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 cause tonight we're only here to know the truth Ҩ thomas

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MessageSujet: cause tonight we're only here to know the truth Ҩ thomas   cause tonight we're only here to know the truth Ҩ thomas EmptyMer 29 Aoû - 18:03


❝CAUSE TONIGHT WE'RE ONLY HERE TO KNOW THE TRUTH❞


Amber avait écouté très attentivement toutes les recommandations de sa grande sœur. Ne pas consommer d’alcool. Ne pas s’enfermer dans une chambre avec un garçon – et tout ce que ça sous-entendait de peu catholique. Ne pas rentrer trop tard, une heure du matin grand maximum. Ne surtout pas monter dans la voiture d’un ami s’il avait bu, et l’appeler pour qu’elle vienne la chercher chez les Emerson si personne d’autre ne pouvait la reconduire.
Contre toute attente et pour la première fois depuis son arrivée à Los Angeles, Amber n’avait pas cherché à contrer les propos de Maxine. Tout s’était déroulé dans le calme et sans aucun haussement de ton. L’adolescente était partie depuis cinq bonnes minutes déjà et la brunette n’en revenait encore pas. Elle venait tout simplement d’assister à un miracle, elle en avait la certitude.
Souvent, elle avait l’impression de ne pas savoir s’y prendre avec Amber, que leurs engueulades ne venaient pas forcément de l’attitude rebelle de cette dernière. Que Max avait aussi sa part de responsabilité : se montrait-elle trop dure ? C’était la raison pour laquelle Amber se rendait chez ses amis ce soir. Un peu de liberté ne lui ferait pas de mal et au moins, la militaire pourrait tester le niveau de confiance qu’elle accorderait à celle qui, deux semaines plus tôt, n’était encore qu’une inconnue… et qui changerait son existence à jamais.

Max s’occupa avec un peu de ménage en attendant le retour de Thomas. Une fois dans la chambre de son ami qui était désormais aussi devenue sienne, un aspirateur dans les mains, elle se baissa dans le but d’enlever les moutons de poussière de sous le lit et tomba sur sa valise. Elle qui pensait l’avoir rangée dans le meuble… Puis elle se souvint : ce serait beaucoup trop risqué. Si Thomas tombait dessus, alors il découvrirait le dossier que cachait Max, et qui était la raison principale de son retour à Los Angeles.
L’estomac de la brunette se noua. Thomas et lui étaient seuls ce soir – chose extrêmement rare depuis l’arrivée d’une certaine adolescente. Il était temps pour elle de sauter le pas et lui révéler la vérité. Ne la méritait-il pas ? Bien sûr que si. Si les rôles étaient inversés, elle aurait aimé être au courant, elle aurait voulu qu’il lui dise tout. Thomas était bien plus qu’un ami aux yeux de Max. Ils s’étaient mutuellement sauvé la vie de nombreuses fois au cours de leurs missions. Ils s’étaient épaulés, soutenus, écoutés. Elle l’aimait, et au nom de cet amour fraternel qui les liait, elle se devait de lui apprendre le contenu de cette chemise cartonnée frappée du sceau CONFIDENTIEL.
Max sortit l’objet en question d’une pochette latérale de ses bagages, et le déposa sur la table basse du salon. Aucun indice extérieur ne permettait d’en deviner le contenu. Seuls deux mots accompagnaient l’écriture rouge du tampon, deux mots que Max n’avait toujours pas entièrement compris : Opération Frogfoot.

A peine avait-elle terminé ses tâches ménagères que la porte claqua depuis le hall. Thomas était rentré de sa journée de travail au Bureau. Max ne voulait pas qu’il tombe sur les papiers avant qu’elle ne puisse lui donner quelques explications au préalable. Ils avaient beaucoup à se dire ce soir, et comme le voulait sa personnalité, elle ne tournerait pas autour du pot. Mais Thomas restait son frère de cœur, et elle allait lâcher une trop grosse bombe dans sa vie bien rangée pour ne pas montrer un minimum de tact. Il en ferait autant pour elle.
La brunette le rejoignit alors qu’il déposait son manteau. Avant toute chose, les bonnes nouvelles étaient de mise. « Tu devineras jamais ! » lâcha Max d’une voix enjouée, tout en lui donnant un coup de poing amical sur l’épaule – sa propre façon de dire bonjour quand elle était de bonne humeur, il ne fallait voir là aucune logique, Max en manquait parfois cruellement mais ça faisait apparemment son charme… Thomas ne sut évidemment pas répondre à la question et elle s’empressa de lui raconter ce qui venait de se passer sous ce même toit, à peine trente minutes plus tôt : le fameux miracle. « Comme tu le sais, j’ai finalement accepté qu’Amber aille à sa fête. Enfin bien sûr, après que tu m’aies rabattu les oreilles avec son besoin de liberté et blablabla… Tu remarqueras l’effort de ma part, surtout, » ne manqua-t-elle pas de préciser, avant de continuer sa petite histoire. « Et avant qu’elle ne s’en aille, je lui ai indiqué quelques règles de base, que tout adulte se doit de préciser à une ado qui va passer la soirée entre amis. Et ben devine quoi : on ne s’est même pas disputées et elle m’a même dit au revoir en partant ! » Max hocha la tête et émit un petit claquement de langue, style hé-ouais-t’as-vu-comme-je-suis-trop-forte, ses yeux brillants traduisant toute la fierté qu’elle ressentait.

Elle ne l’avouerait jamais – ou il faudrait vraiment lui arracher les mots de la bouche – mais le comportement d’Amber la rendait presque heureuse. Enfin, elle entrevoyait un début de trêve, comme la promesse d’une relation future beaucoup plus sereine entre les deux sœurs. Jamais Max n’avait voulu toutes ses mésententes et elle aurait préféré que ce soit plus facile dès le départ. Seulement, on ne pouvait pas trop lui en demander, à elle qui ne savait pas comment être la nouvelle maman d’une jeune fille paumée. Quant à Amber, elle avait vécu des choses terribles au foyer ou dans ces familles abusives. Comment pourrait-elle être la parfaite petite adolescente après tout cela ? Maxine, au fond et bien que cela ne se ressente pas forcément de l’extérieur, avait foi en elles deux. Bientôt, elles s’habitueraient l’une à l’autre et ce serait alors le début d’une relation saine et complice. Après tout, le test ADN ne mentait pas. Elles étaient liées par le sang, alors il ne pouvait en être autrement.
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MessageSujet: Re: cause tonight we're only here to know the truth Ҩ thomas   cause tonight we're only here to know the truth Ҩ thomas EmptyMer 29 Aoû - 22:40

Citation :


@ TUMBLR
Happiness can be found, even in the darkest of times,
if one only remembers to turn on the light.

feat. maxine
[url=http://][/url]


Thomas sortit brièvement le nez de la paperasse qui s'empilait sur son bureau depuis environ une semaine et demie, afin de consulter l'horloge murale fixée au-dessus des portes battantes du service : vingt heures. Il avait promis à Maxine de ne pas rentrer trop tard ce soir-là afin qu'ils puissent profiter complètement d'une soirée en tête à tête, puisque Amber s'était programmé une sortie avec ses nouveaux camarades de classe, histoire de "faire connaissance" et de s'instaurer une "vie sociale digne de ce nom". Si lui-même n'avait opposé aucune réticence, Max avait été plus longue à convaincre. Thomas savait que toute cette situation de demi-sœurs surgissant de nulle part pouvait être encore particulièrement perturbante pour quelqu'un comme elle qui n'avait aucune proximité avec le peu de famille qu'elle pouvait compter autour d'elle et que cela influençait immanquablement ses prises de décisions vis-à-vis d'Amber. Elle en était encore à un stade où elle s'évertuait à dissocier le correct de l'exagération et il ne pourrait certainement pas la blâmer pour ça - après tout, ils en étaient au même point. Finalement, après une conversation étonnamment posée et civilisée, l'adolescente avait décroché sa permission de sortie sous quelques conditions incontournables qui lui semblèrent parfaitement adaptées. Comme quoi, Max n'était pas si démunie dans son rôle de parent improvisé. Thomas entreprit de mettre un peu d'ordre dans son espace de travail afin de ne pas être embêté le lendemain matin - combien de fois avait-on égaré aussi stupidement une feuille de rapport, je vous le demande ! D'ordinaire, il aurait sans doute emporté quelques-unes de ces pochettes cartonnées à la maison afin d'approfondir lectures et notes, un bon verre de vin à la main. Toutefois, c'était un luxe qu'il ne pouvait plus se permettre depuis l'arrivée d'Amber. Il ne pouvait décemment pas laisser traîner des dossiers aussi importants au beau milieu du salon en espérant qu'aucune des deux soeurs ne soient tentées d'y jeter un coup d'oeil. Il était bien entendu certain que Max saurait parfaitement brider sa curiosité ; tout comme il était convaincu qu'Amber ne pourrait pas résister à contourner cette nouvelle requête, ne serait-ce que par esprit de contradiction. L'anglais enfila tranquillement sa veste tout en dressant une liste mentale des choses à ne pas oublier de faire, puis, après avoir salué les employés encore présents, il quitta les locaux fédéraux.
Thomas émit un bref soupir avant d'amorcer une série de percussions sur le tableau de bord, attendant patiemment que le trafic angelin daigne se fluidifier. Les joies de la circulation à LA ! songea-t-il avant d'observer distraitement ses voisins de file, sans vraiment y prêter attention. Il avait marqué un petit détour dans un restaurant thaïlandais quelques minutes plus tôt afin d'emporter quelques plats qui dispenseraient les deux militaires d'avoir à cuisiner - d'autant plus que Thomas était loin, très loin de maîtriser ses fourneaux ! C'était tout de même dingue, cette histoire. Quelques semaines plus tôt, il serait rentré chez lui à une heure bien plus avancée de la nuit. Il aurait sans doute grignoté un morceau en route et surtout, il n'aurait eu personne pour attendre tranquillement son retour et discuter de sa journée. Thomas Henley n'était pas un homme fait pour vivre seul, c'était un fait avéré. Il avait connu la compagnie de Savannah pendant quatre années complètes avant de s'embarquer dans une nouvelle mission où Lumen avait occupé une nouvelle place dans son quotidien. Nonobstant les circonstances singulières, il était sincèrement ravi de pouvoir compter sur la présence de Max qui se révélait à la fois apaisante et agréable. La compagnie d'Amber bien que différente, l'était tout autant. Il avait enfin l'impression de trouver un peu de chaleur entre les quatre murs qui lui servait de "foyer". Thomas s'étonnait encore de la vitesse à laquelle les évènements s'étaient enchaînés les uns à la suite des autres sans qu'ils ne puissent réellement évaluer l'ampleur des choses qui leur tombait sur le coin du nez. Il était plutôt soulagé d'avoir l'opportunité d'épauler celle qu'il considérait comme une véritable sœur, dans de telles conditions. Il connaissait tout de Maxine. Il savait que derrière ce mur d'invulnérabilité, d'inébranlabilité et d'une nouvelle dureté, il existait une femme au coeur gros comme un poing et sensible. Elle pouvait prétendre que la situation l'affectait à un point peu élevé auprès d'Amber, elle ne le dupait pas. Et il savait aussi qu'elle tentait de dissimuler d'autres plaies bien plus profondes, encore à vif. C'était une des choses que Thomas admirait énormément chez la jeune femme.
L'anglais claqua négligemment la porte de l'appartement derrière lui, un sourire aux lèvres. Il s'empressa de déposer les petits plats encore chauds sur le plan de travail de sa cuisine américaine avant de rouler des épaules pour se défaire de sa veste. Max ne tarda pas à le rejoindre d'une démarche sautillante qui piqua immédiatement sa curiosité. « Tu devineras jamais ! » s'exclama-t-elle, avec enthousiasme. « Tu as découvert notre voisin de palier en caleçon sous taillé dans le couloir ? » fît-il mine de réfléchir. Elle lui donna une bourrade amicale dans l'épaule qui lui tira un petit éclat de rire. Il se pencha en avant pour déposer un baiser sur son front avant de se reculer de quelques centimètres en la tenant par les épaules : « Alors ? Il t'a invité à sa soirée de bridge, c'est ça ? » s'esclaffa-t-il, les oreilles toutefois grandes ouvertes.
« Je suis fière de vous deux ! applaudit-il lorsqu'elle eût fini de lui raconter l'évènement miraculeux en se prêtant au ton de la conversation. Que de progrès en seulement deux semaines ! Bientôt, nous pourrons nous passer des fusils d'assauts. » Il esquiva une nouvelle tape en se dirigeant tranquillement vers la cuisine pour défaire leurs repas. « J'espère que tu as faim, parce que j'ai pris des rations complètes ! » déclara-t-il fièrement, en sortant plusieurs boîtes différentes. Lorsque le tout fût servit dans des plats appropriés, il les emporta vers la table basse afin qu'ils puissent s'installer. Il n'avait pas encore fait l'acquisition d'une table à manger, mais c'était une chose qu'il avait mis sur sa liste. « Opération Frogfoot ? releva-t-il en découvrant une épaisse enveloppe kraft. Qu'est-ce que c'est ? ». Il redressa le menton avec intérêt sans toutefois y toucher, par respect pour la vie privée de la jeune femme.
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MessageSujet: Re: cause tonight we're only here to know the truth Ҩ thomas   cause tonight we're only here to know the truth Ҩ thomas EmptyJeu 30 Aoû - 14:41


❝ When you feel embarrassed, I'll be your pride
When you need directions, then I'll be the guide
For all time...❞


Les militaires faisaient l’objet de nombreuses rumeurs et autres clichés de la part de leur comparses civils – ce fait était de notoriété publique et tout le monde y allait de son avis personnel sur la question. Comme avait pu le constater Max au cours de sa carrière, la plupart étaient malheureusement vrais. A plus d’une occasion, alors qu’elle se trouvait encore en formation sur la base de Carlisle Barracks, elle avait pu apercevoir des enseignants, des soldats, qui ne comptaient que sur leur travail, allant jusqu’à ignorer leur vie personnelle. La mettre de côté, voire carrément la détruire. Leah en était un exemple parfait : plus d’un demi-siècle, pas d’époux, aucun enfant… Elle avait tout donné pour la US Army et le faisait encore jour après jour. Adolescente, Max savait que ce métier était fait pour elle, néanmoins elle se croyait au-dessus de ça, au-dessus de ce manque de vie privée. Elle n’avait pas envie d’être une combattante si c’était au détriment de la femme qu’elle voulait devenir. Oui, Max ne l’avait jamais avoué à personne, mais il fut un temps où elle rêvait d’une belle maison en banlieue résidentielle, d’un mari, d’enfants, d’un chien et d’un jardin où se reposer durant ses permissions.

Et puis elle était devenue un vrai soldat, envoyée au front, en mission dans des pays en guerre, toujours à porter des armes, toujours à tuer des ennemis, à voir ses collègues tomber. Max s’imaginait bien assez forte pour lutter contre ce destin qui semblait attendre au tournant chaque soldat, mais elle s’était trompée. Alors, elle avait fini par devenir comme tous les autres. Une femme presque dans l’obsession de son métier, incapable de déconnecter même lorsqu’on l’envoyait en repos, chez Leah. Une femme qui n’avait pas le temps de faire quoi que ce soit d’autre, qui ne connaissait pas le bonheur d’avoir des passions, qui ne sortait jamais dans le but de rencontrer l’homme de sa vie. Elle ne savait pas pourquoi mais ce soir, le fait que son ami Thomas revienne avec un repas tout prêt lui fit l’effet d’un uppercut en pleine face. Elle aimait la cuisine, et surtout se retrouver derrière les fourneaux pour concocter de bons petits plats. Et au fil du temps, elle avait oublié jusqu’à la satisfaction que procurait la réussite d’un dîner. Enfant, Max avait du apprendre à se débrouiller seule : sa mère n’étant plus de ce monde, ce n’était pas son paternel qui allait s’arranger pour varier les ingrédients de leur frigo. Ainsi, dès qu’elle eut l’âge d’utiliser un four et des plaques électriques, elle acheta quelques livres de cuisine et se mit à la tâche. Elle avait découvert là un vrai passe-temps, un pur bonheur. La triste vérité était que dès son entrée dans l’armée, elle n’avait plus touché à un ustensile. Désormais, elle ne vivait que de plats cuisinés achetés en grande surface, par manque de temps. Toujours le temps…

« Ca sent bon, » dit-elle en lorgnant un peu dans les sacs, essayant de retenir l’impatience de son estomac – elle avait avalé en tout et pour tout un Latte chez Starbucks à l’heure du déjeuner, et la faim commençait à peser sur son organisme. Ils n’étaient que tous les deux ce soir, et aucun n’avait l’habitude de cuisiner – ne l’avait pas ou plus – et elle était ravie qu’il ait pensé à rapporter quelque chose sur le chemin du retour. Elle nota toutefois dans un coin de sa tête qu’ils devaient changer leurs habitudes, surtout avec Amber. Sans compter que la jeune femme serait ravie de cuisiner à nouveau. Et, intérieurement, elle en avait besoin. Se remettre à quelque chose qui la réjouissait d’avance ne pouvait que l’aider à guérir…
Elle passa ensuite à la bonne nouvelle du jour et pouffa de rire lorsque Thomas évoqua son voisin. Max avait eu l’occasion de le croiser une fois – heureusement, tout habillé ! – et elle avait beaucoup, beaucoup de mal à l’imaginer dans ce genre de sous-vêtements. Elle avait beau être un Colonel dans l’armée, si jamais cette vision s’offrait à sa petite personne, Max n’avait aucun doute sur sa réaction : courir, le plus vite et le plus loin possible, avant qu’il ne l’invite pour un petit bridge…
« Les fusils d’assauts, hein ? » répéta-t-elle en haussa un sourcil, avant de lever le poing pour lui donner une autre tape sur l’épaule. Il esquiva cette fois – peut-être était-elle un brin prévisible – et se dirigea vers la cuisine pour récupérer les boîtes contenant leur dîner. « J’ai une faim de loup, » le rassura-t-elle aussitôt. Pendant que Thomas s’occupait de la nourriture, Maxine entreprit de sortir les verres, les serviettes ainsi que deux bières qu’elle partit poser sur la table basse. Le dossier était toujours sur un coin de celle-ci. Son cœur se serra. D’ici quelques minutes, ils allaient avoir la discussion qu’elle redoutait depuis son arrivée, ou du moins, l’une d’elles. Devait-elle attendre la fin du repas ? Ce serait bien, en un sens, mais d’un autre côté elle avait peur de se dégonfler entre temps. Jamais encore elle ne s’était sentie aussi indécise. Elle avait besoin que Thomas l’interroge avant de se lancer. Seule, elle n’y arriverait pas, la jeune femme en avait pleinement conscience. Quelle faiblesse ! Oui, c’était bien lui, c’était lui sa faiblesse… depuis leurs vingt-et-un ans, et depuis le tout premier mot qu’ils avaient échangé.

Max le vit froncer les sourcils alors qu’il déchiffrait l’écriture. Il se tourna vers elle, et lui demanda ce qu’était cette enveloppe kraft. Son amie sut à cet instant bien précis qu’aucun retour en arrière n’était possible. Son visage devait déjà en exprimer bien assez : l’appréhension, la tristesse peut-être aussi. Car même si la nouvelle en elle-même n’était pas mauvaise, elle savait que Thomas allait en souffrir. Et se poser mille questions. Pourquoi ? Comment ? Que s’était-il vraiment passé ? Elle se sentait mal d’avance, elle haïssait le mettre dans une telle position. Mais elle n’avait pas le choix. Essayant tant bien que mal que parler avec assurance, elle s’approcha du sofa et l’invita à s’asseoir d’un geste, récupérant le dossier papier et le posant, pour le moment, sur ses genoux. « Cette enveloppe est la vraie raison de ma venue à Los Angeles, » avoua-t-elle tout d’abord. Etrangement, cette révélation fut un véritablement soulagement. Enfin, elle n’aurait plus à mentir quant à ce qui l’avait poussée à se mettre en vacances prolongées. « En passant Colonel, j’ai eu diverses autorisations qui m’ont donné le droit de mettre le nez dans des papiers jusque-là bien gardés. C’est par hasard que je suis tombée là-dessus. J’ai longuement hésité avant de venir te voir, je ne savais pas quelle était la meilleure chose à faire – pour toi. Et puis, je me suis mise à ta place et je me suis dit que j’aurais aimé être au courant, alors j’ai pris le premier vol à destination de la Californie. Le soir où j’avais l’intention de t’en parler, Amber a débarqué dans nos vies et… C’était déjà un chamboulement… » Peu à peu, ses propos se faisaient plus hésitants. Son estomac ne réclamait plus le dîner : il se nouait à lui faire mal. Et une boule se forma dans sa gorge. Son sang lui battit soudain les tempes. C’était peut-être fou, mais de son point de vue, cette conversation lui paraissait beaucoup plus difficile que d’accomplir une mission sous les bombardements de Bagdad. « Tiens, » murmura-t-elle en lui tendant l’enveloppe scellée. « C’est à propos de ton père. »
Max se souviendrait pour le restant de sa vie de l’expression qu’afficha alors Thomas, qui fut comme un coup de poignard en plein cœur.
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MessageSujet: Re: cause tonight we're only here to know the truth Ҩ thomas   cause tonight we're only here to know the truth Ҩ thomas EmptyDim 7 Oct - 16:00

Quelques semaines plus tôt, Maxine était inopinément apparue devant sa porte, ce qui en plus de le surprendre n'avait pas manqué de le ravir au plus haut point - d'autant plus, après tout le temps qu'ils avaient passé chacun de leur côté. Depuis qu'il avait quitté l'armée, leurs contacts s'étaient inévitablement espacés et même s'ils avaient réussi à se tenir aux nouvelles au fil des années, rien ne pouvait véritablement remplacer la présence de la jeune femme à ses côtés. Il s'agissait sans doute de l'un des inconvénients majeurs des réseaux GSM : leur incapacité à traduire les sourires espiègles, les étreintes sécurisantes ou l'affection d'un regard. Maxine lui avait énormément manqué, c'était peu de le dire ! Ils avaient tellement de choses à se raconter qu'il doutait que leurs lèvres puissent s'activer à une vitesse suffisante pour relater la totalité de leurs histoires avant la saison prochaine. Thomas avait passé plusieurs longues secondes à contempler la jeune femme de la tête aux pieds afin d'appréhender tous les changements, car ils avaient immanquablement changés. Il regrettait de ne pas avoir pu assister à toutes ces petites modifications de l'âge au fur et à mesure. Ainsi, il aurait sans doute pu comprendre d'où provenaient cet endurcissement dans ses traits, cette froideur apparente et cet éclat terne dans ses prunelles autrefois si éclatantes. Le lien qui unissait les deux militaires était aussi solide qu'immuable. Ils l'avaient progressivement édifié en terrain souvent hostile, puis renforcé en se protégeant mutuellement face aux nombreuses situations épineuses qu'ils avaient dû affronter. Cela faisait près de dix ans que Thomas ne se considérait plus comme fils unique : il avait trouvé chez Max, la soeur avec laquelle il n'avait jamais eu l'opportunité de grandir. Il pouvait encore se remémorer l'échange qui avait proprement brisé la glace entre eux ! Tout juste arrivé d'Angleterre après avoir terminé l'École militaire, Maxine n'avait pas tardé à tourner son accent britannique en dérision. Il s'était ensuite fait réprimander par l'Instructeur, après avoir imité un cliché texan particulièrement expressif impliquant un taureau mécanique et, ils ne s'étaient plus quittés.

L'estomac grondant d'impatience, Thomas s'empressa de défaire les plats encore fumants qu'il avait récupérés chez le Thaïlandais. L'ex-colonel faisait partie de la clientèle régulière depuis son emménagement à Los Angeles, en regard de son incapacité chronique à préparer une assiette décente pour quiconque. Il se fendit d'un sourire bienveillant lorsqu'elle releva l'expression, tout en disposant les boîtes les unes sur les autres au-dessus du plan de travail tandis qu'il les vidait proprement dans les assiettes qu'il avait préalablement préparées : « Je suis content que vous arriviez finalement à vous entendre, déclara-t-il en se frottant les paumes l'une contre l'autre en jetant un dernier coup d’œil aux plats qu'il avait devant lui afin de ne rien oublier. Il releva ses pupilles océaniques vers la jeune femme, la mine détendue : Tu sais, je ne peux pas m'empêcher de me dire qu'Amber est beaucoup plus vulnérable qu'elle ne nous le laisse savoir. Elle a besoin de stabilité et celle-ci passe inévitablement par nous et plus spécifiquement par toi. Je suis content qu'elle réussisse à se détacher de sa propre indépendance, pour vivre tout simplement sa vie d'adolescente en comptant sur nous. » ajouta-t-il avec sincérité.

Les pupilles de l'Anglais furent immédiatement attirées par une épaisse enveloppe kraft délaissée sur la table basse. Il déposa tranquillement leurs dîners respectifs sur la surface de verre et inclina légèrement la tête afin de déchiffrer l'épaisse écriture brune qui s'étendait sur une majeure partie de l'emballage, sans y toucher. Confidentiel. Il fronça doucement les sourcils, intrigué. Le dossier Frogfoot comme il pouvait le lire, ne lui appartenait pas. Il doutait sincèrement que Maxine ait l'habitude de se montrer aussi négligente avec une affaire aussi importante que celle-ci semblait l'être à première vue. Par déformation professionnelle, les militaires avaient tendance à développer mille précautions autour des dossiers qu'on pouvait occasionnellement leur confier. Thomas lui-même était devenu un véritable maniaque - son appartement pouvait témoigner de sa parfaite organisation. Il en déduisit promptement que la jeune femme souhaitait peut-être en discuter avec lui. Il s'empressa de relever le nom du contenant avec une réserve indiquant qu'il ne s'offusquerait pas si elle venait à choisir de garder les détails pour elle. Thomas arqua un sourcil inquisiteur lorsqu'elle lui avoua que l'enveloppe en question était à l'origine de sa venue à Los Angeles. Allait-elle enfin lui confier ce qui était arrivé à Shane ? Thom savait qu'elle lui dissimulait quelque chose d'important à ce sujet. Max avait toujours refusé d'admettre qu'il puisse exister quelque chose de spécial entre eux. Mais l'anglais ne pouvait que remettre sa parole en question depuis qu'il était tombé sur cette photo d'eux deux quelques jours plus tôt en cherchant des piles, précieusement conservée dans sa table de nuit. Il ne savait pas exactement ce qui était advenu de ce coéquipier, en revanche il était convaincu que l'affaire était suffisamment grave pour avoir totalement modifié l'attitude de la jeune femme. Elle était plus ferme, plus tranchante ... Le ton grave de la jeune femme lui ôta toute envie de plaisanter et, il s’assied sans la quitter des yeux, oreilles attentives. Un mauvais pressentiment s'infiltra dans sa poitrine et il dû renoncer à l'envie de la presser d'en venir au but. Elle marqua une courte pause, avant de lâcher l'information. Il eût l'impression qu'un bloc de glace lui tombait dans l'estomac. Durant quelques secondes, il ne laissa transparaître aucun signe, aucun expression permettant de déterminer si oui ou non, la révélation avait été assimilée. Qu'entendait-elle par c'est à propos de ton père ? Celui-ci avait été présumé mort près de dix ans plus tôt ! Que pouvait contenir cette enveloppe d'aussi décisif pour que la jeune femme fasse le déplacement ? Il cilla finalement et détacha son regard de celui de sa soeur pour les baisser sur le dossier qu'elle lui tendait. Il s'en empara silencieusement, réprimant le tremblement intempestif de ses doigts. Il retroussa les lèvres avant de déglutir péniblement, indécis. Quoique pouvait contenir ce dossier, cela allait probablement bousculer sa vie bien rangée. Était-il prêt à risquer tout ça ?Il inspira profondément avant de glisser son index sous la languette auto-collante de scellement qu'il détacha fébrilement sous le regard de Maxine. Non, il ne pourrait pas poursuivre sans savoir. Plusieurs rapports se révélèrent à sa vue. Ses yeux glissèrent sur les longs paragraphes qu'il commença à lire sans piper mot, sautant les quelques censures avec une touche de frustration.

Il resta ainsi durant près de quinze minutes durant lesquelles il ne prêta pas plus attention à son dîner qu'à Maxine. Le jeune homme avait passé de longues semaines à accepter la réalité de la disparition de son père. Il se souvenait encore de la visite de son instructeur lorsqu'il était interne à la Duke's of Royal, en Angleterre. C'est ce qui l'avait poussé à poursuivre sa carrière militaire en Amérique. Thomas redressa la tête, le regard perdu dans le vague. Il abandonna l'ensemble des écrits sur le sol et rejeta ses cheveux en arrière, avant de nouer ses doigts sur sa nuque. Tout ce qu'il avait pu croire jusqu'à ce jour était en train de s'effondrer. Son père n'avait pas disparu en mission pour l'Armée Américaine. Il n'était pas même au service de celle-ci, dans ses derniers mois d'activité. Le second rapport venait de lui apprendre qu'il avait été approché par un organisme gouvernemental pour récupérer quelque chose. Il se redressa et les doigts de l'anglais firent glisser la pièce finale qui l'attendait dans l'enveloppe et une cassette magnétique tomba dans sa paume. Ses traits se refermèrent instantanément. Il ne pourrait pas la lire, il n'était pas équipé pour. Que dissimulait cet enregistrement ? Verrait-il le visage de son paternel, dans ses derniers jours ? Thomas posa finalement les yeux sur celle qu'il considérait comme une soeur, le visage déserté de toutes couleurs : « Tu l'as lu ? Depuis combien de temps est-ce que tu sais tout ça ? l'interrogea-t-il d'une voix rendue rauque par le noeud qui lui emprisonnait la gorge.Il ne savait pas encore s'il était contrarié d'apprendre qu'elle avait découvert tout cela depuis plusieurs semaines, ou bien s'il lui était reconnaissant d'avoir décidé de partager la nouvelle avec lui. Un peu des deux, sans doute. « Est-ce que c'est tout ce qu'il y a ? poursuivit-il en désignant les feuilles qui s'étalaient à présent sur le sol devant lui. Il n'y avait rien d'autre ? ». Il avait besoin de savoir si la totalité des faits reliés à son père et sa disparition étaient entre ses mains de sorte à pouvoir réaliser une sélection et peut-être ... et peut-être quoi ? Se lancer à sa recherche ? C'était presque insensé ! Il baissa les yeux, légèrement honteux du ton brusque qu'il avait adopté. « Excuse-moi, ajouta-t-il en se prenant la tête entre les mains. C'est juste que je ne m'attendais pas à -- enfin, tu vois. En faite, je pensais que tu allais me parler de Shane. ».
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MessageSujet: Re: cause tonight we're only here to know the truth Ҩ thomas   cause tonight we're only here to know the truth Ҩ thomas EmptyLun 29 Oct - 11:30

De nombreuses années plus tôt, au moment où leurs regards s’étaient croisés pour la toute première fois, la brunette avait tout de suite su que cet homme deviendrait aussi indispensable à son existence que l’oxygène qui emplissait ses poumons. Encore aujourd’hui, elle ne pouvait expliquer la raison de ce sentiment, un peu comme si son instinct lui avait alors soufflé de ne plus jamais le laisser partir, ou il lui manquerait à jamais un élément pour atteindre le bonheur complet. En réalité, Thomas avait simplement esquissé un sourire à son attention, de ceux qu’il ne réserve aujourd’hui qu’aux gens qu’il aime comme sa propre famille, et le monde s’était arrêté l’espace d’une seconde.
Le temps avait donné raison au « sixième sens » de Maxine. Ils étaient devenus des frères d’armes et bien plus encore, se sauvant mutuellement la vie à un grand nombre d’occasions. Envoyés au front ensemble, ils formaient un duo de choc comme le disaient bien souvent les autres soldats de leur unité. Beaucoup de militaires jouant les durs aimaient à dire que les sentiments, sur le terrain, ne représentaient rien d’autre qu’une faiblesse. Seulement en ce qui concernait Thomas et Max, ils faisaient, au contraire, toute leur force. Ils étaient bons, parce qu’ils veillaient sans cesse l’un sur l’autre, ne supportant pas de ne pas connaître leurs positions respectives quand leur mission les obligeaient à se séparer. La blessure de Thomas et son départ de l’US Army avait été un coup dur pour Maxine, bien qu’elle n’ait jamais vraiment voulu montrer à quel point.
A ce jour, le lieutenant-colonel Lennox pouvait encore constater cette relation indestructible, et témoigner du fait que oui, Thomas était une perle rare comme on en faisait plus. Il venait lui-même de revenir à Los Angeles et elle débarquait dans son quotidien : il l’acceptait chez lui sans poser de question, simplement heureux de l’avoir un peu pour lui après tout ce temps passé sans se voir. Puis, une adolescente inconnue au bataillon sonne à la porte en clamant être la demi-sœur cachée de Max : au lieu de la mettre gentiment dehors parce qu’après tout son appartement n’a rien d’un hôtel, il lui aménage sa seconde chambre et achète même un meuble pour ses affaires. D’un logement de célibataire, cet endroit était devenu grouillant d’activité en l’espace de quelques semaines, alors qu’il n’avait strictement rien demandé. Et il ne s’en plaignait jamais. N’avait jamais demandé à Maxine de se trouver son propre endroit où déménager avec Amber, pour qu’il puisse retrouver sa tranquillité. Jamais.

« Merci, » souffla-t-elle alors que Thomas exprimait sa joie à l’idée que les deux sœurs s’entendent mieux. Elle l’observa avec intensité pour qu’il comprenne le poids de ses prochains mots. « En fait, je ne te remercierai jamais assez d’accepter Amber comme si… comme si elle avait toujours fait partie de nos vies. Rien ne t’y oblige et pourtant, tu n’as même pas ne serait-ce que qu’hésité avant de lui proposer de rester. » Thomas évoqua la stabilité que ce semblant de famille conférait à Amber, certainement meurtrie par tous les événements auxquels elle avait du faire face. Max avait toujours su qu’elle cachait des choses bien plus sérieuses qu’une famille d’accueil avec la main un peu lourde : on pouvait le lire dans son regard. Toutefois, l’adolescente n’était pas encore prête à en discuter, et si Max avait tout d’abord voulu la pousser dans ses retranchements, son précieux ami l’en avait soigneusement dissuadée. Comment pourrait-elle leur faire confiance un jour s’ils ne lui laissaient pas le temps et l’espace nécessaire ? Elle devait absolument se sentir bien ici avant de pouvoir se lâcher complètement et livrer ses secrets. Avec un sourire, Max songea que c’était normal pour une Lennox. Car une Lennox ne racontait jamais sa vie à des inconnus, et attendait que les gens lui prouvent qu’elle pouvait avoir confiance en eux pour leur donner le moindre détail. Au final, plus le temps avançait et plus elles se trouvaient des points communs comportementaux – bien que Thomas en ai déjà déniché plusieurs, surtout en ce qui concernait ce fameux caractère de cochon. « Je suis contente que tu ne nous mettes pas dehors, » reprit-elle. « Franchement, je sais pas ce que je ferai si je me retrouvais à vivre seule avec Amber. Je n’ai aucune idée de la façon dont je dois gérer une ado en pleine crise qui, par-dessus le marché, a déjà vécu plus de situations merdiques que la plupart des adultes de notre âge – et encore, on ne sait sans doute pas tout. » Elle soupira, avant de sourire au jeune homme qui lui faisait face et qui était occupé à vider le contenu de leur repas dans des assiettes. « Je ne prononce pas souvent ce genre de phrase, mais j’ai besoin de toi, Thomas. J’ai besoin de toi pour apprendre comment faire. Je sais que tu as une sorte de « feeling » qui me manque avec elle. Et il faut que tu m’aides à l’avoir aussi. »

Le sujet de cette boule d’énergie brune qui partageait cet appartement avec eux semblait clos pour la soirée. Le dossier qui avait causé tant de souci à Max reposait sur la table basse, et son ancien chef d’unité venait de poser les yeux dessus, fronçant les sourcils, certainement en train de se demander ce qu’une chemise cartonnée frappée du sceau CONFIDENTIEL venait faire ici. Prenant une grande inspiration avant de se lancer, Max fit asseoir son ami sur le canapé et lui tendit Frogfoot, mentionnant qu’il s’agissait d’informations concernant son père, obtenues grâce à son statut de lieutenant-colonel. Puis, elle garda le silence et se contenta de regarder tout autour du salon, évitant Thomas. On aurait presque pu croire qu’elle faisait la chasse à la poussière ou aux toiles d’araignées dans le but de se préparer à un ménage complet le lendemain. Mais non. Elle avait juste peur de la réaction de l’Agent. Surtout quand il comprendrait qu’elle avait ce dossier depuis son arrivée à Los Angeles, et qu’elle ne lui montrait que ce soir.
Lorsqu’il eut terminé de lire les feuilles où, parfois, un nom disparaissait sous un trait de marqueur noir, il referma Frogfoot, l’air perdu. Max posa de nouveau ses yeux sur lui au moment où il lui demanda depuis combien de temps elle était au courant de ce que contenait ce dossier classé secret. La cassette dans la main, il insista : était-ce là les seuls éléments ? Sa voix s’était faite plus dure, comme s’il lui reprochait quelque chose. Sans prononcer un seul mot tellement sa gorge était nouée, elle répondit à sa dernière question d’un geste négatif de la tête. Il avait du remarquer l’expression triste de son visage, car très vite, Thomas s’excusa, expliquant qu’il ne s’attendait pas à de telles révélations… mais plutôt à un fait concernant Shane.

Aussitôt, Max prit un air des plus étonnés. Elle ne comprenait pas pourquoi il lui en parlait maintenant. Qu’y avait-il à savoir de plus ? Cela faisait déjà presque quatre ans qu’ils avaient « coupé les ponts suite à un transfert », et au moins trois que Thomas avait arrêté de demander des nouvelles, réalisant enfin qu’ils ne se voyaient vraiment plus du tout. « Je saisis pas bien, Thomas. Pourquoi tu me parles de Shane subitement ? Qu’est-ce que tu attendais que je te dise en rapport avec lui ? » Il ne lui fallut que quelques secondes pour comprendre d’où ce soudain intérêt pour son ancien collègue soldat provenait. Parce qu’il ne pouvait être né que d’une seule chose : la photo qu’elle planquait dans la table de nuit. Avec la présence d’Amber, et pour laisser un brin d’intimité à l’adolescente, Thomas avait choisi de lui laisser la seconde chambre. Du coup, Max et lui dormaient dans le grand lit qui était le sien. En soi, ça ne les dérangeait pas le moins du monde. Ils avaient eu plus ou moins l’habitude, pendant leurs différentes missions où les lits n’existaient pas et où leur unité devait se serrer sur huit mètres carrés. Et il n’y avait jamais eu aucune ambigüité entre eux, bien que d’autres puissent se poser la question, incapables de saisir l’exactitude du lien qui les rapprochait. Maxine avait, par conséquent, déposé la photo de Shane et elle dans la petite table de nuit qui se trouvait de son côté, juste après avoir demandé à Thomas si elle pouvait y mettre ses affaires personnelles. Ce qui, bien évidemment, sous-entendait qu’il devait s’en tenir éloigné. Avait-il volontairement jeté un œil à ses affaires ? Que cherchait-il exactement ? Pour quelle raison avait-il mis son nez là-dedans ?

Soudain furibonde, Max se leva du sofa et fit volte-face pour s’adresser à Thomas. D’un ton beaucoup plus dur qu’elle ne l’aurait voulu, un peu à la manière de son ami quelques secondes plus tôt, elle lâcha. « T’as vu la photo. » Ce n’était même pas une interrogation. Elle n’avait même pas peur de se tromper de théorie, parce qu’elle ne voyait pas ce qui aurait pu mettre Shane sur le tapis, mis à part ce foutu cliché. « Qu’est-ce que tu faisais dans ce tiroir, hein ? Tu fouillais ? » Max tremblait. Elle n’aurait pas du s’adresser à lui de cette façon, elle en avait parfaitement conscience. Il venait d’apprendre des choses déstabilisantes sur son paternel, et elle en rajoutait une couche en l’accusant, probablement à tort. Mais sur le coup, elle ne pouvait s’en empêcher. Parce que la perte de Shane lui avait fait mal au plus haut point. Parce que jamais, jamais elle n’avait partagé ce secret avec quiconque, et ce n’était absolument pas dans ses plans de le faire. Parce qu’elle l’aimait, et elle l’avait perdu sans rien pouvoir empêcher. Et parce qu’à cet instant précis, le simple fait que Thomas ait prononcé son nom venait de rouvrir la blessure béante de son cœur. Qui se mit alors à saigner.
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MessageSujet: Re: cause tonight we're only here to know the truth Ҩ thomas   cause tonight we're only here to know the truth Ҩ thomas EmptyDim 25 Nov - 15:51

La présence féminine de Maxine avait complètement renversé les habitudes du célibataire endurci qu'était Thomas, dans le meilleur sens possible. Depuis son divorce avec Quinn, l'ancien colonel n'avait partagé d'appartement qu'avec Savannah et Lumen, dans un cadre plus ou moins professionnel. En conséquence, lorsqu'il avait dû témoigner des transfigurations progressives associées à la présence d'une femme dans son espace personnel, il s'était retrouvé aussi troublé qu'enchanté face à ces changements inopinés. Des parfums délicats imprégnaient désormais les pièces ; la cuisine reprenait vie doucement. Max l'attendait lorsqu'il rentrait du Bureau et, lui permettait de chasser le voile de solitude qui menaçait de le recouvrir à tout instant, telle une clé de Damoclès lourde de ses angoisses les plus intimes, attendant le moment propice pour lui fendre proprement le crâne. Il s'était à peine accoutumé à cette nouvelle routine, qu'Amber avait débarqué dans le tableau. Il aurait été incapable d'expliquer l'élan indéfinissable qui l'avait poussé à ouvrir inconditionnellement sa porte à cette parfaite inconnue aux allégations incertifiées ; il l'avait fait, c'est tout. Et il avait instantanément pris conscience de la justesse de sa décision. Au fil des années, Thomas avait développé cet instinct singulier auprès de ses interlocuteurs (et particulièrement vis-à-vis de Savannah, durant les quatre années qu'ils avaient partagé). Il n'avait plus rien du soldat aux manières brusques, coupé de toute vie civile et au tact défectueux. Les discussions qu'il avait mené avec Amber l'avaient mené à l'identifier progressivement à l'adolescent complètement paumé qu'il avait été, une dizaine d'années plus tôt. Thomas était passé au travers d'une adolescence chaotique à assister aux frasques de sa mère durant les longs services de son père. Il connaissait cette lueur qui vivait au fond des pupilles de la demi-sœur de Max. Il s'était composé une patience exemplaire en attendant qu'elle trouve le courage et la volonté de partager son fardeau avec l'un d'entre eux.
Il lui laissa le loisir de s'exprimer entièrement sans l'interrompre, un sourire doux accroché aux lèvres. Il n'aurait jamais été capable de mettre les Lennox à la rue, c'était évident - tout soldat qu'il avait été, il n'aurait certainement pas trouvé le sommeil à se demander où elles en étaient dans leur poursuite du lien fraternel qu'elles n'avaient jamais eu l'opportunité de bâtir durant leur enfance. Il s'arrêta momentanément lorsqu'elle en vînt à lui affirmer à haute voix le besoin de l'avoir à ses côtés dans ces circonstances. Il l'avait déjà deviné ; mais venant de quelqu'un d'aussi indépendant et peu enclin à admettre ce genre de choses, il était touché.
« Laisse-toi un peu de temps pour t'ajuster Max, la rassura-t-il avec douceur. Depuis qu'Amber est arrivée, tu te focalises plus sur l'impact que ça représente sur sa vie, que sur la tienne. Ce n'est pas donné à tout le monde de se découvrir une demi-sœur du jour au lendemain et, c'est d'autant plus difficile pour des gens comme nous. Il marqua une courte pause pour ajouter une pincée de sel dans leurs plats. Des gens comme nous, songea-t-il furtivement. Autrement, des individus qui passaient leur temps à se couper de leurs émotions propres et à faire la part des choses pour ne pas se briser en deux sur le terrain. Ça va bien se passer. Pour ce que ça vaut, je pense que tu t'y prends pas si mal. Sauf avec la machine à laver. C'est un désastre. ». Il avait eu la surprise de découvrir ses chemises blanches teintées de nuances rosées la semaine précédente. Un mauvais tri des couleurs à propos duquel il n'avait pas fini de taquiner la jeune femme. Il s'approcha pour l'enlacer d'une brève étreinte avant de porter les plats jusqu'à la table basse.

Quinze minutes de lecture avide et ponctuée de grognements mécontents lorsqu'un trait de marqueur venait faire obstacle à sa curiosité. Il laissa retomber les rapports qui composaient le dossier qu'avait déniché Maxine, les doigts refermés sur la petite cassette magnétique qui gardait les dernières informations concernant James Henley. Il ferma les yeux durant quelques secondes, se plongeant dans les méandres de sa mémoire, réprimant difficilement les distorsions sourdes qui lui comprimaient subitement la poitrine. Il ne se souvenait pas précisément de la dernière parole qu'il avait adressée à son père. C'était légitime, après tout. Il n'aurait jamais soupçonné que ce fût la dernière. Il n'avait qu'attendu la suivante avec l'impatience qui gorgeait son coeur lorsque son père repartait en service. Il se remémorait son dix-huitième anniversaire. James lui avait offert un piano d'occasion qui avait illuminé les après-midi qu'il avait passé à l'attendre. Il déglutit péniblement lorsqu'il réalisa pour la première fois, qu'il était désormais incapable de se rappeler précisément les traits pourtant si familiers, du visage de son père. Katie, sa mère, s'était débarrassée de toutes les photos où son époux apparaissait. Ou du moins, ne lui en avait-elle laissé aucune.
Une pointe de culpabilité lui perça subitement la poitrine lorsqu'elle répondit silencieusement à ses interrogations. Elle n'était pour rien dans toute cette histoire et, avait pris l'initiative de lui porter ces informations, au péril de sa carrière. Il doutait que soutirer des rapports aussi confidentiels à l'Armée pour les faire lire à un civil entre dans les critères de la légalité. Et il laissait ses nerfs s'exprimer à sa place, sans plus de considération pour les risques qu'elle avait pris. Il lui présenta ses excuses dans un soupir encore tendu, avant d'apporter le sujet qu'il avait cru abordé en s'installant quelques dizaines de minutes plus tôt - Shane Hamilton. Il ne l'avait jamais rencontré. Maxine en avait sommairement parlé au cours de leurs conversations téléphoniques. Il savait qu'il s'agissait d'un ancien équipier de la jeune femme, que celui-ci avait été réaffecté quatre ans plus tôt et qu'ils n'avaient désormais plus le moindre contact. Ils n'étaient aucunement proches. En apparence, tout du moins. Thomas n'avait eu aucune intention de fouiller dans les affaires de sa soeur (ce n'était définitivement pas dans ses manières de forcer l'intimité d'une femme). Il était seulement à la recherche des boutons de manchettes qu'il avait l'habitude de ranger dans ce tiroir, lorsqu'il était tombé sur la photo d'un homme en uniforme, en train de faire le clown aux côtés d'une Maxine plus jeune, aux pupilles étincelantes. Elle ne sembla pas comprendre l'allusion, dans un premier temps. Ou peut-être redoutait-elle d'y croire. Il baissa les yeux sur la cassette qu'il faisait machinalement tourné entre ses doigts pour ne pas avoir à soutenir son regard, inconscient de s'attirer un statut de coupable qui ne lui revenait pourtant pas. Il regrettait d'avoir mis le sujet sur le tapis aujourd'hui. « T’as vu la photo, déduisit-elle au bout de quelques secondes de silence. Thomas hocha silencieusement la tête avant de redresser légèrement le menton pour détailler le visage de son amie. En d'autres circonstances, il aurait sans doute été galvanisé d'apprendre que Shane n'était pas le simple camarade d'unité qu'elle lui avait dépeint au fil des années et aurait insisté pour connaître le fin mot de l'histoire. Mais les révélations liées à son père et, les émotions intenses qui défilaient les unes à la suite des autres sur les traits de Maxine prêtaient à penser que l'idylle amoureuse qu'il se plaisait à imaginer, était loin d'exister. « Qu’est-ce que tu faisais dans ce tiroir, hein ? Tu fouillais ? » l'accusa-t-elle, furibonde. L'anglais plissa les yeux, piqué au vif. Il ouvrit la bouche pour s'insurger, avant de se raviser tout aussi subitement, pour laisser échapper un soupir las inaudible. « Pourquoi tu te braques, comme ça ? Je cherchais seulement des boutons de man-- qu'importe. Écoute, Max ... ». Il eût un geste vague de la main, avant de déposer la cassette sur la table, à l'écart de leurs assiettes qui refroidissaient, par sécurité. Il se tut durant un court instant, ne sachant quoi ajouter. Il prit conscience du tremblement qui l'agitait et, se leva pour prendre ses mains dans les siennes. « Je ne pensais pas à mal, je t'assure. Je suis tombé dessus avant-hier avant de partir au boulot et je voulais t'en parler plus tôt, mais je ne savais pas vraiment comment amener le sujet, Il marqua une courte pause tandis que son pouce dessinait des cercles apaisant dans la paume de la jeune femme. Il la contempla, un instant supplémentaire et encore une fois, il discerna les fissures qui scindaient son être de toutes parts. C'était à en pleurer. Il aurait voulu l'enlacer et la protéger de toutes les douleurs qu'elle gardait courageusement dans sa poitrine. Je ne sais pas ce qui s'est passé Max. Je sais seulement que tu es blessée et, que ça t'a changé en profondeur. Parle-moi, l'implora-t-il, entre murmure et parole.
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MessageSujet: Re: cause tonight we're only here to know the truth Ҩ thomas   cause tonight we're only here to know the truth Ҩ thomas EmptyMar 11 Déc - 13:52

Des gens comme nous. Cette remarque fut comme un coup porté en plein cœur aux yeux de la brunette. Pourtant, son ami avait parfaitement raison, et elle-même en avait conscience. Les militaires devaient se montrer différents des autres. Ce n’était pas une option mais une nécessité pour eux. La première chose qu’on apprenait aux soldats était de savoir compartimenter leur cerveau, afin de détacher les émotions du reste. Ils devaient apprendre à ne rien ressentir, ou presque, s’ils ne voulaient pas devenir complètement fous sur le terrain. Etre hermétiques aux corps décharnés qui jonchaient le sol. Aux effusions de sang. A leurs frères d’armes qui tombaient parfois les uns après les autres, à leurs côtés. Ceux qui maintenaient cette prouesse avaient droit à une longue et brillante carrière. Les autres mouraient, ou rentraient chez eux pour finir dans un centre psychiatrique tellement leurs cauchemars étaient virulents. Thomas n’échappait pas à cette règle et était même l’exemple parfait de l’adage Soldat un jour, Soldat toujours. Cela faisait de nombreuses années maintenant, qu’il avait quitté l’armée pour se choisir une autre voie professionnelle. Il avait sélectionné le Gouvernement et semblait s’y plaire. Pour autant, Max voyait bien qu’il n’avait pas tellement changé depuis l’époque où ils combattaient ensemble. Certes, Thomas se montrait plus ouvert, plus compréhensif, mais ses sentiments les plus profonds étaient toujours aussi durs à évoquer.

Des gens comme eux, pouvaient-ils vraiment combattre leur enseignement et retrouver leur émotivité d’avant ? Etaient-ils capables, s’ils restaient assez longtemps parmi les civils afin de les côtoyer davantage, de mettre les horreurs de côté et ressentir enfin une vraie joie de vivre ? Un réel bonheur ? Max arriverait-elle à devenir une grande sœur normale pour Amber ? Ou bien était-elle condamnée à retenir cette envie de la prendre dans ses bras, de la réconforter, de sécher ses larmes… Sous prétexte que c’était une seconde nature pour les militaires ? Non. Max ne pouvait croire en ce tissu de mensonges. Sa mère n’était pas comme ça, après tout. Quand elle rentrait à la maison, elle laissait son uniforme de côté pour répéter à sa fille unique combien elle l’aimait. Elle lui lisait des histoires avant qu’elle ne s’endorme, de sa voix douce et reposante. Elle lui souriait, et même si ce sourire était toujours teinté d’une certaine tristesse, il n’en était pas moins réel et honnête. C’était faux. Il ne s’agissait pas d’une quelconque seconde nature. Il suffisait de le vouloir assez fort pour mettre les horreurs dans un coin de sa tête, et enfin s’ouvrir à ses proches. Et au monde. Un jour, Max aussi y arriverait, car elle avait bien l’intention d’essayer. Pour Amber.

« Merci, » sourit-elle face au compliment de Thomas, riant à moitié de sa remarque sur la machine à laver. Elle s’en était voulu de lui avoir coloré une partie de ses chemises en rose, et avait eu tôt fait de les remplacer – malgré les protestations de son ami. Le tout était de ne pas recommencer. Sur certaines choses, Max devait encore s’améliorer et ce genre de tâches en faisait partie. A l’armée, elle se contentait de déposer ses tenues à la blanchisserie de la base et ses vêtements personnels chez Leah – lors de ses quelques permissions, peu nombreuses au vu de son statut. « Promis, je me contenterai de teindre tes fringues en bleu la prochaine fois. En tout cas, c’est certain que ça fera plus viril que le rose pâle, » plaisanta-t-elle à son tour. Ils finirent par s’installer sur le canapé, leur nourriture posée devant eux, en compagnie du dossier que Max souhaitait montrer à Thomas. Evoquer ses découvertes ne fut pas simple. Elle savait que son ami en souffrirait forcément, mais quoi qu’il arrive elle devait bien se jeter à l’eau. Sans compter qu’à sa place, la jeune femme aurait aimé être mise au courant. Quoi qu’il se passe à partir de ce jour et quelles que soient les révélations qui les attendaient s’ils creusaient davantage, Max serait là pour faire face avec Thomas. Elle avait toujours couvert ses arrières et inversement, en mission comme ailleurs. Ca faisait partie des choses qui ne changeraient jamais. Il pouvait compter sur elle. Jusqu’au bout.

Après avoir feuilleté les pages, il retournait désormais un enregistrement entre ses mains, pensif quant à la suite des événements. Contre toute attente, Thomas avoua qu’il ne s’attendait pas à une telle conversation, que Max allait plutôt lui parler de Shane. Ce prénom seul était capable de briser son cœur en mille morceaux, car il lui rappelait tellement de souffrance, de cris, de pleurs et de sang. Voilà presque quatre ans qu’elle n’avait pas évoqué cet homme à Thomas, se contentant de l’informer de son transfert, ajoutant qu’ils ne s’étaient pas recontactés depuis et qu’elle n’avait aucune nouvelle. Pour quelle raison le mettait-il sur le tapis ce soir ? Qu’est-ce qui avait bien pu lui faire penser qu’après autant de temps, elle voulait discuter de Shane ? Ca n’avait aucun sens. Sauf si… Son sang ne fit qu’un tour à l’instant où elle comprit. La photo dans la table de nuit représentait la seule et unique explication. Aussitôt, Max se leva et fusilla Thomas du regard, l’accusant d’avoir fouillé dans ses affaires. La Colonel n’était plus elle-même, aveuglée par les blessures qui se rouvraient, elle ne voyait pas que son comportement dépassait les bornes. Jamais Thomas ne se serait permis de faire un truc pareil, jamais. Seulement là, tout de suite, son état de nerfs refusait d’écouter sa raison.

Thomas essaya de se défendre mais elle ne l’entendait pas. Jusqu’au moment où il se leva à son tour et serra ses mains dans les siennes. Il avait toujours eu le don de la calmer. Impulsive comme personne, Max se mettait souvent dans de telles situations et s’énervait même parfois pour rien. A l’époque, lorsque cela se produisait, tout le monde savait que Thomas était l’homme qu’il fallait trouver et ramener auprès d’elle. Même Scott, parfois, était bien impuissant… Ainsi, au moment où Max sentit le contact réconfortant de Thomas, toute sa colère s’envola en fumée. « Je sais, je sais que tu n’as pas cherché à tomber sur cette photo… Je suis vraiment désolée… » Elle n’osait même plus le regarder en face. Elle s’en voulait terriblement. Mais ses excuses semblaient être le dernier des soucis de Thomas. Lui ne voyait qu’une seule chose : la douleur de Max face à l’évocation de Shane, et son envie de l’écouter, de la réconforter. N’importe qui d’autre serait passé à côté, mais pas lui. Il la connaissait par cœur et il savait que pour garder un tel secret aussi longtemps, alors il devait s’être passé quelque chose de terrible. On avait arraché Shane à la jeune femme sans qu’elle ne puisse rien faire pour l’en empêcher. Des mois durant, elle avait tout fait pour le retrouver, affrontant danger après danger. Elle n’avait jamais autant saigné de toute son existence. Littéralement. Et puis on l’avait forcée à abandonner ses espoirs, menaçant de la virer de l’armée si elle ne se reprenait pas. Au bout d’un an, Shane avait été déclaré mort. Et elle s’était rendue sur sa tombe. Elle se souvenait lui avoir dit au revoir avec la volonté de continuer sa propre existence et pourtant, aujourd’hui, Max en était toujours au même point. A s’imaginer qu’il reviendrait. Et qu’enfin, ils se retrouveraient.

Alors que tout ce parcours des dernières années lui revenait en mémoire, la frappant de plein fouet, Max ne se sentit plus la force de lutter. Les larmes commencèrent à rouler le long de ses joues, des larmes qu’elle avait bien trop souvent retenues face aux autres. Ils ne pouvaient pas comprendre, ils ne sauraient jamais à quel point cette perte lui avait fait mal. Ils se fichaient de sa souffrance. Mais pas Thomas. Il l’aimait, et il l’écouterait. Il trouverait peut-être les mots qu’elle avait besoin d’entendre pour finalement… réapprendre à vivre. « Je t’ai menti, Shane n’a pas… il n’a pas été transféré, il… » Les mots moururent dans sa gorge serrée et douloureuse. Elle était incapable d’aller plus loin pour le moment. Alors, Max se blottit contre Thomas, laissant libre cours à toute sa tristesse, et pleura vraiment pour la première fois depuis l’enlèvement de Shane. Enfin, elle pouvait se laisser aller, évacuer ce qu’elle ressentait sans avoir rien à craindre. Tant pis si ses sanglots la secouaient, tant pis si ses jambes refusaient de la soutenir. Et tant pis si elle se montrait sous son jour le plus faible. Elle était humaine, après tout. Et Thomas était là pour l’entourer de ses bras, pour lui donner un sentiment de sécurité. Elle n’avait pas besoin de se cacher à ses côtés.

Lorsqu’elle releva des yeux rougis et des joues trempées de larmes, croisant son regard, elle se demanda pourquoi elle avait autant attendu. Pourquoi elle lui avait caché la vérité au lieu de se confier. Elle avait beau retourner le problème dans tous les sens, aucune réponse ne lui venait. Mais désormais, il était grand temps de rectifier son erreur. Surtout que Thomas devait bien se demander ce qui se passait pour qu’elle se montre détruite à ce point. Il l’avait déjà vue pleurer, mais jamais de cette façon. Max les guida sur le sofa et lorsqu’ils furent de nouveau assis – peu importe leur repas désormais froid qui les attendait toujours – elle se sentit enfin prête à tout expliquer. Posément. « J’aurais du te le dire, Thomas, et je ne l’ai pas fait. Ne m’en demande pas la raison mais… » Elle secoua la tête, toujours sans aucun indice sur la question pour le moment. Ce n’était pas un manque de confiance envers lui et tous deux le savaient. Il fallait chercher ailleurs. « Shane a été enlevé. Pendant une mission au Pakistan. Ca fait quatre ans maintenant, et… même si on a jamais retrouvé son… son corps, il a été officiellement déclaré mort un an après sa disparition. Je l’ai cherché sans relâche, partout, mais je n’ai jamais eu aucune piste sérieuse. Et puis j’ai du arrêter d’entretenir cet espoir, ou l’Armée me mettait dehors. J’ai du faire sans lui, avancer tout en étant persuadée qu’il était encore là, quelque part, et qu’il attendait qu’on vienne le sauver. » Max plongea de nouveau ses yeux dans ceux de son ami. « Je l’aimais, Thomas. Comme ça ne m’était encore jamais arrivé. Et même si désormais je le garde pour moi, j’ai encore parfois cette… impression… qu’il est en vie. » Une larme solitaire roula sur sa joue et ce fut d’une voix brisée qu’elle demanda. « Est-ce que tu crois que je suis folle de continuer à espérer ? »
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MessageSujet: Re: cause tonight we're only here to know the truth Ҩ thomas   cause tonight we're only here to know the truth Ҩ thomas EmptyMar 5 Mar - 1:04

Il plongea ses pupilles dans les siennes en retenant inconsciemment son souffle –dans l'attente. Il ignorait tout des évènements qui l'avait menée à se fissurer ainsi. Il se rappelait sans difficulté la jeune femme effervescente, au franc-parler transcendant qu'il avait rencontré une dizaine d'années plus tôt. Il se souvenait les soirées qu'ils avaient passées à partager les pires anecdotes de leurs adolescences – 'parce que les mauvaises idées font les meilleurs souvenirs' clamaient-ils à l'unisson avant de trinquer joyeusement leurs chopes de bière. Il se rappelait les heures de temps libre qu'ils épuisaient à tourner leur instructeur en bourrique. Ils étaient jeunes, vierges de toutes peines et préparés à s'engager dans une cause à grande échelle pour le bien de la 'mère-patrie'. Il savait aujourd'hui que rien ne les aurait concrètement préparés à ce qu'ils avaient affronté par la suite, dans le monde réel. Et qu'ils vivaient alors dans une bulle encore préservée des misères qui jonchent chaque paysage. Où étaient-elles aujourd'hui ces deux recrues au tempérament malicieux et à la langue sans doute un peu trop pendue ? Et, surtout, où était-elle ? Il pouvait encore discerner l'ombre de son rictus railleur au-dessus de l'angle de ses mâchoires saillantes. Elle vivait quelque part, en dessous cette couche de froideur préservatrice. Mais elle ne parlait plus. Elle ne riait plus. Elle suffoquait. Et, là où certains se complairaient à prétendre qu'elle a simplement grandi, Thomas constatait avec tristesse qu'elle avait durement vécu.
Shane n'avait pas été affecté à une autre unité comme elle l'avait prétendu à plusieurs reprises par le passé. 'What do you mean ?' aurait sans doute été une question de circonstance. Mais il savait déjà que quelque chose de très mauvais été arrivé. Et peut-être même était-ce le pire qui s'était présenté à elle. La crainte hérissa chaque pore de sa peau et il referma ses doigts un peu plus fermement autour des paumes de la jeune femme. Et soudainement, il la vit se décomposer. Elle vînt se blottir contre lui. Elle ne parlait plus, elle ne riait plus. Elle ne suffoquait pas non plus. Elle diluait son âme et la dispensait autour d'elle à grandes larmes chaudes qu'un autre ira recueillir. Il la maintint contre lui avec force tout en chuchotant des 'shhhh' apaisants, caressant doucement ses boucles brunes. Il ne pipa mot. Elle n'avait pas révélé la nature de son chagrin. Toutefois, il pouvait déduire sans peine que son cœur était sur la ligne et qu'il s'était retrouvé piétiné sans la moindre considération par cette 'chienne de vie' comme l'aurait dit leur Instructeur. Il savait qu'aucun mot ne saurait le raccommoder. Il savait aussi qu'elle n'aurait aucune utilité de phrases pré-fabriquées. Il se contenta de la tenir, de recueillir soigneusement ses larmes sur le plat de son pouce et de déposer quelques baisers sur le sommet de son crâne, en attendant qu'elle s'apaise doucement.

« J’aurais du te le dire, Thomas, et je ne l’ai pas fait. Ne m’en demande pas la raison mais… » fît-elle une fois calmée. Ils s'étaient installés sur le canapé l'un face à l'autre –et peu importait qu'ils y mettent leurs pieds. « Ce n'est pas grave, l'interrompit-il sans brusquerie. Il eût un bref haussement d'épaules. Je peux comprendre. Il y a des choses qu'on ne peut pas dire ... juste comme ça ». Il accompagna ses paroles d'un geste désinvolte avant de porter à nouveau son regard sur elle. C'était comme tenter d'avouer détenir un dossier décisif quant à la vie d'un ami proche. Ou, de vivre difficilement l'absence d'un être tout aussi proche. Il était désormais en paix avec le silence dont elle avait fait preuve jusqu'à présent quant aux deux affaires.

Shane avait été enlevé au cours d'une mission au Pakistan. Thomas tenta de ne pas paraître aussi affecté qu'il pouvait l'être face à cette révélation ; mais en réalité, il ne pouvait s'empêcher de connecter les faits à son expérience personnelle. Derrière ses pupilles cobalt, il se revît dans sa chambre d'étudiant à l'école militaire anglaise. Il revenait d'une session d'entraînement en extérieur. Il n'avait pas même eût le temps de prendre une douche lorsque son supérieur s'était présenté dans sa chambre, l'air aussi grave que sévère. Il avait toujours été froid avec tout le monde, cet homme. Il avait appris plus tard que sa femme s'était suicidée quelques années plus tôt, du jour au lendemain et, qu'il n'avait plus jamais été le même depuis. Cet homme s'était présenté dans sa chambre avec cet air partagé et, lui avait annoncé qu'on avait décidé de présumer son père mort. Et, bien que le corps n'est pas été retrouvé, 'il recevrait tous les hommages qui lui sont dus'. Il était entré dans une phase de déni. Il n'avait jamais complètement adhéré à cette version. Parce que James Henley ne pouvait pas être décédé. Il n'était pas rentré à la maison, cette année-là ! Ni celle d'avant. Il ne pouvait pas être décédé. Et pis, il aimait pas ce mot. Il se souvenait de l'espoir qu'il nourrissait. Le même qui animait la jeune femme. Le sien s'était érodé au fil des ans, le laissant aujourd'hui tout étourdi dans certains aspects de son existence. Était-elle folle d'y croire encore ? Lui, avait bien eut tort d'abandonner sa foi. Il garda sa main dans la sienne et lorsqu'elle se tût, leurs deux regards se rencontrèrent. « Ce que je crois n'a pas d'importance, il esquissa un mince sourire triste. J'ai cessé de croire que mon père puisse être en vie et, regarde-moi aujourd'hui. Et je ne sais pas si l'espoir fait vivre, Max, mais je suis convaincu qu'il nous empêche de mourir. Il marqua une courte pause, explorant ses propres souvenirs au fur et à mesure qu'il parlait. Mon conseil : garde-le (l'espoir hein) précieusement avec toi. Parce qu'on ne sait jamais ce qui compose demain. Mais, ne lui cède pas une place trop importante dans ta vie. D'accord ? ». Il se sentît maladroit. Mais, il aurait été incapable de traduire sa vision des choses plus précisément. Il passa un bras autour des épaules de la jeune femme et, ils se laissèrent tomber contre les coussins du sofa, le menton levé vers le plafond. Soupir inaudible. Il lui murmura qu'il l'aimait et déposa un baiser sur son front, avant d'appuyer sa joue contre ses cheveux, silencieux.




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