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 Follow the cops back home. [Maxine&Stefan]

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MessageSujet: Follow the cops back home. [Maxine&Stefan]   Follow the cops back home. [Maxine&Stefan] EmptyLun 25 Mar - 2:57



Follow the cops back home
The call to arms was never true, I'll tell you stories bruised and blue.




Stefan regardait les quelques photos qui trainaient sur la table à laquelle il était attablé. Son regard défilant sur les visages sans grand intérêt, il faisait semblant de ne rien voir, ses traits restant impassibles pour ne pas éveiller les soupçons. Si on lui avait dit qu’il serait au commissariat à une heure aussi matinale en pleine semaine, il n’y aurait jamais cru. Et naturellement, il ne se serait pas permis de passer la nuit dehors, à faire la tournée des bars ou des boîtes dans le quartier gay de West Hollywood si quelqu’un avait eu la décence de le prévenir... Il était arrivé chez lui vers sept heures du matin, accompagné d’un beau blond musclé qui avait au moins dix ans de moins que lui. Stefan avait beaucoup de mal à glisser la clé dans la serrure de son petit appartement tandis que leurs bouches s'entremêlaient maladroitement dans un bruit de succion tellement impressionnant qu’il semblait exagéré. Dans la précipitation, le trousseau tomba plusieurs fois sur le paillasson et Stefan avait la plus grande peine du monde à se défaire de son amant pour le ramasser. Ils étaient sur le point de pousser la porte pour se dérober au reste du monde et se libérer de l’emprise de leurs vêtements lorsqu’on les interpella. L’inconnu blotti dans son cou, Stefan regardait par-dessus l’épaule de ce dernier pour savoir qui était à l’origine de cet appel. Il avait beau avoir entendu un millier de voix masculines, l’infirmier ne reconnaissait pas celle qui venait pourtant de prononcer son nom. Et pour cause, il n’avait encore jamais croisé d’officier de police sur le seuil de son appartement. D’ailleurs, il se demandait s’il s’était déjà trouvé sur le chemin des autorités une seule fois dans sa vie depuis l’arrestation de son propre père... Incontestablement, c’était un plaisantin qui voulait se joindre à leurs étreintes. Encore perché dans les étoiles suite à la nuit mouvementée qu’il venait de passer, Stefan avait alors pensé tout haut. « Pile au bon moment, on avait besoin de menottes. Ce type est incontrôlable. » Le nouvel arrivant costumé resta impassible, brandissant le mandat d’arrêt dont il était muni : « Monsieur McFire, vous êtes prié de me suivre. Ou je serai effectivement contraint d’utiliser mes menottes. » Et malgré le bourdonnement qui persistait au creux de ses oreilles à cause de la musique rythmée qui l’avait habité pendant les dernières heures, Stefan avait parfaitement entendu.

Les visages continuaient de défiler devant ses pauvres yeux endoloris qui espéraient obtenir un peu de repos. Le manque de sommeil le déconcentrait autant que le manque de caféine et de nicotine. S’il restait cloitré dans cette minuscule salle une heure de plus, assis en face de cette jeune femme qui devait avoir le même âge que lui, il était pratiquement certain qu’il allait finir par s’évanouir. Stefan n’avait aucune idée de l’heure qu’il était précisément, mais entre le trajet jusqu’au commissariat et l’attente qui avait suivi puis les questions incessantes de la brune qui l’interrogeait, il s’était certainement écoulé deux ou trois heures. Alors il s'efforçait de faire de son mieux pour atteindre la partie de son cerveau qui lui servait de base de données, fouillant dans les fichiers de sa mémoire pour pouvoir mettre un nom sur les portraits. Il plissait les paupières comme s’il essayait de percer l’épais brouillard imaginaire que la fatigue avait inventé mais son esprit était bien trop embrumé pour pouvoir en faire abstraction. Il venait régulièrement passer une main pâle et moite sur ses joues pour essayer de se réveiller, mais rien n’y faisait. Il ne se doutait pas que la jeune brune allait alors brandir une ultime photo, un simple cliché qui allait provoquer l’électrochoc et lui fournir une dose suffisante d’adrénaline qui valait tous les breuvages et toutes les cigarettes du monde.

Stefan s’interdit d’avoir un mouvement de recul qui aurait pu le trahir, essayant de faire en sorte que les traits de son visage restent aussi fermés que lorsqu’il était arrivé en ces lieux. Tyler. Si la plupart des suspects qu’on lui avait présenté lui paraissaient familiers, aucun d’entre eux n’avaient eu autant d’effet que ce dernier. Juste devant lui, sur cette table en ferraille, à quelques centimètres de ses mains jointes, son dealer. Celui qui s’était contenté de lui vendre un peu de poudre, jusqu’à ce que leur relation prenne une toute autre tournure... Cela devait faire quelques semaines seulement qu’ils s’étaient séparés, et au bout de deux ans, Stefan avait réussi à s’attacher à lui. Il ne savait pas vraiment si ce qu’il avait éprouvé à l’égard du jeune homme pouvait être comparé à de l’amour, mais il tenait véritablement à lui. Tyler faisait partie des rares personnes avec qui Stefan s’était autorisé de passer plusieurs nuits, le seul dont il acceptait les mots doux lorsque celui-ci ressentait le besoin de manifester sa tendresse. Pourtant, ils étaient sans cesse sur la défensive, convaincus que cette histoire ne les mènerait nulle part, qu’elle était vouée à l’échec. Ils avaient essayé de se battre mais c’était sans issue. Stefan n’était pas prêt à réserver l’exclusivité de son corps à une seule et même personne ; Tyler ne voulait pas que sa moitié soit davantage impliquée dans ses histoires de drogue, de peur qu’il lui arrive des ennuis. Et ce dernier n’avait pas complètement eu tort : si ce n’avait pas été pour son idylle avec Tyler, Stefan ne serait pas au commissariat, faisant semblant de ne pas réagir face à ce visage qu’il connaissait par coeur pour en avoir caressé les moindres recoins... Il s’autorisa à cligner des yeux néanmoins, conscient que la brunette remarquerait son comportement suspect s’il restait ainsi figé. Il releva la tête pour croiser le regard de son interlocutrice, répétant qu’il ne voyait vraiment pas de qui il s’agissait pour la énième fois.

Secrètement, Stefan priait pour que l’inspectrice - ou quel que soit son statut - n’ait pas de preuve de l’existence de sa liaison avec Tyler. Pourtant, il ne doutait pas un seul instant de la compétence des services de police ; et si on l’avait arrêté, c’était pour une bonne raison. Ils avaient déjà suffisamment d’informations sur lui pour en déduire qu’il était lié à l’un des truands qu’ils traquaient actuellement. Mais le cadre savait aussi qu’il ne pouvait se permettre de dénoncer qui que ce soit. Qu’adviendrait-il de ses vieux os s’il se décidait à raconter tout ce qu’il savait ? D’ici deux jours, on retrouverait sûrement son corps dans un vieux hangar ou dans un fossé. Pire encore : qui allait le fournir ? Qui voudrait lui vendre sa came si le tout le monde dans le milieu apprenait qu’il avait aidé les flics ? S’il s’autorisait à être honnête, il ne pourrait plus jamais planer. Et il n’existait pas de menace plus effrayante. À cette simple idée, le coeur de Stefan se retourna littéralement dans sa poitrine. Il avait du mal à déglutir et il rangea subitement ses mains sous la table pour ne pas qu’elles puissent se mettre à trembler aux yeux de tous. « Si vous ne voulez pas avoir un autre mort sur les bras, vous devriez peut-être me faire porter un verre d’eau ou quelque chose... » Stefan n’avait pas réfléchi. En réalité, c’était à se demander si ça lui était déjà arrivé une seule fois dans sa vie. Les rares fois où il tournait sept fois sa langue dans sa bouche, ce n’était vraiment pas dans le but de parler par la suite... Et si on l’avait convoqué pour une sombre et triste affaire de meurtre ? Sa petite blague ne passerait certainement pas inaperçue et Stefan ne donnait pas cher de sa carcasse... Il aurait tout fait pour retirer ce qu’il venait tout juste de dire. « Ecoutez, je n’ai pas dormi, je n’ai rien mangé et je n’ai pas bu depuis une éternité. Je ne reconnais personne, est-ce que vous pouvez me laisser partir ? Je ne suis pas en garde à vue, je peux partir quand je veux, non ? »

Les nerfs à vif, Stefan commençait à avoir terriblement chaud malgré sa tenue plutôt légère mais il savait pourtant que la perle de sueur qui roulait sur sa tempe n’avait rien à voir avec la température ambiante. Il était stressé, fébrile, et les effets de sa bienfaitrice étaient en train de se dissiper lentement, comme une trainée de poudre, le laissant parfaitement conscient de la situation...

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MessageSujet: Re: Follow the cops back home. [Maxine&Stefan]   Follow the cops back home. [Maxine&Stefan] EmptyLun 22 Avr - 15:46


« and there are no tears
just pity and fear
a vast ravine right in between »


En tant que Colonel dans l’Armée américaine, Max savait contenir ses émotions et garder un air impassible en toutes circonstances. Combien de fois s’était-elle cachée derrière un masque parfaitement neutre au cours de sa carrière, même si intérieurement, elle hurlait – de rage, de désespoir, ou encore de frustration ? Face à des ennemis, des frères d’armes, des supérieurs ou subordonnés ? Parfois, quand elle s’autorisait à prendre un peu de recul pour mieux analyser les choses, Max réalisait que c’était devenu son quotidien. Son existence entière reposait sur cette tendance – voire ce talant – à intérioriser ses ressentis. A les dissimuler au reste du monde, qu’il s’agisse de simples inconnus, de connaissances voire d’amis. Les personnes qui pouvaient la comprendre réellement se comptaient sur les doigts d’une seule main. Devant les autres, elle affichait une expression neutre, peu importe ce qui s’était passé une semaine, deux jours ou dix minutes auparavant. Ils n’avaient pas besoin de savoir. Personne n’avait besoin de savoir.

Dans le fond, cette nécessité de ne rien laisser paraître lui avait servi, professionnellement parlant. Lorsqu’elle conduisait des interrogatoires, en l’occurrence. Si elle se trouvait toute seule devant McFire aujourd’hui, ce n’était pas un hasard, ni un test de la part de Nathan, ni par la force des choses. Son statut militaire lui avait valu bien d’autres séances de ce genre : avec des soldats du camp adverse, principalement. Elle savait poser les bonnes questions, se montrer patiente, manipuler pour obtenir les infos qui l’intéressaient. Voilà pourquoi elle était assise en face de ce drogué, seul lien du DHS avec un groupe terroriste qu’ils tentaient de coincer depuis un très long moment. Son partenaire avait voulu l’accompagner, mais Max s’était imposée. Non, elle le cuisinerait, seule, et réussirait. Haussant les épaules, ne sachant s’il devait l’écouter – surtout concernant une enquête aussi importante – il avait fini par céder face à son regard. Désormais, Nathan se trouvait derrière la vitre sans tain, et attendait que sa nouvelle coéquipière tienne ses promesses. Il croisait probablement les doigts, d’ailleurs, parce que si la brunette échouait lamentablement, le boss le lui ferait payer au centuple.

Mais l’Agent Lennox savait ce qu’elle faisait. Les deux dernières heures, elle avait posé devant le fameux McFire plusieurs clichés représentant les membres présumés du groupe terroriste. D’un autre côté, elle lui posait diverses questions, parfois en rapport, parfois pas du tout, visant à le déstabiliser. Désormais, il en avait clairement marre. Fatigué par les assauts incessants de la jeune femme et la durée de leur « entretien », il semblait sur le point de craquer. Et, comme put le remarquer Maxine, il était en manque. Stressé, parfois pris de frissons mais son front luisant pourtant de sueur, elle ne lui donnait pas plus d’une heure supplémentaire pour péter un câble. Toutefois à ce stade, il lui échapperait complètement. Si elle voulait profiter à fond de son état, il fallait agir vite. Brandissant une nouvelle photo tout droit sortie de son dossier, Max la claqua violemment sur la table. « Et lui ? » assena-t-elle, glaciale, haussant un sourcil. Ses yeux scrutateurs ne quittaient pas McFire. Un très court instant, elle lut dans son regard qu’il le connaissait. Bien entendu. Mais l’avouerait-il ? Sans doute que non, puisque la seconde suivante, il haussait les épaules une énième fois et réclama simplement un verre d’eau. Maxine retint un rictus amusé, pendant qu’il tentait de justifier tant bien que mal les symptômes du manque. Elle en avait sincèrement besoin, il était hors de question qu’elle se le mette à dos. Et puis, dans le fond, le DHS était chanceux. McFire pouvait vraiment partir s’il le voulait et aurait pu faire valoir ses droits bien plus tôt – si seulement il avait eu toute sa tête.

« D’accord, » lâcha Max, soudain plus conciliante, et toujours pleinement consciente de ce qu’elle faisait. « Vous et moi, on va passer un marché. Je vais vous faire apporter un verre d’eau et un sandwich. En contrepartie, je vais vous demander de regarder seulement trois autres photos. Lorsque vous les aurez vues, si vous ne souhaitez toujours pas nous aider, alors… vous serez entièrement libre de partir. » Même si le plan de Max ne fonctionnait pas et qu’il quittait les lieux sans avoir rien lâché, ce ne serait que partie remise. Le DHS savait qu’il se droguait – en même temps, il fallait être aveugle pour ne pas le remarquer, surtout en cet instant précis – et il ne leur faudrait pas plus d’une demi-journée et d’une filature pour l’attraper avec un sachet de poudre blanche dans le jean. Et hop, en garde à vue pour possession de stupéfiant, où ils pourraient l’interroger à nouveau pour les prochaines vingt-quatre heures. Mais dans l’absolu, ce serait quand même mieux qu’il soit de leur côté et leur apporte une aide plus ou moins volontaire. La Colonel quitta son siège, ouvrit la porte donnant sur le couloir et demanda à ce qu’on aille chercher une bouteille d’eau et un sandwich. Puis, s’installant de nouveau en face de McFire, elle patienta, silencieuse.

De plus en plus mal à l’aise, se concentrant pour garder des forces face au manque, ce dernier ne prononça aucun mot non plus. Bientôt, un stagiaire entra dans la salle, déposa ce qu’il avait amené devant McFire et ressortit tout aussi rapidement. « Bien. Je vous en prie, ne vous gênez pas pour moi. » Max doutait qu’il mange grand-chose puisque ce n’était pas ce dont il avait besoin, mais la brunette aurait néanmoins esquissé un geste en sa direction. Sans perdre de temps, elle sortit une nouvelle photo de sa pochette et la fit glisser jusque vers McFire. Elle représentait ce dernier, embrassant leur suspect à pleine bouche juste devant son appartement. Puis, la Colonel ajouta le second cliché – plus persuasif que le premier. Les deux « protagonistes » en plein échange : fric contre dope. « Vous ne connaissez toujours pas Tyler Hale, j’imagine ? » railla-t-elle. Avant que McFire n’ait pu ouvrir la bouche, elle ajouta pour lui. « Non seulement c’est votre dealer, mais en plus, vous couchez avec. Qu’il y ait vraiment quelque chose entre vous ou qu’il ne soit qu’un plan cul, » supposa-t-elle, pas gênée le moins du monde par son choix de vocabulaire, « vous en savez plus que nous sur lui. Et vous allez tout me raconter, dans les moindres détails. Je veux tout savoir, des clopes qu'il fume à ce qu’il boit le matin en passant par sa marque de lessive préférée. » Le DHS était dans le noir complet concernant Hale, les planques et autres filatures n’ayant rien donné de solide. D’où leur idée de se servir du « petit-ami », un camé qui ne leur résisterait pas bien longtemps. Max était par ailleurs en bonne voie…

Laissant McFire réagir à cette petite surprise, la brunette s’appuya contre le dossier de sa chaise, croisant les bras. Elle avait une dernière carte à abattre, mais attendrait d’en avoir besoin. Elle pouvait cependant parier que si elle devait en arriver là pour obtenir la coopération de McFire, il abdiquerait. Elle avait la sensation de ne pas avoir un monstre en face d’elle, mais juste un mec paumé incapable de faire les bons choix de vie. L’Agent Lennox avait bien l’intention d’être son premier bon choix. Il le fallait. La vie de nombreux innocents en dépendait…
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MessageSujet: Re: Follow the cops back home. [Maxine&Stefan]   Follow the cops back home. [Maxine&Stefan] EmptyVen 3 Mai - 21:32

Le ciel avait finalement entendu ses prières et Stefan n’était pas tombé sur quelqu’un de totalement inhumain. Après tout, même si la jeune femme en face de lui avait passé les deux dernières heures à le faire suer - au sens propre comme au figuré -, elle se montrait assez compréhensive à présent. Enfin, ce n’était certainement pas le terme le plus approprié pour décrire l’attitude qu’elle avait face au jeune blond, mais qu’importe. Que ce soit uniquement pour l’intérêt de son enquête ou par pure générosité, l’agent du DHS avait fini par céder et lui accorder ce dont il semblait avoir le plus besoin actuellement. Mais à en juger par son regard perdu et son teint pâle, cette requête raisonnait plutôt comme une dernière volonté, l’ultime repas du condamné que la mort se chargerait d’emporter une fois cet entretien terminé, à moins que McFire ne puisse renaitre en s’enivrant de ses propres cendres... Il écoutait la brunette lui expliquer les fondements de leur marché, hochant simplement la tête, trop préoccupé par le fait qu’on avait enfin cédé à son chantage. Un léger sourire satisfait tordit ses lèvres fines alors qu’il avait l’impression que la balle était dans son camp pour la première fois depuis le début de cet interrogatoire ; il pouvait maintenant exiger ce qu’il voulait. Mais il y avait pourtant un problème, et pas des moindres : ce n’était qu’une impression. Une douce et agréable illusion qui ne devait pas durer... Les deux jeunes gens attendirent le repas de Stefan sans un mot, ce dernier ne quittant plus la porte des yeux depuis qu’il savait qu’on allait bientôt la pousser pour venir le sauver. C’était surement exagéré, mais à ce stade de la conversation, le jeune homme était déjà dans un état avancé de décomposition et son corps avait besoin de reprendre des forces. Il se sentait faillir, lentement, presque douloureusement, et ce n’était certainement pas lorsqu’on venait de lui sortir un cliché de Tyler qu’il fallait que le manque prenne le dessus sur tout le reste et lui fasse dire des choses qu’il pourrait regretter. Non pardon, pas le manque ; la faim. Lapsus révélateur.

La porte s’ouvrit après de longues secondes d’attente interminables. La jambe de Stefan commençait à trembler sous la table tandis que sa respiration s’accélérait à mesure qu’il patientait pour obtenir son petit remontant. L’espace d’un instant, son cerveau se mit à imaginer qu’on lui amenait ce dont il avait vraiment envie. Rien de solide, rien de liquide, juste un peu de poudre et l’autorisation de s’en mettre plein les narines. Il rêvait les yeux grands ouverts, mais son coeur fit tout de même un bon dans sa poitrine quand il aperçut le sandwich posé sur une vulgaire assiette en carton, comme s’il venait tout juste de se réveiller. Pourtant, ce n’était pas ce qu’il y avait de plus impressionnant dans cette scène criante de banalité... Stefan venait de croiser le regard du stagiaire qui déposait devant lui le met le plus commun que la terre ait imaginé. Il l’avait déjà croisé quelque part mais il était incapable de savoir où exactement. Les paupières légèrement plissées et ses sourcils froncés durcissant son regard, le suspect suscita sûrement le même type d’interrogation dans l’esprit de l’autre homme avant qu’il ne disparaisse aussi rapidement qu’il était venu. Sérieusement, Stefan devait songer à arrêter de ramener n’importe qui chez lui. Ou au lieu de se taper le stagiaire préposé au jambon-beurre, il aurait au moins pu viser un peu plus haut et se retrouver dans le lit d’un inspecteur ou d’un commissaire, n’importe qui qui aurait pu couper court à toute cette petite mise en scène qu’il n’appréciait pas le moins du monde et qui aurait pu le faire sortir d’ici rapidement.

Ce n’était pas le moment d’essayer de se souvenir si l’une de ses anciennes conquêtes pourrait effectivement l’aider à se tirer d’affaire sans avoir à honorer le marché qu’il venait de passer avec l’agent Lennox. Non, vraiment, pour l’heure, sa seule réelle préoccupation était de remplir son estomac. Il savait bien qu’il n’avait pas faim et que ces maigres bouts de pain n’aideraient en rien à faire disparaitre les multiples crampes qui commençaient à se manifester, mais il savait aussi qu’il était primordiale qu’il grignote quelque chose s’il voulait survivre. Saisissant son assiette timidement entre son pouce et son index, il tira l’objet cartonné jusque devant lui, s’efforçant de donner l’impression qu’il était lui-même dévoré par l’appétit. Néanmoins, il se demandait si son corps allait pouvoir supporter cette intrusion à laquelle il n’était plus habitué - non pas que Stefan ait définitivement cessé de s’alimenter, sinon il ne serait pas assis là actuellement ; mais depuis peu, ses repas devenaient de moins en moins consistants et il craignait d’avoir à avaler tout ceci sans une bonne nuit (ou journée, en l’occurrence) de sommeil pour s’y préparer et être moins barbouillé. Tant pis, il croisait les doigts. Dans le pire des cas, si son repas repartait dans l’autre sens, il pourrait au moins courir vers les toilettes les plus proches et prétexter qu’il n’était plus en état pour être mitraillé de questions.

Son sandwich était à quelques millimètres de ses lèvres lorsque l’agent Lennox jugea que c’était l’instant rêvé pour dégainer une énième photographie. Si Stefan n’avait pas déjà la bouche grande ouverte, il serait certainement resté bouche bée de toute manière. Là, juste devant lui, sur cette même table, à côté de tous ces clichés de criminels et de bandits dont Stefan ne se souvenait même plus des noms, une photo de Tyler et lui, leurs lèvres scellées. Stefan McFire, mêlé à tous ces autres imbéciles qui passaient leurs vies à pourrir celles des autres. Lui, le cadre de santé, le parfait inconnu, associé à tous ces meurtriers. Il ne bougeait plus, refusant même de mordre dans ce dont il s’était saisi quelques instants auparavant. Il ne pouvait rêver mieux pour feindre un soudain dégoût pour la nourriture qu’il avait encore entre les mains lorsque la jeune femme décida de brandir un autre argument, preuve indéniable de son implication dans le réseau de Hale. Théâtralement, Stefan reposa son sandwich avec douceur, ses yeux oscillant de gauche à droite, se baladant successivement sur les deux clichés. Son rythme cardiaque s’accéléra soudainement, sa langue encore engourdie et pâteuse courant pourtant sur ses dents comme si la solution se trouvait là, quelque part entre son palet et ses gencives. Il ne regardait plus l'agent du DHS ; non pas parce qu’il n’osait pas mais parce qu’il tentait de regrouper le peu de jugeote qui lui restait pour essayer de se tirer de cette affaire. En temps normal, il aurait saisi son téléphone et aurait bêtement demandé à Tyler de lui expliquer comment faire dans ces cas-là. Ils avaient toujours craint que ce jour arriverait tôt au tard, que Stefan soit impliqué et contraint de divulguer les rares informations qu’il possédait au sujet de ce réseau dont Hale tenait les rênes. Mais jamais ce dernier n’avait pris la peine de lui dire comme réagir lorsqu’il se retrouverait dans ladite situation. Stefan devrait faire ses armes tout seul.

Il ne relevait toujours pas la tête, imprégné par les images qu’il s’obligeait à regarder avec le plus grand soin, scrutant le moindre détail qui pourrait peut-être faire pencher la balance de son côté. Après tout, s’il existait un moyen de prouver que ce n’était pas lui sur ces photos, ou qu’il s’agissait d’une vaste supercherie, Stefan ne voulait pas louper une occasion d’être innocenté. Mais il n’y avait rien à part son pauvre visage amoureusement plaqué contre celui de Tyler et le sourire habituel qu’il arborait à chaque fois qu’il allait récupérer sa dose. L’esprit du jeune McFire dériva alors complètement, comme si quelqu’un venait d’appuyer sur un interrupteur. Il réalisa qu’on les avait suivis. Depuis combien de temps exactement avait-on épié leurs moindres faits et gestes ? Est-ce qu’ils avaient encore étaient observés la veille, lorsqu’ils s’étaient retrouvés dans leur hôtel habituel ? Les forces de police ou le DHS avaient-ils réussi à immortaliser d’autres moments comme ceux-ci ou s’étaient-ils contentés de ces deux-là ? Stefan ne se rendait même pas compte qu’il respirait la bouche ouverte, ses inspirations à présent saccadées, perturbées par le stress qui l’envahissait petit à petit. Ses mains tremblantes bougeaient dans tous les sens, ses doigts se mêlant les uns aux autres dans la confusion la plus totale. Il était sur le point de craquer, happé par l’idée qu'il était constamment observé. Cela lui arrivait souvent pendant ses crises de manque, une fois les effets de la drogue entièrement dissipés. Il devenait paranoïaque et les crises d’angoisse dont il souffrait l’empêchaient parfois de se rendre au boulot ou de mener un semblant de vie normale. L’agent Lennox ne se doutait certainement pas qu’elle venait tout juste de mettre le doigt sur l’une des plus grandes peurs de Stefan, ce qu’il craignait certainement autant que le vide...

Le jeune blond se décida enfin à affronter le regard de l’agent Lennox, réalisant qu’il ne ferait pas le poids face à elle et qu’il devrait abdiquer. Oui, c’était évident maintenant, il ne sortirait pas d’ici indemne. La question était à présent de savoir combien de temps encore il pourrait tenir ; il était hors de question de renoncer au combat et de baisser sa garde aussi facilement sur des photographies. Il reprit peu à peu le contrôle sur ses émotions, même si les prunelles brunes de son interlocutrice ne l’aidaient pas le moins du monde. « Navré, mais je n’en sais pas plus que vous. Je n’ai pas pour habitude de parler avec mes plan-cul. Votre stagiaire pourra vous le confirmer. », dit-il simplement avant de se laisser retomber au fond de sa chaise, ne baissant pas les yeux un seul instant. Voilà, il venait tout juste de trouver une utilité au garçon qui les avait rejoint précédemment. « Vous avez dit que vous aviez trois photos à me montrer. Montrez-moi la dernière qu’on en finisse, et que je puisse enfin rentrer chez moi. » Il déglutit difficilement, trahissant le faux air assuré qu’il tentait de se donner, convaincu que rien ne pourrait le contraindre à trahir Tyler. Quoi qu’il arrive, il ne devait pas céder. Avec le revers de sa main, il vint essuyer les quelques gouttes qui commençaient à rouler sur son front. Il était au bord du gouffre, et il voyait bien que l’agent Lennox en profitait allègrement. Ce n’était pas grave, il aurait fait n’importe quoi pour garder Tyler auprès de lui. Il tomberait pour lui s'il le fallait, mais la chute, aussi douloureuse soit-elle, se ferait sans un mot à l’encontre de Hale. Il irait lui-même derrière les barreaux. Bref, Stefan agissait bêtement, par amour. Amour que Tyler était le seul à pouvoir lui fournir à un prix dérisoire...
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MessageSujet: Re: Follow the cops back home. [Maxine&Stefan]   Follow the cops back home. [Maxine&Stefan] EmptyJeu 30 Mai - 17:26


« does this darkness have a name ?
is it your name ? »


La brunette venait tout juste de commencer une nouvelle carrière professionnelle. Elle savait parfaitement qu’en acceptant ce poste, elle devrait faire quelques concessions. On ne pouvait décemment pas passer de l’Armée au DHS sans s’attendre à des obstacles divers et variés. Par exemple, Max devait désormais remplir deux fois plus de paperasse alors qu’elle avait toujours détesté jouer les gratte-papier. Et comme si cette tâche n’était pas déjà assez ennuyeuse, elle devenait carrément désagréable. Car avant, la Colonel signait des feuilles afin d’approuver ou de refuser les requêtes de ses subordonnés. Ou encore, elle résumait et validait ses propres plans d’action. Aujourd’hui ? Et bien, elle tapait des comptes-rendus pour justifier ses paroles ou son comportement vis-à-vis d’un suspect, d’une situation en particulier. Et si un détail, un seul, ne convenait pas au boss, elle était immédiatement convoquée. Jusqu’à ce jour, ça ne lui était arrivé qu’une unique fois. Mais quelle fois ! Max se souvenait encore des joues de son supérieur, qui avaient viré au cramoisi alors qu’il lui passait un savon. Dans l’ensemble, il avait eu raison, et justement, il avait mis le doigt sur la plus grande épreuve que Max aurait à traverser pendant son adaptation : la perte trop rapide de sa patience, et de son sang-froid.

Ce jour-là, Lennox avait frappé un suspect. Un peu comme elle se retenait de faire avec McFire depuis l’instant où elle s’était retrouvée avec lui dans cette salle d’interrogatoire. Désormais, le camé, face à son sandwich tout droit sorti du distributeur, ne savait plus quoi dire ni quoi faire. Et probablement, plus quoi penser. Il venait d’être mis dos au mur – pas littéralement, ce serait beaucoup trop beau ! – grâce aux deux dernières photos déposées devant lui. L’une d’elles le représentait en train d’échanger du fric contre de la drogue, en compagnie de Hale. Sur l’autre, ils s’embrassaient passionnément. McFire ne s’attendait sûrement pas à ce que le DHS lui sorte cette carte, seulement voilà. Il se trouvait maintenant devant le fait accompli et ne pouvait plus nier connaître Hale. En silence, tentant vainement de ne pas se départir de son calme, Max observait. Bien sûr, il avait reposé le sandwich. De toute manière, ce n’était pas de la bouffe dont il avait besoin, mais de dope. Remarquant qu’il gigotait et suait de plus en plus, elle se permit d’insister d’une voix forte – autant pour le pousser à réagir que pour ne pas le perdre dans une crise de manque. Elle avait encore besoin de lui. « Alors ? Je vous écoute, » lâcha-t-elle fermement, et le regard dur. Autant mettre le paquet, parce s’il partait trop loin, il deviendrait inutile. Et ce serait retour à la case départ pour Max, du moins jusqu’à le choper à nouveau dans le but de le réinterroger. Oui, sauf qu’ils ne pouvaient vraiment pas se permettre une perte de temps. Dans la situation actuelle, perdre du temps signifiait aussi perdre des vies.

McFire ne bronchait toujours pas. La brunette poussa un soupir agacé, et croisa les bras contre sa poitrine avant que son poing fermé ne parte dans la mauvaise direction. Elle avait une furieuse et irrépressible envie de le soulever par le col, pour lui apprendre ce qu’était un vrai interrogatoire, dans son monde à elle. Maxine n’était pas du tout habituée à se restreindre de la sorte. Non pas qu’elle soit une spécialiste de la torture – il ne fallait pas déconner non plus – mais quand même. Lorsqu’elle était chef de son unité, puis Colonel, elle avait pourtant eu ce rôle-là. Celui de la supérieure qui questionne sans aucun détour, et qui met à pied en cas de nécessité. Qui peut également prendre des mesures drastiques – renvoi de l’Armée, désertion, voire de la prison si un crime avait été commis. Droite comme un I, Max savait se montrer juste et parfois, aussi, compréhensive. Elle n’appliquait pas toujours les règles, laissant des secondes chances à ceux capables de lui prouver qu’ils la méritaient. De ce fait, on la respectait plus qu’on ne la craignait à cause de son rang. Les fautifs qui passaient dans son bureau crachaient très vite le morceau, et quand ils refusaient de coopérer, et bien… ce qui se passait dans cette pièce n’en sortait pas. Car Lennox n’était tout simplement pas du genre à laisser la mauvaise graine se développer au sein de l’Armée. Elle ne lui donnait aucune chance d’infecter les autres.

Non, décidément, attendre bien sagement que la personne en face d’elle veuille bien lui répondre l’énervait. Si elle était encore là-bas, au sein de cette Armée qu’elle aimait tant, Max aurait déjà empoigné McFire depuis un long, très long moment. Mais ici, au DHS, il y avait davantage de règles. Les personnes interrogées n’étaient pas des soldats, mais des civils. Leur coller une droite sous prétexte qu’ils gardaient le silence au lieu de coopérer n’avait strictement rien de légal. Dommage, surtout que l’Agent sentait sa main la démanger de plus en plus. Si McFire ne parlait pas tout de suite, elle devrait quitter la salle avait qu’il ne soit trop tard. Oui, elle savait qu’elle devait travailler son self-control, mais Rome ne s’était pas construite en un jour, n’est-ce pas ? « Navré, mais je n’en sais pas plus que vous. » Entendre sa voix soulagea Maxine, bien que la réponse la fit grincer des dents – le seul fait qu’il ouvre la bouche était déjà un grand pas en avant. La jeune femme eut un sacré mal à ne pas éclater de rire en écoutant la suite de sa tirade. Alors comme ça, il s’était tapé Michael Kane ? Elle fut toutefois incapable de retenir son petit hochement de tête doublé d’un sourire amusé, dans le genre Je me doutais qu’il jouait dans le même camp ! Puis, reprenant le sérieux qui la caractérisait d’ordinaire, elle ajouta. « C’est gentil, mais votre vie sexuelle apparemment débordante ne m’intéresse pas. » Ses yeux se firent perçants, et son ton n’admettait aucune réplique. Maxine Lennox n’allait sûrement pas se faire moucher par un drogué. Il devait comprendre que dans l’histoire, c’était elle qui menait la danse, et pas l’inverse. Alors, à sa demande, et parce qu’ils venaient d’atteindre le moment où elle n’avait plus le choix, l’Agent abattit sa dernière carte.

« Avant toute chose, laissez-moi vous poser une simple question : avez-vous la moindre idée de l’endroit où est acheminé le fric de Hale ? Hein ? Ce fric qu’il récupère en vendant sa came, vous savez à quoi il sert ? » Elle avait posé sa question presque précipitamment, la colère montant graduellement. Max ne perdait pas son calme, mais hausser sa voix, être soudain beaucoup plus agressive, faisait partie de son plan. Car McFire était, de ce côté-là, innocent sans le moindre doute. Non, il ne savait pas ce qu’il advenait de tous ces dollars qu’il lui refilait en échange de sa poudre. Max le sentait. Ce type était peut-être un drogué, mais il n’était pas un assassin. Pas comme Hale. Et lorsqu’il apprendrait la vérité, il ne pourrait rien faire d’autre que d’apporter son aide. Face à son air confus, Max haussa un sourcil, attendant une réaction, une réaction qui ne venait pas. De toute manière, elle lui laissa à peine le temps de répliquer. « Dites-vous simplement que cette troisième et dernière photo est la réponse à cette question. Et croyez-moi sur parole quand je vous dis que ce n’est pas un piège : c’est la réalité, qu’elle vous plaise ou non. Et vous êtes partiellement responsable de l’horreur que vous vous apprêtez à voir. » Elle n’en rajoutait pas. Max avait choisi la pire des attaques pour illustrer ses paroles, pour prouver à McFire que cela dépassait tout ce qu’il pouvait imaginer. La jeune femme plongea la main dans son dossier afin de récupérer le cliché. D’un geste rapide, elle le fit claquer juste sous le nez de l’homme qui lui faisait face. Il ne se sentait pas bien ? Il n’allait pas tarder à rendre un sandwich qu’il n’avait même pas encore mangé. Et qu’il ne mangerait sûrement pas.

La photo parlait d’elle-même. Il s’agissait d’un plan large d’un bâtiment complètement détruit, effondré. Une école primaire dans une petite ville de l’Arkansas. Bien que cette affaire date de quatre ans plus tôt, McFire en avait forcément entendu parler. Il y avait eu sept morts en tout, sachant que les choses auraient pu être pires. Par chance, une bonne partie de l’école se trouvait à l’extérieur, car le beau temps avait donné envie aux professeurs d’en profiter pour éduquer les jeunes sur la Nature. Une classe était pourtant restée dans sa salle. Parmi les cadavres, deux membres de l’administration de l’école et cinq enfants. Sans compter tous les blessés, parfois retrouvés in extremis sous les décombres. Sur le cliché, on pouvait remarquer plusieurs scènes, chacune d’une émotivité extrême. Poignantes. Devant l’école en ruines, deux coroners chargeaient une civière surmontée d’un corps, recouvert d’un drap blanc. Trop petit pour être un adulte. Des parents serraient leur fille de cinq ans dans leurs bras : on pouvait remarquer ses cheveux pleins de sang. Du sang d’une autre de ses camarades, morte. Puis, dans un coin de la photographie, une femme était effondrée contre son mari, ce dernier laissant les larmes rouler librement sur ses joues. Eux, n’auraient pas la chance de revoir leur fils. Face à cette image qu’elle avait pourtant vue des centaines de fois, Max frissonna, mais se fit violence afin de ne pas perdre un sang-froid capital à la coopération de McFire. « Tu te souviens de cette école, Rosewood ? » L’affaire avait, évidemment, fait la une des journaux. Il devait savoir. « Tu te demandes en quoi c’est lié à Hale, n’est-ce pas ? Alors, une idée ? » A nouveau, elle ne lui donna pas l’occasion de desserrer les lèvres. « Tu vois à quoi il sert, ton fric, maintenant. Si tu te rappelles bien, personne n’avait revendiqué cet acte de terrorisme. Certains avaient même pensé à un homme seul qui, pour une raison ou une autre, voulait attaquer Rosewood, précisément. Jusqu’au jour où les preuves récoltées sur place ont été comparées celles d’autres attentats anonymes. De beaucoup d’autres. » Elle quitta la photo des yeux et plongea son regard dans celui du drogué avant d’asséner le coup fatal. « Voilà qui est ton petit copain. Un putain de terroriste. Un putain d’assassin. Qui s’en prend à des gosses, par-dessus le marché. Qu’est-ce que ça te fait, McFire ? Qu’est-ce que ça te fait de te taper un monstre ? » Elle avait légèrement élevé le ton de sa voix sur les dernières questions, tout en gardant un calme olympien. Mais le sang de Max était véritablement en train de bouillir dans ses veines. McFire avait tout intérêt à réagir comme elle l’attendait, ou elle ne donnait pas cher de sa peau. Et tant pis pour les conséquences.
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MessageSujet: Re: Follow the cops back home. [Maxine&Stefan]   Follow the cops back home. [Maxine&Stefan] EmptyDim 9 Juin - 15:43

Stefan se repassait le film de sa vie sur l’écran imaginaire de son esprit. Comment en était-il arrivé là ? Qu’avait-il fait au ciel pour mériter pareil traitement ? Ou bien était-ce simplement un mauvais concours de circonstances, le hasard qui n’avait jamais joué en sa faveur ? Pourquoi fallait-il que les choses soient ainsi ? Vraiment, le jeune homme ne comprenait plus rien. Il lui semblait pourtant être maître de son destin, tenant fermement les rênes de son existence pour ne jamais se faire surprendre et se retrouver en dehors des sentiers battus. Malgré toute sa volonté et sa ténacité, Stefan avait néanmoins échoué et se retrouvait assis dans cette salle d’interrogatoire, les genoux tremblants mais les épaules crispées, incapable de retenir les divers spasmes qui commençaient à s’emparer de lui. Il sursautait, oui, sans aucune raison, sa respiration s’accélérant de temps à autre. Il était pâle, son regard vitreux pas encore assez humide pour que ce soit l’émotion qui vienne inonder ainsi ses pauvres pupilles malades et fatiguées. Son coeur battait ses côtes au point de lui faire mal, de le persuader que c’était en fait la mort qui frappait lourdement contre sa cage thoracique pour venir récupérer l’organe et le réduire à néant. En cendres peut-être ? Une poussière fine, un peu de sable, de la poudre... Stefan nageait en plein délire, son cerveau et la moindre des cellules qui le composait obnubilées par une seule et même chose. La drogue. Juste une fine traînée, un rail. Quelques flocons pour le calmer et pour qu’il puisse enfin retrouver ses esprits. Pour l’heure, il était perdu dans les dédales de ses pensées, essayant tant bien que mal de remonter le cours du temps pour tenter de se remémorer le parcours qu’il avait effectué pour en arriver là.

C’était en 2012, à peine deux ans en arrière. Stefan se droguait déjà depuis longtemps mais à l’époque, il ne réservait cela qu’aux soirées entre amis et autres week-ends très festifs. Un soir de mai, il s’était retrouvé dans une villa magnifique, entouré des plus belles créatures de la cité des anges, un verre de champagne à la main auquel il n’avait pas touché et dont il ne goutta pas même une simple gorgée. Ce genre de réunion était assez fréquente et Stefan n’en était pas à son coup d’essai. L’angoisse de la première fois était bien loin derrière lui, et ses yeux ne fuyaient plus lorsqu’un autre homme venait à lui adresser la parole pour l’attirer dans un coin de la demeure. Il arpentait les couloirs à la recherche d’une chambre libre, de chair fraiche à se mettre sous la dent, d’une substance quelconque qui pourrait le faire planer et le rendre plus réceptif encore que s’il était bêtement sobre. Hors de question de se retrouver serré entre trois autres mâles surexcités s’il n’avait pas de quoi exacerber l’intensité de toutes ces agréables sensations. Alors il observait, contemplant les visages et les corps déjà presque nus de certains de ses futurs partenaires, dénichant du regard celui qui serait susceptible de répondre à ses attentes les plus inavouées. C’est ainsi qu’ils se rencontrèrent. Stefan s’était arrêté dans l’encadrement de la porte, intrigué par le spectacle qui avait lieu à l’intérieur de la pièce. Un jeune homme d’une trentaine d’année se tenait debout devant son lit, un lingot de poudre blotti bien au chaud entre ses doigts, sa main gauche tenant un minuscule couteau qui avait vraisemblablement servi à ouvrir l’énorme sachet blanc. Il devait être assez riche pour se permettre ce genre de folie, ou simplement à la tête d’un réseau pour pouvoir profiter de tous ses avantages. La lame de son arme blanche plongeait sans cesse dans ce puits sans fin, chargée de fines particules tellement pâles qu’elles paraissaient pures et saines lorsqu’elle remontait finalement à la surface. L’inconnu les jetait alors sur l’immense matelas qui ne possédait pas de couverture, la cocaïne s’écrasant sur les draps rouges avec grâce et légèreté. Vu d’ici, on aurait dit un artiste qui s’amusait à lancer de la peinture sur sa toile encore vierge, le pinceau à vif et l’âme absorbée par son oeuvre. Deux garçons se tenaient dans un coin, fragiles et innocents, leurs corps répondant favorablement à l’appel de la poudre, leurs nez partant à la recherche de la moindre petite graine qu’ils pourraient glisser dans leurs narines pour être rassasiés. Ils n’étaient pas bien vieux mais déjà, ils semblaient avoir trop vécus. Stefan sourit, posant sa coupe de champagne sur la commode avant de rejoindre toute cette joyeuse troupe en prenant soin de commencer à défaire les boutons de sa chemise.

Les perles de sueur qui roulaient sur le front de Stefan semblaient refléter les ébats de cette nuit mouvementée où il avait rencontré Tyler. Cette scène lui avait paru tellement belle et poétique, presque irréelle, comme en dehors du temps, qu’il s’était senti obligé d’apporter sa contribution pour parfaire ce chef-d’oeuvre. Il s’était fait roulé dans la farine dans tous les sens du terme. Et cela avait été tellement agréable qu’il avait souhaité réitéré l’expérience, plusieurs fois par semaine, plusieurs soirs de suite, puis dans l’intimité, au point de devenir accroc. Il adorait les fois où Tyler étalait la drogue sur son propre corps pour contraindre Stefan à venir la déloger de ces endroits interdits, sans réaliser que la stratégie de Tyler pour en faire son plus fidèle client avait mieux fonctionné que ce qu’il espérait. Le dealer avait réussi à assouvir le drogué sur le plan affectif, charnel et matériel - si le terme était approprié, puisqu’il ne lui vendait que du vent, un nuage de rêves servi sur un plateau humain. Stefan s’était fait avoir pendant deux ans, sans même se rendre compte que si Tyler voulait absolument officialiser les choses, c’était uniquement dans le but de le garder pour lui et continuer à lui refiler sa came. Le terroriste ne pensait à rien d’autre qu’à son business, et s’il pouvait joindre l’utile à l’agréable, c’était tant mieux. Malgré tout, Stefan avait eu la plus grande peine du monde à ne partager les draps que d’un seul homme, et leur histoire finit par tomber à l'eau. Et il était maintenant assis sur cette pauvre chaise, la lèvre tremblante, le regard perdu, déglutissant difficilement en attendant la dernière photo qui allait tomber comme une sentence.

L’agent Lennox fit claquer le cliché juste devant lui, à hauteur de ses pauvres mains jointes qui se tordaient dans tous les sens, suppliant qu’on vienne les soulager. Elle parlait, prenant soin d’expliquer quel genre de monstre Tyler était réellement, levant enfin le voile sur les secrets que Hale avait enfoui durant toutes ces années. La voix de la jeune femme paraissait tellement loin qu’elle en devenait floue, tandis que Stefan baissait les yeux pour examiner la photographie et enfin être débarrassé. Oui, lorsque sa tête se pencha en avant, il était persuadé qu’il allait pouvoir la relever aussitôt et ainsi soutenir le regard de l’agent du DHS, avant d’affirmer pour la millième fois qu’il n’avait rien à voir là-dedans et qu’il n’en savait pas plus qu’elle. Mais ce qu’il vit lui glaça le sang. Au premier abord, il ne saisit pas tout de suite l’ampleur des dégâts, ses yeux se concentrant sur de vagues détails qui n’avaient pas grande importance. Petit à petit, et avec l’aide des explications de Maxine, il parvint à comprendre que ce n’était pas une simple photo tirée d’un vieux journal ni d’un misérable fait divers dont personne n’avait jamais entendu parlé. On ne l’avait pas mené jusqu’au commissariat pour l’entendre évoquer les quelques règlements de compte sanglants qui auraient pu avoir lieu entre Hale et ses hommes. Non, c’était bien pire que cela. Il s’agissait de vies innocentes, d’enfants qui n’y étaient pour rien, de parents qui ne pourraient plus jamais prononcer le prénom de leur progéniture sans sentir un gouffre immense s’emparer de leur poitrine. Les larmes immortalisées qui coulaient sur leurs joues réussirent à atteindre Stefan en plein coeur au point qu’il eut un mouvement de recul incontrôlé, faisant grincer sa chaise sur le sol froid de cette pièce qui commençait à devenir bien trop minuscule au point que même l’oxygène commençait à fuir... Pourtant son regard restait immobile, planté au milieu de ce décor délabré comme le poignard fictif qui venait de se loger dans son propre coeur. Il ne bougeait plus, n’osant même pas observer ses mains, persuadé qu’il trouverait sur celles-ci le sang de toutes ces victimes.

Il lui fallut quelques secondes supplémentaires de silence et d’immobilité pour craquer complètement. Il se leva d’un bond, ne supportant plus la pression des murs qui se resserraient doucement sur lui depuis qu’il avait mis les pieds ici, les regards froids et le ton dur de celle qui menait son interrogatoire, les preuves indéniables de sa culpabilité et de son ignorance. Sa chaise manqua de se renverser au passage, mais qu’importe. Il déambulait maintenant dans le peu d’espace qu’on lui autorisait encore, faisant les cent pas pour tenter de se calmer. Son coeur devenait incontrôlable au point qu’il était pratiquement certain que l’agent du DHS pouvait l’entendre de là où elle se trouvait. Tous ses membres tremblaient tandis qu’il passait ses mains dans ses cheveux puis sur son visage dans le seul but de se réveiller de ce cauchemar. Il était complètement perdu et déboussolé, prenant conscience qu’il avait été manipulé. Il n’était rien qu’un vulgaire camé et Tyler ne l’avait jamais considéré comme autre chose, même après tout ce temps. Stefan était à deux doigts de ronger ses ongles jusqu’au sang, d’arracher ses vêtements qui commençaient à devenir tellement étroits qu’ils manquaient de l'étouffer. Il aurait donné n’importe quoi pour avoir un peu d’air frais, une fenêtre, une porte ou une issue de secours. Juste une brise douce qui viendrait le caresser pour le rassurer et lui fournir une dose conséquente d’air pure. Mais il n’avait rien à sa disposition, à part peut-être... Stefan fit volte-face, ne réfléchissant plus, le manque prenant le dessus sur tout le reste. Il avait réalisé tellement de choses au cours des trois dernières minutes qu’il ne pouvait décemment plus avoir de réaction logique et tempérée. Il se saisit donc du verre d’eau qu’on avait posé sur la table à sa demande, versant d’un seul trait tout le liquide sur son crâne brûlant, comme s’il n’avait pas encore assez pris de douche froide depuis le début de la matinée. Il passa une main fébrile sur sa tête, ses expirations toujours profondes et bruyantes, sa tentative pour retrouver un semblant de self-control n’ayant pas vraiment fonctionné.

Lorsqu’il rouvrit enfin les yeux, il prit soin d’éviter les clichés qui gisaient encore sur cette maudite table. Sa vie était en train de basculer. Son monde s’écroulait petit à petit, et tout ce qu’il avait bâti, le peu qu’il avait réussi à construire était en train d’être réduit à néant pour ne finir qu'en cendres. De la poudre. Encore. Toujours. Stefan se trouvait dans un état tellement lamentable qu’il était difficile de pouvoir décrire tout ce qui se produisait au sein même de son propre corps, alors qu’il restait debout, les larmes qui se logeaient aux coins de ses yeux bien dissimulées par l’eau qui continuait de ruisseler sur son visage. Il ne tenait pas en place, incapable de se rasseoir. « Je... Je ne savais pas. » Bien sûr qu’il n’était au courant de rien. Pourquoi diable Tyler l’aurait-il mis dans la confidence ? Il n’était qu’un jouet, et on ne se confie pas à une simple distraction. Mais il n’était pourtant pas ignorant. Il connaissait les habitudes de Tyler, ses manières, ses tics verbaux, sa façon de s’extirper des draps au petit matin et de lui sourire avant de l’embrasser une dernière fois pour lui souhaiter une bonne journée... Leur dernière étreinte ne lui avait cependant pas porté chance. Enfin, après un soupire qui lui déchira la poitrine et qui en disait long sur la condition dans laquelle il se trouvait, Stefan se décida enfin. « Il change de numéro de téléphone toutes les semaines pour être certain qu’on ne le retrouve pas et qu’on ne puisse pas le joindre. C’est lui qui établit le contact quand il en a envie ou qu’il a besoin de quelque chose d’urgent. Il a une autre ligne qu’il ne change jamais mais... » Le moindre aveu était atrocement douloureux, comme si on lui demandait d’effectuer sa propre autopsie. « ...Mais je n’ai jamais eu l’occasion d’avoir ce numéro. Je crois qu’il le donne uniquement à sa famille ou à ceux en qui il a véritablement confiance. » Stefan n’avait jamais fait partie de l’une de ces catégories. Même au bout de deux ans. Et Tyler avait eu raison puisque Stefan se retrouvait maintenant ici, à vendre la mèche, déballant le peu d’informations qu’il possédait pour sauver sa peau. « Il dîne une fois par semaine à l’Organic Panificio, le mercredi soir précisément. Nous nous retrouvons toujours dans le même hôtel où il loue une chambre sous une identité différente... Si je me souviens bien, le réceptionniste l’appelait Mr. Adler. Il n’a pas de véhicule attitré parce que ce sont ses hommes qui s’occupent de la marchandise. Il en récupère de temps en temps mais jamais en trop grande quantité et il prend toujours le taxi. » Stefan s’arrêta avant d'évoquer le fait que Tyler dormait également à gauche du lit, qu’il se douchait à l’écossaise et qu’il ne pouvait s’empêcher de tremper ses tartines dans son café. Tous ces petits détails l’avait rendu humain, presque attendrissant, et Stefan n’en revenait toujours pas. Il retenait ses larmes simplement parce qu’il ne lui restait plus que cela. Il n’avait plus rien à part son désespoir, et il ne voulait certainement pas le partager. À part peut-être avec sa fée, quand on l’aurait enfin libéré. Il n'y avait qu'elle pour l'aider et le secourir à présent... Il se laissa tomber sur sa chaise avec toute la peine du monde pour seul fardeau, et logeant sa tête lourde dans ses mains moites, il ouvrit la bouche pour parler une dernière fois avant de se taire à jamais. « Est-ce que je peux y aller maintenant ? » Sa voix tremblait dangereusement tandis que la même question lui traversait encore l’esprit : qu’avait-il fait au ciel pour en arriver là ?...
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