Le bruit avait fait échos dans tout l'entrepôt. Un silence de mort s'en était ensuivit puis avait été troublé par le cri de stupeur d'Indianna. Étrangement, elle n'avait pas hurlé, pas pleurer à s'en couper le souffle. Tout n'était que chaos dans sa tête en cet instant. Indianna avait tellement eu mal que pleurer lui était impossible. Sa voix semblait s'être éteinte en même temps que la vie de son petit frère. L'étau autour de ses bras ne lui provoquait que de la colère parce qu'elle était incapable de se rendre près de lui. Maintenant qu'elle était maintenue quelques mètres plus loin, elle ne discernait plus la scène, n'avait qu'un fond noir devant les yeux et un goût amer en bouche. On la tenait fermement, l'empêchant de faire un pas de plus. A terre, elle donnait des coups dans le vide, se débattant comme jamais. Elle voulait qu'on la lâche, qu'on la laisse rejoindre Clyde et qu'elle règle leurs comptes à ces deux enfoirés. Elle avait gravé leurs visages comme une plaie à vif et elle ne pourrait se calmer que lorsqu'ils croupiraient sous terre. « Ne dis pas un mot Reagan. Attendent qu'ils quittent l'entrepôt » dit la voix. Indianna n'avait pas besoin d'étudier son visage pour savoir qu'il s'agissait de Travis. Cet enfoiré l'avait retrouvé et il était encore en travers de son chemin. Le fait d'entendre sa voix la mit en colère plus que de raison et elle lui donna un violent coup dans les côtes qu'il encaissa par un simple grognement. Bien sûr, il ne pouvait pas prendre le risque de la laisser partir et foutre en l'air son superbe travail. Mais aucun son ne sortait de sa voix, elle semblait abasourdie par ce qu'elle venait de voir et ce que Travis était entrain de lui infliger. Malgré tout, elle prit conscience qu'il n'était pas dans l'entrepôt, mais près d'elle en cet instant et visiblement, il cherchait à la protéger de deux autres. Etait-il entrain de la sauver ou alors cherchait-il à la piéger avec l'un de ses nombreux coups bas ? Puis Travis la lâcha et Indianna roula au sol, loin de lui. Elle planta son regard dans le sien mais n'y vu que du vide, indéchiffrable, Hawkins ne fit rien de plus que la dévisager avant de se relever. «Dépêche-toi, il faut le sortir de là avant qu'ils ne reviennent. » Il partit devant, sans regarder si elle le suivait. Il ne surveillait pas ces arrières en cet instant, elle aurait eu tout le loisirs de l'assommer ou de lui faire mal, mais elle manquait cruellement de force en cet instant. Elle eut toutes les difficultés du monde à se remettre sur ces pieds. Tout tournait autour d'elle et sa vision c'était brouillé face à un voile de rage, mais de chagrin également. Travis fini par revenir vers elle et la traîna, la prenant par le bras pour la forcer à avancer. Ce n'est qu'après quelques secondes qu'elle prit conscience de son acte et se dégagea violemment, passant devant. Hawkins semblait tout à fait insensible à ce qui venait de se passer. Il était aussi rigide que d'ordinaire, froid et lointain, mais malgré tout, il voulait l'aider à récupérer le corps et elle ne savait pas trop quoi en penser.

Indianna fini par se retrouver en bas après la volée d'escalier.Ses pas la menèrent face à la chaise où gisait, inerte, le corps sans vie de son frère. Ses mains étaient toujours ligotés dans son dos et sa tête retombait mollement sur sa poitrine sanglante. Indianna sentit ses jambes défaillirent et son corps s'effondra, à genoux, devant la dépouille. A cette hauteur, elle voyait nettement le trou qu'avait fait la balle en pénétrant dans le crane du jeune Reagan. L'incision était nette, précise et démontrait que le tireur n'avait eu aucune hésitation. Clyde était mort sur le coup, c'était tout ce qu'elle pouvait accepter en cet instant. Il n'avait pas souffert, la balle avait tout éteint au même moment que son esprit. Néanmoins, une traînée de sang coulait le long de son front et venait gouter sur sa chemise. Indianna regarda son visage, étrangement apaisé. Ses yeux clos ne semblaient pas garder le souvenir de leur dernière vision et sa bouche souriait presque. Indianna n'avait pas vu Clyde depuis des années et voilà que leur retrouvailles se faisaient autour d'une chaise bancale dans un entrepôt vétuste. Indianna caressa tendrement sa joue, douce et froide. Clyde avait toujours était un beau garçon et même ainsi, il restait séduisant. Pourtant, jamais plus il ne sourirait, jamais plus ses yeux verts n'exprimeraient de l'amour ou quoi que ce soit d'autre. Elle passa également une main rassurante dans le chevelure de son frère, des cheveux bruns à profusion qui lui donnait tant de charme. Elle avait presque oublié la présence de Travis dans son dos. Celui-ci semblait pressé et visiblement, un peu inquiet. Indianna n'avait pas encore songé à la suite. Hawkins avait très bien pu lui réserver un traitement de choc une fois qu'elle aurait franchit cette foutue porte avec le corps de son frère. Un guet-apans où elle trouverait le même sort que Clyde. Au pire, que lui restait-elle ? Jason était parti, Clyde et Riley étaient mort, Indianna n'avait plus personne aqui se rattacher véritablement ...

Elle finie par détacher les liens de son frère et laissa son corps retomber doucement contre elle. Il sentait le sang certes, mais Indianna pouvait encore sentir une eau de toilette sauvage, un parfum d'évasion dont elle aurait bien aimé connaître le nom, s'il elle en avait eu l'occasion. Une fois qu'elle l'eut contre elle, elle chercha à se relever mais Clyde était trop lourd pour elle. Travis lui jeta un regard en biais qu'elle méprisa aussitôt. Etait-il autant sans coeur que ça ? « Tu pourrais m'aider ? Ou tu préfère peut-être m'admirer entrain de porter mon frère mort ? », finit-elle par dire, retrouvant subitement la parole. Il était hors de question qu'elle lui montre sa faiblesse en cet instant. Elle ne pleurerait pas, elle aurait tout le temps plus tard, une fois seule, quand Clyde reposerait en paix quelque part.

Quelle sensation étrange que de retrouver Clyde ici, comme ça. Elle aurait aimé dire qu'elle ne se souvenait plus de son visage, qu'avec le temps, ses traits c'étaient estompé de sa mémoire, mais ce serait mentir. Elle revoyait nettement le visage de son frère à chaque fois qu'elle fermait les yeux, tard le soir. Derrière lui, les deux derniers, deux petits garçons qui avaient gardé leur visages poupons alors qu'ils étaient adolescents aujourd'hui. Clyde avait tellement grandit ... En le regardant ainsi, elle se rappelait leur dernier échange, la dernière fois qu'ils c'étaient vu. Elle l'avait laissé dans une cellule tandis qu'il lui hurlait de revenir le chercher. Normalement, elle aurait fait demi tour et aurait fait ce qu'elle faisait toujours : le protéger. Mais ce coup-là, elle ne pouvait pas. L'aider serait revenu à dire qu'elle aurait fermé les yeux sur ses conneries. Quand elle y repensait, elle regrettait. Parce qu'as cause de ça, elle avait perdu contact avec lui, elle avait mit Clyde de côté et avait vécu sa vie sans se préoccuper de son existence. Depuis quand était-il sortit de prison ? Pourquoi se trouvait-il à Los Angeles ? Tant de questions qui restaient sans réponse tandis qu'elle fixait le visage éteint de son petit frère. Elle aurait tant aimé en savoir plus sur lui, sa vie, ses amis. Quel genre d'homme était-il devenu ? Elle espérait sincèrement qu'il n'était pas devenu comme elle, qu'il avait saisit plus tôt le sens de la vie et qu'il n'avait pas fait les mêmes choix. Avait-il une petite amie ? Dans ses souvenirs, le jeune Reagan aimait les filles mais c'était toujours montré trop timide pour aller de l'avant. A bien y regarder, Clyde ne lui ressemblait pas beaucoup. Hormis la chevelure touffue, il avait des traits fin et délicats. Indianna n'avait jamais connu son père et savait pertinemment qu'elle devait plus lui ressembler à lui qu'as sa mère. De la même façon, Clyde ne connaissait pas son géniteur mais avait conservé des expressions dignent de Dolores Reagan.

 « Soulève ses pieds si tu peux pour éviter de laisser des traces de sang. », lui dit-il, comme s'il avait fait ça toute sa vie. Avant, elle aurait enregistré l'information pour s'en resservir plus tard, mais maintenant, elle s'en foutait. Travis n'était plus sa proie en cet instant, seul comptait Clyde. Travis l'aida à le porter tandis qu'Indie portait ses jambes. Du sang, il y en avait, mais elle ne portait son regard que devant, afin de ne pas imprimer cette scène dans sa mémoire. Travis la guida dehors, Indianna sur ses talons. Il semblait a l'affût, son regard se tournait et se retournait alentours. Finalement, ils atteignirent une voiture qu'Indianna reconnu comme celle du blond. Travis ouvrit la porte de derrière et y fourra le corps de Clyde qui s'effondra telle une marionnette contre le cuir. Travis monta à l'avant tandis qu'Indianna prenait place à côté, le regard encore perdu. Elle avait du mal à assimiler ce qu'il se passait. « On fait quoi maintenant Indie ? » Elle était trop dans les vapes pour assimiler son prénom. Elle lui jeta un regard morne. « Démarre. », dit-elle simplement tout en posant son front contre la vitre humide. Hawkins ne se le fit pas dire deux fois et démarra, quittant rapidement l'artère de l'entrepôt. Depuis combien de temps roulaient-ils ? Les rues se succédaient sous les yeux hagards de la Reagan. Elle reconnaissait quelques boutiques, quelques embranchements, mais semblait étrangère ici. Elle avait vécu dans la même ville que son frère et n'en n'avait rien su. Quelle genre de soeur était-elle devenue ? La protectrice, la petite maman, était devenue un bourreau. « Indie ? Réponds-moi s'il te plaît. Je croyais que rien ne pouvait t'affecter ! ». La voix semblait émerger d'un songe, lointain, distant. Rien ne pouvait l'affecter ? Qu'en savait-il, lui ? Avait-il une famille ? Oui, elle le savait, un frère aîné, décédé des années plus tôt. Indianna avait épluché la vie du Hawkins sans tabou, sans honte, parce qu'elle était payé pour ça. Elle connaissait des pans de sa vie, des lambeaux, mais n'avait jamais songé à son histoire personnelle. « Tourne à gauche-là, puis continu tout droit jusqu'au pont. Ensuite, tu quittes la ville. », souffla-t-elle toujours en fixant la route. Son instinct la poussa néanmoins à jeter un regard dans le rétroviseur, s'assurant de n'être pas suivi. Les routes étaient presque désertes à cette heure-ci, il était facile de distinguer une traque. Travis suivait son itinéraire et Indianna n'eut pas besoin de le répéter.

Une heure plus tard, Indianna reconnu la bordée d'arbre qui longeait la côte. « Arrête toi là. », lui demanda-t-elle. Travis emprunta le petit sentier sur la gauche et arrêta son véhicule. Indianna descendis de voiture et huma l'air. Ils étaient loin de la ville et l'air n'était pas aussi saturé, il était frais, doux. La forêt qui entourait le chemin était presque rassurante même si elle toisait ces nouveaux invités de plusieurs mètres. Sans un mot, elle dégagea son frère avec l'aide de Travis qui restait étonnamment calme. Alors qu'il avait eu l'occasion de la briser ce soir, il n'en faisait rien et se contentait de l'aider sans rien ajouter. Elle n'avait pas envie de chercher à comprendre ce qu'il tramait, de toute façon, elle s'en foutait maintenant. « Il y a une petite clairière juste derrière. » Indianna connaissait bien l'endroit même si cela tirait plus du songe que de la réalité. Elle n'y était pas revenu depuis plusieurs mois, depuis la mort de Riley en fait. Travis la suivit et déposa le corps en douceur sur la terre batut. « Merci. Je vais me débrouiller maintenant. », dit-elle, laconique, en fixant son frère qui semblait serein.

La clairière respirait la paix, la tranquillité. Un lieu idéal pour mourir, en fait. Indianna avait découvert cet endroit lors de sa première visite à Los Angeles, des années auparavant. Quand elle y repensait, elle avait l'impression que cela datait d'un autre siècle, d'une autre vie. A l'époque, tout était différent. Elle avait dû faire son deuil aussi, mais ce n'était pas la même chose. Elle avait fait le deuil d'un enfant, mais celui-ci était vivant. Là, elle avait le regard rivé vers un jeune adulte, un homme qui aurait pu mourir vieux, fonder une famille aussi, pourquoi pas. Pourtant, Indianna n'arrivait pas à se le représenter. Quand elle fermait les yeux, c'est l'enfant qu'elle revoyait et non l'adulte qu'il aurait pu devenir. Peut-être que la vie lui avait destiné ça, peut-être qu'être sur les traces de sa soeur avait été son destin et cela lui avait coûté la vie. Elle attirait la mort, même celle-ci ne voulait pas d'elle. Indianna avait survécu un paquet de fois, mais pas ses proches. Aden, Riley et maintenant Clyde. Mais le karma c'était chargé de son exécution en lui foutant cette foutu tumeur qui aurait bientôt raison d'elle. Indianna posa un regard alentour. La première fois qu'elle était venue ici, elle avait loué un cheval, dans le seul centre équestre de la ville. C'était une cavalière remarquable, mais elle n'avait plus monté depuis des lustres. Elle s'était posé au pied de cet même arbre et avait songé à cet enfant, son fils, qu'elle avait laissé à l'hôpital. Mais c'était mieux ainsi, elle en restait persuadé aujourd'hui. Quel aurait été la place d'un enfant dans sa vie décousue et dangereuse ? Elle n'aurait pas su s'en occupé, elle aurait été une mère pitoyable, certainement comme Dolores. Oui, cette clairière fit remonter en elle une flopée de souvenirs, d'images.

Un bruit la ramena à la réalité. Elle avait peu de temps devant-elle, elle le savait. Pourtant, elle n'avait pas envie de quitter les lieux, c'était peut-être le seul endroit où elle se sentait bien. C'est pourquoi elle demanda à Travis de partir. Cet instant lui appartenait, elle en avait besoin pour dire au revoir. Le visage du blond se durcit un instant et il tourna les talons sans un mot. Indianna s'agenouilla vers Clyde et caressa encore une fois sa joue. Comme elle aurait aimé qu'il reste un gamin, qu'il ne quitte jamais Londres et connaisse une vie meilleure. Elle ne serait jamais ce qu'il était venu faire ici, mais elle avait une petite idée de la raison de sa mort. Rageuse, elle abattit son poing sur la terre, des larmes de rage coulant sur ses joues. « Excuse moi. Je suis désolé ... » Mais il ne l'entendait pas, il était mort par sa faute. Ces types lui en voulait à elle et ils avaient réussi à l'anéantir, d'une seule balle. Elle n'entendit même pas Travis rappliqué, ce n'est que lorsque la pelle s'abattit sur la terre qu'elle se retourna vers lui. « Tes au revoir seront brefs parce qu'il faut que je te trouve une planque pour un petit moment. Ils finiront par passer te voir. Je vais voir ce que je peux faire pour éloigner les pistes qui mènent vers toi. Et s'il te plaît, arrête de m'espionner pendant quelques temps, tu te mettras en danger. » Elle le fixa un instant et retourna son attention vers Clyde. Elle n'écoutait pas, ne voulait pas savoir. Elle ne comprenait pas tout non plus, faut dire. Pourquoi voulait-il l'aider ? Indianna était tout sauf une amie, au contraire, elle était payée pour avoir sa peau, alors pourquoi tant de sympathie ? « Ok, Indie ? » Indianna n'entendait pas. Elle savait que lorsque Travis aurait fini, elle devrait enterrer son frère et qu'elle serait définitivement responsable de sa mort. Alors Travis pouvait bien gueuler, elle s'en foutait. « Je te parle Indie !! Promets-moi que tu arrêteras ?! », dit-il en la forçant à le regarder. Elle le toisa de ses grand yeux sombre puis se releva sous son regard. « Pourquoi ? », demanda-t-elle, presque sereine. « Pourquoi tu ne me balance pas à ces enfoirés ? Tu seras grassement payé et je ne serais plus sur ton dos. Alors dit moi pourquoi tu veux me sauver la mise ? », répéta-t-elle, en lui arrachant la pelle des mains. Elle devait se concentrer, creuser et ne pas réfléchir. Elle ne voulait pas songer à Clyde non plus, étendu près d'elle. Puis elle se stoppa, envoyant balader la pelle à quelques centimètres de Travis. « Je sais qu'ils t'attendaient, je les ait entendu. Tu étais au courant, pas vrai ? Tu savais qu'ils avaient mon frère ! » Et sans réfléchir davantage, se rua sur lui telle une démone. Elle se mit à califourchon sur lui, lui enfilant poings sur poings, se foutant bien d'avoir les mains en sang. Elle le griffa aussi puis fini par s'épuiser et il n'eut qu'un geste à faire pour la faire rouler sur le côté. « J'étais prête à laisser tombé, je voulais qu'on te foute la paix ! Je t'ai peut-être menacé, mais lui ne t'avais rien fait ! », vociféra-t-elle tout en désignant Clyde du doit. Elle se releva, essuyant le sang qui perlait de sa lèvre. Elle avait pleuré, hurlé et elle était à bout de force. Elle prit de nouveau la pelle, tournant le dos a Travis. Qu'il essai de la tuer maintenant, elle ne ferait pas un geste pour l'en empêcher.