de tragique ou de dramatique dans la vie, okay, mes parents sont mort, mais j'ai eu une enfance décente et je n'ai jamais manqué de rien... Mais pas besoin d'avoir été traumatisé pour se rendre compte que la vie n'est pas un long fleuve tranquille et qu'il est très difficile de s'écarter de cette ligne là. Stefan a fait son choix, parfait pour lui, je faisais les miens. « Et tu sais quoi, tout ça ... » Je fis un geste de la main, nous mentionnant tous les deux. « Prouve que pour une fois j'avais tort. » Il devrait s'estimer heureux, je ne suis pas du genre à admettre facilement. Mais je me suis trompé : caring is not the answer, it does not make things easier to bear, I'd still wake up at 4am in the morning wondering why. Je pris une profonde inspiration avant de me redresser de mon siège, faisant face à mon cher addict. I should probably punch him in the face, just for good measure... Sauf que ce n'est pas Stefan là, c'est juste la partie la plus cachée de son système qui s'exprime enfin. « Ne viens pas au travail demain, ni même le jour d'après... Tu sais quoi, prends une petite semaine de congé histoire de te reposer ou même passer un peu plus de temps en compagnie de ta chère amie. » J'hésitais à lui donner des billets de cent pour qu'il puisse trouver de quoi se fournir, je connaissais son salaire après tout et je savais à quel point il était difficile d'entretenir une addiction de nos jours. Putain merde... Je songeais à lui acheter quelques sachets de bonheur, quelques grammes... Peut être que si je n'avais pas été aussi... moi, je l'aurais sans doute rejoint, je l'aurais même invité dans mon appartement et on aurait plané tous les deux, allongés à même le sol et je lui aurais alors confié que je ne rêvais plus vraiment, mais que je sombrais tout simplement. Je pouvais déjà nous voir et d'une certaine façon, je m'en voulais d'avoir été aussi idiot et d'avoir voulu tenter quelque chose que je ne connaissais pas. « Je n'en ai rien à foutre. » déclarai-je tout simplement.
J'allais partir, j'étais déjà en train de le dépasser et continuer mon chemin jusqu'à ma voiture, honnêtement j'allais le faire, après tout, le repas était payé, je ne lui devais rien, cependant, je savais que je ne pouvais pas partir comme ça, je devais lui laisser quelque chose avant. Pour qu'il se réveille demain matin et sache que c'était de sa faute si tout ça n'avait pas pu fonctionner. Mes mains se posèrent violemment sur le col de sa chemise et brusquement, je le mis sur ses deux pieds, le rapprochant de moi. Trop proche, beaucoup trop proche, je pouvais sentir son souffle contre mes lèvres et voir qu'il avait encore des traces de sang juste en dessous de la narine droite, voir qu'il s'était mal rasé ce matin, qu'il y avait des mèches brunes dans ses cheveux et que sa lèvre inférieure était quelque peu gersée... Je commençai par là, passant ma langue sur cette lèvre là et quand Stefan ouvrit la bouche, pour protester, dire quelque chose, gémir, peu importe, je saisis l'occasion pour véritablement l'embrasser. J'adore embrasser. C'est sûrement l'acte le plus innocent que deux personnes peuvent faire et pourtant on en apprend tellement sur la personne en face de soit, celles qui ont tendances à passer leur main dans mes cheveux seront généralement les plus faciles à convaincre et ne résisteront pas vraiment. Il y a celles qui résistent un peu et qui essayent de me faire comprendre qu'elles veulent tenir les reines, celles qui laissent leur marque et embrassent avec un peu trop de vigueur... Sauf que là, j'embrasse un homme. Ce n'est pas ma première fois mais ce baiser est très différent et il s'agit juste de prouver quelque chose là, de montrer à Stefan qui est véritablement en charge et ce qu'li veut vraiment. Mes mains s'agrippèrent plus fermement sur son col, mes lèvres rencontrant brutalement la sienne, ma langue prenant abruptement tout ce qu'il y avait apprendre. In other words, fucking his mouth with my tongue. Je m'écartai tout aussi soudainement et violemment, le souffle court, ma poitrine se soulevant rapidement, mes yeux rivés sur les lèvres de Stefan, gonflées et rougies.
« Oh and by the way... You can walk home, douchebag. »
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Sujet: Re: Oh Harry, you make me say... [Dr. Stone] Ven 19 Avr - 0:12
Stefan était absent, le regard trop vif pour rester en place plus de dix secondes sur la même chose. Inutile de répéter qu’il n’était plus lui-même, possédé par toute la noirceur de cette poudre blanche qu’il avait osé fourrer dans ses narines. Un jour il ne reviendrait pas de son merveilleux voyage, c’était certain. Avec les années, le trentenaire s’amusait parfois à augmenter les doses ou se permettait de dangereux cocktails pour rendre le tout encore plus explosif. Après tout, il ne s’en cachait pas et lorsqu’il n’avait plus rien à mettre au bout de sa paille, Tyler était toujours là pour venir à son secours et lui trouver un produit de substitution digne de ce nom... Mais au fur et à mesure qu’il consommait, Stefan ressentait le besoin de repousser sans cesse les limites, jouant avec le feu, s’amusant à tenter le diable de manière naïve et inconsciente. Pourtant, il ne fallait pas être très intelligent pour comprendre la véritable idée qu’il avait derrière la tête, depuis tellement longtemps qu’il s’y était habitué, qu’il vivait avec comme certains pouvaient se faire à l’idée qu’ils avaient un nez plus long que la moyenne. Stefan évoluait avec cette force qui le vidait petit à petit, qui picorait son esprit et qui faisait germer tout un tas de pensées qui n’avaient pourtant pas lieu d’être chez la plupart des mortels. D’aussi loin qu’il puisse se souvenir, il y avait songé, et les brefs éclats de rires qu’il partageait parfois de bon coeur ne suffisaient plus à le tenir debout lorsqu’il se retrouvait seul. Il courbait le dos, fatigué, trop occupé à être abattu par le passé pour se rendre compte que de multiples perspectives d’avenir s’offraient à lui. Il était à l’aube de sa vie, et pourtant cela ressemblait plutôt au crépuscule. Il vivait avec cette impression constante d’avoir tout perdu, de ne plus posséder suffisamment de choses pour avoir envie de se battre. Même sa dignité lui avait fait faux bon. Il ne restait que de vulgaire miettes de Stefan, une fine poussière qui s’envolait peu à peu sans que personne ne le remarque. Il s’échappait doucement, et à coup de rails, il creusait sa tombe petit à petit. Il s’enterrait vivant pour ne pas se voir mourir, pour ne pas avoir à supporter la brutalité de la faucheuse, préférant la paix lente et doucereuse que lui promettait sa fée.
Il ne pouvait pas décrire ce qu’elle lui faisait voir. Les couleurs semblaient plus vives, plus intenses. Le monde entier était différent. En réalité, c’était difficile de mettre des mots sur les effets de la drogue. On pouvait établir des listes entières sur les émotions ressenties ou sur les traits de caractères soudainement exacerbés. On pouvait parler des sensations que la poudre procurait ; ou au contraire, des nombreux inconvénients dévastateurs de ce poison. C’était à la portée de tout le monde. Il suffisait d’être un peu curieux pour fouiller dans les livres et sur internet pour avoir accès à ce genre d’informations tout à fait arbitraires et manichéennes. Pourtant, ce n’était ni tout noir, ni tout blanc. La drogue avait plusieurs nuances de gris et elle étalait sa gamme, dévoilant son arc-en-ciel monochrome a qui voulait bien la consommer. Stefan pouvait d’ailleurs confirmer la légende : il y avait bien un trésor au pied dudit arc-en-ciel. Pour rien au monde il ne s’en serait passé, pas même une journée. Et si on lui posait la question, il aurait répondu simplement qu’il ne pouvait pas l’expliquer, qu’il ne pourrait jamais raconter tout ce qui se produisait au sein de son propre corps tandis qu’il était habité par cette substance. C’était tout bonnement impossible. Il fallait le vivre pour le croire, pour constater les changements par soi-même. Parfois, c’était à se demander si la vue s’altérait réellement ou si c’était le voile de la drogue qui lui passait devant les yeux pour que tout devienne flou et tellement limpide et clair à la fois... Et à cet instant précis, il ne savait plus vraiment si c’était la poudre qui lui faisait entendre tout ceci, qui déformait les propos de son supérieur, ou si Harry prononçaient réellement tous ces mots. Chaque phrase résonnait comme une injure, une flèche qui se plantait à l’endroit le plus douloureux. En plein dans le mille Harry, bravo. Pour atteindre les gens et les anéantir, tu es aussi un véritable génie.
Malgré tout, Stefan ne se rendait pas réellement compte. Il était encore trop perché sur son petit nuage de flocons blancs pour réaliser et comprendre que cette simple scène allait avoir des répercussions sur la semaine à venir, pour ne pas dire sur sa vie future. Car Harry ne lui ferait sûrement plus confiance et ne le regarderait plus de la même manière, n’est-ce pas ? Enfin, il aurait tout le temps pour se poser la question, maintenant qu’il était en congés forcés. Tant mieux, il pourrait passer sa nuit dans ses boîtes préférées sans craindre d’être exténué le lendemain matin. La fée semblait lui dire qu’il était même assez séduisant pour ramener plus d’une âme esseulée dans son lit ce soir. Il souriait toujours lorsque le Docteur Stone quitta son siège, ne voyant pas le problème, ne saisissant pas vraiment la raison pour laquelle Harry s’était subitement emporté. Après tout, il avait été honnête avec lui et avait osé lui dire ce qu’il n’avait pourtant révélé à personne d’autre jusqu’à présent. Certes, bon nombre de ses proches l’avait déjà vu, surpris ou soupçonné, mais jamais encore le prénom de sa tendre maîtresse n’avait franchi le seuil de ses lèvres alors qu’il était en compagnie d’un être cher. Oui, cher. Harry l’était. Mais Stefan n’avait pas remarqué que leur amitié avait un prix et qu’il avait tout gâché. Le trentenaire était trop occupé à essayer de faire disparaitre une vulgaire tâche de sang qui s’était égarée sur la manchette de sa chemise dans le seul but de se sentir encore plus beau, encore plus irrésistible, qu’il en oublia d’observer Harry qui le laissait magistralement seul au milieu de ce restaurant.
Mais Stefan eut à peine le temps de relever la tête pour voir si le serveur qu’il avait repéré en sortant des toilettes était toujours dans les parages, que déjà, les mains d’Harry le saisissait par le col de sa chemise, le hissant à hauteur de son propre visage. Même d’aussi près, le directeur de l’hôpital était parfait. La drogue l'embellissait d’autant plus, le rendant tellement irrésistible que c’en était dérangeant... Personne ne devait lui voler la vedette, pas quand il se sentait enfin à l’aise dans ses pompes au point d’avoir envie de séduire toute la population masculine de la cité des anges... Les quelques secondes qui s’écoulèrent semblaient aussi enivrante qu’un véritable rail. Damn, s’il pouvait se shooter au Harry, il prendrait encore plus de plaisir à être complètement stone. Le regard défiant d’Harry le remuait, et tous ses organes semblèrent changer soudainement de place. Sans le vouloir, son boss ravivait tellement de choses. Mais Stefan n’avait plus six ans, et il n’était pas lucide. Il se sentait protégé et invincible grâce au petit plaisir qu’il s’était offert quelques minutes auparavant. Vas-y, frappe Harry, songeait-il alors qu’il sentait tout son corps s’embraser sous l’effet du souvenir encore intact des coups de son paternel ; il se préparait physiquement à recevoir ce pour quoi il était destiné. Go on Harry, hit me. Knock me down. I will get up anyway. Mais ce que Stefan reçut en guise d’électrochoc fut tellement plus violent... Cette langue sur sa lèvre qui provoqua une accélération prononcée de son rythme cardiaque, et qui s'immisça dans sa bouche comme si elle lui appartenait, comme s’ils s’étaient toujours embrassés de la sorte. Le sol s’était dérobé sous les pieds de Stefan qui manqua de s’écrouler. Bordel, Harry était en train de le détruire. C’était étrangement agréable et surréaliste, mais il prit alors conscience qu’il s’en voudrait de ne pas avoir été présent pour vivre pleinement ce moment. Pourtant, la drogue le rendait d’autant plus intense. Mais ce n’était pas ça le problème... Elle le rendrait encore plus insoutenable demain matin, lorsque le quotidien aurai reprit sa place et qu’il rappellerait à Stefan à quel point il était inutile et lâche. Lui, qui s’attendait à repartir avec un oeil au beurre noir rentrerait avec la gorge nouée et le coeur au bord des yeux. Ce n’était pas censé se passer de cette manière. Rien de tout ceci n’aurait du se produire. Mais merde, c’était plus compliqué que ça. Il ne s’agissait pas seulement de sa relation avec Harry ; le monde ne tournait pas tout le temps autour du Docteur Stone ! Ce dernier s’écartait alors, laissant Stefan complètement vide, réduit à néant. Le trentenaire serrait les dents, la colère s’emparant de lui à une vitesse fulgurante.
« Fuck you Harry. Fuck. You. »
Il aurait voulu crier, lui demander s’il était fier de son comportement et s’il se sentait glorifié d’avoir pu faire une telle chose. Mais il savait déjà ce qu’il entendrait en guise de réponse s’il se permettait ce genre de remarque.
« Tu ne peux pas tout contrôler. Et tu sais quoi, je suis pas ton jouet. Je suis pas juste un pantin qui doit faire le pitre pour te distraire. Tu devrais te réjouir, je passe encore pour le bouffon et tu restes le grand Harry Stone, toujours aussi parfaitement glorieux... Qu’est-ce que tu veux que je te dise ? Tant mieux si tu n’en as rien à foutre. Ouais, voilà, c’est très bien comme ça. Finalement, je crois qu’on avait tous les deux tort parce que tu ne me connais pas non plus. En fait tu ne sais tellement rien que ça en est pathétique... Et puis merde, je suis pas ton jouet. Maintenant laisse-moi passer. J’ai une semaine de congés devant moi, je compte bien en profiter. »
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Sujet: Re: Oh Harry, you make me say... [Dr. Stone] Ven 19 Avr - 1:53
S'il y avait bien une chose que j'avais entendu à maintes et maintes reprises dans ma vie, c'était à quel point j'étais un connard et que le détachement que j'affichais en permanence était juste une belle connerie et que je finirai complètement seul. Pas une seule fois je n'ais tenté de réfuter ses accusations car je connaissais la vérité. À quoi bon nier l'évidence ? Je ne cherche pas particulièrement le contact des autres, pas sur le long terme en tout cas, dès que ça commence à devenir un peu trop sérieux et qu'il faut mettre des mots dessus, je suis du genre à fuir. Parce que c'est plus simple, parce que les barrières sociales me font tout simplement fuir et que je ne suis pas pour l'officialisation de l'amour que je ressens pour quelqu'un, de l'affection que j'ai pour une femme ou même pour un collègue. Fiona m'avait supplié pendant des mois avant que je ne cède et l'emmène chez Tiffany's pour lui acheter leur plus gros diamant. C'était juste du très beau maquillage, juste une habile manière de montrer notre bonheur et de faire des envieux. C'était grotesque et pathétique et j'avais dit oui. J'avais dit oui à l'église et dès que le « I do » avait franchi mes lèvres, je m'étais senti emprisonné. Je sais, tous les maris ressentent ça le jour de leur mariage, c'est juste le stress, etc, etc... Non. Pas pour moi. Alors que je me tenais auprès de Fiona et qu'elle découpait notre gâteau de mariage avec un sourire pour tous les regards et les objectifs braqués sur nous, je ne ressentais que du dégoût. Pourquoi ? Pourquoi faire semblant ? Pourquoi prendre le temps de tomber amoureux ? Pourquoi avoir mis autant de valeur derrière un mot? Couple, relation, mariage, mari, femme, divorce. Pourquoi ? Je ne voyais pas quel était le but de toute cette mise en scène ridicule car ce n'était pas comme si Fiona et moi même allions compter. J'avais un professeur à l'université qui avait pour habitude de dire que si l'univers était représenté par une ligne droite, l'humanité ne serait même pas un point de cette droite, ce serait quelque chose de plus petit, et de plus insignifiant. On ne compte pas, personne ne compte, alors j'ai juste acquiésé. Et j'ai fini par fuir. Pour remettre le couvert.
Je devais être maso, c'était certain, ou optimiste mais oui, ce n'était pas la bonne femme, Kate avait été tellement surprise par ma demande en mariage. « Tu es certain que c'est ce que tu veux, ce n'est pas ton style Harry. » Kit Kat m'a compris mieux que quiconque, savait que je ne faisais que me plier aux règles, que je n'y croyais pas vraiment. En tant que petit-ami, j'étais rarement présent, rien ne m'intéressait, je participais vaguement aux conversations, émergeant simplement quand le contact arrivait et que ce n'était pas obligatoire de parler. How can you be such a jerk and be so good in bed ? Les mots de Kit Kat, pas les miens. Je suis un paradoxe ambulant je le sais, un connard dans un costume trois pièces Armani qui prétend connaître la vie parce qu'il est assez vieux mais qui en fait ne sait pas grand chose parce qu'il ne s'y jamais essayé. Stefan toi qu'est-ce que tu es ? Tu es juste un autre test, juste une autre épreuve et le résultat s'est avéré être négatif. La plupart des chercheurs aiment les résultats négatifs, cela leur permet d'avancer mais là... Là... Qu'est-ce qu'on fait Stefan ? Est-ce que je t'abandonne, est-ce que je te laisse penser également que je suis un connard ? Harry Stone, proud asshole, may I rest in peace, ce sont les mots que je veux graver sur ma tombe parce qu'ils sont vrais. Ils sont vrais et Stefan le sait, je le sais, alors pourquoi prétendre ? Parce que je suis humain bordel, j'ai beau avoir 150 de Q.I je suis juste humain et comme tous les membres de mon groupe de singes hypra-développés, j'ai besoin de ça, j'ai besoin du contact. Dans le fond, je suis juste jaloux, jaloux de ne même pas pouvoir réussir à capter l'attention de Stefan qui devrait me regarder avec des étoiles dans les yeux parce qu'il est admiratif et pas parce qu'il plane complètement. Jaloux de cette substance purement chimique qui éloigne cet étranger de moi. Je ne le connais pas, je ne sais pas qui il est, j'aurais tout aussi pu l'inventer.
Oui, la schizophrénie était un trait commun chez beaucoup de personnes et je me voyais très bien perdre le contact avec cette chère et douce réalité et avoir complètement inventer Stefan. Stefan the happy drug addict, did that I make that up ? Un mec plutôt sympathique et mignon qui ne demandait rien d'autre qu'un peu d'attention et si ce n'était pas possible, eh bien quelques dollars pour pouvoir aller sniffer tranquillement. Quelque chose de beau mais d'auto-destructeur, Stefan était comme une montre habilement agencée, une bombe à retardement. Oui, exactement, la plus pratique et intelligente des bombes et à chaque fois qu'il reniflait et rejoignait les bras de sa tendre amie, le compteur reculait d'une seconde. Que se passerait-il quand moi et Stefan on arrivera à zéro ? Si Stefan était réel eh bien... Quelqu'un finirait par appeler les urgences et informer qu'il avait trouvé son corps, les yeux vides, de la bave s'écoulant de sa bouche, signes évidents d'une overdose. Mais si Stefan n'était pas réel, je finirai par me réveiller. Ce serait tellement plus simple...Vous vous rendez compte ? Je préférerais être schizophrène, être empreint à des poussées délirantes plutôt que d'admettre que je ne peux pas tout contrôler. Non, j'allais prendre quelque chose avant et je m'écartai des lèvres de Stefan, relâchant sa chemise, avec un sourire aux lèvres, en lui disant qu'il pouvait se débrouiller pour rentrer. Je ne m'attendais certainement à ce qu'il soit en colère. No, you don't get the right to be angry. Je reculai d'un pas et le laisser débiter ses inepties, une partie de moi voulant l'embrasser une nouvelle fois pour espérer qu'il se la fermerait pour de bon. « Shut up. Shut the hell up. » Cet élan de confiance causé par la drogue à le don de m'énerver et j'aimerais qu'il s'étouffe avec sa propre langue si possible et qu'il arrête de... Parler. Juste qu'il arrête de parler cinq petites minutes et réalise ce qu'il est en train de dire.
Tout ceci avait des allures de mauvais films et on aurait dit que Stefan et moi étions en train de nous dire adieu pour toujours. Peut être, peut être que ma vie était devenue une gigantesque drama coréenne, tant pis, j'étais dedans et je la vivais, que ceux qui veulent regarder reste. « Un conseil Stefan, état second ou pas, tu devrais arrêter de sortir des conneries plus grosses que toi surtout si tu ne peux pas les assumer, okay ? Ferme là juste pendant cinq secondes. » Je devrai partir au lieu de tenter de me trouver des excuses et de le laisser être comme ça. Je ne vais pas le ramener chez moi et m'occuper de lui jusqu'à ce qu'il redescende, non. J'avais officiellement mal à la tête à présent, tout ça parce que je pensais trop à Stefan, que je réfléchissais beaucoup trop à tout ceci et aux implications de cette conversation. Arrêtons ce petit jeu et reprenons une vie un tant soit peu normal. Je veux dire, qui était Stefan McFire ? No one. Juste une saleté sur mon pare-brise. Et il était tant de faire du nettoyage et d'appuyer sur la pédale d'accélération. « You're right about one thing sweety, you're not mine, you're not my toy... Because if you were mine... I fucking swear you would not need to take that shit. » Je sortis mes clés de voiture de la poche de mon pantalon, une furieuse envie de les lui lancer en pleine figure me traversant soudainement, mais je me retins à la dernière seconde, redressant les yeux vers Stefan. J'avais déjà vu les effets de mon amour sur quelqu'un, je savais bien que c'était moi qui avait détruit Fiona, d'abord en l'épousant et ensuite en partant. Elle n'avait pas toujours été aussi.... Au début, elle était souriante, elle avait des projets, des envies, elle avait tout laissé tomber pour moi et je ne le lui avait même pas rendu. Mais c'était tout moi ça. «I would have made a mess out of you, come home to you every night, kiss you exactly like this until your lips felt numb and I would kiss every single part of you just like that. You have no idea don't you ? I would have been everywhere, so fucking much that I could have been all you ever thought about, even making breathing seemed optional. If you were mine... I would have destroyed you even more than your precious friend. If you were mine Stefan... Trust me, you'll know it. » déclarai-je avec un sourire sur le visage. Je laissai même échapper un éclat de rire avant de finalement tourner les talons, ne voyant pas ce que je pourrais ajouter de plus. J'étais peut être un connard fini mais en comparaison à Stefan, j'estimais m'en être largement mieux sorti. Ou peut être que c'était cette ville qui me donnais cette impression. L.A. La cité des anges? Un tas de mensonges, pensai-je en démarrant ma voiture, quoi que j'étais certain que dans son état, Stefan pourrait presque voler. Presque.
Fin du sujet.
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Sujet: Re: Oh Harry, you make me say... [Dr. Stone]