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 It's better to be absolutely ridiculous than absolutely boring. ✖ Jaime

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MessageSujet: It's better to be absolutely ridiculous than absolutely boring. ✖ Jaime   It's better to be absolutely ridiculous than absolutely boring.  ✖ Jaime EmptyJeu 15 Mai - 16:21

Leo ∞ Jaime

C’est la guerre. Mais quand je dis que c’est la guerre, je n’exagère absolument pas ça. Tout s’est passé très vite, trop vite pour que je puisse avoir le temps de réagir avant que la catastrophe n’arrive. La journée avait pourtant si bien commencé, les enfants étaient sages, attentifs et pas trop agités, bref je pensais que ça allait marcher sur des roulettes jusqu’au bout ; jusqu’à ce que la cloche sonne enfin quinze heures, l’heure de la sortie des classes. J’avais tort, mais tellement tort. Je n’avais plus que la moitié de ma classe, les six-sept ans, les neuf-dix ans étant dehors à faire sport. Parce que non, il ne faut pas pousser, je ne donne pas les cours de sport, plutôt mourir que de devoir courir avec un ballon. Je leur avais donné un exercice à faire, mais pas le genre d’exercice trop embêtant, non, quelque chose de bien : peindre son endroit préféré. Ils aiment tous ça, manipuler la peinture, s’en mettre plein les doigts car, je cite Benjamin : « c’est bien pratique un pinceau mais ce n’est pas très rigolo. » Si ce n’est pas rigolo alors ! Forcément avant de faire cette activité, les enfants revêtent des blouses pour éviter de tâcher leurs vêtements, sinon j’en connais une qui se fera disputer par les parents parce que leur chérubin est rentré avec son t-shirt tout peinturluré. C’était bien parti, tous étaient affairés à peindre du mieux qu’ils pouvaient l’endroit qu’ils préfèrent. Je passais de table en table, jetant de rapides coups d’oeil, répondant aux questions de certains et réprimandant gentiment certains étourdis qui mettaient de la peinture partout. Mon erreur ? Tourner le dos pour aller ranger les précédentes évaluations dans le casier réservé à cet effet. Tout est allé très vite, très très vite. C’est parti d’un cri, strident et d’un gros « splotch ». Quand je me suis retournée, Cassidy, sept ans, avait un pot de peinture vert sur la tête, tout dégoulinait le long de ses nattes blondes. En face, Judith, qui s’est rapidement prise un retour de la part de la blondinette. Et allez, un peu de peinture rouge sur la robe à fleurs de la fillette. Elles crient, se disputent et je cours jusqu’à elle pour m’interposer… Au moment où Judith appuie avec force sur le gros tube de gouache bleu. La substance gicle partout, sur ma robe, sur mon cou et sur mes cheveux. La gamine ouvre grand la bouche, laisse tomber le tube de peinture pour se mettre à pleurnicher.

« C’est… C’est… C’est Cassidy qui a commencéééééé ! Baragouine-t-elle entre deux sanglots.
-Je ne veux pas savoir qui a débuté. On ne lance pas de la peinture sur les gens. Les enfants, allez attacher vos dessins sur la corde à linge, quant à vous deux… Ne touchez à rien. »

Je suis énervée, j’ai bien envie d’en prendre une pour taper l’autre mais la violence ne résout jamais rien. Les autres élèves se lèvent de leur chaise avec leur dessin dans les mains pour aller les accrocher à la corde à linge prévue pour faire sécher les travaux. Au même moment, mes grands élèves reviennent de leur leçon de sport. Ce qui signifie qu’il ne reste plus que vingt minutes de classe avant la fin de l’école. Les grands me regardent avec des yeux ronds, c’est sûr que rentrer et retrouver son institutrice couverte de peinture, ce n’est pas courant. Je fais signe à deux d’entre elles qui s’approchent, les coins de leurs lèvres frémissent, elles se retiennent de rire.

« Accompagnez Cassidy et Judith aux toilettes et aidez-les à se débarbouiller. Pendant une semaine, vous devrez rester m’aider à ranger la classe avant de sortir en récréation. Et je vais mettre un mot dans vos carnets à l’intention de vos parents, ce sera à faire signer pour demain. » J’annonce aux deux fillettes, qui, penaudes, regardent leurs pieds.

Les quatre enfants disparaissent hors de la classe tandis que moi, je regarde dans l’une des vitres mon reflet afin de constater l’étendu des dégâts. Ugh. Ma robe est foutue, c’est pourtant dommage, je l’aimais bien. Une des assistante passant dans le couloir a l’excellente idée de s’arrêter devant ma classe pour regarder à l’intérieur ; vas-y, fais comme chez toi surtout. Elle aussi, se retient de rire et j’ai la furieuse envie de lui faire manger de la peinture afin d’effacer ce sourire moqueur qu’elle arbore. Quelle idiote, je ne l’aime pas. Pfff. En faisant attention où je mets les pieds, je m’avance jusqu’au petit lavabo pour laver au moins mon cou et mon visage ; je m’occuperai de mes cheveux plus tard. Il ne me reste plus que dix minutes avant la sonnerie ; dix minutes pour distribuer aux plus petits leurs devoirs qu’ils doivent coller dans leur cahier de textes et dicter ceux aux grands. Un rapide mot aux parents de Judith et Cassidy, il est quinze heures, les enfants courent hors de la classe pour rejoindre parents et bus devant l’école. Les mains sur les hanches, je regarde les dommages causés par la dispute colorée des filles. Un long soupir désespéré s’échappe d’entre mes lèvres et je sens quelque chose tirer la jupe de ma robe. C’est Margot, son cartable sur le dos qui me regarde avec un sourcil haussé avant de se mettre à rire. Je vois bien qu’elle voudrait se mettre à signer, mais elle rit tellement qu’elle s’en tient le ventre. Vous parlez d’un soutien ! Je lui donne une petite tape sur la tête ce qui ne la calme pas du tout. Elle montre du doigt mes cheveux, complètement hilare, et je roule des yeux, agacée.

« Tu as été attaquée ? Tes cheveux sont de la même couleur que le Tardis.  Signe-t-elle en reprenant son souffle.
-Parfait, j’en ai toujours rêvé. »

Je récupère du coton dans un des placards pour essayer de retirer le plus de peinture de sur mes cheveux ; manière de ne pas avoir l’air trop stupide quoi. Margot a abandonné son sac près de mon bureau pour m’aider à enlever un peu de bleu de sur ma robe. Mon visage et mon cou sont propres, la peinture partant à l’eau. Ma robe eh bien… Disons que de base elle est rouge maintenant… Elle a de jolies taches bleues sur la jupe et une au niveau du décolleté qui refuse de partir. J’ai encore des traces de peinture sur mes cheveux mais ça va, ça ira. Il faut maintenant nettoyer les restants de peinture sur le sol ainsi que sur les tables, puis ranger. Ugh. Je suis fatiguée tiens. Heureusement qu’à nous deux, ça ne nous prend pas trop de temps et après une demi-heure, la classe est presque débarrassée de toutes traces de peinture. Margot part devant tandis que je récupère mon sac ainsi que la pile de classeurs que je dois ramener à la maison ce soir ; des évaluations à corriger et comme je suis trop gentille j’ai accepté de corriger celles d’une autre classe. Ma bonté me perdra. Ma petite soeur m’attend sur le parking de l’école, devant la voiture et le nez en l’air, comme à son habitude. Si certains ont le regard toujours rivé sur leurs chaussures, ma soeur a plutôt tendance à regarder le ciel et les petits oiseaux. Elle trépigne à côté de la portière, semble impatiente de rentrer à la maison… Pour goûter, à tous les coups ! Mes quatre classeurs sous un bras, je déverrouille comme je peux la voiture dans laquelle Margot s’engouffre à la vitesse grand V. Et c’est avec le même empressement qu’elle en sort, une vingtaine de minutes plus tard.

« Margot tu pourra… »

Je ne termine pas ma phrase, ma soeur ne s’est pas donnée la peine de tourner la tête vers moi et s’avance déjà vers notre immeuble en sautillant joyeusement. D’accord, merci bien frangine. J’aurais bien aimé qu’elle porte mon sac ou bien un classeur et je suis persuadée qu’elle se doutait que j’allais réclamer son aide et s’est dépêchée de s’enfuir. Elle est fourbe, ma petite soeur de huit ans est fourbe. Je me dirige donc vers l’immeuble quand je vois une personne portant des cartons. Ouh qu’il est grand et combien je peux faire ridicule à côté… Quoi que je suis ridicule dans 90% des cas, si on y réfléchit bien. Bref, l’inconnu n’a pas franchement l’air de gérer, quelle idée de porter deux cartons l’un sur l’autre aussi ! C’est un excellent moyen pour provoquer une catastrophe ! Et puis, est-ce qu’il arrive à y voir quelque chose, avec les deux boites superposées ? En tout cas, le carton du dessus vacille dangereusement et finit par tomber. Je ne sais pas, j’ignore pourquoi j’ai eu l’idée de vouloir le rattraper ; sûrement un réflexe débile. Le fait est que je réceptionne bien le carton fugueur mais je lâche mes classeurs qui viennent s’exploser sur le sol. Et comme ce n’est pas drôle, des anneaux se sont ouverts et les feuilles s’échappent un peu partout. Ma soeur arrive alors vers moi en sautillant et en ramassant des copies au passage.

« Tenez, votre carton ! J’espère qu’il n’y avait rien de fragile dedans. » Je fais à l’inconnu avec un petit sourire.

Mais la boite, il est préférable que je la pose au sol, ce serait peut-être trop dangereux que de la reposer sur l’autre. Je m’agenouille ensuite pour ramasser les feuilles, ça va, heureusement qu’il n’y a pas de vent… Damn it ! J’ai parlé trop vite. Je soupire en regardant dépitée certaines copies se faisant la malle bien loin de moi. Worst. Day. Ever.

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MessageSujet: Re: It's better to be absolutely ridiculous than absolutely boring. ✖ Jaime   It's better to be absolutely ridiculous than absolutely boring.  ✖ Jaime EmptyLun 19 Mai - 18:17



eleonor & jaime ✖ It's better to be absolutely ridiculous than absolutely boring. 


Wikihow. You precious little thing. Il y avait tout. La liste des fournitures nécessaires, que je m’étais procurées consciencieusement, une à une, et que j’avais disposées sur le semblant de table qui avait survécu aux tremblements de terre. Une explication détaillée sur comment et pourquoi choisir les bons cartons. Un graphique aux jolies couleurs portant sur la résistance, le poids et la préciosité de chaque chose susceptible d’être empaquetée. L’auteur avait même fait preuve du génie d’ajouter un bandeau rouge pétant, en début de page, mettant en garde les futurs utilisateurs de son guide au sept mains gauches - comme moi - sur la dangerosité d’utilisation de la paire de ciseaux inclue dans l’opération. J’avais suivi toutes les étapes scrupuleusement, vérifiant par trois fois chaque démarche exacte dans laquelle j’allais me lancer, tout rouleau de scotch et papier bulle en ébullition. Les yeux rivés sur mon ordinateur portable posé en équilibre sur le bout de ce qui fut une chaise avant The Big One et les Saints Mots qu’avait rédigé l’Ange Gardien du déménagement, j’ai nommé Jailbait334 - tiens, tout athée que je suis, ça m’a quand même un peu surpris.   J’avais fait preuve de minutie. De patience. D’attention, de prudence.

Et le carton de vaisselle avait fait clii-iing quand je m’étais redressé, en oubliant de séparer le morceau de scotch apposé sur l’un de ses côtés du rouleau que je serrais avec détermination dans ma main droite. Evidemment, la déception fut si grande que j’avais laissé mes bras retomber, ballants,  et heurté le tas de bouquins sur ma gauche. Ceux-ci, par effet domino, déséquilibrèrent  les trois pieds restants de la seule et unique chaise qui avait pourtant bravé l’épreuve du séisme, pour mieux capituler, à cet instant précis, en s’émiettant sur le parquet. Mon ordinateur n’avait pas pu faire autrement que de se faire entraîné dans la chute grotesque, et la bénédiction de Wikihow s’était évaporée, en quelques secondes et grésillements de disque dur, abandonnant sa place à un écran bleu, fêlé, terrible. Pas si effroyable que ça, pourtant, si on se basait sur la grimace plus blasée qu’horrifiée qui s’était imposée sur mes traits. Au bout de 26 ans, on commence à s’y faire.

Je donne un coup de ciseaux sur le papier collant (en écartant biiien mes doigts des lames, ça, ça resterait inscrit dans mon disque dur humain… pour un jour ou deux) et m’assieds à nouveau par terre, en reprenant le carton désormais vide sur mes genoux et en laissant courir un regard sur le tas de porcelaine qui formait, il y quelques secondes encore, les rescapées du placard d’assiettes. Gratouillant les débris de la pointe des dangereux ciseaux, je tombe sur la Schwarzenegger du lot, encore intacte, que j’extirpe, indécis, de mon terrain de fouille. Je tends le bras vers le rouleau de papier bulle, avant de changer d’avis ;  pour la première fois de ma vie, je brise volontairement l’objet en le lançant dans les gravats, là-bas, au bout de la pièce. Bah! Une assiette de plus ou une assiette de moins, cela n’était pas cela qui ferait la différence, à présent. L’appartement que j’avais partagé pendant deux ans avec Abby ne ressemblait plus en rien avec ce qu’il avait été. Les séismes de la St-Valentin - terrestres, ceux-ci, une fois n’est pas coutume - n’avaient pas épargné le quartier, encore moins l’immeuble, et, même si la façade écroulée offrait une luminosité inespérée dans tout le séjour, je m’étais fait une raison et j’avais accepté le fait que cette page devait se tourner. Et puis… Et puis, de toute façon, pour manger dans des boîtes en carton du chinois à l’emporter ou se goinfrer de Cherrios à même le sachet, feux les assiettes ne nous avaient jamais servi à rien, sinon passer pour des êtres humains comme des autres.

Ma vision sur tout ce que je comptais emballer s’en voit aussi altérée. Il ne restait pratiquement rien. Une ou deux babioles, peut-être, dont la survie défiait toute logique. L’écuelle des chats, dans la cuisine, alors que les chats, eux, n’avaient pas survécu. La lampe-lave de la salle de bains. L’horrible sculpture à la forme que je n’avais pas encore su comprendre, souvenir de la passion aussi brûlante que brève qu’Abigail avait voué à la terre cuite, l’été dernier, qui servait de porte-manteau. Le trophée de truite qui chantait Jingle Bells au mur et le bébé en plastique, à la tête dodelinante, qui portait un costume de Wookie, sur la bibliothèque. J’enjambe les quelques cartons que j’avais eu le temps de remplir avant la mise à mort de mon immaculé set de perfect housewive et de celle de mon portable et qui contenaient tout ce que j’avais réuni en premier lieu, le plus essentiel, sur le conseil de Jailbait334, pour m’approcher de cette figurine. Elle m’avait toujours fait flipper, à se mettre à vibrer sans raison, essentiellement lorsque je tournais la tête vers elle quand Abby proclamait l’heure des Cherrios venue au plein milieu de la tirade angoissante d’un film d’horreur auquel je n’avais pu me soustraire et qu’elle filait loin de mon arythmie cardiaque et du DVD mis en pause sur la pire image qu’il soit. Du bout des doigts, j’effleure le haut de sa tête et suit d’un regard profond et pourtant si absent les mouvements rythmées dans lesquelles elle part. Chucky, qu’il s’appelait, ce petit gars. Baptisé ainsi, évidemment, parce qu’il s’était cassé la gueule de la table où il siégeait alors, juste au moment où son roux homonyme faisait sauter en l’air la tête d’un gars devant les yeux émerveillés de sa blonde et le pantalon humide de son rejeton. Je me souviens avoir vécu quelques semaines éprouvantes, après ce soir-là, à jeter des regards à la dérobée à tous bouts de champs à ses traits plastifiés que j’étais certain d’avoir vu bouger, du coin de l’oeil. Le summum de l’horreur s’était produit cette fois où, à bout de nerfs, j’avais fini par le pousser au fond de la corbeille à papier, armé d’un manche à balai, et que j’avais déposé l’osier sur l’escalier de secours, derrière la fenêtre, en prenant soin de verrouiller celle-ci et en me promettant que je descendrais le monstre aux ordures, dès que j’aurais rattrapé quelques heures sur ce sommeil qui m’avait fui jusqu’alors. Quelle ne fut pas ma surprise, à mon réveil, d’ouvrir les yeux sur lui, à dix centimètres de mon nez, sur ma table de nuit… Un éclat de rire s’échappant de derrière la porte, trop familier pour qu’il rajoute quelque chose à mon angoisse - fort audible, paraît-il - m’avait vite détourné d’un arrêt cardiaque certain et l’affaire s’était résolue sur un condamnation aux coups de coussin exemplaire sur l’autre terreur rousse de ma vie pour son diabolique méfait. Un sourire s’amorce au coin de mes lèvres et j’attrape le bébé à la tête dodelinante, qui finit sa course au fond du carton.


Une heure plus tard, je lâche une exclamation de victoire, la peau luisante, lorsque je viens à bout du dernier carton et que je réussis à le fermer malgré le bordel remarquable qui y tient, ayant mis de côté toutes mes bonnes résolutions de classement et d’organisation. De toute façon, j’aurais été incapable de faire mieux que ça, maintenant que mon doux, gentil How to Pack for a Move m’avait été arraché avec tant de hargne et de fracas. Isla travaillait,  les gars de la radio dormaient et les autres personnes que j’aurais pu appeler à l’aide devaient sûrement, elles aussi, être trop occupés à réparer tous les dégâts que la catastrophe sismique avait provoqués à travers la ville. Et puis, j’étais grand, majeur, vacciné. Je devrais être en mesure de déménager mes quelques affaires restantes de moi-même, malgré mon expérience bien faible dans ce domaine - lorsque nous avions quitté Cumwhinton, Abby et moi, nous n’avions presque rien emporté, si bien que tout avait tenu dans le minuscule coffre de la deux chevaux qui nous avait conduit jusqu’à la capitale londonienne, puis, en quittant celle-ci pour Los Angeles, nous avions tout laissé derrière nous, effrayés par le nombre de zéros des tarifs de location d’une soute d’avion de déménagement.

En parlant de coffre… J’avais beau m’être adapté aux coutumes de ce nouveau pays en émigrant et avoir visé gros dans la relève de cette pauvre petite deux chevaux qu’on avait confié à une gentille famille de la banlieue de Londres en investissant dans une rutilante, spacieuse, excessive New Beetle, j’ai du fournir un nouvel effort considérable pour refermer son coffre, pourtant si grand!, une fois celui-ci rempli des cartons. J’ai fini par prendre la route en me barricadant des boîtes restantes, quatre empilées à ma droite et deux sur les genoux, et, une vingtaine de minutes plus tard, je me parque devant mon nouvel immeuble, presque certain de n’avoir écrasé personne malgré mes innombrables angles morts. M’assurant que le double des clés qu’Isla m’a confié est bien au fond de ma poche, je sors de l’habitacle, armé de mes deux cartons qui, merde - meerde, meeeerde - s’avèrent moins faciles à manier, une fois debout. Trop de choses à gérer, sûrement (mon propre équilibre, la synchronisation de mes jambes, la distance à tenir du mur, tout ça) ; je vois le carton du dessus, celui à la même étiquette vaisselle que tout à l’heure, se faire la malle sans que je ne puisse rien y faire. Je grimaçais déjà, yeux fermés, en attendant l’explosion finale du carton martyrisé sur l’asphalte, lorsque je me rends compte qu’il a été réceptionné au vol et que je pose mon regard sur l’adroite jeune femme. « Tenez, votre carton ! J’espère qu’il n’y avait rien de fragile dedans. » Subjugué par tant d’adresse, j’ouvre de grands yeux, gardant le silence pour un instant, en suivant le parcours de la boîte qu’elle pose au sol avant de, finalement, reporter mon attention sur elle.


« Oh, non, rien qu’un bébé ! » Je me rends compte de ce que je viens de dire une demi seconde plus tard et m’empresse de reprendre la parole, pour rectifier le tir. « Mais il en a vu d’autres, t’inquiètes, il a le crâne solide. » Manquerait plus que je l’angoisse déjà en la laissant croire qu’elle aurait pu ficher en l’air sa petite tête dodelinante ! Je crois avoir réagi trop lentement lorsque je la vois s’échapper à toute vitesse et courir vers la route et je me prépare déjà à la rajouter sur la liste des inconnus que j’ai fait fuir dans un temps record, tentant d’estimer son chrono, lorsqu’une feuille qui part au vent et lui échappe de peu, malgré un bond - remarquable ! - de sa part, me fait comprendre que je n’ai fait que la mettre dans la panade.  Posant mon carton sur l’autre, au sol, je m’empresse de faire un pas vers elle, attrape la feuille qui se faisait la mal du bout des doigts et en regroupe quelques autres qui traînent au sol. Je laisse un regard courir sur l’intitulé de la première du tas. Quand je serai grande, je serai…

« Hey, moi aussi je voulais devenir astronaute !  » On taira le fait que j’ai été pris d’une crise d’anxiété quand mon père a tenté de m’expliquer l’infinité de l’univers le soir où on était parti regarder une pluie d’étoiles filantes et que je flippe non-stop durant chaque épisode de Roswell ; un large sourire se sculpte sur mon visage et je dévisage la brune avec insistance, convaincu que nous étions les deux seuls êtres sur cette planète - ou d’autres… brrr - à  rêver de cette profession, pour quand l’on serait grands. Bon, pour moi, c’était foutu, mais, d’un regard de haut en bas - étonnamment rapide -, je me dis qu’elle a encore un peu de marge. « Désolé pour ça. Merci pour le carton. M’appelle Jaime. Jolie écriture, en tout cas. Mars ou la Lune ? »  Pas le temps de me rappeler qu’il faut que je respire : je tends les papiers à la brune à laquelle je m’adresse, agite mes cinq autres doigts vers la fillette que je remarque finalement - c’est qu’il va falloir que je m’habitue à baisser les yeux dans ce quartier, dites - et leur adresse un sourire exubérant à tour de rôle.



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MessageSujet: Re: It's better to be absolutely ridiculous than absolutely boring. ✖ Jaime   It's better to be absolutely ridiculous than absolutely boring.  ✖ Jaime EmptyLun 19 Mai - 23:50

Leo ∞ Jaime

Et elles s’enfuient, mes copies, loin de moi. Certaines ne font que parcourir quelques mètres, s’arrêtant contre les jambes de ma petite soeur tandis que d’autres ont décidé d’aller faire un tour dans les nuages et s’envolent bien haut. Si encore il n’y avait eu que mes évaluations, les enfants auraient été contents, le lendemain, que j’arrive en leur annonçant qu’à cause d’un fourbe carton et d’un coup de vent vicieux, leurs évaluations se sont enfuies et que de ce fait, ils ne seront pas notés. Oh oui, je visualise déjà leurs mines réjouies et j’entends leurs murmures satisfaits : Dieu existe vraiment. Sauf que dans le lot, il y a les contrôles de ma collègue, collègue avec qui le courant n’est jamais passé et comme je n’aime pas qu’on ne m’apprécie pas, j’ai eu l’excellente idée de l’aider. Vous m’imaginez, demain matin, aller la trouver pour lui annoncer que le vent a eu raison des copies ? C’est encore pire que l’excuse « mon chien a mangé mes devoirs » puis ça ne va pas arranger nos relations. Ugh. De toute façon, je crois bien que ce n’est pas ma journée parce qu’entre la bataille de peinture et maintenant ça… Je ne serais même pas étonnée si je cassais mes clefs dans la serrure ou si je me rétamais dans les escaliers. Vivement ce soir que j’aille me coucher tiens. Je ramasse aussi rapidement que possible les feuilles autour de moi avant de les glisser dans un classeur au hasard ; j’aurai tout le temps de les trier une fois rentrée, je ne peux pas perdre de temps. Je me relève ensuite pour courir derrière des copies emportées par le vent, c’est que certaines sont vicieuses et ont décidé de voler haut, surtout une. Soit j’attends qu’elle redescende d’elle-même en prenant le risque qu’elle s’en aille largement plus loin ou alors je passe pour une idiote en sautant mais j’ai peut-être une chance -infime- de l’attraper… Le ridicule ne tue pas, n’est-ce pas ? Alors je saute, aussi haut que mes jambes me le permettent -autant dire pas beaucoup- mais la perfide est bien trop en hauteur pour que mes doigts parviennent ne serait-ce qu’à l’effleurer… Pourquoi faut-il que je mesure aussi peu ? Ma mère est grande, mon père est grand -enfin d’après mes souvenirs- ma soeur est grande pour son âge et moi… Je suis le Hobbit de la famille ; voir même le minimoy. Je retombe sur mes pieds -je ne me suis pas loupée, c’est déjà ça- un peu dépitée voir même désespérée. J’ai presque envie de tout envoyer bouler, de laisser les copies partir à tout jamais et rentrer m’enfermer dans mon appartement pour boire une tasse de thé. Margot ramasse des feuilles, cela l’amuse pas mal, cette situation. Je suis persuadée qu’elle aimerait bien que ce soit un de ses contrôles, qui s’envole et soit perdu à tout jamais. Je me penche pour ramasser une autre copie lorsqu’une voix inconnue me parvient et je sursaute un peu, ne m’y attendant pas vraiment.

« Hey, moi aussi je voulais devenir astronaute ! »

Je me redresse, me tournant alors vers le jeune homme dont j’ai sauvé un carton, quelques instants plus tôt. Oh, je n’avais même pas fait attention qu’il était encore là. Et de quoi me parle-t-il ? Je fronce mes sourcils, un peu perplexe avant de remarquer qu’il tient quelques devoirs entre ses mains. Oh. Ooooh ! C’est à mon tour de sourire puis de tendre mon bras droit pour pouvoir récupérer mes copies que je range avec les autres que j’ai dans les mains.

« Merci beaucoup. Je dis, avec un sourire
-Désolé pour ça. Merci pour le carton. M’appelle Jaime. Jolie écriture, en tout cas. Mars ou la Lune ? » Enchaine-t-il.

Wouah. Et sinon, il respire à un moment ou bien ? Comment ça se passe ? Il parle vite et avec… Un délicieux accent anglais. Ah ! Cela fait tellement longtemps, que je ne l’ai pas entendu, je me sentais presque seule. Il ne faut pas croire, après quatorze années loin de l’Angleterre, je n’ai jamais perdu mon accent. Margot nous rejoint, me mets les feuilles dans les mains et lève le nez pour pouvoir regarder le nouveau venu. Jaime, donc.

« Alors, avec plaisir pour le carton, merci pour les copies. Moi c’est Eleonor et… Je vérifie la copie de la dite future astronaute. Je ferai passer le compliment à Madison, elle sera contente. Et c’est plutôt Mars, si je me souviens bien. de sa rédaction Personnellement, j’aurais une préférence pour Gallifrey mais bon… Enfin, ça fait plaisir, d’entendre un accent anglais ! »

Ugh. Voilà, je ne peux pas m’empêcher d’être moi ne serait-ce qu’une petite seconde. Je sens qu’on tire sur ma robe, je me doute bien qu’il s’agit de ma petite soeur.

« Et moi, tu me présentes un jour ?  Signe-t-elle, boudeuse.
-Oui. Oui oui, pardon. Je réponds à haute voix et en signant d’une main, l’autre étant occupée à tenir les copies. Donc Jaime, ma petite soeur, Margot. Ton prénom, c’est bien J-a-i-m-e ? »

Après confirmation, je regarde ma petite soeur pour épeler le prénom. Margot acquiesce et fait coucou à son tour de la main avec un immense sourire. Tellement immense qu'on parvient à voir les dents manquantes qui sont tombées il y a peu de temps.

« Tu ne pourrais pas lui demander s’il a une amoureuse ?
-Elle est ravie de te rencontrer ! Je dis à l’intention de Jaime, ne préférant pas traduire ce que ma soeur vient réellement de dire.
-Je n’ai pas dit ça. » S’offusque-t-elle, ses gestes se faisants plus rapides.

Ce qu’il y a de bien, c’est que comme ça, Margot peut bien dire des âneries, je suis la seule à pouvoir la comprendre. Oui, je traduis un peu ce que je veux, mais c’est pour le bien de tout le monde. Je remets rapidement mes copies dans un classeur au hasard puis jette un coup d’oeil aux cartons de Jaime.

« Tu aménages dans l’immeuble ? Je demande en désignant la porte du bâtiment dans lequel j’habite. Besoin d’aide peut-être ? J’ai peur que tu assommes quelqu’un avec ta technique pour porter les cartons en plus il n’y a pas d’ascenseur. Nous habitons au troisième mais ça ne dérange pas de monter plus haut. Puis c’est la moindre des choses, pour les copies sauvées et en tant que compatriotes. Et voisins, aussi. »

Je parle vite. Un peu trop vite pour que ma soeur parvienne à tout comprendre du premier coup en lisant sur mes lèvres. Elle gonfle ses joues comme un hamster lorsque je lui donne les classeurs, c’est à elle de les porter. Il faut bien qu’elle participe à l’effort de guerre, elle aussi ! A huit ans, cela ne va pas la tuer de porter quatre classeurs remplis de feuilles… Dont certaines menacent encore de se faire la malle ; bien heureusement Margot à la présence d’esprit de les remettre comme il faut avant d’essayer de signer d’une main.

« Elle te demande à quel étage tu vas habiter et… … Si tu aimes les fraises tagada parce qu’elle en a un paquet dans son sac… D’où tu sors ça, Margot ? »

Ma soeur se contente d’hausser les épaules tout en souriant, ce qui veut donc dire qu’elle ne m’en dira rien. Je me retiens de soupirer, c’est bien ma frangine ça. Alors au lieu de chercher à comprendre le pourquoi du comment, je me baisse pour ramasser le carton sauvé précédemment afin de le prendre dans mes bras et le soulever délicatement. Il n’est pas très lourd mais je connais ma force et ma maladresse, mieux vaut être prudente.

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MessageSujet: Re: It's better to be absolutely ridiculous than absolutely boring. ✖ Jaime   It's better to be absolutely ridiculous than absolutely boring.  ✖ Jaime EmptyDim 15 Juin - 21:46



eleonor & jaime ✖ It's better to be absolutely ridiculous than absolutely boring. 


J'agitais déjà la main vers la petite quand je fige en pleine action, voyant les deux gesticuler leurs doigts avec bien plus d'adresse que je n'en aurai jamais. Bon, d'accord, ça m'a peut-être pris une seconde ou deux de plus que ce que je veux bien admettre entre le moment où la brune - Eleonor ! - épèle mon prénom et celui où une connexion viable se fait entre mes neurones, mais, hé, au moins, j'ai compris, et je ne persévère pas à secouer mes articulations en pensant qu'elle m'accorde un long, très long bonjour tacite. C'était déjà un petit exploit, parce qu'en règle générale, je ne suis jamais le meilleur bouillon de culture et de science infuse dans un rayon d'au moins 6 371 kilomètres, et là, il n'est pas loin de 16 heures et figurez vous qu'en temps normal, j'entre à peine dans une phase de sommeil paradoxal et que je me bats déjà contre un Nyan Cat format XXL qui me laissera fébrile et qui me fera renverser un peu de mon café sur mes jambes à chaque bruit qui se fera entendre dans mon dos lorsque je prendrai le chemin de la radio et parcourrai les mêmes sombres ruelles que celles où l'odieux croque-mitaine m'a coincé, son arc-en-ciel terrible collé à ma jugulaire. Moralité de l'histoire, la lumière du jour et les doux ultraviolets cancérigènes de ma lune à moi n'ont pas un trop bon effet sur moi, oiseau de la nuit que je suis, contrairement au commun des mortels, et donc, là, figurez-vous que je suis encore plus à la ramasse qu'à l'accoutumée. Enfin, bref, pour en revenir à nos moutons et ne pas s'égarer plus loin au risque de me décrocher un gracieux bâillement si je continue d'en causer - N'ELOIGNE PAS ENCORE PLUS TON MENTON DE TON VISAGE, JAIME -, je comprends donc que la petite doit être sourde, ou quelque chose comme ça, et qu'elles sont en train de signer. Le fait qu'Eleonor m'a demandé d'épeler mon prénom a aussi sa part de responsabilité là dedans; j'avais bien vite balayé l'hypothèse "Coutume locale", primo parce que je commençais à me faire à ces américains qui, selon, soit estropiaient mon prénom de mâchouillant le -peu- de syllabes qui le composent, soit devenaient hystériques et me demandaient quel effet ma potentielle soeur jumelle avait sur moi et si je ne pouvais pas leur chanter les pluies de Castamere, comme ça, vite fait - Americans. Deuzio, ... son accent ! s'il vous plaît ! Depuis qu'Abigail et ses douces intonations de l'Ecosse enragée ne sont plus là pour me parler à un rythme qui défie toute concurrence, quitte à ne pas même réussir à se faire comprendre auprès des born and raised de l'Hollywood chicos où nous nous sommes installés - je vois passer un tut tut en arrière-plan et je me dis que, bon, le quartier, ce n'est plus trop ça, mais, hé -, ce genre de British Touch que j'affectionnais tant se faisait rare. Il y avait bien un appel ou deux de compatriotes, à la radio, mais bon, la moitié du temps, je n'arrivais pas à discerner concrètement les vrais et faux accents dont les allumés qui pouvaient encore m'écouter au milieu de la nuit pouvaient faire preuve, et puis, c'était toujours trop bref pour que j'en ressente la moindre satisfaction, autre que celle de savoir que je ne prends pas l'antenne pour parler dans le vide. Pire encore, j'avais passé ces dernières semaines chez Parker, si tendre aux yeux d'Isla et si abominable niveau élocution (et niveau tout le reste, aussi, mais shhh), le song of my people n'avait donc eu aucune chance de se faire une petite, toute petite place chez un germanophone, certes, refoulé, mais repérable à des kilomètres à la ronde.  Il y avait bien eu les Monaghan, mais eux, c'était encore différent - c'était des Galleux. Pas de quoi faire vibrer ma fibre patriotique, hein. My bad. Mais elle... Elle ! Elle mentionne, subtile, un joyau de la télévision britannique, je l'écoute tuer ses R dans l'oeuf et je jubile.

Je jubile, oui, mais je panique, surtout, et j'arrête donc de bouger ma main pour la faire rejoindre sa jumelle sur le carton que j'ai pu sauver : elles signaient. Je me connaissais; j'étais encore capable de leur balancer la pire infamie imaginable, juste en agitant le bout des doigts, tout innocent. No way. Surtout que la brune mentionne à l'instant qu'elles vivent au troisième étage et, un, deux, trois, les connexions se refont et je me rappelle que l'appartement qu'Isla et moi allons désormais partager se trouve à la même hauteur. Si je lâche un nouveau sourire joyeux, limite audible (si, si, j'vous assure), heureux d'avoir déjà rencontré une autre habitante de l'immeuble et, qui plus est, du même palier. Petite pression malgré tout : au fond de moi, j'entends résonner une petite voix, discrète mais acérée : please, don't screw it up. Qu'il s'agisse de ma conscience, d'un effet secondaire au manque de soleil ou le conseil d'un ange gardien qui doit flirter avec le suicide si j'en ai un, depuis le temps, ça n'a pas d'importance. Je sais que je dois l'écouter, je sais que je ne dois pas tout foirer là, tout de suite, maintenant. Parce que j'me connais, hé, et que je risque à tout moment de tuer le potentiel hamster de la petite Margot rien qu'en ouvrant la bouche et qu'il atterrirait en plein dans le pare-brise de l'hypothétique voiture de son aînée. Parole d'énergumène. Et, ça, ce n'est pas mon but, loin de là. Non, mes voisins, je sais qu'il faut que je les aie en amis, déjà pour m'éviter une frustration sans limite si ce n'est pas le cas, ensuite, parce que c'est chez eux que je dois courir me réfugier quand je suis seul et qu'il y a de l'ora... Quand je n'ai plus de sucre ou de farine et que j'ai BESOIN de me faire des gâteaux, parce qu'il m'arrive d'être bruyant, maladroit que je suis, et pas forcément aux heures auxquelles on aime être dérangé par un énorme BAM dans le couloir (mon genou et la porte, ma tête et l'escalier, mon dos et le plancher, vous voyez le genre), et puis... Parce qu'elle est mignonne, aussi. Oui, il y a un rapport. Non, je n'en parlerai pas.

Concluant mon débat intérieur sur cette touche d'impertinence sans précédent, je laisse mon regard naviguer la petite et la pas grande, sans rien dire, pour une fois - Eleonor se charge d'entretenir un débit de parole qui, habituellement, m'est propre, et enchaîne qui plus est avec sa soeur. Traduction faite, je reprends mes droits sur l'explosion de paroles en posant mes prunelles sur la fillette que je vois encore tout juste dépasser derrière son tas de classeurs fraîchement hérité. « Les fraises tagada ! Bien sûr que j'aime les fraises tagada ? Qui ne les aime pas ? Note que j'ai un cousin qui y est allergique. Mais, bon, il ne supporte pas grand chose. Une fois, il a mangé une pomme et bam, triple volume. Il a mis des semaines à dégonfler... Il paraît que c'est à cause du lait de vache, il en a bu trop jeune et, voilà, enfin, il, ... » Allez, parle-lui des pustules, mime-les comme tu viens de t'agiter dans tous les sens en faisant tanguer dangereusement le carton qui coure déjà sur le fil du rasoir. Je serre les dents dans un sourire en croisant le regard interloqué de l'enfant, me contente finalement de lever un pouce en sa direction - oh gosh, faites que ça ne signifie pas que j'ai dépecé ma famille entière le jour de Noël 2003. Un instant plus tard, mon attention est revenue sur ma nouvelle voisine et j'oublie d'être un sociopathe, rien qu'un petit moment, pour mieux que je le lui annonce. « Le troisième étage ! Génial ! On vient de prendre l'appartement 31... ou alors le 37... Bah, pas d'importance. Je m'en souviendrai, avec le temps. » Sous-entendu que je me tromperai de porte pour les six prochains mois et que je risque, donc, de faire irruption dans son hall d'entrée à sept heures pétantes, la tête en vrac, que j'irai m'écraser sur son canapé et que leurs hurlements ne suffiront même pas à me réveiller. Deal with it. « Je ne dis pas non, pour le coup de main, tant que ça ne te dérange pas. Avec Isla qui bosse et Gary qui dort et Parker qui... qui... Enfin, beaucoup de cartons pour tous mes bras, et je risque de... »

Je ne fais plus attention à ce que je dis, les mots se forment et s'envolent d'eux-même, mais ça ne risque pas d'avoir un grave impact ; assurant ma prise sur mon carton et tendant le bras à travers la fenêtre de la voiture pour en ressortir un étui de guitare et un sac supplémentaire, j'ai déjà remonté l'allée qui mène à l'entrée de l'immeuble, papotant à tue-tête avec... well, moi-même, sans plus me soucier des deux inconnues qui, breaking news, ne risquent pas de le rester longtemps. Arrivé à la porte, je fais finalement volte-face, bon gentleman que je suis, donne un coup de coude sur la poignée pour l'ouvrir et recule avec. « Après vous, chères... » Cette fois-ci, je m'interromps en plein phrasé et ma réplique qui se voulait so friendly éclate dans les airs, dans le même jet que le cri que j'entends s'élever derrière mon épaule. Oh... damn it. Je me rattrape de justesse à la poignée et m'évite de tomber à la renverse, sacrifiant le sac que je tenais du bout des doigts pour mon salut... mais je-ne-me-rétame-pas. Non, vraiment, je ne sais pas ce que j'ai, aujourd'hui, mais je suis au top de ma forme, et ça... ça, malgré la fatigue qui, à nouveau, me fait réagir avec cinq bonnes secondes de différé. « Mince, j'suis désolé ! Vous allez bien ? Vous n'avez rien de... » Le type qui, lui, n'a pas eu mon adresse et n'a pas su gardé son équilibre grâce à une gymnastique d'enfer et un appui solide sur la poignée... ou... son déambulateur... se redresse, péniblement, boudant la main que je lui tends, en piaillant dans une langue que je ne connais pas, ou, du moins, que je ne saisis pas. Il me bouscule et continue à râler (ça, je comprends), en s'époussetant vite fait avant de filer entre nous et sortir de l'immeuble où, messieurs-dames, je viens de faire une entrée triomphante. Un ange passe, je mords ma lèvre et je relève une tête  penaude sur Eleonor. « Dis-moi que ce n'était pas le propriétaire. » Mon regard est furtif; je remarque la demi portion, derrière elle, qui rigole, toutes dents (enfin, presque) dehors. Mes traits se défont pour se remodeler, instantanément, dans un large sourire et une expression mutine. Voilà exactement le genre de personnes avec qui je pouvais le mieux m'entendre. Syndrome de Peter Pan, somebody ? J'en ai profité pour ramasser le sac que j'ai fait tomber et réunir les quelques affaires qui s'en sont échappées; une barre de céréales non identifiées en main, je me redresse, l'examine rapidement, la retourne dans tous les sens jusqu'à ce qu'elle atterrisse sur le haut des classeurs de la petite Margot, vers qui j'hausse un sourcil, complice.  « C'est neeetteeemeeent moins bon qu'une de tes fraises tagada... Mais, au moins, il n'y a pas de pomme dedans. Promis! »



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MessageSujet: Re: It's better to be absolutely ridiculous than absolutely boring. ✖ Jaime   It's better to be absolutely ridiculous than absolutely boring.  ✖ Jaime EmptySam 28 Juin - 20:47

Leo ∞ Jaime

Portant la pile de classeurs remplis de copies, ma soeur n’est presque plus visible. Seuls dépassent ses grands yeux chocolat et ses couettes légèrement défaites. Son regard est rivé sur Jaime, ou plutôt sur ses lèvres, à l’affut de la moindre parole. Ce qui ne tarde pas et bon sang… Ce qu’il peut parler vite. Même pour une personne qui a une acuité auditive des plus normales, il n’est pas forcément évident de tout suivre mais alors pour Margot. Ses sourcils sont froncés, ses yeux ne quittent pas la bouche de Jaime : heureusement qu’il n’est pas américain et qu’il ne mâche pas la moitié des mots mais qu’il a une diction parfaite… Si seulement il pouvait parler un tout petit peu moins vite ; je perçois bien que ma petite-soeur ne parvient pas à tout comprendre, elle doit réussir à saisir quelques mots et j’ignore lesquels. D’autant plus que le nouveau venu s’agite, ce qui n’aide pas vraiment ma soeur qui doit très certainement se sentir frustrée de ne pouvoir répondre à cause des ses mains entravées par les classeurs colorés. J’aimerais bien pouvoir aider ma petite-soeur, mais je suis également dans une posture qui ne me permet absolument pas de traduire les propos de Jaime… D’autant plus que je ne suis pas non plus certaine de tout comprendre ; c’est fou le débit qu’il peut avoir, ce garçon ! Margot me jette un très bref regard perdu puis reporte son attention sur l’énergumène en face d’elle qui a terminé de parler. Ah, le pouce levé, ma soeur comprend et cette fois, c’est un large sourire qui étire ses lèvres. Pour sûr qu’elle attendait une réponse dans ce genre depuis le début ! Je tourne la tête (et la lève, aussi) vers Jaime avec un léger sourire amusé.

« Le troisième étage ! Génial ! On vient de prendre l'appartement 31... ou alors le 37... Bah, pas d'importance. Je m'en souviendrai, avec le temps.
-Le 31 ? J’en doute ; à moins que le proprio ait décidé de te louer mon appartement… On risque d’être légèrement à l’étroit. Tu peux toujours dormir dans la chambre de Margot on devrait réussir à faire de la place en la rangeant correctement ! »

Je ponctue ma phrase d’un petit rire. Oh sinon il peut toujours dormir dans le lit de ma soeur, seulement, ses pieds risquent de dépasser genre… Beaucoup. Quelle idée d’être aussi grand ! Puis notre nouveau voisin enchaîne et on ne parvient plus à l’arrêter. Euhm… Ma soeur et moi le regardons attraper des affaires dans sa voiture tout en continuant de parler. De quoi ? Excellente question ! De beaucoup de choses, pour tout dire. Je ne sais même pas si l’on peut dire que tout se suit, s’il y a la moindre logique dans les mots qu’il enchaine les uns après les autres, ne marquant que de rares pauses pour reprendre son souffle. J’échange un regard sceptique avec Margot, elle ne peut que deviner qu’il parle, étant dos à elle, par les mouvements de sa tête mais elle semble comprendre que je suis tout aussi perdue qu’elle. Cela ne me dérange pourtant pas, non, ça m’amuse, même ! Je n’ai pas vraiment l’habitude de fréquenter des personnes comme lui et c’est plutôt agréable, ça change de la gravité des adultes -non, je ne me range pas dans cette catégorie, pas toujours. C’est donc les bras chargés que nous suivons notre tout nouveau voisin vers l’immeuble et je dois légèrement accélérer le pas afin de le rattraper. Car lui, avec ses grandes jambes, il parvient à parcourir en une enjambée ce que je fais en trois. La vie est injuste. La porte est devant nous, je m’apprête à poser le carton sur le sol pour ouvrir mais Jaime me devance, actionnant la poignet avec son coude.

« Après vous, chères…
-Attention ! »

Étant de dos, il ne peut forcément pas voir l’un de nos voisins derrière lui. Je l’ai prévenu, trop tard, le pauvre… Je ne me souviens plus du nom, tombe à la renverse et Jaime manque lui aussi de se ramasser. Heureusement, seul son sac se retrouve sur le sol avec l’habitant du deuxième, qui n’a pas l’air ravi de s’être ainsi fait attaquer. Je me mords la lèvre, les coins de mes lèvres tressautent ; j’aurais bien envie de me mettre à rire devant pareille situation, mais je crains que ce soit plutôt mal vu alors je me retiens, remonte un peu le carton derrière je me cache pour dissimuler le plus possible les soubresauts qui agitent mes épaules. C’est mal Leo, très mal. Le pauvre homme aurait pu se faire super mal et il ne faut jamais se moquer… Sauf que c’est tellement drôle ! J’ignore pourquoi, mais je suis sûre que c’est le genre de choses qui arrivent assez souvent à Jaime. Note à moi-même, éviter d’être celle qui se prendra la porte/le sac/le meuble/n’importe quoi. Je me décale, suivie de ma soeur, pour laisser passer le voisin qui n’en finit par de jurer dans sa langue maternelle… Je suis des yeux le vieil homme s’éloignant rapidement dans la rue puis reporte mon attention sur Jaime tout penaud. Aww. Il est mignon, avec sa tête de chien battu.

« Nop’, tu as de la chance. Il habite au deuxième étage, franchement pas agréable. Je ne crois pas l’avoir entendu dire bonjour une seule fois. »

Cachée derrière la pile de classeurs, ma petite soeur rit, hilare. Un peu plus et elle risquerait de faire tomber ce qu’elle tient. Je dépose le cartons que j’ai dans les bras pour aider Jaime à ramasser les affaires qui se sont échappées de son sac lors de sa chute. Quand je me redresse, ce dernier dépose ce qu’il semble être une barre de céréales sur le classeur bleu. Ma soeur louche dessus en fronçant des sourcils avant d’avoir l’air très intéressée. Tiens donc, cette gamine est un estomac sur pattes ; quand il s’agit de manger, elle est toujours là ! Je tends les quelques objets que j’ai dans les mains de notre voisin. Ma soeur tourne la tête vers moi, un sourcil levé avant de regarder de nouveau Jaime, un sourire jusqu’aux oreilles. Je ne suis pas certaine qu’avec la pile de classeurs il arrive à la voir, et Margot aurait envie de remercier son nouvel ami, elle se mord les lèvres, me regarde hésitante. Elle ouvre la bouche et… Non, finalement non, elle hoche de la tête pour le remercier. Je suis un peu déçue, que ma soeur n’ait pas pris son courage à deux mains, mais je ne peux pas lui en vouloir, elle ne se sent pas à l’aise, lorsqu’elle parle et même avec moi. Alors avec un étranger. Enfin, semi-étranger, maintenant ! Je reprends de nouveau le carton dans mes bras, désignant les escaliers d’un geste de la tête.

« Finalement, heureusement qu’on est là pour porter tes cartons, il faudra que tu m’expliques comment tu comptais tout monter sans aide… Et surtout en empilant trente-six milles choses au point de ne rien y voir ! Ralala, aucune jugeote. » Je termine, sur un ton taquin.

C’est Margot qui ouvre la voie et grimpe les escaliers précautionneusement. Je peux voir les classeurs tanguer un peu, je prie silencieusement pour qu’ils ne tombent pas, déjà que l’un d’entre-eux a des anneaux plus que défectueux, si en plus il se ramasse une seconde fois… Je serai bonne pour en racheter un autre.

« J’espère que tes voisins du dessus seront plus discrets que les nôtres. Ugh. Ils sont insupportables. Sinon à l’étage, il y a une famille appartement 33, leurs gamins ne sont pas méchants, juste turbulents et bruyants. Appartement 30, une étudiante en médecine qu’on ne voit jamais, elle est toujours enfermée à travailler. Le numéro 32, tu as madame McQueen, une gentille petite vieille de plus de quatre-vingt ans, adorable comme tout mais sourde comme un pot. Et du genre tête en l’air aussi. La semaine dernière, elle avait oublié je ne sais pas quoi dans le four et la fumée a déclenché les extincteurs automatiques de son appartement, du mien et du 33. Un conseil, ne rien laisser brûler. Je n’exagère pas, deux secondes après, c’est le déluge dans ton appartement. Donc éviter de laisser trainer livres, ordinateurs et téléphones dehors. »

J’ai terminé mes explications lorsque nous arrivons sur le palier du troisième étage.

« Deux petites minutes, je vais ouvrir à Margot ! »

Je pose le carton dans un coin, sors mes clefs de mon sac et déverrouille la porte d’entrée pour que ma soeur puisse aller poser classeurs et cartable dans le salon. Je dépose mon sac dans l’entrée, Margot me passe devant en courant, la barre de céréales dans la bouche, un paquet de fraises Tagada sous un bras et sous l’autre, son ardoise velleda avec son stylo. Quand je retourne près de Jaime et Margot, ma soeur est déjà entrain de gribouiller sur son ardoise pour pouvoir communiquer plus facilement avec notre voisin. Je jette un coup d’oeil sur la surface blanche et ne peux m’empêcher d’avoir une petite grimace ; bonjour les fautes ! « Merci pour la bare de séréales. » Okaaay. Mieux vaut que je ne dise rien et ce soir, je fais faire des lignes à ma soeur ; elle va adorer !

« Bon alors ? Quel appartement est le tien ? 37, c’est bien ça ? Je ne sais pas qui habite au 36, je ne sais même pas s’il y a quelqu’un, à vrai dire. » Je demande à Jaime, regardant toutes les portes tour à tour.

Nous suivons notre voisin, Margot termine de manger sa barre de céréales sur le -looong- chemin qui mène à l’appartement de l’anglais. Et c’est bizarre, mais plus je l’écoute et plus sa voix me dit quelque chose. Je suis sûre que je l’ai déjà entendue quelque part… Pourtant, je n’ai jamais vu Jaime, c’est la première fois que nous nous rencontrons. Où ai-je bien pu l’entendre… Les sourcils légèrement froncés, je réfléchis intensément quand d’un coup, ça fait tilt dans ma tête. Hop, la lumière s’allume et de suite, c’est plus clair.

« MAIS ! C’est toi, à la radio. C’est bien toi, pas vrai ? La nuit, sur je ne sais plus quelle fréquence. Et si je me plante, je vais me sentir incroyablement stupide. »

Comme si ça changeait de d’habitude, ça !

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