Sujet: Amber & Maxine ~ I want to trust you Ven 21 Déc - 23:51
Sur la plage de Venice, ordinairement bondée, ce soir-là les touristes allaient et venaient par petits groupes, laissant cependant isoldée une silhouette assise tout au bord de la mer. C'était la fin de la journée, et le soleil allait disparaître sous l'horizon d'ici environ une heure.
Amber avait le sentiment que si, par bonheur, elle avait pu grandir près de la mer étant enfant ; elle y aurait passé ses journées, recroquevillée près de l'écume des vagues. Le vent soufflait dans ses cheveux en cet instant précis, et elle ferma les yeux. La température était idéale, le bleu de la mer venait la taquiner, et ça aurait pu être un tableau absolument idyllique si elle n'avait pas craint l'évènement majeur de la journée, qui allait coïncider avec l'arrivée imminente de sa demi-soeur, Maxine.
La jeune femme ne s'était jamais sentie aimée. C'était peut-être un cliché de petite fille malheureuse, mais aussi loin qu'Amber réussissait à fouiller sa mémoire, elle ne se souvenait pas un seul instant d'après éprouvé ce sentiment, celui qui nous submerge tout entier lorsque votre mère, votre père, vos frères et sœur vous serrent contre vous. Déjà, songea la jeune femme, parce que Sara ne la prenait jamais dans ses bras. Elle était trop occupée à trouver de nouveaux petits amis et de potentielles aides financières pour ressentir de l'amour pour sa fille. Aussi, Amber se trouvait-elle confrontée à cette situation pour la première fois de sa vie. Ca n'avait rien de dramatique, au fond, il y avait bien pire dans la vie. Mais elle se trouvait tout bonnement incapable de réussir à exprimer ses sentiments, ses émotions, à traduire en mots ses pensées lorsqu'elle se retrouvait en face de Maxine ou de Thomas, son colocataire ; pour leur exprimer sa gratitude. Et même, son attachement à ces deux personnes qui soudainement, étaient devenues bien plus que de simples étrangers avec qui elle se trouvait à partager un appartement. Non, ils étaient bel et bien sa famille. Et aussi étrange que cela puisse paraître, Amber n'avait jamais rattaché le mot « famille » à celui d' « amour ». Elle percevait la pitié mêlée d'incompréhension totale des rares amis qu'elle avait ici lorsqu'elle essayait de verbaliser son malaise face à cela. Et ce fossé qui se creusait entre eux la rendait encore plus mal à l'aise. Mais aujourd'hui, la jeune fille de dix-sept ans avait décidé qu'elle allait accomplir un acte d'amour, de confiance envers sa demi-soeur. Elle allait lui confier le secret le plus important à son propos, celui-là même qu'elle n'avait encore jamais mentionné – c'est le principe d'un secret après tout, me direz-vous. Mais il s'agissait en fait davantage d'un mensonge par omission. Amber n'avait jamais ouvertement déclaré qu'elle préférait les filles, de même qu'elle n'avait jamais cherché à le cacher à tout prix. Elle se leva, histoire de se dégourdir les jambes et d'éclaircir ses pensées. Il lui semblait apercevoir un peu plus loin la silhouette de Maxine. Il était temps de passer aux confidences...
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Sujet: Re: Amber & Maxine ~ I want to trust you Lun 24 Déc - 18:37
Max se souvenait parfaitement de la dernière fois où elle avait vraiment observé un coucher de soleil. On l’avait envoyée pour une mission de soutien auprès de soldats déployés en Iran. Ils se battaient contre le développement d’une milice extrêmement violente et dangereuse, en possession d’armes pour le moins destructrices. Ils enrôlaient des adolescents, parfois même de jeunes enfants, dans leur guerre pour l’accès au pouvoir. Ils tuaient sans vraiment faire de distinction, pour le plaisir d’enlever des vies mais surtout, pour celui d’inspirer la peur. Ils se sentaient fiers de leurs actes horribles et meurtriers, et personne, surtout pas le gouvernement actuel, n’osait se dresser contre eux. Bien que cet élément soit classé top secret au vu des relations entre l’Iran et les USA, Ahmadinejad lui-même avait appelé les soldats américains à la rescousse. Max et son unité avaient été les premiers sur place, mais au fil des mois, d’autres militaires avaient pris le relais et elle était rentrée sur la base de Carlisle. Puis, les américains ayant essuyé de nombreuses pertes suite au dernier combat, la Colonel avait eu pour ordre de retourner en Iran pour apporter un peu de réconfort aux soldats. Une fois au camp, elle avait donné un discours avant de leur annoncer le programme de la soirée : contact avec leurs familles, repas convivial suivi d’une soirée film. Aux yeux de n’importe quel citoyen, il s’agissait ni plus ni moins que du quotidien. Mais pour ces hommes, ces quelques heures de détente représentaient beaucoup. Max avait proposé qu’ils regardent tous le coucher de soleil depuis la dune située à quelques pas, partageant ainsi un pur moment de calme et de beauté. Une semaine plus tard, quasiment la moitié de ces soldats étaient revenus sur le territoire américain dans des cercueils.
Tout en marchant d’un pas tranquille sur la plage, observant les alentours à la recherche de sa sœur, Max se remémora ces instants. Elle savait parfaitement pourquoi ce souvenir en particulier lui revenait ce soir. Pas parce que le soleil disparaitrait bientôt derrière l’horizon, non. Mais parce qu’elle retrouvait Amber, et que le contraste était saisissant. Combien de spectacles aussi beaux voulait-elle encore vivre au milieu d’un pays en guerre, entourée d’actes de violence ? N’avait-elle pas assez donné, et n’était-il pas temps pour elle de passer à autre chose ? Depuis plusieurs jours maintenant, Max pensait à changer radicalement d’existence. Ce ne serait pas juste pour Amber de déménager sur une base militaire et de ne voir sa demi-sœur que durant ses permissions. Sans compter que la Colonel elle-même n’avait pas envie de perdre davantage de temps. Ces dix-sept années représentaient déjà bien trop. Elle ne savait pas pourquoi l’adolescente lui avait donné rendez-vous sur la plage de Venice, mais quoi qu’il en soit, une longue discussion semblait de mise en cette douce fin d’après-midi. Max avait bien l’intention d’en profiter pour confier ses doutes, ainsi que ses intentions. Après tout, sa sœur était directement concernée. Car depuis leurs retrouvailles, leur vie comme leur avenir étaient liés à jamais.
La brunette repéra très rapidement Amber, dont le regard s’étendait sur l’océan. Une fois arrivée à sa hauteur quelques secondes plus tard, elle esquissa un sourire à son attention, avant de la serrer brièvement dans ses bras. Max avait toujours eu beaucoup de mal à se montrer démonstrative, même avec ses amis les plus proches. Amber avait pris une place très importante dans son cœur, et pourtant, cela lui semblait toujours aussi étrange de la tenir contre elle. Sans aucun doute, cette sensation disparaitrait au fil du temps. Toutes deux avaient forcément besoin de s’habituer l’une à l’autre : elles continuaient encore à se découvrir, jour après jour. Bien que les premières semaines aient été riches en émotions – sans Thomas, elles se seraient probablement étripées à maintes reprises – elles avaient récemment calmé le jeu grâce à un terrain d’entente. Amber n’avait pas l’habitude qu’on lui dicte des règles, et Max ne savait absolument pas comment gérer une adolescente. Chacune avait fait des efforts pour tenter de se comprendre et de se rapprocher. Car dans le fond, malgré leurs haussements de tons, leurs grands gestes et leurs maladresses, elles avaient le même but : réussir à construire un lien de confiance et de complicité, comme ceux dont elles avaient toujours rêvé étant enfant. « Comment était ta journée ? » demanda-t-elle tout en prenant place sur le sable, bientôt rejointe par Amber. Elles ne s’étaient pas vues depuis le matin, quand sa soeur avait quitté l’appartement pour rejoindre son établissement scolaire. Max, pour sa part, était sortie aux alentours de quinze heures pour un rendez-vous important. Un rendez-vous dont elle n’avait encore parlé à personne, et qui pourtant, dans la mesure où elle signait le bout de papier qui se trouvait dans son sac à main, changerait irrémédiablement le cours de sa vie…
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Sujet: Re: Amber & Maxine ~ I want to trust you Dim 30 Déc - 16:32
Le soleil qui se couchait sur l’océan était certes un paysage magnifique. Rien qu’à penser qu’elle pouvait maintenant observer une telle beauté alors qu’elle avait été confrontée à une laideur permanente ces dix-sept dernières années, Amber sentait le poids qui lui restait sur l’estomac se dissiper légèrement. Elle était prête à faire cette confession à sa sœur, du moins le pensait-elle. Agacée par la seule pensée de repousser cette révélation à Maxine, la jeune fille donna un coup de pied dans le sable et regarda s’envoler les quelques grains dérangés par son accès de colère. Mais il était temps de sortir de ses pensées, car sa demi-sœur s’installait déjà sur le sable, et entamait une conversation qui semblait banale, à plus d’un point de vue. Sa journée ?
« Euh…Rien de bien spécial. »
Elle se tut, et ajouta :
« Je crois que tu as bien fait de me réinscrire dans un lycée. C’était une bonne idée, après tout. »
C’était bien la première fois qu’elle s’admettait qu’elle avait besoin de vivre une vie d’adolescente ! Et à Maxine, en plus. Mais elle connaissait déjà suffisamment sa demi-sœur pour savoir qu’elle n’allait pas se moquer d’elle, ou profiter de cette confession pour la rabaisser. Non, Maxine n’était pas comme ça, et c’était précisément ce qui plaisait le plus à Amber.Avec elle, elle n’avait pas besoin de se dissimuler, de faire semblant. C’était simple et honnête. Ce qui les avait amenées plus d’une fois à s’étriper mutuellement sur certains sujets, tels que le couvre-feu pour les sorties, le comportement au sein de la maison, etc…Elles étaient totalement différentes l’une de l’autre, mais fondamentalement honnêtes l’une envers l’autre. C’était, là aussi, une règle qu’Amber s’était imposée à elle-même. Un changement appréciable par rapport à sa « vie d’avant », comme elle l’appelait. Elles étaient restées silencieuses plusieurs minutes, profitant de la vue sur l’océan, du vent qui leur caressait les cheveux et la peau, du silence et de la quiétude qui les entourait. Amber soupira ; c’était le moment. Elle ne bénéficierait jamais de conditions aussi idéales pour lui avouer une partie de la vérité…
« Maxine, tu sais, il y a beaucoup de choses que j’aimerais encore te dire. C’est compliqué pour moi, de ressortir tous ces souvenirs de ma vie d’avant. Je préfère laisser le passé au passé d’habitude, mais je me suis promise d’être honnête avec toi. C’est une chose à laquelle je ne dérogerai pas. »
Les gens étaient souvent étonnés d’apprendre que, malgré le fait qu’Amber ait rapidement quitté le système scolaire, elle n’avait pas pour autant négligé son vocabulaire. Elle ne voulait pas devenir cette espèce de racaille qu’on trouvait souvent dans les rues de Los Angeles, et qui parlait n’importe comment. Elle avait continué de lire chaque volume qui lui passait sous la main ; parce que sans ça c’était la descente assurée dans une catégorie de la population dont elle ne voulait pas faire partie.
« Quand je suis arrivée au collège, j’ai rencontré une personne. Elle a été adorable avec moi, un jour où, bon, pour te passer les détails, j’avais eu un accrochage avec un garçon, que je ne connaissais même pas d’ailleurs. Lucy, c’est le prénom de cette fille, m’a emmenée à l’infirmerie et m’a aidée à rattraper mes cours, elle passait tous les jours et, bien des années après, je me suis aperçue que je l’appréciais sûrement un peu plus que nécessaire. »
Elle s’arrêta net, et se mordit la lèvre. Le profil immobile de Maxine ne laissait rien transparaître. Elle prit une grande inspiration et s’efforça de ne pas paniquer. Quelle idiote elle faisait ! Elle n’en savait rien, peut-être que Maxine était homophobe et qu’elle allait la flanquer dehors ?! Comment elle allait se débrouiller, toute seule de nouveau ? Baissant la tête, elle murmura :
« Je suis désolée, je préférais t’avouer que je préfère les filles. »
Silencieuse, ne sachant pas quoi ajouter, elle se tut.
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Sujet: Re: Amber & Maxine ~ I want to trust you Jeu 3 Jan - 19:19
N’était-ce pas largement plus agréable de partager un tel spectacle dans ces circonstances ? Remplacer la violence, le sang et la mort par une adolescente pleine d’énergie qu’elle apprenait doucement à connaître ? Le regard de Max faisait des allers-retours entre sa sœur et le soleil qui descendait sur l’horizon, lentement et tout aussi invariablement. Amber s’installa finalement sur le sable aux côtés de la militaire et entreprit de répondre à sa question. Haussant les épaules, elle l’informa tout d’abord que sa journée n’avait connu aucun événement spécial. Max pouvait le comprendre, il ne se passait pas toujours des choses extrêmement intéressantes dans la vie d’une lycéenne. Parfois, on se contentait d’écouter en cours et de discuter avec ses amis pendant le déjeuner, sans que rien ne vienne perturber cet emploi du temps rigide. Pour être passée par cette période – comme à peu près tout le monde – Max en avait parfaitement conscience. A combien d’occasions était-elle rentrée chez elle, pour lâcher la même phrase à son propre père ? Il n’y avait pas toujours les frasques des camarades rebelles pour amuser la galerie. A un moment, ils se lassaient de récolter autant d’heures de colle. Mais en parlant d’amis, Max ne put s’empêcher de songer au cercle social d’Amber. Elle venait de débarquer à Los Angeles, et l’intégration était d’autant plus dure dans une grande ville comme celle-ci. La Colonel était relativement bien placée pour le savoir, ayant elle-même déménagé en Californie quand elle avait dix ans, afin de « commencer une nouvelle vie » comme le disait son paternel à l’époque. Ce dernier s’était dit que quitter la base les aiderait à se reconstruire après la mort de son épouse, et par conséquent, de la mère de Max. Le temps lui avait donné raison. Dommage qu’il ait tout gâché…
Lorsque sa sœur ajouta qu’elle avait eu raison de l’inscrire dans un établissement scolaire, la brunette eut du mal à contenir son étonnement. Elle la scruta tout d’abord, un sourcil rehaussé, se demandant si elle avait rêvé ses paroles ou non. Puis, un sourire éclaira son visage. Amber venait tout simplement de faire un pas dans sa direction, d’admettre pour la première fois que l’autorité ainsi que les règles imposées par sa sœur n’étaient pas complètement inutiles. Max se souvenait parfaitement bien de l’instant où elle avait annoncé ses conditions pour qu’Amber reste chez Thomas : accepter de retourner en cours, comme une adolescente normale. La concernée avait violemment réagi en balançant un non catégorique, avant de revenir sur sa décision, comprenant que ce n’était absolument pas négociable. Elle pensait sûrement que Max voulait se débarrasser d’elle en journée, ou quelque chose du même genre. Et aujourd’hui, elle comprenait que son but était complètement différent : Max voulait donner à Amber un semblant de stabilité. Elle voulait lui offrir une existence ordinaire, parce qu’apparemment, elle n’avait aucune idée de ce que cela représentait. Même si sa sœur ne s’était jamais confiée, Max l’avait vu de nombreuses fois sur son visage. Elle avait su lire entre les lignes pour repérer sa détresse face à un manque cruel d’équilibre dans son quotidien. « Je suis contente de l’entendre dire, » avoua alors Max en hochant la tête. Et heureuse, elle l’était vraiment. Car cette simple phrase l’avait touchée. Surtout pour les promesses qu’elle portait : celles d’une meilleure relation entre les deux « Lennox ».
L’espace d’un instant, elles restèrent silencieuses, observant le soleil qui perdait peu à peu de son intensité, ainsi que les couleurs changeantes du ciel. Au loin, des mouettes survolaient un bateau de pêche, sans aucun doute en train de rentrer au port, un peu plus tardivement que les autres. Max contemplait avec délectation. Son travail, au fil des années, lui avait appris à apprécier de tels moments. Parce qu’elle savait que du jour au lendemain, une balle ou une bombe serait capable de l’emporter. Et alors, tout serait fini. Amber sortit Max de ses pensées : elle semblait soudain plus agitée, comme stressée de prendre de nouveau la parole. Elle commença par expliquer qu’elle ressentait une certaine envie de se confier, mais qu’une telle chose n’était pas si simple. Sa demi-sœur acquiesça sans prononcer un mot. Elle comprenait. Toutefois, Amber voulait se montrer honnête avec Max, et il s’agissait là encore d’un point commun. Aucune des deux n’était du genre hypocrite. Même si parfois, il y avait des clashes car elles étaient loin d’avoir leur langue dans leur poche, elles pouvaient se faire confiance pour ne se cacher aucun ressentiment. Preuve en était les nombreux haussements de tons et claquages de portes qui avaient suivi l’arrivée de l’adolescente dans la vie de Thomas et de sa meilleure amie. Aujourd’hui cependant, Amber avait l’air de vouloir utiliser cette franchise pour annoncer une certaine nouvelle. Et à en juger par son attitude soudain mal à l’aise, lâcher cette information lui demandait beaucoup d’efforts. Sa grande sœur aurait aimé l’encourager du regard, mais elle en fut bien incapable, Amber préférant garder les yeux sur ses chaussures. S’apprêtait-elle à lui parler de son passé douloureux ? Des ces familles d’accueil incapables de prendre soin d’elle ? Ou d’autre chose ?
La brunette commença par évoquer le souvenir d’une certaine Lucy, rencontrée au collège. A l’évocation son soi-disant « accrochage » avec un garçon, Max ne put retenir un sourire. Elles n’étaient pas sœurs pour rien et partageaient aussi un côté belliqueux. Combien de fois Max avait-elle cogné en dehors de ses missions ? Elle ne comptait plus. Bien sûr, la violence gratuite n’était pas son truc et généralement, elle se contentait de remettre à leur place des hommes un peu trop entreprenants, quand elle se trouvait au bar avec des coéquipiers. Là aussi, Thomas en aurait pas mal à raconter si on titillait un peu. Quoique, tenant à sa propre vie, il éviterait les détails histoire de ne pas subir le courroux de la jeune femme. Certaines choses ne se partageaient pas, point. Surtout quand celles-ci donnaient le mauvais exemple à sa « petite » sœur. « […] bien des années après, je me suis aperçue que je l’appréciais sûrement un peu plus que nécessaire. » Max marqua un temps d’arrêt et se figea sur place. C’était donc ça, ce secret qu’elle avait tant de mal à révéler ? « Je suis désolée, je préférais t’avouer que je préfère les filles. » Oui, cela ne faisait plus aucun doute : Amber était en train de lui révéler ses penchants pour les femmes en matière de relations amoureuses. Comment Max avait-elle pu ne pas y penser plus tôt ? Pourtant, ce n’était pas comme si elle n’était pas déjà au courant de cette information – à l’insu de la lycéenne, manifestement. Que faire ? Que dire ? Révéler ses recherches à Amber ? Et si elle s’emportait ? Tant pis, Max ne pouvait pas lui mentir. Ne s’étaient-elles pas fait la promesse d’une transparence des plus totales l’une envers l’autre ?
« Je sais, » lâcha alors la Colonel, de but en blanc. Au moins, cette révélation fit relever la tête à Amber, qui plongea son regard étonné dans celui de Max. Avec une petite moue coupable, cette dernière expliqua comment elle l’avait découvert. En choisissant bien ses mots, afin de ne pas froisser sa sœur. Après tout, elle s’apprêtait à aborder un sujet épineux. Un sujet dont elle n’aurait rien du savoir si elle n’avait pas pris idée de mettre son nez dans le passé d’Amber Grazia. « J’ai un ami détective privé. Un bon. Le meilleur, en fait. Et… Peu après ton arrivée, je lui ai demandé de découvrir le maximum de choses sur toi. » Elle garda le silence une courte seconde puis, d’une voix plus grave, conclut. « Il a retrouvé des traces de ton passage à Las Vegas. En dehors du centre d’accueil, je veux dire. » Amber comprendrait tout de suite à quel établissement elle faisait allusion. Intelligente, elle ne mettrait pas longtemps à reconstituer le puzzle, et réaliser comment Max pouvait connaître sa préférence pour le sexe féminin. Avant même que sa sœur ait pu répondre quoi que ce soit, la brunette reprit la parole, espérant que ses mots arriveraient à tempérer la colère qui s’abattrait sûrement sur elle dans les prochaines secondes. « Je ne suis au courant que depuis quelques jours. Cet ami… Il a eu du mal à reconstituer ton parcours après que tu te soies enfuie du centre. J’ai voulu t’en parler, à de nombreuses reprises, mais… Je crois que je n’ai jamais vraiment osé. Je ne voulais pas que tu te sentes piégée. Je me suis dit que le mieux à faire était de le garder pour moi, en tout cas jusqu’à ce que tu décides de tout me raconter, de ton plein gré. » Max soutenait toujours le regard d’Amber. Pas par défi, bien entendu, mais pour essayer de lui faire comprendre ce qu’elle ressentait. Peut-être aussi pour lui montrer qu’elle était sincère et qu’en débutant ces recherches sur le passé de l’adolescente, elle n’avait pas pensé à mal. Bien au contraire.