Une nuit de sommeil. Une seule. Elle n'en demandait pas plus. Une simple nuit complète, ininterrompus par des pleurs, des odeurs nauséabondes, des hurlements ... Une seule petite nuit de tranquillité, à se reposer, à penser à autre chose qu'au bébé agaçant près de son oreille. En demandait-elle trop ? Callie émergea de son brouillard permanent. Derrière ses paupières lourdes de fatigue et de larmes, elle vit l'image froissée du nourrisson appelant à l'aide. Paresseusement, elle se redressa sur les oreillers et attendit plusieurs minutes que cela cesse. Elle mettait ça au point depuis plusieurs jours, mais force était de constater que ça ne fonctionnait pas. Le bébé continué de hurler à la mort tant qu'elle ne venait pas la chercher. Elle ôta la couverture sur le côté et s'extirpa de son lit. Un regard à la pendule : il était 3h11 du matin. Elle voulait se rendormir, trouver le sommeil et laissé de côté cette horrible chose qui lui menait la vie impossible, mais elle ne pouvait pas. Des bruits résonnèrent dans l'appartement d'as côté, « C'est pas bientôt fini ce bordel ?! Faites le taire bordel de merde ! », hurla son voisin de palier. Callie n'était pas la seule à trouver sa colocation avec un bébé difficile. Dans sa résidence, les appartements étaient peu isolés et chacun profitait des ennuis des autres. Parfois, Callie espérait voir débarquer l'assistance sociale pour lui enlever son bébé et elle s'en voulait aussitôt de songer à un truc aussi horrible. Elle marcha jusqu'au berceau, enfin ce qui y ressemblait le plus et prit contre elle la petite. Callie vivait dans un studio, un minuscule appartement composé d'une seule pièce. La chambre-salle à manger-salon-chambre de bébé constituait son espace vital. La seule pièce isolée était la salle de bain et un petit balcon qui la menait sur le toit quand l'envie de fumer devenait trop forte. Une fois la petite dans ses bras, celle-ci se calma quelques secondes, comme rassurée que sa mère prenne enfin conscience de sa présence. Puis elle reprit de plus belle, hurlant a plein poumons. Callie s'empressa de lui préparer son biberon et lui fourra dans la bouche, obtenant le silence le temps de la tétée. Elle se plaça de nouveau dans son lit-canapé et se rendormie, la petite contre sa poitrine.

Ce fut un texto qui le réveilla, ainsi qu'Ella qui c'était finalement endormie. « Coucou ma belle, viens à la maison ça fait longtemps qu'on s'est pas vu... » Ciara. Depuis combien de temps ne l'avait-elle pas vue ? Automatiquement, elle s'en voulue de s'être montré si distante ces derniers temps. Sa meilleure amie habitait dans la même ville qu'elle et Callie c'était tout bonnement éloigné. Dans le fond, elle se sentait inutile, incapable face à l'italienne qui avait réussi. En voyant Ciara, elle voyait ses erreurs, ce qu'elle ne serait jamais. Malgré tout, elle lui répondit qu'elle serait là d'ici une heure ou deux. Callie reposa Ella dans son berceau le temps de s'organiser. Depuis son accouchement, la cubaine était peu sortie, restant prostrée dans ce taudis. La vie extérieure lui faisait presque peur, une angoisse sourde et persistante. Soudain anxieuse, elle se jeta sur une boite d'anti-depresseur et vida les deux derniers cachets. Elle aurait voulu boire un peu, juste un verre d'alcool, mais après la naissance de sa fille, elle tenait à rester clean et sobre encore un peu. Elle fit alors le ménage, encore et encore, dans sa maniaquerie de tous les jours. Jackson ne supportait pas cette manie de l'ordre et de la propreté. Callie était malade, elle mettait toujours ces obsessions sur le compte de sa bipolarité. Pour elle, il était inconcevable de laisser son appartement en désordre avant de quitter les lieux. Une fois que tout fut en ordre, elle changea sa fille, prépara un sac rapide et décampa.

Une fois dans le métro, elle ferma les yeux. Callie n'aimait pas la foule, la proximité. Les odeurs de ces lieux la rendaient malade. Si elle avait pu, elle se serait rendue a pied chez Ciara mais celle-ci habitait de l'autre côté de la ville, dans le quartier huppé. Un taxi ne pouvait également se faire, faute de moyens. Callie sortie le plus vite possible des souterrains, Ella soigneusement compacté contre elle. Elle aurait pu acheter une poussette, certes, mais s'encombrer n'était pas envisageable pour Callioppe, alors le plus simple restait la méthode du petit singe. Une fois sur place, elle longea les bordées de villas qui occupaient le côté de Los Angeles. Callie se sentait comme étrangère dans ce lieu. La richesse et le luxe étaient omniprésents, elle devait paraître pouilleuse ici. La villa du couple De Conti s'imposa enfin à elle et Callie toqua, préférant garder Ella endormie encore un peu. Sous le porche, Callie observa la poussette splendide et design de la petite Mila. Une fois de plus, Callie se sentit inférieur, pauvre, mais afficha un sourire de façade quand la porte s'ouvrit sur Ciara, magnifique. Et bim, Callie se trouvait encore plus horrible maintenant.