« Allô, Billie ? Ouais, je sais, je suis désolée je suis vraiment en retard ! Je suis coincée dans les bouchons, je serai là dans dix minutes grand max ! Merci sweetie, à tout de suite » termina-t-elle avant de jeter son portable sur le siège passager. S'il y a bien une chose en ce bas monde que pouvait bien exécrer la jeune femme, c'était les embouteillages à l'heure de pointe. Cela faisait bien trois quart d'heure qu'elle était bloquée sur l'avenue, progressant petit à petit en alternant entre l'accélérateur et le frein, et voyant les passants la dépasser sans le moindre petit effort sur le trottoir qui la longeait. Et le temps filait, filait. Elle fit jouer ses ongles sur le volant, impatiente d'en finir avec cette attente. Cela devait bien faire un quart d'heure qu'elle hésitait à se ranger sur le bas côté pour se rendre directement à pieds à l'appartement de la Salinger ; seulement ,elle conduisait le petit bijou d'Aidan. Et elle avait dans l'idée qu'il ne serait absolument pas ravi d'apprendre qu'elle ait pu abandonner son véhicule sur une zone de non-stationnement, à la merci d'accrochages éventuels. Elle devait vraiment réparer sa moto, songea-t-elle. En effet, son bolide avait failli il y a quelques jours et il lui fallait à présent remplacer certaines pièces endommagées par l'usure ; en attendant, celui-ci continuait de lui manquer. Enfin, c'était toujours mieux que de prendre le bus, relativisa-t-elle avec un bref sourire. Quelques minutes plus tard, elle arrivait à destination.

« Ça te dit une petite promenade ? » s'enquit Savannah, alors que Julian jouait avec une jolie peluche. Le visage de ce dernier s'illumina subitement, et claquant ses mains l'une contre l'autre, exprima vivement son approbation ; elle aurait peut-être du prendre Sandrelli avec elle, elle savait combien le petit garçon aimait jouer avec le chien, qui était d'une rare gentillesse avec le petit. Enfin, disons qu'il était vraiment agréable avec lui. Tant pis. Elle se rendit jusqu'au parc où ils avaient l'habitude de se rendre et se gara avec application, avant de sortir de la voiture. Elle détacha promptement Julian, avant de le prendre dans ses bras et bientôt, pénétra l'espace vert avec sérénité. Pour ainsi dire, elle appréciait l'endroit ; il y avait certes l'agitation des autres enfants, mais en soi, elle trouvait les lieux assez calme et joyeux. Julian pointa un stand du doigt et avec un sourire, Savannah dit ; « Je sais pas toi, mais moi j'ai bien envie d'une glace à la vanille. On partage ? » Il acquiesça, et Savannah le déposa à terre, le prenant par la main pour qu'il puisse la suivre doucement. À mi-chemin, son regard tomba sur une silhouette familière et elle s'arrêta ; ce n'était pas le marchand, que Julian désignait. C'était Charlie. Cette dernière s'approcha, et Savannah pinça légèrement les lèvres, avant de dire ; « Bonjour Charlie, comment vas-tu ? » faisant preuve d'une diplomatie qu'il était rare de lui connaître lorsque la Middleton était dans les parages. Néanmoins, face à Julian, elle ne ferait aucune scène.

Le chowchow de Charlie avait gardé la mauvaise habitude de venir la réveiller dans son lit. En réalité, Charlie adorait ça mais en la présence d'Elijah, elle préférait éviter. Certes, lui aussi aimait les animaux et les chiens de sa femme qui l'avaient d'ailleurs tout de suite bien accepté ce qui était plutôt rare. Ils étaient en général méfiant mais face à Elijah, ça avait été différent, à la plus grande joie de la brunette. Après tout, même si ça pouvait paraître démesuré, le sentiment de ses chiens était bien plus important que tout pour elle. Ils avaient été toujours juste et s'ils avaient détesté son mari, Charlie aurait essayé de leur faire comprendre qu'il était bon pour elle mais abandonné si son chowchow, son labrador ou même si boxer en avait décidé autrement. Ses chiens étaient toute sa vie. Tout du moins une grande partie de sa vie. Ils étaient là depuis bien longtemps et savait que lorsqu'un perdrait la vie d'une manière ou d'une autre, elle en serait entièrement dévastée. Bien trop dévastée pour se remettre sur pied le lendemain matin. Toujours que même si elle les aimait énormément et que se faire lécher le visage le matin par son chowchow avait été un signe de reconnaissance qu'il faille se lever tous les matins, Elijah et elle avaient pensé qu'il leur fallait une pièce vraiment que pour eux. Ca avait été la chambre conjugale bien que lorsque l'un des chiens aboyait sans raison comme si il avait peur, Charlie le récupérait pour le mettre dans le lit avec elle. Contre l'avis d'Elijah mais qu'importe, c'étaient ses bébés après tout.

Charlie s'habilla de manière simple. Un jean, un débardeur blanc et une veste grise. On ne sait jamais s'il fait froid. Maquillée légèrement et le nécessaire fourré dans ses poches, elle s'arrêta devant la table de la cuisine. « Je vais promener les chiens. Tu veux venir?»  « I would like but...» Charlie n'écouta pas vraiment la fin. «But that suppose to mean that you forgive me and you can't. I know.» Un silence s'installa. « I don't know how we can move on if you don't even try.» Charlie n'attendit pas de réponse et sortie de la maison, les chiens suivants la maîtresse. Ils avaient sentit que ça allait être jour de fête.

Charlie mit une éternité pour trouver une place. Ses chiens gesticulants d'impatience ce qui eu quelque peu le don de l'énerver. C'était rare que ça lui fasse cet effet mais il fallait dire aussi que franchement, Elijah n'aidait pas. Il avait beau lui en vouloir, ça commençait à l'énerver qu'il ne cherche pas à améliorer les choses. Parfois, elle se demandait même comment ils allaient traverser cette crise. Apparemment, la réponse n'était pas prête d'arriver ou sinon, d'une manière qu'elle n'allait pas apprécier. Elle ouvrit enfin la porte libérant les trois mousquetaires comme les appelaient si bien Aidan. Elle eut un sourire en y repensant. C'était la bonne époque. Le temps où Charlie n'avait pas encore tout détruit, ni Aidan, ni son mariage qui à l'époque n'existait pas, le temps où Savannah n'était pas de retour en ville pour lui briser selon elle de nouveau le coeur. Charlie laissa ses chiens gambader quelques instants, vérifiant toujours où ils étaient dans le parc. Histoire de ne pas avoir de reproche par qui que se soit bien que franchement, elle s'en ficherait complètement.

Mais ce n'est pas une personne qu'elle ne connaissait pas qui l'interrompit dans ses pensées. Quoiqu'elle ne connaissait pas vraiment la personne en face d'elle. Juste ce qu'elle avait envie de savoir, c'est à dire pas grand chose. « Bonjour Charlie, comment vas-tu ? » Charlie s'était retournée, ne pensant pas voir Savannah ici. Quoiqu'au fond, elle aurait du s'y attendre non? Savannah et son fils, ensemble, probablement pour le grand bonheur d'Aidan. That could be so much better that right now. Excepté qu'elle ne pouvait pas matérialiser ses pensées comme la dernière fois. Seules dans cette chambre d'hôpital avec Aidan dans le comas. Il n'avait pas entendu grand chose et au fond, c'était bien mieux. Charlie ne supportait toujours pas la mexicaine. Qu'importe si elle lui avait dit qu'elle n'avait pas eu d'autre choix que partir. Toujours qu'aujourd'hui, elle allait la détester pour autre chose. La Middleton pourrait elle seulement un jour ne pas détester Savannah? Difficile à dire. « Ca va très bien et toi? » S'apercevant de la présence de son fils, elle lui tendit la main dans l'histoire qu'il la prenne. Chose qu'il fit sans vraiment hésiter. « Coucou toi. Tu as l'air en pleine forme.» Le chowchow vint se frotter aux jambes de Charlie comme pour montrer qu'elle était sa propriété. Montrant un peu les crocs devant Julian qu'il fit bien vite disparaître grâce à une caresse sur la tête.

Parfois, on rencontre une personne et on sait immédiatement qu'on la détestera à vie. C'est compliqué à expliquer. On le sait c'est tout et et on ne cherche pas plus loin car on sait que l'on la raison et que la personne nous tapera sur le système. On pourrait croire que c'était ce qui c'était passé entre les deux jeunes femmes et pourtant, ce n'était pas le moins du monde le cas. Charlie l'avait connu il y a pas mal d'année de cela. Elle était proche d'Aidan à l'époque et il voulait lui montrer l'amour de sa vie. Lorsqu'elles se sont rencontrées, ça n'a pas été le grand amour mais elles s'entendaient bien. Tout du moins ne se détestaient pas mais de toute manière, Charlie ne la connaissait pas assez pour pouvoir dire  quoi que ce soit sur la mexicaine. Lors de sa disparition, c'est Charlie qui a du prendre soin d'Aidan et même si elle connaît désormais la raison de sa soit dis en mort, la Middleton ne l'accepte pas. Elle a trouvé la femme égoïste et ne cherche pas à en savoir plus. Probablement qu'elle a fait le meilleur choix et que Charlie devrait au fond être contente de savoir qu'elle a préféré protéger son ami plutôt que de le jeter en pâture. Pourtant, Charlie sait qu'elle ne pas abandonner Elijah de la sorte.

Le numéro de gentillesse était, elles le savaient toutes les deux source de futures disputes. La new yorkaise d'origine le savait parfaitement. Un mot de travers de la part de Savannah et ça serait la guerre. Au fond d'elle, Charlie la cherchait plus qu'elle ne le devrait. « Ça va, » répondit Savannah, « on a profité du chemin du retour pour prendre un peu l'air. » Charlie baissa les yeux vers Julian. Il savait désormais marcher. Dire qu'elle n'avait pas connu ses premiers pas. Elle le voir débout sur ses pieds. Cette sensation étrange, lui fit revivre le jour où elle avait voulu tuer son fils en le noyant. Il ne marchait pas et s'il avait pu, il n'aurait probablement pas pu s'en échapper sans l'aide de son père. Elle secoua la tête, en essayant de changer d'images.

« Tu veux que j'en prenne un ? » Charlie pencha la tête vers ses amours. Elle n'était pas pour, c'était clair. C'était les siens, elle ne lui piquerait pas oh ça non. En plus, ils n'aimaient pas trop les étrangers. « Je ne suis pas persuadée que … » Déjà ses chiens grognaient. Charlie avait une sainte horreur de Savannah et son agressivité était passée directement à ses chiens qui faisaient de même. Il était vrai qu'entre ses chiens et Julian ce n'était pas facile mais qu'importe, elle ne voulait pas non plus qu'ils s'attachent à la mexicaine.  « Ça sera plus facile, avec Julian. Surtout qu'on ne peut pas rester bien longtemps » Charlie aurait voulu ordonner à ses chiens d'attaquer Savannah. Là tout de suite.  Qu'ils plantent leurs crocs dans son petit cou si parfait. Elle savait qu'Aidan ne le lui pardonnerait pas. Est ce aussi pour l'innocence de son fils, probablement d'ailleurs qu'elle ne leur demanda pas de passer à l'action. « Comment ça tu ne peux pas rester longtemps ? Je peux à peine voir mon fils et toi tu comptes déjà partir ? » Charlie n'avait pas pu être seule avec Julian depuis qu'elle était revenue. Trop de prudence de la part d'Aidan, c'était ce qu'elle supposait. Elle ne pouvait pas lui en vouloir vraiment après ce qu'elle lui avait fait enduré et à ce qui avait faillit se passer avec Julian mais elle était redevenue elle même. Tout du moins, elle était aussi proche de ce qu'elle était qu'on pouvait l'espérer. Elle n'était pas 100% la même mais disons qu'elle était redevenue gentille et aimant, le plus important de tout en fait.

Elle n'appréciait pas du tout l'attitude jeune femme. Qu'importe si c'était parce qu'elle devait le rendre à son père parce qu'elle travaillait. Ca lui était égal, elle voulait profiter de son fils et elle le ferrait. Nan mais quel toupet celle là.

Si l'on avouait à Charlie que c'était Savannah qui essayait d'entendre à Aidan de lui laisser plus souvent son fils, elle ne l'aurait pas cru. Elles étaient différentes ou tout moins avaient leurs différents c'était certain et c'était pour la seule raison qu'elle ne le croirait pas. Charlie n'ayant jamais été dans cette position, elle ignorait ce qu'elle ferrait. Serait elle comme Savie, le genre de personne à tenter de faire rencontrer un fils et sa mère ou essayerait elle par tous les moyens de l'empêcher de le revoir? Elle serait probablement plus dans le second cas si la mère de l'enfant était Savie et c'était au fond ce qui rendait les choses difficiles. Parce que si Charlie était 100% contre Savannah à cause d'une pseudo mort qui remontait à longtemps maintenant et qu'Aidan avait pardonné à la mexicaine, Savannah était plus mature qu'elle. L'admettre serait pour Charlie une faiblesse et c'était pourquoi elle ne l'admettrait pas. Alors si elle pouvait accuser la jeune femme de tout et n'importe quoi, elle le ferrait. Bon elle n'irait pas jusqu'à mentir non plus et l'accuser d'un meurtre ou quoi mais disons, que pour de petites choses, elle le ferrait, comme en ce moment même. « Tu ne vas pas commencer Charlie ? » Charlie la toisa de haut en bas. "Je commencerai quand je le voudrai." Un rien sortant de la bouche de la mexicaine était mal pris par la New Yorkaise même si cela n'avait pas lieu d'être. Charlie et sa colère.

« Écoute, je dois ramener Julian à Aidan parce que je travaille ensuite. Je t'assure que j'aurais été de congé, il n'y aurait pas eu le moindre soucis à ce que tu profites de ton fils, mais là, c'est pas possible, tu peux comprendre ça quand même ? » Charlie fit mine de réfléchir. Comprendre? Comprendre? Avec Savannah, c'était difficile. Bon ok, elle était aussi plus que suceptible et pas du tout rationnelle. Si ça avait été quelqu'un d'autre, elle aurait compris parfaitement et la question aurait même pas été posée mais là... avec Savannah, c'était... presque impossible. Charlie essaya cependant d'être un minimum une grande personne. C'était bizarre car généralement, elle n'a aucun problème avec ça. Etre une adulte était parfois si facile et d'autres fois bien complexe. Elle qui n'était pas du genre à s'abaisser à un tel niveau ne pouvait s'en empêcher. Elle était mesquine et rageuse. "Je peux le comprendre mais c'est pas pour autant que je l'accepte" finit-elle par avouer. Il était temps de passer à la manière adulte. Enfin adulte, surement pas pour bien longtemps.

Charlie aurait voulu téléphoner à Aidan, lui dire que c'était inadmissible ou lui demander de pouvoir garder son fils, elle ne savait pas encore très bien. Elle sortit d'ailleurs son téléphone puis se ravisa. Elle savait que sans la présence d'une autre personne, il ne l'accepterait pas. Il n'avait toujours pas digéré qu'elle ait faillit tuer leur fils. Elle ne pouvait pas le blâmer et pourtant, le soir elle le faisait. Ce n'avait pas été facile pour elle d'admettre qu'elle était malade et que c'était une erreur. Elle avait mit du temps avant d'avoir des remords pour ce qu'elle avait fait. Désormais, tous les jours elle en avait et encore plus lorsqu'elle voyait son fils. Aidan avait été si parfait avec lui, l'avait bien éduqué. Finalement, il avait fait ce qu'elle avait toujours voulu faire ou plutôt voulu être, une mère.

«  Tu sais quoi ? Je vais même aller me griller une cigarette plus loin. » Charlie la regarda soupscionneusement. En réalité, elle savait bien que Savannah était la moins peste des deux, qu'elle faisait des efforts même si elle ne l'admettrait pas. Charlie créait une zizanie et elle, restait parfaitement calme. C'était à ni rien comprendre. Lorsqu'elle avoua qu'elle allait fumer, Charlie contracta un instant ses doigts. Fumer, elle n'accepterait pas que l'on puisse fumer juste demande son fils. Elle du alors se faire violence pour ne pas laisser échapper ses pensées. C'était plus loin qu'elle allait, c'était plus loin. Charlie tenta de rester calme. Allez zen se disait elle sans vraiment y arriver. «  Ça vous laisse du temps rien qu'à vous deux comme ça." "Merci." Elle avait parlé sans vraiment le vouloir. Le mot laissait un goût acre. Le dire à Savannah rendait cette saveur si négative. « Mais dans quinze minutes … je suis désolée, mais il faudra écourter. » Charlie la regarda. Pour une fois sans colère. Elle ne savait pas ce qu'elle ressentait pour Savannah à ce moment là. Bon elle la détestait toujours, c'était un fait indéniable mais elle essayait. Alors certes ça coûtait à Charlie d'être un tant soit peu gentille mais elle tentait, elle tentait. Elle sourit légèrement tandis que Savannah commençait à s'éloigner. Charlie reposa le regard sur son fils qui était déjà en train de caresser les différentes boules de poils. Il n'y allait pas toujours avec délicatesse, ce qui faisait que ses chiens montraient les crocs. "Doucement chérie, doucement." Elle lui montra comment faire. Son labrador se laissa alors faire. "C'est mieux mon chéri."